"Une image n'a jamais tué personne"
Une exposition photographique consacré à des Palestiniens qui ont combattu l'armée israélienne ou commis des attentats suicides se tient en ce moment au Musée du Jeu de Paume à Paris, des photographies de l'artiste palestinienne Ahlam Shibli. L'expo a suscité de vives critiques notamment du Crif, (conseil des représentatif des institutions juives de France). Ces Palestiniens sont-ils des "martyrs" comme les nomme l'artiste ? Faut-il reprendre ce terme tel quel dans les légendes ? Une exposition sur ce thème constitue-t-elle une apologie du terrorisme ? Ces questions touchent à la question de la photographie en général, comment on la nomme, comment on la donne à voir.
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Derniers commentaires
photo ne peut pas servir à susciter une haine irrationnelle de l' Autre?On l' a bien vu avec les images de propagande du nazisme.Martyrs ce n' est pas un terme universel n' ont plus.Ils n' y a pas de martyrs dans le judaïsme ni dans le bouddhisme.
Alors, quoi d' autre...écoeurée
marie terrien
militante AFPS
c'est vraiment à se demander à quoi sert l'image...
En tout cas, un débat magnifiquement éclairé par l'érudition et la passion de J-F. Chevrier. Une autre manière de s'arrêter sur les images.
Outre sa description(0) plate de l'exposition; et surtout afin de "défendre" cette dernière, JF.Chevrier livre in fine 3 arguments principaux, en totale contradiction:
- l'exposition est "complexe": c'est une oeuvre artistique composée elle-même d'oeuvres artistiques, des photos mettant en abîme l'image, agencées dans l'espace de la temporalité de la visite et des lieux; ce n'est plus une oeuvre à contempler seulement, mais carrément une expérience à vivre. L'artiste offre plus qu'une oeuvre artistique: elle offre une expérience artistique... bref une oeuvre complexe. (1). Dit-il.
- il est impossible que le message de l'artiste soit "mal" interprété, puisque l'exposition est parfaitement "claire" dans ses intentions. Ajoute-t'il. Il faudrait savoir...
- des jeunes peu instruits ne sont pas bêtes et sont parfaitement capables de prendre de la distance et d'effectuer une analyse affûtée d'une oeuvre complexe et difficile d'accès.
L'ensemble du discours de JL.Chevrier lors de cette émission, tourne autour de ces 3 arguments principaux: une oeuvre complexe mais limpide tout en étant parfaitement accessible aux néophytes.
Je ne m'étendrai pas sur ces flagrantes contradictions, même si cela m'interroge que la communauté asinienne puisse les applaudir des 2 mains, que dis-je, plébisciter un tel argumentaire qui, dans le meilleur des cas relève de l'idiotie, et dans le pire, du foutage de gueule.
Par contre, je m'attarderai un peu plus sur le flagrant délit de populisme à la sauce gauche-caviar, tendance cocktails mondains et petits fours. On a là un gars du haut de ses lunettes qui pose sur le cul, en 3 coups de cuillers à pot, un journaliste, capitaine, cadre et chef d'entreprise, qui a au bas mot 30 ans de métier, avec un petit commentaire sur la couv' d'un livre qu'on retrouvera sur Amazon pour les fêtes de Noël à ne pas douter.
Non seulement il met le Capitaine sur le cul, mais il laisse également bouche bée une grande partie des forumeurs ici-présents qui louent la magistrale description(0) des anneaux. Les asinautes à 84% CSP+ ascendant IUFM, crient au génie comme on crie au scandale, et, à genou en train de prier la parole artistique révélée, ouvrent de l'autre côté de leur anatomie, l'antre béante de leur schizophrénie la plus hypocrite, ou naïve, ou parfaitement idiote: ils croient parfaitement intelligible que des énergumènes abreuvés aux clips de rap exacerbant la violence et nourris à la rancoeur du racisme et de la stigmatisation, vont faire montre de plus de raison et de distance qu'ils n'ont eu, eux-même, cadre bobo blancs cathos, l'intelligence d'avoir.
