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Troy Davis, icône laïque
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Bonjour,
Je poste ici car on ne peut pas dans les vite-dits, mais c'est relatif aux extraits de votre livre.
Concernant l'allure du ciel dans la La Nuit Étoilée de Van Gogh, vous parlez simplement de "spirales" ou de "formes courbes".
Certains de mes collègues et moi y avons toujours vu une réminiscence de ce phénomène physique: les allées de von Karman (images).
Vous qui faites des fois, je trouve, dans l'intericonicité un poil capilotractée, que pensez-vous de celle-ci ?
Cette suggestion d'inspiration quant au motif des courbes n'étant en rien une remise en question de votre interprétation sur le fond du tableau!
Bien cordialement
gyom
Je poste ici car on ne peut pas dans les vite-dits, mais c'est relatif aux extraits de votre livre.
Concernant l'allure du ciel dans la La Nuit Étoilée de Van Gogh, vous parlez simplement de "spirales" ou de "formes courbes".
Certains de mes collègues et moi y avons toujours vu une réminiscence de ce phénomène physique: les allées de von Karman (images).
Vous qui faites des fois, je trouve, dans l'intericonicité un poil capilotractée, que pensez-vous de celle-ci ?
Cette suggestion d'inspiration quant au motif des courbes n'étant en rien une remise en question de votre interprétation sur le fond du tableau!
Bien cordialement
gyom
En ce qui concerne les portraits dits du Fayoum - qui me fascinent par leur modernité formelle et le désir de fixer les traits d'un mort pour l'éternité, comme l'imago romaine, mère de notre "image" - et leurs grands yeux fixes et souvent vides... Je me demande si ça ne vient pas du fait que l'artiste peignait les visages sur le motif, mais pas les yeux, qui étaient fermés... Les yeux sont la partie inventée, la partie morte aussi. Ils ne sont pas toujours grands, mais ont en commun cet écarquillement étrange qui ne fait pas vrai, alors que tous ces portraits démontrent la volonté de l'artiste de "faire ressemblant", tout en ne négligeant pas la susceptibilité du mort et son droit à une belle image.
Et pour boucler la boucle, c'est-à-dire faire une "transition qui tue", je me permets de mettre un lien avec un petit album que j'ai publié sur facebook et qui montre quelques analogies entre les visages du passé et d'autres plus récents et donc retomber sur les pattes d'Alphonse Bertillon:
https://www.facebook.com/media/set/?set=a.1144513062620.2022867.1521305202&l=2b3edb8048&type=1
Et pour boucler la boucle, c'est-à-dire faire une "transition qui tue", je me permets de mettre un lien avec un petit album que j'ai publié sur facebook et qui montre quelques analogies entre les visages du passé et d'autres plus récents et donc retomber sur les pattes d'Alphonse Bertillon:
https://www.facebook.com/media/set/?set=a.1144513062620.2022867.1521305202&l=2b3edb8048&type=1
Qu'il repose en paix.
SEMIR
SEMIR
Troy Davis, 42 ans, condamné à mort en 1991, a été exécuté mercredi 21 septembre 2011 dans l'État de Géorgie en l’absence de preuves matérielles, près de 20 ans après les faits et alors que 7 témoins sur 9 se sont rétractés (1).
___________________
L’exécution de Troy Davis soulève une fois de plus la question de la peine de mort aux Etats-Unis ; question éminemment sociale et culturelle et accessoirement politique... mais si peu en comparaison quand on connaît l’unanimité de ce châtiment dans toutes les couches de la société américaine.
Cette exécution révèle aussi au grand jour la spécificité de cette peine capitale : en effet, la peine de mort aux USA n’est en rien comparable à la peine de mort disons… dans un pays comme l’Iran.
Condamné en Géorgie, à propos de l'exécution de Troy Davis, on voudra bien laisser de côté le soupçon de racisme d’un Etat anciennement esclavagiste car, si la machine judiciaire américaine en général et celle de cet Etat en particulier semblent non pas aveugles mais incapables de se remettre en cause c’est bien pour la raison suivante : à l’exception de quelques activistes ainsi que des ambassades européennes, personne ne le lui demande. De mémoire d'homme, aucun élu aux Etats-Unis n’a perdu une élection quelle qu’elle soit pour avoir envoyé à la mort un détenu alors que de sérieux doutes subsistaient quant à sa culpabilité, et moins encore s’il s'est agi d’un homme de couleur, le doute en ce qui concerne ce dernier s'évanouissant comme par enchantement.
