"Ce plan est étonnant : il viole les dogmes européens" [Avent2020]
Objet économique auréolé de mystères, le plan de sauvetage élaboré par l’Eurogroupe pour sauver le secteur bancaire chypriote apparaît comme sans précédent. Il est sans précédent par exemple de voir les clients des banques mis directement à contribution. Chypre est-elle un cas à part ou, demain, ce modèle chypriote pourra-t-il s’appliquer à d’autres pays ? Une question que nous posons à Frédéric Lordon, économiste, auteur intermittent du blog La pompe à phynances, et à Olivier Berruyer, actuaire, animateur du blog les-crises.fr et auteur du livre paru aux éditions les Arènes, Les faits sont têtus.
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Derniers commentaires
J'avais cité cette partie il y a 4 ans, ça donnait ça :
"Selon Berruyer, Emmanuel Macron, secrétaire général adjoint à la présidence, assure, de façon très cynique, que même à 100 000 chômeurs de plus par mois le système n’implose pas."
Pourquoi ce changement ?
J'avais cité cette partie il y a 4 ans, ça donnait ça :
"Selon Berruyer, Emmanuel Macron, secrétaire général adjoint à la présidence, assure, de façon très cynique, que même à 100 000 chômeurs de plus par mois le système n’implose pas."
Pourquoi ce changement ?
De plus terriblement d'actualité vu que nous arrivons sans doute au dénouement de la crise financière de la dette indigne grec !
Qui va en payer les conséquences financières ?
Pas les grecs en tout cas qui refusent légitimement les rapines de l'oligarchie financière !
Vous nous faites quand une émission "Sociétal vs neuronal" ?
Vous nous faites quand une émission "Sociétal vs neuronal" ?
Je remets le dernier du jour (adressé à Anne-Sophie) où j'avais oublié le lien...
Voici le lien que je voulais signaler : http://www.lesechos.fr/patrimoine/impots/actu/0202680342128-assurance-vie-ce-qui-risque-de-changer-l-annee-prochaine-555398.php
où on découvre qu'il est question de "forcer les petits épargnants à investir dans les domaines à risques" en imposant plus leur épargne ?
(j'aimerais avoir mal compris ou mal lu)
C’est formidable, il suffit de dire Economie en Crise pour qu’une escouade d’Experts – ès E…, de Professeurs ès- E…, de Spécialistes ès-E…, de Commentateurs ès E…, de Journalistes ès-E…, de Vedettes ès-E…, et j’en passe, soient aussitôt convoqués au chevet des affaires du monde pour donner leurs diagnostics et proposer leurs traitements.
Et alors là, l’extrême jouissance des médias à organiser ces réunions d’individus tous plus ès E… l’un que l’autre, tous docteurs honoris de multiples écoles commerçant de sciences E…, tient autant à la diversité des analyses et des remèdes qu’à celle des hommes qui les expriment.
En Asinien bâté, je mange ce qui m’est servi en foin ou en son, mais constant en qualités de mon espèce, il m’arrive souvent de braire et de ruer du fond de l’étable à force de broyer la même nourriture insipide. Même lourd, même sot, j’ai envie de prés et d’herbes sauvages de vastes espaces où sifflent les merles moqueurs qui me feront à leurs tours hihaner de fous rires …
Je viens encore d’ingérer une bien fade pitance au rythme des psalmodies saccadées et vives des sévères Lordon et Berruyer ( aucune confusion possible avec London, Berurier ou les beruriers noirs) j’eus préféré mes chants d’oiseaux ou un air du grand siècle accompagnant le jeu de comédiens…et, en tout cas, d’une pièce plus drôle que celle qui nous fut, une fois encore, jouée.
Pourquoi tant de sérieux dans les expressions de tant de vaines médecines ès E… ?
N’aurait on pas plus besoin aujourd’hui de moqueurs talentueux dans ces doctes assemblées d’extralucides patentés qui n’ont pas plus de dons de voyance que de savoirs certains…
Lordon qui relativise les affirmations définitives des sciences humaines ne pourrait-il gagner plus à offrir de l’humour vis à vis de tous les « occupants » des espaces médiatiques qui se pressent pour faire valoir doctement leurs médecines partiales, leurs saignées ou leurs discours entendus.
Mais non, c’est un trop bon commerce pour les ès E… les journalistes, les médias, alors …
Moi, pour ne pas ruer à m’en casser les reins, je pense à Diafoirus, à Trissotin, aux médecins malgré eux des fables et des comédies, qui me consolent en démontrant que l’humour est venu à bout de la suffisance, que les quelques pièces de Molière ont plus d’audience aujourd’hui que les ouvrages ou les assurances de centaines de médecins en disputes d' hier et d'aujourd'hui moins philanthropes que marchands …
Cependant, tous les syndicats n'ont pas de permanents bureaucrates comme il le laisse entendre. La FSU n'a par exemple aucun permanent !
EDIT > normalement, celui-ci aurait dû se trouver en bas.
Impossible de le placer sous la conversation ci-dessous à partir du commentaire de JREM, sauf à répondre à l'un des posts de ce fil.
Mireille, si vous me lisez, les pièces du puzzle n'ont pas été remises au bon endroit.
Je viens de recevoir un automate, me proposant de me réabonner ! or, Je le suis, depuis ce w-e ! ( point de la lassitude vis-à-vis du contenu, non ! mais vis-à-vis de mon ordinateur qui s'essouffle ... et du nombre - restreint - de video que je parviens à voir en entier ...)
Enfin, j'ai craqué sur "le" Lordon !! visionné en grande partie ( sauf le premier acte : tombé en rideau )...
Je viens d'entendre une émission qui fait du bien : "qui-nous-savons" va-t-il ( permettre ), d'au moins nettoyer les écuries d'Augias ( à droite,
comme à gauche ) ? ... et ne pas s'arrêter là ... il y a du taff ! :
http://www.franceinter.fr/emission-la-bas-si-jy-suis-cahuzac-cest-toujours-les-petits-qui-trinquent
Des intervenants remarquables.
sur les info Fr.inter ( tél.sonne), ce soir, toujours les mêmes "invités" ( c'est plus des invités ; ce sont des invités-glu permanents zé obligatoires ) : en fait, grâaaaaaaaace auxmédias-qui-font-leur-travail [ : quand on a entendu le lynchage qu'a subi Mediapart de la part des mediacrates, il y a de quoi hurler ! ]=)
supprimer d'antenne tous ces butords ( 30 ans qu'ils y sont !!) serait un oeuvre de salubrité publique ... "il ne faudrait pas que cela délégitime
les réformes nécessaires en cours " : glups ! - mais si, chéri, cela délégitime ! récupérons l'évasion fiscale ... plus de dettes gigantesques ... plus besoin de (contre)-réformes dites structurelles, pour obéir au Fauteur de Misère Internationale, et autre Barnum (de la) Caste Européôlâtre ( capitalistique effrénée ) ...
" ah, je l'attends, je l'attends, l'attendrai-je encore longtemps ..." / chant de la Commune de Paris.
Bisous.
On comprend mieux, il me semble, les 2000 milliards de PIB en France/an, la dette un peu en dessous, les intérêts de la dette autour de 50 milliards/an (soit quand même le deuxième budjet après l'éducation), les comptes bancaires au dessus de 100 000 euros représentant 25% et détenus par 6% des français (représentant 500 milliards d'euros environ). En somme on pourrait espérer une faillite en France, les riches casqueront!
On comprend également la difficulté du gouvernement de vouloir plus de protectionnisme dans une europe ultra-libérale.
Peut-être que les faillites des banques ou Etats vont faire bouger les lignes.
Esperons également que A.Merkel ne soit pas réélue et qu'Hollande pourra s'allier avec le nouveau Chancelier pour tenter de faire face à la Finance.
L'échange était de haute volée, Lordon est détonnant comme à son habitude. Toutefois je crois qu'il n'a pas saisi la pensée de S.Bohler, qui démontre les manipulations des médias en général et plus largement de la publicité. Si nous n'avons pas les codes et les armes sociologiques, nous pouvons être amenés à rester figés devant TF1 avec des techniques d'apeurement. Bohler démontre juste un fait.
http://www.monde-diplomatique.fr/2013/04/HALIMI/48965#.UVm65jFXhJY.
Mal placé mais c'est le b...del main'nant ;o))
Cé Koi ?
Que les neurosciences peuvent-elles amener à l'économie ?
Qu'est que l'économie peut-elle apporter aux neurosciences ?
Il émet des réserves sur le sérieux du "neuro-marketing".
Il discute également du mauvais usage de la neuro-imagerie: A méditer avant d'écouter les chroniques de Sébastien Bohler.
Bref, à écouter absolument !
NEURO-ÉCONOMIE, ÉVALUATION ET DÉCISION - INTRODUCTION
Le séminaire complet est disponible sur le site du Collège de France.
mais l'intention où le message de la troïka quel est il? ne sommes nous pas entrain de voir le capitalisme vitrer au communisme ??
La petite altercation emtre bohler et lordon m'a fait penser au domaine de la physique théorique et au grand problème qui s'est posé ces dernières années pour décrire l'infiniment grand et l'infiniment petit.
D'un coté il y avait la mécanique quantique qui permettait de décrire parfaitement les particules, mais dont les équations devenaient inapplicables à échelle macroscopique. L'inverse étant aussi vrai: appliquer des formules de type Newton à des particules donne des abberrations.
Un certain nombre de chercheurs ont trouvé cela troublant, et s'attachent á trouver de nouveaux outils pour unifier le tout (en particulier avec la théorie des supercordes, ndlr).
Je suis assez tenté de dire que si on trouvait la super équation unificatrice, on pourrait dés lors créer des modélisations qui expliqueraient tout.
Oui mais tout de même, serait-il bien adapté d'apprendre à faire du vélo avec les équations du mouvement des atomes dans un système planétaire soumis á une gravitation de valeur 9,81? Je me garderai bien d'aquiescer sans y réfléchir à deux fois.
Et toute la question semble être là. Quels éléments prends t on en compte pour décrire/faire marcher notre système terrien? Ne devrions ous pas regarder comment fonctionnent nos cerveaux individuels, puis nos cerveaux en groupe, puis nos cerveaux dans les environnements dans lesquels ils baignent, puis comment fonctionne l'écosystème général etc, etc? La vérité n'est elle pas la somme de toute ces connaissances?
C'est en cela que j'ai du mal à comprendre la position de Lordon. Il semble balayer l'apport d'une discipline qui s'attache tout de même a décrire un objet central, et même un des acteurs principaux du film qu'il étudie. Je préfère toutefois me dire que je l'ai compris de travers avant de lui jeter la pierre. Surout quand il á lui même eut l'audace de mêler philosophie et économie.
Encore unefois pardon pour la probable confusion de mes idées et autre formulations bancales.
Et bonne journée, en espérant une top émission vendredi dans le prolongement de celle ci.
Quoi que l'on pense du programme économique des Le Pen, père et fille, on ne peut nier qu'il présente, surtout depuis que la fille est aux commandes, une alternative à celui des partis dominants et qu'il n'est pas forcément plus absurde que le leur, ce que même un Emmanuel Todd reconnaît à contre-coeur. Dès lors, "l'oubli" de F. Lordon des élections de 2002, les seules où les deux partis dominants ne se sont pas affrontés au second tour, sonne bizarrement au sein d'un développement sur la restriction de l'offre politique, à laquelle il contribue ainsi gaillardement.
Aujourd'hui grâce à internet l'accès au savoir n'est plus un problème. Les textes ne se cachent plus au fond des archives et les conférenciers ne s'adressent plus à une audience limitée mais au millions de globes oculaires présent et futurs. Appartenant à cette génération qui est née avec cet accès "illimité" à l'information, j'ai pu nourrir ma curiosité pour l'actualité et m'informer par moi-même sur des sujets auquel aucune formation ne m'avait préparé, et ce sans qu'aucun professeur ne guide mes recherches. Cette tendance à s'informer par soi-même que propose internet est pratiqué de façon de plus en plus courante .Internet devient ainsi un lieu d'émancipation intellectuelle central pour tout ceux , par exemple, qui n'ont pas les moyens de faire de longue études.
Dans cette configuration de l'accès au savoir l’enjeu n'est alors plus d'être informé , mais de comprendre et de retenir.. en somme de s'éduquer. Car c'est bien cette éducation qui fait la différence cruciale entre un perroquet érudits et un citoyen accomplis. Si la compréhension surgit quand un esprit attentif rencontre un exposé clair , alors il est souhaitable que les sujets d'actualité soient expliqués le plus clairement possible.
Ce qui m'amène à cette dernière émission sur Chypre.
A l'issue de cette émission , malgré mon attention initiale et mon intérêt pour ce sujet, je me suis demandé , au regard de son contenu explicatif , si je n'aurais pas mieux fait de consacrer cette heure à un véritable divertissement assumé.
Je conçois volontiers que certaines émissions sur des sujets précis nécessitent, malgré les nobles efforts de vulgarisation d'asi, des bases théoriques, pour être compris.Or , selon moi , le coté abscons de cette dernière émission émanait du fait qu'elle combinais ce vocabulaire d'initiés avec le chaos stérile du débat contradictoire. Je me rends compte de plus en plus que ce genre de débat où les esprits s'échauffent gagnent en divertissement ce qu'ils perdent en propos. La force d'asi à toujours été de développer des sujets en étant libre des contraintes du temps télévisuel. Or ce temps libre est aujourd'hui , selon moi ,employé de façon beaucoup plus instructive dans "au prochaine épisode" , "dans le texte" et dans "aux sources". Ces émissions sont par essence plus instructives car l'invité à le temps de nous instruire. Et quand bien même le débat d'idée est une forme intéressante , il est nécessaire , pour pouvoir apprécier les divergences d’oignon , de bien comprendre leur sujet commun . C'est pourquoi je pense qu'il serait intéressant de varier les émissions d'asi en y introduisant des émissions qui pourrait prendre par exemple la forme d'un exposé assumé , certes peut être partial mais après tout il est difficile de parler de pensée unique sur le web.
Si vous n'y comprenez pas grand chose, je vous invite vivement à les lire régulièrement (Berruyer et Lordon). Ils sont l'un et l'autre d'excellents pédagogues.
Je ne constate pas du tt ça, surtout après avoir écouté 2 personnes l'expliquer.
Je n'ai par contre pas du tout compris la réaction de Mr. Lordon qui est parti bille en tête et à décider de lyncher et dénigrer le travail de camarades scientifiques. L'objectif d'une telle entreprise reste à mes yeux obscures. Le portant haut dans mon estime, cette émission m'a suffit à lui accorder désormais aucun crédit (au dela de son manque d'ouverture, ce dernier doit se référer à Olivier Beruyer pour interpréter les chiffres de HSBC et JPMorgan, c'est pas tres sérieux pour un économiste qui parle Latin).
Je crois pour ma part à la pertinence des neurosciences pour expliquer bon nombre de phénomènes et en particulier économiques. Le comportement moutonier des marchés financiés, celui d'un simple trader après la lecture d'une news sur son site d'information préféré, etc.
Je ne peux prédire à l'avance la contribution et l'apport que vont avoir les neurosciences en ce qui concerne l'économie mais force est de constater que les sciences économiques n'ont pas vraiment jouées leur role pour expliquer les phénomènes économiques récents.
Allez Mr Lordon, cet épisode est de l'histoire ancienne et je vous donne votre chance au prochain numéro.
Cordialement,
AS
- première émission depuis très longtemps qui vaut le détour (au sens où elle est importante), l'économie étant si mal traitée ailleurs que faire des émission sur ce sujet crucial est aujourd'hui plus qu'indispensable. Lordon et Berruyer y font évidemment pour beaucoup...
- S.Bohler poussé dans ses retranchement était jouissif, personnellement je trouve ces chroniques non avenu, inintéressante (il cite en permanence des scientifiques pour faire autorité), je veux bien croire qu'il ait sa place dans une émission sur la psycho ou une chronique à part de l'émission quotidienne mais pitié sa présence à toutes les émission (souvent totalement hors sujet comme ici) c'est juste insupportable.
Or cette dernière personne est toujours très pertinente et nous permet de savoir comment d'une certaine manière nous sommes manipulés et comment notre cerveau réagit même "inconsciemment".
Frédéric Lordon et son copain actuaire, "l'ami des sigma, des cosinus et autres Lois Normales et mouvements browniens" peut blaguer sur les "amygdales" mais je préfère de loin la matière de Sébastien Bohler à celles de donneurs de leçons actuaires ou pas.
SEMIR
http://forumdemocratique.fr/2013/03/30/melenchon-leuro-et-loutrance-par-jacques-sapir/
Enfin une critique intelligente et constructive visant Mélenchon !!
- premièrement, la fixité des changes - c'est notre cas en monnaie unique -;
- deuxièmement, la parfaite liberté de mouvement des capitaux;
- troisièmement, l'autonomie de la politique économique, c'est à dire l'exercice dans l'ordre économique de la souveraineté politique.
De ces 3 choses là, vous ne pouvez choisir que 2 et 2 seulement. Choisissez celle à laquelle vous renoncez. À votre avis, quelle est celle à laquelle nous avons renoncé ? C'est évidemment le pôle de la souveraineté politique et économique que nous avons abandonné en rase campagne. Et là pour le coup il ya quelque chose qui devrait frapper les esprits.
Pour que je comprenne bien, à quelle échelle se situe F. Lordon ? À celle d'un pays ayant adopté l'euro (comme la France) ?
Les États-Unis aurait seulement renoncé à la fixité des changes ?
Wikipedia parle d'autonomie de la politique monétaire, Lordon de celle de la politique économique.
Ah ! la sacro-sainte liberté de circulation des capitaux défendu par l'UE… Le terme était présent des dizaines de fois dans la feue constitution européenne. Ça tournait à l'obsession.
remarques subsidiaire: le coup du scoop d'Asi sur Koh Lanta volé par Voici cette semaine, ça m'a quand même un peu... sidérée, ahurie, fait peur? Je ne me connais pas assez bien moi-même pour le dire.
