Pourquoi j’ai changé d’avis sur le "call out" (ou pas)
Depuis #MeToo et surtout #Balancetonporc, balancer sur les réseaux sociaux le nom d’une personne dont les comportements ou propos sont considérés comme répréhensibles est devenu courant. Longtemps farouche détractrice de ces pratiques, j'ai peu à peu changé mon fusil d'épaule au point d'y avoir moi-même recours, sans perdre de vue leurs effets potentiellement délétères. Confessions de mes états d’âme numériques et du dilemme d’être une femme sur les réseaux en 2024.
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Commentaires préférés des abonnés
J'utilise internet quasiment depuis l'origine. Lorsque je compare les espoirs que ce nouvel outil suscitait à l'époque au fait que pour tout un tas de tarés, il sert maintenant à envoyer des photos de leur b... à des inconnues, je me désespère qu'il (...)
Bravo pour ce, ces témoignages implacables.
"Confessions de mes états d’âme numériques et du dilemme d’être une femme sur les réseaux en 2024."
Plutôt qu'un dilemme, je préfère un état des lieux.
Toute votre chronique expose de façon convaincante (...)
Bonjour.
« Si les réseaux sont infréquentables, n'y allez pas. On peut très bien vivre sans, …».
Si vous vous adressiez à moi, en remplaçant « les réseaux » par quelque chose auquel je tiens (les concerts de métal par exemple), cette phrase aurait prov(...)
Derniers commentaires
Merci pour cette chronique très intéressante
En Australie, si on travaille dans un service public et que des comportements ou des paroles discrimantes, harcellantes sont rapportées (que ce soit dans une soirée même privée ou un réseau social), dès que c'est confirmé, la personne est virée. Il faudrait voir comment cela impacte les comportements ?
Une prise de position claire et publique d'intolérance face aux agressions doit être positive et donne l'exemple.
Call out anonyme pour commencer en avertissant clairement qu'en cas de nouvelle occurrence d'un tel comportement l'anonymat disparaitra ?
Comme avec les gosses, d'abord tu préviens et après tu punis. Il faut bien à un moment que les gens apprennent que leurs actes ont des conséquences et qu'il va bien falloir qu'ils les assument.
Pour découvrir davantage le travail d'Elsa Deck Marsault, voir cet entretien que les copaines d'Hors-Série :
Bonsoir et merci pour ce riche article. Ca donne surtout envie de vous souhaiter de la force et de vous apporter du soutien ainsi qu'à toutes les personnes qui subissent cela
Il y a quand même un éléphant au milieu du couloir : pour subir ça sur X, il faut aller sur X. Comme vous l'évoquez en passant, les algorithmes de X sont conçus pour créer ou amplifier la conflictualité. Les harcèlements que vous évoquez en sont le produit direct. Vous le savez mieux que moi, X n'est pas un endroit "naturel" qui révèlerait la nature des gens, c'est un espace gouverné par des algorithmes qui provoquent des biais et de la polarisation. Or ces biais sont immondes, on le sait tous. Et ca engraisse un milliardaire d'extrême droite. Donc toutes les tactiques que vous évoquez sont évidemment intéressantes, mais sont des sparadraps sur un corps vérolé.
Question pragmatique, vu ce que cela vous fait subir : pourquoi continuer à "exister" sur X, y faire des threads, y ferrailler, dans ce contexte ? Pourquoi ne pas juste vous en servir pour observer et interroger des acteurs, et réserver vos prises de positions et vos articles dans des sites comme celui-ci ? Il me semble que ca réduirait de beaucoup l'intensité des harcèlements dans ce cloaque.
(NB : oui, ceci est une énième variation sur le thème : "mais qu'est-ce que les journalistes de gauche font encore sur X ?", je l'assume volontiers. Et non, je ne prétends pas avoir la solution, mes questions sont de vraies questions ouvertes).
Je ne vois pas le problème des "call out" non anonyme quand preuve materiel il y a. Qu'il assule le mec. Pas besoin d'aller
Plus loin. S'il arrête et que ça peut en dissuader certains tant mieux. On est pas obligé d'éduquer/convaincre tout le monde.
Quant au call out non anonyme je ne vois pas l'intérêt 🤷🏾♂️
Des militants d'ED qui avant mai 68 étaient venus saboter une projection de film sur le Vietnam nous avaient interpellés ainsi: "Vous êtes pour la liberté d'expression, vous nous la devez. Nous on est contre, on vous l'enlève".
