"L'investigation, c'est un bien commun, comme l'hôpital"
La télé publique veut-elle tuer ses émissions d'investigation? Des projets de réduction drastique des effectifs des émissions Envoyé Spécial et Complément d'Enquête, sur France 2, ont suscité une vigoureuse opposition à l'intérieur, et un vaste soutien à l'extérieur de France Télévisions, contraignant la direction du groupe à reculer partiellement. L'investigation est-elle trop dérangeante pour les pouvoirs politiques et économiques? Cherche-t-on à la museler? Pour répondre, trois invités : Jean-Pierre Canet, ex-rédacteur en chef d'Envoyé Spécial ; Thierry Vildary, journaliste investigation pour Stade 2 et Jean-Baptiste Rivoire, ex-rédacteur en chef adjoint de Spécial Investigation (Canal+).
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Derniers commentaires
On n'est plus chez Elise Lucet...
Sous couvert de nous informer, c'est carrément, à peine dissimulée, une (longue) pub pour HSBC...
A vomir...
L'émission est sur youtube ici et l'extrait commence à 41 minutes et se termine à 47:56 après une digression.
Je ne dis pas ça pour dire que c'est super ou minable, juste pour le signaler.
arrêt nous met encore une petite louche d'insoumis....!!!!! pitié.
quand j'écoute / regarde cette émission ! Vous êtes tous
les quatre beaux - à votre manière - mais (hors extraits vidéo)
le plus important, c'est ce que vous dites et avancez comme arguments.
Formidable et formidables !
Dans un paysage audiovisuel fait de connivences,de conflits d'intérêts ,ou l'essentiel des grands médias est détenu par de grands groupes,heureusement quelques "indiens" s' accrochent à des "fondamentaux "...
L'investigation fait partie de ceux ci....et le vrai service public de l'information (différent des quelques "journalistes" sous influence y compris malheureusement dans le service dit public ) doit être défendu par les citoyens. ...
Pour cela,les journalistes concernés doivent faire appel à nous...
Les mouvements spontanés sont rares....
Bref, les émissions politiques du "sert-vice public" font-elles partie du bien commun dont la charité se foutrait (pardon, se moquerait) ? Je pense à celle que Mélenchon qualifie de traquenard dans son brûlot (terme choisi pour enflammer qui voudra, c'est stratégique) le plus récent comment se prépare le traquenard de France 2 que j'ai lu cul-sec. Et à la suite de cette lecture difficile, je me disais que décidément Jean-Luc persistait horriblement dans ses explosions langagières et scripturales qui le font tellement mépriser, à l'image du mépris qu'il dit lui-même éprouver parfois – c'est dans l'émission je ne sais plus où – à l'encontre de gens dont il faut hélas reconnaître trop souvent la laideur intellectuelle et humaine. A moins que je n'aie vraiment rien compris au monde "que nous vivons", autre supposition parfaitement recevable, excepté par moi sauf le jour de l'an nouveau.
Je lisais donc ses colères contre la clique pseudo-journalistique, ses dénonciations des tromperies, mensonges, procès, chasses à courre qui lui sont infligés, en pensant : Jean-Luc, tu vieillis mais ne change pas, tu rebutes plus que tu ne convaincs, et je ne donne pas blanc-seing (!) à tous ceux dont par tes violences verbales tu renforces le mépris, la colère, la bêtise et l'indignité , dont je n'ose espérer une humanité a priori meilleure que celle des "ultra" de tous bords qui infestent la planète média et notre quotidien. Enfin, si les justes existaient, la vérité de leur mission aurait tout balayé, n'est-ce pas...
Et comme je m'éloignais moi-même de la vérité (humour de centre doite-gauche molle-mou), quittant les vertes prairies de la militante utopie partageuse que le mouvement (et non le parti) des insoumises et insoumis portent avec passion, abnégation, sincérité et probablement avec excès de bonne volonté et parfois avec par méthode bornée (l'idéologie mise à part), il m'a semblé utile, bien que préjugeant désormais de par ma lecture initiale, d'aller voir l'émission tant détestée par Jean-Luc. Et là tout est remonté du dégout profond, voire viscéral dont il parle dans son blog. Toute la question parallèle de la censure m'a sauté à la gueule encore, à nouveau, et l'historienne (?) Debray m'a achevé à mi-parcours, la nausée me jetant à terre. Et dire que ces salauds se permettent de doubler la charge avec ce qu'ils se permettent de présenter comme un décryptage d'une heure à la suite de cette grotesque sainte scène.
