"Welcome To The Jungle", média de marque subversif (mais pas trop)
Le fondateur du site de gauche "Frustration Magazine", Nicolas Framont, a promu son livre contre le monde du travail dans une interview-vidéo de "Welcome To The Jungle", le média préféré des jeunes start-uppers frustrés des entreprises à la papa. Qui n'a laissé la vidéo en ligne que deux jours, avant de la supprimer en arguant d'une évolution de sa ligne éditoriale. Aurait-il touché les limites de ce que peut être un "média de marque" ?
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Merci, surtout pour la vidéo qui est magnifique. Dire aussi clairement les choses en si peu de temps, avec des phrases courtes, percutantes et compréhensibles. m'étonne pas qu'il ait été censuré aussi rapidement!
Faut bien avouer que pour un pseudo-média à travers lequel les head of content et head of editorial (et autres head de noeuds) veulent proposer un monde du travail remédié, c'est pas très solutionnant de dire que le capitalisme c'est du caca et que l(...)
J'ai une petite objection sur un implicite du titre : "subversif (mais pas trop)"
Cela laisse sous entendre que ce qui différencie le point de vue de Nicolas Framont et celle qui est portée par "Welcome to the Jungle" serait uniquement une question de(...)
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je me souviens de mes débuts de carrière comme cadre fonction publique à petit échelon (années 80) : la formation initiale nous présentait le boulot de cadre "il anime et coordonne" J'ai toujours trouvé cette expression ridicule et je l'utilisais souvent à contre-sens pour faire de l'humour. Depuis, j'ai bien vu les techniques de management évoluer et même de voir de plus près les hauts cadres de l'administration qui eux, étaient pénétrés par ce slogan. Suprême intelligence, mais aucun recul ! des vrais winers ! Après la vague de suicides du début des années 2000, nos "top managers" ont commencé à avoir peur pour leurs primes. Leurs techniques ont évolué mais seulement en surface : business as usual.
Merci N Framont de deconstruire tous ces stratagèmes du neo-magement visant à rendre cool la domination par le travail, car le lien de subordination reste bien le leitmotiv - avec une bonne dose de faux-cuisme - de cette vaste escroquerie qu'est la start up nation. Merci à ASi de republier la vidéo, elle est d'utilité publique.
Renverser le capitalisme ? Mouais, c'est pas hyper solutionnant, et c'est pas pratique -han
Il n’y a rien d’étonnant à découvrir en fin d’article que Bolloré est un - ou le - client important du site d’information (?) " Welcome to the jungle " et comprendre que cet aimable équipe censure une vidéo critique du capitalisme qui rappelle que ce capitalisme est né du colonialisme et de l’esclavage... Et que cela continue sur les mêmes bases. D’ou le titre du site "Welcome to the jungle " ?
Un proche en fin de carrière m'a expliqué un jour que bien que n'ayant plus besoin (matériellement) du travail salarié pour vivre correctement (sans avoir de gros besoins non plus) il aimait bien aller se taper des entretiens d'embauche dans des sales boîtes, faire un CDD pourri et saboter le boulot quelques temps, pour se divertir et se venger.
Il en avait tellement chié pendant sa carrière, on lui avait tellement fait de misères au boulot, que désormais c'était sa "mission", sa raison de vivre, que d'aller foutre la merde autant que possible dans "les saloperies de boîtes d'escrocs" de son secteur d'activité, et pour cela il ne recule devant rien (CV bidonnés, faux diplômes, profil linkedin mensonger...).
C'est très impressionnant pour un ancien "cul-bénit" comme moi pétri de vieille morale à la papa, car il a des dizaines de chasseurs de têtes dans son répertoire, et un culot monstrueux.
"n'ayant plus besoin (matériellement) du travail salarié pour vivre correctement"
Voilà. Du sabotage gratuit. C'est une super idée, je vais voir si je peux m'y mettre aussi, n'ayant jamais passé un entretien d'embauche, (sauf à 16, 17, 18 ans pour être caissière à Champion durant l'été. "Quelle est votre motivation ? Ben financière... tu crois quoi ?" Après, l'envoie de cv a suffit) Très curieuse de cette expérience !
Pour ma part, j'ai été viré de mon boulot plus souvent qu'à mon tour pour n'être pas assez rentable pour mon employeur. Mon premier boulot : surveillant dans un magasin Auchan. J'étais à l'entrée, on pouvait sortir tout le magasin sous mes yeux, je ne voyais rien. Au bout de même pas une semaine ils ont compris et m'ont lourdé.
Un vengeur masqué?
Au moins le contrat de lecture de Welcome to the jungle est ultra explicite. Il suffit d'aller sur leur site pour connaître leurs clients et incidemment, les intérêts au service desquels le "média" travaille.
