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Elus condamnés pour agressions sexuelles : pourquoi la presse s'en fiche

Comment évoquer des faits de harcèlement sexuel par des politiques, lorsqu'aucune plainte n'est déposée ? C'est l'objection opposée par de nombreux journalistes, aux reproches d'omerta, qui se multiplient depuis l'arrestation de DSK (voir le débat à ce propos dans notre émission de cette semaine). Mais même de longues procédures judiciaires ne suffisent pas à percer le mur d'indifférence des médias, comme le montre l'affaire Jacques Mahéas, sénateur socialiste de Seine Saint-Denis et maire de Neuilly sur Marne, condamné définitivement pour agression sexuelle en 2010 par la Cour de cassation, et dont le cas n'a pas donné matière à une seule ligne dans la presse nationale.

Derniers commentaires

Messieurs , mesdames ..signez la pétition sur "osezlefeminisme.fr"

Merci pour tous et toutes !
Ce serait bien qu'un journal enquête sur ces différents politiciens.
Le cas de Balkany me semble particulièrement grave.
Quelqu'un peut-il s'intéresser au cas de Patrick Font et de la couverture médiatique associée? (il s'agissait d'attouchements sur mineurs)
À propos de Félix Faure L'excellentissime Georges Clémenceau disait :

- Il aurait voulait être César, il ne fut que Pompée !

Et aussi :

« En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui », et « Ça ne fait pas un Français en moins, mais une place à prendre »

Ce qui montre que l'histoire est un éternel recommencement...
Nos "amis" journalistes vont-ils bientôt redécouvrir que le soleil brille le jour... et que des étoiles apparaissent les nuits dans un ciel dégagé. N'est-ce pas "le Canard enchaîné" qui avait surnommé (en le citant) un certain J.Chirac "5 minutes - douche comprise" (avec toute l'élégance du sous-off. qui le caractérisait - eh oui, on a quasiment oublié cela) ? Le même dossier du Canard évoquait la carrière arrêtée net de la seule femme qui lui avait refusé sa... domination. Et combien d'entre nous pourraient citer tel ou tel petit potentat local qui se croit tout-à-coup, parce qu'élu, doté de charmes certains au point de pouvoir multiplier les avances à ces dames.

Mais dans l'ordre de cette découverte niaise (ou hypocrite) des mécanismes de domination (qui sont une forme de violence - bien que se dissimulant parfois derrière des consentements des dominé(e)s), va-t-on un jour faire semblant, à l'occasion d'un scandale public, de découvrir les "5%" versés aux élus dans les cadres des marchés publics ? Même schéma - tout le monde sait, c'est quasi-public, ... mais ça n'est jamais dans la presse; ça n'a rien de démocratique ni de légal, mais tant que personne ne le dénonce, ça n'existe pas. Quelle drôle de démocratie.
pour ceux qui ne l'ont pas vu, je vous conseille le lien suivant:

