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La difficile traversée de l'Atlantique de Judith Butler, pionnière des études de genre

Le concept de genre est employé à tort et à travers dans le débat politico-médiatique actuel (quelques exemples ici). Cause et symptôme à la fois, le retard de la traduction des ouvrages essentiels du féminisme américain, ceux de Judith Butler en premier lieu. En cause : un décalage temporel intellectuel entre Europe et US, la méfiance des psychanalystes français et aussi, peut-être...un certain hermétisme.

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Sur le SUJET voir "mœurs et sexualité en OCEANIE auteur Margaret MEAD Traduit de l'américain par Georges Chevassu
imprimé à Paris le 14 mars 1980
-collection TERRE HUMAINE dirigée par jean Malaurie
[large]Edition PLON Dépot légal 1* trimestre 1963[/large]
lire ou relire la quatrième partie -LA LECON DES FAITS-chapitre xvii-Sexe et tempérament- P.251 et suivantes...
Ces "Etudes" sociologiques multiples visant a interpeller les "spécialistes" des sciences humaines ne peuvent "prospérer"dans l'univers médiatique sans..susciter le déchaînement....de la connerie, aussitôt exploité par tous ceux,et ils sont nombreux,y ayant un quelconque intérêt
souvent médiocre,
Ceci étant dit ,,je suis sans avis sur le "GENRE du sexe " ? de l’espèce humaine ,de même que me fiche comme d'une guigne du sexe des ANGES !!!de la naissance de l'UNIVERS ,de la "date" du BINGBANG et du nombre de SOLEIL dans le cosmos..
Notre espèce particulièrement FRAGILE serait bien inspirée de préserver les "segments" de la Planète Terre qu'elle occupe temporairement et depuis peu,en compagnie de" milliards "d'êtres vivants ^plutôt que de.....(-terminer cette phrase comme il vous plaira !-)
A signaler : l'ouverture à ces réflexions dans le magazine les Inrockuptibles, qui ont relayé depuis pas mal de temps, sans caricaturer, ces gender studies.
Il faut redescendre sur terre les amis. Ce qui est bon pour des individus par ce qu'ils en ressentent le besoin n'est pas forcément bon pour une société.
Vous croyez qu'avec une théorie pareille ou en autorisant le GPA ou GMA, nous allons résoudre la perte de repères d'une société?
Il y a des hommes qui viscéralement aiment leur soeurs. Doit on autoriser de se marier avec?
Il y a des hommes mûrs qui aiment les enfants, un peu trop. Doit on autoriser la pédophilie?
Une société doit faire des choix ethiques contre les individualités. Etre homme ou femme c'est fondateur dans toute société.
D'après l'encyclopédie de philosophie de Stanford, probablement la meilleure source qui soit, Judith Butler est plutôt
critique envers la notion de genre. Je vous traduit (maladroitement) un extrait:

Le deuxième argument de Butler est basé sur son idée que "les catégories identitaires [comme celle de femme] ne sont jamais purement descriptives mais toujours normatives et, en tant que tel, excluantes." C'est à dire que l'erreur que commettent les féministes que Butler critique n'est pas d'utiliser la mauvaise définition de "femme" mais bien d'essayer de définir le terme en premier lieu.

Butler soutient que le terme «femme» ne peut jamais être défini d'une manière qui ne prescrit pas des "exigences normatives tacites" (comme ayant une personnalité féminine ) auxquelles les femmes devraient se conformer ( Butler 1999, 9 ). Butler considère qu'il s'agit là d'une caractéristique essentielle des termes tels que «femme» qui servent à désigner (ce qu'elle appelle) des «catégories d'identité».

Elle semble supposer que le terme «femme» ne peut jamais être utilisé d'une manière non-idéologique (Moi 1999, 43) et qu'il sous-entend toujours des propriétés que l'on ne retrouve pas dans toutes les personnes que nous considérons être des femmes. Une explication de cela se trouve dans l'idée de Butler que tous les processus d'élaboration de catégories distinctives comportent des engagements normatifs et des jugements; ceux-ci, à leur tour, reflètent les positions de pouvoir et les conditions de ceux qui sont socialement puissants (Witt, 1995).