Ce qui est quand même beaucoup moins clair pour les médias "traditionnels", financés par les mêmes clients que Welcome to the jungle, mais qui se gaussent de leur "indépendance".
Excellente illustration de la duplicité fondamentale du capitalisme et de ceux qui y adhèrent.
J’espère qu’un jour, des économistes évalueront la somme des richesses ramenées des “Nouveaux Mondesˮ vers l’Ancien depuis 1492 et qui a constituer le CAPITAL nécessaire à l’industrialisation. Richesses bâties essentiellement sur les cadavres des Amérindiens et des Africains, après les Irlandais et autres pauvres et paysans européens.
Pendant longtemps, la maltraitance des travailleurs a semblé ne concerner que les autres lointains et différents. Aujourd’hui, elle nous concerne de plus en plus et, elle ira en augmentant à mesure que d’autres puissances capitalistes apparaîtront dans le monde (la Chine et l’Inde exploitent leurs immenses populations qui, de ce fait, sont soustraites à l’exploitation occidentale).
Pour la première fois, semble-t-il, Volkswagen va fermer 3 usines en Allemagne ! Audi Bruxelles va fermer fin février, après avoir distribué 11 milliards aux actionnaires en 2023, alors que les travailleurs lui ont donné 1 million d’heures. Un capitalisme amendé est une illusion de drauche, et une impossibilité selon, notamment, Frédéric Lordon.
Le capitalisme ne peut que souhaiter la "Welcome to the jungle" aux travailleurs.
Merci pour l'article !
Et contente de découvrir l'existence de Frustration magazine
C'est un média qui donne la parole à des syndicats de salarié·e·s combatifs ? Ou ça correspond pas à la ligne éditoriale d'avoir des prises de paroles de militants dans le milieu du travail ?
Faut bien avouer que pour un pseudo-média à travers lequel les head of content et head of editorial (et autres head de noeuds) veulent proposer un monde du travail remédié, c'est pas très solutionnant de dire que le capitalisme c'est du caca et que le travail sous le capitalisme, c'est un peu de l'esclavage remédié. Faut les comprendre aussi, quoi.
A propos des entreprises qui demandent une "bonne résistance au stress" dès l'entretien d'embauche ... j'en connais une qui m'a demandé dès le premier entretien téléphonique si j'accepterais de faire des heures supplémentaires, mais visiblement pas du tout de façon exceptionnelle : vous comprenez on a une équipe soudée qui ne part pas à 18h ... (vis à vis des autres ce serait pas correct de partir à l'heure, ça risquerait d'altérer cette belle cohésion...).
J'ai répondu pas tous les jours non, je n'ai pas été sélectionné, l'annonce est restée en ligne pendant 4 mois avant de disparaitre.
Welcome to the greenwashing / pinkwashing / redwashing / rainbow-washing machine pour macrobobos.
Est-ce que d'autres videos ont été supprimées à la suite du "changement de ligne éditoriale" ?
J'ai une petite objection sur un implicite du titre : "subversif (mais pas trop)"
Cela laisse sous entendre que ce qui différencie le point de vue de Nicolas Framont et celle qui est portée par "Welcome to the Jungle" serait uniquement une question de degré dans la critique.
La question du bien-être au travail a beaucoup été récupérée dans le management moderne. Est-ce qu'en tant que travailleurs et travailleuses, on peut se dire, "c'est mieux que rien ?"
Je pense que non : l'angle principal de la thématique du bien-être au travail, c'est de centrer le regard des personnels sur eux-même : "comment tu te sens toi au travail ?", de le déconnecter de la structure, de l'organisation. On pousse même la perversité à nous enjoindre de trouver nous-mêmes des solutions pour remédier à notre propre souffrance au travail.
Le but implicite est de de nous détourner d'une prise de conscience collective, de court-circuiter les syndicats, et d'empêcher que les travailleurs et travailleuses s'organisent sur le lieu de travail pour lutter.
Par contre, comme le but réel est camouflé dans de la guimauve, il arrive parfois (comme avec cette journaliste indépendante) que des personnes sensées prendre part à cette opération de détournement se laissent avoir elles-mêmes par l'emballage.
On voit cela aussi dans l'éducation nationale : j'ai connu des proviseur·es qui prenaient au sérieux les campagnes pour le bien-être au travail promue par leur hiérarchie, qui ont organisé des réunions dont ils et elles ont été débordées (souvent par des personnels syndiqués) et se sont ensuite fait recadrer par leur direction académiques.
Merci, surtout pour la vidéo qui est magnifique. Dire aussi clairement les choses en si peu de temps, avec des phrases courtes, percutantes et compréhensibles. m'étonne pas qu'il ait été censuré aussi rapidement!