Je trouve les interventions de Bohler tout à fait intéressantes et pertinentes. La réaction de Lordon est surprenante. Bohler ne prétend pas réduire la science économique aux activités cérébrales, il donne simplement un éclairage d'une Science dure, la neurobiologie sur un phénomène, la panique, qui peut avoir des conséquences en économie. Lordon s'intéresse aux concepts généraux de l'économie politique (il n'est pas modélisateur ni macro ou micro économiste), Bohler s'intéresse aux tréfonds de notre cerveau, il n'y a pas de raison d'opposer les différentes approches. Lorsque la crise s'approfondira, pour les raisons qu'expliquent Lordon, qu'elle deviendra une crise systémique,
biens des cerveaux, sous l'influence de leur amygdales, se comporteront de manière très étrange : les uns feront appel à la nation ancestrale, d'autres se jetteront par les fenêtres, d'autres se prépareront à la guerre ou à la fin du monde... La socio-éco-politique de Lordon aura alors titillée l'amygdale décrite par Bohler !
Sébastien, ce serait bien tout de même de mettre en ligne la liste de tes références... Merci !
Je suis un peu frustré en même temps je m'y attendais un peu. La gauche critique semble avoir du mal à affronté l'idée de la dette remboursable ou non.A part les quelques escarmouches vis-à-vis des facettes libérales de Berruyer (son héros est M. Allais), On reste tout de même un peu sur sa faim même si Lordon fait semblant d'être surpris que l'Europe s'assoit sur les traités alors qu'ils le font régulièrement depuis le début de la crise cf la BCE LTRO et le rachat obligations ( en cela l'euro-groupe adopte l'attitude anglo-saxonne).
Pourtant le cas chypriote était un laboratoire pour les problèmes réels dans lequel on va rentrer, les problèmes diplomatiques liés à des défauts en cascade sur les pays hors zones euro. On sait déjà que vu les réactions russes, il va y avoir du sport. Je trouve que ne pas réfléchir à ce genre d'évènements me fait un peu froid dans le dos. Il y peu de pays en dehors de Chypre qui peut faire briller le miroir aux alouettes des gaz de schistes (cf. cet article de NYT http://www.nytimes.com/interactive/us/natural-gas-drilling-down-documents-4.html?_r=0)
Bon pour le débat Bholer/Lordon, Lordon marque un point. Mais avec le recul, il nous a sorti un épouvantail qui devrait nous faire un peu sourire vu les couleuvres qu'ont avalées la recherche scientifique ne serait que dans les 70 dernières années. Nous menacer avec le contrôle de la population par les neurosciences alors que bon contrôler la population les états savent très bien faire avec ou sans les neurosciences.
D'habitude, le rôle assigné à la science est d'améliorer les moyens de tuer et quelques fois d'assurer quelques retombées dans le civil :
Petit inventeur à la Prévert (ou pervers) au hasard :
GPS (Balistique)
Googlemap (espionnage)
Hubble (espionnage/keyhole)
Physique stellaire (Bombe H)
Micro-onde et communication satellite (Recherche sur le radar)
Protocole TCP/IP (Balistique)
Informatique (espionnage/ Bombe)
Spatial (Bombe)
Physique des hautes énergie et détecteurs hautes-énergies (bombes)
Scanner ondes T prometteur en terme de diagnostique médicale (utilisé pour violer la vie privée dans les aéroports http://www.santenews.eu/wp-content/uploads/2010/01/Scanner-THz.jpg comme qui dirait on est mis à nu )
J'ai envie de dire que les neurosciences ont peu chance de faire plus violent en terme de retombées. Pour relativiser les propos de Lordon allez écouté la tête au carré de cette semaine http://www.franceinter.fr/emission-la-tete-au-carre-le-cerveau-a-loccasion-des-10-ans-de-cerveau-psycho (vous adorez S.B en plus), résumer les neurosciences à l'application aux sciences sociales et à l'économie c'est comme résumer la physique à la bombe atomique, ça existe mais pas seulement. Surtout que dans le même temps le FBI demande un accès privilégié aux bases de données de Big Data qui analysées avec un bon outil de data mining permet de connaître des détails assez inavouables cf la fonction de recherche de Facebook http://rezonances.blog.lemonde.fr/2013/01/23/les-resultats-derangeants-de-graph-search-le-nouvel-outil-de-recherche-sur-facebook/. Franchement, j'attends un peu mieux de Lordon que d'agiter une peur qui tarde à se concrétiser dans la réalité. Et je connais sa vidéo à l'AFEP où ils donnent une liste d'entreprises ou de charlatans (les hypnotiseurs existaient bien avant les neurosciences chacun jugera) qui se vantent d'être capable de nous changer, pour rappel ce genre de menace a déjà émergé avec les drogues dans les années 60 avec les tests du LSD et autres, on vu le résultat en dehors de détruire la vie des cobayes et l'invention des techniques de torture US des dernières années.
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Faites tourner...
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http://www.youtube.com/watch?v=YuRBf5_5KBo
(désolé si cette vidéo a déjà eté postée, - mais après un rapide coup d'oeuil au forum, je ne pense pas)
Franchement je connais et j'aime Lordon , mais je ne connaissais pas Olivier Berruyer et c'est toujours intéressant d'avoir d'autres points de vue.
Par ailleurs j'ai appris pas mal de chose ce soir et c'est vraiment ce que j’attends de @si;, donc un grand merci à vous!
Laurie Santos : L'économie des singes aussi irrationnelle que la nôtre
Bien que l'émission ai été bien faite, je n'ai pas aimer du tout. Mais bon sang, dans la misère, on y est aussi. Il n'y a pas besoin de stimuli, pour voir le bordel, entre les écoles qui n'ont plus de sous. La recherche qui n'est plus subventioné. Vous vous rendez compte depuis le passage à l'euro, les salaires n'ont pratiquement pas augmenter, mais le pouvoir d'achat sans les charges et l'essence qui eu n'ont plas fait du 2% d'augemtation mais du 10%;
L'année prochaine sera une année noire pour le service publique, ha oui, on baissera les dépenses. Mais le prix sera la casse de la relance!
a+
Patrick
Au contraire on est face a un verbiage scientifique, qui a certes un interet, mais pas au degré ou se situe en general la discussion sur le plateau dAsi, cad l'approche social global, qui lui integre des interactions et des phenomenes bien plus complexe, que la simple focalisation ou nous amene la neuroscience.
L'exemple de la chronique de Bohler a partir du Bankrun pour eclairer sur les mecanismes biologiques de la peur est frappant.... ca explique juste la peur.... Le bankrun est un phenomene social, ou l'on sait que la peur est un postulat necessaire, l'aspect interessant n'est pas la formation biologique de la peur, mais sa formation sur un plan sociologique, les facteurs qui concourrent a l'emergence de cette peur et le moment ou ca bascule, les elements de contextualisation etc....
C'est un peu comme si dans une emission culinaire ou l'on montre la recette du boeuf-carotte, ou on inclurait un passage sur la formation du beta-carotene dans la carotte, ca a un interet pour l'erudition personnelle, mais quasiment aucun dans l'objectif poursuivi : la recette de cuisine.
Pour ma part j'ai rien contre la neuro-science, mais la facon dont Bohler l'utilise me parait etre souvent sans discernement, ca donne une illusion de comprehension qui finalement n'apporte pas grand chose dans le sujet abordé, du meublage. Ca me parait etre du temps de parole en moins sur des elements qui sont proches du coeur du sujet autrement plus important dans la problematique.
De meme je comprends l'agacement de Lordon, sur ce point, et la place que prend la neuro-science par effet de mode, la neuro-science, c'est de la science pointue mais souvent poudre au yeux par la place qu'on lui fait prendre, la sensation d'avoir "donner a manger" a l'ego intellectualisant, et qui permet d'occulter d'autres aspects bien plus moteur dans la problematique discutée.
C'est pas une critique d'une science precise, mais leur utilisation, il en va de meme pour l'economie et son hegemonie dans notre societe, on pourrait aussi cité la genetique et la tentation de certains de vouloir fournir une explication quasi unicausal sur certains comportement ou etat, des explications qui par effet de nouveauté deviennent excluante dans la presentation d'une problematioque, voire erronées.
Sur ce point, on ne peut pas reprocher a Lordon de defendre sa "chapelle", il tient aussi enormement de critiques sur la place qu'on fait prendre a l'economie dans notre société, et la critique de l'economie dominante qui est excluante de d'autres facteurs et domaine de connaissance (socio, philo, politique). Je ne crois pas que Lordon remettais en cause la neuro-science, mais la place qu'elle commence a occuper et dont la chronique de Bohler est une demonstration flagrante.
Je terminerais juste sur un exemple : La construction d'une habitation.
La physique moleculaire fait certes progressé la connaissance et apporte parfois un apport indéniable, mais elle n'est pas incontournable, on savait on sait construire une habitation/batiment sans forcement avoir des connaissance aussi pointue.
D'autant que la conception d'un batiment ne repose pas seulement sur la connaissance des qualités des materiaux, mais aussi sur des aspects plus sociologique, comme la comprehension des usages, l'environnement, bref plusieurs domaines qui interagissent ensemble et qui forme un tout complexe. L'utilité de connaitre la physique moleculaire est quasi nul dans ce domaine, pour construire la plupart des batiments.
Un regret toutefois : je n'ai pas l'impression qu'elle ait été liée à l'article "in progress" qui l'annonçait. Question de délai, je suppose. Mais j'aurais quand même bien aimé avoir l'avis des 2 intervenants sur la question, qui a été à peine effleurée au début : en quoi rester dans la zone Euro est-il si important (et pour qui?) pour que cela justifie les sacrifices inouïs imposés aux populations? Surtout avec les exemples de l'Argentine et de l'Islande.
la France sera dans une situation à peu près similaire que celle de Chypre
mais que peuvent faire les petits et moyens épargnants ?
où peuvent-ils mettre leur fric en sécurité et comment ?
à cette question, il n'y a pas eu de réponse;
En effet, cette digression était passionnante. J'en suis sortie à la fois ravie et frustrée. Il m'a semblé que Lordon avait des arguments autrement plus précis que ceux qu'il a rapidement développés, alors, j'espère bien que ça fera plus qu'une "future chronique": toute une émission sur le thème des neuro-sciences ne serait pas de trop. Elles apportent des informations extraordinaires et modifient, dans certains cas, l'idée qu'on se faisait des choses. Et en même temps, on ne peut qu'être inquiet (voire plus) en constatant que la vogue extraordinaire (sonnante et trébuchante) dont elles sont l'objet est beaucoup plus motivée par leur potentiel manipulatoire que par leur apport purement scientifique.
[ http://www.rts.ch/archives/tv/culture/dossiers-de-l-histoire/3448829-caid-respectueux-6.html ]
Ensuite, DANS LE CONTEXTE ACTUEL, les domaines scientifiques sont mis en concurrence via les phénomènes de financements alors que la connaissance progresse essentiellement par coopération et trans-disciplinarité, chose qui est en cours d'éradication (la trans-disciplinarité). Le scientifique qui est dans la discipline la moins "bankable" (Lordon) s'en rend compte beaucoup plus rapidement que celui qui est dans le domaine qui a la faveur des payeurs.
Pour finir, le problème de la modélisation n'est pas dans la seule démarche d'être au plus juste mais aussi d'être utilisable, ce qui n'est pas forcément compatible. Par exemple, dans les domaines de modélisation informatique en architecture distribuée, les modèles les plus "justes" ne sont pas utilisés, justement parce qu'ils ne sont pas utilisables (explosion de la complexité)
Donc, pour résumer au bulldozer : peut être que l'étude de l'amygdale est la plus juste (l'atome) , mais est-elle utilisable ou opérante dans le champ social (le fluide) ? C'est peut-être aussi le fond de la pensée de Lordon (sans compter les coupures dans ses crédits de recherche)
Il me semble évidement qu'une émission telle qu'@si, qui se veut équilibrée, ne peut se permettre d'avoir systématiquement des invités qui divergent si peu dans leur pensée, relativement à d'autres, mais il est agréable d'entendre des gens qui sont capables d'entretenir un débat honnête et construit, avec une verve si stimulante qui plus est, sans le besoin d'une modération incessante. On se croirait à la radio. Dans une une bonne radio !
Cela dit bien qu'il me semble que le débat ait vraissemblablement divergé du conducteur original... Et alors ! C'est d'ailleurs, si je puis me permettre, une des forces d'Arrêts sur Images que l'on pourrait éventuellement exploiter davantage, qui est celle de savoir oublier parfois ce qui, pourtant, est la raison d'être du site, c'est-à-dire la critique des médias : on peut fort bien envisager de continuer à ne pas suivre obstinément un conducteur fabriqué au préalable, lequel est basé sur les échantillons télévisuels à disposition. Je trouve que le principe de l'émission sans durée limitée permet de s'affranchir dans une certaine mesure du conducteur. Est-ce que le plan des émissions ne se critallise pas trop souvent sur la disponibilité des images que fournissent les médias ? À titre personnel, j'aime quand on favorise le discours sur ce qui ne génère pas d'image : ce serait une trop grand contradiction d'@si de critiquer le fait que les médias généralistes s'abstiennent de parler d'un sujet sous prétexte qu'il n'y a pas d'image, et dans le même temps de construire son émission sur la base de ces retranscritions médiatiques ; il y subsisterait un vide que seuls les invités (et les enquêteurs bien sûr) sont capables de combler, mais alors ils sont presque seuls à échaffauder le fil de l'émission.
D'autre part j'adore les interventions de l'excellent (et (si ?) timide ) Sébastien Bohler et j'aime aussi le fait qu'il ait eu à sortir de son humilité pour défendre, avec habilté, la légimité de sa dicipline face au redoutable et excellent Fredérique Lordon. Je m'étonne juste que n'ait pas été cité le nom de Jean-Pierre Changeux, lequel a été pour moi le chaînon manquant entre les neuro-sciences et la sociologie (et plus).
Merci pour ce délice, je serais resté plus longtemps devant l'écran sans regret.
Bravo eugaine pour cette émission exemplaire.
étonnamment, ce dernier n'a jamais été aussi interressant que lors de ce débat.
ça nous change de ses habituelles interventions où platitudes et portes ouvertes sont habillées de paillettes scientifiques sous le regard béat de Schneidermann.
enfin du bon ASI, ça faisait un moment.
Delamarche est avant tout un gars qui gère du pognon. Il a fait des paris sur des fortes sommes et aujourd'hui, ses opcvm se portent mal n'ayant pas du tout suivi le rebond boursier des derniers mois. Aussi quand il balance ses messages anxiogènes (mais pas sur le luxembourg où il doit avoir investi) j'ai toujours le soupçon que c'est avant tout parce qu'il a parié sur la baisse.
Et vraiment quand j'ai vu à quel point le courant circulait dans un consensus idéologique entre tout les membres de la tables , je me suis dit que c'est ce qui tue la gauche radicale à l'heure actuelle : il n'y a pas d'insécurité disait Jospin il n'y a qu'un " sentiment d'insécurité". Au delà du mépris pour l'intelligence des citoyens en tant qu'être humains capables de regarder un monde complexe et l'interpréter sans l'influence d'un pouvoir, on a vu ce que ça a donné en 2002..
J'en aurais bien pris pour 1h30 de plus (si les invités ont le temps, n'hésitez pas à faire durer des émissions comme ça ! Ou alors à inviter Lordon avec d'autres personnes intéressantes, il est bon pour divaguer droit, c'est toujours un plaisir de le lire et de l'écouter avec d'autres personnes - il écoute, répond, enchaîne impeccablement)
- Daniel S. n'a pas coupé là parole ! Heureusement car l'émission n'en a été que meilleure. J'imagine bien que ça dépend des invités, mais là c'était ce qu'il fallait.
- Sébastien B. a eu quelqu'un en face de lui pour le faire parler, ce qui était instructif (j'avoue être un suppôt de Lordon depuis longtemps, et un peu circonspect sur les interventions de Sébastien... Enfin Frédéric Lordon a tout dit comme je le pense). Mais c'était un beau débat, juste trop court. Enfin poli mais tendu, deux écoles qui se connaissent mais n'ont pas la même vision globale des choses. J'aime !
- Anne-Sophie J. qui pose les questions qui vont bien.
- Olivier Berruyer que je ne connaissais pas : encore un site qu'il va falloir éplucher !
(je propose mauve ou fuschia)
Et sinon la tronche de Lordon pendant les allocutions de Bohler, puis la tronche de Bohler pendant les réponses de Lordon... On aurait dit du Sergio Leone.
Sinon, étant "Lordonophile", quel plaisir de le réentendre ! Merci @si !
merci
Je tiens à dire que j'apprécie beaucoup les chroniques de sébastien bohler, ça ne prend qu'un bout de la lorgnette mais c'est très revigorant comme éclairage.
Mais je suis d'accord à 100 % avec Lordon sur le plan épistémologique et sur le risque de manipulation des masses.
Sa métaphore de début de chaine ou de fin de chaine me parait oiseuse, il faudrait plutôt parler de boucles, de toile où les interactions entre phénomènes sociaux et psychologiques sont constants.
Sébastien Boher étant spécialiste des neurosciences, il apporte l'éclairage des neurosciences (parfois de la psychologie) à un événement sans prétendre avoir épuisé le sujet. En biologie chaque échelon (moléculaire, cellulaire, anatomique...) a sa pertinence propre, il en va de même en sciences sociales. Je ne vois vraiment pas comment on pourrait expliquer finement le comportement des humains en éludant l'échelon cérébral, ou psychologique, idéologique, social, institutionnel, politique...
ça commence à m'agacer...
A développer avec le jeune homme d'ailleurs
par le Renard, pendant que la Fouine russe se carapate avec ses biftons.
--> j'aurais mis ça comme titre, moi ! :)
Ps: Je suis pour une émission complète autour des neurosciences avec Mme VIDAL, neurobiologique à l'institut pasteur, qui est tout à fait d'ac avec LORDON hein ;) Et une émission d@ans le tête sur STIEGLER serait pas de refus ;) #commandes
Mais tout le débat a été très intéressant. à l'image de tous les intervenants, et évidemment et spécialement Lordon, qui a développé un certain nombre de données politiques plus qu'économiques.
Les débats étaient quand même lassants dernièrement.
Voilà du vrai débat qu'on ne verra jamais à la télé. C'est à ça que sert @SI, nous rendre intelligents.
Quant à l'idée de cette catastrophe qui nous attend tous, nous autres pauvres lemmings.elle s'étire dans le temps, mais elle n'en devient que plus patente au fur et à mesure que les dominos tombent, lentement, les uns après les autres.
Qu'est-ce qui a motivé la fin de l'émission cette fois-ci?
Emission d'utilité publique.
Et je coupe immédiatement le son et l'image pour que mon cerveau ne soit pas paniqué au delà du raisonnable.