http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/05/20/affaire-dsk-l-inquietant-pouvoir-des-communicants_1524821_3232.html
Pourquoi ? Je propose la réponse suivante : si la majorité des journalistes sont des femmes, les cadres dans les rédactions sont quasi exclusivement des hommes, comme à ASI (à moins que l'entreprise ne soit une SCOP). Les rédacteurs en chef ont un rôle clé dans la hiérarchisation de l'information, ils choisissent les pigistes, les invités et experts qui témoigneront (des hommes en général sauf quand il s'agit de condition féminine et d'éducation), ils choisissent d'écarter ce qui n'est pas important pour eux comme les atteintes au droit des femmes à disposer de leurs corps, parce qu'il n'y a pas mort d'homme et que les hommes justement doivent bien évacuer la pression, une main aux fesses, c'est pas bien grave (elle a peut-être cherché, si ça se trouve, elle y a même pris du plaisir). Et les journalistes et pigistes et stagiaires féministes, trouvent-ils cela grave ? Et en tant que femme, trouvent-elles cela grave ? L'émission d'ASI sur la condition sociale des pigistes et des stagiaires dans le journalisme n'a pas encore vu le jour mais lorsque cela arrivera, elle dénoncera la précarité de cette majorité qui en plus d'être contrainte de mendier un vrai contrat de travail de droit commun, avec un salaire égal à celui des hommes, ne veut pas passer pour un groupe de mal baisées, comme le sont les féministes, de chochottes prudes qui n'acceptent pas de reléguer des attouchements par un élu du peuple après les résultats de la 5e journée de ligue 1 voire de les passer sous silence. Et puis quand on a l'ambition d'être une journaliste, on est d'accord avec le chef. Donc elles (en fait je devrais écrire "ils" puisque j'inclus les journalistes féministes hommes je veux croire qu'il en existe) se taisent et petit à petit apprennent le mimétisme, dans l'espoir que les cadres les cooptent un jour et les adoubent "alter ego". Ce machisme ambiant déteint sur elles et elles finissent par faire comme Mme Bacqué, c'est-à-dire se montrer plus zélée misogyne que l'original. Pire, ça devient une question de crédibilité.
Suite à l'affaire DSK, il faudrait que le monde médiatique et politique retrouve le sens de la morale et de l'intégrité. Les partis politiques devraient avoir un code de déontologie à respecter pour la présentation de candidat dès la plus petite élection. Quant aux médias, plus de copinage, garder une certaine distance par rapport aux hommes politiques pour préserver leur liberté de parole. Enfin, que des mesures que l' on ne devrait même pas évoquer tant elles paraissent évidentes...
Qu'est devenu Maurice Gutman, conseiller municipal UMP du Mesnil-Saint-Denis piégé par l'émission de France 2 "les infiltrés" pour corruption de mineur ?
Il me semble que quand ces affaire touche le milieu artistique (animateurs ou artistes) on en parle plus. Ce n'est pas l'intérêt des Français pour le sujet qui retient les journalistes mais bien l'autocensure ou la peur de déplaire aux puissants : politique , chef d'entreprises ....

Quand en France (a part Arrêt sur image ; mediapart , le canard enchaîné) les journaux seront indépendants vous verrez que ces dsujets sortirons.
C'est un cataclysme que suscite l'affaire DSK sur l'ensemble de la société française, encore une fois contrite dans un unanime « plus jamais ça » ou « nous sommes abasourdies par le déferlement quotidien de propos misogynes tenus par des personnalités publiques »

L'ensemble de la presse française semble vouloir prendre sa part dans cette remise en question générale.
Que savait-t-on ? Qu'est-ce que le métier de journaliste ? Où s'arrête le vie privée et la vie publique ? Les journalistes sont-il soumis à des pressions financières doublées de connivences politiques qui les empêcheraient d'exercer honorablement leur travail ?

Dans un long portrait titré : "Patrick et Isabelle Balkany", daté du 01 avril 2008, ça ne s'invente pas, à propos des démêlés judiciaire de M. Balkany, voilà ce que j'ai pu lire sous la plume de Raphaëlle Bacqué :
"On compte aussi un scandale ridicule lorsqu'une maîtresse porta plainte, en 1997, après que Patrick Balkany l'eut obligée à lui administrer une fellation sous la menace d'un 357 Magnum.".../...Ce jour là "Le Monde" m'était tombé des mains !
Raphaëlle Bacqué, relate ces faits extrêmement graves, et qualifie "le scandale" de "ridicule", sans jamais vraiment informer le lecteur sur le dépôt effectif de la plainte.
Rétrospectivement, à la lumière de l’affaire DSK, je vous invite donc à m’éclairer sur l’article de Mme Bacqué et sur les fais reprochés à M. Balkany :
La plainte a t-elle été déposée ? Puis retirée ?
Pourquoi n’a-t-elle pas fait preuve d’une couverture médiatique importante ? Le jugement a t-il eu lieu ?
Pourquoi laissé le lecteur dans l'expectative, sans savoir si oui ou non M. Balkany a -t-il été jugé ?
Enfin pourquoi Raphaëlle Bacqué juge ce scandale "ridicule" ? Parce que la plainte était sans fondement ou minore t-elle les faits ?

