Nutella : l'heure des pourquoi
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bien d'accord que tout cela pue le racisme social... les émeutes à la sortie du IPhone ne suscitent pas du tout les mêmes commentaires!
La critique du consumérisme sans critique du capitalisme, permet souvent de reconnaître un réactionnaire ou un libéral (ou les deux, ces termes étant souvent interchangeables).
Qui sait si le jour où Van Cleef & Arpels annoncera une promo sur ses bijoux, on n'assistera pas au même genre d'émeute place Vendôme ?
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Tout dans cet "évènement" et son traitement dans les media mais aussi sur les "rezosociaux" illustre de façon frappante la domination symbolique de classe.
Ce n'est pas tant l'exhibition de la misère économique au strict plan matériel qui est mise en scène - personne ne s'offusque des images de cohue lors des distributions de nourriture par les ONG dans les régions pauvres ou de guerre - que le rappel permanent de l'indignité sociale et symbolique des démunis.
Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que l'image qui est la plus retenue, et qui circule le plus, est celle des pots de Nutella, et non pas celle des couches pour bébés qui ont pourtant donné lieu aux mêmes bousculades: ces produits s'approchant plus de ce qu'on conçoit normalement comme des produits de première nécessité - l'hygiène des touts petits - il devient tout de suite plus difficile et gênant de se moquer des bousculades lors de ces opérations de promotion.
En revanche, le pot de Nutella en promo est chargé d'une représentation symbolique bien plus riche et signifiante dans le regard de surplomb que portent les dominants sur les plus démunis. D'une part la nourriture, ce que l'on ingère, ce que l'on introduit dans son corps - et in fine ce que l'on "est", ainsi la façon dont on le fait (les "bonnes manières de manger), est traditionnellement au coeur de la distinction bourgeoise.
Or en premier lieu, on apprend avant tout dans les familles où les enfants sont "bien élevés", qu'on ne se bat pas pour la nourriture. La raison évidente est que celle-ci étant abondante, rien ne justifie sur le plan matériel (simplement la faim ou l'appétence pour un produit qu'on ne peut consommer souvent) de se précipiter sur la nourriture.
Comme très souvent la bourgeoisie redouble une domination matérielle - le fait de ne pas être restreint dans sa consommation alimentaire - par une domination symbolique - le fait de se comporter avec décence et retenue face aux aliments.
Le spectacle de gens en train de se jeter sur des pots de pâte à tartiner est de ce point de vue une source de mépris de classe vis-à-vis de gens "qui ne savent pas se tenir", avec un jugement rabattant spontanément ces comportements vers l'animalité.
Mais le pot de Nutella est doublement symbolique dans le sens ou ce produit est chargé de tout ce qui représente la "malbouffe" au sein des classes dominantes: produit composé essentiellement de graisse et de sucre, il est depuis quelques années désigné comme le symbole de ce qu'il ne faut pas manger dans ces milieux: l'huile de palme qu'il contient est à la fois décrié pour les conséquences écologiques de sa production désastreuse que pour ses conséquences supposées néfaste pour la santé. Non seulement c'est de la graisse, mais en plus de la "mauvaise graisse".
De nombreux parents de ces milieux proscrivent purement et simplement les pâtes à tartiner dans le régime alimentaire de leur progéniture.
Ce produit est plus ou moins associé dans le jugements distinctif à un produit "honteux", dont on se gave en s'en mettant partout. La grande taille du pot "familial" en rajoute une couche dans cette représentation tacitement dégradante de la personne qui se "néglige", cède trop facilement à la gourmandise, et finalement... devient obèse - ce qui renvoie aussi directement aux images complaisantes de ménagères en surpoids poussant un caddie trop rempli dans un supermarché...
La complexité de ces représentations concernant la nourriture et la gourmandise - et par là l'intempérance, objet du mépris de classe - peut s'entrevoir en comparant le pot de Nutella familial avec le chocolat vendu très cher à plus de 90% de cacao destinée à une clientèle bourgeoise: non seulement ces gammes de produit sont vendues sous le label "équitable" - donc vertueux - mais en plus sont loués pour leur qualités nutritives (antidépresseur naturel, faible en graisses).