Si (l'excellente) l'idée vous venait de faire une émission sur le sujet, je me permettrais de vous conseiller de lire (et pourquoi pas d'inviter)
Michel Desmurget, docteur en neuro-sciences, dont le livre "TV Lobotomie" m'a vraiment impréssionné.
Après avoir épluché des tonnes de résultats de recherches sur le sujet, il explique les effets particulièrement néfastes de la télévison
(perte de vocabulaire, de l'attention, augmentation des chances de développer la maladie d'Alzheimer etc) et le résultat est assez sidérent.
A l'inverse, la réaction de Bohler est ici exemplaire, il ne fait pas l'opposition dans laquelle veut l'enfermer l'économiste, il n'est pas à un bout de la chaîne, le plus petit, bien au contraire, lui explique le réseau, les interconnections et donc les interactions que veut rompre Lordon (ou du moins qu'il veut garder pour son domaine, sous sa coupe uniquement, celle des sciences sociales) entre les deux disciplines.
Lordon est si aveuglé par son désir qu'il en vient finalement à proférer anathèmes et surtout l'hérésie épistémologique selon laquelle il vaut mieux ne pas savoir, car, cela donne des outils à ceux qui voudraient nous exploiter, négligeant au passage, comble de l'ironie, que cela en donne aussi à ceux qui peuvent nous libérer de cette domination qui, comme le rappelle justement Daniel, existait déjà jadis de façon bêtement empirique. Pathétique.
yG
La parenthèse était tout de même longue, et peu adaptée à l'émission et au format (sans les textes, les exemples balancés comme ça...).
Dans l'ensemble, une émission un peu compliquée par moments, je n'ai pas tout compris, mais j'ai appris pas mal de choses. Cependant, j'ai été extrêmement surpris du fait qu'on n'en reste qu'au plan financier. C'est souvent un défaut de Lordon, il me semble, tandis que Berruyer (qui parle moins, et plus simple) pense souvent à faire le lien avec l'économie réelle. Mais dans ce cas, ce qui m'intéresse en particulier, c'est :
- la place des bases militaires anglaises
- la place de la RTCN, "Chypre du Nord"
- la place de Nicosie, capitale scindée en deux avec des contrôles internationaux
- le devenir des forages pétroliers et des contestations des zones économiques exclusives réciproques (liées aux frontières terrestres)
- les effets de cette crise sur les processus de réconciliation qui avançaient plutôt bien ces derniers temps (le chantage chypriote à l'UE a joué)
On parle trop rarement, et trop mal de la Turquie en France (je pourrais rajouter : et de l'Inde, et de l'Indonésie, et de l'Afrique anglophone, et de l'Amérique du Sud...) et cela limite beaucoup notre horizon de compréhension des réalités internationales. Dans le cas de la Grèce et de Chypre, c'est particulièrement observable ! Il suffit de voir les conflits innombrables en mer Égée.
Par ailleurs, en rapport avec "la crise", je mets à votre connaissance (Anne-Sophie par exemple, si vous voulez vous y rendre !), ce "forum Libération-Sciences Po" assez hallucinant : http://www.sciencespo.fr/evenements/#/?lang=fr&id=1729
Mardi 2 avril:
19h15-20h45 : Le bonheur comment ça se mesure?
Ouverture par Nicolas DEMORAND, Directeur de la publication et de la rédaction de Libération
En présence de:
- Claudia SENIK, Economiste, Professeur à Paris IV Sorbonne
- Eduardo PUNSET, Ancien ministre de l’Economie de Catalogne, essayiste
- Ruwen OGIEN, Philosophe, directeur de recherche au CNRS
Mercredi 3 avril:
17h30-19h : Le bonheur est-il soluble dans l'entreprise?
En présence de:
- Anne LAUVERGEON, Présidente d’ALP et Managing Partner d’Efficiency Capital
- François DUPUY, Sociologue, Directeur académique du CEDEP (Centre européen d’éducation permanente, associé à l’INSEAD)
- Yann ALGAN, Economiste, Professeur d'économie à Sciences Po
- Françoise MERCADAL-DELASALLE, membre du Comité exécutif de la Société Générale, Directrice des Ressources et de l’Innovation du Groupe
19h15-20h45: Malheureux Français?
En présence de:
- Marc SIMONCINI, Fondateur de Meetic
- Mathieu LAINE, Essayiste
- Deux membres d’Ambition Campus
Jeudi 4 avril
17h30h-19h : L'Euro et le bonheur, quel rapport?
En présence de:
- Emmanuel MACRON, Secrétaire général adjoint de l’Elysée
- Benoît COEURE, Membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), Professeur à Sciences Po
- Pierre-Olivier GOURINCHAS, Economiste, Professeur à Berkeley (Ca) et Professeur invité à Sciences Po
19h30-20h30 : Pierre MOSCOVICI, Ministre de l’Economie et des Finances, face à Nicolas DEMORAND, Directeur de la publication et de la rédaction de Libération
Sans doute LA meilleure émission depuis des lustres !
la vache, je me le mets en boucle !!
Lordon et Berruyer ne sont pas d'accord sur tout, mais même leurs désaccords sont intéressants et nourrissent la réflexion.
Merci à DS de ne pas avoir coupé, comme c'est trop souvent son habitude, les invités même quand ils rentraient dans le dur et la technique, et de ne pas nous avoir privé de ce débat dans le débat entre Lordon et Bohler.
J'ai retenu un argument de Berruyer qui m'a frappé parce qu'allant à contre-courant du discours courant considérant que "sans l'Europe, c'est la guerre" : forcer une solidarité dont les peuples n'ont pas envie ne risque t'il pas de déclencher des guerres entre les peuples ? Personne n'a développé ni débattu derrière mais c'est une excellente question qui n'est jamais posée (et que je ne m'étais jamais posée).
Emission à voir et à revoir tant elle est dense. Merci à Lordon et Berruyer d'avoir accepté de venir.
Simple correction à apporter à un propos de Daniel : ce n'est pas une manchette du Monde, mais du Daily Telegraph, qui a titré fièrement sur l'invention et le 1er essai atomique sur le Japon...
un défenseur des 'réflexions' (et non sciences) sociales.
peut être pour :
il (pas lui, bien sur)nous prive du dernier espace de liberté
ou
la science qu'il défend à un fort potentiel liberticide
En aucun cas je ne parle de S Bolher.
j'ai un réflexe de méfiance quant à la vision de monde des neurosciences
1/ car elle m’enlève le dernier espace de liberté en invalidant l'introspection.
Dans ce cas j'aurai tort
2/ car elle prépare le monde à une uniformisation mécanique en invalidant l'introspection.
Dans ce cas j'aurai raison
il n'y aucun problème à regarder ce qui clignote ou crépite, la question n'est pas là, c'est même utile.
Mais je suis d'accord avec Lordon lorsqu'il pointe un risque de biologisation des sciences sociales.
Je suis assez étonné de voir comment on peut commenter aussi facilement une phrase comme "je suis un indécrottablement Durkheimien", en ne restant que sur le "indécrottablement" sans ne jamais aborder le "Durkheimien" qui est la priorité de cette phrase. Durkheim, celui qui invente le concept de représentation qui fait prévaloir en autre, les phénomènes psychiques sur le biologique.
C'est quoi la biologisation du social?
1/ l'analogie entre le corps et la société
2/ Le détournement du Darwinisme
3/ la sociobiologie de Osborne Wilson pour qui l'avenir des sciences sociales est dans sa "biologisation" et bien sur l'Art, la morale, la religion ...
Il faut bien comprendre que dans cette histoire nous ne sommes pas dans de la recherche fondamentale, on cherche à agir sur le monde. Et avec un rapprochement des sciences sociale avec une science "demi-dure", les comportement ne seront pas juste classifiés mais cela permettra de créer un processus d'élaboration d'une norme à partir des usages et des meilleures pratiques.
Fin du "sujet".
Je fais l'impasse ici, alors que Lordon le signale, comment une science se transforme en étant au contact de la société qui l’accueille.
Alors pour vous répondre, je n'ai pas peur du déterminisme car poussé assez loin, il donne tt sa place au libre arbitre.
Et l'argument de Bohler qui défend sa discipline au prétexte qu'il faut aller dans le sens du vent (les neurosciences) est pour le moins étonnant. Là je trouve que Lordon a été très fort : il faut être vigilant sur la place que prennent les neurosciences à côté ou à la place des sciences sociales. Elles n'expliquent pas les mêmes choses.
Et puis, peut-être qu'on sait pourquoi et comment on est manipulé grâce à Bohler (éventuellement), et après ? On sait que ça clignote dans le cerveau, j'aimerais savoir ce que vous faites de cette information.
Pour un Bolhler qui va défendre les manipulés, combien avec les crédits alloués vont préparer d'autres manipulations ?
Un peu près la même chose que des informations issues des sciences sociales ou de l'économie, votre argument est donc irrecevable, j'espère pour vous que vous en avez d'... autre.
"Pour un Bolhler qui va défendre les manipulés, combien avec les crédits alloués vont préparer d'autres manipulations ?"
Comme si les sciences sociales n'avaient pas permis de manipuler qui que ce soit, vous étiez où au vingtième siècle ? La question s'adresse autant à vous qu'à Lordon qui exonère sa discipline de cette tare, à savoir, l'usage néfaste potentiel de toute connaissance. Révélateur.
J'ajouterai que critiquer une discipline sous couvert que certains l'exploitent à tort et à travers est ridicule, à ce compte-là, Lordon ne devrait pas étudier l'économie.
yG
Evidemment, personne ne dit le contraire.
"La question s'adresse autant à vous qu'à Lordon qui exonère sa discipline de cette tare"
ah bon ?
qui prétend ça ? je ne vois pas sur quoi repose cette interprétation.
Mais la question n'est pas là. Manifestement, vous ne connaissez rien à la manière dont est financée actuellement la recherche, et qui n'a plus rien à voir avec une égalité de moyen (par ex. entre neurosciences et sciences sociales), et qui est très influencé par les idéologies à la mode et ce qu'on appelle "les besoins sociaux", càd l'applicatif rentable... On voit bien en quoi une science de la manipulation peut être rentable pour les industriels.
Manifestement, vous vous avancez un peu trop. Depuis quand avez-vous vu que la recherche était ou devez être financée à part égale, que les financements privés et publics n'entraient pas en compte pour favoriser tel ou tel secteur ? On peut le déplorer, mais certainement pas le nier et encore moins dénigrer Paul parce que Jacques est nu.
Sans compter que financer une recherche, c'est ipso facto financer ce qui peut également rendre caduque son exploitation délétère.
Vous utilisez implicitement, comme Lordon, l'argument le plus inepte qui soit en épistémologie, l'argument de la pente fatale : Ne cherchons pas dans ce domaine, d'aucuns pourraient en faire un usage nocif.
Argument d'autant plus stupide qu'il s'applique à toutes les disciplines, dont l'économie. Il n'y a qu'à voir ce que certains ont investi dans la recherche pour nous faire avaler des idéologies économiques favorables à leur intérêt particulier. A raisonner comme Lordon et par l'absurde, l’existence de nombreux prix Nobel d'économie infréquentables devraient être la preuve de la dangerosité des sciences sociales et de la nécessité de couper encore plus leur financement...
yG
Vous utilisez implicitement, comme Lordon, l'argument le plus inepte qui soit en épistémologie, l'argument de la pente fatale : Ne cherchons pas dans ce domaine, d'aucuns pourraient en faire un usage nocif.
Argument d'autant plus stupide qu'il s'applique à toutes les disciplines, dont l'économie. Il n'y a qu'à voir ce que certains ont investi dans la recherche pour nous faire avaler des idéologies économiques favorables à leur intérêt particulier. A raisonner comme Lordon et par l'absurde, l’existence de nombreux prix Nobel d'économie infréquentables devraient être la preuve de la dangerosité des sciences sociales et de la nécessité de couper encore plus leur financement...
yG
Sauf que ce n'est pas ce que dit Lordon. Il ne dit pas "ne cherchons pas dans ce domaine" et il en reconnait d'ailleurs les avancées. Il dit qu'il y a un danger épistémologique à fournir comme explication de processus sociaux des fondements biologiques. Parce qu'elle "naturalise" des processus sociaux et, ce faisant, tend à mener aux conclusions de l'impossibilité d'un changement.
Pour répondre à un autre commentaire, "que fait-on d'une information [du type explication biologique de la peur] - la même chose que les informations fournies par les sciences sociales", je ne peux pas y souscrire : une description du fonctionnement biologique de l'économie n'ouvre pas de pistes de réflexions à un système social alternatif.
Il ne s'agit pas de nier la pertinence de résultats en neurosciences, et il me semble que c'est de mauvaise foi que d'accorder cette position à Lordon, qui s'en défend plusieurs fois. Il dit simplement que ça n'éclaire pas la thématique abordée : celle d'une crise et d'un changement de système. A titre d'exemple, qu'on y adhère ou non, Marx - un des pères fondateurs des sciences sociales - avait un programme politique fondé sur une analyse sociale. Durkheim avait également le sien. Le programme politique qui s'insisperait de Darwin ouvre une piste absolument différente, et c'est cette piste que Lordon critique.
Teuteuteu, d'une part, je n'ai pas entendu cela dans l'émission (c'est à quel moment ? je n'ai écouté que l'échange avec Bohler), l'impossibilité d'un changement. D'autre part, et c'est plus important, rien ne permet de stipuler que ce qui est biologique ne peut être modifié, altéré, c'est d'ailleurs tout le contraire que nous prouve quelques millénaires de pharmacopées.
Il dit simplement que ça n'éclaire pas la thématique abordée : celle d'une crise et d'un changement de système.
Ce qui est juste un a priori de sa part.
Le programme politique qui s'insisperait de Darwin ouvre une piste absolument différente, et c'est cette piste que Lordon critique.
Mais diantre, on ne juge pas de la pertinence de la théorie darwinienne en se basant sur les élucubrations du darwinisme social qui n'est qu'une perversion sans aucun rapport. Rejeter le darwinisme ou les neurosciences parce que le projet de société que certains pourraient en faire est dangereux est une ineptie, ne serait-ce que parce qu'on ne sait pas ce qu'il sera fait de tout ce que nous découvrons, y compris dans les sciences sociales. Cet argument est donc totalement fallacieux.
yG
- Ce qui est juste un a priori de sa part. "
Oui, comme toute axiomatique épistémologique.. Après on peut ne pas être d'accord. A nouveau, la question c'est de ne pas naturaliser des processus sociaux ou politiques. Les neurosciences tendant à le faire. Lordon argumente contre l'usage des neurosciences pour la compréhension de choix politiques, ce qui, à nouveau, est un postulat proprement sociologique. A nouveau, il ne rejette pas les neurosciences, il rejette l'usage qu'il en est fait dans l'analyse du politique. Est-ce que le système financier fonctionne vraiment du fait de la sécretion d'une glande ?
Après on peut dire que oui, mais c'est un débat sérieux, qui n'est pas résolu en sciences, et qui part de divergences sur les axiomes de bases qui font l'analyse ... Il ne suffit pas d'hurler à l'ineptie ad vitam. La question ce n'est pas l'usage fallacieux ou pas, c'est vers quoi mène les présupposés épistémologiques d'une discipline. Ma conclusion, c'est que je ne vois rien dans ce que dit Bohler qui explique la complexité des mécanismes financiers et leur impact empirique. Alors on peut hurler à l'ineptie sans formuler une interprétation rigoureuse, mais ça ne fait simplement rien avancer.
"Est-ce que le système financier fonctionne vraiment du fait de la sécretion d'une glande ? ": Grégory Meurant
Personne ne dit cela de cette manière là, aussi caricatural, mais on peut toujours partir du fonctionnement d'individus pour comprendre leurs réactions à un type de message. Partant de cela, on peut ensuite anticiper le comportement globale d'individus soumis au même genre de stimuli. Il y a là une approche continuiste (continuité entre les diverses échelles du vivant et d'analyse).
Or, Lordon s'affiche clairement comme un discontinuiste, il veut couper la chaîne, en fait un réseau d’interactions, de manière à avoir une échelle d'analyse propre à sa discipline, ontologiquement séparée du reste.
Le problème, c'est qu'en science, on ne décrète pas qu'on est discontinuiste, ce sont les faits qui nous y condamnent ou obligent (temporairement ou non) ou pas.
Dans le cas de Lordon, c'est juste une pétition de principe, qui n'a donc rien de respectable en elle-même, puisque les intentions sont fournis avant d'être corroborées par les faits. Lordon rejette purement et simplement que les données d'un niveau puissent empiéter sur le sien, point barre. Il n'est pas discontinuiste de fait, empiriquement, parce qu'il n'arriverai pas à faire le lien entre la réaction de sujets à un stress lambda et une réaction particulière au niveau social, il refuse de le faire, il l'est donc bêtement par principe et par intérêt. Ce qui ne mérite aucun respect.
yG
Lors du partage de l'Afrique a Berlin les tenants de l'eugénisme et de l'inégalité des hommes a servi les tenants de cette thèse de la volonté d'imposer le modèle européen à des peuples dits sauvages et le malthusianisme en pays "éclairé" pour créer des castes de pauvres parmi les pauvres.
L'eugénisme a fait des dégâts dans nos pays dits démocratiques touchant la plupart du temps QUE les populations pauvres, nombreuses, voir inutiles donc les malades mentaux, physiques, autant de bouches inutiles pour ces "bonnes gens" (des WASP aux docteurs blancs et missionnaires !), qui ont décidés de les stériliser. Il y a encore des gens qui vivent aux States, Allemagne, Suède qui témoignent de cette violence qui leur a été faite au nom de la science et du racisme scientifique.
ON en entends rarement parler car on fait comme si seulement l'Allemagne nazie était coupable de crimes contre l'humanité, alors que nos pays ne se sont pas gêner pour faire la même chose dans les colonies ou dans les hôpitaux ou une unité spéciale était chargé de débarrasser l'humanité des "mauvais gênes" qui propagaient de trop nombreux "pauvres" héréditaires. .
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1949_num_4_4_2194
Ce n'est pas parce que je vous ait soufflé comme réponse le japon que ça invalide ma pensé.En effet il y a des religions qui sont plus disposées à accepter l’eugénisme et en particulier le protestantisme.
Il s'agit en majorité de pays protestants et ce n'est pas un hasard. L'éthique protestante était en effet plus facilement conciliable avec une «amélioration» active et eugéniste de l'humanité que la conviction catholique, qui rejette toute intervention artificielle dans la nature humaine. En Suisse aussi, l'eugénisme a mieux réussi à s'implanter dans les cantons protestants que dans le cantons catholiques [...]. La social-démocratie, enfin, a joué un rôle clé.