Merci à vous.
C'est bien de participer à la Déglingue.

Certains comprendrons, d'autres non; mais le chaos est au bout du couloir...
Bonjour à tous,

En lisant l'article et en rapport avec le débat sur la limite entre oppression et harcèlement, je me suis souvenu d'un son que j'avais écouté chez vos confrères d'arteradio.com. Comme d'habitude sur un ton frais et décalé, il ne traitait pas du tout du sujet mais la drague s'invite sur la fin de l'enregistrement que la jeune journaliste (qui visiblement ne laisse pas le vieux député indifférent) laisse à dessein courrir.
Il ne s'agit bien évidemment pas d'une agression, et c'est un député à la retraite (décédé depuis) qui parle, mais ça laisse songeur sur la tournure que peuvent prendre les entretiens, et sur l'opinion de certains politiques sur les femmes. N'étant moi même pas journaliste, je n'ai pas le souvenir d'avoir ressenti d'aussi près le sous entendu.
C'est surement futile, mais j'avais très envie de porter cette pièce au dossier (en plus c'est un piqûre de rappel sur la retraite des députés)

http://www.arteradio.com/son/615878/La_retraite_du_depute
C'est dingue : toutes les excuses sont bonnes !

Et "même" des femmes les avancent volontiers...

Non mais, en France les femmes dans leur immense majorité - jusqu'à ce que ça les concerne pour de bon, elles ou leurs sœurs, filles, nièces, là elles commencent à bouger, mais au cas par cas, hein... - les Françaises ne veulent pas être/se dire "féministes", vraiment féministes.

D'où leur acceptation du système.
On ne dit rien - ou si peu - on ferme les yeux, c'est pas grave, c'est des broutilles, il n'y a pas de ciment entre femmes, si on râle on se fait traiter de mégère (en premier lieu par les femmes...), ça le fait pas si on veut être bien vue des collègues masculins (?!), etc., etc. DU VECU.

Parce que vous comprenez, en France, le Féminisme c'est un gros mot !!!
Révolution citoyenne en Espagne : pourquoi la presse s'en fiche.

Mais ça pourrait changer !
Parce que on n'a jamais autant parlé de ce qu'on parle !

Faute de chercher les informations inédites (on licencie les documentalistes !), on ne parle que de ce que parle la concurrence.
Vous me direz que ce n'est pas le sujet. Mais je crois que si aucun mandat n'était renouvelable, ça aurait toutes les vertus. Et même qu'une personne ayant couvert un mandat ne puisse pas avoir d'autre mandat d'aucune sorte.

Cela permettrait de renouveler les élus très vite,ce qui fera sortir les minorités telles que les femmes, de déprofessionnaliser la politique, et d'éviter des positions de pouvoir que décrit Laure dans cet article.

Evidemment, aucun parti ne le proposera, ce serait se saborder.

Mais ce sera une idée quand les Tunisiens et les Espagnols nous auront sortis de là.

Je rigole bien sûr. Mais seulement pour la dernière phrase.
une simple amende et de l'argent pour la victime ??? suis je le seul a penser qu'un sénateur devrait être encore plus sévèrement puni qu'un quidam ?
J'ai trouvé cet article dont le titre dit exactement ce que je pense : "le droit du vieux déguelasse" :
http://www.nytimes.com/2011/05/18/opinion/18clarke.html?_r=2.
Si j'entends encore les mots "dragueur", séducteur", "amateur de femmes", je crois que je pousserai un grand cri de désespoir.
Ces "vieux dégueulasses" n'aiment pas les femmes. Ils chassent un certain trou tapissé d'une muqueuse et qu'il se trouve qu'elles sont seules à posséder. Point barre.
Oui, ça peut même être pire. S'ils cherchaient uniquement à éprouver la jouissance du fait qu'ils ont du pouvoir, et qu'il se trouve que leur quéquette leur fournit aussi ce plaisir de pouvoir. Ce n'est peut-être non seulement pas la femme qui leur importe, et même pas son sexe non plus, mais leur pouvoir de dominer exclusivement.
L'autre,femme ou homme, dans ce cas n'est ni aimé ni séduit ni instrumentalisé,mais tout bonnement nié.

