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Journalisme : une recalée fait la leçon à Sciences Po
C'est un duel qui a le mérite de poser les bonnes questions sur le recrutement des écoles de journalisme.
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Derniers commentaires
J'ignore par quelle école de journalisme est passé le dénommé François Sergent de Libé, mais il signe dans son journal un éditorial d'une navrante platitude sur le carnage d'Oslo (avec hypothèse djihadiste) qui lui vaut les critiques ironiques et justifiées de la majorité de ses lecteurs.
Alice Antheaume: "Quand le jury voit la passion s’allumer dans les yeux d’un candidat quand celui-ci a ouvert un «blog pour s’entraîner», se présente comme «télévore», sait ce qu’est un «live» ou un «flash», tweete pour «voir ce que cela donne», cite un reportage récent qui l’a bouleversé, prend les «gratuits dans le métro parce que cela (lui) donne un aperçu de l’actualité pour pas cher», connaît le chemin du fer du Point ou du Nouvel Observateur comme sa poche, ainsi que l’écosystème médiatique, des pure-players aux chaînes d’information en continu en passant par les matinales des radios, oui, le jury a envie d’y croire."
Elle est totalement has-been cette M'dame Antheaume (*), elle ne mentionne même pas L'invention géniâââale qui va enfoncer les smartphones, éclater les tablettes électroniques et ringardiser les ultra-portables (rien que ça), et que même steeve Jobs il n'y a pas pensé :
http://www.youtube.com/watch?v=Q_uaI28LGJk&feature=related
Apparemment, pour elle, cette merveilleuse trouvaille ne semble pas faire partie de la panoplie de l'apprenti(e) journaliste qui pourrait séduire le Jury...
(Merci à Bar pour ce grand moment de rire).
(*) par contre elle est, par son nom, en parfaite adéquation avec la météo actuelle... Ah hum... désolé. Enfin, pas trop désolé, en fait.
Elle est totalement has-been cette M'dame Antheaume (*), elle ne mentionne même pas L'invention géniâââale qui va enfoncer les smartphones, éclater les tablettes électroniques et ringardiser les ultra-portables (rien que ça), et que même steeve Jobs il n'y a pas pensé :
http://www.youtube.com/watch?v=Q_uaI28LGJk&feature=related
Apparemment, pour elle, cette merveilleuse trouvaille ne semble pas faire partie de la panoplie de l'apprenti(e) journaliste qui pourrait séduire le Jury...
(Merci à Bar pour ce grand moment de rire).
(*) par contre elle est, par son nom, en parfaite adéquation avec la météo actuelle... Ah hum... désolé. Enfin, pas trop désolé, en fait.
[quote=Alice Antheaume]Car ce que cherche un jury (...), ce sont des candidats ayant des profils variés, des goûts et des usages qui ne soient pas tous les mêmes ET qui soient capables de les justifier. (...) Quand le jury voit la passion s’allumer dans les yeux d’un candidat quand celui-ci a ouvert un «blog pour s’entraîner», se présente comme «télévore», sait ce qu’est un «live» ou un «flash», tweete pour «voir ce que cela donne», cite un reportage récent qui l’a bouleversé, prend les «gratuits dans le métro parce que cela (lui) donne un aperçu de l’actualité pour pas cher»
Michael Vendetta répond parfaitement à ces critères !
Michael Vendetta répond parfaitement à ces critères !
Au fait quelles écoles de journalisme avaient suivies... André Malraux, Ernest Hemingway ou Joseph Pulitzer... Qui écrivait ceci ?
"Il n’est pas un crime, pas un truc, pas un sale coup, pas une escroquerie, pas un vice qui ne perdure sans le secret qui l’entoure. Exposez ces faits au grand jour, décrivez-les, attaquez-les, ridiculisez-les dans la presse et tôt ou tard l’opinion publique les chassera. La publicité n’est peut-être pas la seule chose nécessaire mais c’est une chose sans laquelle toutes les autres démarches resteront vaines"
La presse du futur sera encore plus minable et inutile que celle que nous subissons... Et ce ne sera pas un mince exploit, vu le niveau actuel !
"Il n’est pas un crime, pas un truc, pas un sale coup, pas une escroquerie, pas un vice qui ne perdure sans le secret qui l’entoure. Exposez ces faits au grand jour, décrivez-les, attaquez-les, ridiculisez-les dans la presse et tôt ou tard l’opinion publique les chassera. La publicité n’est peut-être pas la seule chose nécessaire mais c’est une chose sans laquelle toutes les autres démarches resteront vaines"
La presse du futur sera encore plus minable et inutile que celle que nous subissons... Et ce ne sera pas un mince exploit, vu le niveau actuel !
