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Video City : les bons et les mauvais Youtubeurs ?

En réponse à notre article sur le traitement des Youtubeurs par la presse traditionnelle, un @sinaute s’étonne de notre "défense" du salon de Youtubeurs Video City, organisé par Canal+, M6 et la régie pub Mixicom, et qui réunissait quelques-uns des vidéastes les plus suivis aujourd’hui. Précisons que porter un regard critique sur la couverture d’un évènement, ne signifie pas que l’on défend cet évènement, ou ses participants (on n'a pas attendu le salon pour avertir sur les dérives de certains). Mais son post soulève la question d’une division de plus en plus marquée entre Youtubeurs "mainstream" (Norman, Cyprien, Natoo), plutôt médiatisés et souvent pris la main dans le sac de la publicité déguisée, et des Youtubeurs moins exposés malgré leur succès, qui réfléchissent pour certains aux limites du modèle publicitaire.

Derniers commentaires

Une chaine youtube cinéma intéressante : Fabien Campaner. La rubrique la plus travaillée est « on va faire cours » qui parle des clichés de l’histoire dans le cinéma. (les samourais, les natifs nord-américains, les vikings…)
Je dirais même plus : le terme "youtubeur" ne désigne rien en terme de contenu, pas plus que journaliste ou émission télé, et ce Video City m'a surtout semblé le salon des cours de récré, les "fan de..." pour un public 13-16 ans. Même si le clash des gitans de Cyprien fait marrer, j'imagine mal quelqu'un d'à peu près adulte se déplacer pour ça (à part un Lopez). Enfin, j'espère...

On sait un peu d'avance qu'il n'y a dans tout ça que de la com', des agences de gestion d'image, de vente de popularité aux publicitaires, le seul critère du salon pour être présent étant le nombre de vues. Même principe (?) que la tournée Stars 80 spécial has-been et on peut déjà anticiper dans 20 ans des salons des pionniers de Youtube avec des Cyprien et Squeezie vieillissant (ah, c'était l'bon temps...).
Dès qu'on parle de création "populaire" (comprendre : l'opposé d'élitiste), qui va donc toucher un public potentiellement large et assez indéfini, on retombe dans la même discussion. Que l'on parle de musique, de cinéma, de bande-dessinée, de littérature, et maintenant de vlogging, il y a toujours une tension entre deux sphères qui restent, de façon surprenante, identiques.

D'un côté, les créatifs "purs". Ceux qui créent du contenu de qualité, ou plutôt dont l'objectif est de proposer un contenu de qualité, qui aille (c'est ici une hypothèse de ma part, à confirmer) au-delà du simple divertissement. L'idée est de proposer un contenu "culturel", un contenu qui fasse grandir chez celui qui le reçoit un capital culturel (même s'il n'est pas mainstream). D'où la continuité d'un vocabulaire qui fait la part belle à l'expérimentation : l'expé, c'est tenter quelque chose dans le but d'en retirer un savoir quelconque. Ces créatifs "purs" peuvent bien évidemment connaître le succès (JdG ou DirtyBiology pour les youtubeurs, pour la musique on peut citer Zappa ou Tom Waits, on retrouve ces cas-là un peu partout). Le fait est que leur réussite est d'une part "méritée" (parce qu'ils font du bon boulot) mais potentiellement dangereuse : elle peut les faire tomber du côté obscur.

Ce côté obscur, c'est les créatifs "commerciaux". Ceux qui créent du contenu non pas avec l'intention de faire de la qualité, mais avec l'intention d'avoir du succès. On inverse ici un rapport entre "qualité" et "succès" : le succès n'est pas un effet secondaire de la qualité, c'est une finalité qui peut passer par la qualité. Du coup, le fait d'avoir le succès en finalité fait que la qualité n'est qu'un moyen : en d'autres termes, on peut la remplacer par autre chose. Et cette "autre chose", c'est le Marketing (avec le M majuscule parce que ça fait plus impressionnant). Un contenu de mauvaise qualité à succès sera forcément commercial : on a ici le motif du "pacte avec le Diable", vendre son âme pour le succès.

