Livraisons en 15 minutes : l'empire du moindre effort
Alors que le "quick commerce" s'est installé dans les centres urbains occidentaux depuis un an, un premier bilan s'impose. Exploitation des corps, milliards de dollars engloutis pour rien, archipelisation du corps social : voulons-nous vraiment de cette ville-là ?
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Commentaires préférés des abonnés
"une économie entière basée sur la livraison serait un enfer logistique" pas forcément hein. Il suffirait de centraliser toutes les demandes pour que les livraisons soient faites par un véhicule unique. Et on pourrait limiter le nombre de tournées pa(...)
Reste un domaine économique à exploiter : les pompes funèbres en 15 minutes ( le dernier quart d'heure ! ).
Du pognon à se faire. Le " point mort " atteint rapidement.
Le slogan ! " Raide rapide "
Profitons de la situation sanitaire.
(...)Choisir le terme "licorne" pour désigner une réussite mirage, c'est assez savoureux. Les licornes n'existent pas, tout comme le soi-disant miracle de leur modèle économique.
A la lecture de l'article, j'avais en tête des images, des romans, des BD don(...)
Derniers commentaires
merci d'attirer le regard sur ce scandale.
Quelques observations, pour préciser les conditions de travail des livreurs sur le terrain, et les nuisances pour les riverains.
La réalité d'un quartier parisien, à partir de 19h30 jusque 22h : un ballet de scooters pétaradants, leur précieux chargement de bouffe urgente entre les jambes d'un gamin (pub dans le metro: "Il est 20h! vous avez bien gagné un snack ! etc "; arrêts fréquents, sans couper le moteur; 3 mn de recherche d'adresse sur un téléphone portable; re-démarrage plein gaz jusqu'à la porte d'après. Vélos et même scooters, pour gagner du temps, empruntent les trottoirs pour circuler quand ils sont assez larges, et systématiquement pour stationner
Au suivant...Même scenario; appel par téléphone du client, depuis la rue; de préférence, car laisser le scoot sans surveillance, de nuit, ça craint.
Un soir d'été, vers 23h, une camionnette remonte ma rue en sens unique, en marche arrière, s'arrête à la hauteur d'un scooter garé sur le trottoir, ouvre ses portes arrières, charge le scoot et repart; et je ne comprends qu'ensuite , quand un jeune sort de l'immeuble , que c'est un vol qui vient d'avoir lieu, que le scoot avait été suivi. . Je descends, pour parler avec le gars, à peu près 16 ans? Je lui dis que j'ai assisté, lui propose d'appeler la police etc... il ne parle pas bien français, mais il me dit qu'il est arrivé le matin même de Tunisie, qu'il va se faire engueuler par son frère, qui lui a payé le scoot pour travailler; qu'il avait laissé dans le scoot tous les papiers et l'argent de la journée. Il est mort de trouille. Mais il n'a pas le choix, il appelle son frère... j'appelle la police, laquelle va par la suite s'expliquer avec "le frère", arrivé à plusieurs dans une vaste limousine noire.
Pour les livraisons dans la journée, il y a toutes sortes de moyens, qui vont du camion au vélo. On voit des pauvres gars pédaler sur des attelages extravagants, poussant des caisses plus grosses qu'eux, par tous les temps. Le livreur essaie de passer le moins de temps possible, de ne pas monter dans les étages de l'immeuble.
Un reportage filmé sur cette réalité est urgent, à lire l'étonnements que cela suscite chez certains abonnés, (ce qui se comprend car pour qu'il y ait l'offre et la demande de ce type de "service", il faut une certaine densité urbaine.)
La vente de scooter-cargo et de vélos-cargo électriques par internet donne une idée proprette du phénomène; Le spectacle réel évoque plutôt les systèmes D des pays du "Tiers Monde".
Je n'avais jamais entendu parlé de ces entreprises. Je suis pourtant loin de vivre en pleine campagne ...