En Suisse, les groupements les plus divers (sauf les politiciens libéraux traditionnels et catholiques) ont soutenu les idées eugénistes, même des anarchistes, des féministes***.
***Comme j'avais déjà expliqué dans un autre forum que l'eugénisme et le féminisme sont des progressismes, ce qui explique que Margaret Sanger la féministe qui a financé la pilule en 1956 soit eugéniste.
Oui je sais toutes les féministes à l’époque n'étaient pas eugéniste et blabla......
Et je vous laisse à vos frissons électoraux.
je suis obligé de faire des précisions, car pour vous le summum de l'argumentation c'est de trouver un cas particulier.
bref je vous laisse aussi
CQFD en effet.
L’eugénisme en occident c'est fait uniquement dans les pays protestants.
La Corée et la chine l'ont appliquées 50 ans après.
La réflexion que je voulais susciter sont les différences d’idéologie par rapport au filtre de la religion.
Je ne vois aucun intérêt de vouloir faire la maline à sortir ce que tout ce que le monde sait sur Wikipedia.
On mange du sushi en France , mais l'origine et la majorité des pays qui en consomment ce trouves en Asie .
La c'est la même chose.
Argument d'autorité qui n'impressionnera que ceux qui sont totalement éloignés de la biologie et se soumettent à ce genre d'argument. Quant au reste, "au détriment de" est juste une connerie sans nom. Ce qui se trouve dans un domaine ne se fait pas au détriment d'un autre, sauf à avoir une vision stupidement comptable de la recherche, et dans ce cas, il ne faut pas s'étonner ou se plaindre qu'il y ait alors éventuellement des répartitions budgétaires inégalitaires. A vous suivre, l'astronomie se fait au détriment du traitement de la leucémie et la recherche en physique nucléaire ou en génétique à celui de la philosophie.
yG
Je ne vous suis pas bien, et je ne cherche à impressionner personne. C’est juste un constat.
Non, justement, Emmanuel, ce n'est pas "juste un constat", c'est un jugement, vous jugez indue cette place qu'occupe les neurosciences, comme l'atteste votre "au détriment de" et l'expression "hégémonie".
Et peut-être faut-il justement vivre quotidiennement la recherche pour se rendre compte qu’elle est soumise à une « vision stupidement comptable », précisément? Quand vous n’êtes pas financé, la recherche s’arrête. Or l’état ne finance plus que des programmes « sexy » via l’ANR (comprendre : qui sont dans « l’air du temps », qui sont susceptibles d’avoir des retombées économiques très rapides etc..). Dans ces conditions, tout programme de recherche « non rentable » de façon rapide, ou un tant soit peu « hétérodoxe » est voué à la mort. Et de fait, vous me suivez bien sur ce point : de facto, la recherche publique en génétique se fait au détriment de la recherche publique en philosophie et en sciences sociales."
Non, je ne vous suis justement pas en formulant ce rapprochement, car, je n'irai jamais dire que la génétique prend trop de place parce que la philosophie n'en a pas assez, je n'habillerai pas Paul en déhabillant Jacques. Je regretterai que la philosophie n'ait pas assez de moyens, certainement pas qu'une autre discipline en ait.
yG
Mais Emmanuel, le financement de la recherche, là n'est absolument pas le propos, c'est là que Lordon et vous-mêmes êtes totalement hors-sujet et/ou hypocrite, car, on n'attaque pas une discipline sur le plan épistémologique avec des arguments comptables, puisque comme je l'ai souligné, on pourrait le faire vis-à-vis de la génétique à partir de la philosophie, cela n'en resterait pas moins un argument tout aussi inepte.
C'est pourquoi cette discussion sur le financement de la recherche, pour intéressante qu'elle soit en elle-même, n'avait absolument pas sa place dans l'échange Lordon-Bohler. Que Lordon s'abaisse à sortir ce genre d'argument prouve qu'il voulait faire feu de tout bois, même le moins approprié, ce qui discrédite d'office sa réaction, plus passionnelle que rationnelle. Un comble lorsqu'on prétend jouer la carte de la rationalité.
yG
NB : sans rancune, mais je vois que vous me taxez « d’hypocrite » après m’avoir fait un procès d’intention sur « l’argument d’autorité ». Ça ne vous met pas un peu en question, vous-même ?
Moi, je vous entends, mais je ne partage pas votre prisme, c'est différent. Ainsi, que les fonds alloués à untel ou untel déterminent de façon différentiel le développement de chacun, c'est une évidence, une lapalissade, il est inutile de l'évoquer, puisque celui qui en bénéficie n'est pas responsable de celui qui en est privé. Pas davantage qu'une personne n'est responsable d'attirer l'attention de celui ou celle qu'on convoitait pour soi.
C'est la raison pour laquelle cela ne constitue pas un argument épistémologique, contrairement à ce que vous croyez, c'est tout au plus un marqueur sociétal ou historique, c'était ainsi à l'époque, on investissait plus ici que là. Mais, il n'y a aucune corrélation entre le taux d'investissement et la valeur réelle de l'objet qui en bénéficie, c'est valable en science comme ailleurs.
De plus, le concept de "mode" ne dit qu'une chose, cela a du succès en terme d'investissement actuellement, avec cette dimension péjorative à peine implicite que c'est jugé totalement immérité, ce n'est qu'un effet de mode, ce n'est pas pérenne et l'objet de l'intérêt d'aujourd'hui va disparaître demain.
Lorsque Lordon attaque les sciences du vivant (des sciences cognitives à la biologie, puisqu'il critique la "biologisation", terme péjoratif, de sa discipline) en déployant l'argument économique et parle de se faire bouffer, ce n'est pas cet indicateur qui permet de juger de la valeur épistémologique des bénéficiaires de la manne qui lui passe sous le nez.
La preuve par l'absurde, les sciences sociales toucheraient ce que les sciences du vivant obtiennent, il est fort à parier que Lordon ne laisserait pas entendre qu'elles en seraient affecté épistémologiquement parlant. Le fait qu'elles puissent un jour devenir à la mode seraient même, je l'imagine, bien accueilli par ce dernier, comme un signe de bonne santé de la société civile. Inversement, les neurosciences toucheraient moins d'argent que la sociologie, il est peut probable que Lordon leurs trouveraient un intérêt supplémentaire, tout au plus, il ne s'en préoccuperait pas.
Enfin, je ne pense absolument pas, contrairement à vous, que Lordon parlait de hiérarchisation des savoirs, car cela n'aurait pas arrangé son cas, et démontré qu'une chose, que dans cette hiérarchisation, il ne souhaite qu'avoir le haut du pavé et que toute redistribution, légitime ou non, serait à ses yeux de toute façon indue et dangereuse, écoutez le jouer les Cassandre, c'est magistral. Qu'une discipline disparaisse ne me pose aucun problème épistémologique en tant que tel, du moment que c'est justifié épistémologiquement parlant, que les faits dont elles estimaient rendre compte soient repris ou invalidés par un modèle plus pertinent.
Les seuls à souffrir d'une biologisation éventuelle des sciences sociales, ce sont ceux qui n'ont pas été formé et/ou ne veulent pas se former à cette biologisation, pas nécessairement le savoir en tant que tel. Je reprends donc la sentence kuhnienne, vivement qu'ils partent à la retraite, car, pour l'heure, ils ne font qu'exprimer leur petit attachement à leur pouvoir symbolique et non un attachement réel au savoir en tant que tel. Ils se rendent d'abord service, avant de se préoccuper de nous, malgré leur discours.
yG
ps: "je vois que vous me taxez « d’hypocrite » après m’avoir fait un procès d’intention sur « l’argument d’autorité ». Ça ne vous met pas un peu en question, vous-même ?"
Le fait que vous parliez depuis un lieu proche du domaine jugé ne rend pas votre avis plus pertinent, puisque l'argument lordonien n'avait aucune pertinence en lui-même. Quant à être hypocrite, je vous ai laissé le choix avec hors-sujet, à vous de voir ce qui vous convient le plus, mais rien de ce que vous n'avez produit sur la question ne me permet de revenir sur cette alternative, quoi que je penche personnellement plus pour le hors-sujet, vous concernant.
Pardon de m’immiscer.
C'est la raison pour laquelle cela ne constitue pas un argument épistémologique, contrairement à ce que vous croyez, c'est tout au plus un marqueur sociétal ou historique, c'était ainsi à l'époque, on investissait plus ici que là. Mais, il n'y a aucune corrélation entre le taux d'investissement et la valeur réelle de l'objet qui en bénéficie, c'est valable en science comme ailleurs.
Vous faites, Yannick, comme si le discours de Lordon portait sur la valeur intrinsèque de cette science, or son propos est clairement de dénoncer les utilisations perverses qui en sont et seront faites, et qui sont nourries par des financements espérant en retirer un retour sur investissement juteux (puisque c'est ainsi que fonctionne la recherche dans une société capitaliste).
Ainsi peut-être qu'à vos yeux philosophiquement purs, la valeur d'une science ne se juge pas sur les crédits de recherche qu'elle reçoit, mais malheureusement ce n'est pas le point de vue des investisseurs. Or la manière de faire du profit de nos jours n'est pas d'éduquer les gens, mais au contraire de les abrutir ou d'exploiter toutes les failles de comportement qu'on pourra déceler. Que des associations non financées soient tout à fait en droit d'éduquer les gens sur ces pièges comportementaux ne justifie pas qu'on finance aveuglément des recherches dont l'impact sociétal est suprêmement dangereux.
Mais les neurosciences peuvent faire passer la manipulation des esprits de l'âge de l'artisanat à celui de l'industrie. Arguer du fait que la manipulation existe déjà revient à dire que la modification génétique du vivant a toujours existé, même avant les OGM. C'est vrai, on a toujours sélectionné des carottes pour en faire des variétés particulières, mais les techniques du vivant permettent une industrialisation du procédé et un temps de modification du vivant extrêmement raccourci, sans possibilité pour l'environnement de trouver un équilibre dans lequel notre place est bien connue.
Lorsque Lordon attaque les sciences du vivant (des sciences cognitives à la biologie, puisqu'il critique la "biologisation", terme péjoratif, de sa discipline) en déployant l'argument économique et parle de se faire bouffer, ce n'est pas cet indicateur qui permet de juger de la valeur épistémologique des bénéficiaires de la manne qui lui passe sous le nez.
Vous ne faites pas état du fait que ce que Lordon critique, ce n'est pas le développement de ces sciences en tant que telles, mais leur part de plus en plus grande dans le "marché conceptuel" qui permet de penser les phénomènes sociaux. Ainsi ce que Lordon repousse, c'est qu'on puisse se passer des concepts sociaux de haut niveau (ceux posés par Durkheim en postulant l'existence de faits sociaux indépendants, constituants leur propre algèbre), pour réduire ces phénomènes à des phénomènes individuels, isolés, et mal connectés d'un point de vue de la causalité.
Par ailleurs, vous oubliez de noter que Lordon repousse également les travaux de Kahneman et Tverski, qui ne sont jamais au final que des psychologues (et leur économie comportementale, sensée étudier entre autres les biais cognitif, n'est pas, loin de là, une neuroscience).
Néanmoins le point commun entre l'économie comportementale et les neurosciences, c'est qu'elles partent très souvent de postulats naturalistes et définitifs sur les choses qu'elles mesurent. Ainsi un biais cognitif sera-t-il présenté comme, de facto, une propriété de tous les cerveaux de tous les individus ; Kahneman postualnt que les biais cognitifs sont présents même quand on sait qu'on les a, sans chercher à montrer comment s'entraîner pour s'en abstraire. De même, les chroniques de Bohler nous font état de ce qui se passe dans "nos" cerveaux, sans que personne ne soit venu mesurer. On se base sur des études, faites dans un contexte que nous connaissons mal, pour en déduire que "le cerveau" se conduit de telle manière soumis à tel ou tel stimulus.
Or il existe toute une tradition philosophique, depuis des millénaires, qui a pour but de transformer la manière dont notre cerveau fonctionne, dont nos régions cérébrales sont affectées par des stimuli. Les stoïciens, pour parler de ceux que je connais le mieux, théorisaient déjà cinq siècles avant notre ère que les impressions que nous avons peuvent être repoussées par notre jugement, et donc qu'à force d'entraînement nous pouvons nous abstraire à certains réflexes de panique, d'angoisse, de colère, etc. Mais on ne lit rien de tel dans les études réductionnistes, dont le but est d'établir un comportement type du cerveau.
Les seuls à souffrir d'une biologisation éventuelle des sciences sociales, ce sont ceux qui n'ont pas été formé et/ou ne veulent pas se former à cette biologisation, pas nécessairement le savoir en tant que tel. Je reprends donc la sentence kuhnienne, vivement qu'ils partent à la retraite, car, pour l'heure, ils ne font qu'exprimer leur petit attachement à leur pouvoir symbolique et non un attachement réel au savoir en tant que tel. Ils se rendent d'abord service, avant de se préoccuper de nous, malgré leur discours.
Sauf que, Yannick, qu'ils partent à la retraite ne changera pas grand chose aux manuels scolaires qui sont utilisés dans les salles de classe jusqu'à la terminale. A peu près rien de tout ce qui a été découvert au XXe siècle n'y figure, que ce soit en biologie, physique, chimie, économie. En maths il faut remonter d'encore trois siècles. L'état de la connaissance commune par les gens ayant reçu une éducation de niveau bac est en décalage de plusieurs siècles avec l'état des connaissances des chercheurs, de plus en plus spécialisés dans un sous-sous-domaine.
Et le problème que posent les neurosciences n'est pas une querelle d'académiciens. Le problème, c'est quel genre de défenses ont les citoyens contre une armée d'économistes comportementaux embauchés par les grands groupes industriels, les grands partis de gouvernement et les administrations afin de manipuler l'opinion publique. Parce que tenez-vous bien, ils s'adressent déjà tous aux mêmes agences de communication.
Bref, le problème de Lordon sur les financements est à mon sens marginal, symptomatique mais pas fondamental, et je ne pense pas du tout qu'il le citait comme le problème premier. Le problème, c'est la quantité de pouvoir qui peut être amassée en utilisant des résultats dits scientifiques à destination de normer ce que doit être un cerveau humain, et ce qu'il peut et doit recevoir en termes de stimuli.
Et en ce sens, je partage les craintes de Lordon.
Emmanuel
Merci et bonne journée à vous également.
yG
C'est exactement comme cela que j'ai compris Lordon et je m'inquiète dans le même sens que Lordon. En forçant le trait, concentrer (réduire) l'étude des phénomès sociaux, économiques et politiques à un niveau neuronal comporte le danger que l'on néglige, oublie ou nie qu'il y ait des problèmes sociaux, économiques et politiques. Il y aurait seulement quelques transmetteurs neuronaux à "corriger" et tous les autres problèmes seraient"réglés", genre on va travailler sur les neurones et on ne se "sentira" plus pauvre, on ne sera plus angoissé par son travail précaire et on ne se fera plus de soucis pour son épargne. C'est une formulation très simplifiée, mais j'ai compris Lordon dans ce sens là.
J'ai les mêmes réticences quand j'entends ou lis des explications neuronales sur le phénomène amoureux, sur l'empathie ou sur l'agressivité. Je ne nie pas qu'il puisse y avoir un intérêt de comprendre ce qui se passe dans le cerveau quand on est amoureux, quand on a une envie de justice sociale, quand on a une personnalité de se soucier de l'autre, quand on est agressif etc. Ce qui compte ensuite c'est ce que l'on fait avec ces connaissances. La tentation est grande de les utiliser pour manipuler l'autre, pour détourner le regard des problèmes sociétaux. pour soumettre le salarié, pour faire accepter l'inacceptable, pour faire acheter ce dont on n'a pas besoin, pour affirmer que "la pauvreté ce n'est que dans la tête" etc.
Donc prendre un peu de recul pour décider sur quel plan agir pour améliorer notre vie ou pour résoudre des problèmes, c'est ce qu'a voulu dire Lordon, en tout cas je l'ai compris comme ça.
« Vous faites, Yannick, comme si le discours de Lordon portait sur la valeur intrinsèque de cette science, »
Oui, car, comme je l'ai déjà écris, si Lordon fait mine de reconnaître que cela peut se passer ainsi au niveau cérébral, et donc que cette discipline a bien une valeur épistémologique, c'est pour aussitôt faire un pas en arrière et lui dénier toute possibilité d'éclaircissement des phénomènes sociaux.
Il opère de façon catégorique une césure, dès son introduction dans laquelle il clame qu'il y a un ordre spécifiquement sociologique des phénomènes sociaux qui ne saurait se réduire à la biologie.
Une séparation indue, puisque si ce genre de coupure, qui opère une discontinuité au sein du savoir, pour ne pas dire du vivant, peut survenir, il faut encore ne pas la décréter, mais la prouver et donc ne pas s'interdire de tenter de la réduire. Autrement dit, ne pas s'empêcher d'étudier les passerelles, la continuité entre les domaines. Ce qu'il fait de façon éhonté.
« or, son propos est clairement de dénoncer les utilisations perverses qui en sont et seront faites et qui sont nourries par des financements espérant en retirer un retour sur investissement juteux (puisque c'est ainsi que fonctionne la recherche dans une société capitaliste). »
Outre que je ne suis pas d'accord avec votre analyse de son propos, je vous rappellerai que c'est ainsi que fonctionne tout investissement dans une société où les ressources ne sont pas illimitées et qu'il faut opérer des choix. On espère toujours que les investissements rapporteront.
C'est la raison pour laquelle d'aucuns ont financé le voyage de Christophe Colomb ou d'autres ont financé la construction de temples dans l'antiquité, de cathédrales en Europe, etc, que l'espérance soit dans un autre monde ne change rien à la donne. Le financement ne se fait pas sciemment à perte, y compris en science. Faut-il s'en offusquer ?
A cela, vous ajoutez un principe selon lequel le financement en science est d'autant plus important que l'utilisation est perverse. Cela n'a rien de nécessaire, c'est juste une pétition de principe "péjorative" que les faits ne viennent même pas soutenir, puisqu'on peut dénicher nombre de contre-exemples. Ainsi, en astrophysique, la construction d'un accélérateur de particule n'est pas donné et celle d'un satellite pour mesurer le rayonnement fossile, de grands télescopes ne l'est pas moins pour valider les modèles cosmologiques. Or, les usages pervers ne sont ici pas évidents, pour ne pas dire nuls. D'autant plus que les usages dits pervers de la physique, nous les connaissons et les avons financé, il y a presque 70 ans pour les militaires et presque un demi-siècle pour les usages civils. Ils ne sont plus à faire, on ne devrait donc plus en trouver à vous suivre.