D'où le fait que la distinction entre "bons" et "mauvais" youtubeurs est hautement casse-gueule, car elle repose sur un motif culture implicite. Du côté "pur", on a cette culture libérale, où le succès dépend de la prise de risques, ou chaque individu est un creuset à expérimentations. C'est pour ça qu'on les admire d'autant plus quand ils partent de rien, car on a en tête une égalité de départ entre les êtres : le mérite vient de l'action, non de la possession.
Le côté impur, c'est le côté capitaliste. Le but n'est pas d'être un individu libre de créer à foison, le but est de brider sa créativité dans le but d'amasser un maximum de "capital" (ici, c'est un capital immatériel - nombre de vues, d'abonnés, qui sert à être revendu aux marques - tout comme matériel - l'argent qu'on se fait avec les vidéos). On ne va pas juger le succès sur la qualité, qui est considérée comme non pertinente (elle est subjective, après tout) : non, on le mesure sur le capital acquis. Parce que ce capital, il est "objectif" (en théorie), on peut le mesurer, et il est une mesure "objective" de la qualité.

Et ce qui est marrant, c'est que ce conflit-là, on peut l'observer à peu près partout.
[quote=Simon Dell'asino]Vous semblez partir du présupposé que Youtube est un nouveau média opposé à la télévision. La question qu'il faudrait se poser est plutôt : Youtube est-il vraiment différent de la Télévision? Les codes ne sont-ils pas les mêmes ? Les objectifs similaires ? L'omniprésence de la publicité également présente ? Bref, Youtube n'est-il pas autre chose qu'une tentative de récupération publicitaire du web et ne copie-t-il pas les codes que la télévision a elle-même mis en place sur son média ?

Poser ces questions, c'est y répondre.

Essentiellement utilisé par des techos plus ou moins libertaires dans ses débuts, internet a été lentement mais sûrement récupéré par le monde du business. Et même si les vieux cons comme moi peuvent le regretter, internet est aujourd'hui devenu mainstream. Donc en suit les codes. CQFD

Quand je vois le succès de FaceBook ("effebé" comme disent le d'jeuns), je me dis que la normalisation est en route et qu'elle n'est pas prête de s'arrêter !

PatriceNoDRM
Mes "youtubeurs" préférés sont les Youtubeurs sponsorisés par France 4, (le service public donc) qui cherche à promouvoir les nouvelles écritures ; notamment DataGueule et Klaire. Je ne rate jamais l'une de leurs créations ; C'est orignal, intéressant, instructif et divertissant. Et il n'y a aucune volonté de monétiser tout cela grâce à la publicité, ils font ça pour la création.
Mention spéciale pour "datagueule" que j'avais découvert par hasard. Des thèmes très actuels, très bien documentés, traités de manière offensive, synthétique et drôle. Grande qualité. Je dois dire que je n'avais pas spécialement pensé à une différence de génération, même si, évidemment, on imagine que maîtriser à ce point l'outil n'est probablement pas le fait d'un octogénaire. Bien sûr que les jeunes capables de faire un tel boulot désintéressé et efficace ne sont pas très nombreux, par rapport à ceux qui tentent de se faire du fric en se coulant dans les codes qui le leur permettent. Et alors?
Je n'arrive jamais à regarder les vidéos des Youtubeurs français jusqu'au bout, ça m'ennuie!
Pourquoi il n'y a pas de wafflepwn en France?
ça ne vaut pas un Rémi Gaillard!
Je suis aussi un jeune asinaute (21 ans)qui regarde bcp de youtubeurs et comme certains ici dans les commentaires je ne regarde pas ces youtubeurs comme squezzie, norman...., je n'aime pas leur humour. Avant je regardais golden moustache mais eux aussi se sont mis à faire de la pub déguisée en sketch et j'avais l'impression qu'on me prenait pour un con? Je me suis désabonné fisssa.

Parmi les youtubeurs que je regarde il y beaucoup de youtubeurs peu ou pas très connus, mais sui tous font des choses originales et intéressantes. Je citerai E penser, Dirty Biology, Usul, Nota Bene, Mickaël Launay, Axolot, le Psylab, les revues du monde, Data gueule, Castor Mother et Horizon Gull. Toutes ces chaines ont en commun de raconter des choses intéressantes, d'avoir un vrai propos, de ne pas de faire de la pub, de ne pas chercher la simplicité. Elle n'ont rien à voir avec les chaines millionnaires qui font de la pub. Ces chaines d'alleurs m'inspirent pour ma chaine youtube (non citée ici) que je suis en train de lancer et quand je vois le modèle de ces youtubeurs qui prennent leurs abonnés pour des imbéciles ça me fait mal, mais n'oublions pas qu'ils ne sont pas les seuls youtubeurs. Réduire youtube à ces stars serait comme réduire la télé à TF1 et D8.

