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Refugees welcome : d'où sort donc cette Allemagne ?
Si on s'attendait !
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C'est pour cela que avec le Japon et l'allemagne , on est devant deux economie semblable et tres particuliere, qui permet en economie ce qu'on appel de la quasi integration.
Au japon les samourais dechuent de leur droit , ont ete compensé en argent. Gardant la structure de clan , avec une banque au milieu, ils ont créé les Keiretsu.
Cette structure economique ne peu fonctionné que si il y a la peur de perdre son honneur et sa probité . C'est tres particulier
https://fr.wikipedia.org/wiki/Keiretsu
Au japon les samourais dechuent de leur droit , ont ete compensé en argent. Gardant la structure de clan , avec une banque au milieu, ils ont créé les Keiretsu.
Cette structure economique ne peu fonctionné que si il y a la peur de perdre son honneur et sa probité . C'est tres particulier
https://fr.wikipedia.org/wiki/Keiretsu
Mais en fin Daniel, dans quelle fable avez-vous lu cet été que la morale pouvait guider une politique, particulièrement une politique aussi sensible que la politique migratoire ? Que des dirigeants européens en 2015 pouvaient baser leur politique autre chose que sur un intérêt direct en politique intérieure ou extérieure ? Les vacances sont finies et le vrai monde de la rentrée est tout sauf sympa !
Faut-il rappeler l'enchaînement des faits pour comprendre comment on en arrive là ?
Tout est dans ce graphique qui montre l'évolution du nombre de demandeurs d'asile en Allemagne depuis 1990.
Milieu des années 90, comme le rappelle Yanne, première forte vague de demandeur d'asile dans le nouveau contexte post-1989 (Allemagne réunifiée et rideau de fer disparu), sur le fond d'éclatement de la Yougoslavie, dans laquelle l'Allemagne est d'ailleurs en première ligne (avec les autres puissances comme la France et le Royaume-Uni, chacun défendant son poulain - les uns la Croatie, les autres la Serbie - tous réussisant à exacerber le conflit initial - mais c'est un autre sujet). Le flux se réduit mais reste élevé.
Face à ce premier afflux, réaction allemande (et pas que) qui met en oeuvre l'accord européen "Dublin II" en 2003, dénoncé de toutes parts par les associations d'aide. Pourquoi ? Cet accord met en oeuvre le principe du "pays d'entrée" : le demandeur d'asile ne peut déposer une demande d'asile que dans un seul pays de l'UE, afin d'éviter qu'en cas de refus les demandeurs fassent le tour des pays européens. Si jamais il y a eu trace d'une demande déjà effectuée dans un autre pays, le demandeur est renvoyé vers ce pays (résultats certains demandeurs se brûlent les doigts pour faire disparaïtre leurs empreintes digitales - c'est votre collègue Jean-Marc Manach qui l'écrit!).
Concrètement Dublin II cela donne quoi ? Un vaste transfert vers les pays situés géographiquement en entrée sur les flux - en premier lieu la Grèce et l'Italie, mais aussi la Pologne ou la Hongrie, qui submergent ces pays (plus pauvres) qui doivent se gérer toute la m.. (les camps de rétention, les sauvetages, la surveillance)....Et quel bénéficiare : (notamment) l'Allemagne! Plus au nord, protégée par les Alpes et par ses voisins de l'arrivée directe des demandeurs, le nombre de demandeurs s'effondrent !! Il n'y a qu'à regarder le graphique :
- 100.000 à 150.000 demandes par an entre 1994 et 2002...
- 20.000 à 50.000 demandes par an entre 2003 et 2012 (19.000 seulement en 2007)...
- et au-delà, une vaste stratégie globale de "dissuasion" de la demande d'asile...
Qu'est-ce qui se passe depuis deux ans ? Conflit syrien (dans lesquels les grandes puissances ne sont bien sûr pour rien), effondrement de la Lybie qui était payée par l'UE pour garder les demandeurs chez elle (idem on y est pour rien), effondrement économique de la Grèce (on y est toujours pour rien) et récession dans tout le sud de l'Europe (en Italie, mais aussi dans tous les Balkans ou en Hongrie)... et en plus le dispositif Dublin II est juridiquement attaqué de toute part. Bref, le système prend l'eau et en voie d'implosion.
