"Métronome" : 3 ans après, le best-seller dézingué par des sites d'histoire
Qui ne connaît pas Métronome? Le "phénoménal succès littéraire" de l'acteur Lorànt Deutsch s'est vendu à près de 1,5 million d'exemplaires depuis sa sortie en septembre 2009. Sa version télé a battu des records d'audience sur France 5 en avril 2012. Un succès notamment permis par une promo d'enfer et une critique bienveillante, louant l'érudition "impressionnante" de l'acteur. Mais cette success story est ternie depuis quelques semaines par des papiers très critiques, notamment dans Rue89, Libération et le magazine L'Histoire, qui pointent des erreurs historiques et une fascination pour la royauté.
Abonnez-vous pour pouvoir commenter !
si vous êtes déjà abonné Connectez-vous Connectez-vous
Derniers commentaires
Communiqué du CVUH à propos du métronome de Lorant Deutsch :
"Le CVUH souhaite revenir brièvement sur les raisons de son soutien aux critiques du métronome impulsées par William Blanc (les Goliards) et Christophe Naudin (Histoire pour tous).
La mise en scène médiatique d'un face à face Blanc/Deutsch, depuis la dénonciation d'un élu FDG du soutien officiel de la mairie de Paris à l'ouvrage de Lorànt Deutsch, couvre l'importance de la critique déjà faite et à poursuivre.
Nous ne considérons pas que l'histoire appartient aux historiens et qu'il convient de traquer toutes les contre-vérités historiques des ouvrages relevant du champ historique. En revanche, qu'un livre comme Métronome, vertement antirépublicain et truffé d'erreurs grossières, connaisse un tel succès, ne peut que nous interroger.
En ce sens, le travail de déconstruction entamé par William Blanc et Christophe Naudin procède d'une nécessaire vigilance sur les instrumentalisations et détournements de l'histoire à des fins politiques. Pointer les réseaux éditoriaux, médiatiques et politiques de soutien et promotion à des ouvrages comme Métronome ne relève pas d'un pointillisme sourcilleux, mais du souci de s'inscrire dans un débat démocratique sur les finalités critiques et civiques de l'histoire.
Laurent Colantonio, Sylvie Aprile, Anne Jollet, Fanny Madeline, Laurence de Cock, Véronique Servat, Jean Vettraino, (membres du CA du CVUH) et Michèle Riot-Sarcey.
Deutch est à l'histoire ce que les Bogdanov sont à la science et BHL à la philosophie.......des Trissotins ! Mais il n'est pas étonnant qu'il ait tant de publicité. Les gens préfèrent entendre des contes de fée manichéens que des vérités atgumentées dérangeantes. Le problème c'est que ces "contes de fée" sont étiquetés "Science, Histoire ou...Philosophie"..
Personnellement,ce que je lui reprocherais le plus,ce sont les erreurs historiques!Le reste,qu'il soit un vrai ou un faux historien,je m'en fiche.Ce n'est pas le diplôme qui fait la valeur des gens.Qu'il soit royaliste me gène plus car je ne le suis pas.Mais peut-on vraiment lui reprocher de mettre en avant ses idées politiques?Je ne le crois pas car tous les historiens commettent des erreurs de ce genre.Pourquoi dans les livres d'école consacre-t-on 5 ou 6 chapitres à Napoléon et 1 ou 2 lignes à la Commune de Paris?N'est-ce pas là un choix politique?On ne dit rien de faux,on occulte ce qui est tout aussi grave!
Quels sont les historiens qui ont raison:les français étaient tous des résistants lors de 2ème guerre mondiale,ou,tous des collaborateurs?Et,là,ce sont des discussions sans fin entre gens diplômés;et,ils ne sont pas d'accord entre eux!Pendant ce temps,nous de la France d'en bas,on répète ce qu'on a entendu,ce qui est logique par ailleurs!
