Ecriture inclusive : "l'Académie va contre la langue française"
Depuis quelques semaines, l'écriture inclusive divise, entre prises de positions des éditorialistes, de l'Académie française, et détournements sur les réseaux sociaux. Au coeur du débat : la question de la langue. Faut-il la féminiser, la simplifier, la protéger? Qui a le pouvoir d'édicter les règles? L'Académie française est-elle légitime? Pour en discuter sur notre plateau, Eliane Viennot, professeuse émérite de littérature française et autrice du livre Non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin, Christophe Benzitoun, maître de conférence en sciences du langage et Hélène Eveleigh, professeure de français et formatrice à la retraite, membre du comité de rédaction des Cahiers pédagogiques.
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[…] une proposition de loi déposée le 28 juillet 2020 par neuf députés et députées, principalement du Rassemblement national, espérant « interdire l’usage de l’écriture inclusive par toute personne morale publique ou privée bénéficiant d’une sub(...)
Derniers commentaires
[…] une proposition de loi déposée le 28 juillet 2020 par neuf députés et députées, principalement du Rassemblement national, espérant « interdire l’usage de l’écriture inclusive par toute personne morale publique ou privée bénéficiant d’une subvention publique » […] commenc[e] par « présentée par Mesdames et Messieurs… ». C’est-à-dire PAR DE L’ÉCRITURE INCLUSIVE ! [Mymy, « Et si on se détendait sur le point médian ? », MadmoiZelle, 7 septembre 2020]
Horreur !
je viens de parcourir certains messages qui datent d'avant la nouvelle version du site, et je vois que le texte apparaît n'importe comment ... dans les messages de Coin-Coin, si délicieusement pleins de subtilités typographiques pour les références ( innombrables et précieuses) qu'il donnait, tout est devenu un liste de balises incompréhensibles.
Est-ce que ça veut dire que même si un jour les anciennes discussions sont récupérées, elles n'auront plus leurs titres, plus leur mise en forme ?
« [...] Il y a peu, j’ai lu dans un texte « le génocide des Juifs et des Juives », ce qui m’a fait un choc, parce que je me suis rendu compte que l’image que j’associais, lorsque j’entendais « des Juifs », était celle d’un groupe plutôt masculin. L’expression « les jeunes de banlieue » n’inclut pas vraiment les filles. Et quand on dit « les vieux », on pense à des hommes, alors qu’en réalité, il y a plus de vieilles que de vieux. [...] »
1. ISBN 978-2-321-01294-8, éditions Le Robert, 15 février 2018.
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
·. À gauche, à droite, au-dessus et en dessous du point médian.
%. Après avoir consacré trois mois et trois nuits entiers à l’écriture inclusive, Coin-coin jura : « Nom d’un pétard ! Iel pleut ! »
1. Prénom épicène.
2. Les pronoms ont été changés.
22. https://www.publicsenat.fr/emission/documentaires/francoise-giroud-autoportrait-80284, 26 décembre 2017.
03. http://www.ina.fr/video/CPD14000302, 7 février 2014.
?. Iel[2] ne précise pas si la machine était un Mac ou un PC.
1. Prénom épicène.
2. Avec des oreilles d’académicien dans Le Figaro, ça s’écrit « mon pair était mère ».
La seconde partie du débat, en compagnie de Kaoutar Harchi, Philippe Magnabosco, Claire Guiraud et Bernard Cerquiglini, fut beaucoup plus intéressante, bien que plus consensuelle : « Raphaële Enthoven notamment s’est défendu dès le départ en disant qu’il récusait le fait d’avoir été présenté comme conservateur ; il apparaissait comme un conservatoire de beaucoup, beaucoup de choses »II:1:58 ; « à part quelques conservateurs un peu bouffons, nous sommes tous d’accord pour que les choses évoluent »II:10:14 ; « je ne sais pas si Monsieur Raphaële Enthoven a déjà mis ce fameux manuel scolaire de Hatier entre les mains d’un enfant et vu l’effet que ça avait »II:13:30 ; « c’que nous a dit le conservateur tout à l’heure, c’était : “la langue, vous n’avez pas l’droit d’y toucher, on ne peut pas intervenir dans la langue”, alors que, en fait, on n’a pas cessé, et l’Académie elle-même n’a jamais cessé (...) le paradigme conservateur est contre l’intervention ; il la réserve... aux puristes »II:16:15.
e. Né(e) à Paris le 9 novembre 1975, d’après sa carte d’identité.
é. Ne pas confondre avec Nelly Viennot, première femme à avoir arbitré un match de championnat de France de football professionnel masculin.
f. Op. link. by Ghis in forum « Écriture inclusive : panique quai conti ! », 27 octobre 2017.
f. Journaliste au Figaro.
g. Par exemple, la page Wikipédia « Génération·s, le mouvement » a été pucée avant d’être mathématiquée et enfin médanisée (pendant que la version anglophone de la page se faisait curieusement bassisée).
h. Lettre muette, comme parfois le e : « Je pense que le français n’est pas sexiste — Moi oui. — le français a toutes les capacités pour exprimer l’égalité des sexes. En revanche, les locuteurs et les locutrices peuvent l’être — Moi non. — et je pense qu’il faut... — Je me tais. — Voilà, c’est mieux. » (I:20:38).
r. Rédactrice en chef de Terriennes, portail dédié à la condition des femmes ouvert par TV5 Monde le 31 mai 2011.
v. Afin de générer « un faux débat » (I:31:25).
Index des auteur·ices cité·es
Henri Beyle : I:17:45, I:31:48, I:39:36, I:39:54, I:40:24
Jean-Michel Blanquer : I:48:7, I:48:22, II:14:8
Pierre Bourdieu : II:19:42
Aimé Césaire : II:19:3
Yannick Chevalier : II:27:33
Caroline De Haas : I:48:27
Jacques Derrida : II:1:7
Sylvia Duverger : II:26:4
Laurent Fabius : I:46:31
Jules Ferry : II:18:47
Gustave Flaubert : I:39:36
Michel Francart : I:30:2, II:8:17, II:9:7, II:9:14
Pierre Gattaz : I:39:4
Lionel Jospin : II:29:13
Jean-Marie Klinkenberg : II:9:8
Ahmadou Kourouma : II:21:9, II:24:45
Émile Littré : I:22:7, I:24:55
Angela Merkel : II:29:53
George Orwell : I:6:30, I:17:23, I:19:3, I:26:23
Florian Philippot : I:39:9
François Premier : II:15:39
Marcel Proust : I:18:44, I:39:36
Jean Racine : I:23:47, I:23:56
Jean-Jacques Rousseau : I:22:3, I:24:52
Valerie Solanas : I:2:32
Kateb Yacine : II:18:59
Le Monde de demain27 décembre 2017, p. 19 a offert une tribune1/3 à Raphaël Haddad« jeune analyste du discours et communicant » qui dit à peu près le contraire de ce que raconte l’autre au-dessus. Malheureusement, nous n’avons rien relevé d’intéressant100 dans cette tribune.
1. Deux tiers de la page pour Claude Hagège, un tiers pour Raphaël Haddad.
75. La limite d’âge pour candidater à un fauteuil ayant été fixée à septante-cinq ans, gageons que son oipinion est parfaitement neutre.
80. Comme par exemple dans Le Figaro.
100. Plus précisément : rien de neuf, sauf : « Reconnaissons toutefois que le débat m’aura amené à circonscrire le recours de cette abréviation [...] limitons-en le recours aux termes dont la forme féminine s’obtient par ajout [comme “ami·e”, “étudiant·e” ou “intellectuel·le”] plutôt que par substitution [donc par de “correcteur·ice”]. » Puis il évoque le point médian unique : « S’agissant des formes plurielles, on peut également réduire la notation à un seul point et préférer “cinglé·es” à “cinglé·e·s” [...] ».
[Les Détricoteuses, générique]
M. L.@0:16 : Bonjour à toutes et à tous [...]
[Les Détricoteuses, Au miroir du passé, générique]
M. L.@0:50 : [...] car sachez-le « il n’y a qu’une seule langue, qu’une seule grammaire, une seule république » [...] on est donc dans un moment particulier de crispation de cette histoire de langue, mais nous on voudrait l’ouvrir, parce qu’il n’y a pas que l’écriture inclusive en fait, il y a tout un tas d’autres éléments de crispation linguistique.
L. D. C.@3:01 : Oui, alors voilà, ça fait quand même quelques années qu’on entend parler de la langue arabe comme un massacre contre la civilisation, qu’on entend parler là tout récemment des professeurs des écoles qui ne maîtrisent pas l’orthographe et donc c’est un véritable scandale, il n’y a pas longtemps la fameuse ordonnance de Villers-Cotterêts revitalisée par notre président de la République et son associé-patrimoine Stéphane Bern, régulièrement les enfants des quartiers populaires dont on dit qu’ils ne maîtrisent que cinq-cents mots et donc ça expliquerait en partie quand même le caractère un peu sauvageon de ces enfants, voilà, donc, [...] Pierre Bourdieu [...] Barthes aussi, voilà
M. L.@3:46 : ben oui [...] donc je vais d’abord passer la parole à Marine et, Marine, d’abord j’ai une question : depuis quand peut-on dire qu’on parle français ? Est-ce qu’il y a un premier texte en français ?
M. R.@5:07 : Alors oui, quand on fait l’histoire de la langue française, on a l’habitude de considérer qu’il y a un premier texte, et ce premier texte, il date de 842 et ça s’appelle les serments de Strasbourg [...] En fait, c’est un latin plein de fautes, le français de cette époque-là, une sorte de créole qui aurait réussi, voilà, le mélange de langues de plein de peuples qui habitent la France à cette époque-là. Et cette idée que le français, au départ, c’est une langue pleine de fautes et toute mélangée, vous imaginez bien, il suffit de voir ce que raconte notre ministre[Jean-Michel Blanquer] pour penser que ça a été très longtemps inacceptable. Donc pendant longtemps on a essayé de dire autre chose : [...] ça vient des Francs [...] c’était le dialecte de l’Île-de-France [...] Bon, c’est pas du tout le cas, maintenant on le sait, cette langue-là elle existe pas, c’est un dialecte qui n’est parlé nulle part, voilà. Dans le pays, il y a différentes parlures, très plurielles, très variées, [...] et au moment de créer la langue du pouvoir, on fait une sorte de mélange de ces différentes parlures qui n’existe que par l’écrit, en fait. Et donc on voit bien que le français qui se constitue tout de suite comme une langue écrite, dans la distinction avec les langues parlées, et cette distinction-là, elle fonde un pouvoir qui est le pouvoir des clercs, le pouvoir des savants, le pouvoir de ceux qui savent écrire. [...]
M. L.@8:42 : [...] Villers-Cotterêts [...]
M. R.@9:03 : [...] Pantagruel [...] un recueil de poèmes en occitan [...]
L. D. C.@12:39 : Autre chose aussi au XVIe siècle, me semble-t-il, c’est le moment où l’écrit se fixe par l’imprimerie, et je crois que les imprimeurs aussi ont du coup un rôle dans ne serait-ce que dans l’orthographe [...] Et puis l’autre enjeu toujours à cette même période c’est les guerres de Religion, protestants-catholiques, et le protestant c’est celui qui doit avoir accès au Livre, directement, donc on a aussi un parlé populaire qui va se fixer par l’écrit, et à l’inverse le latin qui résiste par le biais de la contre-réforme catholique.
M. R.@13:25 : Tout à fait, d’ailleurs les réformés protestants étaient les premiers réformateurs de l’orthographe, les premiers à promouvoir une réforme pour simplifier l’orthographe.
M. L.@13:34 : [...] la naissance des Immortels [...]
M. R.@13:52 : [...] un moment de très vif débat sur la langue, un peu comme ce qu’on vit aujourd’hui [...] Les enchantements de l’éloquence [...]
L. D. C.@19:47 : [...] la Révolution française
M. L.@19:56 : qui est de fait une révolution linguistique aussi [...]
L. D. C.@24:51 : [On arrive] à la période clé, qui est cette période de la fin du XIXe siècle, qui est une période vraiment d’homogénéisation nationale, il faut fabriquer du Français, donc on voit bien que là, il y a la logique de l’impérialisme linguistique [qui] va véritablement s’imposer [...] cette affiche est un faux [...] je le dis aussi à un auteur de Lundimatin[op. link., cf. supra] que il faudrait peut-être un peu vérifier ses sources [...]
M. L.@28:57 : Et alors, autre impérialisme de la fin du XIXe siècle et qui pose des questions linguistiques, c’est la colonisation, alors est-ce qu’il y a eu un impérialisme linguistique colonial ?
L. D. C.@29:06 : [...] Toussaint Louverture [...] cette langue française qui arrive, qui est la langue des élites, qui est la langue de l’école, elle va aussi stimuler des résistances de langues indigènes [...] On a aussi d’autres cas [intéressants par exemple] le français des Européens d’Algérie [n’est] pas le même français que celui de la métropole [et quand les pieds noirs arrivent en métropole] ils sont bien moqués pour ça [...] le français, il va se généraliser de manière beaucoup plus importante après la décolonisation [...]
