"Être Charlie" : une injonction médiatique, sans réelle définition
Pour les 10 ans des attentats qui ont décimé la rédaction de "Charlie Hebdo", un grande nombre de médias se sont mis en quête de "l’esprit Charlie", sans forcément chercher à le définir. Une quête à laquelle s'est ajouté une injonction à "être Charlie". Malheur aux réfractaires qui d'une façon ou d'une autre ne remplissent pas le contrat.
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L' "esprit Charlie" a vécu une journée, celle de l'attentat et des rassemblements spontanés un peu partout en France, manifestant la sidération et l'horreur de milliers d'anonymes comme moi.
Il a suffit de quelques jours pour que la récupération polit(...)
Quand les infâmes Fourest, Valls , Malka, et tous les toutologues des médias réacs nous somment d'être " Charlie " , je me réjouis un peu plus de ne pas l'être et de ne l'avoir jamais été.
Le bon Charlie : il critique. Tandis que le mauvais Charlie : il critique… mais c’est le mauvais Charlie quoi.
Derniers commentaires
Et l'humour dans tout ça....
Je n'ai jamais été fan de Charlie, ni de cet humour que je trouve très vulgaire....
Parfois les satiriques sont surtout satyriques
Mais, je suis moins radical que certains dans mon jugement et reste contre la peine de mort, même pour un mauvais jeu de mot
On peut rire de tout, seulement si la blague est drôle
Comme ces drôles qui nous somment de l'être, ils me font bien rire, voilà une bonne blague
Avec tous ces Emmanuel, si Dieu n'est pas avec nous, c'est qu'il est parti rire avec les autres
il nous resterait alors plus qu'à prier saint Charlie et la thérapie par le rire
J'arrive à saturation de tout. Ce n'est pas une excuse mais bon.
Le discours de Kennedy :
"Il y a 2 000 ans, la plus grande marque de fierté était de dire civis romanus sum ( je suis citoyen romain ). Aujourd'hui, dans le monde libre, la plus grande marque de fierté est de dire Ich bin ein Berliner. […] Tous les hommes libres, où qu'ils vivent, sont des citoyens de Berlin. Par conséquent, en tant qu'homme libre, je suis fier de prononcer ces mots : Ich bin ein Berliner! "
Tout le monde sait qu'en disant ein, il a pu y avoir confusion, avec une petite pâtisserie, spécialité de Berlin, ein berliner. C'est pas la question. Mais comment ça les hommes libres? Au moment de l'instauration du mur? Loin de moi l'envie de dénigrer Kennedy, mais c'était déjà une formule qui entourloupe. Un tour de magie de la séduction des mots.
Bon, puisque la formule magique est la même, reprise, donc transposons. Pour Charlie c'est pareil, (non malheureusement pas de double sens de gourmandise), mais c'est pareil, il y a un mur. Et pareil qu' à l'époque le mur c'était moins de liberté des deux côtés et non pas qu'on était tous des berlinois libres, depuis 10 ans l'humour est zigouillé des deux côtés.
Et quoi, tous les journalistes, et même les miss France, devraient proclamer "ich bin ein Charlie"?
Alors que c'est du pur déni?
Que la liberté d'expression est au plus bas?
Oui elle est au plus bas, sinon pourquoi personne pour dire que dommage que JMLePen ne soit pas mort beaucoup plus jeune?
Quel serait l'individu qui , prenant baffes sur baffes (quel qu'en soit le caractère) , ne finirait pas par se rebiffer ? Sous le Charlie , un racisme déguisé ... ce qui ne m'a point empêché de rendre un hommage modeste à Cabu , originaire de ma ville.
L'esprit Hara Kiri /Charlie est né dans un contexte de déconstruction des normes de la société gaullienne sclérosée et encore dominée par la figure du prêtre et du patron.
Ces gars étaient des woke.
Mais voila, comme souvent, les forces réactionnaires se servent des courants avant-gardistes et novateurs pour maintenir l'ordre établi qu'ils souhaitaient abattre.
Ce détournement est de même nature que celui qui fait que Simon le géoncidaire utilise Frantz Fanon pour justifier la colonisation de la Palestine.
Oui oui, c'est à ça qu'on les reconnait.
Un détournement de même nature que la récupération des symboles républicains par la droite et l'extrême droite.
Symboles qu'ils avaient en horreur lorsqu'ils sont apparus.
Un détournement de même nature que le révisionnisme Zemmouro Muskien en vogue.
Vous savez, cette petit musique qui prétent que les nazis étaient de socialistes, que le PC était collabo, que le gouvernement Pétain était composé d'ex socialistes et qu'il a essayé de sauver les Juifs français.
Je commence être assez vieux pour voir comment la classe dominante réécrit l'histoire que j'ai vécu en récupérant ses anciens ennemis pour mieux détourner les gens des idées qu'ils incarnaient.
Ce qui est rassurant c'est de voir qu'à chaque époque, le passé donne tellement tort aux dominants qu'il sont obligés de ravaler la façade.
Ce qui est désespérant, c'est de voir qu'en dehors de quelques aménagements cosmétique, les fondations de notre maison inégalitaire restent les mêmes.
Ce qui est intéressant, c'est que Zineb El Razoui qui était mise en avant comme figure du charlisme est tout d'un coup devenue infréquentable depuis qu'elle a pris des positions pro-palestiniennes.
C'est assez représentatif du confusionnisme ambiant.