Aux Etats-Unis, la peine capital, peine de mort, est donc bel et bien en phase avec les desiderata de sa population, électeurs blancs de surcroît, le taux d’abstention étant très élevé chez les minorités pauvres et reléguées… celles précisément que l’on retrouve en majorité dans les couloirs de la mort.
Laissons aussi de côté, pour l’heure, les pulsions du talion héritées de l’ancien testament, ce livre sanguinaire et anthropophage, cannibale pour un peu, la faim et la soif au ventre, jamais rcomblée, jamais étanchée, sang pour sang, mort pour mort...
Ainsi que l’histoire d’une jeune nation aux populations livrées à elles-mêmes sur d'immenses territoires à des distances rarement susceptibles de leur apporter justice et réparation, dans la précipitation d’un verdict à rendre, d'un désir de vengeance à satisfaire, consolation et apaisement une fois la mort donnée, à une époque où un système judiciaire encore balbutiant peinait à établir la confiance - efficacité et diligence -, une justice du type... qui a tué tuera… qui a tué, devra à son tour être tué… palliant ses insuffisances.
Aujourd’hui, le choix de cette peine de mort se fait sans haine, en toute sérénité, un peu à l’image des moyens utilisés pour se débarrasser d’une vie, en petit comité…
Tout aussi inutile... l'évocation d'une croyance de la valeur dissuasive de la peine de mort ; l’américain moyen n’est pas plus réfractaire à la véracité des statistiques concernant la criminalité de son beau et grand pays qu’un européen…
Même si, à l’occasion d’une enquête, il peut arriver à ce citoyen de se cacher derrière cette pseudo-croyance cache misère d’un désir ardent, entre autres motivations, comme on pourra le voir un peu plus loin, d’éliminer, d’ôter de sa vue et de sa conscience la réalité existentielle et sociale du coupable - du moins… d’un coupable reconnu comme tel par un jury -, et l’horreur de ses actes... pour ne rien dire de ce que le crime commis peut lui révéler... sur lui-même et la société dans laquelle il se débat quotidiennement pour ne pas sombrer.
En effet, pourquoi prendre le risque de regarder en face une réalité à la racine de laquelle on trouvera une organisation de l’existence qui ne permet pas la gestion en commun de l’horreur dans toute son horreur : l’horreur d’un crime, l’horreur de ses causes, l’horreur du coupable, l’horreur du sort de la victime, l’horreur, encore et toujours l’horreur !
Quant à la notion d’irresponsabilité – les fous n’ont qu’à bien se tenir ou disparaître corps et biens.
***
Société de l’oubli, condamnée à reproduire les mêmes erreurs jusqu’au déclin annoncé et programmé… avec pour seul sursaut une fuite en avant, aujourd'hui militaire et économique, une moquette épaisse n’y suffisant pas, et les armoires pas davantage, pour ne pas voir, ne pas comprendre, et ne plus y penser...
Hier victime, demain bourreau, n'avons-nous pas tous de bonnes raisons d’être ce que nous sommes ?
Aussi, une société qui ne sait pas pardonner, qui refuse d’offrir une seconde chance à ses membres, est condamnée inlassablement à reproduire, châtiment après châtiment, cruauté après cruauté, indifférence après indifférence, erreur judicaire après erreur judiciaire, un niveau de violence sociale et culturelle toujours plus préoccupant, toujours plus arbitraire, toujours plus anxiogène, toujours plus élevé, à la fois ricochet et boomerang.
Difficile pour cette nation de se cacher derrière son petit doigt : de tout temps, la société américaine préfère prendre le risque d’exécuter un innocent plutôt que de soupçonner qu’un coupable puisse être libre, et plus encore, lorsqu’il est question d’un homme de couleur ; en toutes circonstances… beaucoup moins présumé innocent que tout autre individu.
Dans cet état d’esprit, il semblerait que le doute bénéficie à la mort seule.
Mais alors…
Et si cet acharnement en faveur de la peine de mort - 20 ans après les faits parfois même (comme si c'était le même homme que l'on punissait) ! - était une manière pour le peuple américain de rendre à plus faible que soi (la lâcheté chez les humiliés qui se rebiffent, ça existe !), toute la violence sociale d’un système hyper-compétitif, cruel dans l’échec, d’une générosité sans bornes dans la réussite... et la résignation pour le plus grand nombre (2)...