Il faudrait vous renseigner avant de dire des âneries pareilles. Et faire la différence entre des historiens universitaires reconnus et sérieux avec ceux qui écrivent dans le Figaro ou la NRH, par exemple. Les historiens ont une éthique et une méthode. Certains en font fi, mais c'est une minorité. Et il faut voir de quel sujet ils parlent : quel intérêt de laisser parler son orientation politique quand on traite de l'archivistique médiévale ? Bref, il faut nuancer. Et cesser de colporter des clichés anti-experts bien populistes.
Pourquoi dans les livres d'école consacre-t-on 5 ou 6 chapitres à Napoléon et 1 ou 2 lignes à la Commune de Paris?N'est-ce pas là un choix politique?On ne dit rien de faux,on occulte ce qui est tout aussi grave! Là, c'est différent. Le choix est politique, et les historiens, ces satanés d'opportunistes patentés et orientant leurs travaux selon leurs opinions politiques, dénoncent justement cette prédominance du roman national dans les programmes scolaires. De même que les profs d'HG, qui sont parfois eux-mêmes historiens.
Quels sont les historiens qui ont raison:les français étaient tous des résistants lors de 2ème guerre mondiale,ou,tous des collaborateurs?Et,là,ce sont des discussions sans fin entre gens diplômés;et,ils ne sont pas d'accord entre eux!
Pendant ce temps,nous de la France d'en bas,on répète ce qu'on a entendu,ce qui est logique par ailleurs!
Pauvre petite victime. Tous les mois, le magazine L'Histoire vulgarise très bien les recherches récentes. France Culture consacre quotidiennement au moins une émission à l'histoire sérieuse. Il existe des canaux de culture mais, pour le dire poliment, ça ne fait pas rêver son homme. Quant à l'idée que les historiens passent leurs vies à se disputer, c'est là encore un beau cliché populiste et ignorant. Lisez, sur le sujet de la résistance ou de la collaboration, le dernier livre de Henri Laborie, Le chagrin et le venin, et vous verrez que les choses sont loin d'être simples. La faute donc, en ce qui concerne cette ignorance partagée et vos propos infondés, en partie au médias, en partie à la paresse de certains, en partie à cause de l'enclavement culturel dans lequel sont plongés certains et dont il est quasiment impossible d'en sortir. Par ailleurs, les historiens travaillent à partir de sources, pour prouver ce qu'ils avancent. Et les résultats établis sont nécessairement provisoires, jusqu'à la découverte d'autres d'archives, jusqu'au contre-exemple qui va remettre en cause un modèle, jusqu'à la question historique qui va retourner l'angle d'étude. Si vous voulez des vérités toutes simples et éternelles, regardez TF1 ou lisez Gallo, mais détournez-vous de l'histoire.
Je ne nie pas les débats et encore moins leur nécessité, mais le réductionnisme caricatural. Oui, l'histoire est dans l'histoire, je suis bien d'accord.
Débat qui prend sur Lenouvelobs : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/541308-l-emission-le-metronome-de-lorant-deutsch-a-t-elle-sa-place-sur-le-service-public.html
En survolant mes différents posts après avoir répondu au vôtre tout à l'heure, je m'en suis rendu compte. D'un côté, je suis totalement conscient de ce que signifie faire de l'histoire, avec ses limites, ses implications, etc. (pour tenter d'en faire moi-même). D'un autre, je défends bec et ongles (avec passion, mais ça n'excuse pas le manque de rigueur) la légitimité des historiens si souvent décriés et caricaturés, quitte parfois à faire effectivement de l'objectivisme et à formuler des propos pouvant presque donner l'impression que, précisément, l'histoire fabrique la vérité, sans conteste, sans subjectivité, sans débat.
Plus particulièrement, sur les débats entre historiens (qui "se bouffent entre eux"), il est évident que ce sont eux qui structurent le champ de la pensée et font avancer le problème. W. Blanc termine précisément son article sur le site du CVUH par ces mots "Que faire maintenant ? Réagir, réagir encore, et prôner, au sein des médias, un sain retour à la controverse public, sans laquelle il ne peut exister de science en démocratie." Je suis totalement en accord. Mais j'avoue avoir de l'urticaire en constatant que pour beaucoup le débat signifie crêpage de chignon, débats d'orgueil (ce qu'il peut parfois être) et donc que cette nécessité structurelle du débat est facteur d'illégitimité que je monte un peu sur mes grands chevaux... Cette idée que les historiens ne sont pas crédibles parce qu'ils sont en désaccord m'horripile, car c'est en fait tout le contraire ! Mais bon, ça en dit long sur l'incompréhension de la démocratie.
