Les empêcheurs de rire
Après l'attentat contre Charlie, la fusillade de Montrouge et la prise d'otages meurtrière de Vincennes, on a entendu certains prôner le profil bas, le rasage de murs au Bic trois lames. Surtout ne pas choquer, éviter l'humour lourd qui pourrait passer pour islamophobe (la dernière couverture de Charlie, non mais quelle honte j'voujure !) Faut-il baisser la tête, se la couvrir de cendres, s'interdire toute moquerie ?
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Derniers commentaires
http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2015/01/31/comment-l-islam-est-perverti-par-ses-fideles_4567342_3232.html
Pour donner encore un peu plus de regrets à ceux qui, non-abonnés, n'auront sans doute pas accès à l'intégralité du texte, en voici les dernières lignes :
"... Les musulmans européens font un grand tort à leur religion en la réduisant au port du voile et à la viande halal. Il y a dans le Coran des valeurs plus importantes que la prière, le ramadan et le pèlerinage réunis. "Dieu ordonne la justice, la bienfaisance..." Il est rare dans le Coran qu'un verset prenne un ton aussi solennel pour énoncer les priorités. Dans les compilations de hadiths, il n'y a aucun chapitre qui évoque la justice.
Si on juge à l'aune du seul Coran, un pays comme la Norvège est cent fois plus musulman que l'Arabie saoudite." (Ali Malek)
Bonne lecture !... ou pas...
Pourtant ses livres sacrés sont tellement respectueux des modes de vie des autres.
Faut croire que l'insulte est autorisée que lorsque l'on l'a profère et pas quand on la reçoit.
En trente-sept ans de carrière, jamais je n'aurais divulgué le contenu d’une rédaction à qui que ce soit. Question de déontologie, de besoin de justifier la confiance que doit nous faire un élève. A la rigueur, aux parents et pour des raisons sérieuses. En fait ça ne m'est arrivé qu'une fois, une fille qui exprimait un profond mal-être, les parents m'ont remercié car ils n'avaient rien vu. Mais jamais à ma hiérarchie.
Cette affaire devait se régler entre l'enseignant et l'élève. Ça porte un beau nom : la relation pédagogique. Mais ici, avec l'hystérie ambiante, on a pris un marteau pour tuer une mouche.
// «C'est toujours inquiétant quand on a ce genre de propos», estime Georges Gutierrez, le procureur de la République de Grasse. //
Ah bon, elle allait se faire sauter dans la classe comme une djihadette ? Ses parents, outrés comme le furent nombre de musulmans, étaient en train de préparer un attentat ?
Cette petite fille est atteinte dans la confiance qu'elle peut faire aux adultes. Beau résultat.
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Ah, les joies du tir à balles réelles lorsqu'on est une jeune fille de 13 ans !
Olim ? Que du bonheur !
JDCJDR
C'est ta mort que tu veux, là, mon frère !
A-t-on le droit de caricaturer ce qui pour les autres est sacré ? Si oui, alors on peut dessiner Mahomet ET l'holocauste.. Si non, alors on doit dénoncer les deux (caricatures). Il faut être cohérent.
Le mieux est d'aller voir sur le site officiel. On peut s'apercevoir qu'il y a des caricatures de beaucoup de choses différentes (on y voit meme du Charlie Hebdo et du Plantu...). D'ailleurs je pense que ce site pourrait vous intéresser, et que vous devriez, Alain, aller dans ce musée...
PS: j'adore...
J'aime assez le critère de Geluck.
Il n'y a pas d'ambiguités à se moquer du pape, parce que la religion catholique, culturellement en Europe, on est tombé dedans tout petit.
Et en se moquant du pape ou des curés, on se moque, avec du recul, de sa propre naiveté ou de sa foi enfantine.
Se moquer d'une religion qui n'est pas la sienne, c'est différent. Outre le fait que c'est blesser inutilement des gens qui ne peuvent répliquer de façon civilisée ( puisque la loi ne les protège pas), c'est surtout une critique d'une grande faiblesse, précisément parce qu'on est extérieur à ce qu'on critique.
p 360: Le commandement des anciens despotismes était: " Tu ne dois pas." Le commandement des totalitaires était: " Tu dois." Notre commandement est: " Tu es".
p 416: Il était de retour au ministère de l'Amour. Tout était pardonné et son âme était blanche comme neige.