Résultat : le nombre de demandeurs d'asile en Allemagne explose à nouveau, du fait des multiples failles du système, et que le pays est bien sûr attractif pour les demandeurs en raison des promesses d'emploi qui sont plus nombreuses qu'en Grèce ou qu'en Italie (ou qu'en France). Retour sur le graphique : de 20.000 en 2007, on passe à 200.000 en 2014 et on estime à plus de 500.000 demandes pour 2015. Bref Dublin II est mort.
Réponse de Merkel : on prend acte de la mort de Dublin II et on stoppe (le 25 août). A la place on propose.. des quotas. Bref, on propose de répartir les migrants dans toute l'Union Européenne pour... qu'ils ne viennent pas tous en Allemagne comme c'est le cas en ce moment !!! Evidemment, on veut remplacer le paratonnerre Dublin II par un autre !! Et pourquoi Hollande ou Valls refusent : vous imaginez qu'ils ont envie que l'UE sous domination allemande (retour à l'épisode grec de cet été, pour ceux qui refuseraient encore de le croire) leur impose directement le nombre de migrants ? Sur des critères non plus français mais européens ? Et qu'ils perdent encore le peu de latitude qu'ils ont par les biais des critères d'asile et de l'instruction des demandes ? Evidemment non !!
Alors tout cette stratégie d'image mise en place par le gouvernement allemand, franchement... et bien bravo à elle si cela à réussi à vous enfumer.
Je précise pour finir que je parle de la politique des dirigeants allemands - et pas des citoyens allemands en tant que tel bien sûr - parce que c'est le sujet de l'article de DS - on pourrait faire la même chose de la politique française en la matière, ou anglaise, ou américaine - les grands absents du débat qui doivent être ces jours-ci assez contents d'être séparés de la Syrie et de l'Afrique par un océan.
Faut-il rappeler l'enchaînement des faits pour comprendre comment on en arrive là ?
Tout est dans ce graphique qui montre l'évolution du nombre de demandeurs d'asile en Allemagne depuis 1990.
Milieu des années 90, comme le rappelle Yanne, première forte vague de demandeur d'asile dans le nouveau contexte post-1989 (Allemagne réunifiée et rideau de fer disparu), sur le fond d'éclatement de la Yougoslavie, dans laquelle l'Allemagne est d'ailleurs en première ligne (avec les autres puissances comme la France et le Royaume-Uni, chacun défendant son poulain - les uns la Croatie, les autres la Serbie - tous réussisant à exacerber le conflit initial - mais c'est un autre sujet). Le flux se réduit mais reste élevé.
Face à ce premier afflux, réaction allemande (et pas que) qui met en oeuvre l'accord européen "Dublin II" en 2003, dénoncé de toutes parts par les associations d'aide. Pourquoi ? Cet accord met en oeuvre le principe du "pays d'entrée" : le demandeur d'asile ne peut déposer une demande d'asile que dans un seul pays de l'UE, afin d'éviter qu'en cas de refus les demandeurs fassent le tour des pays européens. Si jamais il y a eu trace d'une demande déjà effectuée dans un autre pays, le demandeur est renvoyé vers ce pays (résultats certains demandeurs se brûlent les doigts pour faire disparaïtre leurs empreintes digitales - c'est votre collègue Jean-Marc Manach qui l'écrit!).
Concrètement Dublin II cela donne quoi ? Un vaste transfert vers les pays situés géographiquement en entrée sur les flux - en premier lieu la Grèce et l'Italie, mais aussi la Pologne ou la Hongrie, qui submergent ces pays (plus pauvres) qui doivent se gérer toute la m.. (les camps de rétention, les sauvetages, la surveillance)....Et quel bénéficiare : (notamment) l'Allemagne! Plus au nord, protégée par les Alpes et par ses voisins de l'arrivée directe des demandeurs, le nombre de demandeurs s'effondrent !! Il n'y a qu'à regarder le graphique :
- 100.000 à 150.000 demandes par an entre 1994 et 2002...
- 20.000 à 50.000 demandes par an entre 2003 et 2012 (19.000 seulement en 2007)...