Guantanamo, dernièrement, remplissant aussi ce rôle, comme venant en renfort, entre deux exécutions capitales ; un Guantanamo potentiellement capable de fournir au peuple américain socialement et culturellement humiliés d’innombrables images, à satiété et ad nauseam, d'êtres humains relégués au rang de sous-hommes, enchaînés, trottinant, sautillant tels des kangourous blessés, comme… empêchés ; des kangourous venus d’une autre planète… planète orange pour l'occasion.
Système hyper-compétitif donc qui fait l’impasse sur les valeurs de pardon, de miséricorde, passant à la trappe toute notion de perfectibilité de l’être humain, sa rédemption, ses capacités d’amendement…
Car si le temps c’est de l’argent, le temps c’est aussi de l’humiliation, et la vie est courte ! Sans oublier le fait suivant : tout comme la vue du sang, la vue de l’humiliation en appelle d’autres et hurle toujours plus fort ; perversité d’un système qui s’auto-dévore et tranche dans le vif de vies en sursis, des vies hébétées face à un tel acharnement en faveur d'un châtiment de mort.
Quel est l’espoir des humiliés résignés sinon d’être les témoins d’une plus grande humiliation pour les autres, sans oublier les cas où ils se verront offert la possibilité de décider du jour, de l’heure et de sa durée...
Les Etats américains et leurs élus concédant à leur population-électeurs ce désir de revanche par procuration (à ne pas confondre avec la vengeance !), coupable-victime expiatoire après l'autre, et ce au détriment d’un projet de société qui placerait la justice sociale et la fraternité au cœur de ses préoccupations.
Pour la société américaine, il est vrai qu’il s’agirait là d’un vaste chantier, un travail de titans… et nul n’osera l’entreprendre avant de s’y atteler pour, de tout temps, ne jamais en trouver la trace dans quelque manuel d'histoire que ce soit ; histoire qui, comme chacun sait, demeure aussi imprescriptible qu'irréversible, lacunes et manquements compris.
Nul doute : la crise financière et économique qui n’a pas fini de toucher de plein fouet les salariés américains - précarité, pauvreté et colère -, n’est pas là pour nous rassurer : la peine capitale aux Etats-Unis a très certainement de beaux jours devant elle.
___________
1 - Au regard de cette carte, ce qui semble unir tous les Etats d'Amérique, à 11 exceptions près (11 Etats mineurs) c'est un amour immodéré, une passion ravageuse et dévorante pour la peine de mort.
Dans le cas Davis, il n'est que d'écouter la famille de la victime, il y a seulement quelques jours mais... 20 ans après les faits, et ce... encore une fois, en l’absence de preuves matérielles et alors que 7 témoins sur 9 se sont rétractés, pour s'en convaincre.
Il y a bien là autre chose qu'un désir de justice ou de vengeance. Autre chose est à l'oeuvre. A l'écoute de cette famille, j'ai bien cru entendre ceci : "Innocent ou coupable, peu importe : Davis doit mourir ! Il nous la faut cette mort ! Ca fait des années qu'on compte dessus, qu'on l'attend. On a besoin de cette mort. Sinon, qu'allons-nous devenir ?"
2 - Les Etats-Unis sont le seul pays en Occident à maintenir la peine de mort, et ce... dès l'âge de 16 ans, parfois dès 13 ans dans certains Etats. Et ce maintien qui doit nous interroger, sans haine mais avec lucidité et pourquoi pas... avec originalité, c'est déjà une spécificité en soi ; d'aucuns parleront d'anomalie. Essayons de la comprendre et de l'expliquer.
___________________
L’exécution de Troy Davis soulève une fois de plus la question de la peine de mort aux Etats-Unis ; question éminemment sociale et culturelle et accessoirement politique... mais si peu en comparaison quand on connaît l’unanimité de ce châtiment dans toutes les couches de la société américaine.
Cette exécution révèle aussi au grand jour la spécificité de cette peine capitale : en effet, la peine de mort aux USA n’est en rien comparable à la peine de mort disons… dans un pays comme l’Iran.