"nous, gens de peu de bien "
Je ne sais pas si je suis un "gens de peu de bien", vu que je vis moyennement dans un des pays les plus friqués du monde, du coup, je ne sais pas si je suis concernée par ce "nous" ?
" c'est la seule arme"
Je ne considère pas le rire comme une arme. Et puis je suis plutôt contre la détention d'armes par les particuliers parce que les armes, ça peut tuer, c'est très dangereux.
Je veux bien envisager l'utilisation symbolique du mot "arme", mais alors ce n'est pas la seule que j'ai il y a dans mon arsenal ( dans le désordre) mon intelligence, ma volonté, ma liberté, mon amour, ma parole, mon silence, ma connaissance, ma vie et ma mort.... et probablement tant d'autres choses que j'oublie.
Du coup, n'importe comment qu'on prenne la chose, non, le rire n'est pas la seule arme, puisque soit ce n'est pas une arme, soit elle n'est pas seule.
"il faut rire, encore et toujours"
Qui veut m'empêcher de NE PAS rire, ou alors d'avoir ri et de cesser, ou de rire mais d'envisager qu'à un moment je cesserai ? Et pourquoi ?
Ces temps-ci il y a plein de gens partout qui veulent m'expliquer ce qui me fait rire et quelles sont les valeurs fondamentales pour moi.
Je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Geluck, je ne suis pas Plenel, je ne suis pas Korkos, je ne suis pas Napoléon non plus... en fait, j'ai déjà assez de mal à être moi, alors faudrait me lâcher un peu, ça devient franchement oppressant.
Si on est 60 millions à ne pas être entièrement d'accord entre nous et à avoir chacun sa petite opinion personnelle avec ses limites personnelles et ses incohérences personnelles, je trouve ça plutôt normal et je ne comprends pas pourquoi on donne des leçons aux donneurs de leçons.
Ce n'est pas bien de faire le raccourci de dire que c'est l'Iran qui organise et a organisé ces concours infâmes.
En 2006 c'est un journal iranien.
Actuellement c'est un centre, "iran's cartoon" qui est nommé. Financé par la municipalité de Téhéran, enfin je me demande car: est-ce la même chose que Iranian'cartoon house qui oeuvre "for the recognition, upgrading and propagation of cartoon and caricature in Iran." ?
J'aimerais simplement revenir sur Sophia Aram, car le cas me parait fort emblématique: elle s'attaque à une forme d’extrémisme religieux, et ce qui pour elle représente l'anti-feminisme de certains courants musulmans. Alors, par amalgame, on lui reproche de faire de l'islamophobie: "Féminisme + laïcité, également marqueurs de l'islamophobie. Du temps de l'antisémitisme, on brouillait également les pistes en prétendant s'attaquer aux riches, aux exploiteurs et aux banquiers…"
On lui reproche donc de se cacher derrière une lutte féministe (émancipatrice) pour promouvoir des messages islamophobes, ou en tout cas 'inciter les gens à l'islamophobie". Comme on reproche à certains de se cacher derrière l'anti-sionisme pour faire passer des messages antisémites.
Alain Korkos dit:
"se présenter en Saoudienne revêtue d'une burqa et ridiculiser le "féminisme discret" du roi Abdallah était un moyen parmi d'autres d'empêcher que des jeunes musulmanes sombrent dans un fanatisme religieux qui asservit les femmes,"
je suis entièrement d'accord avec lui. Mais effectivement se vêtir en burqa est une outrance, une blague un peu provocatrice dirigée contre un fanatisme religieux. On pourrait prétendre qu'elle s'attaque à l'Islam dans son ensemble en utilisant un symbole que les islamophobes utilisent, mais je suis certain que Sophia Aram n'est pas islamophobe, ses discours le prouvent.
C'est pour cela qu'il faut faire la part des choses: Il faut pouvoir critiquer toutes les religions, les dogmes, les idéologies. Mais il faut faire la distinction entre ces dogmes, qui s'habillent ou utilisent la religion, et les religions elles-mêmes (qui sont souvent multiples derrière une seule terminologie; il y a beaucoup de courants contradictoires chez les chrétiens, les juifs et les musulmans, c'est un fait à ne surtout pas oublier), et à fortiori les croyants chez qui la vision du monde est conditionnée par tout un tas de choses, dont la religion n'est qu'une partie relative (chez certains plus que d'autres, certes).