Donc amateur mais non historien, contrairement à n’importe quel prof titulaire du Capes je n’arriverais pas à citer de mémoire la succession des Capétiens dates de règnes compris, je n’ai pas la méthode pour analyser les textes, les comparer entre eux, je ne suis jamais allé aux archives nationales, je n’ai jamais soumis mes idées à d’autres historiens, et il m’arrive de confondre affluent et confluent…
L’histoire est une science, certes ce n’est pas une science prédictive dite dur, il n’y a pas d’expérience en labo, mais elle est fabriquée par des historiens formés sur les standards internationaux des sciences humaines, leurs travaux sont comme dans tous les champs de la science sujet de discussions, de disputes parfois, de vérification. Les théories ne sont pas débattues sur un plateau télé, et on ne procède pas à un vote démocratique entre historiens pour valider une thèse.
Les gens de science ont cet air sceptique qui les rend ennuyeux. Rappelez-vous l’affaire de l’accélérateur de particule de Genève, quand les journalistes titraient dans un enthousiasme fou qu’on avait découvert un neutrino allant plus vite que la théorie d’Einstein ne l’autorisait, puis arrive l’interview d’un physicien qui nous casse l’ambiance par un laconique : ‘on ne sait pas, on vérifie les mesures… Etre Sceptique, critique, c’est une nécessité dans ce métier.
Lorànt Deutsch est loin d’avoir la tête d’un sceptique, plutôt celle du doux rêveur qui enfant dessinait dans son cahier l’épopée des chevaliers du rois Arthur, et quand son professeur d’histoire à l’école de Poudlard lui raconta le funeste destin de son héros décapité par la révolution, il se donna comme mission consolatrice d’écrire l’histoire de Paris avant que celle-ci ne disparaisse engloutie par la ville d’Ys resurgit des flots pour se venger du vilain peuple parisien qui ne souhaite pas le retour de Marie Antoinette…. .Dans ses interviews on sent la confusion chez lui entre ce qui relève de la croyance et ce qui relève de la science. Puisqu’il aime l’histoire ainsi, plutôt que vivre dans nôtre vil contrée il serait bien plus heureux en Amérique, là-bas les muséums d’histoire naturelle exposent en vitrine la scène touchante de réalisme d’un Diplodocus mangeant dans la main d’Adam et Eve…
Ce n’est pas Deutsch pourtant qui risque de donner des ulcères à la médiéviste Colette Beaune mais son fringant confrère, Franck Ferrand, si ce dernier ose lui dire que Jeanne d’Arc est un homme… Contrairement à Deutsch, Robert Faurisson est lui un véritable danger, selon la formule de Badinter : un faussaire de l’histoire. Les historiens plus que les lois nous gardent de ces gens-là.
De l’empirisme !Un donneur de leçon qui n’a même pas un Deug d’histoire…
Tous les personnages que vous citez (Marx, Weber, Polanyi) sont des modélisateurs ; or, en histoire, il n'y a pas de modèle. Contrairement à l'adage, l'histoire n'est pas un recommencement perpétuel.
Le problème des grandes oeuvres, c'est précisément qu'elles sont trop grandes ; elles éludent donc certains aspects. Or, l'histoire, c'est du détail pour arriver au général. Aujourd'hui, l'histoire est en miettes ; c'est une des conséquences de l'hyperspécialisation mais aussi de l'exigence de maîtrise et de rigueur face à un dossier de sources. Le défi actuel de l'histoire, c'est faire de la synthèse, et la vulgariser. Des défis, donc. Par ailleurs, l'histoire s'inspire de toutes les autres sciences humaines : la grande revue Annales a pour sous-titre "histoire, sciences sociales". L'anthropologie, la sociologie, la philosophie sont absorbées dans les productions historiographiques. Jetez un oeil aux Courants historiques en France, XIXè-XXè (Garcia, Dosse & Delacroix).