M. L.@33:21 : Alors [...] les années quatre-vingt [...] quatre-vingt-dix [...]
L. D. C.@33:45 : [Alors] Benoîte Groult [elle] avait pour mission de féminiser les noms de métiers [...] [Et puis aussi] je voudrais qu’on écoute un linguiste qui s’appelle Pierre Encrevé [et] qui explique vraiment comment cette orthographe [...]
M. L.@36:18 : Oui parce que en fait l’orthographe on l’a choisie [difficile] exprès [...]
L. D. C.@36:54 : Alors, comme le dit la présidente de la Société des Agrégés [Geneviève Zehringer] : « la langue française n’est pas un toutou » [...]
M. L.@37:55 : Alors, peut-être on peut un peu conclure maintenant qu’on a fait un peu le tour de toutes ces questions, Marine ?
M. R.@38:01 : Oui, je crois, c’que ça nous montre là, l’histoire de la langue, c’est que la langue c’est un enjeu de pouvoir, parce que quand on définit le bon usage on définit aussi qui a le droit de parler [...] Ce qui veut dire qu’à l’école, quand on enseigne la maîtrise de la langue, on ne peut pas réduire ça à la question de bien exécuter l’orthographe. Maîtriser la langue, ça veut dire maîtriser l’histoire, maîtriser la possibilité d’agir sur la langue, pour la transformer, pour transformer la communauté politique. Si on veut former des citoyens, c’est essentiel qu’on les forme à partir d’une réflexion sur la langue comment elle s’est construite et comment eux ils peuvent continuer à la construire.
L. D. C.@39:10 : Essentiel aussi je crois [de] cesser de disqualifier certains enfants, et notamment dans les quartiers populaires, par rapport à leur langage [...] en matière d’inventivité de la langue, les jeunes ont aussi beaucoup à nous apprendre.
M. L.@40:07 : Voilà, moi pour terminer, enfin, c’qui m’marque c’est à quel point le français a énormément changé [...] comme j’ai commencé sur Barthes, je vais terminer sur Barthes [...] c’est vrai que juste avant de faire l’émission je relisais Texaco de Chamoiseau [...]
L. D. C.@41:11 : Donc pas « une langue, une grammaire, une république ».
M. L.@41:13 : Ah non ! D’ailleurs pas « une république » non plus mais ça c’est aut’chose.
L. D. C.@41:19 : Une petite bibliographie pour terminer :
- Éliane Viennot, Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ! ;
- Bernard Cerquiglini, La naissance du français ;
- Bernard Cerquiglini, Petite histoire de l'orthographe [?] [?] [?] [?].
Alain Rey a raison, l'usage finira par imposer, comme elle l'a toujours fait, une formulation à la fois correcte et pratique.
Avec ce léger bémol: quand j'étais petite, la dame qui venait faire les visites médicales scolaires, alors systématiques, on l'appelait "doctoresse". Ce mot , les "doctoresses" ne l'aimaient pas, à cause de sa connotation: il leur semblait (et il était) condescendant. Dommage, il était mieux, finalement, que docteure (il faut appuyer, de façon fort inélégante, sur le "reuh" pour se faire comprendre) ou docteuse (ou doctrice?).
Mais comment laver un mot de sa connotation? On a préféré l'abandonner.
« [...]
Au Moyen Âge, quand un couple se mariait, il déclarait son patrimoine, soit les biens hérités du père, et son matrimoine, ceux hérités de la mère. [...]
[...] Je travaille désormais depuis quinze ans sur les femmes dans le théâtre et en tirant le fil, j’ai trouvé une énorme pelote. Il y avait bel et bien des autrices à l’époque de Corneille et Racine, certaines étaient même traduites en Europe. [...]
[...] Molière et Corneille, on sait que l’on doit trouver ça formidable. Mais peu de gens connaissent les noms de Françoise Pascal, Madame de Villedieu, Antoinette Deshoulières, Anne de La Roche-Guilhen ou Catherine Bernard, pourtant mères du théâtre classique... [...]
Le travail de certaines d’entre elles mérite d’être réhabilité, mais aussi d’être remis en performance : il ne doit pas exister que pour la recherche scientifique ! Restaurer le matrimoine, c’est aussi expliquer toute cette histoire. Décréter sans pédagogie n’a pas de sens. »
1. Aurore Evain, « Histoire d’autrice, de l’époque latine à nos jours », in Sêméion n° 6, « Femmes et langues », février 2008, Université Paris Descartes, pp. 53-62, en ligne sur le site de la Siefar.
2. Voir sur son site la vidéo d’une conférence filmée le 15 septembre 2016 à la Préfecture de Normandie à Rouen ou deux textes (l’un pour le Mouvement HF en novembre 2017 et l’autre publié dans la Revue du théâtre des Îlets en 2016) intitulés « Vous avez dit matrimoine ? ».
Sur l’air de Bouteille mon amour
Oh Jésus mon amour !
Vous êtes dans la Crèche
Dessus la paille fraîche,
Et mille Esprits divins qui vous sont tout autour.
Oh Jésus mon amour.
[...]
Sur l’air de Philis vous avez dans les yeux
Bergers venez voir dans ce lieu
_ Cet Homme-Dieu
_ Né depuis peu,
_ Voilà sa Mère, et son Époux :
_ Quelle merveille !
_ Son Fils sommeille
_ Sur ses genoux.
Cette Pucelle a dans les yeux
_ Ce que les Cieux
_ Ont fait de mieux ;
_ Son front où brille la pudeur
_ Est un beau temple
_ Que l’on contemple
_ Avec ardeur.
___ La Vierge.
Bergers parlez un peu plus bas,
_ Ne marchez pas
_ Qu’à petit pas,
_ Voilà l’Enfant dans son sommeil,
_ Faites silence,
_ Qu’aucun n’avance
_ Qu’à son réveil.
Sur l’air de Les oiseaux vivent sans contrainte
Ha ! que d’Adam le premier homme,
_ Le morceau de pomme
_ Nous fit grand tort,
Sans cette cruelle aventure
Nous n’aurions jamais craint la mort,
Ni nous ni la race future
N’auraient éprouvé la rigueur du sort.
[...]
j’vous propose d’aller d’abord à la sortie des cours [...] c’est la règle la plus idiote que j’ai jamais entendue de ma vie, et que j’ai jamais comprise, d’ailleurs [...] en Normandie, une maison d’édition a fait de l’accord de proximité son identité [...] dès qu’il y a une règle de proximité dans l’ouvrage, il y a une note en bas de page1 [...] l’académicienne [...] les fleurs et les fruits sont quoi cette année ? [...] www.deezer.com [...] voilà le bureau des correcteurs, qu’on appelle cassetin [...] je pense que nous allons nous lancer dans une expérimentation [...] et pendant que le journal du soir réfléchit à l’expérimenter, d’autres médias se convertissent totalement à l’accord de proximité [...] globalement, tout le monde était plutôt d’accord pour le faire [...] www.youtube.com [...] pour rencontrer des adeptes du point médian, il faut pousser la porte des administrations publiques [...] à partir du moment où on a un levier d’amélioration pour le droit des femmes, et bien allons-y [...] ce n’est pas du tout le cas du conseil départemental [...] moi, j’suis désolée, j’suis très sensible sur le sujet, j’suis élue à la culture, j’m’intéresse beaucoup à la langue française, et je considère que toute mesure qui vient du jour au lendemain transformer la langue n’est pas souhaitable [...] la quette du point médian nous amène maintenant à Paris [...] école d’ingénieur-point-œufs-point-est-ce [...]
1. qui renvoie à la page 3 où la règle est expliquée
), un débat@36:47 avec Bernard Cerquiglini, oulipien, auteur notamment d’une « autobiographie de l’accent circonflexe » sous le titre L’Accent du souvenir, et Alpheratz, auteur·ice de Requiem, « le premier roman français où le masculin ne l’emporte pas sur le féminin » :
A.@40:04 : [...] ce n’est pas l’écriture inclusive, c’est le français inclusif, c’est-à-dire un ensemble de variations qui n’affecte pas seulement l’écrit, mais qui affecte également l’oral. [...] C’est un dialecte. [...] Un dialecte, c’est tout simple. Un dialecte, c’est une variation sociale d’une langue spécifique, qui n’est pas seulement géographique, ce sont des variations d’une langue qui est parlée, en l’occurrence, et c’est la grande force du français inclusif, car maintenant on fait du français inclusif sans le savoir, même nos adversaires [...]
B. C.@41:47 : [...] L’idée, c’est de se rendre attentif aux discriminations. [...] D’une façon générale, tout mot nouveau en français paraît laid. [...]
A.@46:03 : [...] Je vais apporter une solution à votre problème sénateur, sénatrice, sénataire, genre neutre, tout simplement. [...]
https://www.franceculture.fr/emissions/le-magazine-de-la-redaction/ecriture-inclusive-un-point-ce-nest-pas-tout
[...]
Et l’Académie française, alors ? On la pense légitime à parler de langue française alors que c’est une position usurpée : ce n’est qu’un club masculin traditionnel, sans grand pouvoir ni forte compétence, aucun linguiste n’y siégeant. Rien n’oblige à partager ses positions, souvent discutables et vite oubliées. Bref, ni l’État ni l’Académie n’ont pouvoir ni autorité sur la langue. Personne n’en décide, sinon celleux qui la parlent. C’est notre langue.
[...]
Le point médian est déjà présent sur les touches du clavier normalisé canadien [...]
[...]
Comment raccourcir ?
Détail important : où placer le point dans le mot ? Comment agréger « les rédacteurs et les rédactrices » ? Pas de « rédacteur·ice·s » encore moins de « rédact·eur·ice·s » ! Prenons exemple sur les fées et lutins du Québec qui ont quelques années de pratique d’avance et composent plus agréablement, avec un seul point par mot : « programmeur·euses », « rédacteur·ices », « inclusif·ives ». Point n’est besoin, en effet, de redoubler le signe avant la marque du pluriel.
[...]
Ta carte d’identité est déjà inclusive ! [« Né(e) le »]
[...]
1. « Bonne fée des users, Romy Duhem-Verdière est consultante UX, particulièrement soucieuse de sémantique et d’accessibilité. Elle a étudié la linguistique, l’art médiéval et parle HTML comme elle respire, amoureuse du Web for All. Créatrice de sites indépendants, elle documente et partage ses réflexions sur son blog, depuis 1999. »
2. « 24 jours de web est un site communautaire participatif. Chaque année, au mois de décembre, vingt-quatre autrices et auteurs se rassemblent et publient un article chaque jour de l’avent. »
1. En toute fin d'emission, Josiane Boutet affirme prématurément que la France est le seul pays d’Europe à ne pas avoir ratifié la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
[...]
D’après Alain Rey, qui se déclare acquis à ce qu’il appelle « l’idéologie » de l’égalité, « il faut d’abord que les mentalités changent pour faire bouger la langue ». Son argument : « Faire quelque chose contre l’inconscient collectif [...] ne peut pas marcher ». En un sens il a raison, mais c’est le serpent qui se mord la queue, la langue étant justement l’instrument de la perpétuation du sexisme dans l’inconscient collectif.
[...]
Partout où la langue est utilisée dans un but essentiellement instrumental, c’est-à-dire partout où elle ne renvoie à rien d’autre qu’à la lettre du message qu’elle est chargée de transmettre (offres d’emploi, règlements d’institutions, courriers administratifs, etc.), la généralisation de l’écriture inclusive est à mon avis hautement recommandable. [...]
[...]
En revanche [et en] littérature, [...] si je tente de décrire l’ambiance dramatique d’un incendie (pure hypothèse), je ne vais pas écrire que « les pompiers et les pompières sont arrivé·es trop tard » [...]
[...]
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
Et puis ajoutons qu’on trouve chez Racine d’autres exemples d’accords de proximité ne prêtant le flanc à aucune ratiocination de ce genre :
« Mais le fer, le bandeau, la flamme est toute prête » ;
« Mon repos, mon bon heur sembloit estre affermi ».
Appel pour que la Constitution garantisse l'égalité femmes-hommes
Par AFP le 14 décembre 2017 [dépêche dans sa version relayée par Notre Temps]
Le Laboratoire de l'Egalité lance un appel pour que l'article 1er de la Constitution soit réécrit afin de "garantir" l'égalité entre les femmes et les hommes, à l'occasion d'une future révision constitutionnelle, a-t-on appris jeudi.
"Il est nécessaire que l'égalité entre les femmes et les hommes soit affirmée au sommet de la hiérarchie des normes de notre République", écrit dans un communiqué le Laboratoire de l'Egalité, qui rassemble "1 300 hommes et femmes" issus de différentes sphères (associations, entreprises, réseaux de femmes...).
Cet "appel du 18 décembre" sera appuyé par une pétition sur change.org et une campagne sur les réseaux sociaux avec le hashtag #article1er, lancées lundi à l'occasion du premier "Parlement du féminin" à l'Opéra comique à Paris.
Les initiateurs de cet appel souhaitent que l'article 1er de la Constitution soit réécrit avec deux ajouts: "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens et les citoyennes (en ajoutant "les citoyennes") sans distinction d'origine, de race, de religion ou de sexe (en ajoutant "ou de sexe")".
