Woody Allen : Farrow contre Farrow
Après la décision d'Hachette de renoncer à publier les mémoires du réalisateur Woody Allen, les accusations d'agression sexuelle portées par sa fille adoptive Dylan Farrow se retrouvent à nouveau sous les projecteurs. Des accusations connues depuis 1992, et que la jeune femme remet régulièrement sur le devant de la scène ces dernières années, alors que son frère, Moses Farrow, témoigne en sens inverse. Retour sur une histoire familiale... et publique.
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Commentaires préférés des abonnés
On ne peut pas décider de mettre au ban de la société un individu et lui interdire d'écrire, de travailler, sur la foi d'accusations qui ont été écartées par la justice.
C'est un terrible retour en arrière que cette équation "accusé=coupable", et il f(...)
Le témoignage de Moses Farrow, long, étayé, construit, bien écrit, est assez terrible à lire et sa mère y apparaît comme très instable et manipulatrice. Une chose est sûre, Allen n'a été jugé coupable de rien.
("à des gens", saloperie de forum)
… et la gauche twitter applaudit, logiquement
(jusqu'à attaquer massivement le maladroit Stephen King qui a osé critiqué la décision d'Hachette en évoquant la pente glissante que c'est indéniablement de laisser (...)
Derniers commentaires
Ouais ouais ouais ouais
Le classique, accuser le père de maltraitance pour obtenir l'avantage dans un divorce, prend maintenant des dimensions proportionnelle au temps qui passe.
On ne peut plus écrire ses mémoires et les publier comme on veut. Tous les détails doivent être, auparavant, soigneusement validés par d'autres.
Ce ne sont plus donc des "Mémoires".
C'est bien, continuez...
Et puis PS:
Tout ces gens de bonnes consciences devraient intéresser à la "fabrication" de notre mémoire, ils seraient surpris....
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L'histoire "de" Woody Allen est plus floue, ou floue à des niveaux plus factuels, que celle de Polanski, dont les viols sont avérés (ce n'est pas prendre grand risque que de mettre avéré au pluriel, même si ce n'est pas toujours juridique), et sur lequel les questions se posent autrement (qu'est-on à quarante ans de distance de soi-même).
Mais je me demande sincèrement : si les César avaient primé cette année la mise en scène d'un nouveau Woody Allen.
- Quelles auraient été les réactions, dans la salle, à l'extérieur. Quelle aurait été la présentation par Foresti.
- Quelle en aurait été la couverture par ASI.
"Quelle en aurait été la couverture par ASI"
Je pense que cet article d'ASI, sa titraille et les mots choisis par DS pour sa promotion nous donnent une partie de la réponse.
Non, pas forcément, ou en tout cas je ne l'y déchiffre pas. Le cadre du pugilat César a ses propres moteurs de radicalisation. Le terrain d'affrontement entre deux camps qui choisissent d'y creuser leur tranchée. Le côté symbole/emblème attribué au prix (reconnaissance technique ou reconnaissance biographique selon les interprétations). Cette politisation.
Si le mouvement #metoo avait fait d'un prix décerné à Woody Allen le symbole de l'impunité des pédophiles dans le monde du cinéma ("bravo la pédophilie", "je me lève je me casse", et protestations à l'extérieur), collant les attitudes contre les pôles pour/contre des mouvement féministes (Haënel, etc) et des mouvements réactionnaires (BHL, etc) sur le mode "choisis ton camp camarade", est-ce qu'ASI se serait tenu à une présentation aussi dégagée des flous moraux et factuels que ces camps éludent, ou aurait sorti torches fourches et pancartes pour se ruer avec la foule dans la direction la plus valorisante ?
Le contexte, le soutien à Adèle Haënel et à la transformation des rapports de pouvoir dans le milieu du cinéma aurait-il laissé la place à une présentation nuancée, ou l'effet de courant, la peur d'être du mauvais côté (ceux des catégoriques d'en face), la griserie des coups de bélier, auraient évacué tout ça ?
En amont d'ailleurs, le courant #metoo, dans ce postulat "toute victime proclamée doit être crue" qui surcompense la disqualification systématique de la parole des victimes, aurait-il eu une attitude plus circonspecte dans sa lecture des "messages" de l'académie des César dans le cas de Woody Allen, ou et-ce qu'avoir un emblème à cibler aurait écarté toute considération ?
Ce sont des questions qui manifestement n'occupent que moi. Quand il s'agit, par exemple, de migrants dont les faits divers sont immédiatement complétés, interprétés et cristallisés en fonction du narratif exemplaire "les clandestins sont des criminels parasites", ASI et son public va prendre des pincettes. Quand, au lieu de Pegida ou de l'Aube Dorée, ce sont des forces progressistes aux modèles de société désirables qui cloquent tout un symbolisme préfabriqué sur une histoire complexe, et ce, dans un contexte polarisé de guerre culturelle où toute tiédeur (même ponctuelle) est trahison, est-ce qu'ASI se soucie toujours de cet effort ?
