C'est l'info politique de la semaine, révélée par Politis : le gouvernement songerait à rendre le SNU obligatoire. Le SNU, Service national universel, expérimenté depuis 2019, propose à des jeunes de partir douze jours loin de chez eux avec au programme, selon le site officiel du SNU : activités physiques, sportives ou de cohésion, citoyenneté et institutions nationales et européennes, culture et patrimoine ou Défense, sécurité et résilience nationales, entre autres. Pourquoi ça coince ? Parce que les images sont importantes : ce séjour se fait en uniforme, avec lever de drapeau, garde-à-vous (occasionnellement) et Marseillaise. Le tout encadré par des profs, d'anciens militaires, policiers ou pompiers, et des fonctionnaires actifs. À gauche, on alerte sur le retour du service militaire, suspendu en 1997. Les enseignant·es s'alarment : pourquoi autant de moyens donnés à des activités qui se font ou pourraient se faire dans le cadre de l'école, qui elle-même manque cruellement d'argent ? D'ailleurs, d'où vient l'argent ? Du côté du gouvernement, Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du service national universel, le martèle : s'opposer au SNU, c'est être "contre la mixité sociale, la cohésion nationale et l'émancipation des jeunes".
Alors le SNU, mise au pas de la jeunesse ou outil d'émancipation ? Pour en débattre, nous recevons Sophie Vénétitay, enseignante dans l'Essonne et secrétaire générale du SNES-FSU, le principal syndicat du second degré ; Bénédicte Chéron, historienne, maîtresse de conférence à l'Institut catholique de Paris et spécialiste des relations entre les sociétés et leurs armées ; et Thomas Gassilloud, député Renaissance de la 10e circonscription du Rhône et président de la Commission de la défense nationale et des forces armées à l'Assemblée nationale.
L'école voudrait l'argent du SNU
Alors que le gouvernement envisage un budget allant jusqu'à un milliard d'euros par an si le SNU était généralisé, Sophie Vénétitay s'insurge : "L'école manque de tout, de profs, d'infirmières, de psychologues. Nous on considère que c'est du gaspillage, et même un scandale."
Les jeunes du SNU, un corps en uniforme ?
Pourquoi des jeunes du SNU se sont-ils retrouvés le 14-Juillet au bas des Champs-Élysées, salués par le président de la République et des militaires ? Thomas Gassilloud juge "très important" que les jeunes soient associé·es "à ce grand événement" qu'est la fête nationale. Bénédicte Chéron note que le 14-Juillet défilent les corps en uniformes, faisant des jeunes du SNU, de facto, un corps en uniforme eux aussi.
Le SNU, (faux) remède à tous les maux ?
Pour le gouvernement, le SNU doit redonner aux jeunes l'envie de s'investir dans la vie collective et associative. Mais pour Bénédicte Chéron, l'exemple du service militaire a prouvé que ce n'était pas si simple : "Il faut sortir de cette idée que faire vivre des gens ensemble au moment du passage à l'âge adulte a des conséquences déterminantes sur la société. Historiquement, ce n'est pas probant."
Pour aller plus loin
- Le site officiel du SNU.
- L'enquête de Politis sur les plans du gouvernement pour le SNU.
- La tribune du SNES-FSU sur la généralisation du SNU.
- Une tribune de Bénédicte Chéron sur les symboles militaires repris par le SNU.
- Deux de nos précédents articles sur le SNU : l'un en 2019 sur une jeune recrue du SNU ayant multiplié les passages médiatiques, l'autre en 2021 sur comment un rugbyman inconnu est devenu un mème suite à l'utilisation de son image – sans son accord – pour promouvoir le SNU.
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