"Camp" Aubry contre "clan" Royal
dans la bouche des meilleurs éditorialistes, comme sans y penser. Le camp Aubry crie victoire sur le clan Royal, le clan Royal contre-attaque, le camp Aubry est sur la défensive, le camp Royal n'exclut aucun recours, part à l'assaut de la forteresse Solférino, les camps Royal et Aubry se raidissent, etc. Sans avoir l'air d'y toucher, le feuilleton quotidien de la succession au PS nous a donc placés quelque part entre la guerre des gangs et la Guerre de cent ans.
Dans les années 70, les plus anciens s'en souviennent, les groupes qui s'affrontaient au Parti Socialiste portaient le doux nom, plus fluide, de "courants". Jamais il ne serait venu à l'esprit d'Alain Duhamel (mais si, il officiait déjà) d'évoquer un "clan Rocard", ou un "camp Chevènement". Il est vrai qu'à la confluence de tous ces courants, trônait un Parrain qu'aucun éditorialiste n'appelait évidemment ainsi, et dont la nature corleonesque n'apparut à la presse dessillée qu'au crépuscule de sa longue carrière.
Plus tard, les courants se transformèrent en écuries. Cette hybridation fluvio-hippique fut un premier pas dans la radieuse progression vers l'ère des Armagnac et des Bourguignons, qui s'achève aujourd'hui avec l'avènement des "camps". A noter que ce saut temporel est strictement limité à gauche. Il ne viendrait à l'esprit d'aucun éditorialiste de suggérer que le clan Sarkozy s'est vengé du camp Villepin en le privant du hochet de la Légion d'honneur.
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