Le fait de se gaver de nourriture n'est donc pas jugé de la même façon selon la nature du produit: s'il n'est pas rare dans les milieux bourgeois de confesser adorer le chocolat au point d'en être "drogué", cet aveu d'intempérance déclenche en général un sourire de connivence et d'entre-soi. Pire encore, une des grande force de la nouvelle distinction bourgeoise en matière de consommation alimentaire est le fait de se permettre de temps en temps un "écart", en enrichissant un panier de produit nutritifs et de qualité avec des exceptions de "malbouffe" et de "merde" habituellement destinés aux dominés - de la même façon que l'on peut affirmer regarder la télé-réalité ou apprécier Jhonny et le karaoké, tout en ayant des pratiques culturelles légitimes.
Ces excès temporaires sont bien entendus compensés par une pratique de l'exercice sportif, de régimes "detox" divers et une abondante consommation d'eau en bouteille.
La différence repose une fois encore sur l'éventail des possibilités offertes aux dominants , qui peuvent s'accorder de temps en temps un écart au milieu d'une consommation habituellement distinctive, alors que les pauvres sont condamnés au registre de la malbouffe - au même titre qu'ils le sont sur le plan culturel à la télé-poubelle.
Voilà pourquoi ces images exercent une telle sidération dans la bourgeoisie - y compris la petite: non seulement ces gens-là se disputent pour de la nourriture - ce qui est en soi inconvenant - mais il se battent littéralement pour de la "merde"! Une telle représentation ne peut manquer d'enfermer définitivement les classes populaires dans une image d'infériorité structurelle.
Jamais bien sûr cette infériorité ne sera attribuée à leur conditions matérielles d'existence - et en particulier le manque quotidien des "bonnes choses" non seulement par leur qualités intrinsèques, mais aussi parce qu'elle sont prescrites comme telles par les dominants au nom du bon goût - mais seulement à leur indignité de classe.
La Fondation Abbé Pierre demande à Macron de "mener une politique sociale" (!).
Preuve qu'on peut s'engager en faveur des pauvres, avec ce que cela suppose de générosité et de dévouement, avoir conscience de la gravité du problème, et ne pas dédaigner de temps à autre une petite touche d'humour.
Si je résume : les types qui écrivent les lignes que l'on apperçoit entre les pubs des torchons des milliardaires et qui ont poussé tout le pays à plébisciter leur représentant à la tête de l'Etat (le môme qui est bien parti pour agraver les choses, évidement) ignoraient que la population était sans le sous ?!... On est bien là.... Parfait ! Bravo les teubé de Paris, désolé les autres gens..... De toutes les façons y'en a plus pour très longtemps : le prochain crach boursier arrive,.... faut s'entrainer à se ruer sur le Nutella, y'en aura pas pour tout le monde....
En réponse à Julie Guilbaut : "La désactivation de l'extension a permis un retour fluide à la navigation immédiatement, ainsi qu'à la consultation des vidéos, et surtout des forums."
Pas pour moi. Avec Firefox (à jour), avec ou sans l'extension de Gemp, c'est pareil. En particulier, les commentaires sous cet article, dont je ne peux lire que les 2 premiers.
Et, comme d'autres avant moi, je trouve que ça commence à être trèèèès long, tout ça.
Bonjour
Rien à voir avec la chronique du jour mais l'épisode d'archive de 'dans le texte' avec Frederic Lordon, Capitalisme, désir et servitudes est incomplet. Il ne fait que 18 mn en ligne.
Merci
Abe.
Chèr.e.s abonné.e.s et utilisateur.trice.s du "forum",
Après quelques investigations, il s'avère que la très utile extension de gemp via Tampermonkey a d'importants effets de bord sur votre navigation dans le site (ralentissements, plantages du site et notamment après ou pendant la consultation des fils de commentaires, difficulté de lecture des vidéos, occupation de toute la ressource de votre navigateur etc.)