Non, la censure n'est pas la question unique. Le dire n'a pas de sens pour tous ceux qui savent combien la propagande est plus encore dramatique que tout. Mais le répéter procède de la mission de salut publique. Bien qu'avec peu d'espoir, je veux dire combien ce que Jean-Luc désigne comme un traquenard n'est rien d'autre que cela en effet, mais plus encore une épreuve à la fois vomitive, désespérante et révoltante. Je la déconseille aux âmes sincères, et j'ai compris ce que Jean-Luc écrivait, comment et pourquoi. Je n'aime toujours pas cette impression "victimaire" qu'on doit lui accoler ces temps, ni la violence de son propos. Y a-t-il une autre voie ? Il faut en douter.
Pour les téméraires et les combattants Ça prétend s'appeler l'émission politique
Il suffit de voir comment on traite l'hôpital pour savoir le peu de cas que l'on peut faire de l'investigation.
Deux raisons : celle de la censure en amont comme dit François Ruffin mais aussi celle toute bête des économies. Car finalement, censure ou pas, ce ne sont pas quelques images chocs qui vont bouger cette masse amorphe à qui on retire petit à petit tout ce dont elle avait droit jusque là. L'émission de Lucet sur Lidl et autres gros entrepreneurs sociaux a eu un effet passager mais je doute que le sort de leurs employés s'en trouve conforté.
Tout comme la mise à jour des conditions de travail des sous-traitants fournissant la compagnie d'Ivanka Trumpitt n'a eu pour effet qu'un "Oh vraiment, c'est épouvantable, nous ne travaillerons plus avec ce sous-traitant là" (info puisée dans le dernier livre de Noami Klein)
Mes différents vécus dans différents milieux m'ont convaincue qu'un directeur vécu comme incompétent ou nul est rarement là par hasard. Il "apporte" toujours quelque chose. Reste à savoir quoi et à qui.
Le courageux journaliste de Sport 2 a t-il lu l'interview récente dans la PQR du Professeur Jean CHAZAL chirurgien au CHU de Clermont qui, avant d'opérer un célèbre international grièvement blessé, s'exprimait franchement sur l'évolution du rugby contemporain ?
Et puis pas grande retombée médiatique à ma connaissance après le sort funeste* de l'ancien et célèbre 1/2 de mêlée des springboks que le 20H de France 2 avait montré en son temps en fauteuil roulant, atteint en pleine force de l'age d'une terrible maladie neurodégénérative aux causes potentielles multiples.
* Il est mort depuis...
Non, elle impose juste une idéologie.
Merci de ce que vous faites et aux invités
Je suis capable d'être solidaire des journalistes qui sont en train de subir le couperet, sans hésitation même, mais chanter à la gloire de France Télévision, "chantre de l'information indépendante" - c'est mort
Des journalistes de Canal+ et France 2 qui se chamaillent, gentiment, ces-derniers se désolant de ne pas avoir les moyens de produire ce que produisent les premiers, malgré l'argent du service public ; brandir Elise Lucet comme la chantre de l'investigation, comme si elle l'avait inventée (?) mais surtout - soutenir toute l'émission durant que le service publique n'est pas nécessaire à l'investigation, bien plutôt qu'il est le seul groupe pourvoyeur des moyens nécessaires à la réalisation de cette sorte d'enquêtes - mais sérieusement ?
Et tous les autres jours sans - Elise Lucet - c'est jour maigre : on s'informe pas ?
C'est franchement grossier ; pendant une heure il y a eu un glissement "service publique au sein de l'audiovisuel" vers "service publique au sein du journalisme", et ça n'est pas le fait d'une inattention, ou d'une maladresse
Oui, Elise Lucet qui harponne dans une assemblée d'actionnaires, c'est jubilatoire, c'est jubilatoire seulement de l'entendre ne pas lâcher une question après l'avoir posée ^^ - mais sérieusement... c'est aussi jubilatoire que c'est le b-a ba.se du travail d'un journaliste ^^
L'information sur France 2 est une insulte à tous les gens qui y assistent, et à leur intelligence. Pujadas en maître de cérémonie, ses émissaires Salamé, Lenglet, et Saint-Cricq, à sa suite, qui lui auront survécu, tout autant que lui ; la nouvelle n'est pas mal dans son style ; un soupçon de macronisme, c'est dans l'air du temps
Le "format" que revêtent les magazines dont parle l'émission n'est pas une "autre question", non, le format de ces magazines en détermine le fond, il ne se limite pas à "accrocher l'attention du téléspectateur parce que c'est un peu technique, parce que c'est un peu compliqué" non : la musique omniprésente, la musique systématique, les effets de régie qui donnent la bectée-des- choses-qu-il-faut-comprendre, les mises en avant des manœuvres et des réflexions qu'il a fallu déployer durant l'enquête, autant de choses qui sont loin d'être une façon d'habiller l'image-sinon-y-a-rien-à-montrer, -s'il n'y a rien à montrer, peut-être qu'il faut continuer de chercher ? ^^ - ce format tend à donner les traits de la fiction à une image qui se proposait, au départ, de rendre compte d'une enquête sur des faits non-fictifs. ce format entend mimer les ressorts du film, sinon, "le beauf y comprend pas" - journaliste en protagoniste, comme un héros, ou une star de ciné, ça ne se fera pas impunément. Au regard des instances que supposent la réception de l'information, comme, je sais pas, l'esprit critique ^^ heure de grande écoute ou pas, 21H - 23H après une journée de taff - ça fait un effet dévastateur, si l'optique est toujours d'informer ^^
