Violences sexuelles dans le cinéma : "Nous, médias, avons été partie prenante de ce système"
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"Mais oui, le rejet des carcans des années 50-60 était bien a l'origine de ce système, et ce rejet avait sa raison d'être."
Je fais partie des soixante-huitards qui ont essayé de rejeter ce carcan. Nous avons été ignoblement floués. On nous a fait cro(...)
Une révolution est en marche et les propos d'Anouk Grinberg m'ont bouleversée, plus que ceux de J. Godreche au demeurant. Car il est vrai qu'on peut parler d'aveuglement collectif. Quand elle dédouane ses propres parents, c'est au nom-même de la valo(...)
Mais précisément, pour des parents qu'elle décrit comme "soixante-huitards", on peut imaginer une posture de l'ordre de la permissivité, de la considération de la fille comme responsable, du contre-pied délibéré de tout ce qui pouvait se rattacher à (...)
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L'aveuglement ne porte pas sur les faits, mais sur les effets de ces faits. Et c'est normal, seules les victimes d'abus connaissent en leur chair la violence de ces destructions. Or la plupart du temps elles ne les expriment pas.
Des explications sur les raisons de «l’aveuglement» sont avancées.
Personnellement, déjà à l’époque, tout ceci me « choquait ».
Espérons que les choses changent REELLEMENT désormais.
Vu le film L'empire de Bruno Dumont (très mauvais), quel besoin de montrer autant les seins et fesses de jeunes femmes une bonne partie du film ? Pas compris l'intérêt artistique, mais très mal à l'aise en revanche de cette impression que rien ne change.
La "cellule enquête" de Télérama -et autres media - ne devrait-elle pas également enfin interroger la fâcheuse et si ancienne complaisance des "créateurs" à représenter les violences faites aux femmes dans tant et tant de films et téléfilms ? Interroger également les "créateurs" de ces films dont les personnages de femmes sont ultraminoritaires, voire absents ? Et les clips virilistes ? Et les reportages de manifs presque exclusivement masculines commentées sans sourciller par un "la population est descendue dans la rue" ? Et …
Aveuglement collectif, là aussi ?
Surpris de ne pas voir évoqué l'identité catholique de Télérama sur ces questions touchant à la morale.
J'ai l'impression que les femmes risquent d'attendre longtemps ne serait-ce que cet embryon de commencement de début de mea culpa de la part du Figaro, du Point ou du Parisien. Quant aux chaines de télévision, même pas en rêve.
Cette remise en question du journalisme culturel qui découvre le manque de rebond face à des déclarations sexistes, répréhensibles ou de toute autre nature devrait s’étendre au journalisme politique (comme les matinales) qui souffre du même manque de rebond face à des énormités déclarées sans écho, sans remise en question comme si un mot était un fait. Il n’y a finalement que très peu de confrontation entre ce qui est dit et le factuel, le réel… Ce qui fait de l’information mainstream un objet de propagande et non un outil de réflexion ou de débat. Cette affaire dépasse le monde du cinéma et son metoo français…
Ne s'agit-il pas tout simplement
du REFUS de dénoncer, consciencieusement enfoui dans un non-dit (ce qui permet de dire aujourd'hui "on ne savait pas"),
d'une accommodation avec une réalité qui a toujours été sue (à mi-mots peut-être, pour les plus naïfs et naïves) mais toujours cachée. ;
d'excuser le Génie, l'Artiste intouchable, qui peut se permettre de transgresser toutes les règles, viol d'enfants compris, sauf celle (peut-être) de tuer?
Nous sommes dans une idéologie du culte de la personnalité (ça ne concerne pas uniquement Hitler, Staline et quelques dictateurs!).. Pour qui a réussi dans une société de compétition à tous les étages l'excuse de tous les débordements est permanente ; un ouvrier violeur passera au tribunal, sa condition et son crime faisant unanimement horreur, tandis qu'un acteur star saura faire taire - par le pouvoir qu'il exerce dans son entourage et dans son milieu - les plaignant.e.s, qui, sinon, seront ostracisé.e.s immanquablement.
La presse ne cherchera jamais à établir les faits (à part quelques journalistes marginaux de mediapart, mais ils n'appartiennent pas au milieu coopté de La Critique! ); la présomption d'innocence aidant, on évitera , et via le silence (a minima), on prêtera main forte aux auteurs d'actes répréhensibles qu'ils nomment "affabulations" pour leur défense! La presse spécialisée est totalement partie prenante et complice de ce milieu, sans parler des autres médias -TVs - qui font des investissements considérables dans ce Système.