On ne, veut pas "faire" Sciences-po (comme l'Indochine naguère) pour avoir de la personnalité. On entre à Sciences-Po pour apprendre à penser "bien", pour régurgiter sagement la doxa libérale bon teint, et se faire coopter dans les rédactions "propres sur elles" qui sont déjà totalement noyautées par le cercle de la Raison.
C'est pourquoi on a baptisé cette école "la fabrique de larves".
J'ai eu 10 fois l'occasion de constater le travail fait sur le terrain par des anciens de Sciences-Po, dans la presse quotidienne régionale, et ils se sont tous révélés incompétents au dernier degré, incapables de sortir un contenu qui ne soit pas formaté. De vrais handicapés relationnels qui, confrontés à la "vraie vie des vrais gens", se trouvaient tétanisés. Ce qui est un peu embêtant pour un journaliste dont le métier est justement d'établir une relation de confiance avec ses interlocuteurs, de susciter des propos, d'être en empathie.
Ces gens sont des robots, Alice Antheaume ne fait pas exception...
C'est pourquoi on a baptisé cette école "la fabrique de larves".
J'ai eu 10 fois l'occasion de constater le travail fait sur le terrain par des anciens de Sciences-Po, dans la presse quotidienne régionale, et ils se sont tous révélés incompétents au dernier degré, incapables de sortir un contenu qui ne soit pas formaté. De vrais handicapés relationnels qui, confrontés à la "vraie vie des vrais gens", se trouvaient tétanisés. Ce qui est un peu embêtant pour un journaliste dont le métier est justement d'établir une relation de confiance avec ses interlocuteurs, de susciter des propos, d'être en empathie.
Ces gens sont des robots, Alice Antheaume ne fait pas exception...
Concernant la réponse tweetée d'Alice Anthome à la jeune blogueuse ("ce n'est pas de vous que je parlais"), vous auriez dû mentionner également le fait qu'en introduction à son papier, la malheureuse impétrante avait très malicieusement pris les devants en notant d'entrée de jeu : "On me répondra sûrement que ce n'est pas moi que l'on cite, mais connaissant tous les autres élèves en échange au Caire cette année, je sais pertinemment que cela ne peut être personne d'autre."... Ce qui rend cocasse la réponse d'Anthome : "Meuuu non, c'est pas de vous qu'on cause !" De là à conclure qu'ALice Anthome n'a pas pris la peine de lire le billet de la jeune femme, il n'y a qu'un pas.... (sans quoi, elle se serait creusée pour contourner l'obstacle où aurait sans doute conservé un silence poli, non ?... enfin il e semble.).
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Bla bla bla... pardonnez-moi, mais sauf erreur de ma part, l'examinatrice pointe surtout du doigt l'absence d'envie de la candidate. Ok, soyons un peu moralisateur, mais j'avoue un certain agacement: le (photo)journalisme, c'était mon métier pendant 10 ans, entre 1990 et 2000. Quand le Mur est tombé en 89, j'étais aussi à Sciences-Po (Lyon, pas le Saint des saints). C'était énorme, impossible de ne pas y aller. Le directeur de l'époque, Georges Mutin, m'a même financé en partie les films pour le premier voyage. 3 séjours à Berlin - je ne me rappelle même plus où j'ai trouvé l'argent (un prêt étudiant je crois)-, "quelques" cours manqués, une expo dans les lycées du coin, 3 images chez Gamma. Un an plus tard -et après d'autres reportages- je rentrais dans une agence.
Le journalisme, c'est dur. Vraiment. C'est bien d'avoir un diplôme, forcément, mais pour y arriver, il faut surtout avoir faim. Faim d'écrire, de faire du son, des images, d'aller voir là où les choses se passent. Cette candidate malheureuse se trouvait à l'endroit sans doute le plus passionnant du monde à cet instant -c'est rare, et grisant, d'être dans une situation où l'on sent l'histoire se faire en direct- et que ramène-t-elle? Rien? J'avoue que je ne comprends même pas. Elle ne se sentait pas légitime? Mais qu'est-ce que ça veut dire au juste?