Et si c'est ainsi, alors oui, ça sort immédiatement de la sphère de la vie privée : l'action politique ne peut pas être conduite par des individus capables de retirer à autrui son statut d'être humain, à la seule fin d'assouvir leur propre désir de dominer, que ce soit sexuellement, financièrement ou politiquement.
Les rationalisations sont sympathiques,

si on en a jamais parlé c'est parce qu'on ne savait pas, on n'était pas au courant (en même temps c'est leur boulot de savoir non? Parce que s'ils ne savent jamais rien et n'ont jamais d'infos à relayer du fait de leur abyssale ignorance, je ne vois pas à quoi ils servent!)

Si on en a jamais parlé c'est parce que ce type de condamnation n'implique pas d'inéligibilité... En même temps un article sur le fait qu'il est absolument SCANDALEUX que des individus condamnés pour de tels actes soient en mesure de conserver leurs fonctions et de n'être pas banni de leur partis politique ça ne servirait à rien, hein? Ce serait du journalisme en fait, ce qui visiblement n'est pas la priorité des dits journalistes...

Et le meilleur pour la fin, ça n'intéresse pas assez l'opinion publique, les associations ne réagissent pas assez, bref, ne rapportons pas les choses que les gens ignorent ça pourrai les intéresser, on ne sait jamais...
Exactement !

Beaucoup de ceux qui se disent "amoureux des femmes" sont en en fait profondément misogynes.

Ce sont des consommateurs c'est tout, comme ils se goinfreraient de saucisson ou de chocolat, et carrément des prédateurs pour certains.
C'est par le même abus de langage qu'on appelle "pédoPHILES" les agresseurs d'enfants.
En effet, ainsi "aimer les femmes" fait partie des qualités du "bon vivant" qui par ailleurs aime aussi la bonne bouffe, le bon vin... C'est d'ailleurs ainsi que Michel Sabban a décrit DSK...
Je vous suggère le billet Un homme qui aime les femmes? écrit par Yves Michaud sur sur son blog : http://traverses.blogs.liberation.fr/yves_michaud/2011/05/un-homme-qui-aime-les-femmes.html. J'en copie-colle l'extrait suivant :

"Il est de bon ton pour ceux qui n'ont apparemment jamais lu Don Juan, que ce soit celui de Tirso de Molina, celui de Molière ou celui de Mozart-Da Ponte, de faire preuve d'indulgence envers ces irrésistibles séducteurs. Sauf que lorsqu'on prend au sérieux leurs bilans ("Ma in Spagna son gia mille et tre"), on commence à soupçonner que les hauts faits de ces attachants personnages relèvent en réalité du viol, de l'abus de pouvoir - et de l'achat de faveurs. Casanova et Don Juan troussent les humbles, violent les oiselles, trompent les femmes de leur monde, ou tout simplement achètent des faveurs - mais ils ont tellement d'argent ou de pouvoir que ça ne leur coûte rien, sinon la syphilis qu'ils répandent joyeusement...

On voudrait nous faire croire qu'agir ainsi, c'est aimer les femmes. Soyons sérieux: n'est-ce pas plutôt les haïr?

DSK aime tellement les femmes qu'il ne peut s'en passer? C'est confondre séduction et prédation, sexe et addiction."
Le violeur n'aime pas les femmes, il les détruit, son sexe est une arme de destruction massive, et non pas un "instrument" pour donner du bonheur. Pour lui les femmes n'existent pas, il les nie, les renie, en voulant les détruire, les dominer.