Si l'équipe d'arrêt sur images (t d'autres biens sur) veut jeter un coup d'oeil à ces youtubeurs, ils valent le coup et Horizon Gull (déjà cité par yepok) encore plus je pense. Je me demande des fois si c'est pas Daniel Schneiderman qui écrit pour l'émission.
[quote=Simon Dell'asino]Alors non, quand je lis ici que ces vidéastes, sous prétexte qu'ils feraient des "millions de vues", représenteraient la jeune génération-de-ce-qui-ne-regarde-plus-la-télé je m'étrangle. Je m'étrangle car du haut de mes pas encore 22 ans tout mouillés je ne me reconnais pas dans cette description.

Mais Simon est-il représentatif de la jeune-génération-qui-ne-regarde-plus-la-télé ?
Comme je suis maniaque sur le sujet, je vais rappeler qu'opposer UN (ou quelques) contre-exemple(s) à une généralité portant sur la majorité (et non la totalité) d'un échantillon ne prouve pas que cette généralité est fausse. (ni qu'elle n'est pas fausse).

Merci à lui pour les exemples d'autres YouTubeurs, je ne les connaissais pas tous. J'ai pour ma part découvert pas plus tard qu'hier la chaîne officielle du blog Hacking Social, dont le travail de décryptage peut selon moi plaire aux @SInautes (voir par exemple "La France a peur - Le syndrome du grand méchant monde", sur les médias.) (zut, ça fait pub.)
En fait, je regrette de ne pas avoir précisé que pour moi parler de génération est une impasse intellectuelle. Que classer dans une génération tout un groupe de gens socialement, culturellement, intellectuellement différents au seul critère qu'ils entrent dans un espace d'âge défini arbitrairement ne fait pas sens. Internet est un éco-système qui fourmille de modèles économiques et de modes de vie différents et que l'on ne peut résumer à un petit groupe de gens dont le choix est de se rémunérer en copiant les codes de la télévision et de la publicité. Voilà pour la petite précision. Après Hacking Social est une excellente chaine que je conseille à tout le monde par ailleurs :)
Merci pour la découverte.
France 4/Arte ou TF1/M6...
Data Gueule/Bits ou Norman/Cyprien...

Est-ce que c'est l'audience qui fait la qualité?

Est-ce que l'important chez les Beatles sont les fans hurlant(e)s des premières années ou les expérimentations qui leurs furent permises après?
Ou les deux... amenant un changement dans une génération qui se dit "pourquoi on experimente pas nous aussi? pourquoi on ne redefini pas le monde?"
Merci ! C'est vraiment bien.

Pour les autres @sinautes intéressés, voici le lien direct vers le syndrome du grand méchant monde
Les forums d'@si sont vraiment une mine !!
Excellent, Merci
Merci z'aussi ;)
lol
gamma
Vous ne vous reconnaissez pas dans ces youtubeurs qui ont les poches pleines de contrats de pub ? Ça tombe bien, moi non plus.

Cependant ce que relevait l'article original d'@si n'avait rien à voir avec cette question. Il est indéniable que les journaux qui parlent des youtubeurs le font très (trop) rarement sous l'angle artistique et uniquement sous l'angle économique.

Combien d'articles dans Le Monde parlant de ces vidéastes qui réinventent les formats ? Combien sur le salaire de Cyprien ?

A titre de comparaison, je trouve la musique de Justin Bieber ou des One Direction très mauvaise mais dans les médias, on ne critique pas leur musique, on parle de l'hystérie des fans. Comme si les fans venaient d'une planète mystérieuse très éloignée de la terre des adultes.

A réduire toutes les expressions artistiques destinées aux jeunes via leur angle économique ou spectaculaire, le fossé n'est pas prêt d'être comblé entre la jeune génération et les médias traditionnels.
Merci à Simon Dell'asino.
@si devrait faire appel plus souvent aux contributeurs de ses forums.

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