J'irai même plus loin: de la Nabilla et du Brandon, y'en a partout en France. Quand il s'agit de dénoncer les programmes télé de merde, vous êtes les premiers à dire que la France est remplie de cons. Quand aux présidentielles on obtient 20% de FN, vous êtes les premiers à dire que la France est remplie de connards. Quand on examine les haut-faits de la droite à la Morano, à la Lefevre, aux supporters de foot, etc. vous vous lamentez que le pays compte autant de sombres abrutis.
Par contre, dès qu'un pédant chevrote 2-3 choses pas trop débiles sur une expo, là le pays entier et toute sa jeunesse a toute l'intelligence adéquate pour appréhender des photos de terroristes sans les prendre au premier degré...
notes:
1: Ca pourrait être un sketch des Inconnus ou de Lepage: expérience artistique, oeuvre complexe, temporalité, utilisation de l'espace... Tout cela s'applique à n'importe quelle exposition plastique (voire n'importe quelle manifestation artistique): par définition, il faut bien exposer les tableaux/photos/sculptures/oeuvres quelque-part, donc par définition, il y a utilisation de l'espace et des perspectives d'un musée/château/salle/lieu d'exposition. Ensuite, par la plus simple des définitions, la visite d'une expo est une expérience en soit... qui demande du temps. Merci Capitaine Lapalissade.
0: Je croyais naïvement qu'une oeuvre d'art on en faisait ce qu'on en voulait, qu'on l'intérprétait comme on le voulait, qu'on lui donnait le sens qu'on voulait. Heureusement qu'il y a des chèvres pédantes pour dire aux moutons ce qu'il faut penser d'une oeuvre d'art...
J'ai trop de mal à rester calme quand on parle du Moyen Orient et de la culture palestinienne...
Je voulais juste vous informer de ce communiqué émis par une association préoccupée par les droits des Palestiniens, ici et ailleurs ...
"
SOUTIEN à l’expo d’Ahlam SHIBLI et au Musée du Jeu de Paume :
Visite collective ce dimanche à 15 H !
Nous vous appelons à venir visiter, ensemble et nombreux, l’exposition photos de l’artiste palestinienne Ahlam Shibli, ce dimanche 7 juillet à 15 H, au Musée du Jeu de Paume à Paris, pour empêcher une nouvelle fermeture du Musée, liée aux menaces de la LDJ.
Non au terrorisme de la LDJ contre le Musée du Jeu de Paume !
Il est parfaitement inacceptable qu’un musée soit obligé de fermer ses portes en raison de menaces terroristes de bandes de nervis que le gouvernement se refuse à dissoudre.
De très nombreuses personnes se sont déplacées en vain ce dimanche pour visiter l’exposition d’Ahlam Shibli, au Musée du Jeu de Paume dans le Jardin des Tuileries à Paris, ayant trouvé ses portes fermées,
La LDJ avait annoncé une « descente » sur le musée !
Le gouvernement n’ayant rien fait pour assurer la sécurité du musée et ayant laissé la LDJ déverser sa hargne et ses incitations à la haine et à la violence, dimanche, Place de la Concorde (nous nous en souviendrons car le gouvernement interdit habituellement les manifestations de protestation à cet endroit, qualifié de « sensible » par la préfecture !), la direction du Musée a dû fermer ses portes.
Alertes à la bombes, menaces de mort, injures répétées...
que faut-il de plus à MM. Vals et Hollande pour dissoudre cette bande de malfaiteurs ?
La ministre de la culture, Aurélie Philipetti estime-t-elle que la culture et la liberté d’expression passent après les diktats de dangereux voyous qui incitent à la haine et entravent l’accès à une exposition qui est bien accueillie par tous les gens normaux qui vont la visiter ?
Alors, la LDJ n’a qu’à annoncer un « raid » tous les jours, et on fermera l’exposition définitivement ? Cela s’appelle encourager le terrorisme.
NOUS DEVONS DIRE NON A L’INTIMIDATION ET OUI AU RESPECT DES OEUVRES ARTISTIQUES !
C’EST POURQUOI NOUS VOUS APPELONS A VENIR VISITER LA TRÈS BELLE ET TRÈS INSTRUCTIVE EXPO PHOTOS D’ALHAM SHIBLI CE DIMANCHE 7 JUILLET A 15 H
Nous montrerons ainsi concrètement notre soutien à la direction du Musée du Jeu de Paume, face au harcèlement qu’elle subit.
