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Emmanuel Todd : "Le chercheur gentil est un escroc"

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Émission passionnante. E Todd brillant comme d'habitude. Réconfortant d'entendre un discours si rare aujourd'hui.  Le passage sur la " corruption légale " commune aux US et en Occident est très pertinent. Établir les règles pour rendre légale la(...)

c'est un mec brillant à l'esprit plein de vivacité qui à confiance en son sens morale et qui donc se lâche, sans édulcorer ses propos.

voila le plaisir qu'on prend à l’écouter ...après le reste....des gens qui comprennent rien à ce qu'il dit et qui n(...)

« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui. "

Derniers commentaires

Une des plus belles émissions d'arrêt sur image que j'ai jamais suivies. Du cabotinage de hautes compétition, magnifique. Mais aussi beaucoup d'explications passionnantes. Merci messieurs, encore, encore !!!

Une des plus belles émissions d'arrêt sur image que j'ai jamais suivies. Du cabotinage de hautes compétition, magnifique. Mais aussi beaucoup d'explications passionnantes. Merci messieurs, encore, encore !!!

C'est dommage que les propos de Todd n'aient pas fait l'objet d'un contradictoire plus élaboré, surtout au moment où il parle de la corruption.

Il dit une succession de choses fausses, sans jamais se faire reprendre.

Il dit par exemple que le Japon est un des pays les moins corrompus de la terre. C'est totalement faux. Il y a certes très peu de condamnations pour corruption au Japon mais c'est surtout parce que le système judiciaire y punit très peu la criminalité économique (en gros: si on ne cherche pas, on ne trouve pas). Mais le Japon est par ailleurs un pays qui a historiquement eu une très grande tolérance pour la mafia (les yakuzas), dont la proximité avec les politiques au pouvoir et les services de police a été illustree dans de nombreux travaux universitaires et journalistiques. Donc oui, il y a bcp de corruption, notamment mafieuse au Japon, mais elle est très peu réprimée par la loi, ce qui la rend "invisible".

Ensuite, utiliser le seul indicateur de la mortalité infantile pour prédire ou non la corruption est absurde. On pourrait aussi imaginer utiliser d'autres indicateurs en lien avec la qualité des services de soin et de santé dans un pays, et je ne suis pas sûre que la Russie aurait des super scores.

Sur les usa, Todd cite l'exemple du scandale des opioïdes en disant que ça n'a pas été puni comme une affaire de corruption . C'est totalement faux ! En 2020, Purdue pharma, qui est l'entreprise au coeur de ce scandale, a été condamnée pour corruption.

Bref, je ne comprends pas qu'on laisse Todd dérouler des thèses certes séduisantes mais qui sont fondées sur des exemples faux. Je n'ai cité que 3:points mais il y en a plein d'autres, et vraiment ça n'inspire pas confiance sur sa méthodologie !

Il me fait penser à Michel Onfray. Très cultivé, brillant, avec l'assurance d'une assurance de patricien... et qui dit n'importe quoi parce qu'il peut enrober tout ça dans une désinvolture qui paraît savante. 

Personne pour lui demander le rapport entre la Mortalité Infantile, et la Corruption ?
Car si on regarde les indicateurs pour tous les pays du monde, ça ne marche juste pas du tout. Ça casse un peu tout le reste du raisonnement.
Donc par une pirouette, il dit que finalement, on peut pas mesurer la Corruption. Bon, donc finalement, où veut t'il en venir ? On n'en saura rien ... :(

Je ne connais pas vraiment Todd, je n'ai pas vu l'émission, pourquoi lire les commentaires... auxquels je ne comprends pas grand chose? Je me sens bizarre, et carrément illégitime à venir mettre mon grain de sel à cette histoire. 


Il me vient pourtant une évidence: se faire si mal comprendre quand on est un intellectuel de haut niveau... ya un bug. 


Ça me rappelle une phrase de Lacan qui m'avait définitivement éloigné de lui: quand on lui reprochait d'être difficile à suivre, il rétorquait qu'il ne souhaitait pas être compris des imbéciles. Et c'était délibéré, car les premiers écrits de Lacan était d'une clarté absolue. C'est plus tard qu'il s'était fait une gloire d'être incompréhensible.