Nous vous conseillons pour une navigation fluide sur le site de désactiver ou désinstaller cette extension dès que possible !
Les améliorations proposées par gemp seront bien entendu incluses dans le développement futur de votre forum, que nous savons être attendu impatiemment et que nous vous promettons de rendre à nouveau confortable et convivial. Nous avons cependant quelques priorités sur le feu avant de pouvoir vous restituer les "forums" dans la version que nous avons prévu de vous proposer.
Sachez que nous lisons et prenons en compte tous vos commentaires, même si nous n'avons pas forcément les ressources disponibles pour y répondre.
Merci de votre attention et de votre patience.
Message à celles et ceux qui voient des bobos partout :-)
Vous (au pluriel) omettez un point important dans la critique de ces comportements : ceux, dont je fais parti (et qui appartiennent à toutes sortes de catégories sociales), qui craignent la "foule". Oui, cette même foule capable du pire... et souvent pour des brouilles (ici un pot de sucre).
Parce que c'est un point important : il ne s'agit pas ici de "gens isolés" mais d'une foule... et réuni de la sorte, perdant tout esprit, la foule est trop souvent effroyable.
Vous les voyez courir dans les allées... et bien moi ils m'effrayent au plus au point. Ce n'est pas la peur qui les anime... ça je pourrais comprendre... non, c'est l'absence totale de raison. Et je suis certain que quelques minutes avant cette course ils (individuellement) n'avaient rien à voir avec ça. A un moment donné ils n'étaient plus eux (les pauvres)... ils était cette foule immonde.
PS : Donc tout un chacun peut critiquer ces comportements sans être bobo ou "classe relativement éduqué".
Cher DS, sur la page de votre chronique (la même) sur Rue89 ou plutôt ce qu'il en reste : un intertitre "Des pots revendus 3 euros" (est-il de vous ? y a-t-il mise en abyme ?) ; en-dessous une vidéo sur l'interpellation du mari de la joggeuse.
Est-ce vraiment utile de continuer à publier là-bas ?
Quand je lis le reportage du "Parisien" fait à Beauvais, je vois que certains pauvres ont acheté 10 pots de Nutella, ont attendu qqs jours la pénurie, et les revendent actuellement à 3€ le pot ! Ca s'appelle de la spéculation. Alors, pourquoi s'acharne-t-on sur la spéculation chez les pauvres, sur ce manque de solidarité entre gens du même endroit... alors qu'on admet sans problème que des riches spéculent sur les pauvres (les organismes de crédit aux taux usuraires), les banques, et ceux qui participent au système (et vont souvent à Davos) ... en investissant des sommes faramineuses dont ils ne sont même pas propriétaires, qu'ils n'ont pas gagnées à la sueur de leur travail...
Bref, je suis vraiment dégoûtée de cette société d'en haut... qui passe son temps à mépriser les uns et à approuver d'autres... Et surprise de voir que cette question arrive à diviser autour de moi : certains amis, qui disent avoir été pauvres, affichent un mépris haineux pour ces gens qui se sont disputés pour de la pâte vaguement chocolatée, et moi qui n'arrive pas à les mépriser mais qui ressent de l'empathie... parce que, si j'étais très pauvre, peut-être j'aurais été contente d'aller trouver du Nutella pas cher. Ceci dit, je n'aime pas me battre pour avoir qqch... donc j'aurais peut-être évité la curée.
Les larmes me viennent au yeux de lire que dans notre pays ...
- un pot de pâte à tartiner soit devenu un produit de luxe pour beaucoup,
- que la presse et ses lecteurs ne le découvre qu'au hasard d'une bousculade de supermarché,
- et pire encore que cela soit vrai, véritable et véridique,
- et sans que chacun ne réagisse avec toute la vigueur nécessaire, pour faire disparaître ces injustices.