Et que dire des critiques de cinéma et de théâtre? Ne sont-ils pas pour la plupart des acteurs ou des réalisateurs "ratés"? Comment peut-on passer sa vie à encenser ou descendre des œuvres créées par d'autres, sans avoir envie d'en faire soi-même? Être critique n'est-ce pas passer son temps à cirer des pompes (et en crotter d'autres selon la chapelle à laquelle on s'est attaché.e) pour passer à l'acte ou devenir incontournable dans le Système? Qui ne voudrait pas devenir un nouveau François Truffaut, etc...? Ceci dit il y aurait beaucoup à dire sur le cinéma dit de la Nouvelle Vague qa
Il n'y a aucun aveuglement de ces gens là (Le silence de Télérama qui aura duré 2 ans après le metoo américain est plus éloquent qu'un article qui cherche des excuses à ses auteurs); ce silence a été et est volontaire, tacitement maintenu au service d'intérêts bien compris
Et voilà! ça pète et c'est tant mieux! Le féminisme est la Revolution du XXIème siècle; pour vaincre ses luttes doivent rejoindre les luttes sociales et raciales pour enfin changer le monde! Y a du boulot!
Il y a peut être quelque chose de malsain et surtout de dangereux à s'acharner sur les fautes passées de Brassens, Ferré, Télérama et autres: nous faire oublier, en prenant toute la place, les abus qui continuent aujourd'hui.
J'éprouvais le même malaise il y a quelques années, à propos de la Schoa: mais que faisons-nous de ce qui se passe aujourd'hui nos frontières où on flingue les migrants, les gens qui meurent dans la rue, les enfants dénutris, la Méditerranée qui se remplit de cadavres, les mines de métaux rares censés remplacer peu à peu le vilain pétrole, lequel continue imperturbablement sa trajectoire.
Nous ne pouvons plus changer le passer, battre sa coulpe, c'est bien mais bon... que faisons nous de l'avenir? Et du présent?
Je reste sur ma faim. Valérie Hurier ne s'est pas lacéré les joues avec ses ongles. C'est un peu facile ces excuses informelles. Il faudrait mobiliser tous les appareils d'Etat et les instances policières pour que soient infligées des sanctions judiciaires en bonnes et dues formes à tou-te-s celleux qui ont commis ces cinquante dernières années des critiques cinématographiques moralement tendancieuses.
Il y a énormément de courage sur ce plateau.
Merci à Vous, Mesdames, pour votre Force, votre Justesse et pour la naissance d'une Sororité.
La séquence sur Télérama est ultra intéressante. Le problème est supérieur à l'hebdo. A mon avis, il doit venir du groupe Le Monde légèrement décrypté sur le plateau dans le sens où Télérama dépend de ce groupe médiatique.
Il est question du journal du soir dans l'émission mais sans faire le lien entre les deux. Madame HURIER n'ose peut-être pas en parler. Cela n'enlève rien à l'approfondissement de ses enquêtes et de son regard Féministe sur les prochains films qui lui seront projetés.
J'en suis à la moitié environ et merci à Nassira et à l'actrice invitée pour leurs paroles. Oui ce mot aveuglement est insupportable de déresponsabilisation. Oui les médias encore aujourd'hui n'assument leurs conneries qu'à reculons, en se dédouanant tant qu'ils peuvent.
Je n'ai rien contre la journaliste de Télérama, mais même dans cette propre émission elle est encore en train minimiser. Et que j'insiste en boucle sur metoo y a six ans, sous entendu il fallait ce temps, et je dis que toute la société était aveugle.
Bordel l'agresseur de la comédienne invitée c'est 2006, les féministes dénonçaient déjà le discours médiatique et le sexisme triomphant de ce milieu. Pareil pour Polanski depuis des décennies. Entre les deux y a eu le gamergate dans le JV, etc. Etc. Arrêtez de prétendre que vous ne pouviez pas voir, pas savoir.
Vous saviez, vous vous en foutiez comme de votre première humiliation d'un stagiaire, assumez. Présentez des vraies excuses et surtout changez. Pour de vrai.
