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La "question d'Elkabbach" : tentative d'approche

Du rôle crucial des traducteurs.

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La fameuse phrase en réponse à la question sur Hillary Clinton est une référence à un proverbe russe:
On ne se chamaille/dispute/débat pas avec une femme parce que si l'homme est la tête, la femme est le cou, elle fait tourner la tête où elle veut.
Rappelons tout de même, face à une entreprise de déstabilisation de l'un de nos plus grands journalistes, Mr Elkabbach, qu'il est et restera comme l'un des rares professionnels intègres n'hésitant pas à faire preuve de courage face aux grands de ce monde à l'image d'es deux Eric, Brunet et Zemmour.
Des questions sans détour, une rhétorique admirable et des entretiens menés avec pugnacité et courage en toute indépendance, notamment pendant de longues années sur le service public ( d'où il fut licencié par ce qu'il fut le seul à débusquer l'agent du KGB qu'était Mr Marchais) et dorénavant sur Europe 1, une station qui certes n'a pas encore la légitimité de RMC mais qui propose des informations et des émissions de qualité grâce aux capitaux d'un grand capitaine d'industrie, Mr Lagardère.
Nous devrions dont être fiers de compter en France des hommes courageux et intègres plutôt que de se gausser sans cesse avec une mauvaise foi insupportable de leur travail irréprochable.

Il faut donc souhaiter une longue vie à Mr Elkhabbach en souhaitant que Mr Sarkozy revienne en 2017 pour lui confier les clés d'un audiovisuel public noyauté par les gauchistes.

N'oublions que ce grand journaliste participa à l'avènement d'un animateur talentueux, modeste et bienveillant que nous regrettons aujourd'hui Mr Delarue lorsqu'il fut trop brièvement responsable de France télévisions
tout à fait d'accord avec Jules. A la relecture de l'en-tête, j'ajouterais un peu à la complexité du sujet (la communication au delà de la com...) en remarquant le fonds de la réponse de Poutine: "vous voulez faire peur à tout le monde". Sur les chaines Mainstream, c'est comme çà que les médias français ont couvert les évènements en Ukraine en faisant renaître la guerre froide, la lutte contre le communisme. Mais pas seulement pour l'Ukraine, on enchaine avec le FN dont on fait la propagande pendant trois mois, jusqu'à demander qu'il gouverne avec Copé après les Européennes (France2 !). Alors, au-delà de la langue, erreur de traducteur ou pas, il y a une volonté du journaliste que la réponse de Poutine met bien en évidence. La course au scoop, à l'émotion, au sensationnel, à l'incongru, même en interrogeant un chef d'Etat, la corporation ne peut s'en empècher. On a remplacé le pouvoir de poser des questions intelligentes à quelqu'un qui en sait plus que nous, par celui de se faire valoir auprès du téléspectateur français. A rapprocher de ce journaliste qui interroge le sélectionneur de l'équipe de France de Hand-Ball qui vient de gagner la coupe du monde, depuis 5 minutes. "Alors, quel est votre objectif maintenant?" Laissez nous savourer la victoire, lui a t il répondu. D'où viennent ils, qui représentent ils, pourquoi exercent ils leur pouvoir comme çà ? Je sais bien, il y a un tas d'émission sur le sujet sur ASI. A celui qui la pose de répondre à la question...ou pas.
Boaf,

interview "intégrale" caviardée de 17 minutes, traduction approximative ...

Ben ... TF1 quoi.
C'est un peu ballot d'envoyer ces deux petits mickeys face un à judoka de ce niveau; huitième dan dit-on, ce n'est pas rien.

Double ippon.
Regardez la totalité de cette vidéo, courte 1'19''.
On a le rire et son explication.

http://www.youtube.com/watch?v=4i6nPNpR6PA

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Je salue la patience de M. Poutine.

A sa place, je n'aurais clairement pas pu m'empêcher de mettre mon poing sur la gueule de ces journaleux, après de telles provocations.

