"Un Greenpeace de la finance, oui, on peut le faire !"
Après le "taxez-nous !" des riches, voici le "bridez-nous !" des traders. Ou plutôt, de deux traders anonymes, qui dans une vidéo tournée et mise en ligne par Pascal Canfin, député européen Europe Ecologie-Les Verts, supplient les politiques de mettre des barrières à ce monde de la finance devenu casino. Les traders sont-ils en train de craquer ? De façon inattendue, est-ce par eux, ou au moins avec eux, que viendra la re-régulation de la finance ? Sur le plateau, nous posons ces questions à deux invités: Pascal Canfin, qui est aussi à l'origine, avec une vingtaine d'autres députés, de l'ONG Finance Watch, qui se donne pour objectif de former un contre-pouvoir à celui des banques et des lobbys financiers, et un ancien trader, toujours anonyme, qui intervient dans sa vidéo.
Abonnez-vous pour pouvoir commenter !
si vous êtes déjà abonné Connectez-vous Connectez-vous
Derniers commentaires
Merci de nous dévoiler plus le fonctionnement de la finance !
Adaptant imparfaitement le dicton populaire je dirais « citation n’est pas raison ». Ainsi si Anne-Sophie Jacques cite Frédéric Lordon « et sur les ruines enfin tout rebâtir » il semble qu’elle se serve de cette citation pour lui faire dire exactement l’inverse de ce qu’il soutient depuis le début de la crise, ou, tout du moins, laisse-t-elle flotter un flou désagréable à ce sujet. En effet FL ne parle jamais de laisser s’écrouler le système bancaire, c’est même l’exact contraire. Cela pour la raison qu’il développe dans l’émission avec Nicolas Cori (et dont DS donne le lien) à savoir les banques sont dépositaires d’un bien public vital pour la société qui est la sécurité des encaisses monétaires du public. Si le secteur bancaire s’écroule, toutes vos petites économies partent en fumée ce qui veut dire que dans les deux jours qui suivent vous voulez allez faire vos courses, tirer de l’argent au distributeur à billets : c’est pas possible ou faire des chèques : c’est pas possible. Ya l’argent que vous aviez dans la poche : point.
Ce que Lordon dit bien
Ce qu’il dit en revanche, et en cela, il rejoint Pascal Canfin : lorsqu’il s’agit de sauver les banques il s’agit en fait (pour résumer) de les nationaliser à la faveur de situations extrêmes comme le fût l’automne 2008 (1 :14 :58) ou comme le serait « un scénario du cataclysme » (1 :18 :36) - dont nous vivons peut-être le début.
Qu'en dirait Pascal Canfin?
Il serait très intéressant de savoir ce que Pascal Canfin pense (et argumente) sur les modalités de « la reconstruction sur les ruines» : est-il seulement question pour lui, comme il semble le suggérer, d’un simple « retour » au capitalisme fordien d’après-guerre? En ce cas son objectif ne serait ni démocratique ni écologique (un comble, on en conviendra aisément). Premièrement, non démocratique, car toujours basé sur le rapport salarial et la « pression actionnariale » dans les collectivités productives (entreprises) ainsi que sur un système, certes, nationalisé, mais non pas socialisé du crédit. Deux éléments que Frédéric Lordon propose de transformer radicalement sur des bases politiques tout autre (« Et si on fermait la bourse ? », Frédéric Lordon, Là-bas si j’y suis 01-03-10). Et deuxièmement l’objectif d’un « retour » au capitalisme d’après-guerre ne serait pas écologique car « à l’évidence et à l’encontre de ce qu’était le fordisme il faut poser la question des contenus de la croissance et de leurs effets environnementaux » (Frédéric Lordon, Là-bas si j’y suis 16-09-11).
Cette émission me laisse un goût de... déjà entendu, déjà vu (à la télé ! Beurk, quelle horreur !) mais surtout d'inachevé, de manque !
J'en REveux encore mais avec d'autres points de vue...
Ce député est certes fort sympathique mais il nous ressert en permanence le fameux discours sur Roosevelt, le new deal etc. pour nous expliquer, finalement, que :
Ce sont des Chefs éclairés (par leur seul génie) qui trouvent THE solution grâce à leur analyse froide et rationnelle de la situation.
Merci les Chefs, (eurodéputés, "lobbyistes", financiers convertis à l'économie solidaire, capitalistes repentis... comme s'il était possible de raisonner un boeuf shooté à la coke, voire de moraliser un criminel ou un proxénète notoire et revendiqué ) !