Pour un sociologue tout aussi à gauche, mais beaucoup plus sérieux, moins diffamatoire, reconnu sur le plan universitaire, mais ayant quand même une haute opinion de lui-même (ce qui ne veut pas forcément dire avoir la grosse tête ou raconter n’importe quoi) , je conseille à @SI d’inviter Bernard Lahire.


Je l’avais déjà écrit, mais visiblement je n’ai pas été lu, ou alors je n’ai pas été assez convaincant.


Et puis je suis sûr que du côté des démographes il y a tout aussi intéressant, et très à gauche également.

Emission avec des passages très intéressants, sur la BD ou sur la corruption. Un peu dommage de ne pas avoir plus laissé parler Terreur Graphique.

Pourquoi diffuser seulement maintenant cet interview ???

Post procès Pélicot, le propos de Todd sur le patriarcat est encore plus inaudible.

Cela aurait pu mériter une mention de la rédaction...

J'avoue ne pas avoir lu ce livre là - ni les critiques à son égard - mais la boutade de la fin sur la procréation semble confirmer le misogynisme accompli du personnage... et ça ne le rend pas hyper crédible...

On (?) sait (?) pourtant que beaucoup d'hommes, au plus bas de l'échelle sociale, sont tout autant victimes du patriarcat que les femmes, qui montent moins haut mais descendent moins bas... 

De là à évacuer la question d'une domination toxique... tout n'est pas la faute à la testostérone !!!

J'ai trouvé les 5 dernières minutes de l'émission particulièrement intéressantes. Ce que dit Emmanuel Todd sur l'élitisme me paraît riche et j'ai regretté que l'émission arrive à son terme et que la discussion sur ce thème ne ce soit pas poursuivie (mais je dois être le seul vu qu'à la lecture des commentaires, personne n'a l'air de relever cette partie)


En revanche, son explication sur sa phrase sur le patriarcat, je suis désolé, mais ce n'est pas à la hauteur. En gros il dit qu'il attribue un sens différent au mot patriarcat et que selon cette définition étriquée celui-ci n'a jamais existé en France. C'est une pirouette facile et assez paresseuse. C'est un peu comme si on disait que le fascisme n'a jamais existé en France en arguant que selon des critères d'historiens étriqués, le fascisme doit être cantonné au programme politique de Mussolini. Le sens des mots évolue avec l'usage qu'on en fait, c'est le propre des langues vivantes. Il n'appartient à personne de cloisonner le sens des mots, même à des sachants "qui ont beaucoup travaillé". Aujourd'hui le mot "patriarcat" est un mot qui dépasse les cercles intellectuels des chercheurs, historiens et démographes, et je conteste à ces derniers le droit de se prévaloir d'un quelconque privilège sur leur usage et leur signification. Si on est pour la démocratisation de idées, alors il faut accepter que la masse puisse se les approprier et en altérer par fois le lexique.


Cette façon de vouloir sanctuariser le mot de "patriarcat" à un sens délimité par les seuls sachants des sciences historiques et sociales rentre d'ailleurs en contradiction avec les critiques formulées par Emmanuel Todd sur l'élitisme qui a explosé dans les société occidentales (et que je partage complètement).

La méthode d'Emmanuel Todd, c'est de sélectionner un petit nombre d'indicateurs (comme par exemple le taux de mortalité infantile) et d'en "déduire" ensuite des grandes conclusions sur tel ou tel pays puis ensuite de prophétiser l'avenir de ce pays. Grandes conclusions qui (par pure coincidences) correspondent exactement aux opinions politiques de Todd.


Alors, c'est sûr que ça impressionne, un qui arrive à prédire l'avenir d'un pays à partir de trois statistiques.  J'ai moi-même crû à ce que racontait Todd pendant assez longtemps (jusque vers 2010-2012). Jusqu'à ce que je me penche sur les étapes de son "raisonnement". Ou plutôt, sur son absence d'étapes, car il saute immédiatement aux conclusions. Sans jamais considérer les indicateurs/statistiques qui ne vont pas dans le sens de son discours.


Et au final, c'est sans doute par chance plus que par rigueur scientifique que Todd a pu "prédire" la fin de l'URSS. Un coup de bol qui lui vaut depuis un prestige jamais remis en question, quand bien même ses prédictions suivantes se sont révélées fausses.

Je viens de passer soixante quinze minutes très agréables et constructives.


Au début, j'ai eu un peu peur, à cause de la connivence affichée par les trois orateurs, et rien n'est pire que la connivence affichée pour se décrédibiliser.

