Jean-Marie Le Pen est mort, et les médias euphémisent
Analyse

Jean-Marie Le Pen est mort, et les médias euphémisent

"Tribun", "clivant", "homme romanesque" : les mots choisis pour parler du décès du co-fondateur du Front National

Était-ce si difficile de nommer correctement les choses ? À la mort de Jean-Marie Le Pen, dans la presse comme sur les chaînes d'info, son racisme, son antisémitisme, sa xénophobie, son négationnisme sont devenus des "dérapages verbaux", voire des "polémiques clivantes". Bilan (très) mitigé de cette relativisation médiatique au jour de la mort de cette figure de l'extrême droite.

Jean-Marie Le Pen, homme politique d'extrême droite qui a cofondé le Front national avec des Waffen-SS, a pratiqué la torture lors de la guerre d'Algérie et a accumulé les sorties racistes, antisémites, homophobes, négationnistes et haineuses en tous genres durant les sept décennies de sa carrière politique, est mort le 7 janvier 2025 à 96 ans. Mais en ce même jour, de nombreux médias ont eu beaucoup de mal à mettre des mots sur la carrière politique de Jean-Marie Le Pen : tantôt en minimisant son idéologie d'extrême droite et son fascisme, tantôt en saluant un "paria" politique "hors normes", voire un "visionnaire" "lanceur d'alerte".  

"Tribun hors-pair", "clivant", "paria" politique : minimisation, mode d'emploi

C'est l'AFP qui, vers 13 heures le 7 janvier 2025, a annoncé le décès de Jean-Marie Le Pen. Après une brève, l'agence publie un plus long portrait, qui le décrit comme un "tribun hors-pair, provocateur sulfureux obsédé par l'immigration et les juifs, patriarche contrarié par les siens", qui "a sorti l'extrême droite française de sa marginalité au cours d'une carrière politique qui a marqué la Ve République". Un tweet désormais supprimé, mais ASI l'avait au préalable capturé : 

Ouest-France ne fait pas mieux, en le qualifiant, en titre de sa nécrologie, de "paria" à "l'itinéraire politique hors normes". Le journal salue "sa longévité unique" et écrit : "Par son verbe haut et souvent choisi, ses multiples provocations et condamnations, il a occupé la scène pendant plus de soixante ans (...) Il a sorti l'extrême droite nationaliste et xénophobe de la marginalité qui était la sienne après la Seconde Guerre mondiale". Hormis ces mots "extrême droite nationaliste et xénophobe", il faut ensuite attendre cinq paragraphes - qui estiment que "le phénomène Le Pen est le fruit d'une longue maturation" - pour que le journal ne développe enfin sur ses "idées politiques d'extrême droite", ses "propos à caractère antisémite" et sa "certaine fascination pour le IIIème Reich". Les pincettes prises par le journal sont gigantesques : on apprend dans Ouest-France que Jean-Marie Le Pen "flirte volontiers avec les pires stéréotypes antisémites", et qu'il "s'est toujours défendu avec force d'être un fasciste, voire un « hitlérien ». Mais il s'est complu dans l'ambiguïté, peut-être du fait de son goût profond de la provocation".

Plus étonnant : le journal en ligne Mediapart annonce le décès de Jean-Marie Le Pen en titrant : "Jean-Marie Le Pen, l'homme le plus clivant de France est mort". Un texte écrit par l'historien Nicolas Lebourg, qui rappelle pourtant dès ses premières lignes que Le Pen "a multiplié toute sa vie les déclarations racistes, antisémites, minimisant les crimes nazis ou louant la colonisation, qui lui ont valu nombre de condamnation". Le titre, qui a étonné de nombreux·ses lecteur·ices, s'est ensuite rapidement transformé en : "Jean-Marie Le Pen, père refondateur de l'extrême droite française, est mort".

