Auto Plus, Ménard, Albanel, et Berlusconi
. L'association de Robert Ménard, si avare de ses alarmes sur les irréprochables médias français, comme il le reconnaissait lui-même sur notre plateau, monte au créneau pour défendre notre confrère d'Auto Plus, Bruno Thomas, placé en garde à vue après une plainte de Renault, mécontente que le journal ait publié en avant-première les photos d'un nouveau modèle. Ménard (va-t-il manifester devant chez Renault ?) n'est pas seul. Yves Thréard, du Figaro (celui qui a annoncé en exclusivité mondiale que c'est la "carte Chavez", jouée par Sarkozy, qui avait libéré Betancourt) juge l'affaire "scandaleuse". Christine Albanel aussi est "mal à l'aise" par la mise en garde à vue d'un journaliste. Laquelle, selon elle, ne fait que rendre plus urgente la nécessité de légiférer sur la protection des sources. Dans cette affaire, s'opposent deux principes : la liberté d'informer, et la protection des secrets industriels.Et entre les deux, en arbitre, la grande statue de l'Intérêt Général. L'intérêt général commande-t-il que l'on puisse voir, en avant-première, les nouveaux modèles d'un constructeur automobile ? Commande-t-il au contraire que l'on laisse les constructeurs automobiles travailler ? La perquisition au siège d'Auto Plus, la mise en garde à vue de Bruno Thomas, étaient-elles nécessaires à l'enquête ? Les journalistes doivent-ils être traités de la même manière, ou différemment, des justiciables ordinaires ? Beaux débats en perspective, qui partagent le gouvernement (Lagarde semblant plus sensible qu'Albanel aux arguments de Renault). |
On ne se refait pas : c'est autre chose qui m'intéresse. J'ai lu, depuis deux jours, de nombreux articles et dépêches traitant de cette affaire Auto Plus. Aucun ne rappelait le fait suivant : Auto Plus, via le groupe Mondadori, appartient à Berlusconi. Personnellement, je l'ai appris par la grâce conjuguée de Gougueule et d'un blogueur, que je ne connais pas, Philippe Gras. Sans avoir l'air d'y toucher, Gras signale que le siège social de Mondadori, est situé dans la même ville (Turin) que celui de Fiat. En filigrane, sans le dire, il insinue donc que derrière cette affaire Auto Plus, il pourrait bien y avoir du match automobile Italie-France, Renault contre Fiat. Ces rapprochements me semblent, à première vue, bien hasardeux, et en tout cas non étayés. Mais enfin. Rappeler, dans le traitement de cette affaire, que Auto Plus appartient à Berlusconi, me semble, en attendant d'en savoir davantage, un élément d'information. Rien de plus. Mais rien de moins.
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