Mais en fait, ça n'a pas été trop gênant, compte tenu de la qualité des démonstrations et des illustrations proposées par la "vedette" du spectacle.


Bien sûr que son style peut déplaire. Mais il faut aller au dela et écouter ce qu'il énonce parce que ça éclaire plein d'aspects de nos troubles sociaux et politiques actuels.


Anecdotique, mais j'ai retenu de la "nécessaire arrogance du chercheur" une explication, à défaut d'une excuse de certain ici même : je ne sais pas ce qu'il cherche mais ils font preuve de toute l'arrogance nécessaire.

Il se reconnaîtra.


PS : je ne suis pas du tout convaincu que le titre soit un bon titre

Sur wikipedia, à propos de "Qui est Charlie":


Le livre est particulièrement controversé, et le Premier ministre Manuel Valls signe dans Le Monde une tribune dénonçant un ouvrage dont les thèses « participent d’un cynisme ambiant, d’un renoncement en règle, d’un abandon en rase campagne de la part d’intellectuels qui ne croient plus en la France »28,29. Emmanuel Todd lui répond, comparant son optimisme à « celui du maréchal Pétain et de la révolution nationale »30. Dans la même interview il affirme que « soit Manuel Valls n'a pas lu mon livre, soit il est vraiment bête »31. Manuel Valls réaffirme par la suite « avoir bien lu [son] livre »31.


 Les deux dernières phrases, et leur conclusion implicite, sont magnifiques.

c'est un mec brillant à l'esprit plein de vivacité qui à confiance en son sens morale et qui donc se lâche, sans édulcorer ses propos.

voila le plaisir qu'on prend à l’écouter ...après le reste....des gens qui comprennent rien à ce qu'il dit et qui ne le lisent pas font étalage de leur ignorance et se vengent sur le fait que Todd se montre tel qu'il est, avec ces difficultés ces meandres ces "probleme" psy , ses dépressions, ses tropismes , du coup, ça fait un angle d'attaque rêvé pour les mediocres.

Regardez le forum 

La qualité démonstrative des détracteurs de Todd : des propos à l’emporte pièce , des accusation claquées au sol presque risible . Le travail d’un chercheur analysé par des idiots pleins de morgue .. . 

et regardez la qualité des messages de ceux qui le défendent .  Bien intentionés, intelligents et repositionant le propos du chercheur à la place qu’ils méritent  . Apportant de la complexité, de l’analyse, du sens . 

J'ai peut-être mal suivi l'émission, mais il me semble qu'Emmanuel Todd oublie de citer parmi les actes de "corruption indirecte" aux Etats-Unis le fait que les entreprises ont le droit de faire des dons (qu'ils doivent déclarer et qui sont publics) aux partis politiques et aux  candidats aux élections présidentielles. En France, seuls sont autorisés les dons des particuliers.

Emmanuel Todd ou la permanence du mythe et de l’erreur


Emmanuel Todd doit sa notoriété, on le sait, à sa prédiction de la fin de l’URSS. Il aurait même été cité dans une cassette de Ben Laden comme « le penseur européen qui a anticipé la chute de l’Union soviétique1 ». Se peut-il que le terroriste se soit intéressé à la question ?


Depuis lors, l’on peut estimer que tout ce qu’a prédit Todd a été démenti par les faits, malgré la complaisance dont il bénéficie dans les médias, presse de droite incluse, comme Le Figaro, qui lui accorde une pleine page le 13 janvier 2023 comme déjà le 22 mai 2014.


Ainsi prévoyait-il, pour la présidentielle de 2007, un second tour opposant Front national – parti socialiste, de même que pour celle de 2012.


En 2009, il annonçait que « les thématiques de l’immigration et de l’islam sont en chute libre », en voulant pour preuve « l’effondrement du Front national »2. Il persiste l’année suivante, considérant que « le tempérament égalitaire des Français fait qu’ils n’en ont rien à foutre des questions de couleur et d’origine ethnique ou religieuse3 », ce qui incite à réagir Dominique Schnapper, pour qui « Todd fait l’événement en avançant des analyses provocatrices mais contraires à la vérité4 », ou Alain Minc, qui en vient à lancer que « Todd devrait penser un peu plus à son formidable père pour trouver les limites de son propre délire5. » Il est vrai que prévoir le reflux du Front national dans L’Humanité du 31 mai 2013 témoigne, une fois de plus, de ses capacités de devin…

Parmi les prophéties "qui tardent à se réaliser" (que Daniel a omis de rappeler) citons "la fin de l'euro avant 2011" prophétisée par Emmanuel Todd aux alentours de 2005.

