Video City : les bons et les mauvais Youtubeurs ?
En réponse à notre article sur le traitement des Youtubeurs par la presse traditionnelle, un @sinaute s’étonne de notre "défense" du salon de Youtubeurs Video City, organisé par Canal+, M6 et la régie pub Mixicom, et qui réunissait quelques-uns des vidéastes les plus suivis aujourd’hui. Précisons que porter un regard critique sur la couverture d’un évènement, ne signifie pas que l’on défend cet évènement, ou ses participants (on n'a pas attendu le salon pour avertir sur les dérives de certains). Mais son post soulève la question d’une division de plus en plus marquée entre Youtubeurs "mainstream" (Norman, Cyprien, Natoo), plutôt médiatisés et souvent pris la main dans le sac de la publicité déguisée, et des Youtubeurs moins exposés malgré leur succès, qui réfléchissent pour certains aux limites du modèle publicitaire.
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Derniers commentaires
On sait un peu d'avance qu'il n'y a dans tout ça que de la com', des agences de gestion d'image, de vente de popularité aux publicitaires, le seul critère du salon pour être présent étant le nombre de vues. Même principe (?) que la tournée Stars 80 spécial has-been et on peut déjà anticiper dans 20 ans des salons des pionniers de Youtube avec des Cyprien et Squeezie vieillissant (ah, c'était l'bon temps...).
D'un côté, les créatifs "purs". Ceux qui créent du contenu de qualité, ou plutôt dont l'objectif est de proposer un contenu de qualité, qui aille (c'est ici une hypothèse de ma part, à confirmer) au-delà du simple divertissement. L'idée est de proposer un contenu "culturel", un contenu qui fasse grandir chez celui qui le reçoit un capital culturel (même s'il n'est pas mainstream). D'où la continuité d'un vocabulaire qui fait la part belle à l'expérimentation : l'expé, c'est tenter quelque chose dans le but d'en retirer un savoir quelconque. Ces créatifs "purs" peuvent bien évidemment connaître le succès (JdG ou DirtyBiology pour les youtubeurs, pour la musique on peut citer Zappa ou Tom Waits, on retrouve ces cas-là un peu partout). Le fait est que leur réussite est d'une part "méritée" (parce qu'ils font du bon boulot) mais potentiellement dangereuse : elle peut les faire tomber du côté obscur.
Ce côté obscur, c'est les créatifs "commerciaux". Ceux qui créent du contenu non pas avec l'intention de faire de la qualité, mais avec l'intention d'avoir du succès. On inverse ici un rapport entre "qualité" et "succès" : le succès n'est pas un effet secondaire de la qualité, c'est une finalité qui peut passer par la qualité. Du coup, le fait d'avoir le succès en finalité fait que la qualité n'est qu'un moyen : en d'autres termes, on peut la remplacer par autre chose. Et cette "autre chose", c'est le Marketing (avec le M majuscule parce que ça fait plus impressionnant). Un contenu de mauvaise qualité à succès sera forcément commercial : on a ici le motif du "pacte avec le Diable", vendre son âme pour le succès.
D'où le fait que la distinction entre "bons" et "mauvais" youtubeurs est hautement casse-gueule, car elle repose sur un motif culture implicite. Du côté "pur", on a cette culture libérale, où le succès dépend de la prise de risques, ou chaque individu est un creuset à expérimentations. C'est pour ça qu'on les admire d'autant plus quand ils partent de rien, car on a en tête une égalité de départ entre les êtres : le mérite vient de l'action, non de la possession.
Le côté impur, c'est le côté capitaliste. Le but n'est pas d'être un individu libre de créer à foison, le but est de brider sa créativité dans le but d'amasser un maximum de "capital" (ici, c'est un capital immatériel - nombre de vues, d'abonnés, qui sert à être revendu aux marques - tout comme matériel - l'argent qu'on se fait avec les vidéos). On ne va pas juger le succès sur la qualité, qui est considérée comme non pertinente (elle est subjective, après tout) : non, on le mesure sur le capital acquis. Parce que ce capital, il est "objectif" (en théorie), on peut le mesurer, et il est une mesure "objective" de la qualité.
Et ce qui est marrant, c'est que ce conflit-là, on peut l'observer à peu près partout.