Alors, blâmer le jury parce qu'il n'a pas compris "l'humilité" de la candidate? Vraiment n'importe quoi. Un jury, c'est intimidant, c'est vrai. Je me suis fait étaler au grand oral -et avec raison, j'avais été vraiment nul. Mais sauf erreur de ma part, le boulot du jury dans ce cas précis, c'est d'évaluer l'envie d'un candidat pour ce métier difficile, et qui demande un si grand engagement. Pas de savoir s'il connaît par coeur la loi de 1881 (bien que ça ne puisse pas faire de mal). Et face à un candidat qui dans une situation si unique n'a pas su, pu ou voulu (mais peu importe après tout) rapporter un témoignage , eh bien le jury, il a bien raison de dire que non, ça ne va pas marcher. Que le journalisme, ce n'est pas juste un diplôme et roule, je rentre à l'AFP. Qu'il faut en vouloir. Et que quand un candidat en veut, ça se voit d'abord dans ses actes.
Le journalisme, c'est dur. Vraiment. C'est bien d'avoir un diplôme, forcément, mais pour y arriver, il faut surtout avoir faim. Faim d'écrire, de faire du son, des images, d'aller voir là où les choses se passent. Cette candidate malheureuse se trouvait à l'endroit sans doute le plus passionnant du monde à cet instant -c'est rare, et grisant, d'être dans une situation où l'on sent l'histoire se faire en direct- et que ramène-t-elle? Rien? J'avoue que je ne comprends même pas. Elle ne se sentait pas légitime? Mais qu'est-ce que ça veut dire au juste?
Alors, blâmer le jury parce qu'il n'a pas compris "l'humilité" de la candidate? Vraiment n'importe quoi. Un jury, c'est intimidant, c'est vrai. Je me suis fait étaler au grand oral -et avec raison, j'avais été vraiment nul. Mais sauf erreur de ma part, le boulot du jury dans ce cas précis, c'est d'évaluer l'envie d'un candidat pour ce métier difficile, et qui demande un si grand engagement. Pas de savoir s'il connaît par coeur la loi de 1881 (bien que ça ne puisse pas faire de mal). Et face à un candidat qui dans une situation si unique n'a pas su, pu ou voulu (mais peu importe après tout) rapporter un témoignage , eh bien le jury, il a bien raison de dire que non, ça ne va pas marcher. Que le journalisme, ce n'est pas juste un diplôme et roule, je rentre à l'AFP. Qu'il faut en vouloir. Et que quand un candidat en veut, ça se voit d'abord dans ses actes.
Et si ce que le candidat "veut", ce n'est pas rapporter bêtement une info crue et partielle (en la prétendant impartiale), mais prendre le temps d'y réfléchir, de l'analyser, d'en faire quelque chose d'utile. Si ce que le candidat "veut", ce n'est pas faire du 20 minutes ou du Direct Soir, mais du XXI ou du Monde Diplo ? Il doit quand même à tout prix rendre compte de son point de vue de français en vacances au milieu d'une révolution historique à laquelle même certains "spécialistes" ne comprennent rien ?
"Et si ce que le candidat "veut", ce n'est pas rapporter bêtement une info crue et partielle"... Grand Dieu, eh bien oui, ça commence par là: user ses chaussures, aller chercher de l'info, raconter ce qu'on a *vu*. XXI ou le Monde Diplo, ça vient plus tard. Si le besoin n'est pas là, déjà, de rendre compte même de manière partielle, forcément naïve et incomplète -nous parlons d'étudiants, pas de professionnels ayant des "comptes à rendre"-, si les carnets, au retour, sont vides, si l'on pose d'abord la grande question de l'après avant même d'être allé au plus près, alors il n'y a tout simplement pas d'après. On ne débute pas à XXI.
Et vous ne pensez pas que c'est sain, de la part d'un étudiant en journalisme, d'avoir conscience du caractère naïf et incomplet de son témoignage ? Et d'en déduire qu'il serait probablement inutile, voire qu'il pourrait produire un biais dans la vision de certaines personnes se fiant à une information partielle ? On a toujours des "comptes à rendre" (aux personnes à qui on parle et à celles dont on parle) quand on prétend livrer une information sur un évènement important, qu'on soit étudiant ou non.
Oui et non. Se poser des questions sur ce que l'on fait, oui., absolument. Toujours. Se poser des questions avant même de faire quoi que ce soit, se draper dans ce principe et s'en justifier pour ne pas faire, non. Prétendre qu'il vaut mieux ne rien faire par risque de ne point atteindre la haute idée que l'on se fait de son oeuvre, c'est non seulement complètement stérile (car à ce compte, qui a le "droit" d'écrire une ligne?) mais c'est surtout d'une folle arrogance.