C'est fou comme Emmanuel Todd me fait penser à Didier Raoult.

Évitable. Vous connaissez depuis longtemps ce mec, démographe qui fait tout sauf de la démographie, soralo-dieudonno-comptatible.

Ne retombez pas dans les errances qui m'ont fait quitter le site en 2015 par pitié.

C'est donc ça, Emmanuel Todd ?


« Le chercheur ne peut pas se permettre d'être sympa parce qu'il doit dépasser les autres. Parce qu'il faut que la recherche avance. Donc il est forcé de se raconter qu'il est meilleur que les autres même si c'est pas vrai. Et donc l'arrogance est une nécessité professionnelle. »


Marrant. Pour Bachelard, c'était pile le contraire. (Voir les notions d'obstacle épistémologique et de psychanalyse de la raison.)


Mais peut-être qu'il évoque l'aspect sociopolitique de la recherche (se distinguer pour être sur le devant de la scène et accéder aux financements, à la publication...) ? Ou alors son propre vécu narcissique ? (je pressens que je ne vais pas me faire des potes ^^’)


« Comme je suis gentil, je vais essayer de ne pas avoir d'idées originales pour ne blesser personne. (...) Le chercheur gentil est un escroc. »


DS : « C'est la première fois que je t'entends théoriser la nécessité de l'arrogance du chercheur. »


Théoriser ?? Rien que ça ?

Moi, ça m'a irrésistiblement évoqué Super Scientifique Man : « Mais qu'est-ce que c'est que ce ramassis de foutaises ? »


Et sur la question du patriarcat... Zéro argumentation, que des arguments d'autorité.


Je veux bien croire qu'il est compétent mais là, ce que j'ai vu, c'est un type qui coupe la parole en permanence et s'écoute parler (« animal médiatique » selon la formule de Terreur Graphique qui, lui, se compare au disciple de Léonard, j'ai cru rêver) en rongeant son frein quand ce sont les autres qui ont la parole. Tout ça pour dérouler des propos nombrilistes avec beaucoup de complaisance.


La question de l'invisibilisation de la corruption par intégration systémique est intéressante, mais alors cette façon d'évacuer les objections – par exemple sur sa corrélation avec la mortalité infantile (bien tenté, DS)...

Heureusement qu'il y avait les toutes dernières minutes (donc moins ses réponses que ses questions en fait).


Une très très longue heure.


C’est de qui « Super scientifique man » ?


On dirait un mélange entre Titeuf et Marion Montaigne.


Metci

Je me demande ce que l'intéressé en penserait ^^ c'est Larcenet.

Bonjour Emma,

en effet si vous ne connaissez pas son travail universitaire et ses livres, le "personnage" peut être agaçant. Mais du coup ça me semble un peu cavalier d'apporter une critique à ses écrits. 

"Où en sont-elles ?" est un ouvrage très documenté, et qui explique très bien(trop pour une lecture-loisir mais je pense que c'est un livre qui s'adresse à des étudiants, chercheures...) les mécanismes familiaux d'héritages, de places sociales par sexe et régions du monde et qui comme il le dit dans l'émission, utilise le terme "patriarcat" dans son sens scientifique en ne le confondant pas avec le terme "machisme" par exemple ou "mysoginie" ou "sexisme", ou "paternalisme". 

Sa question me semble alors intéressante (est-ce que c'est ça que vous appelez argument d'autorité?) : Si on appelle "patriarcale" une société dans laquelle les filles héritent à égalité avec les garçons, dans laquelle leur patrimoine peut être protégé par le régime matrimonial, comment on appelle une société dans laquelle une fille est un objet du capital de son père et qui par le mariage devient un objet du capital de son mari ? 

Dans mon souvenir de lecture (je n'avais pas pris de notes) c'est un peu le postulat du désir d'écrire ce livre, démêler le lexique de ce nouveau moment du féminisme en ce qui concerne les termes qui sont ceux de son domaine de recherche. Vla

Bonjour,


Petite précision, je ne critique pas ses écrits, ne les ayant pas lus (je ne vois d'ailleurs pas ce qui vous le fait penser dans ce que j'ai écrit). Je parle de la vidéo. Qui me laisse un rien perplexe.