http://plato.stanford.edu/entries/feminism-gender/#NorArg
Le genre est toujours normatif. Ce n'est pas une critique de la pertinence du concept, c'est que le concept lui-même nomme et désigne un phénomène social normatif et critiquable. Il faut pouvoir le dénommer pour le critiquer, et le mot "genre" permet cela.
Il serait judicieux de mettre le texte original. Une traduction déforme très souvent le propos.
Y'a le lien en bas de mon message. 3ème paragraphe.
J. Butler est critique par rapport aux conceptions traditionnelles du genre, mais continue d'utiliser la notion et de la défendre comme une catégorie utile. Dans son introduction de 1999 à Trouble dans le genre, elle explique que son objectif était d' "ouvrir le champ des possibles en matière de genre", pas de détruire le genre.
Compte tenu du retard énorme pour la sortie de ses livres en français, il faut probablement replacer ses livres dans le contexte de l'époque pour bien comprendre. Trouble dans le genre et Ces corps qui comptent sont sortis au début des années 90, à un moment où le féminisme était largement marqué par une division entre les pro-sexes type Gayle Rubin, et les féministes de la domination comme MacKinnon. Le courant de MacKinnon tendait à identifier réduire la sexualité au genre, en considérant que la domination des hommes sur les femmes se réalisait dans et par la sexualité (hétérosexuelle), ce qui l'amènait à confondre genre et sexualité (ce qui, d'ailleurs, permet de comprendre pourquoi Monique Wittig disait que la lesbienne n'est pas une femme). De façon opposée, Gayle Rubin et certain-e-s courants Queers détachaient complètement genre et sexualité, voire prônaient une libération sexuelle passant par une abolition du genre.
Or, Judith Butler s'inspire des travaux de ces courants mais adopte une approche très différente. Contrairement à certain-e-s théoricien-ne-s queers, elle continue de penser le genre comme une notion utile. Elle se rapproche de MacKinnon en liant sexualité et genre, en admettant que la régulation du genre peut servir à maintenir l'ordre hétérosexuel. Mais elle s'inspire ensuite de Gayle Rubin en développant l'idée que des pratiques sexuelles considérées comme "anormales" peuvent déstabiliser le genre. Là dessus, elle se démarque de la tendance d'une majorité du féminisme de l'époque qui partait du postulat de l'hétérosexualité obligatoire.
Son travail sur le genre l'amène aussi à s'éloigner très nettement de la conception traditionnelle du genre du féminisme des années 70. Ces féministes définissait le genre par opposition au sexe, et naturalisaient ainsi le sexe. Judith Butler adopte une démarche complètement différente, puisqu'elle développe une approche constructiviste du corps. Elle dénaturalise le sexe en s'inspirant de Foucault, ce qui l'amène à déplacer la notion de genre. Cette partie de son travail fait d'ailleurs l'objet de déformations par les réactionnaires, et on le retrouve aujourd'hui dans la rhétorique des anti-genre qui confondent dénaturalisation du corps et négation de la matérialité du corps.
Comme le dit le texte que vous citez, elle conteste effectivement l'approche figée, descriptive du genre, mais elle ne conteste pas le concept de genre. Elle explique que le genre est performatif (une des ses notions clefs). Elle explique que le genre "est toujours un faire, mais non le fait d'un sujet qui précèderait ce faire". C'est aussi une partie de son travail qui a donné lieu à beaucoup de déformations, certain-e-s lui reprochant de faire du gens un simple choix, sur lequel on pourrait revenir librement et régulièrement (là aussi, on retrouve cette déformation dans la propagande des réactionnaires anti-genre). Mais c'est confondre performance et caractère performatif. J. Butler écrivait très clairement dans Ces corps qui comptent : "le genre n'est pas un artifice qu'on endosse ou qu'on dépouille à son gré, et donc, ce n'est pas l'effet d'un choix".
Donc, elle critique l'approche du genre comme catégorie figée, mais elle ne nie pas l'utilité de la catégorie, et elle l'utilise dans ses différents travaux.

P.S : je parle au passé de ces courants féministes, mais ils existent toujours. D'ailleurs, les débats sur la pénalisation de la prostitution des clients de prostitués ont montré combien que le clivage traditionnel des 90's n'était pas si éloigné...
Merci des précisions, j'essayais aussi un peu de combler une lacune de l'article d'asi: on nous parle de J. Butler sans nous dire qui elle est ou pourquoi ses bouquins sont importants.
Intéressante recherche, merci.

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