Adresse : Musée du Jeu de Paume. A l’intérieur du jardin des Tuileries. Juste à la sortie du M° Concorde.
Merci de faire circuler largement cette invitation et de vous libérer pour apprécier une oeuvre qui mérite le déplacement."
Pour une description de l’expo qui est destinée à tous les publics :
http://www.europalestine.com/spip.p...
Pour les personnes qui ne peuvent absolument pas se déplacer dimanche, merci écrire à :
Aurélie Philipetti : sp.ministre@culture.gouv.fr
Il faut impérativement dire à notre ministre de la Culture que nous dénonçons sa complaisance vis à vis des terroristes, de ceux qui n’ont qu’une seule culture, celle de la violence et de l’intolérance,
Et que les laisser empêcher l'ouverture d'un musée est scandaleux !
Et puis quelle belle interrogation l'artiste de l'expo nous pose avec Phantom Home sur la maison, le sens de sa propre sécurité de base et ce qui le construit; car c'est bien là que tout commence : le sens de notre intégrité physique et psychique respecté par les autres selon la loi collective qui permet de construire notre humanité. Vu le nombre de guerre en cours dans le monde, il nous reste des efforts à faire pour devenir humain!
j'ai trouvé l'émission très répétitive par rapport à ce qu'on a déja entendu 1000 fois chez les pro palestiniens et pro israeliens;;;
J'adore Arrêt sur Image depuis mon jeune âge exactement pour ce type d'analyse d'image, qui explique le sens des images et de leur fabrication. Moi qui ai beaucoup de mal avec l'expression par image, je suis passionné par ce décryptage d'images qui nous aide à lire les images comme on lit un texte, si je puis dire...
Voila une émission contradictoire ou chacun des interlocuteurs assume son rôle et collaborent pour nous faire comprendre leur désaccords.
Merci beaucoup!
Seul interrogation, il est vrai que c'est étonnant de ne pas être au courant de l'engagement de Madame Sberro au crif, engagement qui pourtant ne délégitime en rien ses positions intéressantes dans la discussion... Etait-ce pour éviter la politisation du débat qui a l'air d'être déjà maladive dans le débat public?
Pour le reste, il faut quand même avoir conscience que les mêmes qui s'indignent de la volonté de censure du CRIF sont aussi les mêmes qui trouvaient assez normal de brûler Charlie Hebdo pour une caricature du prophète. Niveau intelligence, c'est 0-0 à mon avis.
Je trouve déplacée l'obstination de l'ex chef d'établissement à considérer comme un problème de ne pas se sentir en mesure de conduire des gamins à cette expo, pour deux raisons. ( et j'espère qu'elle viendra discuter avec nous sur le forum)
Primo, parce que ce qu'on peut ou non montrer à des enfants ne dépend que très rarement de ce que montre et beaucoup plus de soi-même et la façon dont on porte le sujet. C'est en tout cas ce que je vis quotidiennement dans mon métier. Si on est soi-même parfaitement à l'aise avec un propos, on ne présente suffisamment clairement pour qu'il soit recevable par les enfants. Ce la m'incite à rejoindre l'avis de ceux, qui, plus haut, ont regretté que le militantisme de cette dame pour le CRIF ne soit pas évoqué, car il est probablement difficile de faire la part des choses dans les réticences qu'elle exprime.
Deuxio, parce que quand on veut emmener des enfants à des expos à Paris, on n'est pas en peine d'en trouver ... donc, on ne va pas reprocher à des artistes de faire un travail qui ne colle pas avec nos objectifs pédagogiques : faut pas déconner !
Bien sûr, le fait qu'on ne puisse pas amener des enfants à une exposition artistique ne condamne pas (quelle absurdité!) cette exposition. Simplement, cette dame avait espéré s'en servir pour faire avancer sa propre conception dans l'esprit des enfants qu'elle prend en charge. Ou encore, elle prétend avoir espéré ça pour donner plus de poids à sa désapprobation qui serait alors plus sincère. Bref... elle manipule. Mais comme c'est "pour une bonne cause", hein...
