Une oeuvre accrochée depuis 30 ans à l'Assemblée jugée raciste
Un tableau accroché depuis 1991 dans les couloirs du Palais Bourbon a récemment été jugé raciste par deux universitaires. Leur tribune, publiée dans l'Obs, a réveillé le vieux débat de la liberté artistique et de la représentation dans l'art des personnes racisées.
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Vraiment formidable ce fort juste combat pour la promotion du racialisme ! Et il y a quand même 2800 personnes pour se mobiliserons une lutte qui, au fond, ne sert que les racistes avec un génial argument : Peut importe les intentions de l'arti(...)
Il est difficile de voir plus littérale illustration, à travers cet article de deux universitaires travaillant en Amérique, de l'impression latente ces dernières années que des grilles de lecture anglo-saxonnes venaient apposer leur manière de penser(...)
entre nous qu'est ce qu'on en a à foutre de l'avis de 2 p'tits universitaires américains ?
quelqu'un peut leur expliquer que pour nous c'est la peine de mort dans certains de leurs états qui nous choque : comptent ils y faire quelque chose ? ou comme (...)
Derniers commentaires
Les censeurs fous récidivent :
Hier, c'est une conférence de Finkielkraut à Sciences Po dont ils ont tenté d'empêcher la tenue.
En vain, mais il a tout de même fallu l'intervention de la police pour neutraliser ces "antiracistes" autoproclamés, mais vrais petits fachos enragés.
L'intention de l'artiste ne compte pas, c'est mon interprétation qui prévaut!
J'aurais dû dire ça a mon oral de français au bac, j'aurais été visionnaire (mon bac c'était déjà il y a quelques années) et surtout j'aurais gagné du temps sur l'analyse du texte...
Nous ne sommes plus dans la bêtise, mais l'imbécilité.
Au XIXe siècle les censeurs faisaient mettre des culottes aux nus de la renaissance; je prédis que nous n'avons encore rien vu en matière de révisionnisme... Le pire est à venir.
S'il faut "nettoyer" tout ce qui peut gêner quelqu'un dans tout le domaine artistique (peinture, littérature, musique,BD) il va y avoir des case blanches !!!
Et pourtant les "caricatures d’Allah" ont été défendues dans les tribunaux et dans la rue me semble-t-il !
Eeeeeeeeh oui. Car tout ça. Du coup bon.
Alors des choses.
1) Je me souviens avec amusement de ma réaction à l'énoncé de cette polémique. Le "allons bon quoi encore", qui a précédé un coup d'oeil sur la fresque, et un "ah oui quand même" un peu perplexe. Puis un oeil sur les personnages blancs, et beh. En gros :
2) Rien contre les artistes qui représentent tous leurs personnages comme voûtés avec des nez crochus, des grosses lippes et des doigts en serres, mais c'est pas forcément ceux que je mandaterais en premier pour le mémorial de la Shoah. Quelle que soit leur intention.
3) Ah les jeux d'intention. Hergé et Franquin, deux de mes humains préférés, en avaient de parfaitement excellentes à l'époque de "au Congo", "chez les Pygmées", etc. Les romantiques du Bon Sauvage aussi. Et plein de féroces antiracistes gentiment paternalistes à l'approche un peu SPA. A tout prendre, ce sont bien les gentils, si l'on contraste la condescendance à la haine raciale. Mais on peut aussi doucement dégager la société des deux, et distribuer notre ironie des deux côtés. Cavanna le faisait déjà il y a 40 ans. Juste pour dire.
4) Plus spécifiquement, la mode actuelle est à la chasse aux blackface et aux minstrels. Cette représentation parfois bienveillante, parfois hostile, toujours altérisante, toujours hautaine, de le Africain si rigolo parce qu'il est tout noir et il fait comme ça avec les yeux. Toute une imagerie, du Banania au Boy Thursday de Mickey, à laquelle on est super habitué, qui nous semble innocente ("ils sont tellement mignons, on leur veut pas de mal"), qu'on justifie comme tendrement caricaturale (on caricature tendrement quoi ? la "race" noire ?), avec quelques fausses équivalences avec les autres personnages représentés, souvent moins typés et toujours moins infantilisés. De façon circulaire, l'oeil ne voit pas ce à quoi il s'est accoutumé, ce qui est dommage parce que c'est souvent très drôle (à nos dépens).