Je me suis toujours interroger, sur le mot PédoPHILES. Le pédophile n'aiment pas les enfants.
Bon. Sans vouloir faire mon anne-sophie du pauvre, ce truc revient un peu trop souvent, et du coup devrait être un peu développé. Dans le sens où il est abusif de déclarer que les pédophiles n'aiment pas les enfants. Le fait que la pédophilie fasse du mal aux enfants ne suffit pas. D'une part, il faut garder en tête que la libido peut se nicher dans n'importe quelle fétichisation, et donc n'importe quelle idéalisation (au pense au divorce qui avait été prononcé pour un conjoint surpris à se masturber devant sa collection de timbres, qu'il aimait beaucoup, ou à l'érotisation des jésus chippendales dans les iconographies décorant certains couvents). Et cette fétichisation de l'enfance est très poussée dans le monde occidental chrétien, où les enfants sont exagérément vénérés pour leur "pureté" et leur "innocence", vénération souvent morbide et ouvrant par elle-même la voie à l'érotisation fétichiste, indépendamment même du jeu ambigü des médias (little miss america, mini-chanteuses surmaquillées de la rai, et autres exhibitions populaires de gamines barbifiées). Pour mémoire, Patrick Font, effectivement incarcéré pour attouchements sur mineurs, aujourd'hui relaxé et à jamais pestiféré pour cela, adorait notoirement les enfants - ce qui a d'ailleurs constitué une défense un peu maladroite de la part de Philippe Val, toujours avec cette idée naïve d'incompatibilité avec la pédophilie. La sexualisation de "l'amour des enfants" peut être quelque chose qui s'y ajoute, comme un rapport spécifique à cette idéalisation, qui ne l'annule pas pour autant.

En l'occurence je parle surtout par analogie avec la zoophilie, qui est très souvent le fait d'authentiques amoureux des animaux, pensant vivre une passion mutuelle (et dans l'imaginaire de Font, comme pour beaucoup de pédophiles, le fantasme est une tendresse sexualisée mutuelle). Là où une analogie est particulièrement intéressante est dans la distinctions entre deux modes de zoophilie, les deux franges antagonistes qui se reconnaissent comme "zoos" et comme "beasts" respectivement. Les premiers vivent dans un univers de rapport amoureux à l'animal, et méprisent les seconds dont les fantasmes et actions, plus purement charnels, sont à l'origine de maltraitances animales parfois quasi-industrielles (dans la productions des vidéos pornographiques de cette mouvance, par exemple). En d'autres termes, la première catégorie de zoophile "aime" les animaux -certainement de la même façon que n'importe quel "amoureux des animaux" mais avec la libido en plus- et accuse la seconde catégorie de ne pas les aimer. On peut imaginer la même distinction, au niveau des représentations fantasmatiques, entre des pédophiles qui "aiment" les enfants avec une sorte de vulnérabilité amoureuse (c'est-à-dire sexuelle) à leur encontre, et des pédophiles prédateurs qui recherchent leur consommation. Cela replace alors la négation globale de cet amour à un niveau normatif supérieur, qui, dans les deux cas, considérerait que cette sexualisation du rapport à l'animal ou à l'enfant serait, de toute façon, un "faux" amour, simplement parce que non platonique. Ou simplement parce que dommageable (du moins pour l'enfant, la question de l'animal est plus ambigüe). Cette interprétation devient alors surtout rhétorique : il s'agit de définir "aimer", comme on le fait entre adultes, lorsqu'on s'accuse les uns les autres de ne pas s'aimer vraiment sous prétexte de désir insistant et importun. La notion d'amour véritable devient plus clairement une arme rhétorique à l'usage complexe et arbitraire, permettant d'accuser de désamour tour à tour pour manque de désir sexuel (entre amants) ou pour excès de désir sexuel (entre amis). Affirmer qu'un prétendant "n'aime pas pour de vrai" sur la base de ses exigences sexuelles est aussi peu objectivement fondé qu'affirmer qu'un conjoint "n'aime pas pour de vrai" sur la base de don absence d'envie sexuelle... Les mères qui ont dû gêrer les envies de leur conjoint dans la période qui a suivi l'accouchement en savent quelque chose.