la cerise, ça reste le "à l'heure où les medias sont détenus par des intérêts privés... vs. le service public"... parce que le service publique, il sauve l'indépendance de l'information, c'est de notoriété com-mu-ne ^^
Franchement, à ce niveau-là, on est au cinéma : « Fance 2 fictions ». entre pleurer sur le sort de feu-Pujadas-à-20H, et pleurer pour de vrai en souvenir du mal que peuvent faire ces "émissions d'investigation" à l'imaginaire de tout le monde quand elle s'occupe de "banlieue" ou de "police" ou de "drogue" ou de "voiles" ou de etc., envoyé spécial en tête - Bernard de La Villardière lui aussi dit faire des enquêtes exclusives - de l'investigation ^^
Mais il faut les défendre, au service publique, parce qu'il subissent en ce moment les effets terminaux du néolibéralisme atmosphérique, donc, il faut promouvoir le journalisme du service publique au motif de la nécessité ; y a pas un hiatus autre part que dans ma syntaxe seule ? le motif de la nécessité d'assurer, de suivre, de gérer - un coup de feu médiatique, un rush dans l'actualité qu'après, 10 ans de sociologie, d'Histoire ou de toute la liste des humanités-acharnées, fictions comprises, n'arriveront pas à défaire.
ça n'est plus du cinéma - la censure économique, c'est pas elle qui fait des films, et pas d'autres ? - c'est une blague. Le spectre de la censure économique traverse l'émission pour exhumer au détour d'une incompréhension son principal ressort, la prod.
Mentionner in fine qu'un journaliste peut risquer de se faire griller definitely s'il parle de censure : "s'il dit un mot, il y a de très très forte chance que le diffuseur ne le fasse plus jamais travailler" - "avez-vous un seul journaliste d'enquête faire un travail pour la télévision en étant dans une agence de presse privée ouvrir la voie, s'exprimer publiquement sur un problème de censure ?"
(non, absolument jamais, personne. ça ne portait pas un nom nonobstant ? "pas vu à la télé" ? - _-.)
Ne pas voir l'ironie dans la déclaration "canal était un peu le service publique à l'époque", puisque c'était avant, plus tôt dans l'émission.
Réfléchir aux possibilité du web pour diffuser et arriver à se souvenir, quand même, qu'on est sur "arrêts sur images" ^^ mais avoir parlé pendant une heure de journalisme d'investigation, - qui restera, malgré la pourriture du paysage médiatique, journalisme inclus, une tautologie-, en parler pendant plus d'une heure et mentionner Mediapart à cinq minutes de la fin l'émission -- c'est une grosse farce
le même journal qui, à quelques jours de ses 10 ans, se voit sommé de rendre gorge, chose qui ne signifie pas en figuré, comme ne l'expliquait pas le philos'off de service sur le service public hier, "ravaler sa salive", ou "faire rentrer les mots dans la gorge", mais l'exact inverse
R e n d r e G o r g e
- Littré -
* se dit de l'oiseau qui rend la viande qu'il a avalée.
* Par extension, rendre gorge, rendre ou vider sa gorge, vomir après un excès.
* Fig. Rendre gorge, restituer par force ce qu'on a pris ou acquis par des voies illicites.
"Ah ! sandis, messieurs les coquins, vous rendrez gorge", [Dancourt, Déroute du Pharaon, sc. 26]
* Faire rendre gorge à quelqu'un, l'obliger à restituer ce qu'il a pris.
- CNRTL -
? Rendre gorge. Vomir. « Notre vie (...) s'empiffre, jusqu'à ce que, comme un chien qui vomit des vers et des morceaux de viande, le ventre bourré se révolte et qu'on rende gorge sur la table! » (Claudel, Tête d'Or,1901, 1repart., p. 180).
https://www.littre.org/definition/gorge
http://www.cnrtl.fr/definition/gorge/substantif
Le phénomène obéit toujours peu ou prou à la même logique :
Exigence de rentabilité - faire mieux avec moins - du pouvoir en place (conseil d'administration, gouvernement). Elaboration d'un plan de réduction des coûts par un top management (Delphine Ernotte) qui ne connait souvent rien au métier. Crise du middle management tiraillé entre l'attachement aux équipes et au travail bien fait et la préservation de sa carrière à travers l'accomplissement d'objectifs chiffrés souvent irréalistes. Dégraissement des effectifs, remaniements, recours à l'externalisation. Protestation des salariés. Rétorsion, désignation de coupables "d'immobilisme". Burnouts, baisse de la qualité, de la satisfaction des usagers, etc.