5) Mais certes, ce genre de modes brassent large. Récemment, c'est un petit jeu d'ordinateur qui en a fait les frais. Intitulé "Chuchel", il mettait en scène, dans un univers fantasmagorique et enfantin, une boule de poils noire aux lèvres rouges, qui hélas rappelait l'iconographie naïve de l'Africain des publicités coloniales et des livres d'enfant. Les auteurs contrits ont très tôt corrigé la couleur dans une mise à jour, mais le monde du jeu vidéo est un coupe-gorge idéologique, et les omniprésents nervis de l'alt-right internautique ont vite fait de hurler à la censure et à la castration l'Occidental sous le sécateur du féminisme islamobolchévique du lobby gay enjuivé par Soros. Pour leur défense, il est vrai que cette hyper-correction est une conséquence un peu malheureuse de la charge historique portée par certaines combinaisons graphiques et d'un climat salement polarisé sur ces thématiques.
6) Corrélations malheureuses, donc. D'une part, un auteur bienveillant peut porter des représentations racialistes et dégradantes sans vraiment en avoir conscience (et même, comme un Franquin, s'en sentir embarrassé longtemps après). D'autre part, une imagerie innocente peut faire malheureusement écho à tout un corpus d'imageries nocives qui pré-existent et dont l'écrasant poids culturel ne peut pas être écarté d'une simple déclaration d'intention. Si "nègre", de ma bouche (au sortir d'un Twain, par exemple) ne devait pas être d'intention péjorative, je ne pourrais pas pour autant le balancer aux quatre vents dans une société qui l'utilise consensuellement comme injure. Dans la communication, le sens d'un mot est collectif. Il en va de même avec les symboles dans leurs contextes culturels d'échange. Nous n'avons pas la liberté de réinventer le langage (fût-il visuel) à nous tout seul, simplement parce que ça ne marche pas comme ça. Si je te schtroumpfe de me schtroumpfer un schtroumpf et que tu me schtroumpfes un schtroumpf à la place, j'aurais mauvaise grâce de te le reprocher.
C'est embêtant, c'est comme ça. A fortiori dans les oeuvres publiques, c'est le sens public porté par l'oeuvre qui compte le plus. Et il y a des victimes collatérales de notre fatigue des imageries culturelles (sexistes, racistes, etc) qui perpétuent nos sens communs (sexistes, racistes, etc). Surtout quand ces mêmes clichés continuent à consolider ces mêmes représentations, de masque en masque. Mais aussi quand ils ne font que nous les rappeler salement. Nous sommes une humanité traumatisée d'elle-même, outragée par son passé, par ceux qu'il ne dérange pas, et par ceux qui veulent le faire revivre. Nous ne sommes pas une humanité en paix avec elle-même, au stade où elle peut rire de ses errances, et de ses vieux antagonismes débiles basés sur le teint de peau ou l'identité sexuelle. Nous sommes une humanité irritable et irritée. Faisons de notre mieux avec ça.
Bref, le bon côté, c'est que nous avons perdu notre innocence vis-à-vis de cette iconographie mais le mauvais côté c'est que nous avons perdu notre innocence vis-à-vis de cette iconographie. Faire semblant ne résoudra rien.
Opinion personnelle.
Ne tomberions-nous pas dans un travers de l'art contemporain : c'est au spectateur/propriétaire de donner un sens à l'oeuvre (et non à l'artiste) ?
Humour à 2 balles :
Pourrait-on également faire retirer la partie représentant le vote des femmes, après tout l'artiste fait preuve de grossophobie. Et puis y a un côté bien obscène avec ces poitrines opulentes en contraste des tailles fines ! Et qu'on ne m'accuse pas de machisme, on peut laisser le sourire de 1957.
Étonnant comme l'intention de l'artiste ne représente rien (penser aux réactions françaises face à l'oeuvre de Céline).
Encore plus étonnant que son style, sa façon de représenter les humains, noirs ou blancs, ne soit pas pris en compte.
Tout ceci m'amène surtout à découvrir Di Rosa et son oeuvre, que je ne connaissais pas.
Comme quoi à toute bêtise, on peut trouver du positif.
Ça me fait penser à la méconnue série américaine Parks & Recreations. Je crois qu’elle n’a pas été diffusée en France.