Si le fait d'"être Charlie" ou pas dépend de tes prises de positions sur le Proche-Orient, c'est que ça n'a pas grand chose à voir avec la "liberté d'expression" et encore moins avec le droit à la caricature.
Qui est pour les attentas islamistes ? Personne , mais pas besoin d’etre charlie pour ça . Et plus ils insistent , plus les charlies deviennent des charlots . Après ça les dérangent pas trop d’etre des charlots , il est là le problème , j’ai encore entendu hier que bhl etait philosophe ……Si on me demandais , je dirais que c'est un charlot mais j’chuis pas une zélite ...
C'est quand meme curieux que personne ne comprenne de quoi Schneiderman et autres vieux (moi compris) parlent. La premiere version qui a cessé de paraitre 1981 ... La nouvelle version parue en 1992 a "acheté" le nom, et certains des dessinateurs de l'original comme Cabu en ont fait partie. L'humour des année 70 etait evidemment assez different de celui du 21e siècle. Il semblerait completement normal de reprouver le meurtre de 12 personnes, mais desapprouver la publication de dessins insultants pour les arabes et les musulmans a grand renfort de publicité. Du moins il me semble que c'est exactement ce que veut dire liberté d'expression-
Finalement on ne peut que constater qu la liberté d'expression n'est acceptable que si elle revient a etre d'accord avec une certaine ligne de pensée. Que penser de l'epoque ou les ecoles denoncait des gamins musulmans qui ne voulaient pas jurer etre Charlie (apres tout Sarko etait president et les gamins des ecoles n'en ont pas forcement un bon souvenir meme si Macron a laissé faire pire depuis).Quand a mettre LFI et Melenchon a toutes les sauces pour nous degouter de nous interesser a ce qu'ils proposent et de voter pour leurs candidats, c'est une ficelle assez grosse qui risque de se retourner contre ses auteurs, mais apres tout etre complice d'un genocide est peut-etre plus acceptable de nos jours que ne pas etre Charlie?
Merci pour cette chronique
Mais "avoir tort" avec un d, je sais pas si c'est Charlie, mais c'est pas très ASI :-P
Je sais pas vous, mais moi j’en ai vraiment marre de toutes ces injonctions en vogue sur les plateaux de télé : Est ce que vous condamnez ? Est ce que vous êtes Charlie ? Est ce que ce n’est pas de l'antisémitisme ?…enfin bref, jamais de nuance, toujours être classé dans un tiroir, toujours créer des polémiques… le rien du vide du néant… on vit vraiment une époque formidable de m…. !
Etre Charlie c'est :
Dans la grande petite histoire des manipulations politiques, idéologiques, émotionnelles, religieuses, un chapitre est mérité par le "pour nous ou contre nous" que Bush avait déjà mobilisé contre l'Irak (et ses armes de destruction massive), et Hitler avant lui.
Et qui, outre l'injonction mobilisatrice héroïsante et l'effrayante menace d'exclusion vers la catégorie des cibles légitimes, joue beaucoup sur le besoin, universel mais exacerbé par l'ère des réseaux sociaux, d'avoir tout expliqué, tout ostensiblement compris, tout ressenti en l'espace d'un équivalent-tweet.
Comme toujours, cette exploitable bénédiction et malédiction des processus cognitifs accélérés : cette aptitude humaine à simplifier le traitement des informations de façon à décider très vite s'il faut déguerpir devant les feux de forêt et les tigres à dents de sabre. Plus c'est économique sur le plan "coût en effort cognitif versus bénéfice en sentiment de compréhension", plus facilement on s'y engouffre. Même quand personne ne profite de nos polarisations. Mais d'autant plus quand beaucoup ont tout intérêt à nous y encourager...
Le bon Charlie : il critique. Tandis que le mauvais Charlie : il critique… mais c’est le mauvais Charlie quoi.
Caroline s'est souvent Fourest dans des mensonges assez répugnants.
Elle m'empêcherait " d''être Charlie " si cela voulait, encore, dire quelque chose d'honorable.
En soutien à la pôvre Miss France, va falloir défendre la liberté de non-expression.
Quand les infâmes Fourest, Valls , Malka, et tous les toutologues des médias réacs nous somment d'être " Charlie " , je me réjouis un peu plus de ne pas l'être et de ne l'avoir jamais été.
En plus je comprends toujours pas à quoi c'est censé faire référence, ils pensant que les assassins décident de leur prochaine cible en regardant à qui Mélenchon répond sur Twitter ?
L' "esprit Charlie" a vécu une journée, celle de l'attentat et des rassemblements spontanés un peu partout en France, manifestant la sidération et l'horreur de milliers d'anonymes comme moi.
Il a suffit de quelques jours pour que la récupération politique la plus abjecte noie notre réaction dans une "bien pensance" aux relents douteux, comme en témoigne ce défilé du 11 janvier 2015, où Ali Bongo, Sergueï Lavrov, Viktor Orban et d'autres ont fait mine de défendre la liberté d'expression.
Entendre des gens comme Carline Fourest proclamer et vouloir imposer leur "je suis Charlie" m’écœure et vide cette cette expression de son sens originel. Tout cela me rappelle la novlangue de 1984, "la guerre, c'est la paix", "l'amour, c'est la haine", ce retournement des mots digne de notre époque où coexistent des "vérités alternatives".
Merci à ASI de continuer à offrir un havre à l'esprit critique et à nous aider à penser.