En voulant demeurer neutre sur une personnalité politique qui n'en était rien, certains médias miment inconsciemment leurs voisins d'extrême droite. Le 8 janvier, les Unes du Parisien et de Valeurs actuelles affichent les mêmes titres : " 1928 - 2025 : C'était Le Pen". Seule différence, trois points de suspension au bout du titre du Parisien. Valeurs Actuelles, magazine d'extrême droite multicondamné, notamment pour injure raciste contre Danièle Obono, y ajoute également le sous-titre suivant : "Sa vie, sa famille, ses prophéties, ses provocations", et "un numéro exceptionnel sur l'héritage du «Menhir»".

Une "figure majeure et controversée de la Vème République" pour le "Figaro"

De toute les nécrologies à rallonge de la presse papier, écrites de longue date pour les personnalités vieillissantes - ce qu'était Jean-Marie Le Pen - et peaufinées au fil du temps, celle du Figaro fait office de roman-fleuve. Près de 2500 mots, soit dix "feuillets" dans le jargon journalistique (c'est énorme), pour leur immense majorité louant "le talent oratoire sans pareil, mêlant érudition et truculence" de ce "collectionneur de condamnations judiciaires" qui "était un briseur de tabou et le tombeur d'une certaine «police de pensée»"... Sur 2500 mots, pas une fois les mots "extrême droite". Mais des flatteries à peine voilées par dizaines : "C'est la figure politique contemporaine la plus controversée de France qui s'éteint. Celle du «diable de la République» qui trente ans durant aura imposé ses vues et provocations dans l'espace public, servant de chiffon rouge à la quasi-totalité de l'échiquier politique" ; "le chantre d'une lutte radicale contre l'immigration n'aura jamais cessé de cliver" ; "le talent oratoire sans pareil, mêlant érudition et truculence" ; "le patriarche" ; "la forte tête" ; "le vieux chef" ; "acteur et témoin historique" ; "le colosse" et même "le pirate de la République".

Le Figaro n'écrit jamais que Jean-Marie Le Pen était raciste, mais "perçu comme raciste, xénophobe ou antisémite par ses détracteurs, le collectionneur de condamnations judiciaires était un briseur de tabou et le tombeur d'une certaine «police de pensée» pour ses partisans." Le journal ose même déclarer que Le Pen "aura autant ouvert les yeux des Français sur les maux que peut charrier la démographie, qu'interdit, par ses outrances, à toute âme modérée de s'associer à son combat premier contre l'immigration". Le Figaro ne parle pas non plus de la guerre d'Algérie, mais des "événements d'Algérie", et passe sous silence la torture qu'y a fait subir Jean-Marie Le Pen à (au moins) une famille d'Alger.

Comment les chaînes d'info ont annoncé sa mort

Peu après 13 heures, toutes les chaînes d'info en continu annoncent la mort de Jean-Marie Le Pen et basculent en édition plus ou moins spéciale. Sur Franceinfo, dès 13 h 09, on le décrit d'abord comme une "figure de l'extrême droite", et seulement ensuite comme une "figure majeure de la vie politique de la Ve République" : sont ensuite rappelés la présidentielle de 2002 et ses propos sur le "point de détail de l'Histoire", dont la chaîne conclut que ce sont "autant de faits qui montraient que peut-être il ne voulait pas exercer le pouvoir". C'est l'annonce la plus sobre des quatre chaînes d'info en continu.

Sur CNews, à 13 h 11, c'est Sonia Mabrouk qui déclare que Le Pen était "une figure controversée de la Ve République mais une figure majeure qui a traversé tout le siècle", "le menhir de la vie politique, mais également le diable". On rappelle dans la foulée qu'il a qualifié les chambres à gaz de "point de détail de l'Histoire", mais on ne parle pas de sorties racistes : ce sont des "dérapages verbaux" et des "polémiques". Surtout, jusqu'à la fin de soirée, on ne parlera plus de rien d'autre que Jean-Marie Le Pen (voir plus bas). 