@Nassira El Moaddem, j'écoute toujours vos émissions avec intérêt. Celle-ci m'a déçue, les échanges m'ont paru caricaturaux, d'un côté Noémie Kocher survoltée et excessive, et Valérie Hurier, sans doute sincère et qui a le mérite d'avoir accepté votre invitation, mais dans un acte de contrition un peu rapide. Il manquait sans doute une pluralité d'intervenants. L'article de libération écrit à la mort de Brisseau, que j'ai relu récemment, est loin d'être aussi caricatural que tel qu'il a été présenté et mis en accusation par Noémie Kocher. Il est très clair sur le caractère délictueux des actes du cinéaste, écrit par une autrice que l'on ne peut pas suspecter de complaisance ou d'ambiguïté par rapport aux violences sexistes et sexuelles, il ne méconnait rien de la complexité du personnage, mais apporte une analyse fine de son oeuvre. N. Kocher le rappelait elle-même il ne s'agit pas de censurer les oeuvres, mais de les restituer dans le contexte et les conditions de leurs réalisation. Selon moi, il convient de faire une différence entre l'oeuvre d'auteurs morts et celle de vivants actifs et potentiellement agissants. Voici l'article en ligne pour celles et ceux qui voudraient le lire http://susauvieuxmonde.canalblog.com/archives/2019/05/13/37334598.html
Merci pour le lien. Mais l'avez vous vraiment relu ?? C'est une claque à la gueule des victimes de Brisseau ce texte. Pas caricatural ?
"L’un des plus grands cinéastes français est mort. Il a rejoint cet outre-monde des grands cinéastes disparus." Première phrase. Un violeur qui fait un film entier pour insulter ses proies et se poser en victime d'elles, vous le présentez ainsi en 2019 ???
Ensuite il est immédiatement comparé à... Victor Hugo, qui se battait contre les inégalités et pas pour son pouvoir, Simone Weil qui s'en retourne sûrement dans sa tombe et même Jean Valjean !!! Et on en est encore qu'au deuxième paragraphe.
Il faut donc attendre le troisième paragraphe pour que soit évoqué sans le dire et cryptiquement son statut d'agresseur.... En attaquant pèle mêle les féministes, les spectateurs de cinéma - aussi coupables que lui parce qu'ils sont voyeurs en regardant des films, paye ton niveau. Et en pleurant sur les "insultes" qui peuvent sur le grand homme de la part des méchantes féministes, qui de toute façon ne regardent pas de cinéma et parlent sans savoir.
Il faut attendre donc le quatrième paragraphe pour rappeler en deux lignes la condamnation, avec encore des mots atténuants dans ces deux lignes, puis immédiatement ça enchaîne sur Brisseau victime, cette fois d'avoir payé pour Polanski, visé par "une hystérie de zinzins", citation reprise avec quasiment aucune distance.
Je m'arrête là, mais vraiment j'aimerais comprendre comment on peut lire ce texte et y voir autre chose qu'une infamie dégueulasse.
Bien sûr, j'ai lu. J'ai lu et relu. S'exprimer sur un sujet aussi grave demande du sérieux, lire une critique de cinéma aussi dense demande du travail.
Alors pour être à la fois grave et sérieuse, et pour être bien claire, je cite encore Libération :
"Disparition
Brisseau périlleux
Le cinéaste, auteur de «Noce blanche» et de «De bruit et de fureur», est mort samedi à 74 ans. Condamné pour harcèlement et agression sexuelle, il laisse une œuvre impitoyable et magnifique qu’on n’a pas fini de réhabiliter.
L'un des plus grands cinéastes français est mort. Il a rejoint cet outre-monde des grands cinéastes disparus. «Ceux que nous pleurons ne sont pas les absents, ce sont les invisibles.» Entre Victor Hugo à qui est empruntée la citation et Simone Weil, le marquis de Sade et le cinéma miraculeux de Murnau, cherchez l'homme, le dernier des hommes, cherchez Brisseau. Le pesant et la grâce, le misérable et l'aurore, parmi les herbes hautes et l'horizon, Jean Valjean et le portier en livrée que, sous les traits d'Emil Jannings dans le film de Murnau, la foule révérait ou honnissait tour à tour selon que la fortune lui souriait, ou le foutait à la porte.