Il s’agit de la vie d’une administration municipale. Les murs du hall de l’établissement sont couverts de nombreuses peintures vantant les pionniers américains.
De nombreuses scènes de massacres des Indiens choquent les personnes qui viennent.
Dans cet extrait, après la dégradation d’une peinture taguée «racistes», la fonctionnaire déclare :
Nous avons besoin de plus de sécurité
...
nous avons aussi besoin d’une Histoire moins agressive.
:-D
Trente ans après... deux idéologues dénoncent le prétendu racisme véhiculé par l'œuvre de Di Rosa.
Se souvenir à quel point on était libres dans les années 90 (et dans les deux décennies qui les ont précédées).
Libres de caricaturer, de satiriser, de brocarder les institutions, de dégommer tous azimuts.
C'était avant qu'une chape de conformisme plombant, de bien-pensance castratrice, de lénifiante bienséance s'abatte sur nous et mette à mal notre liberté d'expression.
La résistance à toute les formes de censure est plus que jamais une urgence.
C'est le faible nombre de noirs susceptibles de voir ces tableaux dans un couloir de l'Assemblée Nationale qui devrait plutôt indigner.
Sinon quelle activité des racialistes ces derniers temps, entre ça, l'attaque de la représentation d'Eschylle et celle d'une expo sur un Tout-Ankh-Amon pas assez noirci, on dirait qu'ils sont en mission pour aider à redresser les ventes de Marianne ou offrir une nouvelle audience au Printemps Républicain.
Il est difficile de voir plus littérale illustration, à travers cet article de deux universitaires travaillant en Amérique, de l'impression latente ces dernières années que des grilles de lecture anglo-saxonnes venaient apposer leur manière de penser (et leur manière pour le moins discutable de combattre le racisme) ici bas.
Réflexion ratatinée un catalogue ikea de ce qu'on a le droit de montrer ou ne pas montrer (comme si l'art, par essence, ne consistait justement pas à faire un doigt d'honneur à ces cases), offuscation morale comme seule maitre-étalon valable ("les entrailles du spectateur ", comme s'il n'y avait pas autant de perceptions que de spectateurs !), volonté larvée de censure... En d'autres temps, ces types auraient été des curés, avec une bible à la main, le mode de fonctionnement est strictement le même. Le monde qu'il nous promettent est irrespirable.
entre nous qu'est ce qu'on en a à foutre de l'avis de 2 p'tits universitaires américains ?
quelqu'un peut leur expliquer que pour nous c'est la peine de mort dans certains de leurs états qui nous choque : comptent ils y faire quelque chose ? ou comme pour nous avec leur remarque, ils n'en ont rien à foutre...?
Le problème, c'est , si tu es juif et noir ...
( et borgne )
L'Assemblée nationale fait disparaitre le tableau de son site internet. Une simple "actualisation des contenus et d'harmonisation des visuels de plusieurs de ses pages"... Bah voyons.
De fait, une capitulation face aux exigences des "racialistes" et autres "indigénistes" aux grands ciseaux, "décoloniaux" épaulés par d'obscurs universitaires, "intellectuels" en mal de notoriété et à la recherche de causes à défendre. Si possible les plus absurdes.
Nos Arts qu'on assassine...
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
J'avoue que pour le coup j'ai du mal à suivre. L'artiste aurait dû faire un "blanc" qui se délivre de ses chaînes, pour ne pas "raciser" ce combat qu'est l'abolition de l'esclavage, ou alors un personnage sans couleur précise (pourquoi pas d'ailleurs ?)? Seulement c'est bien parce qu'ils avaient une couleur de peau différentes que les "blanc" ont tenté de justifier physiologiquement les horreurs de l'esclavage et l'exploitation coloniale.
Quant aux lèvres et aux dents qui sont la signature de l'artiste, une plaque contextualisante et explicative suffirait peut-être à modifier la lecture du récepteur.
Vraiment formidable ce fort juste combat pour la promotion du racialisme ! Et il y a quand même 2800 personnes pour se mobiliserons une lutte qui, au fond, ne sert que les racistes avec un génial argument : Peut importe les intentions de l'artiste, seule compte la réception du spectateur et, du coup, libre à lui de brûler l'oeuvre qu'il considère "blasphématoire" ?.... Ca ferait peut être rire si ce n'était sérieusement considéré...