"Sur place, l'action de Bolloré en Afrique ne me semble pas terrifiante"
C’est une série de reportages saisissants que Le Monde a publiés cet été sur Vincent Bolloré, hardi entrepreneur lancé en Afrique dans un chantier prométhéen : la construction d’une boucle ferroviaire de 3 000 kilomètres à travers cinq pays. D’autant plus saisissants que l’on connaissait plutôt le Bolloré attaquant en justice les enquêtes qui lui déplaisent et notamment sur les affaires africaines, le Bolloré patron d’Havas qui supprime des publicités aux medias critiques, ou encore le Bolloré propriétaire de Canal+ qui, cet été, a fait passer à la trappe les Guignols de l’info.
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Derniers commentaires
Et la réaction générale de Serge Michel (certaines personnes ne voient le mal nulle part, c'est ce qui fait la force de certains pouvoirs) illustre bien pourquoi globalement, nous ne sommes pas vraiment au courant.
La boucle (non ferroviaire) est bouclée.
J'allais faire une session de rattrapage de mes vacances, j'attendrai une autre émission. Avec Survie de préférence. Et/ou Bastamag.
Je regarderai peut être quand même le début, pour la coiffure d'Anne Sophie.
Déjà quand on lui parle de l'indépendance du Monde par rapport à Bolloré (relation entre son enquête et le clash publicitaire Havas-le Monde), mais ça c'est normal.
En revanche, à propos du rôle de Bolloré sur les gouvernements africains, il nous prend vraiment pour des billes.
Arguments : "comme Bolloré est proche de Sarkozy, il n'a rien à voir avec le gouvernement actuel" !!!
"Ce sont les gouvernements africains qui sont corrompus, pas les multinationales". Ah bon ? Et les corrupteurs , c'est qui ?
"Et puis d'abord il y a de la corruption ailleurs comme au Nigeria où Bolloré n'est pas présent" ... et oui, au Nigeria c'est les compagnies pétrolières ! mais au Niger, va savoir ?
Et la meilleure, la voilà :"Les anciens des services secrets africains qui travaillent aujourd'hui pour Bolloré ne nous ont pas dit si ils participaient à la déstabilisation des responsables qui lui déplaisent" à relier à "Bolloré n'intervient pas dans les processus électoraux en cours, il négocie avec les gouvernements en place".
Bravo l'artiste, alors quand il nous parle de l'indépendance des medias suisses, on a presque envie d'en douter.
Idem, lecture non disponible sur Android via l'application, pas de lien pour la lecture dans dailymotion, impossible d'agrandir la vidéo en passant par le site, et enfin, après téléchargement, je n'ai que le son et pas l'image... pénible !
Au final je ne regarderai pas cette émission aujourd'hui, et j'ignore quand je pourrai à nouveau profiter de vos émissions...
C'est le système même qui perverti l'oligarchie. Un peu comme les milieux mafieux, les contraintes concurrentielles obligent la classe dominante à adopter les méthodes du plus cynique d'entre eux, c'est une forme de jurisprudence qui conduit vers l'enfer.
Si on peut corrompre impunément, alors celui qui refuse de corrompre perdra, la corruption devient une obligation et fera loi,
Si on peut renverser un état, alors ...
Si on peut acheter la presse,alors ...
Si on peut polluer,alors ...
Si on utilise l'esclavage alors ....
Si on peut assassiner alors ...
Etc ....
Sans endettement faramineux aucun état même archi bureaucratique n'aura les moyens de contrôler tous les échanges cyniques et nihilistes qui se produisent dans le monde entier ...
Donc Bolloré a raison d'être aussi cynique que tous les autres, sinon il s'écroulera ...
J'ai trouvé Serge Michel extrêmement mal à l'aise. Pendant toute l'émission je me suis demandé "que vient-il faire dans cette galère ?" Pourquoi a-t-il accepté de venir ? Curieusement c'est au moment où vous lui posez la question fatidique qu'il m'est apparu le plus sincère - désarmant. On ne saura sans doute jamais le fin mot de l'histoire.
Il manque une pièce intéressante au dossier que je connais un peu par ailleurs : le soutien constant apporté par Bolloré au Président Gbagbo. C'est une filiale d'Havas qui pilote la campagne présidentielle de Gbagbo en 2010 et c'est Stéphane Fuchs lui-même qui suit les études et la stratégie. Gbagbo, qui avait attribué à Bolloré le port en 2004 dans des conditions catastrophiques en pensant s'acheter le soutien de la France - perdra les élections dans les conditions qu'on connaît. Selon le Canard Enchaîné, la facture ne sera jamais réglée par Gbagbo qui accusera Fuchs de lui avoir raconté des histoires sur l'état de l'opinion.
L'épisode va plutôt dans le sens de Serge Michel et je m'étonne qu'il ne s'en soit pas servi. Cela illustre son argument fort selon lequel Bolloré ne gagne pas à tous les coups et quand il perd, il parvient à composer avec le régime suivant - comme en France et probablement comme un peu partout.