C'est le moment de relire Prévert:
"Qu'est ce que ça peut faire que je sois de mauvaise foi, puisque c'est pour une bonne cause"
"Qu'est ce que ça peut faire que je lutte pour une mauvaise cause puisque je suis de bonne foi"
J'aimerais que certains ne se perdent pas à ne plus savoir quoi penser entre la "cause" et la "foi",
d'où je dirais qu'en conséquence il faut bien voir que ces 2 vers correspondent à la question de la "fin" et des "moyens" :
la "fin" correspnd à la "cause", les "moyens" correspondent à la "foi"
Chacun doit se poser la question suivante :
est-ce que je préfère être quelqu'un de mauvaise foi (autrement dit malhonnête avec soi-même et les autres),
ou bien quelqu'un qui se trompe de cause ?
Je vous assure, le choix est selon moi très facile : oui on peut choisir entre les deux !
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
Et puis sur place, on peut aussi donner des indications sur la façon de visiter l'expo ( par exemple d'abord regarder l'image sans légende, en parler et dans un deuxième temps seulement lire la légende).
.. mais au-delà de cela, il n'y a AUCUNE OBLIGATION pour un artiste de se montrer recevable pour un public scolaire en contexte scolaire !
Un artiste n'est pas un intervenant qui, lui, formate son propos pour le contexte dans lequel il sera tenu, et c'est bien normal.
Je ne comprends pas comment on peut "reprocher" à un artiste son inadéquation avec l'objectif pédagogique que l'on se fixe. ça n'a pas de sens.
Il y a des lieux que j'ai visités en famille, avec des enfants qui ont le même âge que mes élèves, mais dans lesquels je n'irais pas avec une classe, parce que le contexte scolaire permet pas un dialogue avec chacun et que ce serait nécessaire.
Maintenant et même si l'auteur n'est pas là pour faire de la pédagogie à une classe, je pense qu'il peut y avoir des guides extérieurs spécialisés dans la guerre israelo-palestinienne pour faire ce travail.
Il va de soit que tous les établissements n'ont pas forcément les moyens financiers
Déjà, les 4 premières questions à se poser sont :
- à quelle classe d'âge s'adresse-t-on ?
-dans le cadre de quel enseignement cette visite scolaire prendrait-elle place ? ( je rappelle que les profs travaillent dans le cadre de programmes nationaux)
- quels sont les objectifs de cette visite ?
- de combien de temps dispose-t-on avant et après, pour approfondir la visite ?
Si c'est une visite pour des terminales littéraires, et qu'ils viennent là avec leur prof de philo pour interroger le rapport de l'art à la société, le contenu à leur apporter n'est pas prioritairement historique, puisque, justement, tout l'intérêt sera dans la confrontation de leurs a-priori. Par contre, discuter, AVANT de venir sur ce qu'ils imaginent être la place d'un artiste, la différence entre le le discours artistique et le discours journalistique ça, oui, ça serait fondamental !
Si ce sont des BTS de l'audiovisuel qui viennent pour interroger le rapport de la légende et de l'image, c'est encore une autre histoire.
Si c'est une visite pour des 6ème qui viennent là pour envisager la question du point de vue et du cadrage en photo, idem, l'apport historique n'est pas primordial. Imaginons qu'eux-mêmes soient dans un projet où chacun va réaliser une photo "at home", ... le regard sur cette expo est tout autre !
D'ailleurs, c'est en partie ce qui me gêne dans les propos de tous ceux qui s'expriment sur le plateau autour de cette possibilité qui existerait, ou pas, de faire venir une classe : mais quelle classe et dans quel but ???
Tant qu'on n'a pas précisé cela, on peut s'engueuler autant qu'on veut ... poser des conditions et des réserves : on parle dans le vide.
C'est toujours intéressant d'avoir l'avis d'une professionnelle :-)
Oui et non, Néo, les 4 premières questions à se poser sont :
Désolé de vous faire mal au cul Bruanne, mais tout le plaisir est pour moi.
Commenceriez-vous donc à raisonner comme des analystes payés grassement par une maison d'édition de logiciels ?