Continuez à oeuvrer pour nous et d'ailleurs, si l'on vous nommait à vie, ce serait sans doute une garantie de stabilité mondiale et définitive...
Chouette !
Mais est-ce bien comme cela que les choses se sont passées dans les années 1930 pour M. Roosevelt ?
Est-il possible de nous reprendre les vieux oripeaux d'une vieille tradition "réformiste" (ménageant finalement le système financier parce que ce dernier serait nécessaire à toute forme de vie dans l'univers) pour en habiller de neuf l'économie actuelle ?
Est-ce là toute THE solution ?
Autrement dit, peut-on indéfiniment ignorer dans quelle HISTOIRE cette "décision" de Roosevelt himself a été prise, selon quelles modalités et avec quels réels effets ?
Voyons quelques petites hypothèses (de travail)...
Nous répéter en boucle ce modèle Roosevelt semble passer sous silence...
Que le Chef en question avait subi les pressions de sa propre population au sens large. Il agit pour le bien de tous certes, mais il a fait des choix pour savoir ce qu'il devrait sauver finalement... Et finalement, sa politique a-t-elle eu les résultats escomptés ou ne tient-on compte que d'un discours écrit après coup ?
Voyons voir....
Roosevelt a agit
a°) sous la pression de la "populace bigarrée" qui menaçait de voter contre lui, voire pour des partis subversifs encore autorisés dans les années 1930 (les "socialos" et "cocos" ne sont pas encore passés à la machine à laver de la Guerre et du charmant sénateur Mac-Carthy... forcément !), voire (pis encore) de promptement changer la couleur des dominants du pays (dans un pays WASP, c'est THE danger : perdre la main mise sur toute la population qui n'a pas encore le droit de participer à la vie sociale... Qu'on se le dise : les émeutes d'Afro-Américains ne sont pas des inventions des années 1960 !),
b°) mais aussi sous la pression de ses amis "riches" qui en avaient un peu assez de voir leurs propres amis banquiers passer par la fenêtre... Le suicide, ce n'est pas bon pour le moral.
c°) en prenant en considération des données géopolitiques mondiales un peu particulières quand même... Car, d'après ce que l'on sait, Roosevelt ne dirigeait pas des USA seuls au monde dans les années 1930, mais il avait face à lui :
- une Italie un peu facho sur les bords,
- une Allemagne en ruine mais devenant ouvertement agressive ou franchement rouge (qui se souvient des manifs de centaines de milliers de militants cocos dans les rues de Berlin au début des années 30 ?),
- une URSS particulièrement préoccupante (avec un Chef un peu incertain... qui connaît réellement Staline au début des années 30 aux USA ?),
- une France qui risque de tomber dans les mains des Rouges (Le Front Popu, ce sera jamais que de quelques années... et le gouvernement de Blum agira sous la pression de la "rue" pour décider les principales réformes dont on lui attribue tout le mérite) ou des Bruns (les amis de Brice, de Claude et autres cagoulards),
- une Angleterre pas au mieux de sa forme,
- un Japon un brin menaçant...
Bref, Mister Roosevelt prend des décisions dans une époque un peu - j'espère - différente de la nôtre ou alors, faut-il prévoir que nous entrerons en guerre d'ici quelques années nous aussi ?
Et puisque nous sommes soumis à des pressions urgentes, nous aussi, devrions-nous opter pour SA solution qui a fini... par on ne sait pas trop quoi d'ailleurs!
Parce que qui de la guerre ou du New Deal a réellement sorti les USA de l'ornière ?
Ca, franchement, je l'ignore !!!!
et Chi lo sa ?
Euh, et puis, en y réfléchissant à deux fois, c'est ça l'alternative qu'on nous propose : une réforme (ouh la la méchante pour les riches) du système (dont on ne connaît pas les effets ou dont on voit la suite aujourd'hui) ou... la guerre ?
On peut reposer la question autrement ou non ?
Serait-il possible d'entendre dans une prochaine émission économique des historiens qui viennent expliquer comment les politiques économiques ont été choisies par le passé (comme celle de Mr Roosevelt ou autres... je suis ouvert à la discussion) ?
A-t-on jamais en effet entendu l'avis d'un historien (et un historien de l'économie aussi) sur les choix de Roosevelt et non un économiste pur et dur (ou un député qui s'y réfère comme à la pierre philosophale, l'élixir de jouvence et la panacée) ?