Il me semble aujourd'hui infondé de dire que l'intention derrière la réduction de moyens des rédactions des magazines de France 2 est principalement politique - infondé au sens que nous n'en avons pas la preuve et que des explications beaucoup plus probantes se trouvent sous notre nez. Ces décisions sont avant tout économiques, voulues par des technocrates hors sol enfermés dans un modèle mental façonné par un milieu et une idéologie économique extrémiste nuisibles à l'intérêt général.
Question 1 : Pourquoi une émission aussi courte avec des intervenants aussi intéressants et cashs, qui ont beaucoup de choses à dire et du coup tout le monde a du parler très vite ?
Question 2 : Pourquoi dans les revendications du service public, personne ne dénonce les hauts salaires ?
Ah, la standing ovation à Pujadas... Surréaliste.
Il est clairement expliqué dans la troisième partie comment la sous-traitance permet de refuser certaines enquêtes: ça on prend, ça on ne prend pas, un peu comme on fait son marché; du coup il sera plus difficile de parler de censure.
Et cette sous-traitance conduit à des temps d'investigation beaucoup plus courts.
Je signale à Loki qu'il y a plus bas un forum d'entraide spécialement dédié aux problèmes techniques. Ceci permet de ne pas polluer les discussions. J'ai bien noté que vous vous êtes désabonné temporairement. Ne manquez surtout pas de vous signaler lors de la reprise, je ne voudrais pas manquer ça.
Pas que le décor est "conçu" par la personne, il l'a été une fois pour toutes.
ça veut dire que le décor est "monté" par les gens cités ?
Quelqu'un pour me sortir de mon ignorance ?
J'aurais adoré la présence de Lucet, mais bon ....
A notre niveau à nous, on peut agir comment pour signifier à la Delphine qu'on veut pas qu'elle touche à l'investigation ?
En tout cas, la comparaison avec l'hôpital ( et tous les services publics) est très juste.
Le gonflement des services de gestion, management et autre DRH est mis en oeuvre systématiquement par des gens qui ne connaissent pas le métier et se fait partout au détriment de ceux qui savent faire et qui font vivre la structure sur laquelle les autres se gavent. Ce serait un sujet d'investigation assez intéressant à traiter de façon transversale.
C'est une conséquence directe de l'idéologie managériale : ce sont les chefs (de projets, managers, directeurs, entrepreneurs ...etc ) qui produisent la richesse. Les travailleurs coûtent. (vous vous rappelez non ? créateurs de richesse vs coût du travail).
Dans cette logique, quand tout va mal, il faut plus de chef et moins de travailleurs. C'est logique ! Et si ça va encore pus mal ? c'est qu'on a pas osé aller assez loin. ..
C'est comme ça partout et pour tout : il faut saigner plus.
C'est à ce genre de signes qu'on distingue une société qui a perdu tout repère et qui patine en roue libre dans une pure idéologie déconnectée de la réalité... tout ça va très mal finir.
Merci ASI, je partage sur les réseaux ...
Hey, je plaisante....;-))
oui, partout pareil : on gonfle l'encadrement et on réduit les travailleurs / producteurs. J'ai constaté ce phénomène de nombreuses fois dans ma carrière, surtout dans le secteur public.
C'est accompagné d'externalisations, et au final, à une perte de compétence.
J'aurais adoré la présence de Lucet, mais bon ....
Elle a l'air difficile à attraper, mais ce cygne y est arrivé :
https://www.youtube.com/watch?v=laDOwa1gGF0
Les anciens d'E&R, rejetons frustrés de la classe moyenne blanche, ont grandi ; désormais, ils votent Asselineau et regardent Thinkerview.
L'âge venant, leur haine des juifs a légèrement diminué, mais leur fantasme infantile d'un monde qui serait idyllique si on se débarrassait des méchants (banquiers, journalistes, politiciens) perdure. Le capitalisme et ses logiques systémiques, ils connaissent pas. Misère du confusionnisme...
une analyse en ce sens de l'interview d'Élise Lucet ?
Dans cet entretien, Lucet confirme qu'elle n'est pas "d'extrême gauche" (sic) et que la compétition pour le profit entre entreprises capitalistes est un phénomène "naturel" (je ne sais plus si elle utilise ce terme, mais c'est ce qu'elle dit implicitement ou en substance).
