Vive l'Europe ! (sauf les trains)
Rien qu'à entendre Estrosi, raide comme un rail, au micro d'Aphatie ce matin, et même si l'on a pris l'émission en cours, on sait que le Sarkozistan est engagé dans une de ces batailles dont il a le secret. Ce sera ainsi et pas autrement. "Le gouvernement français l'a décidé, ce sera ainsi et pas autrement. Nous sommes soucieux de sécurité. Et la SNCF obéira, car elle n'a pas le choix". Etc.
De quoi s'agit-il ? Eurotunnel souhaite faire passer des trains Siemens (made in Germany) dans le tunnel sous la Manche, au détriment des trains Alstom (made in chez nous). Sans connaître le fond du dossier, on se permet de supposer que c'est parce qu'ils sont moins chers. "Pas question", a dit le gouvernement français. Protectionnisme ? Pas du tout. Qu'allez-vous imaginer ? Problème de sécurité. Les trains Alstom mesurent 400 mètres. Les trains Siemens ne mesurent que 200 mètres. En cas d'incendie (le saviez-vous ?) un train de 200 mètres est deux fois moins sûr qu'un train de 400 mètres (la distance entre deux portes de sortie de secours étant de 375 mètres). C'est de l'arithmétique ferroviaire. Enfin disons, on va vérifier. Faire des tests. Ces tests pourraient durer au moins deux ans (un an par tranche de cent mètres, donc). Eurotunnel a déjà testé ce week-end, à son apparente satisfaction, mais ça ne compte pas. Il faut tester encore. Le gouvernement, sur ce dossier-là, sera inflexible (il avait pourtant approuvé les termes de l'appel d'offres, mais c'est un détail).
Pendant ce temps (apprend-on cette fois sur France Inter, qui ne semble pas au courant du petit problème de trains), Sarkozy, Merkel et Medvedev se rencontrent à Deauville (de ce côté-ci de la Manche, pour les nuls en géographie). Au menu : brainstorming sur la grande, la très grande Europe de demain. Car face aux défis de demain, il faut s'unir. Il faut être visionnaire, se hisser au niveau du millénaire qui s'ouvre. On a tant de choses en commun: la civilisation, l'Histoire, la culture, l'amitié franco-russe, Voltaire et Catherine II. Tant de choses. Sauf les trains.
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