Une petite dose de cohérence dans les accords pour le matin?
où se sont produit les bousculades,
où s'est produite une de ces bousculades
une de ces deux phrases heurte la grammaire, on peut discuter laquelle mais avoir une opinion c'est mieux que lâcher une orthographe au hasard (une API de correction grammaticale et orthographique, dans les bientôt disponibles?).
Et si le boulot de journaliste, comme celui d'Elsa Mari qui pour un peu ferait apprécier Le Parisien, à l'encontre du nom du journal pour l'occasion, était de comprendre les gens, d'aller à leur rencontre?
Oui certains sont prêts à faire la queue le matin pour gagner 15 euros, pour faire plaisir à leurs gosses ou à leurs voisins qui n'ont pas pu se déplacer, peut-être même pour faire un petit bénéfice dans la cage d'escalier ou l'association.
Le fossé n'est pas infranchissable, c'est de l'enquête, de la compréhension, pas de la compassion.
C'est comme ça qu'on vit au pays de ceux pour qui le Nutella et le Coca sont des produits de luxe chez Intermarché, pas des symboles honnis de la malbouffe et de l'industrialisation pour ceux qui comparent les mérites de la Bovetti et de la Nocciolata chez Biocoop, dans mon village les uns habitent en face des autres et se causent.
La critique du consumérisme sans critique du capitalisme, permet souvent de reconnaître un réactionnaire ou un libéral (ou les deux, ces termes étant souvent interchangeables).
bien d'accord que tout cela pue le racisme social... les émeutes à la sortie du IPhone ne suscitent pas du tout les mêmes commentaires!
la façon dont la presse a parlée de ce phénomène est simplement pornographique ! utiliser la misère de gens qui veulent juste faire plaisir a leurs enfants un jour de promo est dégueulasse , quand au commentaires bobos/écolos de mes deux sur l'huile machin et truc , allez vous faire foutre . ( le foutre est un produit naturel voyez-vous , donc pas d'insulte )
@DétecteurdeVérité @Youri Llygotme @hansolo
j'ai réussi à retrouver le com de gemp qui indiquait la marche à suivre :
il vous faut Tampermonkey, dispo pour tous les navigateurs, et une fois installé, récupérez le script beta-asi.
Note: si vous l'avez encore, désinstallez Greasemonkey qui fait la même chose, mais moins bien, sinon ça va perturber
Les autres messages sont des réponses à des commentaires et n'apparaissent que si vous cliquez sur la flèche qui suivent ces derniers commentaires.
alain-b vous dit d'ailleurs en réponse "ce doit être les réponses qui ne sont pas ouvertes, voire les réponses aux réponses, il vous faut installer le script de gemp qui ouvre tout d'un coup."
J'apprends donc à mon tour qu'il faut installer un "script de gemp" et je ne sais pas ce qu'est ce "script"
" A cette période, dit une mère de trois enfants, il me reste parfois 20 ou 30 euros. C'est un produit de luxe, comme le vrai coca".
Rien à ajouter ...
Comme disait Coluche:
"Quand on pense qu'il suffirait que les gens n'achètent plus pour que ça ne se vende pas"
Bref!
Après même en cadeau je n'en voudrais pas (Coca ou Nutella)
Mais j'ai sûrement d'autres plaisirs coupables
D'abord les pauvres ne sont pas différents des riches, si vous mettez un pauvre en face d'une envie, il a les mêmes capacités de retenue qu'un riche, sauf que ce dernier n'a pas à se retenir (à preuve les queues devant les magasins d'Apple au sortir du dernier appareil)
La rigueur budgétaire n'est pas absente chez les pauvres mais les défaillances sont plus faciles vu les contraintes
Ensuite, la publicité est dirigée vers tous : il n'y a pas de mention spéciale au bas d'une pub de la "Nut Company", du genre "produit en vente après acceptation de votre situation bancaire", il n'y a pas d'encadrement des publicités en fonction de l'âge du genre "regardez cette publicité si vous avez plus de 18 ans, cliquez ici pour confirmer"
Je lis à gauche qu'il y a 16 commentaires. Pourtant je n'en lis que 11 (ça va faire 12 lorsque le mien sera publié. Quelqu'un peut il m'indiquer la marche à suivre pour voir la totalité des commentaires? Merci
Comment peut-on être en accord avec la loi et vendre un produit 1.41€ au lieu de 4.50€ en dehors des périodes de soldes ?