Pour elle, il y a un bon capitalisme, celui qui paye ses impôts et n'exploite pas de travailleurs de moins de 18 ans. Grâce aux moines-soldats que sont les journalistes d'investigation, "l'opinion publique" informée revendiquera une moralisation du système ; nos représentants agiront et les quelques magouilleurs qui nous spolient seront punis. Ai-je besoin d'argumenter pour démontrer que cette vision du monde est à la fois naïve, dépolitisée, et en définitive conservatrice ?
Ce refus de considérer des dynamiques qui sont de l'ordre de la structure est partagé par les conspi' : le chaos du monde serait causé par quelques individualités méchantes ; débarrassons-nous des 1%, les 99% pourront ensuite se prendre par la main et faire une grande farandole autour de la terre.
Si vous saviez lire, vous auriez compris que jamais je n'ai qualifié Lucet de conspi'. En revanche, elle partage avec les conspirationnistes une vision naturalisée du capitalisme, meilleur des mondes possibles à condition qu'on se débarrasse de quelques voyous (version Lucet : les grandes firmes tricheuses ; version conspi : les banquiers / les juifs / les ricains / les illuminatis / les reptiliens).
Il n'est donc pas étonnant qu'Elise Lucet soit compatible avec un média comme Thinkerview, qui a beaucoup de défauts dont celui d'avoir des collusions voire des continuités claires avec les analyses conspi'.
Évidemment que Korben, la QDN, Thinkerview, etc., c'est pas Richard Stallman, ne serait-ce que pour une question de génération.
Vous avez le droit de ne pas apprécier l'émission ou certains interlocuteurs (et pour cause). Mais il semblerait que tout ce qui ne soit pas de votre opinion soit «dépolitisé», «conspi», «confucianniste» ou simplement «naïf».
Le dispositif est tout simple et laisse finalement une quasi tribune libre à la personne interviewée. Lorsque la personne est un politique ou un idéologue qui ne partage pas notre opinion c'est assez indigeste (pour ma part Polony ou Asselinau par exemple).
J'estime que le propos d'Elise Lucet est dépolitisé et naïf, non pas car il n'est pas franchement anticapitaliste, mais car il fétichise des notions telles que le mensonge, la triche, le non-respect de l'intérêt général, en les présentant en creux comme des produits de personnes malfaisantes ou d'institutions localisées, alors qu'elles sont les scories d'une logique systémique. Celle-ci, précisons-le, n'étant pas réductible à la logique capitaliste.
On a l'impression d'enquêter/raisonner, mais dans la réalité : on ronronne sur les genoux des vivants.
Vous devriez faire de la télé.
Au passage, obligé de toujours ramener tout aux juifs et à l'antisémitisme ? Ainsi qu'au misérable et médiocre #TINA de Thatcher ?
Sans les "rêveurs" et les utopistes de genre de ThinkerView, on serait encore tous des cerfs et à l'âge de pierre !
Leurs interviews ont systématiquement pour implicite le postulat d'une "masse désinformée" de citoyens passifs, qui sera sauvée de son obscurantisme par la communauté des hackers mobilisée. Sans parler des "bras cassés qui légifèrent" et des "journalistes, ces chiens qu'il faut affamer" (dixit l'intervieweur lors de l'entretien avec Henri Maler).
Les "points de vue divergents" apportés par Thinkerview trouvent effectivement leur public sur Internet, auprès de ce que je qualifiais de façon ironique de classe moyenne blanche frustrée biberonnée politiquement à E&R, et qui accueille très favorablement ce type de contenu qui la situe parmi une minorité de lucides, de conscients, de juste, au milieu des masses conformistes et ignorantes. Le ressort narcissique est identique, et la porosité du public de Thinkerview avec les milieux conspi', évidente.
Mais vous avez raison, inviter l'éditocrate réactionnaire Natacha Poloni, elle-aussi experte en matière flatteries adressées à ses fans (clients?), c'est tellement subversif...
Difficile aussi de les accuser de soutenir Asselineau, franchement. Je crois savoir qu'ils avaient invité Mélenchon mais qu'il n'a pas voulu venir/pas répondu à l'invitation.
Guillaume Meurice, Paul Moreira, Élise Lucet, confusionnistes ?
Il y a évidemment une part de provoc (Michel Collomb, Polony, Asselineau, ambassadeur de Russie, etc), c'est la culture "pirate" qui date de 2006 et qui s'est renforcée lors du débat sur l'Hadopi. Alors évidemment, c'est une culture discutable (voir l'affaire Silk Road) et s'il y a confusionnisme c'est plutôt entre libertarisme et libertarianisme (cf. bitcoin).