- et au-delà, une vaste stratégie globale de "dissuasion" de la demande d'asile...
Qu'est-ce qui se passe depuis deux ans ? Conflit syrien (dans lesquels les grandes puissances ne sont bien sûr pour rien), effondrement de la Lybie qui était payée par l'UE pour garder les demandeurs chez elle (idem on y est pour rien), effondrement économique de la Grèce (on y est toujours pour rien) et récession dans tout le sud de l'Europe (en Italie, mais aussi dans tous les Balkans ou en Hongrie)... et en plus le dispositif Dublin II est juridiquement attaqué de toute part. Bref, le système prend l'eau et en voie d'implosion.
Résultat : le nombre de demandeurs d'asile en Allemagne explose à nouveau, du fait des multiples failles du système, et que le pays est bien sûr attractif pour les demandeurs en raison des promesses d'emploi qui sont plus nombreuses qu'en Grèce ou qu'en Italie (ou qu'en France). Retour sur le graphique : de 20.000 en 2007, on passe à 200.000 en 2014 et on estime à plus de 500.000 demandes pour 2015. Bref Dublin II est mort.
Réponse de Merkel : on prend acte de la mort de Dublin II et on stoppe (le 25 août). A la place on propose.. des quotas. Bref, on propose de répartir les migrants dans toute l'Union Européenne pour... qu'ils ne viennent pas tous en Allemagne comme c'est le cas en ce moment !!! Evidemment, on veut remplacer le paratonnerre Dublin II par un autre !! Et pourquoi Hollande ou Valls refusent : vous imaginez qu'ils ont envie que l'UE sous domination allemande (retour à l'épisode grec de cet été, pour ceux qui refuseraient encore de le croire) leur impose directement le nombre de migrants ? Sur des critères non plus français mais européens ? Et qu'ils perdent encore le peu de latitude qu'ils ont par les biais des critères d'asile et de l'instruction des demandes ? Evidemment non !!
Alors tout cette stratégie d'image mise en place par le gouvernement allemand, franchement... et bien bravo à elle si cela à réussi à vous enfumer.
Je précise pour finir que je parle de la politique des dirigeants allemands - et pas des citoyens allemands en tant que tel bien sûr - parce que c'est le sujet de l'article de DS - on pourrait faire la même chose de la politique française en la matière, ou anglaise, ou américaine - les grands absents du débat qui doivent être ces jours-ci assez contents d'être séparés de la Syrie et de l'Afrique par un océan.
Je vous rappelle que pendant les guerres de l'ex-Yougoslavie, l'Allemagne a énormément accueilli de réfugiés :
Source Université de Paris X :
"La gestion allemande de la crise des réfugiés bosniaques diffère de celle des autres États membres de l’UE sous deux aspects. D’abord,c’est la RFA qui abrite le plus grand nombre de réfugiés. Début 1997,le HCR dénombre 584 000 Bosniaques réfugiés dans l’Union, dont presque 60 % en Allemagne
Au total, la RFA aurait accueilli, depuis le début des guerres, plus de 500 000 réfugiés en provenance de l’ex-
Yougoslavie. Fin 1996, 100 000 Croates ont déjà quitté le pays, conformément à un traité bilatéral signé entre la RFA et la Croatie. Selon les sources, 120 000 personnes originaires de la République fédérale yougoslave, en majorité des Kosovars albanais en procédure de demande d’asile , 30 000 Bosniaques ayant obtenu le statut de demandeurs d’asile et 320 000 Bosniaques, réfugiés de guerre “tolérés”, résident en Allemagne. Le pays aurait dépensé, jusqu’à la fin de 1996, 16 milliards de DM pour financer l’accueil de ces réfugiés
(...)
Alors que dans la plupart des autres pays d’accueil, les réfugiés sont en voie d’intégration grâce à des statuts juridiques plus
permanents, en 1996 plus de 300 000 personnes se trouvent en situation précaire en Allemagne – la question du retour des réfugiés bosniaques est ainsi avant tout un problème allemand.
(...)