Enfin, ls historiens ne nagent plus dans l'objectivisme à tout crin. L'absence d'objectivité est "assumée". Je vous incite vraiment, et en toute fraternité philosophique (puisque vous me semblez être un esprit ouvert et soucieux de comprendre plus que de juger), à écouter cette émission où Offenstadt explique ce genre de choses. Regardez aussi ses interviews sur le site nonfiction.fr. En dernier point, et sur le cas précis de l'objectivité, je conclurai par ces mots d'Ivan Jablonka, tirés du 4e de couverture de son dernier livre Histoire des grands-parents que je n'ai pas eu : "Il est vain d'opposer scientificité et engagement, faits extérieurs et passion de celui qui les consigne, histoire et art de conter, car l'émotion ne provient pas du pathos ou de l'accumulation de superlatifs : elle jaillit de notre tension vers la vérité. Elle est la pierre de touche d'une littérature qui satisfait aux exigences de la méthode".
Et diriez-vous quelques mots sur ce titre de Huizinga que je ne connais pas ?
« Nous sommes tous sujets de nos convictions et de nos passions. Il ne faut pas s'en cacher et se présenter comme extérieur au grand théâtre du monde. » Pierre Bourdieu Questions de sociologie, Minuit, 1984.
J’ai mis un peu de temps pour le retrouver afin d’illustrer par exemple l’excellent travail de Jablonka. Les modèles sont des outils absents en histoire et impossible à fabriquer, par exemple on pourrait avec grande peines rentrer toutes les données concernant la 1ère guerre mondiale sans pouvoir pour autant prédire quoique ce soit comme résultat, ni même reproduire le modèle pour tester sa fiabilité. Il n’y a pas l’équivalent d’un modèle cosmologique permettant de prédire les passages de comètes.,c’est bien là l’une des différences avec les sciences dite dure. La difficulté se trouve aussi dans l’objet d’étude, comment être objectif quand on s’étudie soi-même. Les tentatives de réponse à cette contradiction a fait rentrer l’histoire dans les champs scientifique.
Par l’écoute de la radio sur ces sujets ou la lecture je me suis sensibilisé à ces questions, ce qui me permet d’aller au-delà de l’intuition que les historiens vivent dans une tour d’ivoire, et d’avoir plutôt du gout pour le travail de ces gens. En cosmologie les scientifiques sont épaulés par une myriade d’amateurs qui les aide à cartographier le ciel, des archéologues amateurs parfois fournissent de précieuses découvertes aux équipes professionnelles. Ces hommes sont désireux de faire comprendre leur travail et de susciter des vocations, certain ont des sites avec forum permettant le dialogue, comme François Délpla par exemple… Albert-Yves prenez votre courage à deux main et dialoguer avec eux, y a moyens, y sont pas méchants, regardez EM il est tout gentil...
(post corrigé le 14/06 à la demande de l'auteur)
Faisant ainsi appel à des connaissances sur des branches de la sociologie et de la philosophie qui ne me sont pas familières, l’article est de ce fait difficile à lire. Simple consommateur d’histoires je ne produis pas de savoir, aussi je ne suis pas tenu de connaitre les concepts élaborés en sociologie pragmatique par exemple. Mais il donne à voir tout ce que mobilise de compétences une question d’histoire. J’observe les exigences que s’impose, somme toute à lui-même sans y être obligé, cet historien, gage d’honnêteté intellectuelle. Les précautions prises afin de ne pas être le jouet de ses outils de travail, tel un photographe se défendant d’être l’esclave de son appareil photo, conscient que ces même outils peuvent évoluer, être affinés ou déclarés obsolètes, conscient aussi du rôle de sa propre subjectivité dans leur choix, tout ceci illustre ce qu’est l’exercice de réflexivité. Le nombre de disciplines invoquées dans cet interview, dialoguant entre elles s’entrecroisant pour se réinventé dans un réseau de connexion sans fin, donne le vertige, signe de la liberté d’esprit, du vivant quoi…
N.Offenstadt n’envisage pas l’histoire d’un pays comme une continuité de faits, il faut dit il se méfier des grands récits, démontant ainsi la vision proposé par Guéant d’une civilisation fruit justement d’une accumulation de faits. J’ai aussi relevé cette phrase, que je garderai à l’esprit dans mon p’tit travail récréatif d’écriture d’une romance se déroulant dans l’antiquité : « les gens du passé étaient "autres", et non pas "déjà nous" en attendant d’être nous. L’histoire c’est un rapport à l’altérité ».
