Trois livres engagent la bataille de l'Histoire
Vous êtes plutôt Vercingétorix, Napoléon ou "religion et pouvoir de la Gaule au XIXe siècle" ? Fin août, Le Figaro a donné le coup d'envoi d'une campagne contre l'enseignement scolaire actuel de l'Histoire et la géographie. Déclencheur: la publication de trois livres très critiques sur la discipline. Il suffit de lire les titres : L'histoire de France interdite, de Dimitri Casali ; L'histoire fabriquée ? Ce qu'on ne vous a le plus souvent pas dit à l'école, de Vincent Badré. Sans oublier le livre de Laurent Wetzel sobrement intitulé Ils ont tué l'histoire-géo. Trois livres, et de nombreux relais médiatiques : de TF1 au Parisien en passant par Radio Courtoisie et France inter. Offensive médiatique concertée ou agrégation artificielle d'ouvrages très différents ?
Abonnez-vous pour pouvoir commenter !
si vous êtes déjà abonné Connectez-vous Connectez-vous
Derniers commentaires
Cet inspecteur Wirth est exactement l'archétype de ce "Monsieur-je-sais-tout-et-je-ne-supporte-pas-la-contradiction". C'est l'homme de pouvoir dans toute son horreur ! Un brin totalitaire, et méprisant en plus !
Je me calme, et je lui demande de se poser la question de savoir, comment se fait-il que la plupart des enfants n'ont à peu près plus de repères historiques chronologiques ?
Si ses programmes sont si parfaits, pourquoi avons-nous des enfants qui n'ont aucune intelligence de la succession et la pondération des évènements historiques les uns par rapport aux autres ?
Il m'énerve cet inspecteur
A mon avis, un des rôles de l'apprentissage de l'hiltoire est de structurer le passé, national mais en tenant compte des influences extérieures. Et c'est cela qui justifie l'apprentissage de dates et de la chronologie qui constitue " l'ossature" pédagogique des apprentissages. Après, on peut mettre toute "la viande" qu'on veut autour du squelette bien constitué. Je pense que c'est comme ça que Dimitri Casali aurait du vendre sa thèse : 1. Mr Wirth, reconnaissez que l'enseignement de l'histoire aujourd'hui est un échec, 2. Il convient de donner des repères stables aux enfants pour jalonner et structurer les connaissances qu'ils acquierent et qu'ils acquèreront plus tard (lectures, reportages, télé, cinéma, etc.)
Sur ce Bonne nuit (avec 1heure de plus !!!)
OL
C'est vrai qu'il y a une notion de définition d'une identité nationale, mais au service d'une ouverture sur l'Autre, différent et avec sa propre identité
Un bon outil pour débattre, je pense.
"L'histoire dit-elle la vérité ?" est la question posée.
Les points abordés (dans la seconde partie notamment) recoupent parfaitement nos débats.
http://www.franceinter.fr/emission-3d-le-journal-les-rendez-vous-de-l-histoire-de-blois
Faire le procès de ceux-là sur le dos de Guillemin en nous servant du Casali (gars qui quand on googueulise nous mène vers le blog d'Eric Brunet pas content des nouveaux programmes d'histoire qu'on devrait à ce Casali et rien qu'à lui).
Et ça en fait une affaire personnelle au point de troller les trois fils..
Et ça donne des leçons.., de rigueur..
Vous devez confondre faire de l'Histoire, et faire des histoires (tous les deux qui encerclez Cévrékeuh).
Calmez-vous car si quelqu'un comprend encore où est le scandale qui vous fait sauter sur votre chaise en criant l'Histoire, l'Histoire, l'Histoire, je lui tire mon chapeau.
La partie intéressante qui a plongé dans les sources (Céline) pour alimenter le débat a été noyé grâce à vous. C'est représentatif du pan négatif des effets de manche qui vous caractérisent.
http://aggiornamento.hypotheses.org/1039
Enjoy !
Je fais une aparté sur le genre de débat dans lequel nous sommes engagés.... Tout d'abords, rien ne me ravi plus que de voir que quelqu'un me répond quand j'écris un post... Donc merci. Je pense aussi qu'un débat qui se finit sur un désaccord, c'est dommage, mais un débat qui se finit en dispute, c'est regrettable. Et c'est la que ça se corse, parce que ce que nous écrivons nous définit et si l'issu du débat doit nous voir renoncer à une partie de nous même, normal qu'on y aille à reculons...