La discussion n'a que peu porté sur la co-écriture de la BD (ça aurait été intéressant – comment créer une oeuvre commune malgré les inévitables contradictions entre objet de recherche et création artistique).

Pas vraiment non plus sur ses concepts, vu le peu de temps accordé à argumenter et expliquer (je l'ai trouvé franchement péremptoire et peu clair).

Au final, les échanges ont surtout tourné autour de... lui ? Sa personne, sa dimension clivante.

D'où ma déception.


Concernant la définition du terme « patriarcat », évidemment chaque courant de pensée va apporter ses subtilités et ses critères d'acception. Mais si, comme vous l'indiquez, on s'attache au terme en lui-même selon les exigences de la dénomination scientifique, en quoi l'usage des racines pater + arkhos (étymologiquement « le pouvoir au père ») n'est pas adapté pour décrire la société française ?

N'oublions pas que cette « égalité » qu"il met en avant (concernant l'héritage mobilier et immobilier légué par les ascendants, c'est bien pratique d'oublier tout le reste) est extrêmement récente et qu'avant les femmes n'héritaient pas, ne votaient pas, n'avaient pas le droit d'utiliser à leur gré leur salaire – quand elles avaient le droit d'avoir une autre activité que l'entretien de la sphère domestique (qui bénéficie à... ?).

Et encore avant, ici aussi, cette condition de « paquet » qu'on échange a existé. Ici aussi, cette « société dans laquelle une fille est un objet du capital de son père et qui par le mariage devient un objet du capital de son mari » a été la réalité du quotidien des femmes.

Alors certes ça a un peu avancé – encore heureux – mais de nos jours les familles portent toujours majoritairement le nom du père (avec des femmes qui reçoivent leur courrier au nom de Mme Jean-Pierre Dupont) et ça ne fait pas si longtemps qu'on reconnaît l'existence du viol conjugal (avant le mari ne faisait que prendre ce qui était supposé lui revenir de droit).

Les femmes sont toujours considérées comme n'étant pas à leur place dans l'espace public.

Un certain nombre d'hommes se sentent légitimes à violer pour mettre fin à leur frustration sexuelle ; et d'autres à assassiner leur famille plutôt que d'être quittés, ce qui est tout de même moins courant chez les femmes.

Pour les premiers exemples qui me viennent.

Comment nier que nous vivons toujours sur les bases posées par le patriarcat ? 

bonjour Enma,

en me relisant j'ai vu que je m'avançais et me trompais en disant que vous critiquiez ses écrits (et aussi dans votre pseudo d'ailleurs). 

Moi, en fait de ma place, je ne peux ni nier et ni affirmer quoi que ce soit à ce sujet. 

Mon expérience et mon histoire familiale ont plutôt tendance à me mettre dans une lignée "matriarcale", bien que ce soit toujours effectivement le nom des hommes qui aient été transmis, qui du coup a beaucoup changé, mais une lignée dans laquelle, depuis que les "non-nobles" ont le droit d'avoir des choses et de les transmettre, c'est aussi bien par les hommes que par les femmes que ces choses se sont transmises (et dernièrement surtout par les femmes). Du coup si je n'ai pas de mal à remarquer les éléments manifestes de  phallocratie, les postures sexistes et les discours misogynes quand j'en suis témoin ou quand j'en suis l'objet, la notion de "patriarcat" pour désigner la société dans laquelle je suis née, ai grandi, ai été éduquée ... a plus de difficultés à se faire une place dans mon cerveau.

Ce texte, "Où en sont elles ?" que je n'ai pas fini parce que c'est très "anthropologique" et que à vrai dire si c'est pas ton sujet d'étude, c'est un peu chiant à lire, propose une classification des sociétés en fonction des traditions de transmissions et c'est complexe, le gars et les thésards qu'il a accompagnés au long de sa carrière se sont fait chier pour modéliser tout ça à travers le monde, avec des critères communs qu'ils ont jugés scientifiquement soutenables (là-dessus non plus je ne peux donner aucun gages d'autorité"). Du coup, je trouve ça hyper dommage qu'on ne se serve pas de ces noeuds problématiques pour discuter plus et mieux dans l'espace public plutôt que de se renvoyer dans les cordes sur un terme. 