Amalgamer des valeurs, des us et coutumes et des discours spécifiques à une religion toute entière, revient en quelque sorte à essentialiser cette religion, ce qui est le début du racisme. Mais il faut pouvoir critiquer tout discours, tout dogme (d'autant plus s'il est "fanatique"), sans être taxé de raciste (tant qu'on s'attaque à une idéologie spécifique, qu'on n'amalgame pas cette idéologie à un peuple, une culture toute entière).
Mais la frontière est ténue, à cause de la proximité des mots et de la difficulté de se faire comprendre. A chaque parole, il faudrait être très précis (une précision que la langue orale ne permet peut-être pas) rappeler tout le contexte, les non-dits qui se cachent et qui peuvent être mal interprétés, ce qui est impossible, à moins d'écrire un bouquin à chaque fois... Donc laissons la liberté d'expression à toutes les opinions, et faisons le tri intelligemment, au lieu de vouloir interdire certaines paroles, censurer les humoristes, formater de force les enfants à l'école...
Les Inrock sont très courageux de s'attaquer à Philippe Gelluck. Sait-on jamais, il pourrait les attaquer à la kalach.
Le rire a plusieurs fonctions, qu'il faut analyser avec un peu de recul. La première est l'autocritique. Le dénigrement de ses propres défauts pour mieux les dépasser, mieux les comprendre, les afficher ouvertement sans tomber dans l'autoflagellation pour autant. Il s'applique à soi-même ou à sa propre communauté (au sens très large, famille, idéologie, religion, peuple, etc...).
Le rire est ensuite une arme. Vraiment. Le rire est une arme permettant de mettre à terre, humilier l'adversaire. Cette arme dans les mains du peuple, des plus faibles permet d'attaquer efficacement les puissants, tourner en dérision les valeurs, la morale, tout ce qui domine le peuple et maintient son asservissement. C'est une arme magnifique d'émancipation. Elle permet de détruire des structures profondément implantées par un travail de sape, de sabotage, une vraie résistance du peuple face aux dominants. C'est le rire de Molière, du siècle des lumières, de hara-kiri plus récemment et du Charlie hebdo des années 70, de Coluche, de Desproges...
Or, que se passe-t'il quand cette arme est utilisée par les dominants eux-mêmes ? Pas envers eux-mêmes mais envers la classe qu'ils dominent ?
Quand un Guillon ou un Porte accablent par l'humour des politicards de n'importe quel bord ils attaquent leur propre classe sociale ou une classe qui les domine... C'est drôle et le rire n'a pas de limite ici. Car il dénonce les abus des puissants, ouvre les yeux par un regard provocateur, choquant, qui pousse chacun à la remise en question du pouvoir. C'est un rire salvateur, qui redonne le moral dans les périodes difficiles, soutient les oppressés, leur offre un espace d'adhésion, de rassemblement.
Quand Charlie Hebdo, dirigé par un Philippe Val, ami des grands de ce monde et rédigé par des petits intellectuels bourgeois des beaux quartiers parisiens, s'attaque frontalement à des femmes et des hommes dont la condition sociale est miséreuse et n'ont aucun moyen de défense... ça devient tout de suite moins drôle. Et c'est là le problème. Les musulmans en France sont majoritairement représentés dans le prolétariat. C'est une classe sociale qui souffre au quotidien, dominée par les structures sociales, la subordination au travail, le cantonnement aux tâches les plus ingrates, un environnement hostile...
La religion devient donc un refuge. Un mauvais refuge en forme d'impasse (de mon point de vue athée, anti clérical, anti religieux...), certes, mais c'est un refuge quoi qu'on en pense.
Or le rire promu par Charlie Hebdo se limite exclusivement à attaquer frontalement ce refuge et ne propose plus depuis longtemps la critique des mécanismes menant à cette impasse.
