Sarkozy condamné : LCI penche pour l'injustice
Sur le gril
Sur le gril
chronique

Sarkozy condamné : LCI penche pour l'injustice

Tous les samedis, l'édito médias de Pauline Bock - signé cette semaine Loris Guémart - envoyé dans notre newsletter hebdomadaire gratuite, Aux petits oignons : abonnez-vous !

Définitivement condamné à trois ans de prison dont un ferme devant la Cour de cassation pour corruption et trafic d'influence (dans l'affaire dite Paul Bismuth), Nicolas Sarkozy n'a pas dit son dernier mot. D'abord, dans un long post sur X, par l'intermédiaire de ses proches tels Henri Guaino, avec l'annonce d'un recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme.

Mais aussi, ensuite, grâce à l'assistance de certains médias. Prenons LCI. La chaîne, rappelons-le, appartient à Martin Bouygues, parrain de Louis Sarkozy – éditorialiste prometteur des plateaux de la chaîne d'info du groupe TF1. Mercredi soir, Darius Rochebin, sphinx neutre et nuancé arrivé en 2020 de Suisse (avec quelques casseroles), reçoit quatre invité·es pour débattre de cette condamnation "considérée soit comme une injustice, soit au contraire comme une justice avec nous sur ce plateau", introduit-il. Rochebin semble ici promettre un relatif équilibre des opinions.

Sur le plateau donc, on trouve d'un côté deux défenseurs·euses inconditionnel·les de Nicolas Sarkozy, son ancien conseiller en communication Thierry Saussez, et son ex-éditrice Isabelle Saporta. De ces deux-là, on n'attend rien de plus qu'un relais des arguments de Nicolas Sarkozy lui-même. "Je trouve que ça ne réhausse pas l'idée qu'on a de la France", lance ainsi Saporta. "Cette affaire n'est qu'une longue dérive", considère Saussez.

Ajoutons à cette défense bien assurée l'avocat "de gauche" (précise Rochebin) Patrick Klugman. Il consacre la quasi-totalité de son temps de parole à défendre l'iniquité d'une décision de justice fondée sur l'écoute judiciaire des échanges téléphoniques entre Nicolas Sarkozy et son avocat. "On s'est assis sur nos principes, sur des principes directeurs du procès pénal", assène Klugman.

Face à ces trois invité·es, seule la quatrième, la magistrate honoraire Evelyne Sire-Marin, prend la défense d'une justice identique pour tous les citoyens. D'une justice capable de sévir contre la corruption du pouvoir politique. D'une justice qui a pu, dans l'affaire, légitimement lever le secret dû aux échanges entre client et avocat et les verser à la procédure, dans le cadre de la commission d'une infraction.

Bref, un plateau "parfaitement calibré à trois contre un pour venir en défense de Sarkozy", résume l'ex-journaliste Luc Cédelle. Darius Rochebin aurait-il équilibré son plateau non par la répartition des invités, mais par celle des temps de parole ? Non plus : selon notre décompte, cinq à six minutes sont consacrées à défendre la décision de justice, pour près de 11 minutes dédiées à la défense de Nicolas Sarkozy. Du côté des extraits diffusés sur les réseaux sociaux par la chaîne, c'est encore plus unilatéral, puisque tous les trois défendent Nicolas Sarkozy.

Peut-être, alors, est-ce Darius Rochebin lui-même qui a permis l'équilibre promis en introduction de son débat ? Non, et même l'inverse, puisqu'il reprend sous forme de questions la totalité des arguments du camp Sarkozy. "On est dans un moment où on a mis sur écoute un avocat", répète-t-il par exemple à plusieurs reprises. Pour une infraction "qui n'a pas eu lieu", s'étonne-t-il aussi. Le Suisse s'inquiète-t-il ce que l'affaire Bismuth dit du rapport du pouvoir politique français à la corruption ? Non, lui se demande surtout s'il n'y a pas "un risque d'excès de moralisme". Il n'y a pas que la composition du plateau qui était parfaitement calibrée pour défendre l'ancien président de la République.

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Lire aussi

Sarkozy - Kadhafi : une défense très médiatique

Comment CNews, "Le Figaro" ou le "JDD" reprennent les éléments de langage du camp Sarkozy

LCI

Sarah Knafo, "envoyée spéciale" des chaînes d'info à Washington

Comment l'eurodéputée d'extrême droite a pu répéter cinquante fois le même élément de langage

Il y a 55 ans, au Biafra : première guerre africaine en direct, sous influence française

Une guerre civile et grave crise humanitaire au Nigeria, dont les images ont nourri les intérêts de la France

Sarkozy : les juges renvoient en procès, les médias couvrent le livre

"Que cela fasse si peu d'écho médiatique, c'est sidérant" pour Fabrice Arfi de "Mediapart"

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.