Et voilà, j'espère que c'est ce qu'on fait : discuter plus et mieux dans l'espace public ;)

Rien à voir mais ça me fait penser à un truc que j'ai lu quelque part (je pense que c'est dans un des "Capital..." de Piketty, que je n'ai jamais terminé non plus, hein) dans lequel il fait le lien entre la baisse significative du nombre des ordinations (du nombre de prêtre) et l'abrogation de l'héritage à la primogéniture mâle (par Napoléon je crois). Impliquant que les cadets mâles n'avaient plus à "trouver une situation" dans les ordres religieux. 


« j'espère que c'est ce qu'on fait : discuter plus et mieux dans l'espace public ;) »


J'en ai l'impression. :-)

Et c'est très appréciable de pouvoir discuter d'un désaccord sans s'engueuler.

Et en fait, l'endroit où je voulais en venir, mais j'avais perdu le fil avec ma digression familiale c'est surtout que cette vidéo que l'on commente et particulièrement cette séquence de la vidéo est en fait la "réponse" à une émission de France Télévision je crois dans laquelle il s'est fait tomber dessus sans arriver à faire comprendre que de l'endroit où il parlait "patriarcat" ne pouvait pas être utilisé pour parler de la société française... s'en en suivi tout ce bazar et on arrive là et voilà, j'ai tout dit ce que j'avais à dire.

il me semble que "l'avant" que vous évoquez est celui du code napoléon, bien plus restrictif pour les droits des femmes que certains des usages régionaux de l'ancien régime. Il se trouve (ce n'est peut-être pas un hasard) que Napoléon était corse, et qu'en Corse la structure familiale dominante était la famille patriarcale (au sens de Todd) communautaire, très différente de la famille nucléaire du bassin parisien...


Bref, aujourd'hui, je trouve qu'on croise peu de patriarches, mais encore beaucoup de phallocrates.

« il me semble que "l'avant" que vous évoquez est celui du code napoléon »


Pas seulement. Un certain nombre d'éléments plus anciens de l'histoire locale me paraissent pouvoir être considérés comme relevant de l'imagerie du « chef de famille ».

Je pense notamment à la transmission par les hommes (héritages et territoires) ou aux doubles standards sur l'adultère (passible de mort pour les femmes).

En remontant plus loin, le pays s'est tout de même construit sur la culture chrétienne, dont l'une des bases est que non seulement les femmes ne sont qu'une émanation du premier homme mais qu'en plus elles portent le « péché originel ».

(Difficile d'ailleurs de ne pas se demander comment on se construit psychiquement là-dessus.)


Quant aux questions de terminologie, il y a toujours matière à discussion. ;-)

Si ça vous intéresse, un article qui discute de l'utilisation du terme par rapport à « domination masculine » et évoque une « persistance du patriarcat ».


Après, personnellement je n'ai pas d'attachement particulier pour ce terme-là plutôt qu'un autre, à partir du moment où est mis en valeur l'aspect systémique.

C'est juste que j'ai trouvé insuffisant son argument pour le refuser (en utilisant une définition réductrice, là où le terme semble assez communément admis pour désigner une société où les hommes ont le pouvoir).

pardon, si j'ai semblé penser que le patriarcat n'a pas existé avant le code napoléon, c'est pas du tout mon propos : bien sûr il y a beaucoup de place dans l'histoire pour le patriarcat, mais pas que : pas partout, pas tout le temps — et la domination masculine existe dans d'autres structures familiales. 


bref, je ne suis pas non plus une acharnée de ces questions de terminologie, mais je voulais juste souligner que si sa définition est "réductrice", c'est parce qu'elle se réfère à une théorie des structures familiales qui a sa cohérence propre. Ça fait partie du boulot, quand on élabore une théorie, de préciser et de circonscrire les concepts, donc de "réduire" le sens des mots. Il se trouve que c'est dans ce champ théorique que le terme commence à être utilisé régulièrement, ce qui explique que les chercheurs soient réticent à le voir employer de façons plus large, et moins précise.


quant à Delphy... je botte en touche.

"si vous ne connaissez pas son travail universitaire"
J'avoue que non, je ne connais pas ; on ne trouve que peu (pas en dehors de sa thèse ?) de publications signées par Todd dans des revues à comité de lecture...
Assez fort de café pour quelqu'un qui se présente comme chercheur (et/ou aime se faire présenter comme tel) ^^
Pour moi, jusqu'à preuve du contraire, ca ressemble à s'y méprendre à de la gouroutisation

je ne vais pas discuter votre ressenti, il vous appartient. 