Les 99 pendus de Tulle (9 juin 1944) ne témoignent d'aucun engagement sacrificiel au service d'une cause. Il ont été extraits ( par l'officier Walter Schmald sur des critères indéterminés ) d'un groupe constitué d'une grande partie de la population civile male de la ville rassemblée à cet effet. Contrairement à ce que sous-entend Laure Daussy en présentant la photo de la chambre dont la fenêtre avait servi à une pendaison tous n'étaient pas des « résistants ». La plupart d'entre eux avaient probablement espéré ne pas faire partie des 120 condamnés annoncés.
Ils ne témoignent que de la barbarie incommensurable des responsables nazis d'alors qui avaient auparavant ordonné le « martyr » de Guernica (26 avril 1937), de Lidice (10 juin 1942) et devaient le lendemain faire subir un sort analogue à Oradour sur Glane (10 juin 1944) pour ne citer que quelques uns des massacres que nous leur devons.
D'aucuns aujourd'hui se réclament ouvertement ou « dédiaboliquement » d'une idéologie trop voisine pour être vraiment différente. Nous ne devons pas leur ouvrir la porte.
Robert (né à Tulle)
Émission intéressante pour ce qu'elle révèle de notre société.
Enfin merci @si, j'étais complétement passé a coté et du coup je pense que je vais aller la voir!
À 14 ans, je me révoltais quand on nous faisait chanter du Péguy, "Heureux ceux qui sont morts", les morts peuvent-ils être heureux? "Dans une juste guerre" une guerre peut-elle se prétendre injuste?
Pouvait-on, sous prétexte de non-violence, laisser triompher le nazisme, perdurer les atrocités coloniales? Combien de victimes sont devenus bourreaux? Combien de libérateurs sont devenus tyrans? Doit-on admirer le martyr qui abandonne sa femme et ses enfants pour tuer d'autres femmes, d'autres enfants? Doit-on admirer les martyrs chrétiens qui se contentaient de mourir, qui n'imaginaient même pas tuer, est-ce un exemple à suivre face à l'injustice?
Les questions se bousculent les perspectives se renversent, rien ne se résout, merci mille fois pour cette magnifique ouverture.
1) la première est l'hommage rendu par Daniel Schneidermann à deux des invités de cette émission, lesquels ont fait de celle-ci la plus conforme de toutes, au nom d'arrêt sur images: non seulement sur internet, mais aussi auparavant, très longtemps, sur la télévision publique. Marie-José Mondzain et Jean-François Chevrier ont été amenés, en effet, à esquisser une pensée de l'image qui en renouvèle le sens et la portée: en parfaite adéquation avec le projet obstinément poursuivi, mais, jusqu'ici, non réfléchi de Daniel Schneidermann. D'où l'émerveillement de celui-ci: émerveillement si justement retenu, si sobrement exprimé, mais finalement franchement "confessé". Car les deux "spécialistes" de l'image ont fait rien moins que révéler à leur hôte, ce qui, en image, le définit: dans sa complexité, son ambiguïté, et son essentielle indéterminité. À savoir, comme quelqu'un dont la vocation, plus que journalistique, est artistique: l'art seul étant en mesure de nous dire ce qu'est l'image en vérité.
2) L'image, en effet, ne relève pas d'abord de quelque analyse prétendument scientifique ("sémiologique"), ou philosophique (nul ne nous aura, à ce sujet, plus que Platon égaré), ou encore, plus traditionnellement, rhétorique. Elle ressortit d'abord au pouvoir d'invention, à cette capacité d'évasion, de libération à l'égard de la réalité occupée que René Char, le capitaine Alexandre, nous a révélée au temps de la Résistance. Le paradoxe est ainsi qu'il n'y a rien de moins sage qu'une image, rien de moins constitué, rien de moins figé. L'image est mouvement, comme Marie-José Mondzain l'a précisé, et, comme telle, à jamais éloignée de toute fixité. D'où l'insistance de Jean-François Chevrier sur "le montage" de l'exposition d'Ahlam Schlibi, qui l'apparente au cinéma* plus encore qu'à la photo. Il n'y a d'image que pour qui imagine: l'image est, strictement, psychique: propre à la fois au mouvement de chacun, et ordonnée à sa confrontation à l'altérité des choses, des hommes, et des dieux. Il est impossible, dans ces conditions, de, littéralement, réaliser un arrêt sur images. Ce dont Daniel Schneidermann se sera avisé, et nous avec lui, en comprenant que la poursuite de l'impossible est, de toutes façons préférable à ce que serait sa possession. Pascal l'avait noté, s'agissant de la vérité. Le terme d'arrêt, dans arrêt sur images, est ainsi déjà lui-même une image. Une métaphore.