L'amour est une donnée distincte de la sexualité (même si elles s'articulent souvent l'une à l'autre) et même parfois de la protection d'autrui (les circonstances où l'on fait du mal aux gens qu'on aime, et parfois même par le simple fait de les aimer, sont trop nombreuses et trop communes pour nécessiter un long développement). Ces composantes peuvent cohabiter ou ne pas, ce qu'il ne faut pas confondre avec le fait qu'on leur demande, selon les contextes, de cohabiter ou de ne pas. Un/e @sinot/te avait posté il y a quelques jours une typologie des violeurs qui distinguait un peu ces différentes configurations. Pour chercher des exemples dans la fiction, on peut considérer les deux viols dont le Noodles de "Il était une fois en Amérique" s'est rendu coupable, l'un étant un acte de consommation et l'autre un acte d'amour frustré. On peut les distinguer par la présence et l'absence d'amour. On peut aussi se positionner au-dehors, et affirmer que même le second cas ne pouvait, par définition, être un acte d'amour puisqu'il s'agit d'une agression, d'une violence faite à la volonté de la victime, et d'un dommage irréparable qui lui est infligé. Mais cette interprétation est un jeu sur ce qu'est censé être l'amour vrai (inspiré de l'amour courtois) sur un plan comportemental, et non une information objective sur les états mentaux du coupable.

Tout cela pour dire que viol, pédophile et zoophilie ne sont pas obligatoirement incompatibles avec l'amour (resp. de la victime, des enfants, et des animaux). Et que le "-philie" des deux derniers termes n'est pas nécessairement une usurpation. Cela dit, il est vrai qu'à l'inverse, toutes les pratiques que ces termes recouvrent n'impliquent pas systématiquement de l'amour. Mais à mon avis, si ce suffixe choque à ce point (ainsi que l'idée d'amour dans le viol), c'est pour la mauvaise raison que l'amour est une notion surévaluée. Au lieu d'être une composante, il devient une pierre philosophale censée tout transfigurer, et le mal devient donc la preuve de son absence. C'est le problème typique des définitions de l'Art : le concept est valorisé en soi, devient donc un idéal, et au lieu d'être descriptif devient normatif. Dans le discours populaire, tel objet est de l'Art s'il est de l'art suffisamment beau pour être appelé de l'Art, or l'art est une démarche - et une "mauvaise" oeuvre d'art reste de l'art tout comme une mauvaise peinture est une peinture. Pareillement, l'amour est l'acte mental d'aimer ("A aime bien B"), ce qui accepte des niveaux très différents. Le discours populaire définit un Amour véritable auquel le romantisme attribue toute une série de qualités ("triomphe de tout", "détermine le sacrifice de soi pour l'autre", "se satisfait du platonique", "se livre sexuellement sur demande", etc) qui sont parfois contradictoires entre elles, et dont les manquements font déchoir l'état mental de cette appellation valorisante. Or l'état mental d'inclination préexiste, et il faut le nommer, quels que soient les éléments auxquels il s'accroche, se confronte, et avec lesquels il entre en conflits parfois victorieux et parfois non. En réalité, ces éléments ne permettent pas de nier l'état mental "A aime B" malgré les paradoxes et les contradictions, parce qu'en réalité, "aimer" ce n'est que ça. Les formes amoureuses romanesques, ou les amours philanthropiques, s'incarnent occasionellement en nous, mais n'en sont qu'une forme parmi d'autres, plus facilement vaincues, perverties ou compatibles avec l'effroyable.

Anecdotiquement, il faut aussi accepter l'élasticité du suffixe (l'hémophile n'est pas un vampire), et on peut, inversément, s'interroger sur ce qu'implique son absence sur certains termes. Pourquoi en français est-on homophobe mais homosexuel, et non homophile comme en grec ("homophylophilos" c'est-à-dire homo-phile, avec un "phyl" intercalé, simple homophone signifiant race/sexe/tribu), sinon pour en écarter radicalement la notion d'amour dont on accepte linguistiquement la présence jusque dans la zoophilie et la pédophilie.