Mais bon ; savoir accepter de prendre des coups bas et de ne pas y répondre est un art subtil, que seuls certains diplomates de haut vol sont capables de maîtriser (donc non, je ne suis pas diplomate).

Il serait peut-être temps de comprendre la source de sa popularité (et pas qu'en Russie) avant d'adopter des postures russophobes stériles.
On tremble d'imaginer que des négociations entre chefs d'Etat puissent être exposées à ce genre de malentendus. Erreur de traduction, accusation infondée d'agressivité, réplique énervée ("agressif, moi ?") : le ton peut monter si vite !

Je n'ai pas le livre sous la main, mais je me souviens que La Vérité littéraire de Marthe Robert commence par raconter que l'on pouvait traduire de manières (très) différentes la réponse japonaise à l'ultimatum des Américains avant qu'ils ne lancent la bombe atomique sur Hiroshima. Ce qui n'est pas très étonnant dès qu'on a quelques notions de base en grammaire nippone. C'est (évidemment) la traduction la plus "agressive" qui aurait été retenue, avec la conséquence que l'on sait.

Edit : achab a été plus rapide et mieux outillé que moi !
Ni linguiste ni rhétoricien donc je me risquerais pas à répondre à la question. Mais la chronique m'a fait penser à ce texte de Marthe Robert

« Le verbe mokusatsu a, paraît-il, quatre sens différents en japonais: prendre note de quelque chose, traiter quelque chose par un silence méprisant, passer quelque chose sous silence, et rester sagement dans l’expectative (je traduis de l’anglais). Un verbe subtil, comme on voit, dont la polysémie trop riche serait à l’origine du bombardement de Hiroshima, c’est du moins ce que je lis dans le Bulletin d’information de l’Association des traducteurs littéraires de France, sous le titre: « L’erreur de traduction la plus tragique de l’Histoire. » En juillet 1945, les chefs alliés réunis à Potsdam adressent un ultimatum au Japon, en stipulant que « toute réponse négative entraînera une destruction immédiate et massive ». Désireux sans doute de gagner du temps, le premier ministre Suzuki répond aux journalistes qui l’assaillent de tous côtés: mokusatsu, ce qui dans son esprit peut signifier qu’il prend note de la chose, mais ne fera pas de commentaires pour l’instant. Aussitôt les agences de presse internationales publient des dépêches d’où il ressort que le gouvernement japonais traite l’ultimatum par le mépris et ne juge même pas bon d’y répondre. Furieux, les Américains décident alors le châtiment suprême, et dix jours plus tard, ils larguent sur Hiroshima la première bombe atomique de l’Histoire. Le traducteur français qui rapporte cet incident mémorable observe avec bon sens que si, en l’occurrence, les interprètes sont les premiers fautifs, c’est en fin de compte sur Suzuki que pèse la plus lourde responsabilité: dans des circonstances aussi graves, il aurait pu choisir un mot moins ambigu que ce mokusatsu dont il connaissait forcément l’épineuse subtilité. Il aurait pu. Certes, mais étant donné les sentiments qu’on est en droit de lui supposer mokusatsu n’était-il pas le verbe le plus indiqué pour dire tout à la fois et son désir de temporiser, et son ressentiment à l’égard des vainqueurs, qu’il ne pouvait pas exprimer plus clairement? Mais dans ce cas il n’y aurait pas à proprement parler de contresens: mus par une hostilité plus ou moins consciente en face de l’ennemi, !es interprètes ont retenu des quatre acceptions possibles du mot précisément celle que Suzuki, plus ou moins consciemment lui aussi, avait choisi de faire passer sous le couvert de son silence. Ils ont simplement répondu par une option tendancieuse à une pensée qui ne l'était pas moins au fond, et pour finir ils ne se sont pas trompés, puisque, ayant parfaitement démêlé l'arrière-pensée de leur interlocuteur, leur erreur est devenue le révélateur de la vérité. Assurément s'ils avaient une conscience professionelle et une conscience tout court tant soit peu chatouilleuse, ils ont pu se le reprocher. Mais on voit à cet exemple de traduction diplomatique, combien les traducteurs littéraires sont privilégiés, car tandis que n'importe lequel d'entre eux, forcé de choisir entre les différents sens d'un même vocable qui, quoique voisin, sont séparés par des nuances sémantiques décisives, est exposé à ce genre de méprises du seul fait qu'en l'absence de certitude linguistisque, il ne peut trancher que selon la pente de ses propres désirs et de ses propres idées, ses petites ou grandes trahisons n'ont jamais la moindre importance, d'abord parce qu'elles ne risquent guère de provoquer des catastrophes mondiales, et puis surtout parce qu'en matière de littérature les pires bévues ne relèvent d'aucun tribunal »
Bonjour (bis)
Je ne comprends toujours pas pourquoi l'on ne parle pas de cet évènement qui va sans doute avoir de nombreuses suites durant l'été.
Nous en avons les prémices ici en ce moment à Montpellier.
Mais cette interview n'était pas en direct ? Comment cette erreur d'interprétation a pu passer après coup ?
Bonjour
Je pense Daniel qu'il ne s'agit nullement d'une histoire de passage d'une langue à l'autre.
Regardez comme l'entourage de traitre 1er (et lui-même) ont interprété le résultat des 2 élections qui viennent de se passer.
Etonnant non … comme aurait dit P. Desproges
« “La guerre n'est pas très loin. A quelques centaines de kilomètres d'ici.” Poutine a compris que Bouleau estimait qu'une guerre s'approche (dans le temps), alors que Bouleau exprimait une analyse géographique (dans l'espace). »