Condamné en Géorgie, à propos de l'exécution de Troy Davis, on voudra bien laisser de côté le soupçon de racisme d’un Etat anciennement esclavagiste car, si la machine judiciaire américaine en général et celle de cet Etat en particulier semblent non pas aveugles mais incapables de se remettre en cause c’est bien pour la raison suivante : à l’exception de quelques activistes ainsi que des ambassades européennes, personne ne le lui demande. De mémoire d'homme, aucun élu aux Etats-Unis n’a perdu une élection quelle qu’elle soit pour avoir envoyé à la mort un détenu alors que de sérieux doutes subsistaient quant à sa culpabilité, et moins encore s’il s'est agi d’un homme de couleur, le doute en ce qui concerne ce dernier s'évanouissant comme par enchantement.
Aux Etats-Unis, la peine capital, peine de mort, est donc bel et bien en phase avec les desiderata de sa population, électeurs blancs de surcroît, le taux d’abstention étant très élevé chez les minorités pauvres et reléguées… celles précisément que l’on retrouve en majorité dans les couloirs de la mort.
Laissons aussi de côté, pour l’heure, les pulsions du talion héritées de l’ancien testament, ce livre sanguinaire et anthropophage, cannibale pour un peu, la faim et la soif au ventre, jamais rcomblée, jamais étanchée, sang pour sang, mort pour mort...
Ainsi que l’histoire d’une jeune nation aux populations livrées à elles-mêmes sur d'immenses territoires à des distances rarement susceptibles de leur apporter justice et réparation, dans la précipitation d’un verdict à rendre, d'un désir de vengeance à satisfaire, consolation et apaisement une fois la mort donnée, à une époque où un système judiciaire encore balbutiant peinait à établir la confiance - efficacité et diligence -, une justice du type... qui a tué tuera… qui a tué, devra à son tour être tué… palliant ses insuffisances.
Aujourd’hui, le choix de cette peine de mort se fait sans haine, en toute sérénité, un peu à l’image des moyens utilisés pour se débarrasser d’une vie, en petit comité…
Tout aussi inutile... l'évocation d'une croyance de la valeur dissuasive de la peine de mort ; l’américain moyen n’est pas plus réfractaire à la véracité des statistiques concernant la criminalité de son beau et grand pays qu’un européen…
Même si, à l’occasion d’une enquête, il peut arriver à ce citoyen de se cacher derrière cette pseudo-croyance cache misère d’un désir ardent, entre autres motivations, comme on pourra le voir un peu plus loin, d’éliminer, d’ôter de sa vue et de sa conscience la réalité existentielle et sociale du coupable - du moins… d’un coupable reconnu comme tel par un jury -, et l’horreur de ses actes... pour ne rien dire de ce que le crime commis peut lui révéler... sur lui-même et la société dans laquelle il se débat quotidiennement pour ne pas sombrer.
En effet, pourquoi prendre le risque de regarder en face une réalité à la racine de laquelle on trouvera une organisation de l’existence qui ne permet pas la gestion en commun de l’horreur dans toute son horreur : l’horreur d’un crime, l’horreur de ses causes, l’horreur du coupable, l’horreur du sort de la victime, l’horreur, encore et toujours l’horreur !
Quant à la notion d’irresponsabilité – les fous n’ont qu’à bien se tenir ou disparaître corps et biens.
***
Société de l’oubli, condamnée à reproduire les mêmes erreurs jusqu’au déclin annoncé et programmé… avec pour seul sursaut une fuite en avant, aujourd'hui militaire et économique, une moquette épaisse n’y suffisant pas, et les armoires pas davantage, pour ne pas voir, ne pas comprendre, et ne plus y penser...
Hier victime, demain bourreau, n'avons-nous pas tous de bonnes raisons d’être ce que nous sommes ?
Aussi, une société qui ne sait pas pardonner, qui refuse d’offrir une seconde chance à ses membres, est condamnée inlassablement à reproduire, châtiment après châtiment, cruauté après cruauté, indifférence après indifférence, erreur judicaire après erreur judiciaire, un niveau de violence sociale et culturelle toujours plus préoccupant, toujours plus arbitraire, toujours plus anxiogène, toujours plus élevé, à la fois ricochet et boomerang.
Difficile pour cette nation de se cacher derrière son petit doigt : de tout temps, la société américaine préfère prendre le risque d’exécuter un innocent plutôt que de soupçonner qu’un coupable puisse être libre, et plus encore, lorsqu’il est question d’un homme de couleur ; en toutes circonstances… beaucoup moins présumé innocent que tout autre individu.