Mais sur les trois critiques précises que vous énoncez, je voudrais apporter un autre point de vue.


— Est-ce que Todd "évacue" l'objection sur la corrélation ? pas vraiment : il repousse à plus tard l'explication théorique de la différence et du lien entre corrélation et causalité, mais il répond précisément sur leur relation dans son exemple, en expliquant que la corruption, surtout systémique comme dans nos sociétés, est le fruit et le moteur d'une destruction du "bien commun", et des valeurs qui le sous-tendent. Et que ces valeurs (de soin et d'attention aux autres, de conscience professionnelle...) ou leur affaiblissement impactent directement la qualité des soins aux enfants. On voit ici que la mortalité infantile n'est ni la cause, ni le résultat direct de la corruption, mais un signal à prendre en compte. Au passage, la mortalité néonatale augmente en France, et touche particulièrement les parturientes pauvres, particulièrement dans les départements d'outremer. 


— Sur le patriarcat, la réponse que fait Todd n'est pas, il me semble, un "argument d'autorité", mais une exigence de précision sur le terme et sur le concept. Todd explique qu'il ne nie pas la domination masculine dans notre société, mais qu'il réserve (comme nombre de sociologues et d'anthropologues) le terme de patriarcat à une certaine forme de structure familiale, dominée par un patriarche jouissant de droits quasi illimités sur toute sa famille élargie (y compris les hommes, d'ailleurs). Dans les sociétés patriarcales en ce sens, la condition des femmes est particulièrement inhumaine. Todd donne en exemple l'Afghanistan. Des indicateurs tels que le niveau d'instruction des femmes ou ... la mortalité infantile sont des signes de ce manque absolu de considération. Au passage, l'économie de l'Afghanistan est dominée par la production d'opium et le narco-trafic, et quoi qu'il puisse se passer avec la récente interdiction d'en cultiver, là aussi la corruption est probablement systémique. Étendre le terme de patriarcat à toutes sortes de dominations masculines reviendrait à l'édulcorer. Plusieurs féministes ont formulé une critique similaire.


— sur l'arrogance du chercheur enfin, que Todd élargit d'ailleurs à tous les "créateurs" : je ne comprends pas bien en quoi le concept d'obstacle épistémologique s'y oppose. Il me semble au contraire que lorsqu'on a "trouvé" quelque chose qui s'oppose à un obstacle épistémologique dominant votre champ de recherche (Todd dit une idée originale, il me semble), vous devez le défendre, "parce qu'il faut que la science avance", croire (jusqu'à preuve du contraire, c'est le principe) que vous avez raison, fût-ce seul contre tous. Il y faut pas mal d'orgueil, "d'arrogance", et aussi pas mal d'humilité, aussi bizarre que ça puisse paraître, parce que défendre son idée c'est la soumettre à la critique, parfois pertinente, parfois moins...

Merci pour ces précisions. Je reconnais une entrée en matière abrupte. ^^'

À la hauteur de ma déception, ayant lancé la vidéo en me disant « C'est ce chercheur dont j'ai beaucoup entendu parler, je vais pouvoir en apprendre un peu plus » pour finalement passer plus d'une heure à m'empêcher d'arrêter la vidéo en mode « ça va forcément démarrer à un moment, non? »


Pour ce qui est de la corrélation entre corruption et mortalité infantile, formulé comme vous l'avez fait, ça mérite en effet l'examen en tant qu'éventuels co-symptomes d'une même cause (ce qui ne signifie pas forcément que Todd a raison mais qu'on ne peut rejeter l'argument sans vérifier).

Par contre j'ai revisionné rapidement l'extrait et je ne vois pas à quel moment il revient sur la nécessaire distinction entre corrélation et causalité après l'avoir balayée d'un geste de la main.


Côté obstacles épistémologiques, je n'ai pas le courage de tout relire pour sourcer précisément ^^’ mais dans La Formation de l'esprit scientifique, Bachelard met en garde contre les dangers de l'affectivité comme obstacle à la connaissance. Avec le danger en plus de finir par universaliser son objet (ce que DS appelle la « clé » qui ouvrirait toutes les portes).

Sur ce point je pense qu'on peut reconnaître que trop de confiance en soi augmente la négligence et les risques d'erreurs, là où l'humilité nécessaire permettra de recouper et vérifier, voire de changer d'hypothèse. 