Sur LCI, à 13 h 12, Elizabeth Martichoux, qui vient aussi d'apprendre la nouvelle, salue "une personnalité considérable de la vie politique française" qu'elle qualifie d'"homme au parcours romanesque", "provocateur", au "parcours cabossé, chaotique" : "Le diable de la République, comme on l'appelait, qui a sorti l'extrême droite française xénophobe, obsédée par l'immigration, anti-système, d'une frange extrême justement pour en faire un parti." Elle ajoute : "C'est un homme qui durablement a marqué l'histoire de la politique française et qui a introduit des thèmes qui étaient jusque-là restées dans le débat un peu groupusculaire." Plus tard, vers 18 h 30, la journaliste du Point Géraldine Woessner déroule, face à un David Pujadas fasciné, un discours de réhabilitation de Marine Le Pen assez poussé : "Sur l'économie, lui [Jean-Marie Le Pen] était un libéral, elle [Marine Le Pen] est carrément à gauche." Il fallait oser.

Sur BFMTV, à 13 h 12 également, on annonce "la disparition d'une personnalité majeure de la Ve République" : "Nous sommes en édition spéciale, Jean-Marie Le Pen est mort, il a été pendant plus de 60 ans le visage, la voix, l'incarnation de l'extrême droite en France". La chaîne d'info salue "60 ans de vie politique, de combats, de dérapages, d'affaires, de succès et de déroutes" puis consacre ses deux premiers sujets diffusés aux sorties racistes, homophobes et négationnistes de Le Pen. Mais ensuite, c'est une série de proches des Le Pen qui défilent sur le plateau de la chaîne : le sénateur RN Stéphane Ravier, en début d'émission spéciale, puis l'ancien conseiller communication de Marine Le Pen, Arnaud Stéphan, qui va rester en plateau tout l'après-midi, vite rejoint par le journaliste de Valeurs Actuelles Sébastien Lignier. À 14 h 50, Stéphane Ravier s'exclame que "Jean-Marie Le Pen s'est battu arme à la main pour défendre son peuple, notamment lors de la guerre d'Algérie et de la guerre d'Indochine, il s'est battu pour la France les armes à la main" - aucune relance de la journaliste, bien que peu de temps après, la cheffe du service politique de BFMTV Neila Latrous mentionne "un certain nombre de combattants qui affirment avoir été torturés par Jean-Marie Le Pen, du temps où il était déployé en Algérie". Vers 16 h 15, le journaliste de Valeurs Actuelles Sébastien Lignier se lâche : il faut "rendre ses lauriers" à Le Pen, dit-il, pour avoir été "précurseur" sur des sujets qui aujourd'hui "font consensus" : l'islam et l'immigration.

Sur CNews : Le Pen, "un lanceur d'alerte", "un visionnaire"

Ce discours de Sébastien Lignier de Valeurs actuelles, qui pointe à 16 h 15 sur BFMTV, va ressurgir toute la journée sur CNews en trame de fond. À partir de l'annonce par Sonia Mabrouk à 13 h 11, ce 7 janvier, plus aucune information n'existe sur la chaîne d'info de Bolloré : l'édition spéciale "Jean-Marie Le Pen" dure tout l'après-midi et toute la soirée, et sera suivie d'un "documentaire spécial" sur sa vie. Un discours va se répéter pendant toute la journée à intervalles réguliers sur CNews, que l'on peut résumer ainsi : 1/ Jean-Marie Le Pen a certes eu des propos horribles, mais 2/ c'était une figure in-con-tour-na-ble de la Vème République, et 3/ même un visionnaire sur l'immigration, ce qui 4/ éclipse largement son antisémitisme quelque peu désuet, 5/ contrairement à celui, bien réel, de la gauche LFI. Peu après 14 h, Yvan Rioufol lance : "Oui, il a eu des outrances antisémites, mais sinon, il était visionnaire." Quelques minutes plus tard, le maire RN de Béziers Robert Ménard acquiesce : "Le «point de détail», c'était insupportable mais on peut à la fois dénoncer les propos de JMLP sans s'afficher dans un antifascisme de pacotille. Il n'a jamais représenté une menace fasciste sur la France, c'était un immense tribun, il a pesé de tout son poids dans l'Histoire des 50 dernières années." Bref, il contenait des multitudes : "Il avait une immense culture, et des propos orduriers", dit Ménard. Rioufol abonde : "Quand vous entendez quelqu'un être accusé d'extrême droite, tendez l'oreille, ce sont des gens qui disent les vérités. Jean-Marie Le Pen était un lanceur d'alerte." Ménard acquiesce : "Il a été le premier à dénoncer l'immigration sans bornes."