Ça m'avait bien fait réfléchir, j'ai toujours pas trouvé quoi répondre.
> on ne peut pas s'insurger et le dénoncer quand on en est en victime, mais le pratiquer soi-même à l'encontre d'autres,
> de celles et ceux dont on estime qu'ils le méritent. Les agissements d'autrui, aussi répréhensibles soient-ils, ne
> peuvent pas constituer un passe-droit pour maltraiter et se montrer abusif à notre tour.
Et pourquoi pas ? Ca ne rejoint pas la réflexion de Karl Popper sur le paradoxe de la tolérance ? Pour le citer :
la tolérance illimitée ne peut que conduire à la disparition de la tolérance. Si nous accordons une tolérance illimitée même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas prêts à défendre une société tolérante contre les assauts des intolérants, alors les tolérants seront détruits, et la tolérance avec eux… Avec cette formulation, je ne veux pas dire, par exemple, que nous devrions toujours réprimer les philosophies intolérantes ; tant qu'il nous est possible de les contrer par des arguments rationnels et de les tenir en échec grâce à l'opinion publique, les interdire ne serait certainement pas judicieux. Mais nous avons intérêt à revendiquer le droit de les réprimer si nécessaire, même par la force ; car il se peut fort bien qu'ils n'acceptent pas la confrontation d'arguments rationnels, et dénoncent d'emblée toute argumentation ; ils risquent d'interdire à leurs adeptes d'écouter toute argumentation rationnelle, parce qu'elle serait trompeuse, et de leur apprendre à répondre aux arguments en faisant usage de leurs poings ou de leurs pistolets. Nous devons donc revendiquer, au nom de la tolérance, le droit de ne pas tolérer les intolérants. Nous devrions affirmer que tout mouvement prêchant l'intolérance se place hors la loi, et considérer comme criminelle l'incitation à l'intolérance et à la persécution, de la même manière que nous considérerions comme criminelle l'incitation au meurtre, à l'enlèvement, ou à la relance de la traite des esclaves
Une personne qui vient vous harceler est un harceleur de premier degré. Les principes sociétaux de tolérance, bienveillance etc ne doivent pas, selon moi, s'appliquer à ceux qui les bafouent.
Courage.
Que tout ces minables perdent leur boulot, ce ne sera que mérité. C'est peut-être facile à dire vu qu'en tant qu'homme je ne suis pas victime, mais je ne comprends pas pourquoi hésiter.
Détruisez leurs vies, ça fera réfléchir les autres.
Mes 2 cents de réflexion. Je comprends le dilemme et je vois en même temps l'efficacité de la dénonciation non anonyme. Grâce à cette dénonciation, vous avez un double effet kiss cool:
- vous bénéficiez du soutien d'une communauté entrainée qui va trouver assez rapidement qui est cette personne ("il a déjà agit comme cela avant"),
- la personne est affichée et si elle est passée par des messages privés, se retrouve toute honteuse,
D
Est-ce que vous pourriez traduire les mots anglais que vous utilisez ? Je suis sûr qu'il y a des équivalents en français.
Ce qui est compliqué avec les masochistes exhibitionnistes c'est que le call out les fait triper encore plus, limite ils cherchent. Mais bon j'imagine que c'est beaucoup moins bandant quand ça atteint leur professionnelle et familiale.
Très bon article. Merci.
J'ai du mal à croire qu'un homme désigné pour des remarques piquantes, sexistes et sexuelles puisse avoir des ennuis professionnellement. Ça existe? On l'a vu? On a des exemples? De carrière brisée?
Leur crainte est purement judiciaire, ou psychologique, mister hyde et docteur jekill n'ont pas la cohabitation facile en eux.
Leur réputation? À la base ils sont content d'eux, on dirait. Donc la honte ne doit pas être leur fort.
Le gars qui fait ça en mp, oui, c'est intéressant de raconter ce qu'il vous a dit à tous, probable que ça l'embête. Pour les autres est-ce qu'ils n'en tirent pas une satisfaction, de voir qu'ils font de l'effet? Sur votre santé mentale? Ou alors ce n'est pas leur intention, et c'est leur propre santé mentale qu'ils essaient de sauver et ça ne nous concerne pas.
Celui qui dit "blabla ce n'est pas que physique" je lui répondrait direct "ma vie est foutue alors" "bon tant pis ça yé je m'en suis déjà remise". Pour moi c'est moins fatigant que toute stratégie, mais j'ai pas d'égo des fois.