Sur l'utilisation du terme patriarcat, les avis sont apparemment partagés mais je trouve son raisonnement fallacieux. Le mot ne conviendrait pas à la situation des femmes occidentales car amoindrissant celle des femmes afghanes (exemple marronnier tellement souvent utilisé pour disqualifier les conceptions féministes qu'il a sa place dans les grilles de bingo).


J'ai vu que quelqu'un d'autre avait fait les mêmes analogies, voici les miennes :

Suivant cette logique, doit-on penser que le racisme n'existe plus en Occident parce qu'il n'y a pas de ségrégation officielle ?

Doit-on penser que les Palestiniens ne sont pas victimes de génocide en l'absence d'industrialisation du processus avec intégration déclarée aux bases idéologiques ?


Ou alors on peut estimer que dans tous ces exemples il y a un continuum avec des degrés dans la violence mais que c'est la même logique qui s'exprime (des états différents d'un même mécanisme de pensée).

vous n'avez pas compris non plus ce qu'a écrit Cecile Clozel. 

dans le cadre  sa recherche scientifique le terme patriarcat designe un certain type de repartition du pouvoir au sein de la famille. c'est pas une question de quantité de pouvoir mai de type de pouvoir. 

il parle de l'équité dans la répartition du patrimoine familiale qui détermine - dans son domaine de recherche-  la designation d'une societé, d'une culture patriarcale. 



a mon avis il  s'agit de convention entre chercheur pour que le terme "patriarcat" designe la même chose chez ceux qui s'emparent de ce concept dans le cadre de leur recherche.

eh bien, pour prendre l'exemple du racisme, vous n'utiliseriez pas le terme d'apartheid pour la France, il me semble. Ou alors en ayant conscience que ça ne signifierait pas la même chose que dans le sens traditionnel. Pour filer la comparaison, je dirais qu'il y a beaucoup de phallocratie, peu de patriarcat...


quant au développement sur cause/corrélation, il y serait peut-être revenu si DS l'avait relancé, et si le temps n'avait pas été limité. Il y a souvent des "on y reviendra" sur lesquels on ne revient pas, dans ce genre d'émissions.


pour le reste... j'ai lu plusieurs fois sous sa plume "j'ai changé d'avis", ce qui n'est pas si fréquent. 

J'ai beaucoup de sympathie pour Todd, pour sa façon de réfléchir, d'allier intuition (nourrie, il est vrai, par des références nombreuses et variées) et construction besogneuse — ce qui le rend, pour certains indigeste à lire. J'aime son humour, et la façon dont il assume ce qu'il est (son caractère, ses principe, ses héritages...). Parfois l'écouter me fait du bien (ses sorties sur les "idiots instruits pendant les gilets jaunes étaient revigorantes), parfois ça me fait un peu triste, comme dans cette émission ou j'ai senti (ou cru sentir) ce passage dépressif qu'il évoque, dans son élocution brouillonne et une sorte de lassitude à répéter et réexpliquer...


Mais ça ne fait pas de moi une groupie : je le lis régulièrement, depuis des années, je bute régulièrement sur les limites de son modèle et de ses intuitions, mais ... pas sur les points que vous évoquez :)

« vous n'utiliseriez pas le terme d'apartheid pour la France, il me semble »


En effet. D'autant moins qu'il me semble nécessiter une base idéologique institutionnelle, du coup les rapports ne paraissent pas permettre la validité d'une analogie.


À aucun moment ne me serait venu à l'idée de vous prendre pour une groupie, vos arguments sont posés et réfléchis.

Ah non mais la non. Le degré de vexation ressentie sur l'échelle! Comme quoi on aurait nous des petits oligarques miniatures..., et pas les autres.

Je découvre la tête de Terreur graphique. Ils sont drôle.

j'ai trop hâte de prendre le temps de ....

Émission passionnante. E Todd brillant comme d'habitude. Réconfortant d'entendre un discours si rare aujourd'hui.  Le passage sur la " corruption légale " commune aux US et en Occident est très pertinent. Établir les règles pour rendre légale la corruption. Il faut être crétin comme Sarkosy pour malgré tout se faire prendre.

 Il n'y a que les aveugles pour ne pas voir la lumière. La presse pour ne pas comprendre ce qui sort de leur prêt à penser.


 " les sots mettent du temps pour comprendre,  les gens iintelligents pour ne pas comprendre "

G Perros

« Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on le peut reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui. "

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