Ce serait une bonne émission pour nos neurones gavés de solutions miracles dont finalement on ne connaît pas trop les réels effets...
Une info en passant, un livre qui m'avait bien perturbé à l'époque et qui était passé quasi inaperçu :
"En quoi consiste l'Amérique ?" d'Emmanuel Didier, Ed. La Découverte, 2009.
(RQ : je n'ai aucune action dans l'ouvrage en question... Je suis contre la spéculation... sauf intellectuelle, cela va de soi !)
D'avance merci,
Hervé
Le trader flouté a l'air complètement perdu en revanche. Manque de sommeil ? Erreur de casting ?
Pour la prochaine émission sur le sujet, je trouve que ce serait sympa d'avoir qq'un en face pour le débat !
D'autre part, actuellement, le système monétaire mondial repose sur la confiance de chacun de se faire rembourser dans l'avenir et de voir la monnaie fiduciaire acceptée par tout le monde (commerces, individus, administrations, etc). La monnaie n'a aucune valeur réelle. Les prêts que consentent les banques aux Etats sont remboursés par l'impôt qui lui-même est payé grâce à l'activité de production, de vente de biens et de services des contribuables : c'est le serpent qui se mord la queue, c'est un système monétaire basé sur la confiance.
Si les banques s'écroulent, c'est l'activité économique de nos sociétés capitalistes qui s'écroule. On en revient à une société du troc. Du troc, car la monnaie n'a plus de valeur ou de moins en moins de valeur. Les objets gardant leur valeur réelle.
Je pense donc que les banques ont une utilité. L'activité bancaire est régulée (contrairement à ce qui est dit dans cette émission). En revanche il faut certainement renforcer cette régulation et renforcer les contrôle et l'application des sanctions aux mauvaises pratiques des acteurs financiers. Peut-être faudrait-il revenir à l'étalon-or ? (bien que l'étalon-or consisterait à donner une vrai valeur aux dettes des états, notamment vis-à-vis de la Chine grande créancière mondiale).
Il y a une chance sur deux pour que Finance Watch soit une émanation de banques ou de hedge funds... D'où sortent leurs deux millions d'euros? Enfin bon, je fais confiance à l'équipe d'Arrêt sur image pour avoir vérifié qu'ils n'étaient pas manifestement malhonnêtes mais en même temps il faut être vigilant avec ce type d'organisation quand elle présente un visage trop complaisant avec ceux qu'elles sont censées combattre. La manière dont il ajoutait "Finance Watch va dénoncer les banques MAIS AUSSI DIRE QUAND ELLES ONT RAISON" laissait un peu rêveur... Il y a clairement assez de boulot à faire contre les banques pour ne pas prendre des gants. Que croit-il, que les lobbys bancaires travaillent pour les banques "MAIS QU'ILS DISENT AUSSI QUAND ELLES ONT TORT!"?
Et le trader m'avait l'air un peu à la rue. 30000€ par an? sans rire? Je ne sais pas ce que fait une personne gagnant cette somme mais sa rémunération exclut que ce soit un trader. On peut imaginer des cas de figure où la rémunération SANS BONUS pourrait être aussi basse pour un débutant mais le trader qui gagne 30000€ sur une année, une chose est sûre: c'est sa dernière année!
Par contre sur Mario Draghi, il faut bien reconnaître que Canfin était parfait. Il s'agit d'un scandale sans nom qui montre à quel point nos élites ont regardé passer cette crise comme des vaches regardent passer les trains. Pathétique.
Merci pour cette émission très intéressante. Mais le trader n'est pas le cœur du système...
>< Ici sur la Beeb ><
>< Le site du mouvement ( Occupy Wall Street ) ><
De plus tout les traders et le top management dans le mondre viennent des grand MBA . La majorité des gens qui sortent de ces MBA viennent de familles riches.
En gros nous sommes pas du tout dans le liberalisme mais dans un systeme de cooptation qui permet de court cercuiter la democratie et la vrai meritocratie.
Le pire c'est qu'ils croient vraiment etre des genies qui meritent leur salaires. Alors que c'est les riches qui restent entre riche et se votent des salaire completement arbitraire.