Selon ce modèle, seul l'artiste «totalement désintéressé» de l'argent et de son public serait un «bon» artiste, les autres seraient à ranger au rang de mauvais, capitalistes et avides, sacrifiant leur art à l'immonde fric. Seulement voilà, cette vision est complètement étriquée et limitative. Cette dualité que vous évoquez est somme toutes assez récente, d'u à l'idéal artistique des romantiques, qui ont réussi à imposer l'artiste pauvre comme le seul «vrai» artiste… mais la réalité est bien plus complexe, et ne permet pas de ranger de manière aussi péremptoire les artistes dans des catégories. Mais dans ce discours il y a plein d'incohérences:
1) Tout le monde doit se nourrir. À partir du moment ou il souhaite produire plus et transformer son hobby en travail, même partiel, il faut bien atteindre une certaine rentabilité.
2) Lorsque un plombier vous envoie sa facture sa parait normal, lorsqu'un «créatif» veut rentabiliser son travail c'est un crime.
3) Il est paradoxal de demander à quelqu'un qui produit pour un auditoire de se désintéresser de ses attentes. Prenons un comique, lorsqu'il monte un spectacle il l'affine avec les réactions du public: les blagues qui marchent, celles qui marchent moins, etc. Son rôle n'est pas de de faire des blagues qui ne font rire que lui, mais de faire rire son public. Pourquoi serait-il un «vendu» du «côté obscur»? C'est parfaitement ridicule.
4) «Un contenu de mauvaise qualité à succès sera forcément commercial» AH! Si tu n'apprécie pas et qu'en plus ça a du succès c'est forcément «commercial». La mauvaise qualité est totalement subjective, elle dépend de ce qu'on attend d'un «contenu»: Faire rêver, divertir, faire réfléchir, rire, apprendre, etc. À tout ça s'ajoute le bagage culturel de l'auditeur, la manière de présenter les chose, les circonstances, etc. Autrement dit selon votre raisonnement tous les succès sont commerciaux, car pour tous les succès, on trouvera toujours des gens pour les trouver de mauvaise qualité.
5) Les «purs», comme vous dites, existent en effet, par millions, ils s'apellent madamme Michu ou Jean-Paul, et vous ne les connaissez pas. Tous les autres, ont, demanière plus ou moins forte, adopté une démarche «commerciale», afin de publier leur production, et de s'adapter à leur public. Même madamme Michu, lorsqu'elle saute le pas pour convier ses amies à contempler ses créations de scrapbooking, entre dans une démarche commerciale.
1 et 2) Cette vision n'a jamais impliqué que l'artiste "pur" devait être pauvre : au contraire, pas mal de ceux qu'on appelle les "pirates" téléchargent en masse, mais achètent quand même les oeuvres des artistes qu'ils considèrent "méritants". La différence n'est pas "je suis riche / pauvre", mais "je recherche la création / le pognon". L'intention ne se convertissant pas mécaniquement en réalité, on a des artistes créatifs riches et des commerciaux pauvres. C'est ce que j'expliquais en fin de paragraphe 2.
3) Je n'ai jamais impliqué que la création considérée comme "pure" devait se désintéresser de son auditoire. C'est pas l'orientation vers un public le problème, c'est ce qu'on veut lui apporter (cf. début du paragraphe 2) : du "simple" divertissement vs. un capital culturel.
4) La "qualité" c'est un mot totalement vide de sens, on a essayé depuis longtemps d'y coller un sens et on a jamais réussi. Néanmoins, y'a deux conceptions qui s'affrontent et qui reflètent chacune un de ces idéaux-types d'artistes, et qui diffèrent du moment où on y inclut la subjectivité. Du côté "pur", on a une qualité qui va être objectifiée très tôt par un certain nombre de pratiques de l'artiste (prise de risque, expérimentation notamment), ce qui fait qu'on peut parler de lui en tant "qu'artiste de talent qui n'a pas trouvé son public". On lui reconnaît une qualité déconnectée de son audience.