Fin 1999, 167 690 citoyens bosniaques étaient enregistrés en Allemagne; 46 471 d’entre eux n’étaient que “tolérés”, dont environ 6 600 titulaires de titres de séjour encore plus précaires, à savoir des documents stipulant l’obligation de partir (
Ausreisescheine) ou des “certificats de franchissement de la frontière” (Grenzübertrittsbescheinigungen). Ainsi,malgré une importante et coûteuse opération de rapatriement, l’Allemagne accueille-t-elle toujours plus de Bosniaques que n’importe
quel autre État membre de l’UE à l’apogée de la crise."
Donc très tôt accueillis, très tôt virés.
Mais ça n'enlève rien au fait que l'Allemagne a du mérite à accueillir tous ces réfugiés. Et les Allemands également.
Et pour ce qui est de la Grèce, il est plus facile d'accepter les défauts des gens qui viennent de lointaines contrées, que ceux de sa propre famille. Et Les Allemands sont tombés dans ce piège.
Source Université de Paris X :
"La gestion allemande de la crise des réfugiés bosniaques diffère de celle des autres États membres de l’UE sous deux aspects. D’abord,c’est la RFA qui abrite le plus grand nombre de réfugiés. Début 1997,le HCR dénombre 584 000 Bosniaques réfugiés dans l’Union, dont presque 60 % en Allemagne
Au total, la RFA aurait accueilli, depuis le début des guerres, plus de 500 000 réfugiés en provenance de l’ex-
Yougoslavie. Fin 1996, 100 000 Croates ont déjà quitté le pays, conformément à un traité bilatéral signé entre la RFA et la Croatie. Selon les sources, 120 000 personnes originaires de la République fédérale yougoslave, en majorité des Kosovars albanais en procédure de demande d’asile , 30 000 Bosniaques ayant obtenu le statut de demandeurs d’asile et 320 000 Bosniaques, réfugiés de guerre “tolérés”, résident en Allemagne. Le pays aurait dépensé, jusqu’à la fin de 1996, 16 milliards de DM pour financer l’accueil de ces réfugiés
(...)
Alors que dans la plupart des autres pays d’accueil, les réfugiés sont en voie d’intégration grâce à des statuts juridiques plus
permanents, en 1996 plus de 300 000 personnes se trouvent en situation précaire en Allemagne – la question du retour des réfugiés bosniaques est ainsi avant tout un problème allemand.
(...)
Fin 1999, 167 690 citoyens bosniaques étaient enregistrés en Allemagne; 46 471 d’entre eux n’étaient que “tolérés”, dont environ 6 600 titulaires de titres de séjour encore plus précaires, à savoir des documents stipulant l’obligation de partir (
Ausreisescheine) ou des “certificats de franchissement de la frontière” (Grenzübertrittsbescheinigungen). Ainsi,malgré une importante et coûteuse opération de rapatriement, l’Allemagne accueille-t-elle toujours plus de Bosniaques que n’importe
quel autre État membre de l’UE à l’apogée de la crise."
Donc très tôt accueillis, très tôt virés.
Mais ça n'enlève rien au fait que l'Allemagne a du mérite à accueillir tous ces réfugiés. Et les Allemands également.
Et pour ce qui est de la Grèce, il est plus facile d'accepter les défauts des gens qui viennent de lointaines contrées, que ceux de sa propre famille. Et Les Allemands sont tombés dans ce piège.
En effet, ce qui est grave, c'est qu'il aura fallu que soit enfin perçue cette ouverture des Allemands et de leur gouvernement de droite, pour que notre gouvernement prétendument de gauche modifie (légèrement) son discours et pour que certains éditorialistes français retrouvent un semblant d'humanité... Honteux !
Mais en vrai, les gens de pegida au début ils venaient vraiment de en dehors de la saxe avant de faire leurs ptites manifs dans d'autres villes. Alors que nous à dresden, on manifestait contre eux chaque semaine en criant refugiees are welcome here à se peter les cordes vocales, dans ce froid abusé depuis cet automne.
Dresden c'est une ville avec vraiment un esprit anti-fa, c'est pour ça que les réacs s'en prennent à elle à mon avis. De plus la police est super violente sur les manifestants anti-pediga et anti-nazis.
Dresden c'est une ville avec vraiment un esprit anti-fa, c'est pour ça que les réacs s'en prennent à elle à mon avis. De plus la police est super violente sur les manifestants anti-pediga et anti-nazis.