J'ai senti mes cheveux se hérisser quand Canfin a sorti "qui a fait le taux d'imposition à 90%, Staline ?". Bonjour la caricature habituelle, alors quand on remet en cause le système, on est forcément stalinien, chapeau l'outrance ! Dommage car le reste de l'émission était plutôt instructif, notamment sur l'incapacité presque viscérale à remettre en cause la globalité du système quand on travaille au sein de ce système.
Au delà de la caricature outrancière de Canfin, son raisonnement montre, à mon sens, l'impossibilité de remettre en cause et d'abolir le système pour quelqu'un qui est dedans. En voyant Canfin et en écoutant ses arguments, j'en viens à la conclusion que croire que la matrice va exploser de l'intérieur suite à l'infiltration de quelques éléments dissidents est illusoire. Ca peut aider, surtout pour informer, pour faire sortir des éléments et les rendre visibles à ceux qui ne sont pas partie prenante mais le système, à mon sens, s'il tombe un jour, tombera du fait d'actions extérieures, de mobilisations et de révoltes du peuple (ok on en est loin mais l'espoir fait vivre...)
Pas de réflexion sur la rémunération notamment, et c'est surprenant, pour un écologiste qui ne fait pas le lien entre maximisation des profits inscrite dans la logique capitaliste et destruction environnementale. Quelle illusion que ce capitalisme régulé, comme si tout le monde allait se mettre bien gentiment autour d'une table, le capitalisme bisounours !
La porosité public/privé dans la finance, les rémunérations indécentes, l'opacité, le manque de compétence des politiques qui ne voient aussi que par l'argent, sans compter la corruption (cf le bouquin de Péan), l'abrutissement des masses par la télévision, la transformation du citoyen en consommateur et j'en passe, comme peut-on voir tout ça, ce système entier où tout s'imbrique et se tient, et penser que mettre 2 ou 3 pansements va suffire ?
Ce n'est pas Todd qui disait que discuter avec les partisans du système n'avait aucun intérêt ?
Excellente émission, comme d'hab. Trois remarques :
1) Pascal Canfin entreprend un salutaire travail de compréhension des mécanismes financiers, sans remettre fondamentalement la logique du système en cause. C'est son droit, mais je pense que s'il fait son travail honnêtement, il va se rendre compte des limites du raisonnement : oui le capitalisme a pour objectif de maximiser le profit et non de « s'arrêter à temps ». Donc, non, FinanceWatch (et le travail de Canfin) ne suffiront pas. Par ailleurs, il serait bon (pour lui et pour les auditeurs d'opérer un lien avec la partie du travail de Frédéric Lordon consacrée à l'enrolement (cf. l'émission de Judith Bernard sur le bouquin « Capitalisme, désir et servitude - Marx et Spinoza » de Lordon) ;
2) D'une manière générale, il n'y a pas eu de réflexion (sauf très à la marge) sur la notion d'enrichissement et de hauteur des revenus. La seule réflexion était de dire « les traders nous font supporter des risques pour augmenter leurs rémunérations » mais il n'y a pas de réflexion ni par rapport au fait que « l'utilité sociale » d'un métier ne peut pas justifier de telles rémunérations ni par rapport au fait que désirer de telles rémunérations relève de la maladie mentale ;
3) Enfin, je regrette un peu que les propos et propositions de Lordon aient été déforméées. Premièrement parce qu'il prend le risque de défendre le renflouement des banques, expliquant très clairement que si on n'avait pas renfloué, alors ça aurait été la crise cardiaque du système, c'est à dire que chacun aurait disposé pour seule richesse de ce qu'il avait en poche. Deuxièmement, parce que ce qu'il défend (si j'ai bien compris), c'est une nationalisation du système bancaire pour qu'il puisse continuer à assumer sa fonction de pourvoyeur de crédit (si on ne nationalise pas, chaque banque individuellement aura peur d'être isolée dans la prise de risque, arrêtera de prêter et l'économie s'arrête). Cettte nationalisation serait simultanée avec un défaut de paiement sur l'ensemble des dettes souveraines, ce qui autonomiserait la décision politique par rapport aux marchés financiers. Troisièmement, il ne faut pas oublier ses travaux sur l'inutilité de la Bourse (http://www.monde-diplomatique.fr/2010/02/LORDON/18789) et sur le fait que la société se porterait mieux si on la fermait.
Amicalement,
Jean-Claude Englebert
et je trouve que l'idee d'informer et d'eduquer les journalistes avec finance watch ne peut etre que benefique.
il me semble que l'information du citoyen et son engagement est notre unique chance. si tout s'ecroule,sans que les citoyens aient bien compris les problemes,on peut s'attendre au pire, peurs,besoins de protections,haines avec reglement de comptes etc...