Ils souhaitent par ailleurs une modification: "La loi garantit (au lieu de "favorise") l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ainsi qu'aux responsabilités professionnelles et sociales".
La formulation actuelle, "prudente", n'est "pas suffisante et laisse de nombreuses pratiques sexistes subsister dans plusieurs sphères de la vie sociale, politique et économique", souligne le Laboratoire de l'égalité. Il estime que les "aménagements simples" qui sont proposés "clarifieraient le texte fondateur de la République française et engageraient ses dirigeant·es et ses citoyen·nes".
Le président Emmanuel Macron a déclaré l'égalité entre les femmes et les hommes "grande cause du quinquennat".
Plusieurs réformes institutionnelles qu'il a promises nécessitent une révision constitutionnelle, et les députés ont commencé à réfléchir à de possibles évolutions.
Informations complémentaires données par Les Nouvelles NEWS :
[...]
Le Laboratoire de l’Égalité avait déjà formulé cette demande en 2016. Cette modification avait d’ailleurs été proposée auparavant, en 2013, par la Délégation aux Droits des femmes de l’Assemblée nationale. Sans résultat.
[...]
Ajouter cette précision, sans distinction « de sexe », c’était aussi une demande formulée le 8 mars dernier par des membres de la délégation aux Droits des femmes du Sénat. Leur proposition de loi constitutionnelle, visant à « inscrire le principe d’égalité devant la loi sans distinction de sexe » a été renvoyée devant la commission des Lois, sans suite à ce jour.
[...]
par Raphaëlle Rérolle (Le Monde, 14 décembre 2017, p. 16)
Le débat sur l’écriture inclusive divise les Immortels, et crée des remous au sein de l’Académie française, institution à nette dominante masculine
[...]
Un seul sujet, dans les batailles actuelles, les rassemble sans l’ombre d’une hésitation : le point médian. [...]
[...]
Sur la féminisation des noms de métiers, de titres et de fonctions, en revanche, les avis sont beaucoup moins uniformes. [...]
Qu’on en juge : si tout le monde admet qu’une dame fabriquant du pain est une boulangère, il en va autrement pour une femme qui écrit. « Auteure », pas question, cela violerait l’étymologie ; mais alors, pourquoi pas « autrice », sur le modèle d’actrice ou de factrice (admis dans l’édition de 1935 du dictionnaire de l’Académie française) ? « Horrible ! lance Alain Finkielkraut. Une craie qui crisse sur un tableau noir ! » [...]
[...]
[...] la controverse fait rage sur l’épineuse question du neutre. On sait que la langue française ne connaît pas cette forme, contrairement à l’anglais. Mais dans son texte de 2014, l’Académie défend l’emploi du masculin grammaticalement neutre, incluant un féminin virtuel dans lequel les femmes sont priées de se reconnaître. Faux, rétorque Dominique Bona, cette affirmation relève d’un « grand mensonge ». Soit on admet le masculin, affirme-t-elle, « soit on généralise la féminisation ». Danièle Sallenave la rejoint sur le fait que « le masculin n’est pas neutre, il a été choisi comme genre dominant ».
[...]
L’accord de proximité, qui donnerait le dernier mot à l’ultime nom d’un groupe (« les hommes et les femmes sont douées »), suscite une perplexité polie, mais ne révulse personne. À peine est-il traité de « misérable petite rustine » par Frédéric Vitoux. [...]
[...]
Joint par L’Express, Jens Villumsen, conseiller national LR proche de Valérie Pécresse et auteur de la capture d’écran qui a mis le feu aux poudres, raconte être tombé sur la mention en écriture inclusive en allant voter, samedi soir. « Sur le fond, je reste persuadé que l’écriture inclusive vient de la gauche radicale », ajoute-t-il.
Selon le service communication des Républicains joint par 20 Minutes, l’utilisation de l’écriture inclusive est « un choix de la Haute autorité » présidée par Anne Levade. « Aucune modification n’est possible avant la fin du scrutin », a précisé le parti. Anne Levade précise de son côté qu’il s’agit d’une « boulette » : « C’est une formulation du prestataire de service qui est passée entre les gouttes. Nous avons été attentifs sur tout, la taille des boutons, le design, mais personne n’a vu ça. »
« Comme le rapporte le Huffington Post, cette découverte n’a pas manqué de faire réagir les membres et élus du parti de droite sur les réseaux sociaux », rapporte France (TV) Info (.fr). « Jean d’Ormesson vient de mourir une seconde fois » après cet emploi de deux tirets, se lamente un internaute qui signe à Valeurs actuelles. « Quel désastre », déplore l’ancien ministre de l’Éducation nationale Luc Ferry. Un conseiller national du parti envisage même de s’abstenir de voter à la suite de cette provocation lexicale : « Vous ne pensez tout de même pas sérieusement qu’on va accepter de participer [à l’élection] alors que le texte est en écriture inclusive ? », rapporte Marianne.
--
Non, le débat a encore quelques mérites, parmi lesquelles, surtout, de cartographier les plus bouffons des réactionnaires. [...]
Oui, parfaitement. [...]
Là réside sans doute le problème des partisans de l’écriture inclusive : leur tiédeur. [...]
Mais Barthes parlait donc de littérature...
Éliane Viennot, professeu[se] de littérature française, défenseuse de l’écriture inclusive, l’a bien rappelé : [...]
Est-ce que la littérature n’aurait aucun rapport à l’écriture inclusive ? [...]
Nous l’avons vu, il convient simplement de lire la circulaire du 21 novembre 2017 du Premier Ministre pour s’en rendre compte : [...]
L’autre camp s’avère plus difficile à cerner. [...]
Le bon usage est-il toujours « prescrit » ? [...]
La question manquée est peut-être la suivante : qui parle ? [...]
Et si nous préférions, tout simplement, la langue courante ? [...]
https://lundi.am/Ecriture-inclusive-ecriture-totale
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1. Prononcer Monsieur Blanquer.
2. Dans Marianne.
« [...]
[...] Il faut lire l’excellent ouvrage publié en 201[6] sous la direction d’Éliane Viennot, L’Académie contre la langue française. Le dossier « féminisation », qui décrit avec un humour mordant la guerre sainte de l’Académie contre l’égalité des sexes.
Au Québec, la féminisation des titres est, pour ainsi dire, de l’histoire ancienne. En effet, c’est 20 ans plus tôt qu’en France, en 1976, que les nouvelles élues du Parti québécois ont demandé et obtenu des titres au féminin (la ministre, la députée, la présidente). Les désignations féminisées sont aussitôt reprises à l’Assemblée nationale ainsi que dans les médias. [...]
[...]
« Confondre sexe et genre est la marque d’une ignorance crasse, et un péché grammatical », tonne Maurice Druon en 2005. Dans sa chronique du Devoir du 10 novembre dernier, Christian Rioux partage l’avis de l’ex-Secrétaire perpétuel quand il écrit : « En français, il n’y a pas d’équivalence entre le genre grammatical et le sexe. » Contrairement à ce qu’affirment MM. Druon et Rioux, il y a une corrélation très forte entre le genre naturel et le genre grammatical pour les noms des êtres animés. [...]
[...]
Est-ce aux Immortels que songeait Alain Rey quand il déclare dans les pages du Monde du 25 novembre dernier que « La langue est une page d’histoire un peu figée qui est souvent racontée par des vieillards gâteux » ? L’impertinence du directeur du Petit Robert et du Grand Robert explique peut-être pourquoi celui-ci n’a pas été invité à revêtir l’habit vert et le bicorne. Pourtant, le Service du dictionnaire gagnerait grandement à s’adjoindre cet éminent lexicographe. Il est vrai que l’Académie s’enorgueillit de ne compter aucun linguiste en ses rangs…
[...] »
https://marwen-belkaid.com/2017/12/01/ce-que-nous-dit-le-debat-sur-lecriture-inclusive/
en premier lieu l'équipe d'@si qui a ouvert le débat par l’émission,
puis les nombreux abonnés, pas toujours d'accord entre eux mais ça a donné lieu à des discussions intéressantes
et mention spéciale à Coin-Coin, vraiment !
Maintenant, c'est rituel : je me connecte à @si, je viens voir si par hasard y'aurait pas du nouveau sur ce forum !
http://euchronie.org/2017/11/30/faut-il-dire-seigneur-e-lecriture-inclusive-au-moyen-age-actuel-moyen-age/
Source : https://actuelmoyenage.wordpress.com
Auteur·rice : Florian Besson
Moissonneur·euse : Annelise Rodrigo
Aire(s) géographique(s) : Europe méridionale, Europe occidentale
Période(s) : Moyen Âge (476-1492)
« Le souvenir de son parfum, l’empreinte résiduelle, à peine sensible, de son épaule appuyée ce matin contre la mienne tandis que nous parlions me torturaient. Je sentais comme le fantôme de sa présence contre moi ; sa main, un instant posée sur mon visage, sa cuisse que le peu de place dont nous disposions pour nous asseoir avait amenée contre la mienne. J’avais la sensation dans ma chair du contact de ses membres alors qu’ils n’étaient plus là pour la provoquer ».
Attention, vous venez de lire un paragraphe entièrement rédigé en écriture inclusive, ce français de contrebande, désormais proscrit dans les textes officiels sur décision du Premier ministre.
Ces lignes sont extraites de Sphinx, publié en 1986 par Anne F. Garréta. Le roman est une prouesse linguistique qui vaudra à l’auteur une entrée dans le prestigieux Oulipo : l’auteur raconte une histoire d’amour entre deux protagonistes sans qu’il ne soit jamais possible de deviner leur genre.
Je relis les "Vies minuscules" de Michon Pierre et je retombe sur ça, oublié entre le reste:
" Parmi les palabres patoises, une voix s'anoblit, se pose un ton plus haut, s'efforce en des sonorités plus riches d'épouser la langue aux plus riches mots.....la Belle Langue ne donne pas la grandeur , mais la nostalgie et le désir de la grandeur."
Je voulais partager. C'est bien le forum!
« [...] Fada d’opéras depuis son adolescence, elle préfère les compositeurs baroques, à l’instar de Georg Friedrich Haendel, « aux massacreurs de voix » du XIXe siècle qui ont imposé « le dogme du genre » dans la musique. « Je lis peu de littérature contemporaine car je m’endors au bout de trois minutes quand je me couche », ironise-t-elle. [...] »
« En tant que spécialistes du français contemporain ou de l’histoire du français, nous nous réjouissons de l’ampleur des débats linguistiques qui ont lieu actuellement, aussi bien dans les cafés, les repas de famille que dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ils témoignent de la vitalité de cette langue partagée par plus de deux cents millions de francophones sur tous les continents. [...]
[...] Au fond, il suffit de faire participer le plus grand nombre à ces débats et, au bout d’un moment, des tendances émergent, les dictionnaires et les grammaires les enregistrent, et les débats se calment… avant de reprendre, trente ou cinquante ans plus tard.
Les positions exprimées récemment par des membres de l’Académie française montrent leur ignorance des mécanismes des changements linguistiques, ce qui n’est pas surprenant. [...]
[...] Une langue n’a pas de visage ; c’est un système avec des règles en partie arbitraires, en partie motivées. Quand ces règles ne correspondent plus aux besoins, elles changent, que les puristes veuillent l’admettre ou non. Si l’on observe les courriels, tracts, textes officiels et même certaines professions de foi politiques, on ne peut que constater que des changements d’usage sont déjà en cours. Faut-il les entériner, les freiner ou les accélérer ? Les débats sont vifs. Mais personne ne peut nier ces débats, et personne ne doit les confisquer, pas même l’Académie, qui a récemment publié un communiqué alarmiste — qu’on aurait pu prendre pour une parodie ! — pour mettre en garde les francophones contre un soudain et mystérieux « péril mortel » qui guetterait le français (déclaration du 26 octobre 2017).
[...] Le français se trouvera en péril mortel le jour où l’on cessera d’en débattre. L’Académie disparaitra le jour où l’on cessera de lui accorder de l’audience. Si quelque chose devait être en péril mortel aujourd’hui, ce serait plutôt l’Académie. »
Plus tôt dans la journée, Manon Massée, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacquesdepuis le 7 avril 2014 et co-porte-parole de Québec solidairedepuis le 21 mai 2017, lors un point presse, répondait à des questions dans le hall principal de l’hôtel du Parlement :
Mme Massé : [...] Nous, on est, depuis notre fondation, je vous dirais, dans cette recherche d’utiliser l’écriture épicène, donc d’essayer le plus possible de dégenrer notre écriture. Et je pense que cette proposition-là s’inscrit là-dedans, mais, ceci étant dit, les membres trancheront cette question-là la semaine prochaine.
M. Dion (Mathieu)[Correspondant de @RadioCanadaInfo à l’#Assnat] : Ça ne va pas un peu trop loin ? Qu’est-ce qu’on fait de langue maternelle, par exemple ? Tu sais, est-ce qu’on ouvre une boîte, là, finalement, puis on n’en finira jamais ?