Dans cet état d’esprit, il semblerait que le doute bénéficie à la mort seule.
Mais alors…
Et si cet acharnement en faveur de la peine de mort - 20 ans après les faits parfois même (comme si c'était le même homme que l'on punissait) ! - était une manière pour le peuple américain de rendre à plus faible que soi (la lâcheté chez les humiliés qui se rebiffent, ça existe !), toute la violence sociale d’un système hyper-compétitif, cruel dans l’échec, d’une générosité sans bornes dans la réussite... et la résignation pour le plus grand nombre (2)...
Guantanamo, dernièrement, remplissant aussi ce rôle, comme venant en renfort, entre deux exécutions capitales ; un Guantanamo potentiellement capable de fournir au peuple américain socialement et culturellement humiliés d’innombrables images, à satiété et ad nauseam, d'êtres humains relégués au rang de sous-hommes, enchaînés, trottinant, sautillant tels des kangourous blessés, comme… empêchés ; des kangourous venus d’une autre planète… planète orange pour l'occasion.
Système hyper-compétitif donc qui fait l’impasse sur les valeurs de pardon, de miséricorde, passant à la trappe toute notion de perfectibilité de l’être humain, sa rédemption, ses capacités d’amendement…
Car si le temps c’est de l’argent, le temps c’est aussi de l’humiliation, et la vie est courte ! Sans oublier le fait suivant : tout comme la vue du sang, la vue de l’humiliation en appelle d’autres et hurle toujours plus fort ; perversité d’un système qui s’auto-dévore et tranche dans le vif de vies en sursis, des vies hébétées face à un tel acharnement en faveur d'un châtiment de mort.
Quel est l’espoir des humiliés résignés sinon d’être les témoins d’une plus grande humiliation pour les autres, sans oublier les cas où ils se verront offert la possibilité de décider du jour, de l’heure et de sa durée...
Les Etats américains et leurs élus concédant à leur population-électeurs ce désir de revanche par procuration (à ne pas confondre avec la vengeance !), coupable-victime expiatoire après l'autre, et ce au détriment d’un projet de société qui placerait la justice sociale et la fraternité au cœur de ses préoccupations.
Pour la société américaine, il est vrai qu’il s’agirait là d’un vaste chantier, un travail de titans… et nul n’osera l’entreprendre avant de s’y atteler pour, de tout temps, ne jamais en trouver la trace dans quelque manuel d'histoire que ce soit ; histoire qui, comme chacun sait, demeure aussi imprescriptible qu'irréversible, lacunes et manquements compris.
Nul doute : la crise financière et économique qui n’a pas fini de toucher de plein fouet les salariés américains - précarité, pauvreté et colère -, n’est pas là pour nous rassurer : la peine capitale aux Etats-Unis a très certainement de beaux jours devant elle.
___________
1 - Au regard de cette carte, ce qui semble unir tous les Etats d'Amérique, à 11 exceptions près (11 Etats mineurs) c'est un amour immodéré, une passion ravageuse et dévorante pour la peine de mort.
Dans le cas Davis, il n'est que d'écouter la famille de la victime, il y a seulement quelques jours mais... 20 ans après les faits, et ce... encore une fois, en l’absence de preuves matérielles et alors que 7 témoins sur 9 se sont rétractés, pour s'en convaincre.
Il y a bien là autre chose qu'un désir de justice ou de vengeance. Autre chose est à l'oeuvre. A l'écoute de cette famille, j'ai bien cru entendre ceci : "Innocent ou coupable, peu importe : Davis doit mourir ! Il nous la faut cette mort ! Ca fait des années qu'on compte dessus, qu'on l'attend. On a besoin de cette mort. Sinon, qu'allons-nous devenir ?"
2 - Les Etats-Unis sont le seul pays en Occident à maintenir la peine de mort, et ce... dès l'âge de 16 ans, parfois dès 13 ans dans certains Etats. Et ce maintien qui doit nous interroger, sans haine mais avec lucidité et pourquoi pas... avec originalité, c'est déjà une spécificité en soi ; d'aucuns parleront d'anomalie. Essayons de la comprendre et de l'expliquer.
Francisco Ferrer me paraît mieux indiqué si vous cherchez une icône laïque.
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Cela n'enlève rien néanmoins au courage et la générosité de Troy Davis pardonnant à ses bourreaux qui fait ressortir d'autant les défauts de la mentalité WASP.