Sinon, d'accord avec vous sur le ton parfois méprisant de Sky... Je vous signale aussi que Fabrice Epelboin l'a remplacé en tant qu'interviewer et qu'on peut difficilement le taxer de soralien (même s'il a d'autres défauts par ailleurs, ceux qui ont participé à la bataille Hadopi se souviendront de ses positions et de celles de Mettout, le type de l'Express).
Bref, il y a un monde entre Thinkerview et des types comme ceux de "la taverne des pirates" (ou la Barge ou je ne sais quoi). On reconnaît les soraliens à l'obsession affichée des "réseaux pédophiles".
Ce que j'apprécie sur cette chaîne - quelles que soient les intentions cachées ou non de ses animateurs - c'est que les gens ont le temps de s'exprimer, et c'est parfois très rigolo (voir avant-dernière vidéo assaisonnée au jus de raisin).
Je connais mal le milieu "hacker" mais ce que j'en perçois de l'extérieur n'est guère reluisant. Je ne saurais vous dire laquelle, mais il y a une vidéo de Thinkerview dans laquelle l'intervieweur sous-entend clairement qu'il croit en l'existence de multiples réseaux pédophiles organisés en haut lieu.
Plus généralement, je ne crois pas que le confusionnisme de Thinkerview puisse s'analyser comme une indécision entre des orientations libertaire et libertarienne. L'horizon libertaire est celui de l'émancipation, s'y trouve postulée et visée l'égalité entre tous ; il est donc radicalement incompatible avec toute forme de snobisme "hacker" et avec la misanthropie condescendante qui semblent particulièrement répandus dans ce milieu.
Je n'ai pas non plus l'impression que ces hackers, dans leur majorité, soient opposés à toute forme d'autorité hiérarchique. Il s'agit d'un idéal hédoniste, plus que libertaire, du genre "ne m'empêche pas de faire ce que j'ai envie de faire sur Internet" (et aussi, ce point étant à mettre à leur crédit, accéder à une information détenue par un monopole ou par un gouvernement).
Mais la condition pour que cet idéal hédoniste soit réalisé (et mater les entreprises monopolistes, transnationales, ou pire), c'est pour pas mal de gens de ce milieu la présence d'une autorité forte, indispensable pour mettre un peu d'ordre dans le chaos national ou mondial.
D'où une certaine fascination pour Poutine ? Je ne crois pas, quoi qu'il en soit, que l'entretien avec l'ambassadeur de Russie relève de la pure provoc'. Je suis allé sur la page Facebook de Thinkerview tout à l'heure : le site d'info le plus relayé est... Russia Today.
Donc plus qu'une "intention cachée" qu'il s'agirait de débusquer chez Thinkerview, je pense qu'une lecture en termes de confusionnisme est plus adaptée : leur cadre d'analyse, c'est l'idée d'un peuple maintenu dans l'ignorance par une élite malfaisante, moralement abjecte (éventuellement pédophile), que des petits collectifs d'activistes et de hackers conscients tentent de mettre à nu, en bonne avant-garde auto-satisfaite. Grosso modo le scénario de Matrix quoi, ils ont avalé la pilule rouge et luttent pour le salut du peuple, malgré lui car il est con et écrasé par l'idéologie dominante.
Cette vision du monde est extrêmement glissante et peut dériver vers des formes politiques très problématiques.
Pour finir un point important, valable pour toutes les formes de "conscientisations confusionnistes" : j'aimerais croire à la capacité de ces idéologies à évoluer, à se structurer et à, disons-le franchement, se convertir en socialisme, mais étant donné leur indécrottable narcissisme et leur lecture individualiste du monde social, elles me semblent davantage susceptible d'évoluer vers l'autre extrême du spectre politique.
ces hackers [...] du genre "ne m'empêche pas de faire ce que j'ai envie de faire sur Internet" (et aussi, ce point étant à mettre à leur crédit, accéder à une information détenue par un monopole ou par un gouvernement).
Je viens comme un cheveux sur la soupe en me mêlant de ce qui ne me regarde pas, mais il y a des chances qu'on confonde "hackers", "pirates", et "hacktivistes". Même "pirate" dans "pirates informatiques" et "parti pirate" ne veut pas dire la même chose.
Je pense saisir la nuance entre hackers, pirates et hacktivistes ; ce dont je parlais, en fait, serait davantage quelque chose comme une "culture hacker" relativement partagée dans ces sphères, et qui me semble avoir un certain nombre de caractéristiques générales, dérangeantes pour certaines.
En fait c'est en pensant à ça que j'ai réagi au mot "confusionnisme". Je commence à en avoir ras le bol de voir des gens comme Pierre Carles ou Frédéric Lordon, ou encore Franck Lepage et Bernard Friot, se faire traîner dans la boue par 2 ou 3 sites tenus par 1 ou 2 personnes. Ça devient franchement super louche de voir ces gens s'en prendre uniquement à la gauche (faut voir ce que Ruffin se prend dans la gueule sur la page FB de Yannis Youlountas). Parce que mettons que Thinkerview ne soit pas clair, ça n'est certainement pas une raison pour tomber sur le râble d'Élise Lucet ou d'autres personnes qui ont accepté de donner une interview.