Peu importe les causes pourvu que soit ringardisée l'image éculée du réfugié envahisseur!
Oui les allemands ont besoin d'immigration, oui ils ont aussi besoin de redorer leur image après l'épisode désastreux de la Grèce, mais quand même, en comparaison, que la France paraît petite, faible, étriquée, combien ses gouvernants ou aspirants paraissent médiocres, mesquins, minables...
Ca alors, les Allemands n'ont pas de cornes et de queue fourchue...
Un peu plus et on pourrait dire que l'ordolibéralisme partait d'un bon sentiment, que ce n'était pas en soi, une idée diabolique. A lire Foucault, son adoption en 1948 était une réponse au cataclysme nazi, un moyen de conserver une idée d'Etat mais qui ne puisse prendre le visage du totalitarisme.
Un peu plus et on pourrait dire que l'ordolibéralisme partait d'un bon sentiment, que ce n'était pas en soi, une idée diabolique. A lire Foucault, son adoption en 1948 était une réponse au cataclysme nazi, un moyen de conserver une idée d'Etat mais qui ne puisse prendre le visage du totalitarisme.
Je l'ai deja mis , mais je m'en lasse pas :
Dostoievski:
"Par Dieu ! je ne veux pas de telles vertus ! J’ai eu le temps de faire dans les environs un bout de promenade vertueux. Eh bien, c’est tout à fait comme dans les petits livres de morale, vous savez, ces petits livres allemands, avec des images ? Ils ont dans chaque maison un vater très vertueux et extraordinairement honnête, si honnête et si vertueux qu’on ne l’approche qu’avec effroi ; le soir, on lit en commun des livres de morale. Autour de la maison, on entend le bruit du vent dans les châtaigniers ; le soleil couchant enflamme le toit et tout est extraordinairement poétique et familial... Je me souviens moi-même que feu mon père, sous les tilleuls, dans son jardinet, pendant les beaux soirs, nous lisait aussi, à ma mère et à moi, de pareils livres... Eh bien ! chaque famille ici est réduite par son vater à l’esclavage absolu. Tous travaillent comme des bœufs, tous épargnent comme des Juifs. Le vater a déjà amassé un certain nombre de florins qu’il compte transmettre à son fils aîné avec sa terre ; pour ne rien détourner du magot, il ne donne pas de dot à sa fille, à sa pauvre fille qui vieillit vierge. De plus, le fils cadet est vendu comme domestique ou comme soldat, et c’est autant d’argent qu’on ajoute au capital. Ma parole !... Tout cela se fait par honnêteté, par triple et quadruple honnêteté ; le fils cadet raconte lui-même que c’est par honnêteté qu’on l’a vendu. Quoi de plus beau ? La victime se réjouit d’être menée à l’abattoir ! D’ailleurs, le fils aîné n’est pas plus heureux. Il a quelque part une Amalchen avec laquelle il est uni par le cœur, mais il ne peut pas l’épouser parce qu’il n’a pas assez de florins. Et ils attendent tous deux sincèrement et vertueusement. Ils vont à l’abattoir avec le sourire sur les lèvres ; les joues de l’Amalchen commencent à se creuser ; elle sèche sur pied. Encore un peu de patience ; dans vingt ans la fortune sera faite, les florins seront honnêtement et vertueusement amassés. Alors, le vater bénira son fils, un jeune homme de quarante ans, et l’Amalchen, une jeunesse de trente-cinq, à la poitrine plate et au nez rouge. À ce propos, il pleurera, il lira de la morale et puis... il mourra. L’aîné deviendra à son tour un vater vertueux, et la même histoire recommencera. Dans cinquante ou soixante-dix ans, le petit-fils du premier vater continuera l’œuvre, amassera un gros capital et alors... le transmettra à son fils ; celui-ci au sien, et, après cinq ou six générations, naît enfin le baron de Rothschild, ou Hoppe et Cie, ou le diable sait qui. Quel spectacle grandiose ! Voilà le résultat de deux siècles de patience, d’intelligence, d’honnêteté, de caractère, de fermeté... et la cigogne sur le toit ! Que voulez-vous de plus ? Ces gens vertueux sont dans leur droit quand ils disent : ces scélérats ! en parlant de tous ceux qui n’amassent pas, à leur exemple. Eh bien ! j’aime mieux faire la fête à la russe ; je ne veux pas être Hoppe et Cie dans cinq générations ; j’ai besoin d’argent tout de suite ; je me préfère à mon capital..."