Quand j'y pense aujourd'hui,
Un oeil pleure, l'autre rit
Devant moi c'est tout flou
Anne-Sophie où êtes-vous ?

[Patrick Font]
Le sexe n'est pas l'amour, ce n'est qu'un territoire que l'amour s'approprie. Kundera


(Le mot "Homophilie" ne désigne-t-il pas une phase transitoire de l'adolescence - plus ou moins longue selon les cas - quand le jeune développe une attirance particulière et privilégiée pour un individu du même sexe que le sien, mais ne préjugeant en rien de son orientation sexuelle ?)




l'érotisation des jésus chippendales dans les iconographies décorant certains couvents
:-)
Très intéressant au pt de vue linguistique mais concrètement, du pt de vue de l'enfant abusé par exemple ..... la suite demain ... peut-être. Je n'en puis plus ce jour .... J'ai trop posté.
Concrètement, du point de vue de l'enfant abusé, ça lui fait une super belle jambe, de savoir que le malfrat "l'aime" ou non. Exactement comme ça en fait une à la victime d'un meurtre passionnel ou de criminellement stupides "c'est pour son bien". Mais tout ça ne nie pas pour autant un amour qui peut très bien être présent dans chacun de ces cas. Un sentiment qui peut, chez le coupable, courir en parallèle au crime, et même s'y rattacher, et même le nourrir.

Il n'y a rien de si compliqué à ça. Le seul aspect contre-intuitif vient de la notion romantique que l'amour est une excuse (aaah, l'amour). Ce qui n'est pas toujours vrai. Si on sort de cette idéalisation qui tend à nous culpabiliser de notre jugement, on peut cliniquement constater qu'enormément de mal peut être infligé "malgré" une forme d'amour ou "par" une autre. Et que le problème n'est pas vraiment là.
Bien du coup je n'ai pas grand chose à ajouter. Une simple chose c'est que chacune de nos actions peut être érotisée, inconsciemment évidemment, comme celle de parler, d'écouter parler, d'avoir des débats philosophiques sans fin. Peut-être même de tapoter sur son clavier, c'est tellement sensuel, peut-être. Moi j'adore. J'ai l'air de plaisanter, mais non je suis sérieuse.

Je n'ai jamais rien ressenti d'érotique pour un enfant, en revanche je suis amoureuse de mon chat et il me le rend bien. N'imaginez rien, c'est très convenable.

Petit aparté, de mémoire, parce que je n'ai pas relu ton post IT, les américains, en l'occurence les américaines qui font concourir leurs filles en lolitas (concours de beauté) sont vraiment barjottes. Une société qui se la joue cul-serré, chocking oh my god et qui permet ce genre de conneries, est vraiment tombé sur la tête. Ah oui, mais non il y a du fric à la clé, alors ....
hihi, ton post-it, pas fait exprès.
non, non, non, je n'ai pas le temps de répondre en détail, seulement d'un point de vue clinique il y a une différence énorme entre une relation amoureuse et une relation perverse.
Bien qu'il y est des défenses perverses chez tout un chacun et des comportements pervers dans toutes les relations amoureuses ne nous leurrons pas...
Cela tiens à différents facteurs et notamment à la structure mentale du "pervers" qui n'aime pas au sens clinique du terme car il en est incapable.
Je reviendrai là dessus quand j'aurai plus de temps devant moi pour développer.
@mig (mais je ne parviens pas à placer le msg au bon endroit) :

Je cite : Ces "vieux dégueulasses" n'aiment pas les femmes. Ils chassent un certain trou tapissé d'une muqueuse et qu'il se trouve qu'elles sont seules à posséder. Point barre.


C'est pas le désir sexuel qui est dégueulasse, c'est la violence, et l'abus !