…/…
Comme un de ces personnages criminels perdu dans un paradoxe logique et cinématographique de Fritz Lang, Brisseau est une fois encore, même mort, passé au crible, insulté par ceux en meute qui hurlent avec les loups et n’ont rien d’autre à dire, «coupable !», masquant derrière les cris leurs propres vilenies. Et omettant tout le reste, par exemple que la culpabilité a été établie, jugée, la peine prononcée : les victimes de ses harcèlements et agression sexuelle, les deux comédiennes qui en 2005 puis en 2006 avaient obtenu gain de cause à l’issue d’un procès puis d’un appel qui condamnèrent le cinéaste à un an de prison avec sursis, 15 000 euros de dommages et intérêts auxquels s’ajoutèrent 5 000 euros dont 4 000 pour préjudice moral à l’une d’elles. C’est établi."
Mais dit donc, cette Noémie Kocher agressé qui a du lutter contre tout un système, qui a subit violence sur violence sur violence, et qui aujourd'hui ose s'impatienter de voir se même système bouger si lentement... Elle serait pas un peu hystérique ?
Oui "histoire d'un aveuglement" c'est un peu léger, déresponsabilisant ; ce serait plutôt "histoire d'une lâcheté", non ?
L'art s'est toujours nourri de transgressions mais des transgressions sur la forme, le langage, les conventions, les règles... Peut-être faudrait-il employer un autre mot que celui de "transgression" s'agissant de violences exercées sur des personnes, les viols et autre emprises ? Ce n'est plus le même registre et les agresseurs et leurs défenseurs ont beau jeu de confondre tout cela (confondre transgression artistique et violation de la loi) pour justifier leurs violences.
Pourquoi ne pas demander à l'invitée Noémie Kocher son autorisation avant de passer un extrait d'un document où s'exprime Jean-Claude Brisseau son agresseur ? ce serait tellement plus délicat. C'est ce qu'a fait justement Karim Rissouli lors de C'est ce soir avec Judith Godrèche, juste avant de passer l'extrait avec Laure Adler .
"Mais oui, le rejet des carcans des années 50-60 était bien a l'origine de ce système, et ce rejet avait sa raison d'être."
Je fais partie des soixante-huitards qui ont essayé de rejeter ce carcan. Nous avons été ignoblement floués. On nous a fait croire à la possibilité d'une victoire électorale (nous les étudiants et les jeunes ouvriers* qui, pour la plupart, n'avaient pas le droit de vote, il était à 21 ans).
On nous a "accordé" toutes les libertés qui n'avaient pas de conséquences pour les puissants, sociétales essentiellement. La sélection contre laquelle nous nous battions a été maintenue, puis accélérée, elle atteint son sommet avec Parcours Sup. Les usines sont restées ce qu'elles étaient, des destructions humaines, avec les cadences, la chaîne, la hiérarchie odieuse et stupide, et dans certains endroits ça a empiré. Certaines choses se sont aggravées, la domination financière en particulier, sur nos propres "élus". La (très forte) hausse du SMIC a été reprise en quelques mois par une inflation délibérée (j'ai dû, alors, abandonner mes études).
Qu'on ne nous colle pas sur le dos la "libération" sexuelle des renards, heureux de voir détruite la clôture qui "enfermait" femmes et enfants.
Oui, notre rejet de ce système "avait sa raison d'être"... et il l'a toujours.
"les jeunes ouvriers*": on rentrait à l'usine à 14 ans: le droit de travailler, d'aller en tôle... mais pas de voter? Et c'est toujours le cas, même si on a passé l'un à 16 ans et l'autre à 18.
Une révolution est en marche et les propos d'Anouk Grinberg m'ont bouleversée, plus que ceux de J. Godreche au demeurant. Car il est vrai qu'on peut parler d'aveuglement collectif. Quand elle dédouane ses propres parents, c'est au nom-même de la valorisation de cette transgression qu'ils ne "peuvent rien faire". Et si elle insiste à l'époque pour le rejoindre, c'est aussi au nom de ce même air du temps libertaire. Qu'ensuite elle se rende compte que c'est un enfer dont, enfant, elle n'a pas à être tenue pour responsable est une chose. Mais oui, le rejet des carcans des années 50-60 était bien a l'origine de ce système, et ce rejet avait sa raison d'être. Certes ces gros dégueulasses ont profité du système, mais on ne peut pas non plus leur mettre sur le dos les valeurs collectives qui l'ont soutenu. Et je redis, j'hallucine qu'on ne pose pas plus que ça la question de la responsabilité des parents, psy tous deux.