Meurtre d'une femme trans : titre transphobe sur BFM Paris
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Meurtre d'une femme trans : titre transphobe sur BFM Paris

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Dans la nuit du 8 au 9 juillet, une femme trans a été assassinée. Elle était travailleuse du sexe, et elle est morte dans un logement du 16ème arrondissement de Paris, poignardée à mort par un client qui lui avait donné rendez-vous. Son assassin, un homme d'une vingtaine d'années, s'est rendu de lui-même au poste de police de Clamart pour avouer son meurtre. Il y a déclaré avoir "découvert qu'il s'agissait d'une femme transgenre", selon BFM Paris. "Mécontent, il affirme avoir décidé de la tuer et de laisser son cadavre à l'endroit du rendez-vous." Une enquête pour "meurtre à raison de l'orientation sexuelle ou de l'identité de genre de la victime" a été ouverte par le parquet de Paris.

Un homme tue une travailleuse du sexe parce qu'elle est trans et qu'il en est "mécontent" : c'est un meurtre transphobe et un féminicide. Mais BFM Paris n'a pas titré comme ça. BFM Paris a titré en bandeau : "L'escort-girl tuée car elle était un homme." Même dans la mort, la chaîne refuse de la genrer au féminin, écrivant qu'elle "était un homme", alors que non, justement. Elle était une femme transgenre, et elle a été tuée pour ça. Par transphobie. Et elle s'appelait Geraldine, comme l'a souligné le HuffPost, mais pour BFM Paris, elle n'était donc qu'une "escort girl".

"La transphobie tue. La putophobie tue. Mais même dans la mort, BFM Paris ne respecte pas l'identité de genre de la victime. Les femmes trans sont des femmes, BFMTV !", s'est indigné le juriste Sébastien Tüller, chargé des questions LGBTQI+ pour Amnesty France.

La charte de l'Association des Journalistes LGBT (AJL) n'est pourtant pas bien compliquée à suivre pour "garantir un traitement juste et respectueux des personnes trans". L'AJL conseille simplement de "veiller à respecter le genre social des personnes trans", de "ne pas réduire la transidentité aux opérations chirurgicales de réassignation sexuelle", et d'"éviter les clichés, les blagues de mauvais goût et le sensationnalisme qui occultent la question des discriminations vécues par les personnes trans". En bref, de traiter les personnes trans comme des personnes, puisqu'elles le sont ; mais BFM Paris n'a manifestement jamais lu cette charte. L'AJL a d'ailleurs souligné que "les meurtriers de femmes trans" utilisent "couramment" l'argument dit de la "trans panic defense", selon lequel "ils prétendent avoir «découvert» qu'elles étaient transgenres et «paniqué» avant de les tuer" pour se justifier. Les travailleuses du sexe trans, ajoute l'AJL, "ne sont pas tuées «parce qu'elles sont des hommes» mais par des personnes transphobes qui les ciblent bien souvent pour leur vulnérabilité".

Ou alors, la chaîne l'a lue après l'indignation qu'a suscité ce sujet de BFM Paris : la vidéo a depuis été supprimée du site, et Arrêt sur images n'a pas été en mesure de la retrouver. Ironiquement, un autre article a été publié sur "l'indignation d'élus et d'associations" qu'a suscité le meurtre de Geraldine. Mais celui-ci n'inclut ni l'indignation - pourtant très vive - dirigée à l'encontre de BFM Paris pour leur bandeau transphobe, ni les excuses de la chaîne après l'avoir dépublié.

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