Précis, bien informé, passionnant. Résistons !
Si Uber ne fait pas de bénéfices, c'est peut-être aussi parce que l'objectif est de construire une banque de données pour les taxis autonomes et les livraisons par drone.
Merci pour cet excellent article. Difficile de s'empêcher de faire le lien avec la politique de gestion de la pandémie : enclore tout le monde, coller les enfants devant des écrans et inciter chacun à se méfier d'autrui, plutôt qu'enjoindre tout le monde notamment les plus jeunes a un "dehors, toute !" dont il est pourtant prouvé que c'est la meilleure manière de diluer le risque de contamination.
C'est un vrai truc en France ça ? J'ai jamais autant entendu parler des drives depuis le covid, mais jamais de quick commerce. C'est un truc parisien ? Ou bien c'est juste moi qui ne suis pas dans le cercle des utilisateurs ?
Pour remonter un peu plus loin dans le temps, vous souvenez-vous de l'époque où les grandes surfaces type Fnac ou Darty avaient un large assortiment de marchandises en magasin ?
Désormais, on n'y trouve que les marques les plus connues, les autres modèles, de même que les accessoires n'étant plus vendues en grande surface mais uniquement via internet.
Jadis, le choix était en magasin, désormais il est remplacé par le marketing.
Existe-t-il encore, dans les grandes villes des cavernes d'Ali Baba, type mercerie, droguiste, ou faut-il se résoudre à tout commander sur Amazon ou équivalent ?
Thibault, continuez à vous préserver de quick-journalism. Nous gagnons tous à ce type d'articles de fond et d'analyses pertinentes.
Bravo pour la valeur ajoutée de votre contribution au site.
Vive le slow !
Article brillant, bravo.
quand on y pense, pendant des années, le seul plat qu'on pouvait se faire livrer à domicile, c'était les pizzas !
sur Wikipédia, je lis : L'origine exacte de la livraison à domicile de pizza n'est pas connue. Tom Monaghan, le fondateur de la chaine Domino's Pizza qui commença avec une seule échoppe appelée DomiNick's, situe les débuts de la livraison en 1960 pour sa part1.
Merci Thibault, tes articles sont toujours une source de nouvelles informations, de réflexion et de "soutien" moral inclusif dans une communauté humaine qui n´est pas vouée de manière inéluctable à son auto-perdition narcissique...
C’est trop long, quinze minutes ! Je suis sûre que je peux aller acheter un avocat au Carrefour-Mini à pied en un quart d’heure ! Il faudrait mettre des dark stores derrière ma porte d’entrée ! Ou dans ma cuisine, encore mieux !
Blague à part, merci pour cette chronique, je ne savais pas que des gens se font livrer des aliments en minuscule quantité. Et que de grandes enseignes y participent. J’espère que l’avocat arrive soit pas mûr, soit noirci, filandreux à souhait.
Dans notre immeuble mal isolé, c’est un enfer. Tous les jours, même les dimanches, il y a des livraisons jour et nuit. Si mes voisins me lisent : arrêtez ! vous nous dérangez. On veut dormir ! Vous polluez (aucune livraison n’est faite à vélo).
Mais la solution ne serait-elle pas politique ? Comme dit Sandrine Rousseau : interdire Amazon. Et les autres pollueurs, donc.
Votre article mérite un bouquin.
Bravo.Excellent.
Merci, super article
Je viens de terminer de visionner une conférence de Jancovici, et je tombe sur cet article. Le fossé entre ce que l'on fait, et ce que l'on devrait faire s'agrandit de manière vertigineuse...
Bel et très intéressant article qui m'amène beaucoup de questions. Merci.
Le final de l'article c'etait un peu du OK BOOMER
je ne suis pas sûr.
Il remet en cause la vision d’avenir préparée par les groupes privées, c’est à dire les pères de la generation actuelle.