On ne devient pas journaliste à la sortie de l'école, bon sang ! Soudain infaillible, paré de toutes les vertus professionnelles? Journaliste ou autre chose, d'ailleurs. On commence par noircir des pages, par publier des choses qui sont forcément mauvaises, puis un peu moins au fil du temps, à force de travail et parfois de talent. Et croire que ce que l'on publie est si important, et que sa responsabilité est telle qu'elle ne permet pas l'à-peu-près?
A l'époque où l'on imprimait encore du papier, on se disait: "n'oublions pas que ça sert in fine à emballer le poisson sur le marché". A l'heure actuelle, il est mille fois plus facile de publier, je peux le faire avec un téléphone portable. Pourquoi, si je suis dans une manif au Caire, n'envoyé-je pas des images, des descriptions de ce que je vois arriver là, sous mes yeux, des récits de ce que les gens me disent? Quelle importance si je ne suis pas spécialiste? Suis-je donc si unique et si important(e) que l'on ne lira que moi, et que j'ai l'obligation de la perfection? Non ! Si j'ai vraiment ce métier dans le sang, j'ai un *besoin* de raconter tout ça. Peu importe le reste.
Et si ce jury fait son travail, c'est cette envie qu'il cherche chez le candidat. Le reste s'enseigne : l'école est là pour ça. Encore faut-il qu'y rentrent ceux qui y seront à leur place.
On ne devient pas journaliste à la sortie de l'école, bon sang ! Soudain infaillible, paré de toutes les vertus professionnelles? Journaliste ou autre chose, d'ailleurs. On commence par noircir des pages, par publier des choses qui sont forcément mauvaises, puis un peu moins au fil du temps, à force de travail et parfois de talent. Et croire que ce que l'on publie est si important, et que sa responsabilité est telle qu'elle ne permet pas l'à-peu-près?
A l'époque où l'on imprimait encore du papier, on se disait: "n'oublions pas que ça sert in fine à emballer le poisson sur le marché". A l'heure actuelle, il est mille fois plus facile de publier, je peux le faire avec un téléphone portable. Pourquoi, si je suis dans une manif au Caire, n'envoyé-je pas des images, des descriptions de ce que je vois arriver là, sous mes yeux, des récits de ce que les gens me disent? Quelle importance si je ne suis pas spécialiste? Suis-je donc si unique et si important(e) que l'on ne lira que moi, et que j'ai l'obligation de la perfection? Non ! Si j'ai vraiment ce métier dans le sang, j'ai un *besoin* de raconter tout ça. Peu importe le reste.
Et si ce jury fait son travail, c'est cette envie qu'il cherche chez le candidat. Le reste s'enseigne : l'école est là pour ça. Encore faut-il qu'y rentrent ceux qui y seront à leur place.
Je suis frappée en vous lisant, dm. Il n'y a donc qu'une forme de journalisme. Hors terrain point de salut ? On doit faire ses classes, là, avant d'avoir le droit d'aller réfléchir (en fin de carrière ?) au Diplo ? Je trouve votre vision du métier hyper restrictive.
Voyez, je suis journaliste. Passée par Sc po à l'époque où la formation dont il est question ici était en train de se monter (pas encore de diplome dédié). Je ne savais pas bien pourquoi je voulais être journaliste, j'étais sure de ne pas vouloir être grand reporter, je pensais que le journalisme politique était ma voix (fatal error). J'ai fait mes classes à Ouest-France, mes faits-div, mes concours de boule bretonne, mon festival interceltique, mes zélus locaux...
Une nuit, l'appartement à côté du mien a brûlé. Que des dégâts matériels mais très impressionnant, immeuble évacué, intoxications à la fumée. C'est moi qui ai donné l'alerte et prévenu les pompiers. J'ai sauvé ma peau et mon sac à main dans lequel il y avait mon appareil photo (argentique, une autre époque). Je n'ai pas pris de photo. Ca m'a vaguement effleuré à un moment, et puis non. J'ai pris des photos des décombres, le lendemain, après savon de mon chef: "On est journaliste 24 heures sur 24" m'avait-il dit.