Il conclut en insistant à quel point l’échange d’idée, le débat, avec ces collègues de l’ancienne et de la nouvelle génération furent essentiels pour lui, notamment à l’époque où il était doctorant. Ce qu’il met en exergue c’est le réseau d’échange et non pas l’institution ou il s’est opéré, d’autant plus qu’aujourd’hui internet permet ce jeu relationnel en dehors des universités, et pas seulement avec des universitaires.
… Et une petite phrase que je détourne pour notre ami Lorànt Deutsch ; « (…) je trouve toujours incomplets les livres d’histoire qui négligent de présenter leurs choix méthodologiques en regard des travaux de leurs prédécesseurs, alors qu’on sait très bien qu’ils s’inscrivent dans un certain nombre de débats. »
Je viens de lire sa réponse à l’attaque du groupe PCF-Parti de gauche du Conseil de Paris sur son travail, se défendant d’être je cite : ‘un faussaire historique’. Je ne sais pas si quelqu’un l’a déjà qualifié ainsi mais si tel fut le cas c’est injuste et diffamant. J’ai conclu l’une de mes précédentes contributions sur ce forum en reprenant cette formule de Badinter à propos de Faurisson: « faussaire de l’Histoire ». Il lui a intenté un procès pour ça. Je ne pensais évidemment pas à Deutsch ni à F.Ferrand mais aux négationnistes (à ne pas confondre avec révisionnistes).
Je me souviens quelque temps après le verdict en 2007 dans le métro je me suis mêlé à une conversation avec deux personnes âgés très distingués dont l’une disait avoir connu Badinter sur les bancs de l’école. En fait ils déploraient la victoire de ce dernier dans le procès : justice des vainqueurs comme à Nuremberg disaient-ils ! Décontenancé ne m’attendant pas à tomber sur des pro-Faurisson, je leur ai répondu que si ce n’était que l’arbitraire des vainqueurs qui avait dicté les sentences, selon la formule vae victis, pourquoi tous n’ont pas été condamné à mort, d’autres seulement emprisonnés quelques années et l’un d’eux acquitté ? N’y avait-il pas là une véritable intention d’équité. L’un des vieux bonhommes m’a concédé l’argument mais j’ai dû hélas descendre à ce moment-là… Et vous, qu’auriez-vous répondu ?...
1/Oui, 1945 c'est la justice des vainqueurs ; c'est le moyen de finir la guerre par la justice, mais cela reste un acte lié à la guerre...
2/La comparaison avec Faurisson n'est pas pertinente, justement à ce titre. Aujourd'hui, pour créer du lien social, les sociétés créent un rapport au passé, une mémoire. Le refus de la négation de l'extermination des Juifs est un critère important. Mais par dessus tout, les crimes niés par Faurisson sont réels, donc indéniables. Le rapport à la vérité est fondamental. Ensuite, nier la Shoah est moralement plus grave que nier la précoce maladie de Louis XIV, parce que notre société est plus sensible à cela, que les impacts ont été tout autres et plus meurtriers, que la justice encadre cet épisode historique.
Je pense que dans ces affaires, il faut faire le distingo entre opinion et vérité. C'est le véritable défi de notre siècle, à mon sens.
Bref on aurait pu continuer longtemps, c’est vrai qu’en fin de compte je suis tombé dans un débat d’idée, échangeant au final des opinions qui sont légitimes de part et d’autre. Mes valeurs n’ont pas la force des faits, j’ai perdu du temps sur cette question alors qu’en venir sans moins de détour au négationnisme de Faurisson aurait tranché la discussion rapidement. En tout cas merci à vous deux pour avoir pris un peu le temps d’en dire quelques mots.