Donc je me pose la question. Cette polémique Allen, si elle avait été la baballe au milieu du match des César, est-ce qu'ASI aurait eu la distance de l'ausculter avec autant de poids pour "l'impressionnant, à lire" témoignage de Moses Farrow ? Ou est-ce que le sentiment de tomber hors du séduisant mouvement Haënel-on-se-casse aurait été prohibitif pour toute réflexivité au-delà de César-de-la-Honte-tous-complices. Comment cet article aurait-il été érit et à quel moment sous quelles conditions.
C'est une question de confiance assez profondément fissurée en la mission analytique d'ASI et de Daniel Schneidermann, depuis ses lectures réductrices (et apologies de lectures réductrices) du dilemme César.
Je suis assez d'accord avec vous sur le fait que souvent, se trouve un camp à choisir. D'ailleurs, en commentant l'article à propos de la ligue du LOL, je suspectais le net d'être un facteur de communautarisme dans toutes ses nuances.
Je me suis bien rendu compte de la tendance bipolaire de notre société pendant les débats sur le mariage homosexuel. Il fallait être ou homophobe ou homophile, très peu de place restant au milieu.
J'ai même une amie de toujours qui m'a limite insulté d'homophobe, lorsque j'ai remis en cause un des ses nombreux posts en faveur de la loi alors que plus jeune, cette même amie me suspectait d'être moi même homo en rapport avec mes déboires du moment avec la gente féminine.
J'exprime cette situation ainsi pour souligner l'ironie mais le mécanisme adolescent était déjà le même, l'important n'étant pas ce qu'elle déduisait elle même de ma situation mais le discours majoritaire dans la bande de copains pour me charrier
"Je me suis bien rendu compte de la tendance bipolaire de notre société pendant les débats sur le mariage homosexuel."
Personellement je repère plutôt une tendance à ce radicaliser, non en deux camps, mais en de multiples chapelles, dire que le débat est hystérisé est en dessous de la vérité. Et j'ai l'impression qu'on est tous touché, à divers degrés.
Je comprend votre réserve, mais l'on a déjà eu des situations relativement récente où DS a choisis de ne pas faire block avec un camp, comme lors de la polémique entre Charlie Hebdo et Médiapart suite à "l'affiche rouge". Dans le contexte imédiat post césar, il relaie la position du meilleur soutient de Woody Allen avec un "Impressionnant en effet. A lire.".
On peu considérer qu'il y a une réelle chance que DS et ASI n'aient pas hurlé avec la meute. Pour ce qui est du forum, le fait que j'ai conseillé "J'accuse" à sa sortie sans me prendre d'attaque, me paraît aussi une bonne indication. Pour ce qui est du "dilème César", il a dit dès le début que le texte de Despente était "en dessous de la ceinture", en gros paphlétaire et réducteur, et il l'a appuillé dans celui sur la réaction de Polony. Il n'a pas eu de lectures réductrices, juste une approche structuraliste. Ce site n'est pas parfait, mais évitons les procès d'intentions.
Histoire plus floue pour Woody Allen pas si sûr, vu l'article du NY Times de 1993
https://www.nytimes.com/1993/09/25/nyregion/connecticut-prosecutor-won-t-file-charges-against-woody-allen.html
Sinon je partage votre question par rapport aux Césars et Woody Woody Allen
Vous devriez lire la lettre de Moses, cela éclaire l'affaire d'une autre façon que cet article de l'époque.
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Le témoignage de Moses Farrow, long, étayé, construit, bien écrit, est assez terrible à lire et sa mère y apparaît comme très instable et manipulatrice. Une chose est sûre, Allen n'a été jugé coupable de rien.
Si je fais un peu d'amalgame entre les derniers articles d'ASI, Ronan Farrow est antisémite.
En réponse aux premiers commentaires : au cas où vous n'auriez pas remarqué, il s'agit d'un article qui traite de la différence de traitement médiatique et publique entre différents discours qui s'opposent. L'article s'intitule donc "Woody Allen : Farrow contre Farrow" et non pas "Woody Allen est un agresseur sexuel". Si vous ne comprenez pas le site sur lequel vous vous trouvez et la méthodologie employée, on ne peut rien pour vous. À part hausser les épaules.
On ne peut pas décider de mettre au ban de la société un individu et lui interdire d'écrire, de travailler, sur la foi d'accusations qui ont été écartées par la justice.
C'est un terrible retour en arrière que cette équation "accusé=coupable", et il faut être bien naïf pour croire qu'une fois revivifiée, elle ne s'appliquera qu'à de vieux hommes blancs riches.
Refuser la présomption d'innocence déjà innocentés sert à des grands groupes à faire du feminist washing.