le joueur
Dostoievski:
"Par Dieu ! je ne veux pas de telles vertus ! J’ai eu le temps de faire dans les environs un bout de promenade vertueux. Eh bien, c’est tout à fait comme dans les petits livres de morale, vous savez, ces petits livres allemands, avec des images ? Ils ont dans chaque maison un vater très vertueux et extraordinairement honnête, si honnête et si vertueux qu’on ne l’approche qu’avec effroi ; le soir, on lit en commun des livres de morale. Autour de la maison, on entend le bruit du vent dans les châtaigniers ; le soleil couchant enflamme le toit et tout est extraordinairement poétique et familial... Je me souviens moi-même que feu mon père, sous les tilleuls, dans son jardinet, pendant les beaux soirs, nous lisait aussi, à ma mère et à moi, de pareils livres... Eh bien ! chaque famille ici est réduite par son vater à l’esclavage absolu. Tous travaillent comme des bœufs, tous épargnent comme des Juifs. Le vater a déjà amassé un certain nombre de florins qu’il compte transmettre à son fils aîné avec sa terre ; pour ne rien détourner du magot, il ne donne pas de dot à sa fille, à sa pauvre fille qui vieillit vierge. De plus, le fils cadet est vendu comme domestique ou comme soldat, et c’est autant d’argent qu’on ajoute au capital. Ma parole !... Tout cela se fait par honnêteté, par triple et quadruple honnêteté ; le fils cadet raconte lui-même que c’est par honnêteté qu’on l’a vendu. Quoi de plus beau ? La victime se réjouit d’être menée à l’abattoir ! D’ailleurs, le fils aîné n’est pas plus heureux. Il a quelque part une Amalchen avec laquelle il est uni par le cœur, mais il ne peut pas l’épouser parce qu’il n’a pas assez de florins. Et ils attendent tous deux sincèrement et vertueusement. Ils vont à l’abattoir avec le sourire sur les lèvres ; les joues de l’Amalchen commencent à se creuser ; elle sèche sur pied. Encore un peu de patience ; dans vingt ans la fortune sera faite, les florins seront honnêtement et vertueusement amassés. Alors, le vater bénira son fils, un jeune homme de quarante ans, et l’Amalchen, une jeunesse de trente-cinq, à la poitrine plate et au nez rouge. À ce propos, il pleurera, il lira de la morale et puis... il mourra. L’aîné deviendra à son tour un vater vertueux, et la même histoire recommencera. Dans cinquante ou soixante-dix ans, le petit-fils du premier vater continuera l’œuvre, amassera un gros capital et alors... le transmettra à son fils ; celui-ci au sien, et, après cinq ou six générations, naît enfin le baron de Rothschild, ou Hoppe et Cie, ou le diable sait qui. Quel spectacle grandiose ! Voilà le résultat de deux siècles de patience, d’intelligence, d’honnêteté, de caractère, de fermeté... et la cigogne sur le toit ! Que voulez-vous de plus ? Ces gens vertueux sont dans leur droit quand ils disent : ces scélérats ! en parlant de tous ceux qui n’amassent pas, à leur exemple. Eh bien ! j’aime mieux faire la fête à la russe ; je ne veux pas être Hoppe et Cie dans cinq générations ; j’ai besoin d’argent tout de suite ; je me préfère à mon capital..."
le joueur
Autre hypothèse : l'allemagne est un pays vieillissant (médiane d'âge à 46 ans). Ils ont autant besoin de travailleurs à la natalité plus élevée que la leur qu'ils ont une sainte horreur de l'inflation.
J'habite en Allemagne depuis plusieurs années et dans notre petite ville nous avons accueillis plusieurs familles de réfugiés, respectant en cela la répartition imposée (et acceptée) par l'Etat fédéral. J'essaie d'aider à l'intégration en coordonnant les efforts de bénévoles pour enseigner la langue allemande.