Et si la quantité est insupportable, soit c'est des faux comptes, soit la justice doit passer, non?
Les réseaux, c'est comme en voiture. On se fait beaucoup harceler, mainsplaininger, etc. en voiture. Et parfois il est assis à votre droite... Le recours dans ce cas est rarement la prise à témoin de vos "abonnés". On n'en a pas d'ailleurs des abonnés dans la vraie vie, ils sont absents :-)
J'ai conscience que c'est un sujet sérieux et qu'il y a la peur in fine d'être la vraie cible d'un détraqué, au coin de sa rue. Mais on ne peut pas faire comme si ça concernait chacun des usagers sur les réseaux, on ne peut pas en faire une généralité. Il faut faire la distinction entre les personnes publiques, les personnes sous leur vrai nom mais non "connues", et les personnes sous pseudo. Coté harcelés comme harcelants, rien n'est comparable selon les trois cas.
J'utilise internet quasiment depuis l'origine. Lorsque je compare les espoirs que ce nouvel outil suscitait à l'époque au fait que pour tout un tas de tarés, il sert maintenant à envoyer des photos de leur b... à des inconnues, je me désespère qu'il y ait un jour un vrai progrès.
Bonjour, merci pour cet article.
Je ne suis pas sur les réseaux donc ma solution peut vous sembler naïve : pourquoi ne pas déposer plainte une fois que vous avez identifié la personne ? Ce n'est pas "punir ou exclure" mais juger "officiellement" et faire condamner.
Bravo pour ce, ces témoignages implacables.
"Confessions de mes états d’âme numériques et du dilemme d’être une femme sur les réseaux en 2024."
Plutôt qu'un dilemme, je préfère un état des lieux.
Toute votre chronique expose de façon convaincante les turpitudes auxquelles on est exposée voire exposé quand on s'aventure sur les "réseaux".
Cela va des remarques sexistes, machistes, misogynes aux photos de zizis censées suppléer à l'absence d'arguments de leurs expéditeurs.
L'état des lieux, c'est que les "réseaux" sont une agora numérique et bien souvent binaire.
Sur l'agora des grecs, sur les places publiques, les bistrots, tous les lieux de rencontres et d’échanges du bon vieux temps, on ne pouvait rester masqué bien longtemps.
Cela n'empêchait pas les remarques sexistes, machistes et misogynes. Par contre l'exhibition d'un zizi en érection y était moins fréquente pour prendre le relai de son absence d'arguments.
Ce n'est pas un dilemme auquel vous êtes confrontées.
C'est à la désespérante lenteur du changement des mentalités face à la rapidité du progrès des techniques.
Ce qui se passe sur les réseaux, c'est que des millions de petits cons (et quelques petites connes) peuvent s'y ébattre en toute impunité alors que dans un vrai lieu public, ils auraient pris force coups de pieds aux fesses voire plus si nécessaire.
Comme je ne résiste jamais à la tentation de la facilité, je n'y résiste pas ici.
Si les réseaux sont infréquentables, n'y allez pas. On peut très bien vivre sans, même en étant journaliste.
Merci pour cette réflexion !
Avez-vous connaissance d'exemples où l'affichage de l'agresseur se fait, non pas sur les réseaux, mais directement auprès de ses relations familiales, amicales, professionnelles, etc.
Du genre "Bonjour, pour info votre mari / votre salarié / le trésorier de votre asso m'a écrit ces messages."
Et quelle serait votre position sur cette pratique ? Elle a certes des conséquences potentiellement fortes dans la vie de l'agresseur, mais évite certains des inconvénients que vous soulignez.
Un incel cherchant un exutoire à ses frustrations. Un exhibitionniste émule de Griveaux. Un aigri qui vous agresse parce qu’il ne partage pas vos engagements. La consternante routine du cyberharcèlement.
Très intéressant article, il y a de quoi rêfléchir.
Je pense qu'on peut, voir qu'on doit, call out en mettant les noms et les screens. Si il y a des harceleurs derriere qui vont harceler l'autre personne, alors elles devront etre call out aussi. Je pense qu'on peut imaginer du call out qui ne devienne pas du cyber harcelement comme ça.
C'est pas idéal, mais cest mieux que rien faire a mon avis. Un harceleur initial pouvant faire des dizaines de victimes pendant des des années.
Avis non definitif et non tranché, tout comme l'article.