Arnaud Esquerre sociologue présente un ouvrage d’atlas de Lorraine Daston (Max Planck Institute) et Peter Galison (Harvard) décrivant l’évolution dans l’histoire du mot ‘objectivité’ en science.
Les auteurs décrivent 5 régimes d’objectivité qui se suivent entre 1830 et le début du XXème S illustrant les rapports d’amour et de désamour entre l’art et la science, marquées par des périodes de tensions entre subjectivité et objectivité, durant lesquelles les images (dessin photographie) représentant les objets étudiés jouent un rôle significatif :
- La vérité d’après nature, avec Linné par exemple
- L’objectivité mécanique, période durant laquelle le scientifique s’oppose à la subjectivité de l’artiste
- L’objectivité structurale, où l’image disparait au profit du langage mathématique
- Le jugement exercé, où l’image revient intriquant la subjectivité avec l’objectivité
- présentation, l’image scientifique transformée existe pour elle-même, comme artefactuel
Arnaud Desquerre relève les problèmes qui courent tout le long de l’ouvrage pour finir sur une question essentielle d’épistémologie.
En premier lieu il analyse la méthode utilisé par les auteurs : celle du cas par cas. Mais comment faire d’un cas une généralité ? La réponse serait de mettre en série les cas pour monter en généralité, afin de dégager des règles sur ce vaste ensemble géographique et chronologique qu’est la communauté scientifique. Hors le livre ne présente que peu de cas.
Les auteurs tentent de faire rentrer les scientifiques dans des groupes opposé et imperméable mais il n’est pas possible par exemple de le faire avec Einstein.
De plus toutes les disciplines scientifiques ne rentrent pas ces régimes décrits en amont. La sociologie par exemple qui aurait pu être classé dans « objectivité structurale », n’a pas choisi de résoudre la tension subjectivité /objectivité en évacuant les images, elle n’a tout simplement pas recours aux images. Arnaud Desquerre propose donc de classer les disciplines scientifiques en 2 groupes suivant leur méthodes d’approche elle-même conditionné par l’aptitude de l’objet étudié à communiquer ou pas : l’approche par le langage, utile pour l’étude des sociétés humaines par exemple, et l’approche par l’image, utilisée pour les flocons de neige … Pour démontrer l’utilité de cette classification , il évoque le cas de Francis Galton qui étudia au XIXe s des humains par l’image (phrénologie) plutôt que par le langage pour construire un discours scientifique au final déshumanisant.
Touts ces contradictions posent la question des limites de la réflexivité. Problème connu des sociologues qui pour éviter d’être confondu dans le système d’observation avec leur sujet d’étude, travaillent à prendre de la distance. Conclusion sur une phrase de Bourdieu : l’horizon à atteindre serait peut-être de« savoir s’approprier la vérité de son expérience ordinaire de ses propres pratiques ordinaires ». La question de l’objectivité ne serait pas tant celle de la distance/proximité mais celle de la place de l’humain.
Je n’ai qu’une observation concernant la psychanalyse souvent convoqué dans le texte : je ne la classerai pas dans les sciences en raison d’un paradigme de Popper, l' hypothèse freudienne de l’inconscient ne serait pas scientifique car non réfutable (elle ne peut s'exposer à la réfutation par l'expérience).
Pour reprendre des mots que j’ai entendu de Boris Cyrulnik dans un dialogue avec Onfray, il se passe quelque chose dans le cabinet du thérapeute, on ne sait pas exactement comment ça marche mais bien souvent ça répare…
Pour la Phrénologie ce n’est plus une science depuis…
Bon je vais lire l’entretien maintenant…
« Tant que les lions n’auront pas écrit leur propre histoire les histoires de chasses continuerons de glorifier le chasseur »
Elikia M’Bokolo, proverbe africain.
Apres j'avoue que le mouvement royaliste où ce qu'il en reste ne me fait pas plus flipper que ça, en particulier parce que nous n'avons jamais vraiment quitté la Monarchie, tout élective qu'elle est.
