Comment "Alain, 300 kg" a fasciné la presse locale
Mardi 1er décembre, après plus d’une année d’attente, Alain P., cinquantenaire souffrant d’obésité morbide, a été évacué de son appartement de Perpignan devenu insalubre, où il était coincé depuis une chute. Cette info est devenue un événement médiatique live-tweeté par la presse locale, critiquée pour son sensationnalisme.
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ou alors :
" Vous êtes gros, on vous accepte. Au nom de quoi ne vous accepterions nous pas ?
On ne connait rien de votre histoire alors on ne pas se lancer à vous donner des conseils, ni a juger votre situation. "
(l'obésité ne me concerne pas per(...)
Ha bah oui, pousser quelqu'un à changer son comportement en l'humiliant, ça a toujours été une méthode à succès...
Ne vous inquiétez pas, à vous lire, on comprend de suite que vous n'êtes pas obèse.
Et à lire votre "prescription" ("ce genre d'exposition peut causer un déclic chez la personne concernée si elle souffre de boulimie. "), on comprend aussi très vite qu(...)
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Article très intéressant sur la grossophobie dans Télérama il y a plusieurs mois, une discrimination dont on ne parle pas assez :
https://www.telerama.fr/monde/grossophobie-mais-pourquoi-on-rejette-les-gros,n6600232.php
Il n'est pas accès libre. Le voici pour celles.ceux que ça intéresse :
Exclusion à l’embauche, sièges inadaptés dans les lieux publics… “La société ne veut pas de moi, et elle me le prouve”, dénonce la militante Gabrielle Deydier. Avec d’autres, elle s’attaque à la grossophobie, discrimination insidieuse qu’on ne veut pas voir. Grâce à ces femmes, il semble que les choses soient en train de bouger…
Gabrielle Deydier se dirige vers la Maison des Métallos, lieu de création et de débats du 11e arrondissement de Paris. Nous sommes en décembre. Dans le cadre de la 4e Semaine parisienne de lutte contre les discriminations, la municipalité y organise une série de conférences : sexisme, xénophobie, homophobie, etc. Gabrielle doit ouvrir le bal, avec une discussion sur la grossophobie. Autrement dit, la stigmatisation des personnes de forte corpulence. « Dites plutôt “gros” ! nous reprend-elle, sourire aux lèvres. C’est essentiel d’être clair avec les mots. À vous de voir si vous y mettez ou non une connotation péjorative. Moi, en tout cas, je suis grosse, c’est factuel, mais je ne suis pas que cela. » Message reçu. Quant au terme « grossophobie », apparu au milieu des années 1990 et popularisé par la comédienne Anne Zamberlan, il était tombé dans l’oubli. S’il refait surface (au point d’être entré l’an passé dans le dictionnaire), c’est beaucoup grâce à Gabrielle : elle en a fait le pivot de son livre, On ne naît pas grosse, récit d’une trajectoire personnelle au cours de laquelle elle aura découvert, éberluée, la violence d’une société qui déteste qu’on sorte de ses normes.
Ce jour d’hiver, la quarantenaire aux yeux verts est de bonne humeur. « J’étais ravie de participer à ce débat mais en entrant dans la salle qu’est-ce que je vois ? Que des petites chaises en tissu avec des accoudoirs. Aucune dans laquelle je pouvais m’asseoir ! J’ai été saisie d’un fou rire et j’ai commencé mon intervention ainsi : “La société ne veut pas de moi et elle me le prouve.” Pas pour mettre quiconque mal à l’aise, mais pour montrer ce que nous vivons au quotidien. » La grossophobie, ou l’histoire d’une discrimination tellement intégrée dans les esprits qu’elle en devient invisible. « Elle relève de l’impensé dans notre société, reprend Gabrielle Deydier. Celles et ceux qui ne sont jamais restés bloqués dans un portique de métro parce qu’ils étaient trop larges ont du mal à comprendre. » Daria Marx et Eva Perez-Bello, qui témoignent elles aussi, dans un livre récent, de leur propre expérience (entre autres), vont plus loin : « Si vous n’êtes pas gros, vous êtes certainement grossophobe par défaut. » Vraiment ?
La France compte environ six millions et demi d’obèses et près de deux millions de personnes souffrant de surpoids (avec un IMC, indice de masse corporelle, compris entre 25 et 30, on parle de surpoids ; au-delà de 30, d’obésité). Or rien n’est fait pour eux. Les métros, les bus, les tramways : la plupart du temps, non équipés de sièges ad hoc. Les écoles, dotées d’un mobilier standard, et tant pis pour les enfants qui se cognent chaque jour les jambes contre les tables. Les hôpitaux, dont les lits sont rarement capables d’accueillir des gens de plus de 120 kilos – idem pour les chaises roulantes –, et où les blouses sont attribuées d’office aux patients, même s’ils ne peuvent pas les fermer. Les tensiomètres, aux brassards souvent trop étroits (or comprimer le bras augmente… la tension). Sans compter qu’à Paris seuls deux hôpitaux publics proposent des IRM version XXL !