Mme Massé : Ce qui est beau de l’écriture épicène, c’est justement de tenter de faire en sorte de dégenrer. Quand vous me parlez de langue maternelle, c’est intéressant. La langue maternelle, c’est quoi ? C’est que les femmes sont les seules responsables de la transmission de la langue ? Est-ce que c’est ça qu’on entend ? Comme, le patrimoine, est-ce que c’est seuls les paters qui sont responsables de cette transmission culturelle, des biens et avoirs ? Alors, moi, je pense que l’idée, là… On est au XXIe siècle, on peut commencer à réfléchir à ces questions-là sans en faire un drame national.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/haute-vienne/limoges/ecriture-inclusive-afpa-feminise-metiers-1373821.html ·
Íslenska beygingarkerfið er flókið og hefur ekki breyst mikið frá forníslensku. Nafnorð og fornöfn beygjast í kyni, tölu og föllum. Kynin eru þrjú: karlkyn, kvenkyn og hvorugkyn. Í hverju kyni eru misjafnar beygingarmyndir. Föllin fjögur sem voru til í forníslensku hafa öll varðveist, en þau eru nefnifall, þolfall, þágufall og eignarfall. Lýsingarorð beygjast í kyni, tölu, föllum og þremur stigum (frumstigi, miðstigi og efsta stigi). Auk þess hefur hvert lýsingarorð sterka og veika beygingu. Ákveðinn greinir er skeyttur við nafnorð, eins og á hinum norrænu málunum, en enginn óákveðinn greinir er til á íslensku. Töluorðin einn, tveir, þrír og fjórir beygjast í kyni og föllum, en hin töluorðin eru óbeygð. Þérun er í rauninni útdauð í málinu, og er notuð aðeins í kaldhæðnum eða hátíðlegum tilgangi í dag.
« Pour les défenseurs de l’écriture inclusive, le choix de l’accord au masculin est hautement politique, malgré ce qu’affirme Jean-Michel Blanquer dans son interview à Inter », poursuit Juliette Deborde avant d’ajouter que « [l]e Haut conseil à l’égalité y voit aussi une trace de la domination masculine dans la langue française ». « On nous explique aussi qu’il est plus correct de dire “Il est important (de faire ceci)” plutôt que “c’est important”. “Ce” est pourtant un vrai neutre. Mais on a préféré favoriser le masculin », lui a confié Éliane Viennot, dans l’avant-dernier paragraphe.
[...]
[...] Depuis son romantisme conquérant, Victor Hugo le disait déjà en son temps : il faut mettre un bonnet rouge au dictionnaire https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Contemplations/R%C3%A9ponse_%C3%A0_un_acte_d%E2%80%99accusation. L’écriture inclusive a, quant à elle, décidé de lui mettre un bonnet rose que Blanquer notamment veut faire passer pour un bonnet d’âne.
[...]
[...] il convient de s’entendre sur ce que l’on appelle « écriture inclusive » [...] Il existe [...] deux écritures inclusives – voire trois.
La première d’entre elles est l’écriture inclusive managériale : elle est la parlure Macron [...] Le management fait toujours de la femme un accessoire et du langage une décoration de Noël : le langage est toujours le discours d’un discours du discours. [...]
La deuxième écriture inclusive est, cette fois, celle que condamnent précisément les membres du gouvernement [...] Le principe en est simple et irréfutable dans ses présupposés pourtant contestés : l’écriture inclusive épelle le réel jusqu’à désirer l’épuiser dans tous ses retournements et ses contournements possibles du féminin. [...]
[...] dans cette même seconde catégorie, il faudrait semblablement ranger l’écriture inclusive qui se développe en ce moment et qui prend la langue comme source vive dans l’onde de choc de l’affaire Weinstein. C’est la parole libérée, libre et déferlante de « #balancetonporc » et « #metoo » [...] Cette écriture inclusive qui révèle les harcèlements sexistes procède depuis l’intérieur de la langue, depuis sa zone de non-dits, depuis sa grande taisure à figure de culpabilité [...]
Et enfin, il y aurait un troisième écriture inclusive – ou plutôt sa possibilité parce qu’encore trop peu employée [–] [...] au cœur de laquelle les hommes parleraient au féminin et déconstruiraient leur rapport verbal à la virilisation de la langue. [...]
[...]
[...]
Le Duden, le dictionnaire de référence allemand, propose l’utilisation du slash (les professeur/es) ou des parenthèses (les professeur(es)). Des associations féministes proposent d’autres méthodes pour l’écrit, comme les professeur*es, les professeurEs, les professeur_s… Le principe : être créatif.
[...]
Plus que les partis politiques, ce sont surtout les universités qui sont les fers de lance de l’utilisation de l’écriture inclusive. [...] « [...] Mais l’attitude des universités diffère en fonction des régions et de la place que les femmes y occupent. Les universités ne sont pas toutes aussi combattives que celles de Berlin[ », explique une des employées de l’université libre de Berlin (FU).]
[...]
En 2014, une nouvelle proposition a fait le tour des réseaux sociaux et provoqué des commentaires « si haineux, qu’on se serait dit dans les années 1930 » selon le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung. [...]
1. « [N]ul n'ose parler de franches-maçonnes. Il y a bien des maçonnes, appelées sœurs, et même des Grandes Maîtresses ; mais que l'on dise franc-maçonne ne va pas sans intriguer. Pis encore, alors que le pluriel est francs-maçons pour les hommes, il est, paraît-il http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/franc-ma%C3%A7on_franc-ma%C3%A7onne_francs-ma%C3%A7ons_franc-ma%C3%A7onnes/35048 https://fr.wiktionary.org/wiki/franc-ma%C3%A7on, franc-maçonnes pour les femmes. [Le problème] se pose déjà pour franc-maçonnerie : l'emploi de franche-maçonnerie, qui devrait aller de soi[2], reste des plus discrets. »
2. N.d.C.-c. : Est-ce que vous en connaissez des qui disent la Franc-Comté ou les Francs-Montagnes ?
« Dans sa circulaire parue ce mercredi au Journal officiel, condamnant l’écriture inclusive, le premier ministre a devancé l’Académie en proposant une féminisation totale des fonctions. Celle-ci s’en inspirera-telle ? », se demande Le Figaro, qui a réussi à se procurer une copie de l'échange de lettres entre Monsieur le premier président de la Cour de cassation et Madame le Secrétaire perpétuel de l’Académie française.
Tous les jours 24 h sur 24.[/large]
Continue, j'aime.
« Vous savez, il y a une loi aujourd'hui encore qui n'a pas été abrogée qui dit que les femmes ne peuvent pas porter de pantalons. » #fottorino #mansplaining [@9:59]
« je vous demande de systématiquement recourir, dans les actes de recrutement et les avis de vacances publiés au Journal officiel, à des formules telles que « le candidat ou la candidate » afin de ne pas marquer de préférence de genre ».
— [@53:47] Qu'est-ce que vous inspire toute cette polémique autour de l'écriture inclusive ?
— Pas grand-chose.
— [...] l'Académie française a parlé de « péril mortel » [...]
— Je pense qu'elle exagère beaucoup, parce que l'écriture inclusive c'est simplement une espèce de petite manipulation au niveau graphique [...] un texte d'écriture inclusive vous pourrez pas le lire oralement, ça marche pas du tout. [...] c'est un petit peu le même problème que les écritures de tweets ou de sms, qui ont été accusés de tous les maux, ça allait faire disparaître la langue française. En réalité, ça peu gêner un peu l'apprentissage de l'orthographe, ça c'est vrai [...] Cela dit, l'intention est louable parce que il est vrai que la langue française est horrible [...] [avec] le masculin qui prédomine d'une manière très excessive. Mais c'est un héritage collectif de centaines et de centaines d'années sur des millions et des millions de personnes [...]
— Mais vous être d'accord pour dire que la langue française, où le masculin prédomine, influe sur les esprits, sur la structure mentale et peut créer du machisme ?
— Je pense que oui. [...]
— [...] Est-ce que c'est à nous législateurs, êtres humains, penseurs... à intervenir dans une langue ?
— Très difficile. La langue, c'est ce qu'il y a de plus démocratique au monde, ça vient de la masse et si le changement est vraiment voulu par une majorité, il va se faire de toute façon. Et c'est pas la peine de lutter contre.
[...] Je me suis rendue compte en consultant la liste des 314 que j'étais la seule signataire « québécoise » [...]
[...] une journaliste m'a contactée : elle semblait plutôt en faveur de notre démarche, mais elle a simplifié, voire déformé mes propos par manque de compréhension et/ou d'information sur le sujet. [...]
[...] La réaction de notre ministre reste vague : condamne-t-il l'écriture inclusive, l'accord de proximité, les deux ? [...]
[...] La Belgique est plutôt à la pointe pour les réformes de langue, mais sur ce sujet-là il y a division des linguistes ou silence. [...]
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/11/20112017Article636467594583535357.aspx
L’argument serait là que les écoliers, en l’occurrence des CE2, ne peuvent se mettre au point du milieu… alors qu’on leur enseigne le subjonctif et le futur antérieur. Un futur dans le passé, c’est quand même nettement plus compliqué qu’un point avant un «e».
Aujourd'hui, Hélène Dumais donne priorité dans sa pratique à l’utilisation de formes féminines complètes. « “E” majuscule, barre oblique, point médian, parenthèse : les formes tronquées, je ne trouve pas ça satisfaisant comme façon de faire. J’ai l’impression qu’on me ramène en arrière. On avait essayé ces formes avant de les abandonner », explique-t-elle.
Abandonnées (point médian & cie) ? Vraiment ? Jean-Pierre Le Blanc, porte-parole de l’Office québécois de la langue française (OQLF), indique précisément que les formes tronquées1 portent encore à débat : « Nous revoyons actuellement notre position sur ce dossier particulier à l’Office », déclare-t-il dans un article publié le 20 septembre 2017 par Montréal Campus, journal des étudiants de l’Université du Québec à Montréal (UQAM2).
1. Graphies tronquées : recours à différentes marques graphiques (parenthèses, trait d’union, barre oblique, point) ou à la capitale pour inclure le féminin.
2. L’institution écrit : « L’acronyme UQAM coiffé de l’accent grave [UQÀM] est la signature promotionnelle de l’Université du Québec à Montréal. Il s’agit donc d’un logo et non d’une règle d’écriture. Ainsi, lorsque l’acronyme UQAM est utilisé dans des textes courants, il doit être écrit sans accent. »
« L'écriture inclusive [...], elle est déjà là et change déjà des choses », a répondu Raphaël Haddad interrogé par L'Express14/11/2017. En 2017, « le langage inclusif s'est banalisé dans le discours de meeting électoral ». « [C]es pratiques commencent à avoir une application concrète dans les ministères, à l'Assemblée nationale, à l'ENA et dans les collectivités territoriales. » Bientôt partout (sauf à l'école).
La France a comme emblème une femme, Marianne ; l'un de ses plus beaux mots est féminin, la République ; et notre langue a porté bien des combats féministes, hier, aujourd'hui et encore demain.
« En clair : une Marianne, une République, que peuvent donc bien encore réclamer les féministes ? » https://www.marianne.net/politique/pas-besoin-ecriture-inclusive-embleme-de-la-france-est-une-femme-balaie-ministre-education
- Marc Lambron, de l'Académie française (« Le langue français ») ;
- Marie Darrieussecq (« La grammaire aussi fabrique le monde »), qui avoue qu'elle « pratique déjà l’accord au féminin de façon assez discrète dans [s]es romans » ;
- Sam Bourcier (« Fuck le point médian »), pour qui « la véritable écriture inclusive, [...] c'est l'écriture « neutre » ». « On peut écrire autrement. Je le fais dans mon dernier essai », ajoute-t-il ;
- Pierre Jourde (« Ne soyons pas exclusivement inclusifs »), qui est favorable aux accords de majorité et de proximité mais voit mal les formules à rallonge ou les points médians s'imposer dans la littérature littéraire : « L’écriture inclusive convient, à la rigueur, aux documents administratifs, circulaires ministérielles et autres écrits officiels, bref à tout ce qui est pesant, bureaucratique, illisible, rasoir » ;
- Hélène Cixous (« Fable »), qui « sai[t] gré à Éliane Viennot d’avoir fait la lumière sur les circonstances de ce crime » (le « décret insidieusement salique qui proclame que le masculin est plus noble que le féminin ») ;
- Éliane Viennot (« “Le Corbeau et le Renard” en écriture inclusive : une fake news de plus »), pour qui ce sont « les écrits de nos jours et pour nos jours qui sont concernés », y compris et notamment la constitution et son préambule. Les écrivain·es sont libres d'écrire comme ils·elles veulent.
Le dossier est suivi par la chronique de Delfeil de Ton (« Sauvons le genre humaine »), qui évoque la robote Sophia qui, « première mondiale, vient de se voir reconnaître la nationalité [saoudienne] ».
"A Y avait-il des savants"
Donc en gros titre on inclus les deux sexes et par la suite qu'un seul ?
https://www.humanite.fr/sexualite-avant-18-ans-ce-que-dit-la-loi-645428
Et ensuite, quelle étape sera franchie? Mariage dès 9 ans-ou avant- comme c'est le cas dans de nombreux pays?