Mr Canfin est certes intéressant, son idée lobbyiste pour reprendre une expression de Todd, c'est "L'île aux enfants" ! Quant à croire qu'en cas de baisse de la valeur des banques, on puisse lancer une nationalisation, c'est oublier hélas que les prédateurs privés sont bien plus rapides et efficients en la matière que des prédateurs publics affaiblis. La reprise en main en douceur semble bien improbable !
Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur
.
Ibrahim Warde précise qu'Adam Smith " tout favorable qu'il fût au principe de de la "main invisible" stipula expressément que la logique d'un marché libre et concurrentiel ne devait pas s'étendre à la sphère financière. D'où l'exception bancaire au principe de la liberté d'entreprendre et de commercer, et la nécessité d'un cadre règlementaire strict" et de citer le célèbre auteur anglais : "Ces règlements peuvent à certains égards paraître une violation de la liberté naturelle de quelques individus, mais cette liberté de quelques-uns pourrait compromettre la sécurité de toute la société. Comme pour l'obligation de construire des murs pour empêcher la propagation des incendies, les gouvernements, dans les pays libres comme dans les pays despotiques, sont tenus de réglementer le commerce des services bancaires " (Livre II chapitre II - § 400).
Sur le blog de Jorion, le bloggueur star raconte que les investisseurs, qui pouvaient toujours se tourner vers l'or ou l'argent-métal, sont en train de perdre cette possibilité parce que certains d'entre eux s'affolent et vendent tous azimuts pour récupérer des liquidités, ce qui a fait plonger ces métaux précieux hier vendredi.
Admettons, comme le fait remarquer un commentateur, qu'il s'agisse du défaut probable de la Grèce, qui va entraîner dans la tourmente les banques européennes, les états avec eux.
La boucle serait donc bouclée : les multinationales ont investi massivement en Chine, qui en a profité pour ne pas développer son marché intérieur, et les a donc empêchées d'acquérir de la puissance. Concomittament, les Tinois ont sous-évalué leur monnaie, et acheté les dettes souveraines des occidentaux. Niaisement, lesdits états occidentaux, drogués à l'idéologie néo-libérale, ont accepté de vivre sur le crédit que leur distribuaient généreusement les pays en excédent, tels que la Chine, mais d'autres aussi.
La première secousse a été la crise des subprimes, la deuxième, la faillite des banques, puis maintenant, c'est celle des états faillis, la Grèce en premier. Contre cela, la puissance économique et financière des états occidentaux ne pourra rien.
C'était remarquablement joué, il n'y a rien à dire. Sauf que comme la puissance économique de la Chine et d'autres pays tels que les producteurs pétroliers, ce sont ses exportations vers l'occident, tout le monde va être emporté dans la tourmente.
Tout ça pour dire que je ne sais pas ce que dit Lordon, parce qu'il n'est pas très prédictif : il se contente de regarder le monde en face.
Mais cette idée qu'il faut laisser le système s'effondrer pour repartir sur de nouvelles bases, qui est plutôt l'idée de Jorion, à ma connaissance, n'est pas une prédiction auto-réalisatrice, c'est juste qu'on ne va pas pouvoir empêcher la catastrophe d'advenir, qu'il y avait une chance en 2008, et qu'on l'a perdue. Et que tout s'effondre sous nos pieds, actuellement....
Et qu'on se dit que ça peut être une chance, peut-être, mais que ça va être la cata totale, inimaginable.
Je me souviens être allée en Russie en 1990, juste après l'effondrement du communisme, les gens avaient faim, parce que tous les circuits de distribution, déjà déficients, s'étaient effondrés avec le système, Un contremaitre dans l'industrie gagnait l'équivalent de 50 dollars et comme tout venait de l'étranger, c'était insuffisant pour manger plus de 10 jours. Ils vivaient d'expédients, ils ne faisaient même plus la queue, il n'y avait rien à vendre.
Aussitôt qu'ils ont pu, les Russes se sont jetés dans les bras de Poutine. Mais déjà en 1990, ça se sentait.