L'enseigne ne vide pas se stocks de produits, vu que je suppose qu'elle en proposera à nouveau bientôt. Elle n'a pas le droit donc de vendre à perte, faut-il en déduire que la marge est de, au moins, 3€ ?
A lire jusqu'au bout, la conclusion étant le point d'orgue de ces réflexions...
"Mais on peut tenter de comprendre ce qui produit cela, en faisant d’abord l’hypothèse que des structures sociales et des pouvoirs économiques sont les principaux « pousse à l’achat » et « pousse-toi de là que je prenne le pot », donc les plus gros fauteurs de trouble. Ils sont à l’addiction à la consommation frénétique (d’une partie) des « gens » ce que les dealers sont aux drogues dures."
"Reprocher à certains ou certaines de succomber par moments à cette pression tous azimuts de type systémique, c’est bien gentil, mais qui n’y a JAMAIS succombé, pour lui-même ou pour ses enfants ou petits-enfants ?"
Il y a là, aussi matière à analyse du cheminement médiatique et de la temporalité induite.
A ne pas oublié le tweet de `JLM disant exactement cela, que la pauvreté donne envie d'avoir ce qu'on les plus riche que sois, et le Nutellas et bon a nos papilles, quand meme . Au smic je sais ce qu'est l'achat pas chère de produits de marque ou de bonne qualité. Rue de Belleville le mercredi la boucherie (en haut de la rue) vend la viande haché a moitié prix, un kilo de vrai viande de boeuf a 10euro, plus au marché rue de joinville les légume a 1 euro le kilo (évidemment pesticide) et j'ai de la bolognaise faite maison pour la semaine ... Les Daniel et autre Plenel qui avez planté la FI, vous vous fichez de nos problèmes de femmes qui doivent nourrir une famille ....pourtant ça fait 10 ans que je l'écris, et le machisme effréné des bobos n'est pas étrangère a ce phénomène d'aveuglement, les eduqués ce fichent des femmes qui élèvent les momes seule , elles se demerdent, et se font humilier sans aucun mouvement des mâles blancs et des femmes éduquées, qui se crois mieux que ceux qui se ruent sur le Nutellas... Pourtant ils/elles sont de bon chien de garde du capitalisme, ils ont bien humilier les Insoumis et JLM, bravo , vous allez pouvoir visiter VOS pauvres, quelle chance.
Je serais curieux de savoir si il y a eu des analyses de personnes "autorisés" qui expliquent pourquoi ces gens "défavorisés" éprouvent le besoin de consommer cette merde, tout comme d'ailleurs le soda américain dont il est question dans l'article du Parisien (ou même la viande citée également) d'autant qu'il est dit que c'est surtout pour leurs enfants.
Sur le regard condescandant posé sur la manière dont les classes populaires consomment, cet excellent article de Denis Colombi : http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2015/12/joyeux-noel-sous-condition-de-ressources.html
2008, émeutes de la faim dans toute l'Afrique. 2018, émeutes du Nutella en France . On vit dans le même monde ?
Les commentaires sous l'article du Parisien que vous indiquez ne font pas vraiment dans la compassion, style "Le coup de nous dire que la raison est la précarité, c’est nous prendre pour des cons", "fait moins de gosse et tu pourras mieux le nourrir" etc.
C'est quel lectorat Le Parisien ? Spontanément, je dirais que c'est du lectorat populaire un rien à droite, tendance travail, morale et petit commerce, mais peut-être que je me trompe.