1. Son nom de naissance s'écrit « Lévy », avec un accent.
Du point de vue de la féminisation de la langue, il me semble qu’il est légitime, comme le souligne Eliane Viennot, de donner des noms féminins à certaines fonctions. Elle voudrait « professeuse » au lieu de « professeure » et « autrice » au lieu d’ « auteure ». Pourquoi pas ? D’autant qu’elle dit se référer à des étymologies d’un passé relativement proche dans lequel ces mots existaient. Très bien. Pas de problème ! Tout le monde (et là, je parle des enfants à l’école) comprend très bien que « Madame Le Président » est une expression ridicule, qui ne peut pas tenir dans la durée….
Que l’on utilise régulièrement des expressions telles que « les agriculteurs et les agricultrices », c’est un peu long, mais pourquoi pas ? Que l’on rappelle aux enfants que le mot « hommes » dans l’expression « hommes préhistoriques » est un neutre qui englobe femmes et enfants ….évidemment, c’est du bon sens et pourquoi ne pas changer, tant qu’à faire, ce mot « homme » en « humain » comme le préconise Eliane Viennot, dans l’expression « droits humains »…pourquoi pas ? Voire, « peuples de la préhistoire » et ainsi de suite….
L’écriture inclusive avec son « point médian » c’est autre chose. Il me semble qu’Eliane Viennot (encore elle) en parle avec mesure lorsqu’elle suggère que cette graphie soit utilisée dans des articles de presse et des communications politiques, voire dans la recherche universitaire et non dans l’enseignement primaire et secondaire. Le manuel Hatier a donc tort d’introduire cette graphie, dès le CE2 et on voit bien qu’il a d’autant plus tort, qu’il l’emploie en dépit de la logique dans l’expression « Agriculteur.rice.s » Là encore, laissons prévaloir le bon sens. Car le « point »médian ne facilite ni la lecture ni l’écriture. Or, notre jeunesse ne sait plus écrire, et lire non plus. Et ça, c’est grave !
Je me réfère maintenant au manifeste des 314 enseignants daté du 07.11.17 et qui s’engagent à ne plus enseigner à l’école l’accord du masculin qui prévaut sur le féminin. Il est quand même possible de se débarrasser de ses obsessions et d’arrêter de confondre genre et sexe, torchons et serviettes…. Si je dis « les torchons et les serviettes » que j’ai lavés, je ne pense pas faire du mal à la cause féminine. Guy Konopniki a écrit un bel article sur ce sujet dans Marianne, dans lequel il met en garde contre la réécriture du solfège dans lequel une blanche vaut deux noires. Ce qui me préoccupe, c’est que 80% de nos élèves ne savent pas accorder un participe passé…c’est ça le sujet ! Apprenons-leur à écrire correctement, ce ne sera déjà pas si mal !
Pour ce qui est de l’attaque « bourdieusienne » contre la glottophobie, que tente de défendre Christophe Benzitoun, je pense qu’il se fourvoie. Comment peut-on imaginer un monde non-discriminant ? Tout le monde « discrimine » dans un sens ou dans l’autre. Le vêtement, la coiffure, le tatouage, la gestuelle, le langage, l’accent, la voiture, le téléphone, le quartier où l’on vit… tout est là pour rappeler qu’on appartient à un « clan » ou à un autre. C’est le mythe de Pygmalion dans la pièce éponyme de Bernard Shaw, qui transforme une petite fleuriste en duchesse en lui apprenant à parler selon les codes de l’aristocratie. Le rôle de l’école devrait être de donner des clés, d’aider au décodage des signes, d’enseigner les règles au plus grand nombre d’élèves possible et non de faire croire qu’il existera un jour un monde merveilleux dans lequel tout le monde aimera tout le monde et tout le monde sera respecté pour sa seule valeur « humaine ». La discrimination par le langage est d’abord une discrimination par la pensée. Celui qui ne maîtrise pas le langage, ne peut exprimer clairement sa pensée. Une personne qui possède un vocabulaire restreint et ne connaît pas la syntaxe, (je ne parle même pas de culture générale) ne peut s’adresser aux autres pour se faire comprendre. Le rôle de l’école devrait être de donner au plus grand nombre l’accès à la compréhension du monde par la connaissance la plus riche possible de la langue. Cette langue est celle des « dominants » ? Oui, mais celui qui la connaît peut la détourner, se l’approprier, en faire une arme affutée. Celui qui ne la connaît pas, ne peut que se taire et souffrir dans son coin.
La langue est amenée à changer mais elle change sous la pression des usages. Qui emploiera encore l’indicatif après le connecteur temporel « après que » dans quelques décennies ? La pression des usages ne doit cependant pas amener à privilégier l’usage sur la règle, quand on l’a apprise. Les enfants de bourgeois savent parler « djeun » mais ils savent aussi parler « normalement », voire employer un langage châtié qu’ils apprennent dans leur familles. Les enfants des classes populaires les plus défavorisées ne savent que parler « djeun » parce que l’école n’est plus assez rigoureuse dans ses ambitions. Et ce ne sont pas les influences apportées par des chercheurs tels que Christophe Zitoun qui arrangeront le problème puisque celui-ci a plutôt tendance à vouloir aller dans le sens de l’appauvrissement des règles, de leur simplification, afin que celles-ci soient plus « accessibles » au « peuple », ce qui est assez méprisant pour le peuple et sous-entend qu’il est constitué d’individus moins intelligents que ceux des classes plus favorisées.
L’expérience des enseignants de l’université est rappelée par Pierre Jourde dans La culture bouge encore, tome 2, publié en 2016, suite de La culture qu’on assassine. Il évoque sa propre expérience: « cela apparaît, en fac de lettres dès les premières copies, avec des dix ou douze fautes d’orthographe par feuillet, un langage à peine compréhensible….. Des générations entières de jeunes gens ont réussi à demeurer quinze ans dans le système scolaire sans acquérir la maîtrise de base de la langue. »
J’ai moi-même décidé de quitter le lycée après avoir enseigné la littérature en terminale L. Lorsque j’ai constaté qu’une majorité des élèves de ma classe était incapable de lire deux œuvres aussi simples que Lorenzaccio et Zazie dans le métro (Musset et Queneau), lorsque j’ai vu ce que ces mêmes élèves étaient capables d’écrire en fin de terminale et que j’ai constaté que tous avaient eu leur bac, j’ai jeté l’éponge !
Je vis la même expérience à l’IUT, avec certains étudiants de première année dont les textes sont à peine compréhensibles. L’école ne remplit plus son rôle qui était celui d’apporter à tous les enfants le meilleur de la culture française afin que la naissance et le milieu social d’origine constituent le moins possible un obstacle à l’ascension sociale. A force de simplifications, d’allègements, de complaisance, de laxisme, on creuse les inégalités sociales : tous les tests Pisa le rappellent.
Oui, je suis réac. Ce n’est pas la peine de me le dire !
modifie·e i fois derniere modification le xi xi le xi xi mmxvii par coincoin
Les buts du langage inclusif n'ont pas été rappelés et ses ressorts n'ont pas été évoqués. Y-a-t-il des études empiriques sur l'impact de l'écriture inclusive ? Des exemples de pays où elle a fait évoluer les mentalités ? Quelle différence entre le ".e." et le "(e)" utilisé depuis des lustres ?
A regarder de l'émission, on a l'impression de deux blocs antagonistes qui s'accordent à dire d'un air entendu que l'écriture inclusive est soit la meilleure des choses soit le pire des ennemis, sans avoir débattu une seule seconde d'arguments plus sérieux que "c'est moche" ou "ça emmerde les académiciens ces vieux boucs arriérés".
Tous les arguments contre ont été balayés d'un revers de main dédaigneux (normal vu ceux qui ont été choisis) et l'analyse de la question de la complexité de l'écriture inclusive promise par Daniel en début d'émission est complètement passée à la trappe.
Personnellement, tout en rejoignant la démarche de fond, je trouve la notation avec des points perturbante pour la lecture, non pas d'un point de vue esthétique mais cognitif, le point étant d'habitude un marqueur de fin de proposition logique. Sans faire preuve ni d'un dithyrambisme béat ni d'un rejet réactionnaire, on devrait se poser la question du bilan entre ce qu'on y perd et ce qu'on y gagne. A cet égard, je préfère la solution pratiquée depuis des dizaines d'années dans le monde anglo-saxon qui consiste soit à utiliser le pronom féminin par défaut soit à alterner féminin et masculin au fil d'un texte.
Je les pose ici en tant que questions. Que les Amazones prêtes à bondir sur le macho essaient de m’épargner.
Y a-t-il moins de femmes violées, battues, assassinées par des queutards pleins de bonne conscience dans les pays dont la langue voit le féminin et le masculin vivre en harmonie sous le regard bienveillant mais sourcilleux d’un neutre qui tient la chandelle ?
Y a-t-il dans ces pays moins d’inégalités de salaire et de responsabilités liées au fait que l’on est une femme ou un homme ?
Je suis convaincu que dans une certaine mesure, le langage structure la pensée. Mais dans une certaine mesure seulement.
Ne sommes nous pas en train de regarder le doigt alors que c'est la lune qu'il nous faut scruter ?
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/15/Ognons-vilmorin.jpg
Comment l’écriture peut-elle être inclusive alors que tout dans la langue n’est que discrimination, différence du sens et différance du référent et pour finir, lecture c’est-à-dire « sélection » ?
Pour l’écrivain, « la bêtise c’est de vouloir conclure », pour le grammairien, de vouloir inclure !
Avez-vous regardé de quand date la masculinisation de "Sage-femme" : maïeuticien ?
On trouve ce terme dans la 9e édition du dictionnaire de l'Académie française en cours de rédaction. Les académicien.ne.s sont arrivés à la lettre R, donc point de "Sage-femme" pour le moment ;)
Définition proposée par l'Académie : http://www.cnrtl.fr/definition/academie9/maïeuticien
« XXe siècle. Néologisme. Emprunté du grec maieutikos, « qui sait accoucher les femmes ». Personne qui accouche les femmes. (Ce terme a été limité par l'usage aux hommes exerçant la profession de sage-femme.) »
Wikipédia m'apprend :
"La profession s'ouvrant aux hommes (depuis 1980), on a proposé « sage-homme », « matron » (sur le féminin « matrone »), « maïeuticien » (proposé à l'Académie française) ou « maïeutiste » (hellénismes savants), « parturologue », termes finalement tous écartés par l'Académie française au bénéfice de « sage-femme » pour les deux sexes, malgré la bizarrerie de l'expression appliquée à un homme.
(Le Robert - Dictionnaire historique de la langue française - Alain Rey et al. Paris 1992)"
On n'est pas loin de 1984 d'Orwel que Raphael Enthoven à appeler à la rescousse de façon si mesurée.
P.S. : mon petit Robert me dit d'ailleurs que "Masculinisation" est un nom féminin ;)
P.P.S. : pour le moment, le Trésor de la langue française informatisé, lui n'en veut pas. http://www.cnrtl.fr/definition/maïeuticien
Les postes non pourvus sont aussi très secondaires par rapport à l'écriture inclusive et à la suppression des filières.
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
Ces académiciens conservent au formol la langue comme d'autres les scorpions
Ils dorment sous la coupole et ne se réveillent que tous les 20 ou 30 ans au bruit d'une cédille qui disparaît ou d'un tréma déplacé. Et là, les voilà ressuscités dans leurs beaux habits verts et ils bataillent jusqu'à risquer l'apoplexie pour empêcher la langue de sortir du carcan où ils l'ont mise
L'écriture inclusive leur a redonné des émotions. Elle a même distrait Finkielkraut de ses obsessions. Rien que pour cela, elle mériterait déjà toute sa place... aussi inclusivons mes sœurs et mes frères
Roman écrit sans "e" dont Pérec donnera rapidement la clef dans la dédicace de "W ou le souvenir d'enfance" : "pour E" .
E: Eux, ses parents .
Son père mort au combat en Juin 1940 .
Sa mère morte à Auschwitz ...
Cette fois-ci il est question d'autodafés où on jetterait l'oeuvre de Pérec "traduite" par Schneiderman .
Ca commence à faire beaucoup .
A quand sa venue dans le cadre d'une future émission? Pas trop tard non plus, svp - la dame a 86 hivers.
Et on ferait une pierre deux coups...le genre est une construction, grammaticale, sociale (ou autre ?).
Par exemple, je suis sûre que M. Pivot aurait été tout à fait contre l'introduction de l'accent circonflexe ou de la cédille ou des accents lorsque les imprimeurs du XVIe siècle les ont introduits, puisque c'était des nouveautés.
Apparemment, cette réforme de l'écriture tombe à point nommé pour relancer le marché des manuels scolaires.
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10155828511864350&set=p.10155828511864350&type=3&theater&ifg=1
enseignants au nom de la préservation de la qualité de l'enseignement. Il est écrit par Alexandre Fiebig et peut enrichir notre réflexion par quelques informations complémentaires:
"Alexandre Fiebig : Commentaire en forme de billet d'humeur et de lassitude.