Hannah Arendt explique que ce qui provoque le totalitarisme, c'est le fait que le capitalisme a détruit toutes les structures sociales les unes après les autres, et que lorsqu'il explose (comme en 29), la fin de ses structures entraîne une panique de nature sociale et politique qui favorise l'émergence de nouvelles structures totalement déshumanisées. Si le principe est "tout plutôt qu'être seul dans un monde de chaos", alors tout, même l'horreur absolue, devient possible.
Seule une démocratie réelle pouvait empêcher ce qui est en train d'arriver. On n'y est pas parvenus, on va repartir pour un tour, mais on ignore si cette fois, ça va donner quelque chose.
Mais au moins donnons-nous les moyens de comprendre ce qui nous arrive, ce qui est arrivé, ce qui aurait pu arriver. Et que nous sachions comprendre comment s'arranger pour que ça n'arrive plus jamais.
Si c'est possible.
Je ne suis pas sûre que ce soit ironique...
Extraits du débat Eva Joly/Aurélie Trouvé (Attac) sur Médiapart
Médiapart : On parle aussi beaucoup ces derniers mois d'une autre piste: celle d'une sortie de la Grèce de la zone euro, assortie d'une dévaluation. Qu'en pensez-vous?
Eva Joly. L'endettement de la Grèce est en euro, elle n'exporte rien, ses constantes macro-économiques sont mauvaises: comment pourrait-elle payer le reste de son endettement? [… ] nous pensons que le traité de Lisbonne est un progrès démocratique car il donne plus de pouvoir au parlement. Malheureusement le parlement européen reflète les majorités des Etats, qui sont aujourd'hui ultralibérales. J'attends que les opinions publiques européennes envoient au parlement des députés qui pensent que le néolibéralisme nous a menés droit dans le mur.
(Note: si la Grèce ne sort pas de l'euro, elle ne remboursera pas "sa" dette en euros; elle ne le pourra pas, et si elle sort de l'euro, la dette sera basculée en drachmes ... rien ne prouve d'ailleurs que même en drachmes elle puisse un jour rembourser... en fait aucun pays ne pourra rembourser sa dette sauf à la monétiser)
Médiapart : Mais le traité de Lisbonne, que vous défendez, empêche justement la BCE de faire ce que vous demandez, à savoir racheter directement la dette d'un des Etats membres...
L'Europe s'est construite dans les crises. Nous sommes aujourd'hui dans une nouvelle crise: on en sortira par le haut ou l'Europe éclatera. Moi je fais le pari qu'on s'en sortira. Les textes traduisent des compromis à un moment T de l'histoire; il faut les faire évoluer.
Devant la crise, il ne faut pas que nous nous arrêtions aux textes. Et c'est déjà le cas puisque la BCE a prêté à la Grèce... (Note : ce n’est pas la BCE, c’est les Etats de l’Union)
Aurélie Touvé : Vous savez qu'il y a une cour de justice européenne qui s'appuie sur ces traités . Ils sont malheureusement une colonne vertébrale de l'Union européenne. Alors certes, à un moment, on a été obligé de forcer les choses, y compris de violer certains articles, mais cela ne résout rien au fond. Il y a des articles, comme sur la libre concurrence, qui empêchent toute politique sociale au niveau européen, et qui gravent l'Europe dans le néolibéralisme.
Eva Joly. Moi je pense que l'urgence est la situation de la zone euro. Et c'est à partir de cette urgence que nous allons construire l'Europe de demain. C'est mon espoir, notamment avec une politique commune à la zone euro, et donc une politique fiscale et un contrôle budgétaire communs. L'Europe a toujours avancé dans la douleur.
Médiapart : Jean-Claude Trichet vient de proposer un ministre des finances de la zone euro. Qu'en pensez-vous?
Eva Joly. C'est une bonne idée, mais pour gérer quel budget? Il n'y a, pour le moment, pas de ressources propres européennes, ou alors elles sont très faibles. Il faut un budget européen de l'ordre de 5% des PIB nationaux (contre 1% aujourd'hui, ndlr).
Nous pensons que la solution est européenne […] je maintiens que l'Allemagne ne viole pas les règles de l'OIT! Il faut ces barrières à l'entrée sur le marché européen. Par la suite, nous sommes évidemment pour avoir des textes instaurant des minima sociaux.
Aurélie Trouvé: Mais, en Allemagne, dans le secteur agricole, il y a des saisonniers, notamment à l'Est, qui n'ont pas de Smic, et sont payés 300 ou 400 euros par mois. Les différences de conditions sont énormes au sein de l'Europe. Comment fait-on?