Ben non. Moi je ne suis pas journaliste 24 heures sur 24. Je suis beaucoup journaliste, mais pas tout le temps, pas n'importe comment. Je suis aussi militante (et je ne mélange pas les deux), femme, maman etc. Moi ce qui me botte c'est la rencontre, la confrontation des points de vue, l'enquête au sens documentaire. Aller chercher l'info avec les dents, je sais pas faire.
Peut-être que je ne suis pas journaliste, en fait !
Voyez, je suis journaliste. Passée par Sc po à l'époque où la formation dont il est question ici était en train de se monter (pas encore de diplome dédié). Je ne savais pas bien pourquoi je voulais être journaliste, j'étais sure de ne pas vouloir être grand reporter, je pensais que le journalisme politique était ma voix (fatal error). J'ai fait mes classes à Ouest-France, mes faits-div, mes concours de boule bretonne, mon festival interceltique, mes zélus locaux...
Une nuit, l'appartement à côté du mien a brûlé. Que des dégâts matériels mais très impressionnant, immeuble évacué, intoxications à la fumée. C'est moi qui ai donné l'alerte et prévenu les pompiers. J'ai sauvé ma peau et mon sac à main dans lequel il y avait mon appareil photo (argentique, une autre époque). Je n'ai pas pris de photo. Ca m'a vaguement effleuré à un moment, et puis non. J'ai pris des photos des décombres, le lendemain, après savon de mon chef: "On est journaliste 24 heures sur 24" m'avait-il dit.
Ben non. Moi je ne suis pas journaliste 24 heures sur 24. Je suis beaucoup journaliste, mais pas tout le temps, pas n'importe comment. Je suis aussi militante (et je ne mélange pas les deux), femme, maman etc. Moi ce qui me botte c'est la rencontre, la confrontation des points de vue, l'enquête au sens documentaire. Aller chercher l'info avec les dents, je sais pas faire.
Peut-être que je ne suis pas journaliste, en fait !
"On est journaliste 24 heures sur 24" m'avait-il dit.
Ben non. Moi je ne suis pas journaliste 24 heures sur 24. Je suis beaucoup journaliste, mais pas tout le temps, pas n'importe comment.
Pour une fois, je vote. Je vote pour vous. Et en prime je vous offre un livre. Euh, pas tout à fait. Je vous propose juste un lien pour le cas où vous voudriez vous faire un cadeau qui devrait vous plaire. J'ai eu ce bonhomme comme prof dans une école de journalisme du côté de Bordeaux. Sa première intervention, lors du premier cours, pour remettre en place ceux qui, sous prétexte qu'ils avaient réussi le concours d'entrée, se croyaient déjà journalistes : "vous êtes 30 devant moi. Dites-vous bien que ç'aurait très bien pu être 30 autres".
"Moi ce qui me botte c'est la rencontre, la confrontation des points de vue, l'enquête au sens documentaire. Aller chercher l'info avec les dents, je sais pas faire."
Vous vous seriez trouvée au Caire au milieu des manifs, vous n'auriez rien ramené, rien eu à raconter au retour? Je ne crois pas, non? C'est bien de ça dont on parle ici. En fait, j'ai l'impression que le jury se plaint d'un manque de passion de ses candidats.
Vous vous seriez trouvée au Caire au milieu des manifs, vous n'auriez rien ramené, rien eu à raconter au retour? Je ne crois pas, non? C'est bien de ça dont on parle ici. En fait, j'ai l'impression que le jury se plaint d'un manque de passion de ses candidats.
C'est drôle, vous n'envisagez pas une seule seconde que cette aspirante journaliste ait pu rédiger des carnets, de bons vieux carnets papier, à l'ancienne, sans vouloir ni chercher la publicité à double tranchant du blog. Certes, cela ne fait pas partie de son argumentaire, mais j'ai du mal à croire qu'une telle plume a surgi ex nihilo. Il y a manifestement de la pratique et de la réflexion derrière ces phrases.
Mais si, justement: à l'origine, on ne parlait pas de cette aspirante en particulier, mais de la réaction initiale de l'examinatrice, qui se plaignait de voir des candidats qui, mis en situation exceptionnelle, ne ramenaient rien (le "avez-vous pris des photos"? de la fin du post). Je pense que les carnets, ou n'importe quelle trace (les dessins, c'est beau aussi, heureusement qu'il y a XXI pour en publier, mais je digresse) rentrent dans cette catégorie. Bref. J'ai vraiment compris l'histoire comme "ok, vous voulez entrer dans cette école, montrez-nous que vous en avez *besoin*". Mais bon, j'ai sans doute mal compris.