Je voulais simplement souligner à quel point la France rate complètement le coche car il s'agit évidemment de morale - personne ici ne veut laisser les Syriens et les Afghans à leur triste sort (les Allemands sont cependant nettement moins tolérants avec les Bulgares et les Roumains parce que justement ils sont considérés comme "dangereux"). Mais surtout il s'agit de retourner le problème en solution. Cette immigration n'est pas celle de la misère. Tous les réfugiés qu'il m'a été donné de rencontrer depuis quelques mois sont des ingénieurs, des médecins, des entrepreneurs ou des fils et filles de la classe moyenne. L'Allemagne ne fait pas qu'accueillir, elle est en train de modifier ses règlements pour reconnaître les diplômes syriens et pour introduire ces personnes qualifiées sur le marché du travail et ainsi remédier à des problèmes systémiques: manque de personnel hospitalier, de personnel qualifié dans les nouvelles technologies ou de personnel soignant dans les maisons de retraite. En Rhénanie du nord, des formations sont en train de se mettre en place pour former les jeunes et les volontaires à des métiers qui sont de première importance pour l'économie et la société.
La moralité est une chose, mais la force des Allemands, des Danois et des Suédois, c'est d'avoir compris que ce crétin de Bashar El-Assad, en plus d'avoir libéré les Islamistes de ses geôles, a aussi expulsé les forces vives de son pays, forces qui sont plus qu'heureuses de pouvoir vivre en paix chez nous, même si cela signifie une adaptation culturelle qui ne se fera évidemment pas facilement à long terme. L'exemple turc a montré que les ghettos étaient toujours possibles, même autour des grandes villes industrielles allemandes.
Merci pour votre site et continuez à aussi bien nous informer!
Eckhart
Je voulais simplement souligner à quel point la France rate complètement le coche car il s'agit évidemment de morale - personne ici ne veut laisser les Syriens et les Afghans à leur triste sort (les Allemands sont cependant nettement moins tolérants avec les Bulgares et les Roumains parce que justement ils sont considérés comme "dangereux"). Mais surtout il s'agit de retourner le problème en solution. Cette immigration n'est pas celle de la misère. Tous les réfugiés qu'il m'a été donné de rencontrer depuis quelques mois sont des ingénieurs, des médecins, des entrepreneurs ou des fils et filles de la classe moyenne. L'Allemagne ne fait pas qu'accueillir, elle est en train de modifier ses règlements pour reconnaître les diplômes syriens et pour introduire ces personnes qualifiées sur le marché du travail et ainsi remédier à des problèmes systémiques: manque de personnel hospitalier, de personnel qualifié dans les nouvelles technologies ou de personnel soignant dans les maisons de retraite. En Rhénanie du nord, des formations sont en train de se mettre en place pour former les jeunes et les volontaires à des métiers qui sont de première importance pour l'économie et la société.
La moralité est une chose, mais la force des Allemands, des Danois et des Suédois, c'est d'avoir compris que ce crétin de Bashar El-Assad, en plus d'avoir libéré les Islamistes de ses geôles, a aussi expulsé les forces vives de son pays, forces qui sont plus qu'heureuses de pouvoir vivre en paix chez nous, même si cela signifie une adaptation culturelle qui ne se fera évidemment pas facilement à long terme. L'exemple turc a montré que les ghettos étaient toujours possibles, même autour des grandes villes industrielles allemandes.
Merci pour votre site et continuez à aussi bien nous informer!
Eckhart
Peut-être faudrait-il arrêter de s'illusionner sur cette fable pour enfants ( induite par les médias ? ) que le gouvernement des Etats serait dirigé par la morale.
« Les Etats n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts » disait de Gaulle.
« Les Etats n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts » disait de Gaulle.
Bonjour Daniel,
Votre lien du dernier paragraphe "dont se déclarent aujourd'hui proches" renvoie à un site de la mouvance soralienne (voir sa page "sites incontournables"). L'article (excellent d'ailleurs à mon sens) de François Denord, Rachel Knaebel et Pierre Rimbert, reproduit sur ce site, a été originellement publié dans le Monde diplo..
