Attentat de Nice : France 2 dérape (et s'excuse)
Plusieurs séquences ont choqué des télespectateurs, dans l'édition spéciale nocturne présentée par France 2 après l'attentat commis dans a soirée du 14 juillet, parmi les spectateurs du feu d'artifice de Nice. C’est d’abord une vidéo amateur qui montre le camion frigorifique fonçant sur la foule, diffusée en boucle et même "au ralenti" sur la chaîne. Dans un article de Slate intitulé "Comment la télévision française à sombré", la journaliste Titiou Lecoq, qui a passé la nuit devant le poste, décrit : "La journaliste précise qu’ils rediffusent cette vidéo «au ralenti». Histoire qu’on profite bien de tous les détails."
Plusieurs internautes et journalistes interpellent alors France 2 sur Twitter. Pour le rédacteur en chef adjoint au service politique de France 2, Olivier Siou, rien de plus normal : "C’est quand il n’y a pas d’images que les théories du complot naissent", répond-il sur Twitter à Paul Larroutourou, journaliste au Petit Journal (prochainement Le Quotidien).
Capture d'écran issue du compte de Paul Larrouturou
La nuit ne fait pourtant que commencer à France 2. Quelques minutes plus tard, la chaîne diffuse l’interview (dont une partie est visible ici) d’un homme, assis à côté du cadavre de sa femme. "C'est fini pour moi, mon fils est mort. J'ai perdu les deux d'un coup. Ma femme et mon fils sont venus voir la fête. Voilà, c'est ça la fête."
Capture d'écran du compte de Nicolas Hénin
Dès la diffusion, plusieurs téléspectateurs ont alerté le CSA qui a répondu vendredi 15 juillet dans un communiqué appelant les télévisions faire faire preuve de "prudence et de retenue".
A son tour, France Télévisions a publié un communiqué vendredi 15 juillet pour présenter ses excuses. La chaîne reconnaît une "erreur de jugement" commise en raison de "circonstances particulières". "La diffusion de ce type d'images ne correspond pas à la conception de l'information des journalistes des équipes et de l'entreprise. France Télévisions tient à présenter ses excuses."
Interviewée par Télérama après les attentats de Bruxelles, la psychologue spécialiste du trauma Marianne Kedia expliquait alors trouver "extrêmement problématique que des victimes, en état de choc, couvertes de sang et de poussière, soient interviewées. Dans ces instants-là, elles ne sont pas en état de maîtriser leur image et leurs propos. Derrière mon petit écran, je suis surprise de voir autant d'images volées" pointant l’absence de "recul " des chaînes de télévision qui couvrent les attentats.
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