Un peu surpris par les commentaires indignés fleurissant sur le forum, que reproche-t-on à Alice Antheaume, et plus précisément au jury de sélection, de sélectionner les candidats vraiment motivés, de déceler les perles rares, de ne pas se contenter de candidats formatés ? Ce que révèle le blog justement, c'est une absence de culture et d'ouverture des candidats, regarder le grand journal, lire closer, écouter France inter c'est pas terrible... bref peut mieux faire, c'est pourtant pas compliqué de varier les sources d'information, de lire ne serait-ce que quelques minutes les titres d'un quotidien, de citer un événement marquant de l'actualité. Mais non on préfère se contenter du minimum, se cantonner dans le conformisme et le plan plan, c'est justement ce qui tue les medias. Dans une société qui célèbre l'inculture et la paresse, l'argent facile, à travers des émissions de téléréalité, il est à craindre que les futurs candidats soient de moins en moins aptes à surprendre le jury...
Un peu surpris par les commentaires indignés fleurissant sur le forum, que reproche-t-on à Alice Antheaume, et plus précisément au jury de sélection, de sélectionner les candidats vraiment motivés, de déceler les perles rares, de ne pas se contenter de candidats formatés ?
Ne vous inquiétez pas, les candidats non formatés le seront rapidement s'ils veulent faire carrière. Jean-Michel Aphatie était un rebelle lorsqu'il a fait l'école de journalisme de Bordeaux. On a vu ce qu'il est devenu. Les contre-exemples sont rarissimes.
John-Paul Lepers n'est pas formaté...
Ce débat est en fait consubstantiel à ce genre de concours. Antheaume déroule ici un discours typique des jurys de Sciences-Po ou de l'ENA, et pour le coup c'est elle qui n'est absolument pas originale.
Dans ce genre de d'épreuve orale, où il s'agit d'évaluer au cours d'un entretien la personnalité du candidat (tâche impossible) et non pas sa compétence disciplinaire sur tel ou tel sujet, les jurys se flattent très souvent de demander et de mettre en valeur l'originalité des candidats. Sauf qu'il n'y a pas de critère universel de la bonne et de la mauvaise originalité : il ne s'agit pas d'évaluer une compétence technique ou un savoir... mais un savoir-être, toujours susceptible d'arbitraire et de préjugés sociaux, inconscients ou pas. Venir en tongs à l'oral d'entrée de Sciences-Po, c'est indubitablement original, mais il y a peu de chance pour que le jury prenne ça pour autre chose que de la désinvolture. Cet exemple, caricatural, est facile à trancher, mais dans bien des cas il est très délicat pour le candidat de savoir si ça plaira ou pas.
En réalité, on demande une chose impossible aux candidats : se conformer aux présupposés liés à un métier (montrer que moi aussi, je peux en être), tout en se distinguant de la masse des autres candidats... mais pas trop, une gaffe est si vite arrivée. C'est exactement ce qu'il y a derrière le refrain - un vrai marronnier - du conformisme des candidats à l'ENA (la présidente du jury a fait tout un barouf là-dessus il y a quelques semaines). Toute la scolarité précédente (à Sciences-Po !) des candidats tend à les rendre conformistes, le seul moment où il faudra être original, c'est au moment du grand oral. Et ensuite, pour avoir une carrière peinarde, il vaudra mieux revenir au conformisme.
Conformisme, distinction... on en revient à des catégories bourdieusiennes (pardon Daniel !), socialement très discriminantes. Parce qu'évidemment, les candidats à des concours les plus susceptibles de se distinguer positivement (ceux qui savent jouer avec la norme, s'en écarter mais jamais trop) sont ceux qui ont le plus baigné socialement dans ladite norme.
Tout ça est très hypocrite de la part d'Antheaume, et de tous les jurys. C'est en fait toutes les épreuves de ce type qu'il faudrait supprimer, puisqu'au fond elles ne disent rien de la compétence technique du candidat, mais sont des opérations du pure sélection sociale.
Dans ce genre de d'épreuve orale, où il s'agit d'évaluer au cours d'un entretien la personnalité du candidat (tâche impossible) et non pas sa compétence disciplinaire sur tel ou tel sujet, les jurys se flattent très souvent de demander et de mettre en valeur l'originalité des candidats. Sauf qu'il n'y a pas de critère universel de la bonne et de la mauvaise originalité : il ne s'agit pas d'évaluer une compétence technique ou un savoir... mais un savoir-être, toujours susceptible d'arbitraire et de préjugés sociaux, inconscients ou pas. Venir en tongs à l'oral d'entrée de Sciences-Po, c'est indubitablement original, mais il y a peu de chance pour que le jury prenne ça pour autre chose que de la désinvolture. Cet exemple, caricatural, est facile à trancher, mais dans bien des cas il est très délicat pour le candidat de savoir si ça plaira ou pas.