À cela s’ajoute ce qui ne se mesure pas : le rejet social assumé, de la part de collègues, de serveurs, de vendeurs, ou même de médecins. « Un jour, j’ai voulu compter le nombre de remarques sur mon poids en vingt-quatre heures. Quand je suis arrivée à seize, j’ai arrêté », raconte Amandine, 34 ans. « Je ne vais plus dans les chaînes de fast-food. J’ai subi trop de moqueries. Des sons de vache ou de cochon », assure Mélusine, 32 ans (les deux témoignages sont extraits du livre de Daria Marx et Eva Perez-Bello). En 2015, le sociologue Arnaud Alessandrin a mené une enquête sur l’espace public à Bordeaux : 30 % des sondés estimaient y avoir subi des discriminations au cours des douze mois précédents. La proportion doublait chez les personnes en surpoids (65 %), et près de la moitié de celles-ci disaient éviter de sortir, par crainte de subir des brimades. « Vous vous rendez compte, déplore le sociologue, que ces gens se coupent des lieux de service, de loisir et de sociabilité ! » Pour les femmes, la pression s’avère particulièrement forte. Marielle Toulze, anthropologue de la communication, relève les preuves d’un ostracisme genré, jusque dans les boutiques de vêtements : « Autant on trouve facilement des chemises de grande taille pour les hommes à côté des modèles plus petits, autant les tenues féminines sont souvent reléguées dans un coin, à l’écart. Voire à un autre étage, accolées au rayon des femmes enceintes. »
Qu’ont-elles fait pour mériter cela ? Rien. Mais toutes traînent comme un boulet le poids de nos préjugés. Les hommes gros aussi, d’ailleurs. « On les imagine folâtrant entre les frites », écrivent sans rire Daria Marx et Eva Perez-Bello. Plus pernicieux, on les croit souvent incapables de se prendre en main, dépourvus de courage et de volonté. Un cliché aux conséquences graves, tant il entrave l’accès au monde du travail, régi par les valeurs inverses – rapidité, réactivité, opiniâtreté. Une discrimination à l’embauche désormais constatée par le Défenseur des droits, que le sociologue Jean-François Amadieu (auteur, entre autres, de La Société du paraître, éd. Odile Jacob, en 2016) a repérée depuis longtemps. « Les personnes obèses voient s’accumuler sur elles les stéréotypes négatifs. On les soupçonne non seulement de manquer d’énergie, mais aussi de compétences – là où un candidat au physique attrayant sera présumé dynamique et intelligent. On les rend responsables de leur corpulence, en estimant qu’elles n’ont qu’à moins manger et bouger plus. Les employeurs ont aussi tendance à penser qu’elles auront plus tard des problèmes de santé, donc qu’il ne faut pas miser sur elles. »
Gabrielle Deydier ne dira pas le contraire ; il y a même quelque chose de poignant à l’entendre retracer son parcours. « Lycéenne, je rêvais de devenir reporter de guerre. Le conseiller d’orientation m’a calmée de suite, en me disant que je ne courrai jamais assez vite. Puis j’ai entamé des études de cinéma, pour être scénariste, ou conceptrice dans la publicité. Tous mes camarades trouvaient du travail ; moi, j’arrivais juste à être surveillante… J’ai cru que je manquais de compétences. J’ai continué à me former, en graphisme, puis en science politique. Et de nouveau, je ne décrochais que des boulots de pionne. Chaque fois, les conseillers me prévenaient : “On ne veut pas de gros dans les milieux que vous visez.” Je refusais de l’entendre. Je croyais en la méritocratie. Dans mon dernier emploi, un poste d’assistante de vie scolaire, je faisais équipe avec une prof qui, dès le premier jour, m’a dit qu’elle ne voulait pas travailler avec une grosse. Comme ça, sans filtre. À force d’encaisser chaque jour des remarques sur mon poids, j’ai fini en dépression. »
Imagine-t-on les ravages de cette agressivité décomplexée ? Depuis plus de vingt-cinq ans, la psychanalyste Catherine Grangeard reçoit des patients obèses, dans l’autodénigrement et la culpabilité. « C’est difficile de diverger des normes. Soit vous êtes suffisamment solide pour les dénoncer et affirmer vos différences. Soit vous n’avez pas confiance en vous, et vous vous reprochez de ne pas correspondre à ce que les autres attendent. Vous vous sentez alors incapable, minable. » Tous les professionnels l’attestent, la grossophobie peut se muer en un cercle vicieux infernal : perte d’estime de soi, repli, isolement, compensation (en mangeant), manque d’activité et… prise de poids. Gabrielle Deydier ne cache pas s’être infligé des séances de « binge eating » (comme d’autres font du « binge drinking »), au cours desquelles elle avalait frénétiquement de la nourriture, jusqu’au malaise. « J’installais des coussins autour de moi pour être sûre de ne pas m’étouffer, si jamais je vomissais en étant inconsciente. » Manger, pour se punir. De quoi ?