3) Métaphore, soit, littéralement déplacement (rien ne me fut plus réjouissant, en Grèce, que de voir, portant le nom de "métaphore(s)", certains camions que je supposais de déménagement). En l'occurrence déplacement par lequel on accède, depuis l'effective réalité, au double sens de sa vérité. Vérité établie, convenue, installée, à laquelle nous sommes habitués de nous conformer par les différentes institutions régissant une population: institutions économiques, politiques (étatiques, en particulier), éthiques (spirituelles: religieuses y compris), d'autres peut-être encore, moins évidentes. Mais vérité aussi, à l'opposé, dérangeante, vivante, non point tant cachée que dépendant de notre engagement à la déceler. Ainsi, dans l'exposition d'Ahlam Schlibi, par delà les différentes emprises des partis constitués, la possibilité de découvrir un avenir inédit. Cela grâce à la prise de distance que signifie l'image, comme l'ont si finement indiqué les deux spécialistes sur le plateau.
* Lequel cinéma n'est pas à confondre avec le procédé d'enregistrement technique des frères Lumière. En tant qu'art le cinéma remonte plutôt à Griffith (pour le cadrage) et à Eisenstein (pour le montage). À ce dernier surtout en réalité (qui a expressément intégré le premier). Au point qu'il faudrait dire, s'inspirant du Sertorius de Corneille: "Le cinéma n'est pas dans le cinéma(tographe), il est tout où je (: le montage) suis."
Cette Mme Sberro était certes bien concernée par le sujet, qui était que l'identité peut être mortifère, sauf que l'art ne sauvera rien ni personne. De la même façon qu'une image ne tue pas, une exposition ne sauve pas.
La solution pour ces jeunes gens dont elle s'occupe, n'est pas dans l'art. C'est en eux et nous qu'ils doivent le trouver, Assumer sa double appartenance, c'est difficile pour tout le monde, mais encore plus quand on se sent soi-même rejeté dans une des appartenances, Que le racisme et le rejet de l'autre sont des enjeux politiques généraux, et que le racisme est vécu et de l'intérieur, mais aussi généralisé au point que les victimes de cet ostracisme se sentent dans une forteresse assiégée alors que l'essentiel de la population, même si ce n'est que rarement exprimé, est plutôt anti-raciste.
Quand la situation politique générale vous rejette en permanence justement dans l'identité qui est la plus difficile, celle qui souffre, là-bas, de l'autre côté du monde, dans un monde où l'identité est mortifère et plus encore la sienne, on se construit dans la révolte et la négation de soi-même et des autres.
Dans le monde d'ici et de maintenant, un monde vieillissant où les jeunes peinent à trouver leur place, mais un monde pacifié à la suite d'une énorme déflagration qui a eu lieu il y a 70 ans et dont l'onde de choc continue de se propager de l'autre côté du monde, il n'y a qu'à trouver une raison de vivre.
Seulement cela.
Mais en réalité, c'est rien, et c'est tout....
J'espère que les "gamins" de Mme Sberro pourront bénéficier d'une visite de l'expo avec l'accompagnement éclairé des 2 autres invités.
La sensation, parfois douloureuse, d'un membre fantôme peut apparaitre chez des personnes ayant du se faire amputer d'un membre (par exemple une main). Dans certain cas, ces personnes non seulement ressentent toujours ce membre (qui n'existe plus aux yeux des autres) mais provoque aussi d'intenses douleurs.
Parallèlement, la mémoire d'une maison d'enfance détruite, bien qu'elle n'existe plus, peut susciter de la douleur.
Wahyd Vannoni
@mediacodex
Pour la petite info linguistique - bien que le débat ne se situe pas vraiment là je ne sais pas si c'est précisé plus loin- le terme utilisé pour martyre en arabe, "shahid" vient de la racine "shahada" qui signifie aussi "temoigner" (comme dans la shahada musulmane, la profession de foi) comme le terme grec de "martyre" (martur).