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Cela n'enlève rien néanmoins au courage et la générosité de Troy Davis pardonnant à ses bourreaux qui fait ressortir d'autant les défauts de la mentalité WASP.
Chronique géniale. Merci Magic Korkos.
J'ai retrouvé RB :
http://videos.tf1.fr/infos/2011/execution-de-troy-davis-badinter-une-tache-pour-les-etats-unis-6723521.html
...et le doute n'a pas profité au condamné.
N.B. : Si les plus anciennes icônes étaient peintes à la cire, elles furent ensuite exécutées à la détrempe à l’œuf ou à l'huile.
http://videos.tf1.fr/infos/2011/execution-de-troy-davis-badinter-une-tache-pour-les-etats-unis-6723521.html
...et le doute n'a pas profité au condamné.
N.B. : Si les plus anciennes icônes étaient peintes à la cire, elles furent ensuite exécutées à la détrempe à l’œuf ou à l'huile.
Je trouve que tout ce blabla s'apparente plus à de la masturbation intellectuelle qu'autre chose (pourtant habituellement j'aime les chroniques d'Alain, mais là j'ai l'impression que c'est too much).
Pourquoi chercher aussi loin de telles références, alors qu'une simple analyse "directe", si je puis dire, permet d'arriver à la même conclusion ?
Les deux photos en noir et blanc montrent un homme à son procès, loin d'être résigné... En somme un homme qui espère encore. La photo fournie par l'état de Géorgie montre tout son contraire : un homme au bout du rouleau, désespéré (message subliminal : il a besoin de nous pour espérer à nouveau).
De plus, il nous regarde en face. Les deux autres photos sont en celà presque inutilisables pour n'importe quel but communicatif. A travers ce regard adressé à la caméra, il est extrêmement facile de se sentir interpellé (l'expression "avoir des yeux de chien battu" y est pour quelque chose) qu'on soit pour ou contre la peine de mort.
A mon sens, c'est une notion tellement basique de communication qu'il me semble complètement vain plus loin. En se servant de Troy pour marteler leur message, les associations militant contre la peine de mort ne cherchent plus à toucher notre entendement (à nous convaincre par des arguments raisonnés), mais bien notre conscience d'être humain (à nous persuader en nous prenant par les sentiments). Tellement simple que Platon le mentionne déjà dans Gorgias pour décrier la rhétorique.
En résumé et pour dire les choses crûment, cette photo est là pour nous faire pitié, contrairement au cas qu'@SI a si bien mentionné, celui de Lawrence Brewer.
J'ajouterai également que la mention des portraits du Fayoum me paraît complètement incongrue : ces images ont été réalisées dans une optique totalement différente. Ces portraits ont été créé pour dépeindre une réalité embellie, où les morts se présentent sous leur meilleur jour. Ce n'est absolument pas la portée du portrait de Davis, qui fait plutôt figure de martyr ici, si on veut rester dans le religieux...
Pourquoi chercher aussi loin de telles références, alors qu'une simple analyse "directe", si je puis dire, permet d'arriver à la même conclusion ?
Les deux photos en noir et blanc montrent un homme à son procès, loin d'être résigné... En somme un homme qui espère encore. La photo fournie par l'état de Géorgie montre tout son contraire : un homme au bout du rouleau, désespéré (message subliminal : il a besoin de nous pour espérer à nouveau).
De plus, il nous regarde en face. Les deux autres photos sont en celà presque inutilisables pour n'importe quel but communicatif. A travers ce regard adressé à la caméra, il est extrêmement facile de se sentir interpellé (l'expression "avoir des yeux de chien battu" y est pour quelque chose) qu'on soit pour ou contre la peine de mort.
A mon sens, c'est une notion tellement basique de communication qu'il me semble complètement vain plus loin. En se servant de Troy pour marteler leur message, les associations militant contre la peine de mort ne cherchent plus à toucher notre entendement (à nous convaincre par des arguments raisonnés), mais bien notre conscience d'être humain (à nous persuader en nous prenant par les sentiments). Tellement simple que Platon le mentionne déjà dans Gorgias pour décrier la rhétorique.
En résumé et pour dire les choses crûment, cette photo est là pour nous faire pitié, contrairement au cas qu'@SI a si bien mentionné, celui de Lawrence Brewer.