Et c'est là tout le problème. Ce qui fait la différence entre Siné mensuel et Charlie Hebdo. Les deux proposent une satyre du religieux, le premier pour accabler les puissances religieuses qui exploitent la misère, le second pour accabler les pauvres hères qui n'ont plus que la religion pour trouver un simulacre de bonheur. Charlie aurait dû se focaliser sur les liens entre la république française et les puissances islamistes, en particulier les liens nauséabonds avec le Qatar, l'Arabie Saoudite, ou le Maroc dans une autre mesure. Sur l'ineptie d'envoyer des troupes françaises au Mali pour lutter contre les islamistes, alors qu'il suffisait de leur couper les vivres provenant directement des puissances islamistes "amies". Bref, montrer que rien n'est clair dans la république, qu'elle n'est pas exemplaire, que la religion est un faire valoir (uniquement !) et que ceux qui s'y font engloutir ne sont que des victimes, pas les bourreaux !
Le rire porte un message de fond ! Il ne faut jamais l'occulter ! Et ce rire peut donc porter des messages politiques d'une classe envers l'autre ! Ces dernières années, Charlie n'a rien fait d'autre que de se foutre de la gueule de la misère sans dénoncer cette misère. Comme un président peut se moquer des sans dents. Comme un grand patron peut se moquer des conditions de vie de ses ouvriers... etc...
C'est tout à fait permis mais on a le droit de ne pas être d'accord avec ce message politique consistant en gros à faire croire que la misère n'est due qu'à l'oisiveté et au manque de volonté d'en sortir de ceux qui s'y trouvent. Je veux le droit de m'opposer à ce message, sans pour autant se faire traiter d'empêcheur de rire... Car ça n'a plus rien à voir avec le rire !
Eric Blanc, banni suite à une imitation d'Henry Chapier lors de la cérémonie des Césars en 1988.
Manuel Pratt, censuré, banni depuis fort longtemps. La seule fois ou j'ai vu Manuel Pratt à la télévision, il y a de nombreuses années, j'ai pensé qu'une formidable carrière l'attendait-et puis plus rien; je me souviens de son sketch, il s'attaquait avec férocité aux sectes, aux témoins de Jehovah.
Qui dérangeaient-ils? Qui a pris leur défense? Pourquoi cet ostracisme à leur égard?
A rapprocher de Catherine Ribeiro pour la chanson.
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-anselme/290115/le-rouge-et-le-tricolore
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paragraphe sur Geluck, se terminant par "Qu'ajouter ?"
Par exemple de nombreux dessins que Geluck publie depuis longtemps sur la burqa, ça aurait nuancé la charge.
https://www.google.be/search?q=geluck+burqa&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ei=Jv3NVJTqC4r_7Aaa4oCYDA&ved=0CCMQsAQ&biw=1920&bih=943
Les exemples donnés par AK sont tous des exemples de "rire descendant", c'est à dire destinés à enrichir un contenu médiatique sérieux.
Le rire "ascendant", c'est celui que vous "payez pour voir", c'est le spectacle d'un humoriste dont le seul but déclaré est de nous faire rire. Tache difficile selon le regretté Desproges.
Or depuis quelques temps, dans notre pays "démocratique", des humoristes se heurtent à des "empêcheurs de rire" plus sinistres. Dernier exemple en date avec Jean Roucas dont le spectacle est interdit par la maire de Saint-Pierre-des-Corps.
Donc il y a des personnes qui ont le pouvoir de décider du rire que les gens peuvent ou ne peuvent pas acheter. Acheter est un acte micro-politique dangereux lorsqu'il est effectué en masse. Tous les artistes connaissent le pouvoir incroyable d'une salle réagissant à l'unisson.
Le rire "descendant" est contrôlé par les propriétaires des médias dans lequel il est imprimé/diffusé. Il ne sera JAMAIS anti-système. Voir l'histoire Charlie-Siné. Il existe aussi un livre récent de Philippe Bouvard (60 ans de journalisme..) qui analyse très finement les frontières et les barrières mises en place sous couvert de liberté d'expression.
Le rire "ascendant", celui qui les gens achètent directement auprès de l'humoriste, est le seul susceptible de remettre en cause de manière efficace le système. Seule la répression policière peut essayer de le juguler, ou au mieux d'empêcher l'humoriste d'en vivre (ce qui revient à le tuer socialement).