L'utilisation du terme arabe dans ce contexte "théologique" découlerait en lui même de l'usage du mot grec, et même si l'on peut évidemment discuter de l'utilisation qui en est fait dans différents contextes, dans les deux cas le sens etymologique intial est exactement le même, celui de "temoin".
très bonne émission dans le domaine du decryptage du travail d'un artiste
je pense qu'un artiste est totalement libre dans son oeuvre
encore bravo
mb
L'habitation n'est pas le territoire qui n'est pas la patrie qui n'est pas l'identité de la personne. On ne se rend pas compte de ça quand on vit dans un Etat-nation, à l'endroit où l'on est né.
Il y a la question du terrorisme bien sûr. Mais que juge-t-on par la définition de terrorisme des actes de guerre ? Des crimes ? Et selo quels critères des critères de droit de l'homme ou selon des points de vue politiques ?
Qui est criminel de guerre ? Qui est terroriste? Et qui ne l'est pas ? George Bush est-il un criminel de guerre? Le Mossad pratique-t-il le terrorisme avec ses assassinats politiques "ciblés" ? Défendre les "assassinats ciblés" est ce faire une apologie de crime de guerre ou de terrorisme , Personne ne pose ces questions dans les médias traditionnels ?
Si l'on jugeait seulement les actes : les assassinats, en faisant abstraction du lieu politique d'où ils sont commis, nous aurions aussi nos terroristes, et nos criminels de guerre. Mais nous considérons que nous avons une cause qui sanctifie ces crimes et les requalifie. Le terroriste c'est l'autre, et l'autre aujourd'hui c'est le palestinien et par extension l'arabe et par extension le musulman ...
Ces remarques étant faites dans le respect de la mémoire des civils victimes de tous les terrorismes et de tous les crimes de guerre ...
Excellent Jean-François Chevrier, mais un peu pénible avec ses lunettes qui frottent le micro ! ;-)
M. Chevrier parle de "distance" prise par la photographe par rapport à la propagande palestinienne, mais attention, pas une distance critique, ni bienveillante d'ailleurs. Du coup quel est l'intérêt de cette distance ? Quel est le propos de l'artiste ? Mystère...
Mesdames Mondzain et Sberro se livrent au concours, lui-même relativement puéril, de celle qui a éduqué le plus de "gamins".
Je crois comprendre après plus de 40 minutes d'émission que ce qu'on reproche finalement à ces clichés, c'est qu'ils puissent avoir sur des esprits faibles un effet réflecteur et amplificateur de la propagande des posters qui y sont photographiés. Pourtant, c'était loin d'être évident sur les images montrées en début d'émission où ce sont plutôt des éléments secondaires. Puis haro de nouveau sur les légendes (décidément, elles doivent être sacrément gratinées).
Une chose est sûre, si je vais au Grand Palais, ça sera certainement plus pour la rétrospective de l'américaine Lorna Simpson que pour cette expo-ci.
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
Deux émissions D@ns le Texte mémorable (Le drôme, Madoff) une émissions d'@si sur la transparence.
En début de semaine j'aurai parié que l'émission de cette semaine serait consacré au FN ou alors aux différentes auditions parlementaires sur l'affaire "cahuzac" ou les réformes des banques et bien non.. @si en a décidé autrement
L'Exposition photographique aura donc été le choix cette semaine malgré une semaine chargé d'évènement (Pour ceux qui suivent Agoravox, Le blog de Christian chevagneux, etc..) Comme ce qui nous attend concernant le marché transatlantique, le financement de la télé publique en France...
Sur le coup, j'aurai préféré que l'on parle de la Palestine avec des journalistes, non pas sur des expo photo, mais sur ce que les médias ne parlent pas...
J'ai vue que du coté de Médipart de nouvelle vidéo ont été mise en ligne (live du 27 juin 2013)
- En direct de Mediapart : Que deviennent nos révélations ?
- En direct de Mediapart : les élus face à la transparence de la vie politique
- En direct de Mediapart : « Réforme des retraites. Quelle justice sociale ?»
- En direct de Mediapart : « En finir avec l'Europe ? (ou pas) »
Bon visionnage à tous quelques soit votre choix