L’obésité ne se résume pas, loin de là, à un laisser-aller. D’abord, elle est reconnue par l’OMS comme une maladie chronique, au même titre, par exemple, que le diabète ou l’hypertension – on peut maigrir, donc se débarrasser de son symptôme, mais on devra le gérer ad vitam aeternam. Ensuite, c’est une maladie multifactorielle, liée bien sûr à l’alimentation, mais aussi, parfois, à des facteurs hormonaux ou génétiques. Si elle touche plus particulièrement les populations défavorisées (les enfants obèses sont quatre fois plus nombreux dans les milieux ouvriers que chez les cadres), elle est surtout intimement liée au parcours de vie des uns et des autres. Plus d’un tiers des gros ont subi des violences sexuelles ou physiques – le surpoids apparaît comme une forme de protection. D’autres disent avoir été moqués, voire harcelés quand ils étaient enfants – le rapport au monde et à soi-même s’en trouve là aussi modifié. D’autres encore, qui estimaient avoir quelques kilos en trop, se sont lancés dans des régimes draconiens aux conséquences redoutables. Ce fut le cas de Gabrielle. « À 16 ans, je pesais 65 kilos. Je voulais en perdre 10. Je suis allée voir un médecin qui m’a diagnostiqué, à tort, un dérèglement des glandes surrénales. Il m’a donné un traitement et m’a mise au régime, pour perdre non pas 10, mais 20 kilos. Cela a perturbé mon corps et totalement changé mon rapport à l’alimentation. En moins d’un an, mon poids avait doublé. » L’écriture de son livre semble avoir marqué la fin du cauchemar. En tout cas, depuis, Gabrielle Deydier dit se sentir mieux dans sa peau. Elle a perdu 30 kilos, sans rien faire de particulier. Demain, elle compte en perdre davantage. « Je veux sortir de l’obésité. J’ai bien conscience, comme tout le monde, que le surpoids n’est pas optimal pour la santé. Je refuse de mal vieillir, je veux pouvoir me mouvoir sans souci… Mais je sais aussi que certains gros vont mal prendre ces propos, et se sentir trahis. Le seul fait de parler de maigrir peut leur sembler grossophobe. » Comme si cela portait atteinte à leur intégrité ; que le poids se chargeait d’une valeur identitaire. Il faut dire qu’en la matière les poncifs sont tellement désolants que les réactions peuvent être plus radicales qu’on ne l’imagine. Sujet aussi sensible que complexe.
Si Gabrielle rêve de s’alléger, elle n’envisage pas pour autant de se faire opérer. Elle se méfie. La chirurgie dite « bariatrique », qui va de la « simple » pose d’un anneau gastrique à une réduction de l’estomac – ou au contournement de celui-ci pour que les aliments passent directement à l’intestin – est en pleine explosion : soixante-huit mille interventions pratiquées en 2017, soit… quatre fois et demie plus qu’en 2006 ! La Haute Autorité de santé s’en est inquiétée, tant ces opérations devraient être réservées à des cas exceptionnels. À près de 90 %, elles concernent les femmes. Un signe de plus des injonctions sociales qu’elles subissent.