En réalité, on demande une chose impossible aux candidats : se conformer aux présupposés liés à un métier (montrer que moi aussi, je peux en être), tout en se distinguant de la masse des autres candidats... mais pas trop, une gaffe est si vite arrivée. C'est exactement ce qu'il y a derrière le refrain - un vrai marronnier - du conformisme des candidats à l'ENA (la présidente du jury a fait tout un barouf là-dessus il y a quelques semaines). Toute la scolarité précédente (à Sciences-Po !) des candidats tend à les rendre conformistes, le seul moment où il faudra être original, c'est au moment du grand oral. Et ensuite, pour avoir une carrière peinarde, il vaudra mieux revenir au conformisme.
Conformisme, distinction... on en revient à des catégories bourdieusiennes (pardon Daniel !), socialement très discriminantes. Parce qu'évidemment, les candidats à des concours les plus susceptibles de se distinguer positivement (ceux qui savent jouer avec la norme, s'en écarter mais jamais trop) sont ceux qui ont le plus baigné socialement dans ladite norme.
Tout ça est très hypocrite de la part d'Antheaume, et de tous les jurys. C'est en fait toutes les épreuves de ce type qu'il faudrait supprimer, puisqu'au fond elles ne disent rien de la compétence technique du candidat, mais sont des opérations du pure sélection sociale.
Et que dire des formations d'artistes, qui se font dans des...conservatoires...
Quel que soit le jury, il me semble que le candidat essaie toujours à la fois de montrer ses competences, sa motivation, à trouver "le bon angle" pour "se vendre", mais sans chercher à trop se demarquer de ce qu'il pense être les attentes du jury.
Jouer la franchise est sympatique mais d'un angélisme au fond néfaste.
Pour changer le système, il vaut sans doute mieux l'integrer d'abord, et cela passe par des compromis.
MLC
Jouer la franchise est sympatique mais d'un angélisme au fond néfaste.
Pour changer le système, il vaut sans doute mieux l'integrer d'abord, et cela passe par des compromis.
MLC
Plus généralement cet article traduit bien le double discours des DRH et autres jury.. Il faut savoir être original pour sortir du lot sans pour autant froisser les opinions communément acceptés. La marque de l'humilité face à l'information devrait être la règle de base pour mener un travail de journaliste, connaître ses limites et l'état de ses connaissances et des propagandes ambiantes. Pourtant, elle se fait sanctionner sur ce manque, cela montre bien la certitude de tout ces grands esprits qui pensent pouvoir donner leur avis sur tout sans s'en donner les moyens.
Gloire à cette étudiante, l'école de journalisme n'a de journaliste que le nom comme l'a si bien décrite François Ruffin.
Bonne été
Gloire à cette étudiante, l'école de journalisme n'a de journaliste que le nom comme l'a si bien décrite François Ruffin.
Bonne été
[quote="L'ex-journaliste de 20minutes.fr"]Quand le jury voit la passion s’allumer dans les yeux d’un candidat quand celui-ci (...) prend les «gratuits dans le métro parce que cela (lui) donne un aperçu de l’actualité pour pas cher», (...) oui, le jury a envie d’y croire.
Tihihi hohohoho.
Tihihi hohohoho.
Sciences-P[ip]o quoi.
Rien de nouveau sous le soleil, quand vous devez être approuvé par un jury, mieux vaut caresser la corpo dans le sens du poil. La corpo se demande-t-elle si elle va raconter de la merde avant de le faire ? Rarement. Donc,ne pas donner cet argument. La corpo est-elle fière de ce qu'elle fait ? Forcément, au moins en public. Critiquer les médias, c'est critiquer le jury. Pas très malin.
On voit bien sur quoi repose leur formation. Du technique, des usages, des mœurs et basta.
Et là où c'est beau, c'est qu'ils demandent aux candidats de connaître déjà cela avant d'entrer chez eux.