Eva Joly. Il y a la nouvelle politique agricole commune en 2013, qui va aller vers une agriculture plus paysanne. Nous réglerons l'ensemble des problèmes à ce moment-là.
Les normes européennes, il n'y a que cela de vrai. Sur le travail, sur les retraites, les congés maternité... Pour cela, encore une fois, il faut que les pays élisent des députés qui ne pensent pas que le tout-libéral soit la solution. L'Europe reflète aujourd'hui l'opinion dominante.
Aurélie Trouvé: A quand une prise de position du groupe Verts ou du Parti socialiste européen sur une annulation partielle de la dette grecque ou au moins un arrêt des plans d'austérité? A quand la revendication d'un Smic européen?
Eva Joly: Ce sont des revendications que portent les Verts européens. Nous faisons ce que nous pouvons. Nous déterminons l'ordre du jour de beaucoup de commissions. Par exemple, celle que je préside sur le développement a fait un grand travail sur la lutte contre les paradis fiscaux. Vous me direz qu'il n'y a certes pas encore de résultat concret mais le parlement européen a voté l'idée que les règles de l'OCDE sont insuffisantes, et nous allons maintenir la pression.
Aurélie Trouvé : Mais pensez-vous alors qu'il soit lisible que le groupe Verts vote trois parties sur six du «paquet gouvernance» au parlement européen?
Eva Joly. C'est une question de crédibilité. Nous étions profondément engagés dans les négociations. On a obtenu des avancées. Si in fine on ne vote pas, ou contre, on perd toute influence pour négocier. Cela a été un arbitrage difficile mais on a fait ce qui paraissait le mieux pour l'intérêt général.
Attendre que tout le monde soit d'accord, aussi bien au Parlement Européen qu'au niveau des États, c'est le plus sur moyen de ne rien changer...
Quant au titre de l'émission, "Greenpeace de la finance", il est révélateur : lire Qui a tué l'écologie, de Nicolino. C'est édifiant.
Et ça me fait penser à cet article que j'avais lu dans [s]le journal qui fait rien qu'à écrire des publireportages[/s]Le Diplo, cet article sur les Grünen boys allemands... Qui aujourd'hui bossent pour les labos, la chimie et l'agro-alimentaire ...
Où on s’aperçoit que le moindre appart coute quelques millions d'euros...
Mais c'est vrai aussi dans d'autres villes allemandes.
Et on sait ce que pense Daniel Cohn Bendit... :
« Je suis pour le capitalisme et l’économie de marché ».
« Si Renault peut produire moins cher en Espagne, ce n’est pas scandaleux que Renault choisisse de créer des emplois plutôt en Espagne » « Il faut admettre que les machines travaillent sept jours sur sept, donc admettre le travail du week-end »
« J’ai toujours été hostile aux horaires obligatoires d’ouverture des magasins ».
« Je suis très ferme sur le déficit public. Par principe, tout écologiste conséquent doit être pour une limitation des dépenses publiques. »
« Des services comme le téléphone, la poste, l’électricité n’ont pas de raison de rester dans les mains de l’État. (…) Il n’y a pas de raison qu’il existe un service public de télévision. »
Et la cerise sur le gâteau :
En septembre 2000 à Jouy-en-Josas, invité de l’Université d’été du MEDEF, il déclarait : « Votre question "le capitalisme est-il moral ?" ne m’intéresse pas. Arrêtez ! Laissez ça aux curés ! Le souci des capitalistes, c’est de gagner et ils ont raison. »
Alors, ces révolutionnaires de salon, vaguement verdâtres (dans le discours, en tous cas), non merci.
Et j'aime beaucoup ce que dit Anne-Sophie plus haut. Je l'aime, Anne-Sophie !
J'aimerais bien connaître l'extrait du discours de Sarkozy qui se contredit le 21 juillet 2011.
Je ne connaissais que celui-ci, à propos du EF…SF, EFSB qui pourra participer à la recopolitiontion
des banques grecques, mais et puis, qu'personne comprend ce que ça veut dire.
L’idée de laisser s’écrouler les banques un bon coup me semble plus proche de la pensée économique d'Eric Cantonna.