Il s'imposerait donc d'analyser le sens du terme d'humeur dans les métamorphoses sous lesquelles nous en sommes saisis: naturelle, spontanée, libre impression sur nous de la réalité que nous éprouvons, l'humeur peut devenir violente dans son expression "brute de décoffrage". Émotion-expression-agression. D'où la nécessité d'en réfléchir la pensée. Ce qu'en l'occurrence permet la syllabique association, sinon l'assonance: humour-amour. Qu'au fond de toute humeur règne l'amour serait ainsi la révélation de l'humour.
Oublier le 7 janvier ? Impossible. Impensable. Mais surtout, conserver de ceux qui furent massacrés pour leurs idées, le souvenir de leur impertinence iconoclaste, de leurs défis d'hommes libres, et le perpétuer.
Rire, encore et toujours. A gorge déployée. Sans interdits. Sans entrave ni tabou. Au nez des censeurs. A la barbe des tueurs. Ce sera le plus bel hommage à leur rendre.
A titre personnel, il en va de ma santé morale.
Pour notre démocratie, il s'agit d'une question de survie.
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C'est à ceux que ça heurte de dire qu'ils le sont, avec des mots.
J'en trouve pas des masses des heurtés par l'image du prophète.
Le problème des médias (et des difficultés relationnelles en général) c'est les personnes qui parlent à la place des autres pour régler les problèmes des autres, qui n'ont rien demandé aux dites personnes.
Si ça se trouve il n'est même pas ressemblant dans les dessins.
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Ainsi on a notre nouvelle bible et nos nouveaux Saints laïcs ! Aujourd'hui, critiquer Charlie Hebdo, c'est commettre un blasphème, pratiquement. Il y aura dorénavant une feuille de chou à laquelle on DEVRA révérence. Critiquer la Une du dernier Charlie ? Critiquer ? Émettre une légère réserve ! "Comment ? Ordure ! Lâche ! Traître ! Collabo ! Sans couilles !". Moi, personnellement, ça va vite me les casser, les couilles. Et la tribune de la meuf de Luz ne vaut pas mieux !
J'étais pas Charlie avant les attentats. Le l'ai été pris par l'émotion et le choc de l'assassinat de figures telles que Cabu et Wolinski. Je ne le suis déjà plus !
Ah, et aussi : Sophia Aram en burka avec l'accent arabe, c'est digne de Michel Leeb faisant le singe qui fait le nègre (ou inversement).
Oui, ça pue salement en France depuis 3 semaines. On va avoir droit au racisme bien pensant. Au racisme "pour votre bien". Ca va très bien avec les interrogatoires préventifs de djihadistes de 8 ans !
1- "avoir des couilles" et ne pas être un mou, c'est utiliser l'insulte ;
2 - donner des leçons, ce n'est pas bien - il faut donc donner une leçon pour le faire comprendre ;
3 - les musulmans, les catholiques (et les porteurs de Paris-Brest) sont, dans la société française, rigoureusement équitablement traités et exactement sur le même plan ;
4 - expliciter son avis (sur du contenu) c'est être un empêcheur (du point de vue du principe de la liberté d'expression). Donc, si j'applique ce raisonnement stricto sensu, Alain est contre la liberté d'expression de Geluck, Plenel et Gunther.
Être musulman en France n'a pas le même sens qu'être catholique ou athée, comme le fait d'être ouvrier ou femme n'est pas la même chose qu'être patron ou homme.
Votre ligne éditorial, en niant l'islamophobie structurelle de notre société permet un statut quo qui produit toujours l'ostracisme d'un groupe de personne identifié comme pas suffisamment intégré à des "bonnes" valeurs qui ne reflètent qu'une vision étroite de ce que doit être un citoyen.
Voici quelques liens avec des morceaux choisis qui aideront peut être ce média qui devient de moins indépendant à un racisme ambiant à revoir sa position.
Sur le rôle sociale de l'humour comme mécanisme d'exclusion et la suite
[quote=Une heure de peine]Si tous ces gens t'expliquaient que c'est de l'humour et que tu n'as pas à te sentir mal, tu le prendrais sûrement mal. Quand un dominant explique à un dominé comment il doit ressentir les choses, il ne fait qu'exercer sa domination.
[quote=Une heure de peine]En choisissant de qui ou quoi tu ris, tu choisis aussi avec qui tu ris. C'est pour cela que le choix est important : le rire, ça te situe socialement.