À Saint-Étienne, Marielle Toulze a engagé une étude auprès de quatre cents patientes, avant et après l’intervention. « Je voulais suivre leur évolution, pour définir ce que cette transition du corps fait basculer, physiquement, mais aussi socialement, dans les interactions avec la famille, la vie professionnelle, etc. D’abord, c’est un cheminement très long, vous passez devant des tas de médecins – pneumologue, nutritionniste, psychiatre, chirurgien. Vous êtes en permanence évaluée. Vous promettez que demain vous ne serez plus obèse. Toutes les femmes que j’ai interrogées s’en veulent d’en arriver à l’opération. Elles savent qu’à cinq ans le taux d’échec est de 70 %, ce qui ajoute une pression supplémentaire. Sans parler des répercussions sur la vie de la famille. Le taux de séparation des couples est extrêmement important. La chirurgie bariatrique est un vrai projet de vie, qui nécessiterait un accompagnement impliquant tous les proches. »
Rien de tel n’est mis en place. « Dans dix ans, près de 30 % de la population pourraient être concernés, poursuit la chercheuse. La société actuelle – mode de vie stressant, conditions de travail sans vraie pause déjeuner, double journée des femmes… – génère de l’obésité, tout en la stigmatisant ; et si les milieux précaires sont touchés, de plus en plus de cadres le sont aussi. C’est devenu un problème général. » Avec Arnaud Alessandra, Marielle Toulze travaille à la mise en place d’un Observatoire de la grossophobie, afin d’établir des chiffres précis et de convaincre les pouvoirs publics que le sujet est politique.
Daria Marx et Eva Perez-Bello l’ont bien compris. Fers de lance d’un combat qui se veut quasi révolutionnaire, elles ont créé Gras politique, à ce jour la plus militante des associations. « Ces femmes nous disent qu’elles existent, en dehors de stéréotypes genrés et fantasmés qui ne correspondent pas du tout à la réalité des êtres humains, commente la psy Catherine Grangeard. En effet, le corps est politique ! » L’association va jusqu’à publier sur son site Internet une liste de médecins et de soignants supposés grossophobes – et d’autres, à l’inverse, qu’on peut consulter sans crainte. De son côté, le Groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids, le Gros, qui réunit trois cent cinquante thérapeutes spécialisés (nutritionnistes, endocrinologues, etc.) et dénonce depuis plus de vingt ans les dangers des régimes, mène une action de sensibilisation auprès des médecins. Pour qu’ils se défassent de vieux réflexes stigmatisants.
Les mentalités commenceraient-elles à évoluer ? Récemment, plusieurs marques de lingerie ou de maillots de bain ont osé des publicités avec des mannequins bien en chair. Et sur les réseaux sociaux fleurissent les images de femmes qui n’ont pas honte de leur corps enrobé, portées par un mouvement, le Body Positive, qu’incarnent à l’international des stars comme Lizzo, et en France la créatrice de mode Gaëlle Prudencio (lire ci-dessous). Si la donne ne changera pas en un clin d’œil, il semblerait donc bien que les choses soient en train de bouger. On le doit au courage de quelques femmes ; et sans doute aussi aux effets de la vague #MeToo, qui n’en finit plus de remettre en cause les vieilles normes patriarcales. Gabrielle Deydier ne sera pas la dernière à s’en féliciter. Elle vient enfin de réaliser son rêve d’ado : faire un film. Son documentaire, sur la grossophobie, doit être diffusé sur Arte dans le courant de l’année.
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j' ai vu pas mal d 'article dans la depeche du midi ( groupe proprietaire du midi libre) et je viens de realiser d' une grande absence : celle du maire Louis Alliot RN . il n' a jamais été question de lui ..; sans doute l' histoire est elle peu glorieuse, meme s' il a pris le train en route ..; quartier à l' abandon, s 'ecroulant , l' ancienne municipalité, forte du refus d' Alain d' etre hospitalisé, lui a refilé les soucis ... et d' un coup l' avocat et le frere font appel aux medias pour activer le tout
C 'est plus flatteur d ' inaugurer les foires , certainement !
Elodie Poux : La vie c'est comme une boite de chocolats, ca dure moins longtemps chez les gros.
" les mois suiVANT l'alerte..." Participe présent et non adjectif verbal, MERCI
Ce n'est pas une ergoterie de puriste mais une question d'intelligibilité. Pour une journaliste, c'est bien le moins? '=( Sinon votre phrase n'a pas de sens..)
"Le moindre mouvement pourrait avoir de très graves conséquences sur sa santé, voire le tuer", souligne Radio 100%, ce qui expliquerait pourquoi "lui et son frère refusent l’hospitalisation et l’ouverture de leur domicile."
> J'avoue ne pas comprendre pourquoi ils refusaient l'hospitalisation, la raison donnée me semble au contraire une très bonne raison pour être hospitatlisé (ce qui a fini par ce produire).
NB: en lisant l'article de 100% radio, on voit qu'il n'y a aucune raison donnée à ce refus d'hospitalisation, c'est l'article d'ASI qui fait un raccourci et crée cette apparente contradiction logique.
Cette histoire me fait penser à la première scène crime (gluttony) de Se7en (en moins morbide heureusement, l'homme n'étant pas mort).
Bref , le monde malade se plait à montrer ses victimes !
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