Regarder CNews cet après-midi du 7 janvier, c'est entendre de très nombreuses fois les extraits best-of de la vie de Jean-Marie Le Pen qu'on nous ressert environ une fois par heure comme des "extraits de cet animal politique et médiatique" : le "détail de l'Histoire" bien entendu, mais aussi ses (nombreux) échanges télévisés avec Bernard Tapie. Yoann Usai, journaliste politique pour CNews, s'élance : "C'est un grand orateur, un tribun, qui va provoquer. Le record d'audience de [l'émission] L'Heure de vérité, c'est Jean-Marie Le Pen." Heureusement que vers 14 h 50, l'analyste politique François Cocq rappelle que "pendant la guerre d'Algérie, la torture, il l'a pratiquée" mais l'a "rejetée sur la chaîne de commandement", on allait presque oublier d'en parler. Mais aussi vite, on rembraye sur le message principal : "C'était un visionnaire, il avait un regard sur la France." De temps en temps, Laurence Ferrarri rappelle : "Après, il avait un côté sombre insupportable."

Vers 15 h 15, Stéphane Ravier a changé de crèmerie, passant de BFM à CNews pour glorifier "un Gaulois, un bon vivant, un homme qui aimait chanter, un homme du peuple qui se sentait vivre parmi le peuple, quelqu'un de simple, un français qui aimait la France et les français", rien que ça. Il poursuit, dans l'élan général, en confirmant que Jean-Marie Le Pen était "un lanceur d'alerte" qui "avait conscience que son pays était en danger de mort". À sa suite, Bruno Gollnisch, pilier du FN époque Le Pen père, à qui la présentatrice Nelly Daynac demande si ce décès, "ça lui a foutu un coup", rend hommage à son vieil ami : "Il a persévéré de façon extraordinaire (...) Cet homme qu'on décrivait injustement comme raciste recevait régulièrement des gens politiques d'autres continents." 

Arrive ensuite le journaliste au service politique du Figaro, Albert Zennou, qui se vante de l'avoir "rencontré plusieurs fois à Montretout" et parle d'un "agitateur, provocateur", d'un "homme politique ultracontroversé qui n’a jamais cessé les coups d'éclats et les provocations, un animal médiatique qui ne laissait personne indifférent, qui a été condamné à de multiples reprises pour des dérapages graves : c'est un pan de la vie de la Vème République qui se termine."

Vient ensuite l'émission de Christine Kelly : "Une page de l'Histoire politique française se tourne, une page avec ses grandeurs et ses failles. (...) Les Français le connaissaient-ils vraiment ? A-t-il été à l'origine de la révolte identitaire européenne ? A-t-il eu raison trop tôt ? A-t-il eu raison tout court ? A-t-il eu raison sur tout ? Pourquoi cette grande difficulté à lui rendre hommage ?" Ces questions sont rhétoriques, Mathieu Bock-Côté y répond tout de même : "Sur l'immigration, la grande question de notre temps, il aura vu avant les autres la submersion migratoire et ses conséquences pour l'Europe, pour la France. Même ceux qui le maudissent lui reconnaissent une certaine prescience historique. Il a senti, avant les autres, l'importance majeure de l'enjeu migratoire, du choc des civilisations, pour notre temps." Pascal Praud, qui n'a pas d'édito dans son Heure des pros 2 du soir, s'est rattrapé le lendemain, 8 janvier, dans son édito matinal diffusé simultanément sur CNews et Europe 1 : Jean-Marie Le Pen, dit Praud, est "le seul à avoir perçu le danger de l'Islam".

Dans L'Heure des Pros 2, le 7 janvier, Gilles-William Goldnadel enfonce le clou de ce qui commence sérieusement à ressembler à un élément de langage, répété depuis le début de l'après-midi sur la chaîne Bolloré : sur l'immigration, Jean-Marie Le Pen "avait une parfaite clairvoyance, qui était dite sans aucun racisme et sans aucune outrance". "Il était le grand prophète", ose même Gilbert Collard. Ça a le mérite d'être très clair.