Dans notre cas précis, je joue le rôle de l'humaniste naïf et révolté qui agite la morale pour obtenir l'adhésion... Vous représentez le pragmatique, tout en nuance, utilisant méthode pour ne pas sombrer dans l'anarchie de l'émotivité...
Je crois quand même qu'au fond notre avis sur la question n'est pas si éloigné.
Revenons à Guillemin... J'ai vu l’intégrale de Guillemin... Parfois plusieurs fois... J'ai aussi commencé à le lire... Plus difficile pour moi...
Ceci est mon analyse. Je ne crois pas que Guillemin accuse ou juge... Il s'en défend d'ailleurs... Il constate... Je crois que sa vision de la vie va bien au delà de la simple formule "les bons contre les méchants".
Il ne nous dit pas necker est méchant, ni que ce qu'il fait est mal... Je vous concède qu'il nous laisse parfois entrevoir son point de vue, mais il le fait honnêtement, franchement... Jugez vous même...
Pour moi, la seule chose qui pourrait remettre son discours en question, serait de me montrer qu'il s'est trompé dans les faits.
Reste donc à comprendre pourquoi certains en viennent à mettre une frontière entre lui et les historiens?
Mon analyse personnelle se résume dans la phrase de Zinn que j'emprunte à AYD : "you can't be neutral in a moving train" . Je pense que l'histoire en tant que discipline comme l'humanité n'a pas suffisamment de recul sur elle même pour se juger de manière objective...
Vous parlez par exemple d'anachronisme sous entendant que les individus d'hier ne sont pas ceux d'aujourd'hui... Pourtant en certain point du globe, la situation est franchement moyenâgeuse... Est à dire que juger le moyen âge pour un européen peut constituer un anachronisme, mais que ça le serait un peut moins si on le jugeait disons en Centrafrique?
Vous parlez de tolérance à la violence... Mais il y a bien une chose que personne ne peut savoir, c'est l'état de la conscience de l'homme du passé... On peut l'imaginer, parfois l’apercevoir dans leurs écrits...
Être neutre? Face à un trader? S'il ne joue pas l'argent qui nous enverras dans le mur, un autre le fera... Le juger coupable, non. Mais juger la situation aberrante, pourquoi pas... Comment se positionner par rapport à ça?
Si être objectif, c'est dire qui n'y a pas de bons et de méchants, alors Guillemin est objectif. A vous lire, je pense que vous l'apprécieriez.Vous dites souvent des choses qu'il dit lui même.
Vous :
"Et j'ai expliqué à X reprises que la neutralité n'existait pas. C'est l'effort d'objectivation qui est capital, et la conscience de ses propres biais pour s'en extraire. "
Guillemin (un peut avant la 23ème minute)
http://www.jennar.fr/?p=2622
On touche vraiment le fond, là. Des réactions, citoyens @sinautes enseignant l'histoire-géo à nos enfants ?
Mouais... Les pouvoirs politiques ne sont plus avec l'histoire, c'est aussi cela qui a miné l'intérêt pour la discipline. Avant, au XIXè, la machine médiatique et politique soutenait une histoire orientée. Désormais qu'elle ne sert plus l'exaltation patriotique et la République, elle peut crever. Les universitaires ont voulu leur indépendance, ils l'ont eu, et maintenant l'histoire passe pour illégitime. Les médias ont également un grnad rôle là-dedans : les journalistes sont de fieffés incultes en matière d'histoire, et ils vendent les clichés qu'ils ont entendus en cours, sans avoir conscience que l'histoire s'écrit, qu'elle avance, qu'elle se nuance. La machine médiatique, par incompétence crasse, sédimente et rigidifie les représentations : tout le contraire de sa fonction, en principe. Médias et politiques sont restés à une vision ancienne de l'histoire, qui n'est plus celle des historiens : le décalage est immense entre utiliser l'histoire pour souder la communauté et créer du lien social, avec une vision intellectuelle de l'histoire comme outil de pensée, qui ne fournit précisément plus un sens à l'histoire, mais montre qu'il n'en a jamais existé...
Et si on rajoute là-dessus le poids de la culture consumériste, qui discrédite le savoir ; le simplisme intellectuel, qui discrédite le débat inhérent à la recherche historique (comme à la démocratie) ; et l'illusion médiatique du plaisir par l'image, on tient là aussi des facteurs culturels très puissants qui dégomment l'intérêt pour l'histoire.