Si on devait taxer l’article de quelque chose, ce serait plutôt de gauchisme : en plaçant la valeur des interactions sociales au dessus du reste.
ce n'est pas incompatible
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
"Nous avons plus que jamais besoin de sortir, de nous réunir, d'éprouver la friction et la mixtion de nos corps, de fracturer le temps productif achronique qu'installe le télétravail, et tout simplement de s'aérer l'esprit." oui, oui, mille fois oui !! Retrouver notre corps collectif !
Merci Thibault Prévost de nouveau pour cet article
Je ne connaissais pas beaucoup des faits rapportés mais je les "prévoyais" tout en étant ignare d'un point de vue économique (et peut-être d'autres points de vue mais je n'en suis pas conscient :)
Depuis longtemps, il est facile de constater la disparition de certains magasins de proximité ou leur transformation en bijouteries de l'alimentation. Bye-bye les boulangeries, les coopés (comme on dit en Alsace, ces magasins où les vieilles personnes du quartier venaient faire leurs courses à prix modéré et où elles pouvaient causer aux heures creuses)
Depuis longtemps, il est évident que ces cyclistes basanés qui risquent leur vie à fond dans la circulation sont la face visible de "l'esclavagisme"
et l'on vante les petits génies qui depuis le confort de leur sofa ont fondé - sans que leur conscience vienne se mettre en travers - ces gazelles, licornes et autres merveilles qui transforment la sueur des uns en or pour les autres
Mais cette civilisation, c'est nous qui la construisons. C'est moi qui fébrilement attend le remplacement de mon téléphone portable tellement vieux qu'il est devenu obsolète. Et je m'en veux de tomber dans cette fébrilité, de cette course contre la montre. Alors je résiste aux nouvelles innovations, les caisses automatiques des supermarchés. Sauf que les caisses "à visage humain" sont soumises aux mêmes règles d'accélération : tout est fait pour empêcher le rapport humain, jusqu'à l’exiguïté du tapis de collection des produits qui oblige à débarrasser à toute allure le plancher pour ne pas retarder le client suivant.
Bien sûr je peux me targuer de n'avoir jamais commandé un service à domicile express (notre garde-manger bien réfléchi prend soin des visites non programmées) mais il reste que comme mes contemporains trop souvent, je ne supporte pas les délais
Au marché, il y a un stand devant lequel la queue est toujours longue. Là, on cause Alsacien. Le maître des lieux prend des nouvelles de chacune et chacun. Oui, voilà un an que son mari est mort. Vous faites mijoter avec ça et ça. Vous retirez etc etc. Et derrière ça s'échange les recettes. Moyenne d'âge en ce samedi matin : septante ans. Un autre stand, là on cause un Français maghrébin et on vend du poisson avec la même attention au client quel que soit le prix.
Sur le marché, rares sont les jeunes, ne parlons pas des enfants. D'ailleurs les enfants, on ne les voit jamais en ville : on a hâte de les voir grandir et on les met à peine sortis de la coquille dans des endroits bien enclos (entourés de barrières au cas où un terroriste ou un pédophile viendrait à passer). Etonnement devant ces vieilles photos du East-End de Londres ou les photos du Paris de Doisneau avec les rues terrains de jeu
Ma résolution désormais : dépenser mon temps sans compter
Merci infiniment pour cet article ; j'ai appris beaucoup de choses, moi qui en suis toujours aux "magasins du coin" et je vote pour son accès libre. je pense que plein de personnes sont dans mon cas.
Tiens j'ai voté pour. Mais qu'est-ce que j'approuve ? J'ai trouvé des infos intéressantes : que ces boîtes brûlent le pognon comme les brésiliens le café dans les locomotives pendant la crise de 29 ? (sans doute à long terme l'espoir pour elles d'avoir une main d’œuvre de clodos muets). Le ton sarcastique et colérique ? Derrières ces boites pourries il y a des humains inhumains. De beaux salopards. Et des étoiles dans les yeux d'un président qui est un grand fêlé.