La #GraphieInclusive avec un « • » est une matrice typographique militante "racine + suffixe masculin + • + suffixe féminin (+ • + pluriel éventuel)" qui a pour effet visuel de placer le masculin en premier et au contact direct de la racine, sans le séparer, ce qui ne change donc rien, puisque le masculin, venant en premier, l'emporte toujours sur le féminin, qui en plus est relégué et isolé par un « • » du reste de la graphie. Cet outil marketing de l'agence de communication d'influence Mots-Clés prend en otage le combat féministe universaliste et la parité pour de basses visées mercantiles, puisque cette agence vend des formations à son propre manuel ...
Alors qu'accorder les noms de fonctions, grades, métiers et titres avec le sexe des personnes qui les occupent et user du féminin et du masculin par l'énumération par ordre alphabétique, c'est de la véritable égalité, ce n'est pas brevetable, c'est à tout le monde, c'est de l'#ExpressionParitaire, identique à l'écrit et à l'oral. De même que recourir aux termes épicènes, qui est de l'#ExpressionNeutre. Avec l'une et l'autre, chacune et chacun peut faire comme bon lui semble. Cela s'appelle tout simplement la liberté d'expression.
https://www.facebook.com/ManuelsCollege2016/posts/1328897163922359
L'agence de communication d'influence #MotsClés a conçu son manuel d'#ÉcritureInclusive en novembre 2016. L'entreprise, qui commercialise des formations à ce type d'écriture en entreprise, met à disposition ce manuel, gratuitement, pour "sensibiliser à cette nouvelle orthographe". Quoi de plus que les recommandations du Haut Conseil à l'Egalité en novembre 2015 ?
Rien. À part le point-milieu • (ou point médian) dans la graphie militante "racine + suffixe masculin + • + suffixe féminin (+ • + pluriel éventuel)".
Pour vendre ces formations, quelle meilleure pub' que le tsunami créé par le manuel Hatier [https://goo.gl/bcyT9j] ? Bien plus efficace que le site https://www.pointmilieu.fr/, que le triptyque http://www.ecriture-inclusive.fr/ + Ecriture inclusive + https://twitter.com/Ecritureinclu, et que les site, page FB et compte Twitter #MotsClés.
https://www.facebook.com/ManuelsCollege2016/posts/1323568337788575
Trois points constituent le nœud de l'affaire et chaque point doit être pris séparément, à savoir : 1?la #GraphieInclusive et ses points médians ; 2?l'#ExpressionParitaire qui consiste à utiliser systématiquement le masculin et le féminin dans des énoncés du type de "Les professeures et les professeurs de Lettres réunis en Conseil d'enseignement ont décidé que etc." ; 3?la féminisation des noms de métiers et de fonctions: "professeure, autrice ou auteure", etc. Chacun des points mérite une réflexion particulière, car chaque point a des problématiques spécifiques.
Et justement, l'agence de communication d'influence Mots-Clés, je le répète, prend en otage le combat féministe universaliste et la parité, en liant les 3 points pour de basses visées mercantiles, puisque, je le rappelle, elle vend des formations à son propre manuel ...
«Les écoles doivent rester un asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas». #JeanZAY La graphie avec un « • », militante, "n’a rien à faire à l’école [https://goo.gl/fvLj4C], ni dans le primaire, ni dans le second degré", et n'a pas sa place dans un manuel scolaire destiné à des élèves de CE2 [https://goo.gl/bcyT9j].
Et cette irruption de la graphie militante avec un « • » dans un manuel scolaire de primaire, Mme Viennot se garde bien d'en parler. D'ailleurs toutes les défenseures et tous les défenseurs de la graphie avec un « • » se gardent bien d'évoquer cette affaire de manuel scolaire, l'occultent, la négligent, bref, essayent de faire oublier que le débat d'aujourd'hui a démarré le 23/09/2017 avec l'article de Marie-Estelle Pech [https://goo.gl/bcyT9j] sur le manuel #Hatier que j'avais repéré moi-même quelques jours avant.
A quand un vrai débat de fond sur la présence de cette graphie militante avec un « • » dans un manuel scolaire de primaire ?"
La bascule s'est faite par les guerres. De pouvoir, mais aussi de religions (la Papauté contre les Cathares, puis les Protestants). Notre culture et nos accents ont été réprimés, même si - et c'est assez drôle - nos supermarchés eux-mêmes s'en réclament désormais pour faire vendre!
Les Espagnols anti-franquistes ont fait le reste à partir de 1936 : malgré les camps dont ils ont souffert, ils nous ont rendu une partie de notre patois et de notre patrimoine. Vichy lui-même a été dérouté contre nos maquis auxquels les allemands ne comprenaient rien grâce à notre dialecte (bon d'accord, heureusement que les américains sont finalement intervenus). Mais quand même, quelle jolie langue... No pasaran!
Gaëlle Sartre-Doublet
Il me semble à la lueur du Suédois et de l'Anglais lorsqu'ils découpent les mots ainsi, qu'il est plus facile de lire agriculteur·trice que la forme agrilculteur·rice ou je lis le mot rice que j'ai tendance à lire d'ailleurs avec le son Anglais "raysse" de par mes origines mais je doute qu'il en aille autrement pour de nombreux Français, le terme "rice" n'ayant pas à l'oeil d'existence en Français
En tous les cas merveilleux départ pour cette émission avec la séquence 1. Je m'attends donc à être aussi satisfait que Bruanne
Un ministre, une ministresse
Ne pourrait-on pas faire l'effort, à l'avenir, d'invités des personnes aux opinions au moins un peu différentes ? Les conférences de consensus me font toujours un peu mal à l'âme.
On est au XXIème siècle, à l'ère de Twitter. Toute tentative de changer l'écriture dans un sens qui la RALLONGE n'a aucune chance d'aboutir. Personne n'en voudra parmi les jeunes, que ça vienne de l'académie française ou d'une quelconque approche organique.
Tout le monde est d'accord pour dire que le masculin par défaut est une bizarrerie. Ce qu'il nous faut, ce n'est pas
docteur.esse
c'est
doc (neutre).
Ca il n'y a que l'académie qui peut faire. Tous les ans, créer une version neutre de quelques mots, avec comme règle:
- doit contenir une trace de tout ce qui fait sens dans l'éthymologie
- mais rester plus court que la version la plus courte du mot (généralement le masculin)
- et signifie donc la même chose, mais en neutre.
Ce faisant on rajoute du sens : genre neutre, sans perte d'éthymologie, et on gagne de l'efficacité.
Mais tout ce que j'ai supporté de voir de la discussion... perte de temps intégrale. Rien de tout ça n'ira nulle part.
Quelques éléments pour alimenter la réflexion sur les processus de domination à l'oeuvre dans les choix orthographiques.
La source de cet inventaire est ici !
on trouve, au XVIe siècle,
« le blanc neufart » chez Ronsard,
« le nenufar » chez Rabelais,
« le nenuphar » chez Charles Estienne (médecin) et Ambroise Paré (chirurgien) ;
au XVIIe siècle :
« nenufar » (Philibert Guybert, médecin),
« fleurs de nénuphar » (Olivier de Serres, agronome),
« l'huile de nénuphar » (Nicolas Abraham de la Framboisière, médecin) ;
au XVIIIe siècle :
« Les nénufars fleuris » (Anne-Marie du Boccage),
« Le sirop de nénuphar » (Encyclopédie de Diderot et d'Alembert) ;
au XIXe siècle :
« les clairs du cresson et les nénufars » (Balzac),
« les nénufars jaunes et blancs » (Nerval),
« la belle plante appelée nénufar, nymphéa » (Sand),
« les nénufars criaient dans leurs lits » (Baudelaire),
« Et dans les nénufars baisaient la Nymphe blonde ! » (Rimbaud),
« les nénufars des bords » (Zola),
« la fleur du nénuphar blanc » (Chateaubriand) ;
au XXe siècle :
le « nénufar » de la Vivonne (Proust),
« deux feuilles de nénufar » (Pierre Louÿs),
« les larges feuilles du nénuphar » (Jules Renard).
Et l'article de conclure : Avouez que cela donne l'impression d'avoir affaire à une graphie commune, dont usaient les poètes et les gens du peuple, et une graphie savante, surtout prisée des médecins et des botanistes. Littré ne dit rien d'autre : « nénufar ou, d'après l'usage des botanistes, nénuphar »
C'est à cette séquence que fait allusion une invitée.
A noter que la chroniqueuse de Ruquier croit que c'est le ministère de l'éducation qui fixe l'orthographe.
C'est mignon.
Et une preuve d'incompétence et d'impréparation aussi, mais bon ... chroniqueuse chez Ruquier, hein !
Concernant la complexité de l’orthographe, comme les invités ont fini par le dire, elle date de bien avant le XIXe siècle. Il me parait difficile de parler de complexification dans la mesure où il n’a jamais existé une orthographe simple et unique. Le XVIe siècle est marqué par des débats entre partisans d’une orthographe étymologique et partisans d’une orthographe phonétique. Le fait est que les étymologistes ont plutôt gagné la partie notamment parce qu’une grande partie de ceux qui savaient écrire connaissaient aussi le latin. Il était donc pour eux facile de lire et écrire une langue où la forme des mots rappelaient la forme latine qu’ils maitrisaient (parce qu’en effet, ils avaient appris à lire en latin avant de lire en français comme l’a dit l’une des invités). Pour autant, l’orthographe a été régulièrement simplifiée (entre autres par l'Académie) entre le XVIIe et le XIXe siècle notamment parce qu’elle n’était pas uniquement pratiquée par des latinisants : des femmes, des artisans et commerçants, des étrangers apprenaient à lire et écrire le français sans nécessairement connaitre le latin. Quant à savoir pourquoi on a quasiment cessé de simplifier l’écrit depuis le XIXe siècle, il est difficile de ne pas y voir un outil de domination sociale mais le fait est que cela coïncide avec l’apprentissage de l’orthographe par une partie de plus en plus importante de la population. Il est probablement plus difficile de faire accepter une réforme à une population plus importante, quand bien même ce serait dans son intérêt, d’autant qu’une grande partie des élites tient également un discours conservateur.
Concernant la norme orthographique faisant autorité aux examens, vu de l’intérieur, je peux témoigner qu’il n’y en a pas. Je corrige le bac et le BTS depuis de nombreuses années sans qu’on m’ait jamais dit à quelle norme j’étais censée me référer. C’est d’autant plus regrettable qu’il existe en fait des textes légaux censés s’appliquer aux examens en terme de tolérances orthographiques. La première version de ces tolérances datent de de 1901 sous l’égide de Ferdinand Buisson, ministre de l’éducation de l’époque qui a tenté de s’opposer à la domination de l’orthographe dans l’enseignement primaire et la formation des enseignants. Une grande partie de ces tolérances ont valeur légale et ont été reprises en 1977 par Haby dans un texte qui est censé être en vigueur aujourd’hui mais dont je n’ai jamais entendu parler en tant qu’enseignante. Buisson n’était cependant pas le premier à tenter de lutter contre la prégnance de l’orthographe dans l’enseignement. Jules Ferry avant lui demandait aux inspecteurs primaires et aux directeurs d’école normale en 1880 de « nous faire des hommes avant de nous faire des grammairiens » et déclarait : « épargnons ce temps si précieux qu’on dépense trop souvent dans les vétilles de l’orthographe, dans les règles de la dictée qui font de cet exercice une manière de tour de force et une espèce de casse-tête chinois ». Pour ceux que cela intéresse, n’hésitez pas à lire André Chervel, grand spécialiste de l’histoire de l’enseignement du français, dont les œuvres sont aussi érudites qu’accessibles.
La langue est d’abord produite par celles et ceux qui la parlent (ou l’écrivent). Ce sont les personnes qui parlent français qui "font" la langue française. D’un point de vue linguistique, le français parlé par Hollande ou Sarkozy n’est pas "meilleur" ou n’a pas plus de valeur que le français parlé par le boulanger ou l’ouvrière du coin: il s’agit de formes différentes, toutes aussi "valables" car produites par des locuteurs et locutrices francophones et comprises par les autres.
Ceci étant posé, les personnes parlant une même langue ont eu besoin (ou ont souhaité) fixer des normes pour diverses raisons. Les "règles" édictées par l’Académie française et autres institutions ne sont rien d’autre que cela : des normes. Et comme pour toutes les normes, il est intéressant de se demander qui les édicte et dans quel but (faciliter la communication, distinguer une élite... autant de raisons abordées dans l’émission). Comme toutes les normes, elles peuvent être modifiées ou remises en question... et c’est exactement ce que font les propositions d’écriture inclusive : elles remettent en question la norme "le masculin l’emporte". Ces propositions seront-elles adoptées par les francophones? J’en doutais il y a encore quelques mois, et j’ai l’impression que oui, elles sont en cours d’adoption. Elles répondent donc probablement à un besoin.