Il me semble tout de même qu'à la sortie de son livre, il y avait déjà des critiques d'historiens, mais je n'ai rien de précis en tête.
Très bien mon gars : "Qu'on lui coupe la tête ! "
et pas que la tête...
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
Et puis, ras le bol de charlemagne, sa barbe fleurie, de la cinglée de domrémy dont on ignorerait le nom si elle n'avait pas eu un mouton ventriloque (c'est pas de moi), des maîtresses de Louis 14, 15, 16 (ah non, pas lui), de clovis et de son baptème à la noix ; et le Louvre, on s'en tape velu qu'il vienne des Goths, des Ostrogoghos, c'est juste un musée où l'on s'entasse pour mater le sourire niais d'une ritale ; notre Dame a certes un joli croupion, dans le concours de beauté auquel se livrèrent rois et évêques, mais qu'il soit permis de préférer une autre histoire, celle du peuple (pour faire vite).
Qui a bâti les sept tours de Thèbes ?
Les livres sont pleins des noms des rois.
Est-ce que ce sont les rois qui ont hissé les blocs de pierre rugueux ?
Le soir où la muraille de Chine a été terminée,
Où sont allés les maçons ?
(Brecht)
N'en déplaise à quelques historiens jaloux du succès de contemporains doués pour les raconter avec une passion communicative.
LD est un individu talentueux, non-conformiste, curieux, sensible, un chercheur plein de raison et de doute qui ne tait ni ses admirations, ni ses interrogations. Au contraire, il nous invite à les partager, nous proposant des clés de compréhension. Sa réfléxion sur l'histoire et la subjectivité de cette "science" anéantit la prétention de quelques clercs diafoirus et Trissotin "estampillés historiens" qui plutôt que de jeter le discrédit sur le travail et l'honnêteté d'un laïc seraient plus à leur tâche dans la recherche et l'étude d'éléments nouveaux éclairant quelques faits marquants de l'histoire.
Braudel, Ozouf, Leroy ladurie entre autres, m'offrent, à leurs lectures, des éclairages érudits et passionnants de l'histoire et je ne trouve rien dans l'ouvrage de LD qui puisse leur faire du tort, ni dans ses visées, ni dans la qualité de son travail. Grâce à lui, je peux flâner dans Paris avec d'autres idées en tête.
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
LD n'a jamais caché ses tendances pro-royalistes. Sur le plateau de SLT avec T.Ardisson il en parlait déjà... De plus, il a assisté au mariage de Jean d'Orléans & Philomena de Tornos Steinhart. (cf. les photos publiques & articles publiés à ce sujet)
A lecture de cet article, ce qui est nouveau pour moi ce sont les critiques quant aux données historiques.
Pour l'assimiliation hommes du Nord - Goths je demanderai bien à voir la citation exacte. L'erreur me semble bien trop grosse pour avoir été faite même par un historien amateur, alors que l'expression pouvait tout simplement faire reférence à l'Europe du Nord où est le plus présente l'architecture gothique.
Pour le fait de raconter les miracles sans l'usage du conditionnel ça sent quand même la critique de mauvaise foi. Bien sûr que les gens se doutent bien qu'on en sait rien et que les miracles sont pas scientifiquement prouvés sinon la religion serait démontrée ! Quand on raconte la vie de Jésus ou de Mahomet dans un reportage grand public on met pas des conditionnels partout.
Et pour le biais idéologique ... Bien sûr qu'il y en a un, il y en a partout. C'est un crénault grand public comme un autre celui de raconter le bon vieux temps jadis avec le gentil roi et la gente dame et en tartiner des tonnes sur le transit intestinal de Louis XIV et sur les hémoroïdes de Napoléon. C'est peut être déplorable mais le grand public trouve indigeste l'Histoire type école des annales avec une explication détaillée de l'évolution du prix du blé dans l'Arriège entre le XIIIem et le XVIIem siècle et préfère rêver de rois et de reines, d'intrigues de palais, de guerres etc Mais entre nous je pense que ça a été le début de l'intéret pour l'Histoire de presque tout le monde y compris de ceux qui plus tard s'interesseront aux causes profondes de l'évolution dans la longue durée de l'Histoire.