Pour l'artiste "commercial", la qualité est totalement dépendante de l'audience, et c'est ça la différence. Parce qu'on est commercial, on est dans une sphère qui se veut rationnelle, qui veut se reposer sur des chiffres. On a en plus une culture marketing derrière qui est que "si ça se vend, c'est que c'est bien" (on appelle ça le marketing concept). Tout ça contribue à faire sortir la qualité du contenu produit, pour la faire reposer dans les yeux (ou les oreilles) de ceux qui la reçoivent.
5) Je renvoie aux points 1 et 2. "Créatif" n'est pas forcément "pauvre". La relation, c'est pas une corrélation exacte : créatif=pauvre / commercial=riche. C'est plutôt "quand on tend vers riche, on a des risques de devenir commercial" (parce qu'on a commencé à amasser, qu'on a croqué dans la pomme, et qu'on a pas franchement envie de s'arrêter).
Poser ces questions, c'est y répondre.
Essentiellement utilisé par des techos plus ou moins libertaires dans ses débuts, internet a été lentement mais sûrement récupéré par le monde du business. Et même si les vieux cons comme moi peuvent le regretter, internet est aujourd'hui devenu mainstream. Donc en suit les codes. CQFD
Quand je vois le succès de FaceBook ("effebé" comme disent le d'jeuns), je me dis que la normalisation est en route et qu'elle n'est pas prête de s'arrêter !
PatriceNoDRM
Pourquoi il n'y a pas de wafflepwn en France?
Parmi les youtubeurs que je regarde il y beaucoup de youtubeurs peu ou pas très connus, mais sui tous font des choses originales et intéressantes. Je citerai E penser, Dirty Biology, Usul, Nota Bene, Mickaël Launay, Axolot, le Psylab, les revues du monde, Data gueule, Castor Mother et Horizon Gull. Toutes ces chaines ont en commun de raconter des choses intéressantes, d'avoir un vrai propos, de ne pas de faire de la pub, de ne pas chercher la simplicité. Elle n'ont rien à voir avec les chaines millionnaires qui font de la pub. Ces chaines d'alleurs m'inspirent pour ma chaine youtube (non citée ici) que je suis en train de lancer et quand je vois le modèle de ces youtubeurs qui prennent leurs abonnés pour des imbéciles ça me fait mal, mais n'oublions pas qu'ils ne sont pas les seuls youtubeurs. Réduire youtube à ces stars serait comme réduire la télé à TF1 et D8.
Si l'équipe d'arrêt sur images (t d'autres biens sur) veut jeter un coup d'oeil à ces youtubeurs, ils valent le coup et Horizon Gull (déjà cité par yepok) encore plus je pense. Je me demande des fois si c'est pas Daniel Schneiderman qui écrit pour l'émission.
Mais Simon est-il représentatif de la jeune-génération-qui-ne-regarde-plus-la-télé ?
Comme je suis maniaque sur le sujet, je vais rappeler qu'opposer UN (ou quelques) contre-exemple(s) à une généralité portant sur la majorité (et non la totalité) d'un échantillon ne prouve pas que cette généralité est fausse. (ni qu'elle n'est pas fausse).
Merci à lui pour les exemples d'autres YouTubeurs, je ne les connaissais pas tous. J'ai pour ma part découvert pas plus tard qu'hier la chaîne officielle du blog Hacking Social, dont le travail de décryptage peut selon moi plaire aux @SInautes (voir par exemple "La France a peur - Le syndrome du grand méchant monde", sur les médias.) (zut, ça fait pub.)
Cependant ce que relevait l'article original d'@si n'avait rien à voir avec cette question. Il est indéniable que les journaux qui parlent des youtubeurs le font très (trop) rarement sous l'angle artistique et uniquement sous l'angle économique.
Combien d'articles dans Le Monde parlant de ces vidéastes qui réinventent les formats ? Combien sur le salaire de Cyprien ?
A titre de comparaison, je trouve la musique de Justin Bieber ou des One Direction très mauvaise mais dans les médias, on ne critique pas leur musique, on parle de l'hystérie des fans. Comme si les fans venaient d'une planète mystérieuse très éloignée de la terre des adultes.
A réduire toutes les expressions artistiques destinées aux jeunes via leur angle économique ou spectaculaire, le fossé n'est pas prêt d'être comblé entre la jeune génération et les médias traditionnels.
@si devrait faire appel plus souvent aux contributeurs de ses forums.