Il y a un aspect complètement négligé, c'est l'aspect publicitaire: combien de fois le mot N... a-t-il été écrit, lu, prononcé, entendu ces derniers jours? Vous noterez que dans ce commentaire, j'ai pris soin de ne pas nommer la bête. Mais le nom apparaît deux fois dans mon commentaire précédent. De toutes façons, le mal est fait.
Dans "Au bonheur des dames" Zola raconte une pratique semblable: Octave Mouret, pour une grande journée d'ouverture, accumule les comptoirs juste en face de la porte d'entrée, ce qui produit un embouteillage sur le trottoir. Il modifie complètement, de façon anarchique et absurde, la répartition intérieure. Les client(E)s se perdent, tournent en rond, repassent mille fois au même endroit, finissent pas acheter n'importe quoi, et l'illusion d'une fréquentation pléthorique fait ce qu'on appellerait aujourd'hui le buzz.
Pour Octave Mouret, il s'agissait de lancer son affaire. N... étant "lancée" depuis longtemps, on peut se poser une autre question: la marque ne serait-il pas en perte de vitesse? Coincée entre les nantis qui achètent désormais plus cher, plus sain et souvent bio, et les autres... qui ne peuvent plus se la payer. Du coup, InterMachin aurait juste voulu écouler son stock, et la protestation du fabricant confirmerait la déroute.
Qui sait si le jour où Van Cleef & Arpels annoncera une promo sur ses bijoux, on n'assistera pas au même genre d'émeute place Vendôme ?
Je pensais plutôt que des gens accro au Nutella en avaient profité pour s'approvisionner à bas prix. En fait non, ils ont l'habitude d'un bas de gamme encore pire que le Nutella du point de vue nutritionnel, plus de graisse, plus de sucre, moins de noisettes et de chocolat... je mesure mon ignorance de nantie.
Et pourtant je me soigne....
Les journalistes découvrent les gens de rien, comme c'est étonnant.
La TV par exemple ignore un tiers de la population active (les ouvriers) qui ne sont présent ni dans les fictions, ni dans les "Talk-Show" ni au 20 heure sauf évidemment lors des grèves où ils sont souvent stigmatisés.
C'est bien symptomatique du décalage entre cette population et les médias.
La TV a pour clients ses annonceurs et on peut dire sans trop se tromper qu'un grand nombre d'émissions sont pensées pour cette tranche de la population... qui travaille mais doit dépenser la quasi-intégralité de ce qu'elle gagne tous les mois et refaire ruisseller le peu qui tombe d'en haut via le travail ou les allocs, vers les oligopoles et monopoles industriels. Qu'on influence des "ouvriers" en filmant des mecs en costard et de jolies filles bien payées n'exclut pas que ce soit principalement des "ouvriers" mais surtout les femmes (la fameuse ménagère de moins de 50 ans) et leur progéniture que l'on cherche à influencer. Aujourd'hui on a des adultes élevés à la TV, qui l'on regardé enfant en imitant leurs parents, alors que leur parents n'ont pas contruits leurs cerveau d'adultes en étant soumis à des heures de messages publicitaires par semaines : une expérience probante à ciel ouvert)
L'important pour vendre un produit à un pauvre c'est de filmer un "riche" en train de le consommer (c'est à dire quelqu'un de jeune, beau et sans soucis) : des fringues fabriquées au bangladesh, des chaussure fabriquées par des enfants, des produits issus de la chimie du pétrole (cosmétiques), des produits addictifs qui provoquent diabètes, obésité, maladies cardiaques.... en guise d'aliments, des smartphones fabriqués dans le meilleur des mondes totalitaire chinois, la liste est si longue !
"des smartphones fabriqués dans le meilleur des mondes totalitaire chinois, la liste est si longue !" On parle d'une population qui n'a pas les moyens de se payer ce genre de gadget.
Vous énoncez des évidences marketing, mais je parlais plus de l'espace public audiovisuel qui n'est jamais laissé et de la parole jamais donné, à cette population là.
En gros elle n'existe pas.
La bêtise du peuple est insondable. On le dirait avide de servitude volontaire.