Comment les profs peuvent-ils lutter contre la machine médiatique du Figaro ou de TF1 ? Il faut appliquer des BOs surréalistes, enseigner des programmes surchargés, démonter des figures consensuelles et axer sur des thématiques alors que les bases sont fragiles voire manquantes (et toute la question, dans cette affaire, est : qu'est-ce qu'une base, qu'est-ce qui doit être un repère historique ?).
La crise résulte donc d'un long et lourd contexte multiforme. Nous sommes TOUS responsables.
(Puisque qu'on parle toujours d'histoire-géo par ici : sur quels critères les profs qui assurent les cours d'histoire sont-ils choisis ?)
On ne doit plus dire " cosmopolite" mais "islamo-gauchiste". On ne dit pas " complot judéo maçonnique " mais "conspirationnisme" .
Par exemple.
Le plan politique d'abord. Les nouveaux programmes entrés progressivement en vigueur depuis la rentrée 2009-2010 pour les 6ème suscitent des interrogations légitimes sur les choix faits, quelque soit le clan idéologique auquel on appartient. D'un côté ils s'ouvrent sur le vaste monde (étude théorique de la Chine des Han, de l'Afrique médiévale, des échanges commerciaux à l'échelle mondiale etc) notant la volonté de montrer que la mondialisation s'inscrit dans l'histoire, que les ensembles fermés n'ont jamais réellement existé etc. Ils dénotent donc d'une ouverture, qu'on jugera heureuse si on est plutôt progressiste, catastrophique si on appartient au clan conservateur. Et pour ce clan, la pillule passera d'autant plus mal qu'en même temps qu'on mettait en oeuvre ces programmes ouvrant sur le vaste monde (encore que, les programmes précédents de 1995 n'étaient pas centrés sur la seule France) on nous expliquait en préféctture qu'il fallait réfléchir collectivement à ce qu'est l'identité nationale. Promue dans le discours, nié dans les pratiques enseignantes, la contradiction était grande, et pouvait laisser place au fantasme d'un ministère aux mains de gauchistes mondialisant sabotant les initiatives politiques. Mais de toute façon, ce débat est pipé d'avance, car on ne s'intéresse qu'à des fantômes. En effet, parmi les auteurs de ces livres, qui va voir du côté de ce qui peut se faire réellement en classe. Non, on préfère s'écharper sur oh la la , Louis XIV a disparu, et 1515 Marignan aussi, tout fout le camp mon brave monsieur, mais on ne s'intéresse pas à ce qu'on peut faire pratiquement avec des élèves. En effet, au-delà du choix idéologique de mettre tel ou tel point au programme, ce qui détruit l'enseignement de l'histoire, et le plaisir qu'on peut avoir à l'enseigner, c'est le faisceau de contradictions, d'incohérence dans lequel est plongé l'enseignant et avec lui ses élèves, rendant quasi impossible la transmission.Un seul exemple. Avec les nouveaux programmes de 3ème entrés en vigueur cette année, l'étude de la première guerre mondiale doit se faire en 3 heures (!!!). On ne doit pas évoquer les causes, mais poser la guerre comme étant là: pourquoi y a-t-il une guerre? Quelles sont les forces sociales qui y pousse? Mystère. La guerre serait donc une donnée quasi naturelle. Il faut faire étudier la guerre au ras du sol, l'incarner, pour faire sentir aux élèves ce qu'est le vécu de la guerre. Donc étudier comme exemple la bataille de Verdun. Mais pour que ce soit intelligible, il faut un minimum d'explications sur comment on en est arrivé à Verdun. Une fois cette étude faite, il faut faire étudier aux élèves le génocide arménien, posé comme une évidence, en niant les débats que cette qualification suscite dans la communauté historienne, pour ne rien dire de ses implications politiques. Puis étudier le bilan de la guerre, le traité de Versailles, la Révolution Russe et ses développements dans le reste de l'Europe, sans oublier de faire travailler les élèves en histoire des arts, tout en les faisant rédiger pour qu'ils soient co-constructeur de leur propre savoir. Pour qui à déjà vu un élève, pour qui sait l'effort que demande la découverte de textes, la confrontation des points de vue, il est évident que ce programme est impossible, et qu'il dénote d'une incohérence profonde, témoignant du mépris de notre société dans son rapport au passé.