Le racisme comme un système
[quote=Une heure de peine]L'autre problème de cette définition est qu'elle rabat le racisme sur de simples manifestations d'hostilité. Autrement dit elle le renvoie à un problème individuel, une relation agressive locale, le simple recours à un jeu de langage particulier, toujours manipulable, toujours retournable. Elle fait disparaître tout le contexte, et donc tout l'aspect social et politique du racisme
Charlie Hebdo ou le Check Point symbolique
[quote=Les mots sont importants]On ne dira jamais assez combien les caricatures ont touché de plein fouet dans leur dignité une population déjà socialement fragilisée. Lors de la parution des caricatures, l’argument de Charlie Hebdo avait été double : liberté de la presse, et lutte pour la défense de la laïcité. [...] Mais on n’a pas assez souligné que le Jyllands-Posten, ce journal danois qui le premier a publié les « caricatures du prophète », était ouvertement pronazi pendant la seconde guerre mondiale. Et qu’aujourd’hui encore, il est considéré comme un journal très conservateur de la droite danoise.
De quoi Charlie est-il le nom ?
[quote=Les mots sont importants]Mais qu’est-ce donc qu’un Charlie ? [...] Dès lors le « Je suis un Charlie » signifie bien « Je suis un Français », un « blanc » [...] « je suis blanc et j’emmerde les bougnoules »
"Charlie Hebdo": dans les écoles, le racisme n'est pas toujours là où on le croit
[quote=Jemma Bent Seghir]En tant que femme arabe, je sais que tenir un discours critique, partagé par des intellectuel-le-s blanc-he-s radicaux, sur l'identité nationale, sur l'héritage colonial, ou encore sur le racisme institutionnel, pourra potentiellement être considéré comme un manque de loyauté républicaine, quand d'autres pourront s'exprimer à ce sujet sans être attaqué-e-s du point de vue de leur identité.
Pendant des décennies, les dessinateurs de Charlie Hebdo ont travaillé dans l'esprit d'une liberté d'expression absolue, en choisissant de ne rien considérer comme sacré ni intouchable, et ils se sont attaqués indifféremment à tout ce qui pouvait être érigé au rang de Dieu ou d'idole. Ils l'ont fait parfois un peu brutalement, en énervant des gens, en écopant de critiques ou même de procès. C'était le jeu, ils l'avaient compris et l'avaient accepté, et ils l'ont joué jusqu'au bout, au prix de leur vie.
Et à présent qu'ils sont morts, et de la façon la plus atroce qui soit, en un meurtre qui a choqué à peu près tout le monde, la tentation s'exprime de plus en plus, ici ou là, de verrouiller la parole les concernant : exprimer une critique au sujet de certains de leurs dessins, suggérer qu'ils auraient parfois pu avoir tort de s'attaquer à telle ou telle partie de la population, de telle ou telle manière (et peu importe au fond le contenu ou les arguments de la critique, qui varient), devient un sacrilège insupportable. C'est un peu compréhensible : le meurtre dont ils ont été victimes est atroce et traumatisant. Mais je crois qu'il faut se faire un peu violence et savoir se montrer vigilant face à ces tentations de verrouiller la pensée et la parole. Défendre ardemment le droit à la caricature peut (et doit) aller de pair avec la défense tout aussi ardente du droit à la critique, fût-elle de la caricature. L'espace public doit pouvoir accueillir l'un et l'autre sous une forme civilisée. Je crois, d'après ce que je connais d'eux, que les dessinateurs assassinés avaient parfaitement intégré cela et qu'aucune trahison ne serait plus insultante pour eux que d'en faire de ces dieux intouchables qu'ils ont passé leur vie à défier.
(A aussi bossé au canard, mais je n'ai rien trouvé
Votre courage (et celui de votre chef) me rend d'autant plus admiratif que vous n'étiez pas obligé. Personne ne vous aurait reproché de ne pas prendre aussi clairement position.
Je vous souhaite à présent de connaitre des nuits paisibles et sans cauchemars. C'est souvent après la bataille que surviennent les angoisses.
C'est moi, messieurs, qui suis le terrible Prologue*,
Cicérone effroyable, et taillé comme un ogre;
Je porte à chaque main, grimaçants et tordus,
Des trousseaux gémissants de peintres suspendus.