Je n'ai pas encore lu l'article, mais juste à la lecture de l'intro, voilà un article que j'espérais depuis longtemps. Merci et je vote pour
Et maintenant à la lecture
"une économie entière basée sur la livraison serait un enfer logistique" pas forcément hein. Il suffirait de centraliser toutes les demandes pour que les livraisons soient faites par un véhicule unique. Et on pourrait limiter le nombre de tournées par jour. Et on pourrait appeler ça la poste
Trop long pas eu le temps de lire, j'ai commandé quelqu'un pour m'en faire le résumé. A dans 15 minutes pour ma réaction.
Choisir le terme "licorne" pour désigner une réussite mirage, c'est assez savoureux. Les licornes n'existent pas, tout comme le soi-disant miracle de leur modèle économique.
A la lecture de l'article, j'avais en tête des images, des romans, des BD donnant à voir un futur effrayant et violent, inégalitaire et étouffant. La pertinence de l'article le rend presque angoissant.
Gunmm, et sa ville idéale suspendue dans le ciel, réservée à l'élite mais nourrie par les pauvres prolos d'en bas qui n'ont aucune chance d'accéder à Zalem. Pendant qu'en bas règne la violence, la pauvreté et la débrouille, en haut l'élite intellectuelle et scientifique ne connaît ni la faim ni la douleur.
Les Furtifs, la ville d'Orange (la marque de téléphonie ayant racheté la ville et son nom) hyper connectée, les habitants urbains seuls dans leur réalité augmentée personnalisée, où tout est accessible d'un battement de cil. Hors du virtuel, les individus refusant l'hyperconnexion sont bannis, méprisés voire considérés comme des dangers. L'hypervirtualité de la ville masque l'exploitation et la ségrégation qui découle du mode de vie urbanisé et numérisé.
La nuit qui disparaît, à l'image de ce qu'il arrive dans "la dernière nuit du monde" de Laurent Gaudé: la productivité à outrance et l’exploitation qui en découle, le trop de vie, la fatigue qui laisse place à l’usure... (https://www.francetvinfo.fr/culture/spectacles/theatre/festival-davignon-la-derniere-nuit-du-monde-une-science-fiction-de-laurent-gaude-terriblement-vraisemblable_4694805.html )
J'aurais pu en ajouter d'autres mais c'est à ça que je pensais en lisant l'article.
Il faut seulement quelques semaines pour créer une habitude. Oui mais depuis combien de temps sommes nous habitués à ne manquer de rien??? Une société où on peut se faire livrer en urgence un avocat en moins de 15 minutes n'est-elle pas déjà décadente depuis longtemps? Quel chemin avons-nous parcouru pour en arriver là?
Nous allons devoir réapprendre à nous passer de ce que nous n'avons pas. Ce modèle est intenable à tout point de vue.
Reste un domaine économique à exploiter : les pompes funèbres en 15 minutes ( le dernier quart d'heure ! ).
Du pognon à se faire. Le " point mort " atteint rapidement.
Le slogan ! " Raide rapide "
Profitons de la situation sanitaire.
Merci beaucoup, article très riche !
Pff. Moi qui m'apprêtais à essayer Flink. Comment pourrai-je regarder mes pépitos en face ?
Monsieur, en traduisant Revenue (eng) par Revenu (fra), vous faites une erreur majeure et vous êtes amenés à raisonner de façon complètement erronee .
Est-ce qu’on peut alors vous faire confiance ailleurs dans votre texte ?
(pour info, Revenue = Chiffre d’Affaires; Revenu (pour une entreprise) = Profit.
Beaucoup de licorne (normalement 1 G€ en 5 ans) font un chiffre d’affaires elevé (revenue en anglais) sans pour autant faire le moindre profit (revenu en français). Elles font des pertes (revenu négatif)