« Ainsi peut-être qu'à vos yeux philosophiquement purs, la valeur d'une science ne se juge pas sur les crédits de recherche qu'elle reçoit, mais malheureusement ce n'est pas le point de vue des investisseurs. Or la manière de faire du profit de nos jours n'est pas d'éduquer les gens, mais au contraire de les abrutir ou d'exploiter toutes les failles de comportement qu'on pourra déceler. Que des associations non financées soient tout à fait en droit d'éduquer les gens sur ces pièges comportementaux ne justifie pas qu'on finance aveuglément des recherches dont l'impact sociétal est suprêmement dangereux. »
C'est là un discours alarmistes, vous jouez les Cassandres comme Lordon, en occultant tout ce que cela peut avoir de bénéfique. Hier, c'est récent pourtant, ce même genre de discours pullulait à propos de la génétique. Et plus loin encore, on a dû entendre le même genre de propos lorsqu'on a découvert comment faire du feu...
Sans compter, plus important encore, que ce genre de discours se trompe de cible, il vise le savoir au lieu de viser ceux qui en font un usage déplacé et prend ainsi acte de l'irresponsabilité tout en attaquant et en privant ceux qui sont responsables d'éventuels et réels bienfaits. Un comble. Car, ceux qui veulent exploiter ne s'arrêteront pas à vos injonctions à ne pas chercher, et comme des cons, c'est ceux qui voudront nous protéger de ces exploiteurs qui seront eux démunis et c'est nous au final qui ne bénéficieront pas des avantages que le savoir procure. Cherchez l'erreur, moi, elle me saute au visage.
« Mais les neurosciences peuvent faire passer la manipulation des esprits de l'âge de l'artisanat à celui de l'industrie. Arguer du fait que la manipulation existe déjà revient à dire que la modification génétique du vivant a toujours existé, même avant les OGM. C'est vrai, on a toujours sélectionné des carottes pour en faire des variétés particulières, mais les techniques du vivant permettent une industrialisation du procédé et un temps de modification du vivant extrêmement raccourci, sans possibilité pour l'environnement de trouver un équilibre dans lequel notre place est bien connue. »
Vous mélangez, comme je viens de vous le dire et comme beaucoup, hélas, deux choses et en condamnez une au nom de l'autre, un comble. La recherche et le développement des OGM n'ont rien de répréhensible en tant que tels, c'est même tout le contraire.
Ce qui est éventuellement condamnable dans le dossier des OGM, et plus largement la génétique, ce n'est pas la manipulation du vivant, laissons ce genre de respect idéaliste/connerie aux religieux et autres écologistes politiques (désolé pour eux, il n'y a jamais eu d'équilibre au sein du vivant, cette vision idéalisée de la nature est juste une hérésie, l'équilibre y est tout au plus dynamique, ce qui signifie que c'est la "guerre" en permanence et bien souvent l'éradication pure et simple du perdant), c'est l'industrialisation, soit tout autre chose que le savoir en tant que tel.
Or, l'industrialisation peut rendre n'importe quoi dangereux, le nucléaire, la médecine, les OGM, l'imprimerie, la télévision, internet, même la sociologie, lorsqu'elle s'en empare, j'en passe et des meilleurs, tout simplement parce que son pouvoir économique lui permet de transgresser les contrôles les plus élémentaires que nous pouvons politiquement décider... ou non.
Faut-il interdire toute connaissance sous couvert que des exploiteurs pourront toujours s'en servir contre nous ou lutter collectivement, politiquement contre les exploiteurs ?
« Vous ne faites pas état du fait que ce que Lordon critique, ce n'est pas le développement de ces sciences en tant que telles, mais leur part de plus en plus grande dans le "marché conceptuel" qui permet de penser les phénomènes sociaux. Ainsi ce que Lordon repousse, c'est qu'on puisse se passer des concepts sociaux de haut niveau (ceux posés par Durkheim en postulant l'existence de faits sociaux indépendants, constituants leur propre algèbre), pour réduire ces phénomènes à des phénomènes individuels, isolés, et mal connectés d'un point de vue de la causalité. »
Si, j'en ai fait part, de son refus de voir sa discipline absorbée par une autre. Mais cette peur est tout aussi irrationnelle, générique que la précédente. Lordon, à l'écouter, rien ne permet de dire qu'il accueillerait plus favorablement une autre discipline qui pourrait absorber la sienne. Non, il veut garder sa discipline, son bout de gras pour lui et les siens. Cette attitude pour humaine qu'elle soit n'est aucunement respectable en elle-même. C'est aussi ridicule qu'un naturaliste essayant de conserver sa vision essentialiste des espèces, propre à son époque et à ses collègues, lorsque les données de la génétique viennent s'immiscer dans le débat et suppriment de facto son idéalisme suranné.
Peu importe en terme de savoir que la sociologie survive ou non, le tout, c'est qu'elle le fasse en se confrontant à d'autres modèles explicatifs, y compris en provenance d'autres disciplines. Et pour cela, il faut laisser travailler les autres disciplines, les laisser développer les "causalités" qu'on ne veut pas voir advenir par peur pour sa boutique, son pouvoir symbolique.
« Néanmoins le point commun entre l'économie comportementale et les neurosciences, c'est qu'elles partent très souvent de postulats naturalistes et définitifs sur les choses qu'elles mesurent. Ainsi un biais cognitif sera-t-il présenté comme, de facto, une propriété de tous les cerveaux de tous les individus ; Kahneman postualnt que les biais cognitifs sont présents même quand on sait qu'on les a, sans chercher à montrer comment s'entraîner pour s'en abstraire. De même, les chroniques de Bohler nous font état de ce qui se passe dans "nos" cerveaux, sans que personne ne soit venu mesurer. On se base sur des études, faites dans un contexte que nous connaissons mal, pour en déduire que "le cerveau" se conduit de telle manière soumis à tel ou tel stimulus. «
D'une part, comme je viens de le rappeler, Lordon part, concernant sa discipline, d'un postulat ontologique qui n'a rien de moins naturaliste et définitif que tout autre. Il est de surcroît amusant de mettre en avant les idiosyncrasies que nous sommes pour critiquer une discipline en plein essor, lorsqu'on sait ce qu'en fait la sociologie de ces particularismes. Passons.
D'autre part, l'induction est au cœur de toute science. C'est pourquoi on ne peut, comme vous le faites, à la fois déplorer des généralisations faites à partir de cas peu nombreux et soutenir un Lordon qui ne veut pas que les fonds permettant d'analyser à une plus grande échelle soient réalisées. La manne financière est justement là, c'est son intérêt, pour faire le tri entre les hypothèses faites à partir de quelques cas et vérifier le bien fondé des théories élaborées, autrement dit, elle permet de garantir la valeur épistémologique. Cela n'a rien de surprenant, puisque l'exploitation n'est possible que si cela fonctionne.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'abus et qu'il n'y en aura pas. Ainsi, l'industrie pharmaceutique tente toujours de raccourcir l'exercice de la preuve pour aller directement aux consommateurs, mais la faute n'en incombe pas à la connaissance médicale, mais à notre manque de contrôle des industriels. A vous suivre et à suivre le raisonnement de Lordon, on devrait également supprimer la recherche médicale, et les médicaments, le risque est trop important qu'un énième médiator puisse être mis sur le marché et tant pis si des antiviraux et autres milliers de médicaments peuvent être produit et sauver des gens et que d'autres ont même prouver qu'on pouvait politiquement s'opposer et s'approprier des brevets pour contourner l'avidité de certains.
« Or il existe toute une tradition philosophique, depuis des millénaires, qui a pour but de transformer la manière dont notre cerveau fonctionne, dont nos régions cérébrales sont affectées par des stimuli. Les stoïciens, pour parler de ceux que je connais le mieux, théorisaient déjà cinq siècles avant notre ère que les impressions que nous avons peuvent être repoussées par notre jugement, et donc qu'à force d'entraînement nous pouvons nous abstraire à certains réflexes de panique, d'angoisse, de colère, etc. Mais on ne lit rien de tel dans les études réductionnistes, dont le but est d'établir un comportement type du cerveau. »
Intéressant retournement que vous opérez, vous passez d'un paragraphe où vous critiquez la généralisation dans les neurosciences à un autre où vous tentez d'en faire une à partir de l'exercice de quelques philosophes (qui est le plus réductionniste dans ce cas ?) qui ont réussi ou pensent avoir réussi à échapper à leur conditionnement biologique. Qu'on puisse échapper par l'exercice à sa condition, ne prouve qu'une chose, que la condition est première et qu'il y faut un effort soutenu, qui ne sera jamais la norme, parce qu'il est tout simplement effort.
« Sauf que, Yannick, qu'ils partent à la retraite ne changera pas grand chose aux manuels scolaires qui sont utilisés dans les salles de classe jusqu'à la terminale. A peu près rien de tout ce qui a été découvert au XXe siècle n'y figure, que ce soit en biologie, physique, chimie [...] L'état de la connaissance commune par les gens ayant reçu une éducation de niveau bac est en décalage de plusieurs siècles avec l'état des connaissances des chercheurs, de plus en plus spécialisés dans un sous-sous-domaine. »
Vous exagérez, ce n'est pas un tel décalage que j'observe, bien qu'il existe un réel décalage entre chaque domaine expert et les quidams béotiens que nous sommes tous, à un domaine ou deux près. Quoi qu'il en soit, avec tel ou tel retard, la chose est finalement actée. Sans compter que je parlais de la démarche scientifique, pas de la culture populaire... qui a le droit de croire en toutes les conneries à sa portée, depuis des millénaires et pour longtemps encore, hélas.
« Et le problème que posent les neurosciences n'est pas une querelle d'académiciens. Le problème, c'est quel genre de défenses ont les citoyens contre une armée d'économistes comportementaux embauchés par les grands groupes industriels, les grands partis de gouvernement et les administrations afin de manipuler l'opinion publique. Parce que tenez-vous bien, ils s'adressent déjà tous aux mêmes agences de communication.
Bref, le problème de Lordon sur les financements est à mon sens marginal, symptomatique mais pas fondamental, et je ne pense pas du tout qu'il le citait comme le problème premier. Le problème, c'est la quantité de pouvoir qui peut être amassée en utilisant des résultats dits scientifiques à destination de normer ce que doit être un cerveau humain, et ce qu'il peut et doit recevoir en termes de stimuli.
Et en ce sens, je partage les craintes de Lordon. »
Libre à vous, Guillaume de rejoindre les craintes de Lordon, mais vous n'êtes pas parvenu à les rendre plus rationnelles pour autant, loin s'en faut. Vous passez même régulièrement d'une condamnation épistémologique des neurosciences « dits scientifiques », critiquant les généralisations qui y sont faites, en en faisant vous-mêmes des opposées, tout en soulignant le caractère potentiellement dangereux de l'entreprise.
Or, de deux choses l'une, ou ce savoir est réel et donc potentiellement dangereux (comme tous les savoirs) ou il s'agit de charlatanisme et dans ce cas, l'exploitation se fera beaucoup plus difficilement et les investissements se tariront rapidement, il n'y a pas grand chose à craindre de ce côté, l'investissement est volatil, impatient et infidèle.
Vous ne pouvez agiter les deux menaces simultanément (exploitation potentiellement nocive et manquement épistémologique), surtout lorsque la première est générique et ne mérite pas qu'on s'y attarde sérieusement, puisqu'elle se trompe de toute façon d'objet, prenant la science pour responsable de ce que nous n'avons pas le courage politique de nous occuper, à savoir, les intérêts privés que nous actons comme seul horizon et qui nous font préférer le suicide gnoséologique à la lutte permanente contre eux. Un comble, un triste paradoxe.
yG
Pas de problème pour le retard.
Je vais tenter d'apporter quelques précisions sur ma position, et ce sera mon dernier message à ce sujet.
Permettez-moi de faire cette remarque, que votre manque de respect pour ce qu'exprime l'interlocuteur est lassant. On ne peut pas s'en sortir, comme vous essayez de le faire si souvent, en déformant et ignorant les subtilités du discours de l'autre. Si vous ne respectez pas un minimum l'intelligence de celui à qui vous vous adressez, vous ne pouvez au final que répondre à votre propre compréhension d'un problème, sans répondre aux autres manières de l'aborder. C'est le meilleur germe du dialogue de sourds.
Oui, car, comme je l'ai déjà écris, si Lordon fait mine de reconnaître que cela peut se passer ainsi au niveau cérébral, et donc que cette discipline a bien une valeur épistémologique, c'est pour aussitôt faire un pas en arrière et lui dénier toute possibilité d'éclaircissement des phénomènes sociaux.
Il opère de façon catégorique une césure, dès son introduction dans laquelle il clame qu'il y a un ordre spécifiquement sociologique des phénomènes sociaux qui ne saurait se réduire à la biologie.
Une séparation indue, puisque si ce genre de coupure, qui opère une discontinuité au sein du savoir, pour ne pas dire du vivant, peut survenir, il faut encore ne pas la décréter, mais la prouver et donc ne pas s'interdire de tenter de la réduire. Autrement dit, ne pas s'empêcher d'étudier les passerelles, la continuité entre les domaines. Ce qu'il fait de façon éhonté.
Vous inversez complètement la charge de la preuve, Yannick. C'est aux neurosciences d'apporter la preuve qu'elles permettent de comprendre, d'expliquer, de prédire des phénomènes d'échelle sociale, pas aux autres sciences de prouver qu'elles ne peuvent pas.
Par ailleurs, "avoir une valeur épistémologique" ne veut rien dire, Yannick, en dehors du contexte de l'objet étudié. Tout phénomène vaguement prévisible a une valeur épistémologique pour quelqu'un, pour un certain champ de connaissances. Mais ce champ de connaissances doit être contextualisé. La connaissance d'une corrélation entre un stimulus et une réaction biologique peut avoir une valeur épistémologique dans le domaine de la biologie, et en même temps n'en avoir aucune dans le domaine de la sociologie. Et ce n'est pas parce qu'on a établi une corrélation entre un type de réaction du cerveau et un phénomène social, que systématiquement il y a un lien épistémologique entre les deux. Il y a bien des manières de mesurer des corrélations, certaines viennent d'un lien de causalité, d'autres d'accidents purs et simples.
Et puis, Yannick, quitte à réduire, pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas faire uniquement de l'électrodynamqie quantique ? Après tout, tout phénomène biologique qui se passe dans le cerveau peut très bien être expliqué par des intéractions entre électrons et photons. Et les lois qui régissent ce domaine sont déjà très bien connues. Pourquoi passer par l'intermédiaire des neurosciences ?
Enfin, avoir une valeur épistémologique ne justifie pas toute recherche. La valeur épistémologique de la connaissance de la réaction des corps humains au froid est grande. Pourtant, les pratiques horribles des nazis (auxquelles nous devons quasiment toutes nos connaissances sur ce sujet) en sont-elles pour autant à défendre ?
Outre que je ne suis pas d'accord avec votre analyse de son propos, je vous rappellerai que c'est ainsi que fonctionne tout investissement dans une société où les ressources ne sont pas illimitées et qu'il faut opérer des choix. On espère toujours que les investissements rapporteront.
C'est la raison pour laquelle d'aucuns ont financé le voyage de Christophe Colomb ou d'autres ont financé la construction de temples dans l'antiquité, de cathédrales en Europe, etc, que l'espérance soit dans un autre monde ne change rien à la donne. Le financement ne se fait pas sciemment à perte, y compris en science. Faut-il s'en offusquer ?
Vous êtes très naïf sur la question, me semble-t-il. La recherche du profit de l'investissement n'est pas identique à la recherche du bien commun, du profit de tous. Il se peut très bien que des investissements lourds ne se fasse qu'en vue du profit de certains, voire du profit de certains et au détriment du reste. Et c'est là que le débat n'est plus épistémologique mais devient politique. On peut se demander par exemple à qui ont profité les voyages de Colomb, et à qui ils ont valu l'extermination.
C'est toujours mieux de se poser ce genre de questions avant, bien évidemment.
A cela, vous ajoutez un principe selon lequel le financement en science est d'autant plus important que l'utilisation est perverse. [...]
Je n'ai rien dit de tel.
C'est là un discours alarmistes, vous jouez les Cassandres comme Lordon, en occultant tout ce que cela peut avoir de bénéfique. Hier, c'est récent pourtant, ce même genre de discours pullulait à propos de la génétique. Et plus loin encore, on a dû entendre le même genre de propos lorsqu'on a découvert comment faire du feu...
Ce genre de discours "pullule" toujours au niveau de la génétique. C'est ce qui permet d'avoir des gens assez vigilants pour ne pas se retrouver avec une agriculture, dans de nombreux pays, complètement à la botte de quelques firmes vendeuses de semences.
...
(Ah mince, en fait il n'y a pas eu assez de gens vigilants.)
Sans compter, plus important encore, que ce genre de discours se trompe de cible, il vise le savoir au lieu de viser ceux qui en font un usage déplacé et prend ainsi acte de l'irresponsabilité tout en attaquant et en privant ceux qui sont responsables d'éventuels et réels bienfaits. Un comble. Car, ceux qui veulent exploiter ne s'arrêteront pas à vos injonctions à ne pas chercher, et comme des cons, c'est ceux qui voudront nous protéger de ces exploiteurs qui seront eux démunis et c'est nous au final qui ne bénéficieront pas des avantages que le savoir procure. Cherchez l'erreur, moi, elle me saute au visage.
Il y a trop de fautes d'argumentation dans ce paragraphe pour que j'y réponde.
Vous mélangez, comme je viens de vous le dire et comme beaucoup, hélas, deux choses et en condamnez une au nom de l'autre, un comble. La recherche et le développement des OGM n'ont rien de répréhensible en tant que tels, c'est même tout le contraire.
Je ne mélange rien. Je ne faisais que rejeter l'argument disant que puisqu'une chose a toujours existé au stade d'artisanat, alors l'industrialiser ne pose pas problème. Je n'ai donc pas condamné la recherche sur les OGM.
Ce qui est éventuellement condamnable dans le dossier des OGM, et plus largement la génétique, ce n'est pas la manipulation du vivant, laissons ce genre de respect idéaliste/connerie aux religieux et autres écologistes politiques (désolé pour eux, il n'y a jamais eu d'équilibre au sein du vivant, cette vision idéalisée de la nature est juste une hérésie, l'équilibre y est tout au plus dynamique, ce qui signifie que c'est la "guerre" en permanence et bien souvent l'éradication pure et simple du perdant), c'est l'industrialisation, soit tout autre chose que le savoir en tant que tel.