D'un autre côté, que faire ? Ces chaînes ont une audience qui n'est pas celle des néocons de 28 minutes d'Arte. Il est bon que cette audience ait accès à des gens comme Paul Moreira (en effet, si mes souvenirs sont bons, Sky lui reprochait à mots couverts de ne pas fouiller assez pour découvrir va savoir quoi, mais un truc que lui, il sait).
Bref, c'est pas simple tout ça :-)
Globalement je suis d'accord avec ce que vous dites.
Mais on pourrait aussi citer le cas Chouard, dont l'évolution a montré que les obsédés du confusionnisme avaient raison de s'en méfier.
Et sur Ruffin, bon... je veux pas créer une polémique sanglante sur ce forum où il est très apprécié, mais à mon avis il est un personnage très problématique.
Toute critique contre cette réincarnation patriote de l'Abbé Pierre est bonne à prendre (je trolle) ;-)
Chouard, bah... Je le trouve surtout très pénible à écouter (ou à lire). Pas marrant, ce mec. Zéro humour. Il est quand même nettement moins dangereux que, au hasard, Valls, à qui ces sites anti-conspi, anti-confusionnistes ne s'en prennent jamais. Pourtant, dans le genre confusionniste, il est pas mal non plus !
Tout le reste du web islamogauchiste est soit rouge-brun, soit conspi/antisémite, soit, pire encore, "citoyenniste". Ou peut-être encore stalinien (adjectif devant toujours être accolé à "crapule").
Amusez-vous avec leur délire total sur Nuit Debout (sur le site des Enragés ou celui de Confusionnisme-info). C'est tellement out of space qu'au départ j'ai cru que c'était de l'humour.
Dans le registre, plus blanc que blanc, on a aussi Olivier Cyran et Julien Brygo (snif) qui estiment tout d'un coup que David Graeber n'est ni un "vrai" anthropologue ni un vrai libertaire. Ça doit donner, les conferences de rédaction du Monde Diplo.
Et pourtant, c'était pas difficile d'être autrement plus pertinent - et plus drôle - dans la critique à Nuit Debout :
https://odieuxconnard.files.wordpress.com/2016/04/nuitdebout.jpg
Et puis il ne faut pas hésiter à laisser des commentaires sous les vidéos. Souvenez-vous l'époque où un tas d'universitaires disaient que Wikipedia, c'était de la merde, au lieu de corriger les erreurs et les biais... C'est bien plus fiable maintenant (mais bien moins rigolo qu'en 2006 où à peu près tous les acteurs X avaient leur fiche).
C'est vrai que cette phrase est dégueulasse.
Je pense saisir la nuance entre hackers, pirates et hacktivistes ; ce dont je parlais, en fait, serait davantage quelque chose comme une "culture hacker" relativement partagée dans ces sphères, et qui me semble avoir un certain nombre de caractéristiques générales, dérangeantes pour certaines.
Je vais m'inscrire en faux. Un hacker est reconnu comme tel, par ses compétences purement techniques. Rien à voir avec du piratage ou de la politique. Difficile dans ces conditions d'être une personne "dérangeante".
Et pour une bonne raison, et là, je vais me référer à un autre milieu, celui des teufeurs des années 90 (parce que même dans ce domaine, la France était en retard). Là aussi, ça avait commencé par Hakim Bey, les fêtes clandestines (et gratuites), et il y avait une idéologie assez intéressante de prime abord, les fameuses TAZ inspirées des pirates (les vrais, ceux qui attaquaient des bateaux). Je vous renvoie vers les émissions d'Arte Tracks spécial Pirates que vous devriez trouver facilement, et des articles publiés sur Article 11 sur la "subversion" de la teuf, ou les interviews des pros de la musique électro des années 1990, à les entendre, c'était le Summer of Love, la révolution et toute cette sorte de choses, leur truc de défoncés. (Pour ma part, je préfère la définition des L'encyclopedia Dramatica (attention les yeux si vous ouvrez ça) sur les "ravers" et les "stoners" LOL). On voit comment ça a tourné, Ibiza, Goa, David Guetta, etc. Voilà pour l'aspect hédoniste que vous avez raison de souligner.
Et pourtant, quand on regarde le documentaire de 2004, RIP Remix Manifesto, on voit ce qu'était encore Internet -
et c'était déjà presque la fin - avant FB, avant Google (bon, c'était une toute petite boîte), et toutes ces merdes, et les espoirs que ça pouvait susciter, notamment s'agissant d'entraide et d'organisation horizontale. Internet était effectivement encore une TAZ.