Ou alors ça y est, ça vient, on pense comme les étazuniens, et une femme ne doit plus prendre l'ascenseur avec un homme, à moins de l'épouser dans les trois mois… Est-il possible de désirer sans "aimer" (les femmes/les hommes) ? Faut interdire, déjà ? Combien d'années de prison (c'est encore véniel, comme péché) ?

Ouille, beaucoup de posts de ce forum me font peur…

C'est la violence (avec l'abus d'une position hiérarchique en particulier) qui est en cause et qui est à réprimer.

Ne mélangeons pas tout, et ne pratiquons pas une "morale" à trois balles !
[quote=JUSTIN COLBART]Est-il possible de désirer sans "aimer" (les femmes/les hommes) ? Faut interdire, déjà ?
Justement le désir et l'amour sont deux concepts différents. Parler de l'appétit pathologique d'un homme qui d'une manière compulsive à envie de "trousser" tout ce qui passe sous son nez et appeler ça "l'amour des femmes" est un abus de langage.

Aucune loi n'interdit à un homme de désirer une femme, aux USA pas plus qu'ailleurs, maintenant, effectivement ce qui est interdit, c'est de "se servir" sans demander la permission de l’intéressée. (pardon pour cette formulation vulgaire)

[quote=JUSTIN COLBART]
C'est pas le désir sexuel qui est dégueulasse, c'est la violence, et l'abus !

Si on tolère l'expression du désir masculin comme quelque chose de normal, on se doit de tolérer l'expression d'un dégout en réponse à ce désir.
Je ne vois pas ce qu'il y a de scandaleux à énoncer l'idée qu'une femme puisse trouver dégoutant les désirs d'un homme pour elle.
La réciproque est vrai aussi.
Le désir sexuel n'est pas dégoutant en soi, mais on est pas tenu de le "recevoir" comme quelque chose d'agréable. On peut, ou pas.

Mêler la morale à cela me parait déplacer le débat.

[quote=mlg]Ces "vieux dégueulasses" n'aiment pas les femmes. Ils chassent un certain trou tapissé d'une muqueuse et qu'il se trouve qu'elles sont seules à posséder. Point barre.
Cette phrase exprime un point de vue, à savoir qu'une femme qui est considéré uniquement comme un objet sexuel considère qu'il n'y a pas amour pour sa personne mais bien simple désir sexuel. Elle peut s'en trouver flattée, mais elle n'y est pas obligée. Elle a aussi le droit de trouver ça dégradant ou dégoutant ou les deux et de le dire. Je ne vois pas le rapport avec la morale, ou le puritanisme américain.
Tiens, tiens, la sidération serait-elle due au fait que l'Amérique nous a montré ce qu'elle fait à un homme en ces circonstances, et que tout à coup notre comportement culturel collectif français nous est apparu comme un aveuglement, un déficit, un manque de conscience, une tare.

Je ne parle pas du traitement de l'image, mais de ce qu'il révèle de la gravité des faits, les 70 ans de prison, contre les malheureux 7 ans chez nous, une agression sexuelle, un viol, vraiment vu comme un crime, ce qu'il est, mais que chez nous on traite en gaudriole.

Oui l'Amérique nous a fait ressentir qu'on était taré, blessure d'amour-propre, choc culturel. Comment ? Ils en sauraient davantage que nous en matière de moeurs, de droits de la femme africaine, de justice de classe ? Nous serions archaïques ?

C'est curieux, je ressens en ce moment que nos schémas mentaux en prennent un coup, quand même la presse s'interroge sur sa pratique, c'est que la société bouge.


http://anthropia.blogg.org
De petites coquilles qui piquent les yeux :

- Notre rôle est justement d'y lui faire penser.
- Soient faisant l'objet de poursuites
- redécouvrir des affaires a postériori

Vous travaillez trop, Laure, j'espère que le patron ne vous harcèle pas ;-)
« Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. « 

J. de la Fontaine

http://www.marianne2.fr/Affaire-DSK-selon-que-vous-serez-puissant-ou-miserable_a206354.html

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