Or, l'industrialisation peut rendre n'importe quoi dangereux, le nucléaire, la médecine, les OGM, l'imprimerie, la télévision, internet, même la sociologie, lorsqu'elle s'en empare, j'en passe et des meilleurs, tout simplement parce que son pouvoir économique lui permet de transgresser les contrôles les plus élémentaires que nous pouvons politiquement décider... ou non.
Faut-il interdire toute connaissance sous couvert que des exploiteurs pourront toujours s'en servir contre nous ou lutter collectivement, politiquement contre les exploiteurs ?
Qui a défendu qu'il le faille?
Vous ne croyez donc pas, Yannick, qu'il y ait des industries plus dangereuses que d'autres ?
Pourtant celle de la manipulation mentale, pour moi, l'est, car elle dispose d'une assise et d'une disponibilité d'audience à nulle autre pareille. Plus de trois heures de présence quotidienne devant la télé en moyenne, et pas à regarder des documentaires sur les neurosciences, mais à être explicitement conditionné pour consommer. Les dégâts sont déjà énormes sur la société.
D'une part, comme je viens de le rappeler, Lordon part, concernant sa discipline, d'un postulat ontologique qui n'a rien de moins naturaliste et définitif que tout autre. Il est de surcroît amusant de mettre en avant les idiosyncrasies que nous sommes pour critiquer une discipline en plein essor, lorsqu'on sait ce qu'en fait la sociologie de ces particularismes. Passons.
Un postulat ontologique serait naturaliste...
Vous dites ça parce que la sociologie postule l'existence de faits de nature sociale ?
Vous seriez capable de mélanger une nature au sens de constitution d'une nature au sens de propriété intrinsèque, matérielle et objective ?
Si oui, c'est un argument qui relève du jeu de mots.
D'autre part, l'induction est au cœur de toute science. C'est pourquoi on ne peut, comme vous le faites, à la fois déplorer des généralisations faites à partir de cas peu nombreux et soutenir un Lordon qui ne veut pas que les fonds permettant d'analyser à une plus grande échelle soient réalisées. La manne financière est justement là, c'est son intérêt, pour faire le tri entre les hypothèses faites à partir de quelques cas et vérifier le bien fondé des théories élaborées, autrement dit, elle permet de garantir la valeur épistémologique. Cela n'a rien de surprenant, puisque l'exploitation n'est possible que si cela fonctionne.
Mais voyez-vous je m'en fous complètement de savoir si effectivement chaque être humain sur cette planète a telle réponse neuronale à tel stimulus. Je m'en fous de savoir si effectivement toute personne devient un peu moins empathique si on l'a ancrée à l'idée d'argent quelques secondes auparavant. Je m'en fous complètement de savoir que l'explication de ce fait pourrait venir du fait que certaines régions du cerveau ont été excitées et submergées de neurotransmetteurs de tel ou tel type.
Cela ne m'intéresse pas. Pas plus que de savoir si telle personne est dangereuse pour la société parce qu'elle a une démarche un peu bizarre. Ca ne m'intéresse pas d'équiper les villes de caméras de surveillance qui détectent automatiquement les "risques" à partir de l'analyse comportementale des gens. Cela ne m'intéresse pas qu'on me dise quel est le comportement normal dans telle situation, parce qu'un laboratoire en neurosciences en aura décidé ainsi.
La science n'est pas neutre, ne produit pas un savoir neutre. Le savoir est orienté et cette orientation dépend de la manière de concevoir l'objet étudié. Or je ne veux pas être considéré comme une machine à neurotransmetteurs, ni moi ni mes semblables. Et quand bien même des chercheurs pourraient établir une corrélation entre certain stimuli et certaines réponses, je ne veux pas qu'on bride le potentiel humain dans ces découvertes purement accidentelles. Accidentelles en ce sens que seule une manière de concevoir l'être humain les a permises, et qu'elles ne restent valides que dans la mesure où l'humain reste accolé à son modèle. Persuader les gens qu'ils sont d'une certaine manière est la plus solide chaîne qu'on puisse leur mettre aux pieds, aux mains, à l'imagination. Et je refuse de me laisser dicter ce que je suis et ce que je peux être, ce dont je peux être capable, juste parce que c'était ce dont était capable l'être humain à une certaine époque dans une certaine culture. Je ne veux pas que tout autour de moi s'uniformise parce qu'on a mesuré que dans telle situation, c'est ce stimulus qui optimise la quantité de neurotransmetteurs et pas un autre. On vit déjà bien assez dans un monde orwellien.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'abus et qu'il n'y en aura pas. Ainsi, l'industrie pharmaceutique tente toujours de raccourcir l'exercice de la preuve pour aller directement aux consommateurs, mais la faute n'en incombe pas à la connaissance médicale, mais à notre manque de contrôle des industriels. A vous suivre et à suivre le raisonnement de Lordon, on devrait également supprimer la recherche médicale, et les médicaments, le risque est trop important qu'un énième médiator puisse être mis sur le marché et tant pis si des antiviraux et autres milliers de médicaments peuvent être produit et sauver des gens et que d'autres ont même prouver qu'on pouvait politiquement s'opposer et s'approprier des brevets pour contourner l'avidité de certains.
Ce n'est pas parce que les industriels font parfois du mal que la "connaissance médicale" est, elle, exempte de fautes. Si elle n'est pas figée, il faut souvent beaucoup de temps pour qu'une pratique inutile, voire dommageable, finisse par être remise en cause, parce qu'une fois une "vérité" établie, une inertie se crée au niveau des pratiques. Les gens deviennent formés pour, les outils existent pour, les industriels fournissent le matos pour, c'est ce qui est remboursé par les mutuelles, etc.
Par aileurs, la recherche en médecine est un autre exemple où les fonds sont extrêmement mal répartis, avec par exemple 10 fois plus de fonds pour la recherche contre la calvitie que contre la malaria. La recherche en médecine non plus n'est pas neutre.
Intéressant retournement que vous opérez, vous passez d'un paragraphe où vous critiquez la généralisation dans les neurosciences à un autre où vous tentez d'en faire une à partir de l'exercice de quelques philosophes (qui est le plus réductionniste dans ce cas ?) qui ont réussi ou pensent avoir réussi à échapper à leur conditionnement biologique. Qu'on puisse échapper par l'exercice à sa condition, ne prouve qu'une chose, que la condition est première et qu'il y faut un effort soutenu, qui ne sera jamais la norme, parce qu'il est tout simplement effort.
Je ne faisais pas une généralisation, Yannick. J'apportais un éclairage sur justement la diversité des traditions qui fournissent des moyens de modifier son comportement face à des stimuli constants. Il y a un grand nombre de ces pratiques qui prouvent qu'une personne peut altérer son comportement. Cela ne signifie pas que toutes le veulent, ni que toutes celles qui le veulent le fassent. Au contraire, nous sommes tous des êtres avec un vécu différent, un rapport aux affects différents, etc.
Par ailleurs notez que cette notion de conditionnement biologique est très partiale (et moderne). Pour les stoïciens, il y a un conditionnement qui existe mais qui n'est pas biologique ; nous avons un état naturel qui est celui de vivre "en conformité avec la nature", c'est à dire en harmonie avec les événements qui ponctuent notre vie. Pour les stoïciens, c'est parce que nous dévions de ce conditionnement "naturel" que nous nous emportons, nous énervons, etc. et la démarche de la philosophie est de retrouver ce conditionnement. C'est une autre manière d'appréhender l'existence que de croire en un conditionnement biologique que seule une foi dans un matérialisme bas de gamme peut justifier.
Libre à vous, Guillaume de rejoindre les craintes de Lordon, mais vous n'êtes pas parvenu à les rendre plus rationnelles pour autant, loin s'en faut. Vous passez même régulièrement d'une condamnation épistémologique des neurosciences « dits scientifiques », critiquant les généralisations qui y sont faites, en en faisant vous-mêmes des opposées, tout en soulignant le caractère potentiellement dangereux de l'entreprise.
Merci de ne pas déformer, je parlais de résultats "dits scientifiques", pas des sciences en elles-mêmes. Un fait peut être critiqué sur sa scientificité, même s'il provient d'un laboratoire de recherche, même financé par le public.
Vous ne pouvez agiter les deux menaces simultanément (exploitation potentiellement nocive et manquement épistémologique), surtout lorsque la première est générique et ne mérite pas qu'on s'y attarde sérieusement, puisqu'elle se trompe de toute façon d'objet, prenant la science pour responsable de ce que nous n'avons pas le courage politique de nous occuper, à savoir, les intérêts privés que nous actons comme seul horizon et qui nous font préférer le suicide gnoséologique à la lutte permanente contre eux. Un comble, un triste paradoxe.
Bien sûr que si je peux agiter les deux "menaces" (mais ce ne sont que des critiques).
Parce qu'il ne suffit pas de dire "toute industrialisation est dangereuse" pour épuiser le sujet comme vous semblez le croire. Dans une société qui fait de la recherche publique, chaque citoyen se doit d'examiner vers où il veut orienter l'effort public, et que de mon point de vue celui-là est plus dangereux qu'un autre, car les citoyens même regroupés en associations n'auront jamais le même impact en utilisant les résultat de cette science que les grands groupes industriels et les grandes administrations (possédant seuls les infrastructures nécessaire à son utilisation de masse). Dans un pays où la démocratie n'a jamais été qu'une vaine intention, c'est inquiétant.
Et aussi parce que vous croyez vraiment que seul un "savoir réel" peut être dangereux ? Vous savez pourtant très bien que non.
Imaginez que je vous dise qu'un certain groupe d'humains s'est accaparé le pouvoir financier et est la cause de tous les maux du peuple.
Imaginez que je vous dise qu'on a mesuré de manière scientifique qu'un immense astéroïde va s'écraser sur la Terre l'an prochain.
Imaginez que je vous dise que vous êtes conditionné pour répondre d'une certaine manière à un certain stimulus, et que tout autre comportement est déviant.
Ce ne sont pas forcément des savoirs réels, mais ils sont dangereux, car si vous me croyez vous allez altérer votre comportement et au choix persécuter un bouc-émissaire, vous suicider dans le désespoir ou bien vous conformer à la volonté d'une autorité illégitime, et regarder de travers votre voisin qui ne fait pas comme il faut.
Pour conclure, je n'ai rien appris de nouveau sur votre position dans ces réponses, et vos critiques de ma position, quand bien même seraient véhémentes ou vindicatives, ne me paraissent plus empreintes de rationalité. Ainsi donc...
J'espère ne pas m'être emporté en vous répondant, si oui, je vous présente mes excuses.
Au plaisir,
Guillaume.
« ce sera mon dernier message à ce sujet. »
C'est vous qui voyez, moi, je réponds aux arguments que vous avez produit et avec lesquels je suis globalement en profond désaccord et que je combats donc. Je n'aurai rien contre, bien au contraire, à ce que vous repreniez quelques points pour répondre à certains arguments que je développe de nouveau, si vous le jugez utile.
« Permettez-moi de faire cette remarque, que votre manque de respect pour ce qu'exprime l'interlocuteur est lassant. On ne peut pas s'en sortir, comme vous essayez de le faire si souvent, en déformant et ignorant les subtilités du discours de l'autre. Si vous ne respectez pas un minimum l'intelligence de celui à qui vous vous adressez, vous ne pouvez au final que répondre à votre propre compréhension d'un problème, sans répondre aux autres manières de l'aborder. C'est le meilleur germe du dialogue de sourds. »
Comme vous, j'essaie de déformer aussi peu que possible le discours auquel je réponds. Je ne dois pas être beaucoup plus efficace que vous sur ce point, car, je n'ai pas eu l'impression que mes propos aient été plus respecté que vous vous ne l'avez eu avec les vôtre.
Quant au dialogue de sourds, c'est fort possible que nous soyons sur ce terrain, mais peu importe, il ne s'agit pas tant de vous convaincre ou d'être convaincu par vous que d'écrire pour préciser sa pensée pour les tiers qui pourraient passer par ici.
De toute façon, violence, il y aura à la fin, puisque nous sommes radicalement opposé sur cette question et que nous tenons tous deux à nos positions.
« Vous inversez complètement la charge de la preuve, Yannick. C'est aux neurosciences d'apporter la preuve qu'elles permettent de comprendre, d'expliquer, de prédire des phénomènes d'échelle sociale, pas aux autres sciences de prouver qu'elles ne peuvent pas. »
Non, justement, je n'inverse rien, car, la preuve, les sciences cognitives l'apportent déjà, petit à petit, l'édifice se construit, grandit. Faut-il encore vouloir prendre en considération la direction que prennent ces petits pas. Ce que ne veut absolument pas faire Lordon, me semble-t-il.
Il n'est pas plus risible ou irrationnel de passer du comportement de quelques individus à celui de millions d'autres, par induction, que cela ne l'est de faire de même avec des cellules, qu'on n'a pas davantage examinée une à une, dans leur idiosyncrasie. Cette méconnaissance du cas par cas ne nous empêche pas de faire de la médecine depuis des millénaires, avec un solde plus que positif au final.
« La connaissance d'une corrélation entre un stimulus et une réaction biologique peut avoir une valeur épistémologique dans le domaine de la biologie, et en même temps n'en avoir aucune dans le domaine de la sociologie. »
C'est possible, quoi que peu probable, la sociologie ne traitant pas d'autres choses que du vivant à une échelle particulière, échelle dont on ne peut stipuler la radicale spécificité qu'à la postuler, sans autre bonne raison que de préserver son petit territoire d'expertise, son petit joujou. C'est aussi stupide de dissocier la sociologie du reste du vivant que de vouloir dissocier l'analyse des espèces vivantes de celui de leur gène, et pourtant, cette stupidité a été défendu... sans grand succès, si ce n'est celui de rendre plus visible encore ce même genre de tropisme plus égotiste que scientifique.
« Et ce n'est pas parce qu'on a établi une corrélation entre un type de réaction du cerveau et un phénomène social, que systématiquement il y a un lien épistémologique entre les deux. Il y a bien des manières de mesurer des corrélations, certaines viennent d'un lien de causalité, d'autres d'accidents purs et simples. »
Si c'est pour me sortir que toute corrélation n'est pas causale, c'est une lapalissade qui s'applique également à la sociologie, et à toutes les disciplines scientifiques dont l'une des principales tâches est justement de distinguer entre corrélation et causalité, de faire ce tri élémentaire. Les sciences cognitives n'y échappent pas et bien que l'on puisse discuter de la pertinence de telle ou telle donnée, on ne peut affirmer que cette discipline se soustrairait plus qu'une autre à cet impératif.
« Et puis, Yannick, quitte à réduire, pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas faire uniquement de l'électrodynamqie quantique ? Après tout, tout phénomène biologique qui se passe dans le cerveau peut très bien être expliqué par des intéractions entre électrons et photons. Et les lois qui régissent ce domaine sont déjà très bien connues. Pourquoi passer par l'intermédiaire des neurosciences ? »
En effet, et contrairement à votre présentation ironique de la chose, il n'y a aucune raison de s'arrêter dans la chaîne causale. Il n'y a que de mauvaises raisons de postuler qu'on doive s'arrêter au biologique, on doit aussi prendre en compte la physique. C'est d'ailleurs ce qu'on fait lorsqu'on fait de la biochimie. Pour la mécanique quantique, cela se fait à l'échelle appropriée. Passée cette échelle, l'effet n'est plus appréhendée quantiquement, mais chimiquement, biochimiquement, génétiquement, cellulairement, organiquement, mais cela ne veut pas dire qu'un niveau annihile ou récuse le précédant, bien au contraire, il l’intègre, intégration que Lordon, encore une fois, ce refuse à vouloir entériner.
« Enfin, avoir une valeur épistémologique ne justifie pas toute recherche. La valeur épistémologique de la connaissance de la réaction des corps humains au froid est grande. Pourtant, les pratiques horribles des nazis (auxquelles nous devons quasiment toutes nos connaissances sur ce sujet) en sont-elles pour autant à défendre ? »
Vous démontrez par l'absurde ce que j'ai déjà souligné, à savoir que ce n'est pas la recherche qui est en cause ici, mais bien une dérive qui ne lui est pas consubstantielle, mais purement contingente et qui peut et doit donc être sanctionnée. Heureusement qu'on étudie encore la réaction des organismes humains au froid, bien après le régime nazi et qu'on n'a pas supprimé les crédits pour ce genre de recherche, mais simplement les nazis et leur manière barbare de faire de la recherche, soit, une chose totalement différente.
Ce n'est pas la recherche qui ici est en cause, comme vous le dites, c'est la méthode employée. Or, autoriser une recherche, ce n'est pas autoriser toutes les méthodes pouvant l'alimenter.
Si à l'inverse, vous partez du principe que c'est inévitable, je vous le redis, abandonnons immédiatement toute recherche, dans tous les domaines, puisqu'il est toujours possible de faire de la bonne recherche n'importe comment, y compris avec le sujet le plus anodin.
« Vous êtes très naïf sur la question, me semble-t-il. La recherche du profit de l'investissement n'est pas identique à la recherche du bien commun, du profit de tous. »
Je ne pense pas avoir laissé entendre cela le moins du monde. Ce qui ne veut pas dire que la recherche du profit ne peut aussi aboutir, parfois, au bien commun.
« Il se peut très bien que des investissements lourds ne se fasse qu'en vue du profit de certains, voire du profit de certains et au détriment du reste. Et c'est là que le débat n'est plus épistémologique mais devient politique. »
C'est bien la raison pour laquelle le problème, lorsque la recherche se fait au « détriment du reste », n'est pas épistémologique, mais politique. L'invoquer pour discréditer une recherche particulière est inapproprié, puisque ce reproche est de toute façon générique. Reprenez votre exemple sur l'étude du froid sur les organismes humains, il démontre amplement que c'est la dimension politique et non scientifique qui ici est en cause.
Ne sanctionnons pas les sciences parce que nous sommes lâches ou impuissants politiquement, puisque si tel est le cas, si nous entérinons ce fait, notre impuissance politique, nous serons de toute façon exploité par n'importe quoi, la religion par exemple, sans en tirer plus de profit intellectuel ou en matière de confort existentiel, loin s'en faut.
« « A cela, vous ajoutez un principe selon lequel le financement en science est d'autant plus important que l'utilisation est perverse. » [...]