J'ajouterai également que la mention des portraits du Fayoum me paraît complètement incongrue : ces images ont été réalisées dans une optique totalement différente. Ces portraits ont été créé pour dépeindre une réalité embellie, où les morts se présentent sous leur meilleur jour. Ce n'est absolument pas la portée du portrait de Davis, qui fait plutôt figure de martyr ici, si on veut rester dans le religieux...
L'assassinat de Troy Davis, devant une assistance blanche comme au bon vieux temps, m'ont fait penser à ces fruits étranges... qui poussaient sur les arbres des états du sud, où les gens venaient pique-niquer joyeusement, après le "spectacle".
Aux livres de Chester Himes.
Et à Sacco et Vanzetti.
Et aussi à Billie...
Aux livres de Chester Himes.
Et à Sacco et Vanzetti.
Et aussi à Billie...
Mes compliments... Dans la partie anthropométrie, l'idée m'est venue que s'il y a bien un "concours Lépine", du nom du préfet de la "Belle époque", chef des "cognes"... il n'y a pas de "concours Ravachol". C'est pourtant ça qui serait chouette.
PS. Et merci pour ces portraits du Fayoum... c'est de toute beauté.
PS. Et merci pour ces portraits du Fayoum... c'est de toute beauté.
what for a demonstration !....
bravo
mais euh à l'avenir vont faire comment les anthropomètres pour reconnaitre leur sujet ??
avec les méthodes modernes ça va pas être simple de reconnaître un présumé coupable pour peu qu'il ait eu des velléités d'embellissement avant de commettre son forfait non ??
ah quelle évolution entre l'homme parfait de Léonard http://img81.imageshack.us/img81/3730/anat15tg1.jpg et la femme parfaite de Monsieur Botox : http://www.google.fr/imgres?q=visage+botox%C3%A9+photos&hl=fr&client=firefox-a&hs=Xw7&sa=X&rls=org.mozilla:fr:official&biw=1280&bih=638&tbm=isch&prmd=imvns&tbnid=BoaxqAPU9XVAjM:&imgrefurl=http://www.lepost.fr/article/2009/09/27/1714703_carla-bruni-botoxee-le-bild-est-formel.html&docid=E7KpmyuF_OFsTM&w=469&h=627&ei=ANF9TqXxHo2K4gSBx9HFDg&zoom=1&iact=hc&vpx=884&vpy=239&dur=9015&hovh=260&hovw=194&tx=161&ty=166&page=2&tbnh=132&tbnw=99&start=20&ndsp=23&ved=1t:429,r:20,s:20
bravo
mais euh à l'avenir vont faire comment les anthropomètres pour reconnaitre leur sujet ??
avec les méthodes modernes ça va pas être simple de reconnaître un présumé coupable pour peu qu'il ait eu des velléités d'embellissement avant de commettre son forfait non ??
ah quelle évolution entre l'homme parfait de Léonard http://img81.imageshack.us/img81/3730/anat15tg1.jpg et la femme parfaite de Monsieur Botox : http://www.google.fr/imgres?q=visage+botox%C3%A9+photos&hl=fr&client=firefox-a&hs=Xw7&sa=X&rls=org.mozilla:fr:official&biw=1280&bih=638&tbm=isch&prmd=imvns&tbnid=BoaxqAPU9XVAjM:&imgrefurl=http://www.lepost.fr/article/2009/09/27/1714703_carla-bruni-botoxee-le-bild-est-formel.html&docid=E7KpmyuF_OFsTM&w=469&h=627&ei=ANF9TqXxHo2K4gSBx9HFDg&zoom=1&iact=hc&vpx=884&vpy=239&dur=9015&hovh=260&hovw=194&tx=161&ty=166&page=2&tbnh=132&tbnw=99&start=20&ndsp=23&ved=1t:429,r:20,s:20
c'est pourtant cette photo qui est la plus " iconique " (la main bénissant, la croix au cou...) qui aurait dû être retenue.