Celle qu'on n'avait pas vue venir : "L'héritier de Jean-Marie Le Pen, aujourd'hui, c'est Jean-Luc Mélenchon"

Dans les éléments de langage répétés sur CNews ad eternam, il y en a un autre que l'on retrouve dans la bouche de nombreux·ses commentateur·ices. À commencer par le journaliste politique de CNews, Yoann Usai : "Aujourd'hui, les factieux, c'est LFI. S'il y a un héritier à chercher à Jean-Marie Le Pen aujourd'hui, c'est Jean-Luc Mélenchon." Sur la même antenne, Alexandre Devecchio, rédacteur en chef au Figaro, affirme la même chose : "Jean-Luc Mélenchon est l'héritier de Jean-Marie Le Pen"

Cette idée se répand rapidement dans la journée du 7 janvier, sur CNews bien sûr, mais aussi, par exemple, chez les journalistes de Valeurs actuelles, comme Marc Eynaud, invité sur France Info, qui ose : "L'attitude de LFI est infiniment plus dangereuse pour les Juifs de France que tous les propos qu'a pu tenir Jean-Marie Le Pen." Sur CNews, l'ex-rédactrice en chef d'i24news en France, Noémie Halioua, estime que Jean-Marie Le Pen "se trompait sur les chambres à gaz", mais qu'"il faut expliquer plutôt qu'excommunier : il faut voir ce personnage qui a traversé l'Histoire de la Vème avec ses lumières et avec ses zones d'ombre." Elle aussi tente la comparaison avec Jean-Luc Mélenchon, sur X : "Jean-Marie le Pen n'aura pas fait un dixième dans la progression de la haine antijuive dans notre pays de ce que fait Jean-Luc Mélenchon. Le premier a été justement ostracisé, le second a fondé une force politique majeure et passe pour un grand sage."

Pendant ce temps, Gilles-William Goldnadel n'en a pas terminé : il "se demande" si les "blagues antisémites" de Jean-Marie Le Pen, "ce n'était pas une façon chez lui de dire qu'il ne voulait pas du pouvoir". Et s'exclame : "Je lui en veux plus en tant que français qu'en tant que Juif, parce que ses déclarations [sur la Shoah] l'ont empêché de mettre en place à temps des mesures contre l'immigration invasive et massive. L'antisémitisme éventuel de monsieur Le Pen n'arrive pas à la cheville de l'antisémitisme purulent, dangereux, de monsieur Mélenchon. L'antisémitisme de Monsieur Le Pen, c'était l'antisémitisme terminé, d'hier, tandis que celui de monsieur Mélenchon, c'est l'antisémitisme d'aujourd'hui." Soulignons peut-être une expression, dans ce torrent de relativisme lepénien : "l'antisémitisme éventuel de monsieur Le Pen"

Un peu d'"Humanité"

Difficile, impossible, même, de recenser ici l'ensemble des nécrologies, hommages et autres récits médiatiques ayant minimisé, relativisé, voire purement et simplement invisibilisé, le racisme, l'antisémitisme, le négationnisme, le climatoscepticisme, l'homophobie, le sexisme, la proximité avec des figures néo-nazies, les propos haineux et les faits de torture de Jean-Marie Le Pen. Mais un journal a choisi de faire l'inverse, en titrant clairement sur tout cela : L'Humanité, dont la Une du 8 janvier 2025 clame "La haine était son métier", en référence au titre du roman de Robert Merle, La mort est mon métier, qui retrace le parcours du commandant du camp d'Auschwitz, Rudolph Hoss. 

"Le fondateur du Front national est mort. Raciste, antisémite, anticommuniste, il a consacré sa vie à la réhabilitation d'une extrême droite disqualifiée par son passé collaborationniste. Ses idées pestilentielles lui survivent", peut-on aussi lire sur la même Une. Elles lui survivent aussi, bien malheureusement, dans tous les médias qui n'ont pas su nommer correctement ce à quoi l'homme avait consacré sa vie.

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