Je n'ai rien dit de tel. »
J'ai du mal à ne pas aboutir à cette conclusion, lorsque vous écrivez ceci : « les utilisations perverses qui en sont et seront faites et qui sont nourries par des financements espérant en retirer un retour sur investissement juteux », mais je prends acte de votre réponse.
« une agriculture, dans de nombreux pays, complètement à la botte de quelques firmes vendeuses de semences. »
Oui, c'est dommageable, pas épistémologiquement parlant, mais politiquement. Que nous soyons impuissant à sanctionner les grands du secteur agroalimentaire est un problème politique, pas scientifique. Les fruits de la recherche sur les OGM seraient les mêmes (à un rythme différent tout au plus et encore) si nous avions le pouvoir politique d'imposer à ces exploiteurs de ne pas se comporter comme ils le font. Il suffit par exemple d'interdire le dépôt de brevet sur le vivant ou sur une quelconque technique dérivée d'une connaissance produite par le secteur public. Bref, il y aurait à faire contre les industriels qui usent et abusent de ce que la science peut produire, sans s'attaquer bêtement à la science en tant que telle.
« Je ne faisais que rejeter l'argument disant que puisqu'une chose a toujours existé au stade d'artisanat, alors l'industrialiser ne pose pas problème. »
Pas de problème en soi. On peut parfaitement imaginer et réaliser un usage raisonnable de nos connaissances en génétique, comme on peut le faire avec le nucléaire. Les OGM ne sont pas nocifs parce qu'industriellement exploité, mais parce qu'exploité par une industrialisation non contrôlée, non encadrée. Ce n'est pas la massification qui pose ici problème, ce n'est pas le passage de l'artisanal à l'industriel, mais c'est la privatisation en dehors du contrôle du secteur public qui se laisse corrompre ou n'a pas le courage politique de s'opposer au desiderata de certains acteurs du secteur industriel qui constitue le problème. Il ne tient qu'à nous. Comme nous avons pu nous opposer aux dérives du nazisme pour poursuivre sur votre analogie.
« Vous ne croyez donc pas, Yannick, qu'il y ait des industries plus dangereuses que d'autres ? »
Non, il n'y a pas d'industrie plus dangereuse qu'une autre, je peux vous faire un scénario catastrophe avec n'importe quelle industrie, que cela soit par l'imagination ou en puisant dans les données historiques.
Ce sont des comportements qui sont plus dangereux que d'autres.
Or, nous pouvons et donc devons sanctionner ces comportements. Les industries sont potentiellement dangereuses dès lors que nous ne les contrôlons plus, reprenons le contrôle. Ce n'est pas naïf, c'est le seul projet politique qui vaille. Le fait de s'amputer parce qu'un esclavagiste pourrait nous exploiter n'est pas la bonne solution.
« Pourtant celle de la manipulation mentale, pour moi, l'est, car elle dispose d'une assise et d'une disponibilité d'audience à nulle autre pareille. Plus de trois heures de présence quotidienne devant la télé en moyenne, et pas à regarder des documentaires sur les neurosciences, mais à être explicitement conditionné pour consommer. Les dégâts sont déjà énormes sur la société. »
J'ai un problème avec ce genre de discours. A le suivre, il faut aussi interdire la littérature, car, il faut voir ce que les gens lisent majoritairement, idem avec le cinéma, la musique... et ceci était valable bien avant le développement de la télévision, dans des proportion tout aussi inquiétante. Je n'ai pas souvenir d'un âge d'or de la réflexion à l'échelle du peuple, bien au contraire.
Si c'est pour convenir que malgré des siècles de production intellectuelle, des médiathèques comme il n'en y a jamais eu dans l'histoire, et la démocratisation d'internet depuis une bonne décennie qui permet d'accéder légalement et illégalement à plus de savoir que nous ne sommes capable d'en ingérer, nous continuons majoritairement à nous comporter comme des abrutis, oui, c'est un triste constat. Il suffit de regarder les millions de manifestant contre le mariage pour tous pour comprendre que nous sommes encore proche du moyen-age par bien des points.
Mais qui en est le responsable ? Je pencherai bien plus volontiers par la condition salariale à temps complet. Quant à l'émancipation, elle a lieu, tout le temps, de tout temps, y compris sous l'ère télévisuelle, mais elle reste toujours l'exception. Faut-il s'en étonner ? Il faudrait peut-être étudier nos comportements moutonniers pour le comprendre.
« Mais voyez-vous je m'en fous complètement de savoir si effectivement chaque être humain sur cette planète a telle réponse neuronale à tel stimulus. […] Cela ne m'intéresse pas. »
C'est votre droit, mais d'autres s'en préoccupent, ne veuillez donc pas interférer en souhaitant interdire ce genre de recherche.
« Pas plus que de savoir si telle personne est dangereuse pour la société parce qu'elle a une démarche un peu bizarre. Ca ne m'intéresse pas d'équiper les villes de caméras de surveillance qui détectent automatiquement les "risques" à partir de l'analyse comportementale des gens. Cela ne m'intéresse pas qu'on me dise quel est le comportement normal dans telle situation, parce qu'un laboratoire en neurosciences en aura décidé ainsi. »
Non, le laboratoire ne décidera pas, c'est nous, politiquement qui décideront si tel ou tel comportement est normal, à risque ou pas. Une étude en science cognitive peut venir nous dire éventuellement que l'attention d'un automobiliste est réduite de tant de % en moyenne lorsqu'il téléphone ou envoie un SMS, parce que cérébralement, il n'est pas capable de se dissocier à ce point et de gérer autant d'information, ce qui se traduira, toute chose égale par ailleurs par une augmentation du nombre de mort sur les routes. C'est alors à la société civile de savoir si elle va sanctionner ou non et surtout comment, avec quelle force, ce type de comportement en fonction de cette connaissance et/ou si elle va développer des véhicules sans chauffeur, histoire de répondre à ce besoin compulsif qu'on les automobilistes de ne pas se préoccuper de leur conduite.
« Or je ne veux pas être considéré comme une machine à neurotransmetteurs, ni moi ni mes semblables. »
C'est votre problème, encore une fois. Mais vous savez, le déterminisme scientifique n'est que rarement un déterminisme dont vous pouvez faire un usage opérationnel, qui modifie vos relations humaines. Cela dit, je préfère savoir ce qu'entraîne sur ma personne la consommation de telle ou telle substance, que de le nier pour retrouver une soi-disant souveraineté sur ma personne. On n'est jamais aussi libre que lorsqu'on connaît ce qui nous contraint. La politique de l'autruche n'est pas ma tasse de thé. Hélas, ceux qui veulent dormir et ne pas voir finissent toujours par imposer le silence et les ténèbres à tous.
« Et quand bien même des chercheurs pourraient établir une corrélation entre certain stimuli et certaines réponses, je ne veux pas qu'on bride le potentiel humain dans ces découvertes purement accidentelles. Accidentelles en ce sens que seule une manière de concevoir l'être humain les a permises, et qu'elles ne restent valides que dans la mesure où l'humain reste accolé à son modèle. »
Euh... que vous le vouliez où non, même Socrate est mort de l'effet de la ciguë.
« Persuader les gens qu'ils sont d'une certaine manière est la plus solide chaîne qu'on puisse leur mettre aux pieds, aux mains, à l'imagination. Et je refuse de me laisser dicter ce que je suis et ce que je peux être, ce dont je peux être capable, juste parce que c'était ce dont était capable l'être humain à une certaine époque dans une certaine culture. »
Prévenez moi lorsque vous sauterez par la fenêtre Guillaume, que je puisse m'écarter un instant, car, je dois l'avouer, je suis encore conditionné par ce que Newton a démontré et malgré mes heures de lectures enfantines et autres visionnages télévisées d'adaptation de comics, je ne crois toujours pas que je sois capable de m'affranchir de la gravité sans équipement particulier. Je ne crois pas non plus que je puisse boire du GHB dans un lieu public sans prendre de risque pour mon intégrité, sans même parler d'une bouteille de whisky, c'est vous dire comme j'ai tendance à me réduire à ce que disent des millions d'expériences ordinaires et quelques-uns personnelles, faites depuis des siècles ou des années et que les neurosciences viennent étayer et éclairer.
« Ce n'est pas parce que les industriels font parfois du mal que la "connaissance médicale" est, elle, exempte de fautes. »
Et ce n'est pas parce qu'il y a des fautes médicales, comme il y a des erreurs d'interprétations dans toutes les sciences, ou que de mauvaises pratiques perdurent plus que nécessaire (cf. Kuhn encore une fois) qu'il faille préférer s'en passer et tourner le dos à ce qu'elles nous apportent globalement. La science n'est pas infaillible, mais elle intègre, elle, les moyens de remédier à ses erreurs. C'est déjà énorme.
« Par aileurs, la recherche en médecine est un autre exemple où les fonds sont extrêmement mal répartis, avec par exemple 10 fois plus de fonds pour la recherche contre la calvitie que contre la malaria. La recherche en médecine non plus n'est pas neutre. »
Que la recherche ne soit pas neutre ne signifie pas qu'elle ne soit pas juste. Il ne tient qu'à nous de rééquilibrer ce que notre lâcheté politique nous a laissé abandonner aux seuls caprices de certains actionnaires. C'est ce qui se fait d'ailleurs ce week-end avec le sidaction.
« C'est une autre manière d'appréhender l'existence que de croire en un conditionnement biologique que seule une foi dans un matérialisme bas de gamme peut justifier. »
Jugement de valeur qui ne regarde que vous. Le réductionnisme, le déterminisme, le matérialisme ne m'ont jamais empêché de rêver, par contre, ceux qui ne voulaient pas en entendre parler, eux, si.
« Merci de ne pas déformer, je parlais de résultats "dits scientifiques", pas des sciences en elles-mêmes. Un fait peut être critiqué sur sa scientificité, même s'il provient d'un laboratoire de recherche, même financé par le public. »
C'est alors une critique générique, encore une fois, elle ne peut donc servir à critiquer telle ou telle recherche en particulier. Toute recherche particulière peut être remise en question, sans pour autant que la discipline qui l'accueille le soi, elle.
« Parce qu'il ne suffit pas de dire "toute industrialisation est dangereuse" pour épuiser le sujet comme vous semblez le croire. Dans une société qui fait de la recherche publique, chaque citoyen se doit d'examiner vers où il veut orienter l'effort public, et que de mon point de vue celui-là est plus dangereux qu'un autre, car les citoyens même regroupés en associations n'auront jamais le même impact en utilisant les résultat de cette science que les grands groupes industriels et les grandes administrations (possédant seuls les infrastructures nécessaire à son utilisation de masse). Dans un pays où la démocratie n'a jamais été qu'une vaine intention, c'est inquiétant. »
Tout industrialisation est potentiellement dangereuse, si nous ne la contrôlons pas collectivement. Votre paragraphe ne fait que réaffirmer ce que je souligne, à savoir que c'est notre déficit de contrôle qui est responsable de ce qui nous accable, et certainement pas une discipline en particulier. Il ne tient qu'à nous de reprendre le contrôle, mais nous ne gagnerons rien à rester dans l'alternative radicale selon laquelle puisque nous n'avons pas le contrôle, autant ne pas avoir le savoir. Comme si nous étions plus protégé des manipulations et autres dérives, comme si nous étions plus libre en nous mettant des œillères...
« Et aussi parce que vous croyez vraiment que seul un "savoir réel" peut être dangereux ? Vous savez pourtant très bien que non. »
Je parle de science, pas de religion, pas de rumeur, de superstition. Et il est facile de discriminer parmi les exemples que vous donnez ceux qui sont réels de ceux qui sont factices. La science peut se tromper évidemment dans son diagnostique, par exemple, ce n'était pas un astéroïde composé de fer, mais d'eau, sorry, rentrez chez vous, comme c'est le cas de tous les autres systèmes d'analyse du réel, elle a cependant cet avantage sur tous les autres, elle sait s'amender, elle, pour peu qu'on la pratique.
« J'espère ne pas m'être emporté en vous répondant, si oui, je vous présente mes excuses.
Au plaisir, Guillaume. »
Nulle excuse n'est à me présenter, je vous lis depuis suffisamment longtemps pour que même en total désaccord avec vous, même en haussant le ton, je prête l'oreille à ce que vous écrivez. J'espère que nous sommes au-dessus de cela, que nous échappons à notre conditionnement sur ce point. Que cela soit en prenant sur soi, ou un petit verre ou les deux. ;)
Au plaisir.
Merci pour votre réponse. Si je ne réponds pas plus avant, c'est aussi par contrainte de temps.
Mais puisque vous m'y invitez, quelques dernières remarques, sans répondre point par point.
Il est trop aisé de dissocier complètement connaissance scientifique et action/mérite politique de la part de la population. C'est une simplification qui semble partir du postulat que toute connaissance est bonne à prendre indépendamment de ses conditions de production, et que le citoyen n'a qu'à s'en prendre à son manque de contrôle politique si les retombées d'une découverte scientifique s'abattent sur lui. Je voudrais bien considérer d'accepter ce genre d'argument si la recherche était transparente, entièrement publique, l'accès à ses résultats entièrement gratuits, et le débat public autour de ses questions bien nourri. On en est très loin. A partir du moment où des intérêts privés contrôlent au moins partie de la recherche, et donc soustrait la recherche à la transparence, on ne peut plus s'en remettre à cette séparation complète entre savoir et politique.
Dans vos réponses, je trouve que vous passez souvent à côté de ce que j'essaie de vous dire. Vous me parlez des apports des neurosciences à la compréhension de la réaction du cerveau à des substances ingérées. Je pensais qu'il était clair que je ne parlais pas de ce genre d'études, mais de celles qui ont à voir avec l'étude du comportement ; je ne me plaçais pas du tout dans ce type de registre de stimuli (ni Lordon dans ses critiques). Les exemples que vous donnez sont du ressort globalement de la médecine, mais permettent difficilement une quelconque manière de concevoir autrement des phénomènes sociaux.
De même, lorsque je parlais du modèle humain, je ne parlais pas de l'aspect biologique ni gravitationnel, mais justement de la manière dont la neuroéconomie et l'économie comportementale considèrent l'agent économique qu'est l'individu.
Si vous lisez Ariely, il vous décrètera par exemple en préambule de ses travaux quelle est la bonne manière de considérer ce qu'est la dépense d'argent (qui est pour lui un arbitrage entre ce qu'on acquiert et l'ensemble des choses dont on se prive en acquérant ce qu'on achète), avant de vous expliquer pourquoi vous en avez une idée intuitive fausse. Ariely vous expliquera que vous ressentez de la souffrance à payer quelque chose, et plus de souffrance à payer en liquide que par carte de crédit. Et ainsi de suite sur votre comportement, sans poser une fois la question des conditions de ces comportements ou ressentis, dans lesquels par exemple je ne me retrouve absolument pas.
Ses raisonnements reposent sur foule de postulats, et qui sont eux-mêmes déjà politiques dans la manière dont ils considèrent l'être humain. Il m'apparaît très clair que les conclusions qu'il en tire sont elles-mêmes foncièrement politiques. C'est ce genre de choses que je critique, et c'est dans ce sens que je comprends la critique de Lordon.
Je n'ai pas le temps de finir mon message. Mais je vous invite à vous pencher sur les résultats de recherches en neuroéconomie et économie comportementale, et me dire là dedans comment distinguer les choses qui décrivent un état objectif du monde et celles qui décrivent un état souhaité du monde.
Au plaisir,
Guillaume.
« Il est trop aisé de dissocier complètement connaissance scientifique et action/mérite politique de la part de la population. C'est une simplification qui semble partir du postulat que toute connaissance est bonne à prendre indépendamment de ses conditions de production »: Guillaume Andrieu
Non, ce n'est pas le postulat de départ, toute connaissance n'est pas bonne à prendre indépendamment de ses conditions de production. Nullement, rappelez-vous votre exemple sur le nazisme. Il y a toujours une mauvaise manière de faire de la recherche, cela ne signifie pas qu'il faille ne pas en faire... de la bonne manière. Or, seul le politique ou plus exactement la négation des intérêts particuliers peut permettre cela. Ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain.
« le citoyen n'a qu'à s'en prendre à son manque de contrôle politique si les retombées d'une découverte scientifique s'abattent sur lui. Je voudrais bien considérer d'accepter ce genre d'argument si la recherche était transparente, entièrement publique, l'accès à ses résultats entièrement gratuits, et le débat public autour de ses questions bien nourri. On en est très loin. A partir du moment où des intérêts privés contrôlent au moins partie de la recherche, et donc soustrait la recherche à la transparence, on ne peut plus s'en remettre à cette séparation complète entre savoir et politique »
Il ne s'agit justement pas de s'en remettre à, de considérer qu'elle est acquise, mais bien au contraire, de partir du principe qu'elle est toujours à rechercher, puis à entretenir, à maintenir, à garantir. Au lieu de considérer comme indépassable le fait qu'elle ne soit pas, parce qu'il existera toujours des intérêts particuliers, il faut systématiquement et impérativement s'efforcer qu'elle soit le plus assurée possible, cette séparation.
Ce n'est qu'à cette condition qu'on ne se trompe pas de responsable et que le savoir est possible. Ce n'est pas la recherche qui est ici coupable, c'est le fait qu'on laisse d'aucuns en user à leur seul profit.
« Ariely vous expliquera que vous ressentez de la souffrance à payer quelque chose, et plus de souffrance à payer en liquide que par carte de crédit. Et ainsi de suite sur votre comportement, sans poser une fois la question des conditions de ces comportements ou ressentis, dans lesquels par exemple je ne me retrouve absolument pas.
Ses raisonnements reposent sur foule de postulats, et qui sont eux-mêmes déjà politiques dans la manière dont ils considèrent l'être humain. Il m'apparaît très clair que les conclusions qu'il en tire sont elles-mêmes foncièrement politiques. C'est ce genre de choses que je critique, et c'est dans ce sens que je comprends la critique de Lordon. »
Encore une fois, je ne pense aucunement que la critique de Lordon soit circonstancielle. Elle est au contraire générique, elle porte sur toute « biologisation » des sciences sociales. La raison pour laquelle je le pense, ce n'est pas simplement parce que je l'ai écouté (comme vous qui en tirez d'autres conclusions), c'est également parce qu'en toute logique, si tel était son propos, condamner certains analyses des neurosciences parce qu'orientées politiquement, cela ne permettrait pas de rendre compte de son attitude.