Enfin dire que la Révolution a été sanglante ça me semble assez bien étayé historiquement et même assez connu, ça empêche personne d'être républicain.
je me demande si vous êtes malhonnêtes / vous êtes malhonnêtes : vous voyez la nuance ? ( sinon Sébastien, perso je vous crois honnête )
Il faut bien comprendre que les universitaires (du moins ce que je fréquente) méprisent les ouvrages, les émissions radiophoniques ou les documentaires de vulgarisations. Que ce soit Franck Ferrand, Stéphane Bern ou Lorànt Deutsch ; ils pratiquent tous le même type d'Histoire, pour faire simple, l'événementielle.
Ceci dit, je ne peux m'empêcher de remarquer que vous avez une fâcheuse tendance a glorifier la République, et a considérer comme nul et non avenu toute forme différente de régime politique. Dois-je vous rappeler que ce système politique et relativement jeune, et qu'il n'a pas vraiment l'air d'être optimal ?
Merci pour ce bel article, qui met en évidence les enjeux de la manipulation des faits pour contrôler l'esprit. Car les implications d'un tel ouvrage ne sont pas moindre.
Et la vulgarisation reste un vrai trou noir dans le milieu universitaire.
Enfin, pour donner de l'eau à votre moulin, maintenant que vous vous penchez sur l'histoire, il faudrait en dire beaucoup au sujet de la Nouvelle Revue d'Histoire, qui est une revue écrite par des membres du GRECE, ex-du club de l'horloge, proches d'Alain de Benoist. Notamment le rédac'chef, Dominique Venner, qui est un ancien d'Occident (où il a dû côtoyer quelque futur ministre). Oui, il y aurait beaucoup à dire. Et pas un historien ne l'ouvre à ce sujet.
Je n'arrive pas à retrouver cet extrait...
La bande à Adolf, celle à Joseph et celle à Mao ne disaient pas autre chose.
Une personalité fait un livre sans prétention basée sur son érudition (réelle malgré des lacunes) pour transmettre sa passion. Comme personne n'occupe le marché depuis la sénilité d'Alain Decaux et la disparition de Sacha Guitry et André Castellot (qui n'étaient pas sans taches non plus), le livre rencontre le succés et connais une déclinaison télé.
C'est à ce moment là que débarque les puristes prétentieux pour nous expliquer que tout ça ne vaut rien. J'imagine la scène assez proche de celle des critiques du Masque et la Plume interpellant notre Rafik Djoumi en soutenant mordicus la supériorité "Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures" d'Apichatpong Weerasethakul sur Die Hard ou Men in Black.
C'est oublier un peu vite que ce qui compte pour ce genre de livre, c'est surtout le talent du compteur et que l'on peut violer l'histoire à condition de lui faire de beaux enfants !
Notez comme lorsque Blanc intervient il peut parler assez longuement : il possède l'arme : le micro !
Puis Deutsch répond
et lorsque Blanc veut à son tour reprendre la parole, il n'as plus l'arme : le micro
c'est là que ça devient intéressant : l'animateur intervient
son rôle s'il veut permettre un enrichissement et un approfondissement du débat devrait être de dire "attendez monsieur on ne vous entend pas bien on vous apporte un micro " permettant ainsi au public de profiter pleinement d'un échange qui va être instructif
mais que dit-il? "Monsieur on ne vous entend pas" donc en clair fermez là nous on est là pour vendre des livres
Un simulacre de débat ces promos commerciales
à partir de là le duel est inégal, l'un des protagonistes est désarmé, il est vaillant et courageux mais le bonimenteur vendra tout de même sa camelote car son opposant est désarmé.
Vous pouvez extrapoler ce modèle à volonté, partout ou il y a des micros, des tribunes comme par exemple des réunions ou des congrès d'organisations politiques ou syndicales, ou même des réunions de travail dans les entreprises ou la fonction publique, le dispositif est toujours conçu pour favoriser les bonimenteurs qui viennent vendre leur soupe.
la seule bonne nouvelle, ce monsieur ne vote pas (ouf sauvé)