Le passé n'est plus vu comme une source d'intelligibilité, mais répond de plus en plus à une demande mémorielle: d'où dans le programme la référence par exemple au génocide arménien: comment expliquer sa présence, quand on ne donne que 3 heures pour étudier une question si vaste? Dans le même ordre d'idée, j'ai entedu un inspecteur dire que la présence de l'Afrique au moyen âge se justifiait pour donner de la fierté aux jeunes éllèves d'origine Africaine, pour leur montrer que l'Afrique n'est pas la terre du nécessaire désastre et qu'elle a connu des heures de gloire. Logique mémorielle donc. Logique incohérente ensuite. Car enfin, on demande d'étudier "des cas", pour "incarner", mais après on pond une nouvelle épreuve de brevet qui demande d'être capable de présenter des généralités (genre, en quoi peut-on dire de la première guerre mondiale qu'elle est totale). Mais en même temps on explique aux enseignants que la généralisation doit être ce qui se fait le plus rapidement en classe, et que le plus important c'est le cas concret, alors que dans l'évaluation du brevet, on demande de connaître le général. Et pour en revenir au brevet, la mouture de cette épreuve dénote d'une volonté de nier tout esprit critique, puisqu'on n'y demande que du par coeur, et que lorsque on demande d'argumenter, le libellé est fait de tel façon que l'esprit critique est nié. Exemple de question qui peut être posée: "la France est intégrée à l'Unition européenne. Citez deux exemples qui le montrent" (cf le sujet 0 pondu par le ministère à l'adresse http://eduscol.education.fr/DNB). De même, l'étude de document ne s'appuie que sur un seul document. Ce qui est une ineptie, l'histoire étant l'établissement de relations, et donc la confrontation de points de vues pour aboutir à un récit vraisemblable.
Du coup, le vrai débat sur l'enseignement de l'histoire n'est pas la France en tant que nation n'est plus enseignée, le vrai débat est: quels citoyens voulons-nous former? Des bons petits pions qui répètent ce qu'on leur dit sans réfléchir, ou des citoyens pouvant faire preuve d'esprit critique. LE débat gauche/droite devrait donc se faire non sur le seul contenu, mais sur les visées de l'enseignement au travers des savoirs-faires exigés.
Mais là, ça voudrait dire quitter les sphères du débat théorique et entrer dans la réalité ingrate journalistiquement parlant des pratiques. Pourtant ce débat mérite d'être ouvert, car il dénote d'une vision de la société qui doit être discutée.
Et, égocentrique, je vote pour ma propre proposition !
J'adore:
"Le constat de Jean-Pierre Pernaut est alarmant et s'appuie sur les conclusions de trois livres sur l'état de l'enseignement en histoire-géo. Rendez-vous compte : "maintenant, on apprend l'histoire par thème, fini la chronologie, on saute d'un siècle à l'autre et tout s'emmêle dans la tête", constate le présentateur du 13 heures".
Si c'est Jean-Pierre Pernaud qui le dit... Son problème à lui, ce serait plutôt de trouver ce que c'est que l'information.
(Laurence de Cock)... dénonce notamment une offensive qui a débuté dans Le Figaro en expliquant que ces trois livres "s'inscrivent dans la rhétorique complotiste du journaliste Jean Sevillia [auteur de l'article du Figaro]
L'inénarrable Jean Sevillia, comme par hasard ! On pourrait le croiser à Saint Nicolas du Chardonnet.
Certaines choses doivent être revues dans l'enseignement bien sûr, mais pas par n'importe qui, pas n'importe comment et de la façon la plus scientifique, c'est à dire objective, possible.
Quant à Pernaud et Sévillia, ils ont bien de la chance de vivre dans une démocratie, puisque celle-ci permet de raconter toutes les imbécillités possibles et imaginables, sans rire.
Ca n'est pas en s'attardant a tenter de faire comprendre la signification des faits hitoriques que les eleves gagneront a "Question pour un champion', ce qui est, me semble-t-il, le seul objectif de ceux qui creent les programmes scolaires.
Ca saigne sur ce forum !
On sent le sujet polémique, voire à fleur de peau pour certains (il doit y avoir ce que dans mon métier on appelle un biais de recrutement : beaucoup de profs ici !).
Je ne suis ni historien, ni prof, ni pédagogue, et n'ai aucune légitimité "professionnelle" à avoir un avis sur la question. J'ai juste 2 gamins de 7 et 9 ans en primaire.