Sans doute préfèrerez-vous la référence originale :-)
Votre lien du dernier paragraphe "dont se déclarent aujourd'hui proches" renvoie à un site de la mouvance soralienne (voir sa page "sites incontournables"). L'article (excellent d'ailleurs à mon sens) de François Denord, Rachel Knaebel et Pierre Rimbert, reproduit sur ce site, a été originellement publié dans le Monde diplo..
Sans doute préfèrerez-vous la référence originale :-)
Ce qu'aucun média ne souligne, y compris vous Daniel, c'est que cette décision d'accueillir des migrants est aussi une manière pour l'Allemagne de compenser une démographie déclinante et une population vieillissante.
L'Allemagne affiche le plus faible taux de natalité en Europe depuis plusieurs années. Elle est aujourd'hui dernière du classement mondial selon plusieurs indicateurs. Réciproquement, le taux de natalité le plus haut est enregistré en Afrique, plus précisément au Niger.
Le principe des vases communicants, vous connaissez ? Les niveaux sont encore loin d'être équilibrés, ce qui signifie qu'il faut se préparer à devoir gérer cet afflux de migrants pendant encore longtemps.
PatriceNoDRM
L'Allemagne affiche le plus faible taux de natalité en Europe depuis plusieurs années. Elle est aujourd'hui dernière du classement mondial selon plusieurs indicateurs. Réciproquement, le taux de natalité le plus haut est enregistré en Afrique, plus précisément au Niger.
Le principe des vases communicants, vous connaissez ? Les niveaux sont encore loin d'être équilibrés, ce qui signifie qu'il faut se préparer à devoir gérer cet afflux de migrants pendant encore longtemps.
PatriceNoDRM
Pourquoi l'ordre? Beaucoup d'entre eux cherchent juste à etre "bons" ... la performance au travail, le comportement en societe, la gestion du pays, les relations, ils se mettent beaucoup de pression ... vous mettez toujours une structure au dessus dans vos analyses (comme en france ou l etat est tres present) mais il n y a pas un ressenti fort de l'etat et de ses obligations.
Quant aux migrants oui j etais recemment dans le schleswig holstein proche d un camp et en effet, sans que ca fasse les infos, les gens etaient genereux pour les acceuillir, tout en protégeant leurs maisons ... on est tous humains.
Quant aux migrants oui j etais recemment dans le schleswig holstein proche d un camp et en effet, sans que ca fasse les infos, les gens etaient genereux pour les acceuillir, tout en protégeant leurs maisons ... on est tous humains.
On rajoutera un intérêt économique certain, avec une population qui diminue et vieillit...
Peut être une culture plus marquée par la charité religieuse, qui peut toucher tant à droite qu'à gauche quand il s'agit de venir en aide aux réfugiés...
Peut être une culture plus marquée par la charité religieuse, qui peut toucher tant à droite qu'à gauche quand il s'agit de venir en aide aux réfugiés...
Autre hypothèse: les quelques 80 millions d'Allemand ne sont pas des clones, il y a des Allemands de droite comme des Allemands de gauche. Je sais, c'est difficile d'imaginer qu'un ensemble de 80 millions d'individus n'est pas monolithique, qu'on ne peut pas leur coller une étiquette unique, fut-elle "ordo-libérale", appellation qui est, soit dit en passant,un bel oxymore.
La vrai question est plutôt : pourquoi la droite française se sent-elle obligée de copier sur l'extrême droite ? Comme vous l'aviez fait remarqué, il n'y a pas si longtemps, la droite française, Chirac en tête, accueillait les boat people. Et si le problème, finalement, n'était pas en Allemagne mais en France ?
La vrai question est plutôt : pourquoi la droite française se sent-elle obligée de copier sur l'extrême droite ? Comme vous l'aviez fait remarqué, il n'y a pas si longtemps, la droite française, Chirac en tête, accueillait les boat people. Et si le problème, finalement, n'était pas en Allemagne mais en France ?
On ne dépense pas plus qu'on ne gagne, on ne triche pas sur ses comptes, et on accueille les migrants dans des conditions dignes, équitables, et...ordonnées : trois faces d'une même morale ?
Ah! La politique selon la Morale et dégagée de tous intérêts financiers. Comme c'est beau!
Ah! La politique selon la Morale et dégagée de tous intérêts financiers. Comme c'est beau!