Pour être accepté ? Dire à la corpo que ce qu'elle fait est formidable et nous inspire. Connaître les noms des plus grands, pour leur signifier notre reconnaissance et notre intérêt et donc, indirectement, gratifier le jury. Ne jamais faire plus que chipoter, ne pas toucher là où cela pourrait faire mal, les éléments les plus éminents de la corpo. De préférence, ne pas les critiquer du tout. Ne pas se montrer plus critique que le jury, qui s'est proclamé Grand Mufti Collectif de l'esprit critique.
On critique pas la profession du jury. Cela revient à critiquer le jury. Vous iriez dire au recruteur qu'il fait de la merde et que vous voulez donc prendre sa place ?
On ne critique donc pas la corporation. On montre qu'on veut en faire partie. Pour cela, on singe la Corporation. On dit qu'on touitte, parce que les membres de la Corporation touittent.
On ne dit surtout pas que raconter sa life en 140 caractères, c'est tout sauf du journalisme et que cela fait perdre du temps pour traiter les dossiers de fond.
On montre qu'on connaît les usages de la Corporation. On sait ce qu'est un "flash", un direct, ou que sais-je encore. On signifie ainsi notre adhésion à la grand tribu de ceux qui font du journalisme. Le jury, qui fait partie de la tribu, est donc rassuré ; vous ne serez pas un élément perturbateur pour la tribu, la Corporation, et vous ne remettrez pas ses membres -dont le jury- en cause.
Une épreuve orale* n'a rien d'un examen de connaissances, de déontologie ou de pratique. C'est avant tout un rite initiatique, le premier qui vous mènera à l'intégration dans la Tribu-Corporation. Il faut montrer votre allégeance à la tribu et votre capacité à la servir au mieux dans l'état actuel de ses membres, de ses pratiques et ses objectifs.
*Aucun lien avec une quelconque femme de chambre qui aurait été victime de sexe par surprise.
P.S. : Cela marche avec toute Corporatribu.
Rien de nouveau sous le soleil, quand vous devez être approuvé par un jury, mieux vaut caresser la corpo dans le sens du poil. La corpo se demande-t-elle si elle va raconter de la merde avant de le faire ? Rarement. Donc,ne pas donner cet argument. La corpo est-elle fière de ce qu'elle fait ? Forcément, au moins en public. Critiquer les médias, c'est critiquer le jury. Pas très malin.
On voit bien sur quoi repose leur formation. Du technique, des usages, des mœurs et basta.
Et là où c'est beau, c'est qu'ils demandent aux candidats de connaître déjà cela avant d'entrer chez eux.
Pour être accepté ? Dire à la corpo que ce qu'elle fait est formidable et nous inspire. Connaître les noms des plus grands, pour leur signifier notre reconnaissance et notre intérêt et donc, indirectement, gratifier le jury. Ne jamais faire plus que chipoter, ne pas toucher là où cela pourrait faire mal, les éléments les plus éminents de la corpo. De préférence, ne pas les critiquer du tout. Ne pas se montrer plus critique que le jury, qui s'est proclamé Grand Mufti Collectif de l'esprit critique.
On critique pas la profession du jury. Cela revient à critiquer le jury. Vous iriez dire au recruteur qu'il fait de la merde et que vous voulez donc prendre sa place ?
On ne critique donc pas la corporation. On montre qu'on veut en faire partie. Pour cela, on singe la Corporation. On dit qu'on touitte, parce que les membres de la Corporation touittent.
On ne dit surtout pas que raconter sa life en 140 caractères, c'est tout sauf du journalisme et que cela fait perdre du temps pour traiter les dossiers de fond.
On montre qu'on connaît les usages de la Corporation. On sait ce qu'est un "flash", un direct, ou que sais-je encore. On signifie ainsi notre adhésion à la grand tribu de ceux qui font du journalisme. Le jury, qui fait partie de la tribu, est donc rassuré ; vous ne serez pas un élément perturbateur pour la tribu, la Corporation, et vous ne remettrez pas ses membres -dont le jury- en cause.
Une épreuve orale* n'a rien d'un examen de connaissances, de déontologie ou de pratique. C'est avant tout un rite initiatique, le premier qui vous mènera à l'intégration dans la Tribu-Corporation. Il faut montrer votre allégeance à la tribu et votre capacité à la servir au mieux dans l'état actuel de ses membres, de ses pratiques et ses objectifs.
*Aucun lien avec une quelconque femme de chambre qui aurait été victime de sexe par surprise.
P.S. : Cela marche avec toute Corporatribu.
Engagez-la à @si ! :o)