Je suis profondément persuadé qu'on ne peut avoir d'esprit critique, approfondir des questions (d'histoire ou autre), se permettre des digressions passionnantes en dehors des programmes, et surtout comprendre, que si on a acquis des fondamentaux. Et ça, c'est à l'âge de mes gamins. Et à cette âge là, ils ne comprennent rien aux études par thèmes avec voyages incessants dans le temps. Et plus tard, ils comprendront encore moins, et ça va les gonfler.
Je suis désolé, mais à cet âge, on a besoin de repères. Et bien oui, la chronologie et un certain nombre de grandes figures, voire quelques images d'Epinal, ça aide à en avoir. Il sera plus tard toujours temps de relativiser, déconstruire, mettre en perspective, etc....
Sans compter qu'ils ont d'autres matières prenantes à l'école, puis au collège et au lycée, voire d'autres préoccupations dans la vie.
Sans fondamentaux, on ne peut pas aller plus loin et plus profond. Et les fondamentaux, à 8 ans, ça ne peut pas être une réflexion sur la guerre dans le monde et l'organisation du travail. Faudra bien en passer par des dates et des noms.
Ils sont au lycée, en 2012.
Donc, s'ils ne savent rien c'est que ces lycénes n'ont rien appris avant 2009/2010 : rien au primaire, rien au collège, rien avant la réforme qui arrive maintenant.
Donc, je comprends que la manière d'enseigner l'histoire au primaire et au collège avant la réforme de 2009 / 2010 est catastrophique.
Par contre les éffets de cette réforme ne se verront que dans 6 à 8 ans.
TF1, ou l'art de la démonstration.
Mais les nouveaux programmes, ils n'auraient pas été réfléchis, pondus, mis en pratique sous le gouvernement Fillon/Sarkozy, rêvé au préalable du temps de d’ère Chirac ?
Moi je dis cela, c'est pas pour dénoncer.
Chacun y va de son récit :
Cela commence toujours par j'étais enfant suivi de témoignages renversants :
-moi "on" m'apprenait que mes ancêtres étaient des gaulois blonds aux yeux bleus alors que j'ai la peau noire...
-moi "on" me disait que St Louis était gentil parce qu'il rendait la justice sous un chêne et que Louis XI était méchant car il enfermait ses ennemis dans des cages en fer...
....
-moi mon grand père "on" lui avait gonflé le mou pour aller à la grande boucherie, celle de 14
-moi "on" m' a dit que c'est Marie Antoinette qui avait déclenché le Révolution par simple coquetterie...
-moi "on" m'a dit que la négresse vaquait à ses occupations avec un enfant sur le dos...
-moi on m'a dit Marignan - 1515 mais je sais vraiment pas pourquoi "on" m'a dit ça...
Suivis de bouleversements adolescents et de l'aveu suprême :
Ben moi, tout ça ça m'énerve...
Puis le témoin nous renseigne sur ses révélations de l'âge adulte assumant son "soi" :
Je suis homme, femme, hétéro, homo, marxiste, néo-conservateur, chrétien, musulman, blanc, noir, riche, pauvre, grand, petit, gros, mince, jeune vieux, velu, glabre, tatoué, brut, mono, polygame, ...... et j'en ai à dire sur cette Histoire qu'on m'a racontée quand j'étais enfant...
"on"ne me la refera plus" car depuis que j'ai grandi je me suis rendu compte de "mon état" et maintenant c'est fini moi, je me la raconte tout seul cette Histoire et je peux vous dire qu'elle a pris mon allure et que ça me plaît bien ainsi à moi , n'en déplaise à "on" ne sait quel grincheux que moi j'ai appris désormais à reconnaître...
Bon, ben DS maintenant on la lui refera plus non plus : une baisse d'audience sur Asi et hop histoire de faire marcher le commerce, une bonne Histoire...histoires à multiplier les témoignages émouvants des asiniens...
A propos de Marignan, je serais curieuse de savoir si beaucoup des gens qui ont appris l'histoire à l'ancienne savent ce qu'était Marignan. A part 1515, c'est une victoire du jeune François 1er, mais la seule véritable bataille qui a un réel intérêt historique à cette époque, c'est Pavie en 1525, où les Français sont virés d'Italie du Nord pour un certain temps.
Tout cela avec en toile de fond une énorme rivalité entre puissances européennes au XVIème siècle.
développement durable, disparition de la crise de 1929, causes de la première guerre mondiale à la trappe....si vous voulez d'autres exemples ....