Lordon quant a lui a beaucoup répété sur son blog du monde diplo et a la radio qu'un effondrement generalise du credit nous renverrait a l'age de pierre. La faillite des banques ca n'est pas seulement la perte de notre (en effet bien maigre) épargne, mais aussi de celle des entreprises, donc la paralysie d'une économie réelle qui achalande nos magasins, nous fournit en énergie, nous transporte. Le vernis policé qui nous empeche de casser la gueule au voisin pour lui chopper ses boites de conserves n'y resisterait pas 3 jours, et soutenir qu'une telle issue est souhaitable se rapproche d'un nihilisme inconséquent, du type "ce qu'il nous faudrait c'est une bonne guerre".
Au contraire ses propositions (ici et la) se rapprochent de celle de l’eurodéputé EELV quand il dit "les nationaliser quand le cours sera au plus bas". Sauf que Lordon parle de "saisir" et qu'il met en garde contre le fait de confier le robinet du crédit a l’état. Il ouvre la porte a une idée qui sort de la dichotomie état/privé avec le "crédit socialisé".
Du coup je me pose la question, est ce que c'est moi qui ai mal compris?
On y gagnerait en morale ? En fierté d'avoir [enfin] fait quelque chose ?
Parce que si une banque ne donne plus son milliard de bonus aux traders, qu'en fera-t-elle ? Elle le gardera pour elle, bien sûr !
Ce n'est donc pas par ce biais qu'il faut aborder la question. Je propose :
- Que la taxation des bénéfices des opérations financières soit, à l'image de l'impôt sur le revenu, soumise à progressivité. Plus l'opération est 'irréaliste' (plus le ROE est supérieur à la croissance), plus les externalités potentielles sont importantes, et plus le taux d'imposition doit l'être.
- De taxer la volatilité (Tobin)
- Enfin, d'augmenter les objectifs de taux d'inflation, afin de se préserver des marges de manoeuvre sur les taux d'intérêts directeurs, et de favoriser l'investissement productif.
(votez pour moi)
Aux cris "à gauche toute!" de certains j'aurai envie de rétorquer : où est l'intérêt d'entendre toujours la même voix ? quel débat plus stérile qu'entre deux convaincus? N'apprenons nous qu'en écoutant ceux qui nous confortent dans nos positions?
Je vois dans vos "bof" beaucoup de flatterie inassouvie...
Ceci dit, réviser votre Lordon Mr Canfin...
Vous trouverez quelque part dans ce lien un bout de phrase sur la recapitalisation des banques (extraits 5 et 6) : là bas.org
J'attends avec impatience la confrontation Daniel!
Bien @ vous
Le capitalisme est subversif, autant le laisser aller jusqu'au bout de ses effets. Vive la dérégulation initiée par Mitterrand!
Sont bizarres ces gens qui pensent pour nous... Ils ont pitié ou quoi ?
pour un gauchiste, utilisé les méthodes de Standard & Poor's; on apelle cela comment?
Sinon, Daniel, vous feignez d'être surpris sur mario Dragui ex de Goldman Sacchs nommé en lieu et place de Trichet à la BCE ou vous êtes resté bloqué dans une suite d'un Sofitel New-yorkais?
Emission bof bof bof (bah oui, les agences de notations étant "de notre temps", je me lance...) et je menace @si d'une possible dégradation de sa note si la rédaction n'engage pas sous quinzaine des réformes importantes dont voici l'orientation:
Barre à gauche toute, camarades !
Je pense que vous devriez diffuser l'extrait où il témoigne de la contradiction entre le discours du gouvernement français et ce qui se passait en coulisse, ça devrait intéresser du monde.
J'ai quand même regardé la première demi-heure. Mais comme je ne crois pas une seconde que "moraliser le capitalisme", "réguler la finance" ou "limiter le salaire des traders" ne change quoi que ce soit aux problèmes actuels, je n'ai pas le courage de regarder la suite.
A la prochaine.
( en espérant un entretien avec quelqu'un qui a des propositions plus [s]sérieuses[/s] subversives )
La solution consisterait à une dévalorisation massive de ces masses spéculative on les pilles... soit dans le cadre des concurrences capitalistes, donc par la guerre (et on s'y entraîne pas mal depuis quelque temps, mais les avoirs financiers ne sont pas détruits, ils changent de mains, ce qui ne change rien au système), soit par la réappropriation citoyenne et un changement de l'organisation économique de la société.
mais il faut entendre ceux qui proposent ce genre de "solution", il suffit de les écouter pour comprendre que ça ne marchera pas.
merci pour cette émission qui sert à démasquer les faux docteurs alors que le système capitaliste est passé du stade sénile au stade agonisant.