De Poutine ou de l'interprète, quelqu'un devra alors revoir sa compréhension du mot « kilomètre ».

« Poutine voulant apparemment dire qu'il valait mieux “ne pas se disputer” »

En tendant l'oreille, il me semble bien que c'est le verbe sporit' (qu'on peut éventuellement traduire en français par « disputer », dans son sens légèrement archaïque de « avoir une discussion argumentée »), que Poutine utilise, et non ssorits'ya (« se disputer »).

« La question d'Elkabbach semble poursuivre à la fois deux buts rigoureusement contradictoires : prononcer “les mots qui fâchent”, tout en offrant au questionné une échappatoire évidente. »

Je ne suis pas sûr que l'échappatoire soit présente. J'ai l'impression que sous la forme extérieure d'une question rhétorique, il s'agit plutôt de prévenir le spectateur que la réponse attendue ne peut être que de la langue de bois, sous la forme: « Vous allez voir, il va nier l'évidence ».

Voilà, c'était ma minute inutile.
Traduttore tradittore
[quote=Daniel Schneidermann]Elle [La question d'Elkabbach} atteint enfin parfois à la pure poésie néo-oulipienne, comme cette autre question à propos d'Hillary Clinton : "Votre première réaction spontanée c'est la colère, une certaine maitrise de vous, l'envie de punir, ou peut-être un jour de rire ? On vous a jamais vu rire". Poutine n'a pas ri.

Mais non, il ne s'agit pas de poésie néo-oulipienne. Le russe maître de soi et qui ne rit jamais fait référence au film Ninotchka d'Ernst Lubitsch (1936). Je ne savais pas Elkabbach amateur de cinéma…
Juste un petit rappel (qui ne servira à rien, je sais bien) : un traducteur, à l'oral ça s'appelle un interprète.

Je suis traductrice, et je vous assure que ce n'est pas le même métier.
J'aime trop la dernière question "On ne vous a jamais vu rire"... Fallait oser, quand même. Peut-être d'ailleurs, que le traducteur n'a pas osé traduire?

Du coup, je pense au "Nom de la rose".
"mais j'aimerais savoir s'il existe un mot pour caractériser les questions d'Elkabbach."
oui:la sénilité.
mais bon,ça arrivera à tout le monde un jour..
Si quelqu'un peut retrouver la bande annonce-teasing d'Europe 1 par Elkabbach lui-même (datée d'hier), merci de mettre le lien. C'est modeste, proportionné à l'ego du plus grand interviewer de France et savoureux.

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