A voir mes dents en scie et mes mâchoires larges,
Vous diriez que je dois, dans mes cruelles charges,
M'abreuver de leur sang, Polyphème nouveau,
Et repaître ma faim du suc de leur cerveau.
Ma moustache et mon œil sont ceux d'un ogre ! En somme
Pour comprendre combien au fond je suis bon homme,
II suffit de jeter un coup d'œil attentif
Sur l'aspect malheureux de mon pourpoint chétif.
Mon habit est connu dans les foires publiques;
Toutes mes armes sont des armes pacifiques,
Des plumes, des pinceaux, une palette; aussi
Je suis, messieurs, de ceux que le sort sans merci
Force de provoquer un éternel délire,
Et de faire aux passants partager leur fou rire.
J'ai l'orgueil, tant je suis innocent et naïf,
D'amuser ceux-là même à qui mon crayon vif
Infligea le tourment de la caricature;
Je veux que les pendards, pendus à ma ceinture,
Dénués de tout fiel comme de tout rancœur,
En rires éclatants désopilent leur cœur.
Oui, messieurs, suivez-moi sans nulle défiance,
Car je saisi moyen d'élargir votre panse,
Et crois que je ferai, je le dis entre nous,
Rire pour mille francs plutôt que pour vingt sous.
*Lire Le Prologre
Charles Baudelaire
Le Salon caricatural
critique en vers et contre tous - (illustration Rops)
quelqu'un le dit bien mieux que moi.
http://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20150123.OBS0668/c-est-a-l-islam-de-s-adapter-a-l-europe.html
Maintenant, quand il va sortir dans la rue, il a intérêt à regarder de tous les côtés en marchant !
MATL, prof de collège en retraite
(Gunthert, on s'est fritté sur son blogue, où il n'aime pas trop al contradiction. Chai pas pourquoi, mais il a une tête à rire la nuit de la Saint-Jean par pleine lune)
Comme face à n'importe quel demi-raisonnement, je suis d'accord avec vous jusqu'à un certain point.
Quant à ce respect du "sacré" de l'autre, où s'arrêtera-t-il ? En quoi une conception du sacré qui édicte des règles sur la toilette, le mariage ou la manière de porter ses cheveux est-elle respectable ? En quoi la croyance en dieu est-elle plus respectable que la croyance dans un meilleur demain pour l'humanité ? Qui détermine ce qui est sacré ou non ? La quantité de "disciples" ? La durée des croyances ? Car il s'agit bien de croyances, à la fin. Pourquoi, alors, se moquer de ceux qui croient que les extra-terrestres nous visitent chaque jour ? En quoi leur "foi" n'est-elle pas respectable ? Parce qu'elle n'a pas les moyens de nous pourrir l'existence avec des règles absurdes ou d'influencer les "grands" de ce monde ? Il suffit maintenant de prononcer avec emphase le terme sacré pour que s'éteigne toute possibilité de discussion. Le sacré est devenu un argument d'autorité. Fichez-nous la paix avec le sacré. Ce qui est sacré, c'est le respect pour l'humanité, la lutte contre l'injustice, la pauvreté, les autorités de tout poil, l'intolérance érigée en loi qui se déguise sous une fausse tolérance à tout ce qui pourrit l'histoire humaine. Mais ce sacré là n'a pas son église ni ses croyants, apparemment ; on le traîne dans la boue de la réalité sans aucun complexe et bien souvent au nom de dieux amers, frustrés et méchants, mais surtout totalement privé de sens de l'humour.
Les exemples que vous produisez en illustration de la citation d'O wilde ont en commun qu'ils s'en prennent à des puissants. Et c'est bien évidemment cette liberté qu'il faut défendre.
En revanche, Geluck parle de son souci de ne pas blesser ni insulter des braves gens dans ce qu'ils ont de plus sacré. Et je suis absolument d'accord avec lui.
Quant aux propos de C. Conte qui abomine Plantu et Geluck, ils montrent qu'il n'a rien compris au concept de solidarité.
Quand je défends quelqu'un en difficulté avec qui je suis en accord, je ne suis pas solidaire. Je me conduis simplement... en honnête homme !
La solidarité consiste à défendre, au nom de valeurs partagés, quelqu'un avec qui on est en désaccord.
Ça valait le coup d'attendre.
Plenel et Geluck sont des sans couilles, et Gunthert un con intégral.