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Doit on reprocher au reportage sur Daesh d'etre a charge, doit on regretté que des documentaires denoncent un sujet scandaleux ??????? Doit on regretter de ne pas avoir un decumentaire contradictoire sur la Shoah ?????
ca me parrait super bizare (surtout tres con ) .
De maniere general , il y a un degres d'objectivité qui depend du regard et du point de vu, et condamner une oeuvre artistique ou un essai sur l'objectivité de son point de vu , me parrait illegale .
Doit on condamner les auteurs litteraire (surtout ceux s'inspirant de fait reel) aussi dans ce cas : leur oeuvre etant trop subjective.
Je regardais l'interview de Ellroy, cette semaine, et c'etait passsionant sur tout cela :
http://pluzz.francetv.fr/videos/les_carnets_de_route_de_f_busnel.html
Et très sexy début de générique d'émission, Anne-Sophie.
Voir dans Fakir de cet été un excellent article : le droit de réponse qu'aurait pu faire Bolloré à l'article que Fakir aurait pu écrire :) Dommage d'ailleurs que Asi ne l'ait pas cité (sauf inatention de ma part j'ai zappé 1/4h au milieu de l'émission).
Les mêmes, à un poil près.
Car comment appeler autrement quelqu'un qui s'étonne que seul Bolloré est au front en Afrique, sans concurrents français.
Alors que tous ses collègues journalistes d'investigations qui triment voient bien que la concurrence se fait doucement mais sûrement écraser par le poids lourd industriel Bolloré. Je penserai même que Bolloré devrait lui rembourser sa mission, tellement embedded. Peut être le premier pas pour que la régie publicitaire du quotidien retrouve des couleurs.
En revanche, il serait naif de croire que Serge Michel se mette tout d'un coup à avouer sur le plateau, s'il était effectivement d'une manière ou d'une autre influencé par le fait qu'il ait Bolloré comme sujet. Donc, en soit sa réaction de supteur est plutôt signe d'intégrité (même si la réponse définitive est en bois de langue).
Je me demande si, au final, le volet des collisses que vous faites systématiquement après les emissions est pertinent dans sa forme actuelle. Car vous ne faites qu'un résumé de l'émission au final. Il n'y a pas vraiment de retour critique ou d'analyse sur ce qu'il s'est passé dans l'émission alors qu'il y a souvent beaucoup à (re)dire sur les réactions des invités (et des journalistes ASI aussi). Pourquoi Daniel ne s'essayerait-il pas au relay commenté de certaines émissions ?
Daniel me parait naïf dans certaines de questions, comme si effectivement un journaliste allait répondre une question tout droit sortie de Mon Quotidien.
Dans l'émission il y a eu un échange très rapide qui n'a malheureusement pas été poursuivi, alors qu'on aurait pu avoir ainsi beaucoup d'explication sur les cheminements de pensée : Même si au départ M. Arfi use de la langue de bois pour ne pas se mettre à dos dès le début de l'émission son confrère, il corrige rapidement le tir en parlant de journalisme industriel. Je ne sais plus quel est le contexte exact de cette remarque, mais M. Michel a lancé que ce projet apportait énormément de choses à la population. Cet échange est extrêmement intéressant car est pointé du doigt un journalisme partial par la force des choses, ne pas être critique à ce moment-là, c'est être forcément pro-industriel, même s'il n'y a pas cet volonté de la part du journaliste. Il n'est pas obligatoire d'avoir un scandale et des malversations pour être critique sur des activités industrielles. Ces travaux sont magnifiques, il ne faut pas remettre en question le fait d'avoir un chemin de fer exploitable, de la fibre optique, de l'électricité exploitable.
Étudier comment il serait possible que les médias présentent de manière équilibrée un tel sujet, ça aurait pu être extrêmement intéressant. D'ailleurs peut-on concilier les deux point de vue ? Ou bien est-on obligé de faire du journalisme industriel d'un côté, et être à charge par ailleurs ?
Le problème est aussi qu'on ne peut réaliser ces émissions sur plusieurs semaines, et que ces questions méritent d'être longuement étudiées. Sur ce cas d'espèce, M. Arfi lance des pistes, mais qui ne sont que des pistes, car il faudrait connaitre le droit international sur cette question pour arriver à poser un avis documenté sérieux plus que l'avis moral immédiat qu'on peut avoir dans une émission filmée.
Cette enquête-là reste à faire. Il est clair que reprendre sans approfondir le discours de Bolloré "je n'ai pas de modèle économique, il faut le faire donc je le fais" (article n°1) sur un investissement affiché à 2,5 milliards, comme le fait un des articles de la série, ce n'est pas sérieux si on fait une enquête. On ne peut pas sérieusement discuter ce projet sans le mettre en perspective par rapport aux enjeux du chemin de fer (dire "c'est utile pour les gens donc c'est bien" est un peu léger, Monsieur Michel!), aux expériences de privatisation du rail en Afrique de l'ouest depuis 30 ans, à ce qui se passe au Cameroun là où Bolloré exploite une ligne, aux enjeux miniers d'Afrique de l'ouest.