Après tout, il est bien placé pour savoir que l'économie (comme nombre d'autres disciplines) est aussi gangrénée par certaines orientations politiques guère plus reluisantes que celles que vous soupçonnez dans les sciences cognitives et il continue pourtant à produire des analyses dans ce domaine. Preuve par l'absurde que ce n'est pas ici une orientation qu'il condamne, mais toute orientation qui pourrait être donnée en partant de ce type de donnée.
Personnellement, je n'ai rien contre la « psychologisation » de l'économie et des sciences sociales, bien au contraire, cela m'est plus utile pour saisir ce qui se passe en nos vies, comme actuellement en politique, que toute connaissance de la titrisation ou des paradis fiscaux. Chacun son truc, son point d'accès. Car, pour reprendre une expérience qui donne le titre d'un ouvrage du philosophe Ruwen Ogien, partisan de la philosophie morale expérimentale, je conçois aisément que « l'exposition à certaines bonnes odeurs » puisse avoir « des relations positives avec le fait de se comporter de façon généreuse » (« L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine », Grasset, 2011, p.207). Cette connaissance prosaïque, empirique, m'éclaire davantage que bien d'autres discours. Mais, continuez donc à faire de l'économie, de la sociologie, je n'ai rien contre. La complémentarité est de mise, pour peu qu'on n'ait pas peur de se faire phagocyter et digérer, ce qui est toujours possible et n'a rien de préjudiciable en soi. L'important n'est pas de préserver sa boutique, mais la circulation du savoir.
yG
Par ailleurs, j’ai très peu apprécié la façon dans AS Jacques était traitée par D Schneidermann dans cette émission : coupée de façon brutale pour que S Bohler puisse placer sa fameuse chronique, puis finalement tout simplement exclue des remerciements en fin d’émission. Très gracieux !
Je nuancerais un peu.
D'abord, j'ai eu l'impression qu'il s'agissait plus d'un souci de conduite du débat par DS. Je me demande d'ailleurs comment se place Anne-Sophie dans le dispositif : dans l'équipe d'ASI? conduisant de concert le débat avec DS? ou du côté des inervenants, comme sa position physique semble l'indiquer?
S'agissant de brutalité, je n'ai pas trouvé cela brutal, et je compare la situation d'Anne-Sophie avec celle de Laure Daussy. Cette dernière me semble plus "maltraitée" qu'"Anne-So" (cf l'émission du 22 février sur le prix WorldPress par exemple, mais il y en a d''autres). Cela tient peut-être de la distribution des rôles entre DS et son équipe, je n'en sais rien.
je mythifierai ce débat visiblement d'anthologie, avec les rôles de la bonne pour anne-sophie jacques, de la brute attribuée à daniel schneidermann, et du truand méritée par sébastien bohler...
Je suis assez d'accord avec vous la place d'Anne-Sophie Jacques était un peu ambiguë dans le dispositif.
Je trouve que sur ce coup c'était très bien, elle est intervenue pour vulgariser un peu, poser les termes du débat, lancer les reportages, rappeler quelques faits d'actualité et dans ce rôle elle est parfaite.
A l'inverse, invitée dans le débat (qui n'en fut pas un) avec Soumier de BFM au sujet de son livre, elle a été submergée et le chroniqueur a eu tout loisir de bouffer l'espace et le temps de parole.
Quant à Laure Daussy elle est beaucoup plus souvent coupée, et sèchement.
Et, ouf, merci à Lordon enfin de mettre le doigt sur le problème de la neuroscience tendant à dépolitiser totalement tout discours.
Désolé, S. Bohler!
Sinon, j'ai trouvé le débat passionnant. J'aime quand on me parle d'économie comme ça. Lordon rend l'économie (à laquelle je suis profondément allergique) presque belle ;o))... (zut, mes amygdales ne baignent pourtant pas dedans).
Par ailleurs le gentil Boehler aurait pu faire remarquer que dans le secteur de la critique des médias, c'est tout l'inverse, ce sont les sciences sociales qui ont presque tout le crachoire et on voit rarement des neurosciences nous expliquer celle ci ; on a au contraire systématiquement un angle social et politique.
Dans l'exemple donné, l'analyse de Lordon est invalidée par les faits. Si le caractère anxiogène des médias s'expliquait par le haut, qui possède quoi, quels intérêts, etc, l'information libre sur internet ne serait pas anxiogène. Elle l'est encore plus. Et là la messe est dite : que vous preniez un neurologue ou un ethologue qui vous montre que dans toute tribu on a des montages de bourrichons anxiogènes à intervalles réguliers même sans TF1, vous devez bien comprendre que non, tout n'est pas social ou politique. Mais pour ça, il faut admettre que nous sommes en partie susceptibles de réagir de façon mécanistes à nos déterminismes, que nous ne sommes pas tous en controle. Regardez Lordon, son language si controlé, son énergie jeté dans la puissance de l'effort intellectuel, de la conceptualisation, du controle : ce n'est pas exactement le type de profil prêt à capituler facilement face aux données expérimentales sur ces questions. Et le fait de le retrouver lui dans sa branche menacée par celle là explique la posture défensive, toute en controle donc puisque chez Lordon tout est controle.
Bien sur, l'évidence est que les deux approches sont complémentaires ce que beaucoup de chercheurs des deux branches considèrent comme une évidence. Les équipes mixtes sont fréquentes au moins dans certaines branches - peut être pas en économie, je ne sais pas.
que vous preniez un neurologue ou un ethologue
STOP, LAPSUS, un éthologue étudie le comportement des animaux. D'accord, l'homme est un animal.... pensant.
Les ethnologues, les sociologues (etc.) tentent de nous donner à voir des structures sociales : ces toiles de relations, d'obligations, de modes de communications, ces représentations du monde, de ce qui peut être perçu (autant de filtres culturels), etc. Autant de structures qui modulent les réponses possibles à la panique. Les modèles sociologiques sont, pour moi, plus pertinent car ils permettent pour donner du sens. Ils dépassent l'observation et l'analyse pour tenter une synthèse, toujours amendable et perfectible. Ils fournissent, d'autre part, un cadre criticable (et à critiquer) qui s'incrit dans une théorie.
L'argument des tribus qui ne regardent pas TF1 et qui peuvent ressentir de l'insécurité face à des évènements réels ou redoutés me semble pour le moins curieux: ces bons sauvages ne seraient-ils donc que des cerveaux sur pattes qui vivent en horde primitive sans organisation sociale ni politique, contrairement à nous autres civilisés qui pouvons quand même de temps en temps maitriser nos pulsions grâce notre cortex préfrontal bien développé (:-)?
Je ne comprends pas pourquoi le déterminisme ressortirait fatalement au courant électrique dans nos cerveaux.
En effet ! That is the question.
J'ajoute que si le déterminisme ne ressortit pas du courant électrique, celui-ci sort bel et bien par le pôle + !
Conventionnellement, cher Julot, conventionnellement.
C'est nous qui avons décidé.
si je peux me permettre
On enfonce des portes ouvertes, ou plutôt on explique comment la porte ouverte génère un mouvement de masse d'air par l'intermédiaire d'une pression légère sur la large surface moléculaire ligneuse, conduisant à un dégagement spatial permettant la circulation d'êtres vivants.
J'ironise, mais sérieusement, je trouve que les propos ne sont pas novateurs ; ils permettent une plongée dans la mécanique (pour reprendre le terme de DS) neurobiologique. Mais on n'avait pas besoin de ça pour comprendre le rôle anxiogène des médias. L'intérêt de ce que dit SB, c'est qu'il explique que des scientifiques le prouvent. Il faut bien le faire aussi. Ça prouve aussi la complémentarité des sciences. Mais j'ai personnellement du mal à accrocher.
Tout dépend ce que vous appelez par comprendre le rôle anxiogène des médias. On pouvait tout aussi bien s'arrêter à la compréhension du monde par la bible et/ou le coran, d'ailleurs des milliards d'invidivus ne font, hélas, que cela, pour voir en eux le grand satan. L'intérêt de pousser le raisonnement et la causalité le plus loin possible, le plus précisement possible, c'est de fournir des modèles qui peuvent nous aider tout autant à augmenter l'exploitation, comme le crient les alarmistes (qui sont en fait bien souvent intérêssés par la manne qui passe sous le nez de leur discipline) qu'à la biaiser, la supprimer. Diantre, si on va par là, pourquoi l'astrophysique ? La théorie des sphères était bien suffisante pour rêver un soir d'été. Et qu'est-ce qu'Einstein est venu nous emmerder, sans parler par la suite de la mécanique quantique, lorsqu'on se débrouille bien assez avec Newton... J'vous jure.
yG
Je ne suis par ailleurs pas alarmiste vis-à-vis des sciences, car je pense, comme vous, que tout est question d'usage. Avec le nucléaire, on a fait progresser la médecine, et on a rasé Hiroshima...
Je partage volontiers toutes les critiques faites à la psychologie et aux neurosciences, mais il ne faut pas non faire l'erreur de penser que c'est complétement foireux ou inintéressant.
J'aime beaucoup Lordon mais je trouve sa critique un peu rapide, j'ai beau chercher dans "Capitalisme, désir et servitude" je ne vois pas beaucoup de théories corroborées par des données expérimentales, comme c'est coutume en psychologies et en neuroscience.
Ces clignotements cervicaux anxiogènes ? Point ressentis.
Education, éducation et éducation !
Apprendre à lire, à entendre & à "voir" entre les lignes : du basique !
Le libre arbitre suit automatiquement.[/large]
Rien de grave, vous adoptez juste une démarche natuelle et efficace théorisée par Staline : « quand vous ne pouvez pas vous en prendre aux idées, prenez vous en aux personnes ».
Les approches réductionnistes, voir mécanistes exposées par Sébasiten Bohler peuvent vous sembler critiquable, mais pourquoi ne pas en faire la critique?
C'est une très bonne nouvelle, l'article 63 est une débilité d'un dogmatisme néolibéral total qu'il faut violer tous les jours en se levant le matin.
Je vois d'autres articles stupides du TFUE violés:
- article 124, qui dit pas touche aux banques
- article 125, qui dit que les états ne s'entraident pas. De ce que j'ai compris, on a créé le MES pour être raccord avec l'article 125: au lieu des états qui aident les états, les états répondent au appels de fonds du MES, qui prête aux états. Ce que je n'ai pas compris, c'est pourquoi on utilise pas le MES.
Il ne manque hélas que le coeur du système, l'article 123: la BCE ne prête pas aux états. Néanmoins on a ici démontré qu'on peut s'affranchir des règles de l'UE, et que tout ceux qui nous disent que c'est impossible ne sont juste pas volontaires pour faire évoluer le système.
Il a un côté Jean-Pierre Pernaut des neurosciences : il vient juste pour faire de l'enrobage en balançant une volée de noms d'aires cérébrales et de jolies images, quelques affirmations partielles extraites de quelques publications judicieusement sélectionnées pour soutenir son interprétation personnelle, et hop là emballez c'est pesé ma bonne dame, après tout le cerveau c'est pas si compliqué, non mais qu'est-ce que vous croyez ?
Escamoté, l'océan d'inconnu qui entoure les micro-ilôts des connaissances scientifiques actuelles en neurosciences. À la trappe, les doutes, débats, désaccords, incertitudes, nuances et dégradés qui donnent à la recherche en neurosciences toute sa saveur, sa consistance et sa profondeur. La seule lecture qui nous est donnée, c'est celle de Sébastien Bohler. Tant pis pour les subjectivités, déformations et vices d'interprétation qui pourraient l'entâcher et que, dans un élan de soumission à l'autorité de celui qui parle au nom de la science, nous pourrions prendre pour argent comptant.
"Suis-je la seule" ne me parait pas être la bonne question.
A votre place, j'essaierais de comprendre les raisons de cette aversion.
Car Il me semble que c'est ce vous feriez si vous vous rendiez compte que vous êtes en train de développer une haine irraisonnée des Noirs et des arabes alors que vous étiez persuadée de ne pas être raciste.
En même temps, vous pourriez essayer de vous intéresser à la psychologie et à le neurologie, ce qui vous permettrait peut-être de mieux vous connaitre et de lutter contre ces pensées irrationnelles, qui peuvent vous rendre aussi difficile à supporter qu'une forte odeur d'aisselles dont vous seriez la seule à ne pas être consciente.
J'avais remarqué que les message comportant plus de deux mots vous laissaient perplexe.
"vous pourriez essayer de vous intéresser à la psychologie et à le neurologie, ce qui vous permettrait peut-être de mieux vous connaitre et de lutter contre ces pensées irrationnelles, qui peuvent vous rendre aussi difficile à supporter qu'une forte odeur d'aisselles dont vous seriez la seule à ne pas être consciente."
Message déplacé, comme vous dites. Voilà ce qui me laisse perplexe.
Vous faites un bien mauvais avocat des neurosciences. Mais comme vous êtes quelqu'un de supérieurement intelligent, peut-être qu'après tout vous cherchez à jeter le discrédit sur cette science. Dans ce cas continuez, c'est une réussite.
Oui, merci M.Lordon d'avoir osé, moi aussi, à chaque émission, ça m'embête beaucoup.
Merci Lordon de l'avoir renvoyé dans ses buts...
Malheureusement, Daniel est séduit... Il faut voir comme il coupe Anne-Sophie qui pose des questions intéressantes pour le laisser pérorer sa merde et comme il est perdu quand Lordon le met KO "mais enfin, c'est intéressant non"?! Ben non. Idem à la fin de l'émission. Au fait: Bohler est-il un invité-expert OU un membre d'@si?! Parce que son statut n'est pas clair DU TOUT.
Et en réponse à ceux qui parlent d'"anti-bohlerisme" plus bas: Bohler utilise systématiquement des arguments d'autorité. La preuve en est dans la très mauvaise réponse qu'il a fait sur les différences hommes/femmes à un challenge sérieux à ses propos. C'est un mansplainer de première. On a le droit de ne pas se laisser traiter de la sorte.
Je suis tt aussi inquiet que Lordon sur les sciences cognitives car elles puent la normalisation.
Mais là...je suis tombé de ma chaise.Sur la dépossession du pouvoir des citoyens , je suis absolument d'accord...
Mais que les manifestations, les mouvements sociaux ne servent à rien ...là je suis plus que réservé
En effet, j'ai la faiblesse de croire que si je suis parti en congés durant ma vie professionnelle, si je perçois actuellement une retraite, si la sécu , bien qu'attaquée de toutes parts, fonctionne encore, les grèves et manifestations du front populaire , de mai 68 et tant d"autres mouvements n'y sont pas pour rien !Il ya eu aussi des echecs bien sûr, mais faut il jeter le bébé avec l'eau du bain ?
Quant à l'opposition entre les méchants dirigeants des confédérations syndicales et les bons gars de la base, c'est, convenons en, un méchant cliché défendu avec constance par tous ceux qui veulent conserver les choses en l'état. Certes , il y a parfois des lourdeurs mais , en ce qui me concerne, je serais toujours plus proche de Bernard Thibault ou Jean Claude Mailly que d'un "bon gars" de la base qui , souvent en toute sincérité, se laisse "avoir" par des discours habiles...Il faut effectivement rester lucide sur les stratégies syndicales mais que serions nous sans directions syndicales susceptibles d'organiser précisément ces mouvements qui ont permis à beaucoup d'entre nous d'avoir une vie meilleure !
(Désolé, vu qu'on a eu le droit à un vite dit, je n'ai pas pu m'empêcher ^^)
Ces discussions peuvent paraître marginales, ou réservées aux chercheurs. Ce qui en soi n'est pas un faux argument : rentrer dans ce genre de débat exige préalablement un bagage conceptuel et un vocabulaire spécifique. Cela dit, ces questions soulèvent des problèmes qui concernent in fine tout un chacun, et particulièrement les behavioral economics. A ce propos, j'invite les curieux à retrouver ici un échange où Frédéric Lordon intervient sur ce sujet, et tente de démontrer rapidement les méfaits que représente ce mélange des genres.
Enfin, cela reste mon avis, les digressions sont toujours très stimulantes et elles méritent d'être mis en surbrillance. Si, et seulement si elles sont tenu par une rigueur intellectuelle, c'est-à-dire sous la contrainte d'une discipline, à l'instar de ces musiciens, pleinement maître de leur instrument et de la mécanique musicale, peuvent digresser de la partition, car ils viennent de trouver une idée musicale. Certes, elle est citée le résumé que vous donnez de l'émission. Mais je regrette qu'elle ne soit pas plus exploité que ça... Un problème qui me semble intéressant de soulever.
En tout cas, superbe émission !
Bonne continuation
Je pense que Mr Marc Fiorentino qui manie le panneau informatif comme peu d'animateurs savent le faire, Dominique Seux, un analyste précis et d'une neutralité bienveillante ou même Elie Cohen, un homme beaucoup trop rare sur nos antennes, notamment sur le service public, pourraient nous proposer des analyses beaucoup plus pertinentes que celles de vos invités.
Evidemment, il est plus facile de stigmatiser les plans de relance européens et les milieux financiers plutôt que de prôner des décisions courageuses comme la réduction des déficits publics, la diminution du nombre de fonctionnaires, la nomination de Florent Pagny au ministère du budget ou de créer un ministère du remboursement de la dette pour le très pertinent Jean Michel Apathie.
J'en profite pour recommander le dernier ouvrage d'Agnès Verdier Molinié, une femme brillante qui devrait inspirer notre gouvernement socialiste si ce dernier était moins dogmatique sur le plan économique. Le discours marxisant du président hier soir en fut une fois encore la preuve.
Je salue également Mme Laurence Parisot, une chef d'entreprise courageuse à l'origine de nombreuses propositions qui ont permis à notre pays et à une majorité de salariés de traverser la crise dignement. Gageons que le Medef sera lui trouver un digne successeur en la personne, par exemple, de Mr Beigbeder ou Carlos Ghosn.
je ne vois pas qu'est-ce que j'apprends de plus si on me dit
"l'amygdale, petit noyau sous-corticale, est activée par des émotions"
que si on me dit
"le bibobou du fond à droite dans le cerveau est activé par les émotions"...
c'est une approche localisationiste très simpliste... personnellement, je ne me
sens pas plus rassurer du simple fait de savoir 'où' sa se passe....
voir l'article :
"Avant-chypre-la-suisse-avait-prevu-de-taxer-ses-deposants"
dans la rubrique argent/finance - les plus de la rédaction
du magazine Bilan :
http://www.bilan.ch/argent-finances-les-plus-de-la-redaction/
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