Pour celles et ceux que ça intéresse, je conseille vivement la lecture du livre de Philippe Blanchet intitulé "Discriminations: combattre la glottophobie" (éditions Textuel) qui traite du rapport à la norme linguistique et des discriminations qui en résultent (sujet abordé brièvement en fin d’émission avec la question des "accents").
N'étant pas professeure de français, je ne sais quelle est l'origine de cet affaiblissement de la maîtrise de la langue maternelle de la majorité de mes élèves. Je reste convaincue que la pensée s'affaiblit lorsque le vocabulaire s'appauvrit. Je reconnais aussi que c'est un truisme totalement assumé.
Une dernière petite chose : Daniel, vous devriez présenter plus souvent l'émission avec l'accent du sud. En grammaire, cet type de phrase se nomme l'emphase (par dislocation, d'après mes vieux souvenirs d'élève).
Est-il expliqué dans le texte quel était le contexte de cette citation ? Quelles sont les sources ?
Il est avéré que Gaxotte était contre l'admission de Yourcenar à l'Académie. Mais, y-a-t-il lieu de prendre cette formule comme autre chose qu'une boutade ?
Maïté par exemple avait un accent prononcé, alors est ce que ça passait parce que c'était de la cuisine et que ça évoquait des saveurs du terroir je ne sais pas. Mais ce n'était pas la seule.
C'est peut-être du à une professionnalisation de la formation de journaliste avec des écoles spécialisées qui formatent à une certaine idée du métier et du marché.
Merci ! :-)
Pour les accents des journalistes (et j'ajouterais acteurs dans les téléfilms, séries, etc), ça aurait été intéressant de comparer brièvement avec quelques autres pays, francophones ou non. Même si la langue de l'"élite" prime partout, ça aurait montré que la France est tout de même particulièrement centralisée sur ce point (comme sur d'autres)
Je pense aussi à l'exemple du Québec : au milieu du XXe siècle, les journalistes devaient parler "parisien" et puis (je ne sais plus trop quand), ils ont été libérés de ça et assumé le parler québecois. C'est toujours le cas.
Je mets le lien ici, car elle m’avait bien fait rire, à l’époque :
Pourquoi les journalistes ont tous cet accent ridicule ?
Une fois que l'on a dit ça, le problème qui se pose est celui de la référence à laquelle on se fie pour juger qu'une tournure est correcte ou pas. Et comme nous l'avons dit dans l'émission, cette question n'est pas simple. Par exemple, il est courant que des enseignants corrigent dans des copies d'élèves l'usage de points devant "et" ou "mais" alors que l'on en trouve de nombreux exemples... notamment chez Proust !
Si l'on regarde de près, les ouvrages de référence (grammaire et dictionnaire) ne sont pas tous d'accord entre eux. Dans un pays démocratique, la question de la langue de référence devrait normalement représenter un débat de société dans lequel on apporterait des informations historiques précises sur la construction du bon usage. Mais en France, on préfère se reposer sur l'Académie française pour gérer ces questions...
Petite curiosité : alors qu'en France on se bat pour dire "autrice", les comédiennes anglo-saxonnes se qualifient non plus de "actress" mais de "actor".
https://blogs.mediapart.fr/irma-afnani/blog/011117/lecriture-inclusive-occulterait-elle-le-neutre-grammatical-francais
Il y a beaucoup de mots que l'on croit masculins qui ne le sont pas du tout. Est-ce que la domination ne serait pas d'abord là, dans l'enfouissement de ce qui est neutre ou féminin, sous le masculin ?
Qu'en pense le grand prête de l'étymologie Alain Rey ?
PS : Et quid des faux participes passés que certain·e·s se croient malin·e·s d'ajouter ? (on ne dit pas "je me suis faite avoir", même quand on est une femme, parce que c'est le verbe "se faire avoir" - contrairement, par exemple, à "je me suis faite toute seule, sans l'aide de personne"). En d'autres termes, ne faut-il pas souvent commencer par interroger le fonctionnement de la langue, avant d'imaginer une réaction valable et pertinente à la domination masculine dans la langue ? Et n'oublie-t-on pas à peu près toujours de le faire ?
les relances de DS sont parfaites ( obligé de se faire l'avocat de Sarkozy, ça demande un grand professionnalisme, respect ! :-D )
On n'a pas eu droit au plateau conçu pour se battre, du coup les réflexions et raisonnements peuvent être développés, personne ne crie ni n'essaie de prendre le dessus, les invités disent " je ne sais pas !" quand ils ne savent pas, donnent des exemples précis, prennent parti et l'assument ... mais c'est le pied !!
Un régal !
J'espère que nous serons nombreux à "voter pour ce contenu" afin de la rendre libre d'accès très vite.
Merci, merci, merci !!
Un accent qui pointe ... ou qui tire ?
Mais il y a peut-être différentes éditions.
Je pense que le fait qu'ils réfléchissent sur la phrase " L'époux va à la plage" fausse leur perception.
Si, dans un contexte administratif, on rédige par exemple un formulaire il sera effectivement discriminant de demander le nom de l'époux si l'on veut en fait le nom du concubin, partenaire de PACS, etc ...
Il y a encore pas mal de formulaires administratifs que les femmes doivent remplir en mettant " nom de jeune fille" puis " nom d'épouse" et ça fait un peu d'un autre âge, vu que ça ne marche plus comme ça pour l'état civil.
Si quelqu'un veut bien m'expliquer la nuance entre " Indien d'Amérique" et " Amérindien", celle-là m'échappe tout à fait.
***--***
Et tant que j'y suis, une remarque, mais vraiment en forme de clin d'oeil, sur la gazette 516 qui annonçait l'émission d'aujourd'hui.
DS y a écrit : " la domination de l'accent parisien, dans les médias nationaux, sur les accents régionaux"
Pour moi qui ne suis pas du tout parisienne cette formulation est TRES parisienne : car il n'y a que les Parisiens qui ne se pensent pas comme habitants d'une région. Héritage d'un passé où le Roi avait ses provinces, sans doute ? La France, c'est Paris, et puis il y a toutes ces terres éloignées que l'on possède, comme des colonies. :-D
Jusqu'à il y a 15 ou 20 ans, on entendait " en province", puis c'est devenu politiquement incorrect, ion a entendu " en région", c'est peut-être plus ancien ( lien avec la politique de décentralisation ?)
Je vois dans cette formulation " accent parisien" / " accents régionaux" une trace de cela.
Quand on est Parisien, on ne pense pas " la domination de l'accent parisien sur les autres accents régionaux" ni " sur les accents des autres régions" ni " sur les autres accents". Non, il y a Paris, qui forme une unité, et un bloc indifférencié qui s'appelle " les régions".
Je pense en plus que DS fait allusion à l'accent de la région parisienne, parce que l'accent purement "parisien" est plutôt en voie de disparition je crois.
Une petite survivance, comme ça, l'air de rien, de l'illusion qu'à Paris, on n'a pas d'accent, que c'est les gens d'ailleurs qui en ont.
Cela qui m'a été dit maintes fois par des gens qui trouvaient que " j'avais un accent". Quand je leur répondais qu'eux aussi, mais que simplement nous n'avions pas le même, ils pensaient que je plaisantais.
pour distinguer les gens de Lettres des ignorants (et des simples meufs) :
le 8 mai 1673.
L'enseignant de ma fille, qui est un excellent enseignant (j'en profite un peu pour revoir les bases d'ailleurs), me parle de photographie des mots plus que de mémorisation. Effectivement quand j'ai un doute, j'ai souvent tendance à l'écrire pour voir celui qui me semble le mieux.
Quand je vois marqué "ognon", ça me ça me pique les yeux. Normal me direz-vous. Cependant, ça me semble être plus la conséquence de mon apprentissage qu'un réflexe pavlovien. A moins que la conséquence de mon apprentissage soit aussi du pavlovisme, ce qui est probable.
Idem avec l'écriture inclusive : ça me pique les yeux, comme l'oignon.
Donc 2 solutions, il me semble :
- Soit on continue comme avant et je ne pleure qu'en épluchant des oignons,
- Soit on autorise l'écriture SMS et je fais rapidement un stock de collyre avant qu'il y ait pénurie.
Autre remarque : dans une lettre de motivation, on est tenu de faire quoi ? Faut-il se renseigner pour savoir si la DRH est une féministe convaincue ou le DRH un homme masculiniste convaincu ?
agricult[eur|rice]s
artisan[ne]?s
Emission passionnante. Merci
Or l'usage scolaire de la norme , qu'elle soit ancienne ou nouvelle, est de sélectionner : il y a ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ...
Lire, c'est donner du sens à un texte écrit .
Par exemple, quel sens donner à cette fable de Jean de La Fontaine : la cigale et la fourmi ?
La cigale : s'agit-il d'un mâle ou d'une femelle ?
Il y a un indice dans le texte : la cigale a chanté tout l'été
Chez les cigales, seuls les mâles chantent .
La cigale de Jean de la Fontaine est donc un mâle .
Et la fourmi ?
Pas le plus petit indice à trouver dans la poésie pour déterminer son sexe .
Mais comment faire pour que l'écriture inclusive du féminin ne devienne pas exclusive du masculin ?
je me permets un grand écart, sans rapport avec l'émission, veuillez m'excuser.
L'armée française a récemment armé des drones (volants pour être précis).
Je pense donc que l'académie française devrait introduire le verbe "droner" dans le dictionnaire.
C'est une nouvelle arme.
Un pistolet, ou une carabine tire je crois.
Une mitraillette mitraille.
Un bombardier bombarde.
Un drone drone (je sais pas s'il faut un accent circonflexe).
Je crois que le verbe est employé par les militaires, il me semble l'avoir lu dans la presse...
Il y a bien d'autres exemples de verbes liés à l'apparition de nouvelles armes ou technologies.
On dit parfois ce mot horrible que je ne sais pas écrire : "googlesiser".
Il me semble qu'il y a une distinction à faire entre un bombardement et un "dronage".
S'approprier ce terme permettrait de parler de ses armes.
Si ça amuse des asinautes, vous pouvez écrire à l'académie française :
dictionnaire@academie-francaise.fr
pour demander l'inscription du verbe "droner" à l'ordre du jour
Sur ce, je m'excuse pour cet aparté.
La seule vraie question qui vaille dans une société démocratique est l'intégration sociale de toute la population et la constitution des élites. Les élites sont nécessaires mais sont dangereuses quand elles se constituent en caste. Une société sans élite, c'est ce qu'a tenté Staline à l'époque de la Grande Terreur avec le succès que l'on sait, une société avec élite qui est une caste c'est la notre. Dans les deux cas, on peut mieux faire, et on n'est pas dans la démocratie réelle/
La question est donc de savoir comment formé une élite ouverte, qui n'est pas renfermé sur les seuls fils de.
Et là évidemment l'école aurait un rôle immense a joué. Immense par la transmission. Faire partager aux classes populaires la culture générale qui est un héritage familial chez ceux qui précisément disposent d'un capital social important.
Et pour ça, le propos final de votre invitée fait complétement fausse route. Oui, c'est terrible, l'accent parisien et Val de Loire, l'accent des classes sociales supérieures est une marque de distinction. Supprimons-la donc, en valorisant les accents locaux et plus largement en valorisant les identités sociales particulières. C'est une forme de mépris social involontaire, fait au nom du respect de ceux qui sont pensés comme invisibilisés car c'est assigner à résidence identitaire les groupes dits dominés, et c'est encourager une parcellisation de la société. Une société démocratique, c'est une société qui pense que le politique provient du peuple, et qui donc partage une culture commune, qui transcende les identités individuelles, sans les nier pour autant. Le partage d'une culture commune, qui ne nie pas les cultures individuelles mais qui les dépasse est ce qui constitue donc la base d'une société démocratique.
Or notre société est construite par l'histoire. Qu'on le veuille ou non, c'est un héritage du passé qui a fait les traits culturels et littéraires de la France. Et c'est ça qu'il faut partager.
Et le fils d'immigré que je suis regrette le temps de sa scolarité passé au milieu des années 1980. J'apprenais à lire au CE1-CE2 tous les samedis, à une époque où on faisait 27 heures par semaine et non 24, sur des extraits des Misérables de Hugo. Je ne remercierai jamais assez mon enseignante d'alors qui m'initia à la culture française qui n'était pas la mienne, qui me transmis un pan de culture littéraire, qui m'apprit à lire et qui pensait en terme d'émancipation et non en terme de valorisation de mon identité de fils de rital vivant dans la banlieue rouge. Et qui m'a permis d'avoir une promotion sociale grâce à ce bagage.
Dans la même école où vont maintenant mes enfants, on leur apprend le développement durable, la lutte contre les discriminations, la lutte contre le harcèlement, la sécurité routière, plein de belles choses mais plus de culture générale classique. Que du coup je tente de transmettre car j'ai acquis ce bagage. Mais c'est une discrimination car l'école ne transmet plus cela. Du coup le bagage familial est renforcé, et la lutte contre les inégalités n'est qu'un leurre (voir la nouvelle assemblée nationale, encore plus élitiste socialement).
