Des algues vertes aux ampoules durables
Les partisans de la censure auront leurs arguments (je ne pense pas seulement au ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, qui estimait ce matin, sur France Inter, cette campagne scandaleuse, surtout à quelques jours de l'ouverture du Salon de l'Agriculture). Certains de ces arguments sont d'ailleurs recevables. Les algues vertes sont issues des nitrates, dégagés par l'élevage porcin intensif. C'est très mal, l'élevage porcin intensif. Tout le monde est très contre. Mais les mêmes qui y sont très opposés (et auraient été scandalisés par la persistance de cette odieuse pollution si l'affiche litigieuse avait été effectivement placardée dans le métro), sont très heureux de payer les côtes de porc dans l'échine, au supermarché, à un prix modique, sans se demander pourquoi ce prix est si modique.
Les images-choc sont nécessaires, mais elles ne sont pas suffisantes (puissante, cette phrase, non ?) Elles n'expliquent rien. Indignons-nous, oui, mais après ? (pour reprendre les termes d'un débat récent). Après, il faut réfléchir. Plonger l'épuisante chaîne des causalités. Hier soir, je suis tombé par hasard sur un documentaire d'ARTE, consacré à "l'obsolescence programmée". En français: les fortunes dépensées par les industriels, pour que les objets durent le moins longtemps possible, et que tourne sans fin la grande roue de la consommation et de la croissance. Je connaissais le principe, comme tout le monde, mais pas son nom. Ni les exemples précis. Vous le saviez, vous, que les Allemands de l'Est avaient inventé une ampoule qui dure vingt-cinq ans, que les industriels de l'Ouest ont cessé de produire, après la chute du mur ? Dans ce documentaire, on apprenait aussi des choses tout à fait subversives sur la batterie en carton pâte de l'iPod (planquez vos ados, ça les démoraliserait). Des choses que la presse unanime, qui glorifie unanimement le Dieu Steve Jobs, ne nous dit jamais (et que j'ose à peine répéter. Ne ratez pas ce doc, qui va être rediffusé). Des choses à ne pas placarder sur les murs du métro. D'ailleurs ça tombe bien, elles ne le sont pas. Elles non plus.
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