Les historiens ne sont pas moins relâchés que les enseignants, qui ont attendu qu'un homme politique réagisse à son contenu pour s'intéresser au best seller d'un acteur à la bouille sympathique qui utilise les stations de notre bon vieux métropolitain pour faire passer les idées les plus réactionnaires. Cet acteur, qui ne fait pas d'idéologie, n'a par ailleurs rien trouvé de mieux que s'associer avec Patrick Buisson, le conseiller de Sarkozy d'extrême-droite, pour concocter son prochain ouvrage.
c'était: la grosse connerie de tranzit.
ou: tranzit invente l'eau chaude.
"la négresse vaque à ses occupations avec son enfant sur le dos."
c'était dans les années 70.
Mais attention à la notion de « roman national ». C’est avec lui qu’on a envoyé des millions de jeunes hommes à la Grande Boucherie de 14-18. Mon grand-père en était revenu (et pas en entier) avec cette idée forte : on nous a bourré le mou.
"On n'a pas réussi à transmettre l'intérêt de notre discipline, celle de l'apprentissage d'une conscience critique"
Et tout n’est pas de leur faute, car pour ce travail il faut du temps. Combien de fois ai-je entendu mes collègues d’Histoire se plaindre qu’il fallait abandonner le thème qui commençait à prendre chez les élèves car « le programme le programme ! ».
Ajoutons un autre handicap : une maîtrise insuffisante du Français, qui freine voire empêche la compréhension des textes d’étude, qui pénalise la qualité de l’expression dans les travaux écrits où l’élève doit maîtriser des techniques de rendu clair. Et cerise sur le gâteau, le blocage sans nuance face au « par cœur »…
Idem, j'ai dû attendre d'être adulte pour découvrir les massacres qui ont suivi la Commune de Paris, on ne m'avait parlé que des sept otages fusillés par les communards. Pareils pour les mutins et les "morts pour l'exemple" de la guerre de 14. Ou la célèbre histoire du "Pantalon Rouge": motus et bouche cousue, il y va de l'honneur (???) de notre beau pays. J'ai personnellement une autre vision de l'honneur, qui ne saurait être compatible avec le mensonge et l'hypocrisie.
Quant au désordre chronologique (et géographique) dans les têtes des générations qui ont suivi, serait-ce pas plutôt la télé, qui nous parle un soir des Tudor, le lendemain de Napoléon et le surlendemain des dinosaures, sans parler des fictions marrantes qui font de l'anachronisme un ressort comique? L'outil critique serait alors plutôt comment replacer tout ça dans un minimum de cohérence, comment faire la différence entre un reportage partisan, un documentaire honnête, une fiction qui "fait de beaux enfants" à l'histoire sans son consentement, et autres détournements.
??
Bien contente de lire, ne serait-ce que par déduction, que les objectifs des programmes français sont bien ceux que je suppose.
Mais pourquoi l'histoire et la géographie ne sont-elles pas des disciplines indépendantes, en France ?
Quelle est la formation des profs qui s'y collent ?
Cette phrase de l'article de Sébastien par exemple : De l'avis même de Laurence de Cock, que nous avons contactée, "on peut faire dire tout et son contraire aux manuels car tous les points de vue coexistent dans ces livres, soit dans les textes, dans les images et dans le questionnement. Du coup, le travail de Badré est forcément idéologique". "
Bon ça me rassure.
Ce monsieur, le Badré du plateau de Taddéi de la semaine dernière, je suppose, s'offusque parce que, par exemple, les extraits de documents d'époque (sources) ont l'ambition de mettre le projecteur sur les différentes facettes d'un événement. (Ce qu'il n'a pas formulé de cette manière dans le courant de l'émission : il a accusé les profs de rien faire d'autre que de déchiffrer les contenus, sans les mettre en perspective, raison pour laquelle j'en ai parlé, pour souligner à la fois ma stupeur et mon exaspération)
J'avais, pour expliquer mon étonnement face à ses propos, proposé d'entrée de jeu l'exemple des croisades, en précisant que plus aucun prof n'aurait l'idée d'envisager la question sous le seul angle occidental : si je décode, c'est donc bien ça qui le contrarie.
Ce qui, du coup, renforce mon intuition que les profs d'histoire en France sont très attachés, aussi, à l'esprit critique.