Alors l'écriture inclusive, le respect des minorités et tout ça c'est bien mignon, mais ça n'assure pas la promotion sociale, et du coup je vous fiche mon billet que MAcron soutiendra tout ça, car c'est de la poudre de perlimpinpin
c'est la première fois que je m'exprime sur le forum, mais votre post a fait résonner quelque chose en moi, alors je me lance ! (et je vous remercie du coup)
personnellement, je crois qu'ils sont sont nombreux, les visages de la lutte pour l'égalité femmes-hommes, et je soutiens tout aussi bien l'écriture inclusive que les hashtags du type "balance ton porc" ou "moi aussi". c'est, il me semble la question première abordée dans le débat, qui est : "de l'invisibilisation des femmes", question admirablement traité par Bourdieu dans la domination masculine.
mais vous avez raison, il y a une autre lutte, que certain.e.s tentent d'invisibiliser également, c'est la lutte des classes, et pourtant, elle est partout, tout le temps.
la question est aussi abordée dans le débat d'arrêt sur images, mais pas assez profondément je trouve.
si, si, il y a encore des écoles qui enseignent la culture générale, qui prennent le temps de se plonger dans Hugo et tout le reste ! mais pour pouvoir y inscrire ses enfants, il faut réunir des conditions, comme habiter au bon endroit, par exemple (centre ville). je constate ce phénomène, à mon échelle, parce que je suis prof en conservatoire (rien que le mot fait frémir, parce qu'il dit tout !!!)
les familles qui y inscrivent leurs enfants appartiennent, pour une grande majorité, à des classes sociales élevées voire très élevées, et pourtant, la politique tarifaire est basée sur la quotient familial, ce qui devrait la rendre attractive aux yeux du plus grand nombre... eh bah non. certainement pour des raisons de "déterminismes sociaux" desquels il est tellement difficile de se sortir...
pour aller plus loin, si vous me le permettez, je vous mets ici un extrait d'une conférence gesticulée de Franck Lepage. vous trouverez la version longue sans difficulté si cela vous intéresse ! il y aborde avec beaucoup de clarté ce qui est à l’œuvre dans l'éducation nationale depuis quelques années maintenant.
au plaisir d'en re-discuter avec vous, peut-être...
Du coup je réponds à votre invitation, et de manière un peu longue, car ces questions me taraudent énormément.
L'insistance mise dans le discours politico-médiatique sur le droit des femmes et des minorités me questionne.
Non que je sois pour l'exploitation des minorités, la lutte pour la suprématie des mâles etc. Pas du tout. Mais du fait de questionnements sur le fonctionnement de la démocratie et sur une réflexion que je nourris à partir du seul parcours que je connaisse parfaitement, à savoir le mien.
J'ai fait des études en histoire assez poussées et ai vu arriver depuis une décennie la question du rapport homme femme de manière insistante. Mon directeur de thèse par exemple est parti d'une étude sur la question nationale et le nationalisme et a fini par étudier comment le discours national façonne les rapports entre les sexes et a cantonné au XIXème siècle les femmes dans le rôle de la mère et de l''épouse qui doivent rester au foyer. Et a donc fini par étudier le rapport de domination des hommes sur les femmes construit par le XIXème siècle. Et j'ai trouvé cela passionnant à l'époque. Mais ce type d'études et de problématiques plus généralement insistent tant sur la domination des hommes sur les femmes qu'elle en finit me semble-t-il par ne plus voir la réalité qu'à travers ce prisme, et à oublier le rapport de domination sociale, qui lui est généralisé. En gros, ma question est: quel est le rapport de domination le plus prégnant. Et il me semble que c'est bien celui politico-économique, et non celui sexuel. Car, allons dans la caricature pour bien me faire comprendre, un homme paysan issu du tiers Etat n'était rien face à une femme comme Catherine de Médicis, régente. Et tout homme que je suis ne représente à peu près rien face au pouvoir d'une femme comme Christine Lagarde au FMI. Entre la domination sexuelle et la domination sociale, il me semble qu'en dernier ressort, la domination sociale est la plus forte. Donc le rapport de domination premier est bien celui social. Et ne plus étudier ces questions, ou les faire passer au second plan, me semble dangereux pour la revendication politique. Tout notre personnel politique affirme le coeur sur la main qu'il faut combattre les inégalités hommes-femmes, la parité a bien été votée en 1997 par une majorité socialiste, les listes macroniennes aux législatives étaient peu ou prou paritaires, l'UMP avait proposée une femme comme candidate à la mairie de Paris et même un parti aussi réactionnaire que le Front National nous a proposé une femme comme candidate à la présidentielle, et elle est même arrivée au second tour [et soi dit en passant et par provocation, je n'ai pas alors entendu une seule féministe se réjouir au nom de la cause des femmes que cette femme-là soit au second tour, comme si ici la présence d'une femme n'était pas un argument...]. Donc dans le champ politique la cause des femmes avance, peut être pas assez vite, peut être pas comme on pourrait le souhaiter, les inégalités salariales au dépend des femmes continuent d'exister etc etc, mais il y a un consensus au moins discursif et transpartisan pour trouver cela anormal.
Mais pour ce qui concerne l'invisibilisation de l'exploitation économique, de la relégation sociale, il me semble que là, on est loin du compte. Voir Macron et son mouvement : oui, on nous fait des députés et un gouvernement paritaires mais en même temps on nous fait la hausse de la CSG, la fin de l'ISF et la baisse des APL. Et en expliquant que c'est pour le mieux de tous, benoitement.
En gros, ce que j'essaye maladroitement de dire, c'est que la lutte sociale, le respect du aux plus humbles ne font plus parti des priorités, qu'on a largué la cause de l'égalité sociale, et que comme notre univers politique mental a l'égalité pour référence première on s'est rabattu par compensation et par calcul politique sur des combats pour l'égalité de groupes distincts, parcellisant l'unité des groupes socialement dominés au bénéfice de micro luttes, qui font qu'on ne se bat plus que pour tel ou tel groupe distinct, mais non plus pour une émancipation collective des dominés sociaux. Et ça me semble être une victoire des vrais dominants qui, comme dit le proverbe, divisent pour régner.
Pour ce qui concerne ce que vous dites sur l'école et sur ce que Lepage raconte, bien sûr, je suis d'accord avec vous, mais il y a du tragique là-dedans. J'étudiais les Misérable dans la même ville où je scolarise mes enfants et où j'enseigne moi-même a présent. Mais quel gouffre dans la demande institutionnelle. Je continue dans mes souvenirs littéraires. En quatrième troisième j'ai eu une prof qui nous a fait étudier ce qui a constitué le début de ma bibliothèque. De mémoire: Germinal de Zola, le sagouin de Mauriac, l'île de Robert Merle, le bourgeois gentilhomme, quand j'avais cinq ans j' m'ai tué d'Howrd Butten, la nuit des temps de Barjavel, Le Grand Meaulnes, et d'autres.
Aujourd'hui la demande institutionnelle a tellement baissé, le nombre d'heures de cours également (comme le rappelle Antoine Prost, entre 1950 et aujourd'hui, les enfants de primaire ont perdu une année de classe au vue du nombres des heures en moins), l'accent mis sur "les compétences" au détriment de connaissances présentées dans une lecture mal digérée de Bourdieu comme socialement discriminantes font que mes collègues qui sont de très bonne volonté, de très bonne foi, ne peuvent plus proposer ce type de textes. Et de toute façon l'institution conseille la littérature jeunesse. Qui peut être certes magnifique, mais qui en étant la seule enseignée réserve à quelques initiés socialement le patrimoine qui fait la distinction, et encore plus qu'avant. Alors, certes dans les centres villes on continue d'enseigner les classiques, mais justement j'en avais bénéficié par le passé en étant pas en centre ville mais en banlieue. Et du coup les discriminations spatiales sont encore plus qu'avant des discriminations sociales, et c'est d'autant plus déprimant.
.... et le contenu des années a beaucoup changé aussi, on enseigne beaucoup moins le français et de nombreuses matières ont fait leur entrée à l'école sur la même période.
merci beaucoup pour votre réponse.
je vous suis quand vous écrivez : "il y a au moins un consensus discursif et transpartisan". mais la lutte me paraît tout de même encore légitime et nécessaire, quand on voit le nombre de réponses masculinistes qui sont venues polluer les canaux de parole utilisés par les femmes.
je vous suis encore quand vous écrivez que le rapport de domination le plus prégnant est celui de la domination dans le champ politico-économique. il recouvre tous les autres.
à grand coups de novlangue et d'ordonnances, on segmente, on ridiculise, on décrédibilise, on marginalise les luttes sociales.
bon, mais une fois qu'on a dit tout ça ? vous parlez de "victoire des vrais dominants", moi je dis qu'ils ont marqué le point, mais que ce n'est pas fini. je crois que quelque chose est à l’œuvre. une refonte complète.
mais ça prend du temps, parce que les gens sont assommés par le travail, ils/elles sont transformé.e.s en soldats, en exécutants du projeeeeeeeeeeeet de l'entreprise (qui est de verser des dividendes aux actionnaires).
quand ils/elles rentrent à la maison le soir, on ne met à leur disposition à la TV que des contenus débiles.
ils/elles ont des entretiens annuels d'évaluation, on regarde leurs chiffres, on les presse, on les compare, on les classe.
et c'est pareil à l'école du coup ! en imposant les grilles de compétences, on a corrélé "réussite scolaire à "obéissance". "il faut que tu rentres bien dans les cases !!!" faut commencer jeune.
ce que j'essaie de dire, c'est que tout un tas de luttes sont actuellement en train de s'organiser : à grands coups d'éducation populaire, à grands coups de Bernard Friot, à grands coups d'initiatives locales, à grands coups de philosophie avec les enfants, à grands coups de boycott, une convergence des luttes est possible.
j'entends parfois autour de moi que c'est mon côté "bisounours". bah un bisounours en lutte alors !!! ;-) un bisounours à la CGT !!!
merci beaucoup.
au plaisir de vous lire encore.
https://fabrice-nicolino.com/?p=536
La première escroquerie est de confondre genre grammatical et genre biologique/sexe. Alors que dans notre langue les deux ne se recoupent pas nécessairement.
Vous avez beau être un homme, faire 150 kilos et être baraqué comme un tank, le jour où vous ferez un accident de voiture par exemple, l'agent de police parlera de vous en disant la victime. Devrais-je demander à ce qu'on dise le victime ou un victime ? Honnêtement je n'en ai strictement rien à faire.
La deuxième escroquerie c'est qu'on mette ce genre de revendication en tête de pipe quand les problèmes de maîtrise de l'orthographe et de la grammaire posent des problèmes autrement plus délicats à notre société. Car là on a une discrimination autrement plus efficace et sévère pour l'accès aux postes.
La troisième escroquerie est de faire passer cela pour une lutte pour l'égalité quand en réalité il ne s'agit que de prendre en otage la langue, de l'idéologiser pour servir une cause. Lorsqu'on lit une phrase "inclusive", avec le système de points on ne voit plus que les e
L'écriture inclusive est pour moi le signe d'une gauche en phase terminale. La gauche de 1789 se battait pour l'égalité des droits. La gauche de 2017 dit se battre pour l'égalité réelle sans comprendre jusqu'à quelles dérives cela peut l'emmener. C'est le signe d'une idéologie à bout de souffle dont le moteur tourne dans le vide. Après l'écriture inclusive on nous expliquera que c'est une discrimination horrible que les femmes ne puissent avoir de barbe et qu'il faudrait une prestation remboursée par la Sécu pour mettre fin à cette horrible inégalité.
Chacun fait comme il veut, mais la grammaire pépère de mes parents et les leurs, c'était celle du latin appliquée au français, sauf que ça marchait pas, alors on tordait les règles comme on pouvait et le but était de donner des trucs et astuces de grand-mère. Les trucs en question marchent plutôt pas trop mal pour éviter de faire trop d'erreurs d'orthographe, mais ça n'en fait pas de la grammaire.
en fait il a commencé par "tous" et a du mal à dire "toutes".
Il a progressé depuis.
Au hasard, chez Queneau, dans "exercices de style", il est évident qu'elle devient indispensable.
Anagrammes.
Dans l’S à une rhuee d’effluenca un pety dabs les stingvix nas, qui tavia un drang ouc maigre et un
peucha nigar d’un condro au lieu ed nubar, se pisaduit avec un treau gervayo qu’il cacusait de le
suboculer neovalotriment. Ayant ainsi nulripecher, il se ciréppite sur une cepal rilbe.
Une huree plus dart, je le conterne à la Cuor ed More, devant la rage Tsian-Zalare. Il étiat avec un
dacamare qui lui sidait : « Tu verdais fiare temter un toubon plusplémentiare à ton sessudrap. » Il lui
tromnai où (à l’échancrure).
Un ami photographe vient de m'envoyer des photos de personnes continuant à "se loger" dans la rue d'une grande ville.
Dont une d'une maman et de sa petite fille de 4, 5 ans.
Elles sont "inclusivement" touchées par l'écriture mais pensent surtout qu'elles vivent une inclusive exclusion.
Et le froid dans sa froidure froideur arrive.
Notre drosophilie nous perdra.
Mais, nous sommes déjà morts.
Pourquoi cette différence et que signifie cette différence ?