Donc on ne peut pas mettre dans le même sac des gens comme Laurent Chemla, Jean-Noël Lafargue, Richard Stallman, David Dufresne, Aaron Schwartz, Lawrence Lessig, Gleen Greenwald ou même Julian Assange et Edward Snowden (qui ne cache pourtant pas son admiration pour Ayn Rand) et la génération suivante, pour qui Internet, c'est tout à fait autre chose.
Maintenant, dès le départ s'est posée la question de la liberté d'expression au sens américain du terme. Il faut bien comprendre que pour beaucoup de gens dans beaucoup de pays, un truc comme la Loi Gayssot est incompréhensible. Je vous donne l'exemple que je connais le mieux, celui du Mexique, Vous ne sauriez imaginer l'antisémitisme qui s'exprime sur les réseaux sociaux et parfois carrément dans la rue. Et pourtant, le Mexique, lui, n'a jamais déporté de juifs. Il les a accueillis, au contraire. (En plus, quand vous demandez aux acteurs qui rejouent la crucifixion à Päques ce qu'est un juif, ils répondent "un démon" !).
Alors en principe, et ayant eu en plus le plaisir de connaître Pierre Vidal-Naquet, j'avais tendance à trouver ces lois complètement à côté de la plaque. Le problème, c'est que très rapidement on s'est aperçus que sur les forums (ce dont on disposait à l'époque avant FB), c'était le prétexte à l'entrisme de l'extrême-droite. Pas mal de collectifs de lutte contre Hadopi au nom des échanges NON MARCHANDS ont été ainsi infltrés mine de rien par des groupuscules comme celui de la Dissidence française que le grand public n'a découvert qu'à l'occasion du "jour de colère", profitant de l'absence de culture politique de bien des participants.
Il en va de même sur les théories dites conspirationnistes sur le 11 septembre. Je peux vous dire qu'au Mexique, ça a été immédiat : "autogooooooool". Il faut bien comprendre que dans des régions où les États-Unis n'ont jamais cessé leur ingérence néfaste (Cf. Honduras aujourd'hui même), et après l'affaire des Contras et plus récemment celle des ventes d'armes aux narcos par la DEA, entre autres "complots" bien réels, la population est plus qu'encline à penser que oui, c'est possible de tendre des km de câble dans des immeubles et de poser des tas d'explosifs sans que personne ne s'en rende compte. (Ma théorie préférée étant celle des hologrammes : il n'y a jamais eu d'avions du tout). En tous les cas, on peut comprendre qu'un certain nombre d'Américains, étouffés par la propagande Bush, se soient défoulés sur Internet à l'époque.
Les points que vous soulignez sur le peuple écrasé par l'idéologie dominante, ce n'est pas seulement les hackers ou prétendus tels qui pensent comme ça. En fait, pour moi, c'est toutes les personnes qui commencent leurs phrases par : "manifestement, gnagnagnagna", "sauf erreur, gnagnagnagna", "jusqu'à preuve du contraire gnagnagna". Et en général, ce sont des ingénieurs :-p (mais on les aime bien quand même, allez).
Ce qui vraiment gênant dans ces milieux (hackers), c'est l'entre-soi. À cet égard, la vidéo de Thinkerview avec une de leur copine au nom compliqué est typique : on ne comprend quasiment rien de ce qu'ils se racontent. C'est, comme dit Le Chien plus bas, à différencier des hacktivistes. Sans Anonymous et Adbusters (eux aussi infiltrés par l'extrême-droite et les libertariens), il n'y aurait jamais eu Occupy Wall Street. Et on aurait toujours un milliardaire républicain à la mairie de New York. Donc, l'un dans l'autre, bilan globalement positif, Kamarad !
Et pour ceux que ça intéresse de voir la tête de Sky (désolée, c'est Agoravox, site - devenu - confusionniste, rouge-brun-noir, mais j'ai la flemme de faire de plus amples recherches, la vidéo est sûrement sur leur page FB aussi mais je ne mange pas de ce pain-là) : http://www.agoravox.tv/tribune-libre/article/lutte-contre-le-terrorisme-la-70589
Franchement, la question qu'il pose à ces messieurs-dames les ambassadeurs ne semble pas dénuée de pertinence...
À part ça, ils font aussi un bel effort d'éducation populaire enc e qui concerne l'économie et la finance, mais perso, ça me ponge immédiatement dans la plus profonde léthargie. Je me réveille avec les interviews de Denis Robert...
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l'image et le son n'arrêtent pas de sauter, que ce soit en streaming ou avec la vidéo téléchargée.
c'est la deuxième semaine que je n'arrive pas à lire vos vidéos, je me désabonne temporairement.