- Arfi a tout à fait raison de mettre en avant la stratégie de Bolloré, qui se veut monopolistique sur les transports et la logistique en Afrique, et de s'inquiéter de ses conséquences. Les ports africains sont un enjeu stratégique colossal, les concessions se font dans des conditions opaques, où la corruption joue un grand rôle. Globalement, on le sait, les investisseurs en Afrique sont dans des logiques de rente, profitant des hauts niveaux de rentabilité de positions monopolistiques obtenues grâce à des deals politico-financiers.
- je ne connais pas le Cameroun, contrairement à l'Afrique de l'ouest. Mais l'argumentaire des gens interviewés dans le reportage me semble tout à fait réaliste. Les articles le disent d’ailleurs. L'expérience de la privatisation des chemins de fer en Afrique de l'ouest est sans appel : les compagnies nationales fonctionnaient cahin caha, avec des gros déficits. On les a privatisées, affirmant que les entreprises étrangères allaient investir, restructurer, rendre efficace. Dans la plupart des cas, les investissements n'ont pas eu lieu ou à minima, le service a été réduit, les gares locales supprimées avec de graves conséquences sur l'économie locale (cf. le Dakar Bamako). L'enjeu pour les actionnaires est une rente sur ce qui reste d’activités, et/ou dans le transport de marchandises lourdes. Dès lors, la rapidité n'est pas un enjeu. L'utilité pour les voyageurs, pour le petit commerce non plus. Dans le cas du Cotonou/Niamey, il y a de fortes chances que ce soit la même chose. L’enjeu est avant tout sur les marchandises.
- Actuellement, le Niger est approvisionné par la route à partir du Port de Cotonou, en concession Bolloré. Transporter les marchandises par le train, épargner les routes bousillées par des camions surchargés, générateurs d’accidents, c’est d’une utilité évidente. Mais les observateurs à Niamey s’interrogent sur l’absence de préparation technique du projet, sur la façon assez amateuriste dont la voie est construite, sur le choix de le faire passer dans Niamey, à voie unique, au milieu de la route qui mène à l’aéroport et sur laquelle il y a une forte circulation, de nombreux croisements. Le reportage n°3 du Monde le dit, mais sans analyse : que signifie faire des rails dont on ne sait pas s’ils vont fonctionner ? Pourquoi choisir de garder des rails à écartement étroit, qui condamne à avoir du matériel spécifique ?
- le fait que les travaux aient commencé avant le contrat de concession laisse songeur… Qui peut raisonnablement s’engager dans ces conditions, s’il n’y a pas des deals politiques (ou politico-financiers) au plus haut niveau, faisant que la dimension contractuelle est finalement secondaire ? La politique du fait accompli, lorsque l’on a 15 mois d’avance et dépensé des millions, c‘est un peu court comme explication. Le fait de dire « c’est nécessaire donc on y va » encore plus : le Niger attend le train depuis les années 1930 !
La partie de l’émission sur l’influence sur le politique est assez sidérante de naïveté sur le politique et les liens entre business et politique en Afrique. La question n’est pas de savoir si Bolloré peut faire un coup d’Etat. C’est celle des deals politico-financiers à la base des projets, des négociations entre chefs d’Etat et entrepreneurs sans les services techniques concernés qui sont mis devant le fait accompli, des financements corruptifs ou électoraux qui font que des projets de cette ampleur sont décidés sans mise en concurrence, que des appels d’offres peuvent être défaits. Si le pouvoir change, il faudra refaire des deals, sans doute payer aussi les nouvelles élites…
Au fait, un sujet d'enquête intéressant : pourquoi Le Monde a-t-il besoin de sponsors pour faire "le Monde Afrique". En quoi consiste le soutien de l'AFD, la Banque Mondiale, La fondation Soros, la Fondation Bill gates ? Dans quelle mesure cela influe-t-il sur le choix des sujets ou leur traitement ? La fondation Soros et la Banque Mondiale sont de farouches promoteurs du libéralisme économique, la fondation Bill Gates promeut les firmes OGM pour le développement agricole. Là aussi, sans faire de procès a priori, on peut s’interroger, non ?
Interview de Bolloré
Ceci explique peut être sa difficulté à parler du groupe et de son dirigeant.
Le hors-champ, ça ne pardonne pas si l'on veut rester en bons termes avec son merlan (cf vers 1.06).
Mes respectueuses salutations,
:)))
De là à en déduire d'autres similitudes, loin de moi l'idée.
Du coup, je télécharge le .mp4 mais il est illisible. J'attends la fin du transfert pour voir mais d'habitude c'est lisible avant d'avoir récupéré le fichier complet.
Fallait pas faire chier Bolloré...
EDIT : OK avec Firefox...
Michel Roussin (ex-mnistre RPR, conseiller spécial de Vincent Bolloré), à propos du tracé :
"Le tracé date des colonies, on va terminer le travail".
Ca donne une idée de la mentalité...
Vincent Bolloré soi-même, sur son état d'esprit "commando" :
"Le Monde : vous avancez avant d'avoir signé les concessions ferroviaires ?
-V.B. : Malheureusement oui, sinon on prend deux ans dans la vue"
Ca donne une idée des méthodes...