Le condamné à mort / >>>>><à lire ici
(à écouter là >>>)
J'ai dédié ce poème à la mémoire de mon ami Maurice Pilorge dont le corps et le visage radieux hantent mes nuits sans sommeil. En esprit je revis avec lui les quarante derniers jours qu'il passa, les chaînes aux pieds et parfois aux poignets, dans la cellule des condamnés à mort de la prison de Saint-Brieux. Les journaux manquent d'à propos. Ils commirent d'imbéciles articles pour illustrer sa mort qui coïncidait avec l'entrée en fonction du bourreau Desfourneaux. Commentant l'attitude de Maurice devant la Mort le journal l'Œuvre dit "que cet enfant eut été digne d'un autre destin". Bref on le ravala. Pour moi, qui l'ai connu et qui l'ai aimé, je veux ici, le plus doucement possible, tendrement, affirmer qu'il fut digne, par la double et unique splendeur de son âme et de son corps, d'avoir le bénéfice d'une telle mort. Chaque matin, quand j'allais, grâce à la complicité d'un gardien ensorcelé, par sa beauté, sa jeunesse et son agonie d'Appollon, de ma cellule à la sienne pour lui porter quelques cigarettes, levé tôt il fredonnait et me saluait ainsi, en souriant: "Salut Jeannot du matin!" Originaire du Puy de Dôme il avait un peu l'accent d'Auvergne. Les jurés, offensés par tant de grâce, stupides mais pourtant prestigieux dans leur rôle de Parques le condamnèrent à 20 ans de travaux forcés pour cambriolage de villas sur la côte, et le lendemain, parce qu'il avait tué son amant Escudero pour lui voler moins de mille francs, cette même Cour d'assises condamnait mon ami Maurice Pilorge à avoir la tête tranchée. Il fut exécuté le 17 mars 1939 à Saint-Brieux.
Jean Genêt ----
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J'ai dédié ce poème à la mémoire de mon ami Maurice Pilorge dont le corps et le visage radieux hantent mes nuits sans sommeil. En esprit je revis avec lui les quarante derniers jours qu'il passa, les chaînes aux pieds et parfois aux poignets, dans la cellule des condamnés à mort de la prison de Saint-Brieux. Les journaux manquent d'à propos. Ils commirent d'imbéciles articles pour illustrer sa mort qui coïncidait avec l'entrée en fonction du bourreau Desfourneaux. Commentant l'attitude de Maurice devant la Mort le journal l'Œuvre dit "que cet enfant eut été digne d'un autre destin". Bref on le ravala. Pour moi, qui l'ai connu et qui l'ai aimé, je veux ici, le plus doucement possible, tendrement, affirmer qu'il fut digne, par la double et unique splendeur de son âme et de son corps, d'avoir le bénéfice d'une telle mort. Chaque matin, quand j'allais, grâce à la complicité d'un gardien ensorcelé, par sa beauté, sa jeunesse et son agonie d'Appollon, de ma cellule à la sienne pour lui porter quelques cigarettes, levé tôt il fredonnait et me saluait ainsi, en souriant: "Salut Jeannot du matin!" Originaire du Puy de Dôme il avait un peu l'accent d'Auvergne. Les jurés, offensés par tant de grâce, stupides mais pourtant prestigieux dans leur rôle de Parques le condamnèrent à 20 ans de travaux forcés pour cambriolage de villas sur la côte, et le lendemain, parce qu'il avait tué son amant Escudero pour lui voler moins de mille francs, cette même Cour d'assises condamnait mon ami Maurice Pilorge à avoir la tête tranchée. Il fut exécuté le 17 mars 1939 à Saint-Brieux.
Jean Genêt ----
Magistral.
http://www.youtube.com/watch?v=6JNwqRF32ZI&feature=related
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Troy Davis a été assassiné de sang froid.
Dans les deux photos de Troy Davis pendant son procès, il regarde un peu vers le bas, il a l'air grand, plutôt costaud.
Dans la photo diffusée partout, il regarde vers le haut, il a l'air plus petit, plus faible.
Et il y a les lunettes, avec les reflets. Ça me donne l'impression encore plus qu'il est en prison, derrière la vitre de la salle des visites (telle qu'on voit ça dans les films en tout cas). En plus, il est littéralement dos au mur, on dirait.
Dans la photo diffusée partout, il regarde vers le haut, il a l'air plus petit, plus faible.
Et il y a les lunettes, avec les reflets. Ça me donne l'impression encore plus qu'il est en prison, derrière la vitre de la salle des visites (telle qu'on voit ça dans les films en tout cas). En plus, il est littéralement dos au mur, on dirait.
Magnifique !
Cela n'enlève rien à la tragédie de la peine de mort, mais ça ramène à des problématiques intemporelles, même hors du religieux.
Cela n'enlève rien à la tragédie de la peine de mort, mais ça ramène à des problématiques intemporelles, même hors du religieux.