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"Tout ce qu'on a, on l'a parce qu'on mange des coquillettes carrefour discount depuis 7 ans"

A la suite de la publication d'une chronique de Daniel Schneidermann dans Libé, intitulée "Le lynchage des cheminots", nous avons reçu le témoignage d'une femme de cheminot qui décrit son quotidien et celui de son mari, en égratignant au passage les médias qui ont véhiculé, pendant les grèves, intox et idées reçues sur un métier souvent dénigré.

Derniers commentaires

Si les cheminots s'en prennent plein la gueule c'est aussi parce qu'il n'y a pas de guichet à la SNCF qui puisse servir d'exutoire aux passagers mécontents. En particulier pour les dessertes locales.

Les chefs de gare ? Rarement visibles, et sans pouvoir.
Les guichets ? Aucun pouvoir.
Les contrôleurs ? Aucun pouvoir, et ils s'en prennent déjà plein la gueule.
Les "agents d'information" en cas de grève ou travaux : des intérimaires souvent regroupés à tailler le bout de gras, et parfois parlant très mal français.
Le service client ? Une poubelle à courriers.
Les centres de régulation, pourtant souvent responsables de bons nombres de dysfonctionnement ? Inaccessibles aux usagers.
Les associations d'usagers ? Très rares, peu fournies en forces vives, pas suffisamment agressives.
Les syndicats ? Exclusivement tournées vers les préoccupations des salariés, sauf rares exceptions.
Le STIF en île-de-France ? Une boîte où on case les copains, sans aucune démocratie, déconnectée de la réalité.

Et on ne peut même pas aller voir la concurrence.

Réformer la SNCF est aussi désespérant et long que réformer l'état.
c'est la vrai france celle qu'on cache
madame je suis tout à fait d'accord avec vous;
mais ce n'est pas une raison pour votre famille de mal manger ...
pendant cette grève je me suis battue avec les gens qui disaient
que les grévistes faisaient la grève pour embêter les usagers:

oui, les infos grand public à la télé ne semblent pas être faites par
des journalistes dignes de ce nom: cela devient problèmatique contre productif,
c'est sans doute pour cela que les français
racontent n'importe quoi et ne sont même plus dans leur réalité;
ne plus assumer sa réalité parce-que votre information est licencieuse
cela amène un pays au pire !
BRAVO ! Enfin un témoignage qui fait chaud au cœur. Je ne suis pas cheminot mais j'en ai fait des gréves en subissant ces méprisables réflexions cautionnées par la plupart des médias qui donnent la parole aux micros trottoirs et à des pseudos journalistes qui sont et seront toujours du côté du manche .l
Pour moi, ce témoignage ressemble plus à une ode à son mari qu’à un témoignage objectif.
C’est elle qui bosse, s’occupe «de tout», de leur enfant entre autres, mais c’est lui qui est un héros.
Je suis assez gênée par cet aspect.
Une vérité qui pourrait être simplement établie en publiant un bulletin de salaire de cheminot .Mais nos amis journaliste ne le font pas .ASI non plus d’ailleurs.
C’est à ce demander pourquoi de tels avantages n’attirent pas plus nos jeunes vers ces métiers .
La technique de cet article relève de la même propagande sarkozyste : du blabla, du fait divers, de la victimation, et à la fin, le gros arbre qui cache la forêt.

Moi aussi, je suis tout à fait saoulé par les clichés véhiculés par notre société sur les cheminots, rétablir la vérité est bien : oui, pour tout le monde, c'est fini le temps où le premier point de revendication de la grève était d'avoir sa journée payé. Ce qui était inconstitutionnel d'ailleurs : impensable d'être payé pour un travail non fait, enfin bref passons...

Maintenant, les deux points du texte qui m'ont sauté aux yeux, étant un expert de la sécurité sociale du modèle français (le fameux mix social, beveridge-bismark) :

- la Cour des comptes dénonce depuis des années les avantages de toutes les corporations, publiques ou non, qui correspondent peu ou prou, in fine, à de la rémunération en nature, histoire d'éviter de passer par de l'augmentation de masse salariale, d'où absence de cotisations sociales et fiscales, d'où gros manque à gagner pour la Sécu.
Les projets de loi de financement de la sécurité sociale présentés chaque automne rognent chaque fois un peu plus sur ses avantages: les petits cadeaux presse société, les tickets restau, les billets gratos, bref tous les avantages en nature sont dans la ligne de mire. L'annexe 5 du PLFSS recensant toutes les niches sociales sont en train de fondre, sur ses aspects là du moins.
Donc non, madame, nous ne nous réjouissons pas, que notre modèle social soit grugé par tous les gros avantages en nature (billets GP, etc.).

- le(s) dernier(s) rapport(s) du COR (conseil d'orientation des retraites, attention, je parle des choses qui fâchent) est (ou sont) sans concession pour les régimes spéciaux, où bien évidemment, le nombre de cotisants n'est plus suffisant pour équilibrer chaque régime (à part celui de la banque de france, de mémoire) vu le montant des retraites à verser et le nombre de retraités. Ce qui fait que l'Etat, c'est-à-dire le contribuable national paie chaque année des subventions d'équilibre qui sont pour la SNCF seule, un vrai gouffre. 4 milliards d'euros par an. En regard, je rappelle juste que Hollande/Valls/Cazeneuve cherchent 10 milliards pour boucler les budgets annuels de la mandature.
Autant pour les mineurs, charbonniers etc. cela se comprend, autant pour ce régime de la SNCF, cela paraît aberrant et saute au yeux à la lecture du rapport : le montant moyen de la retraite versée par agent sera en progression affolante sur les dix prochaines années et son niveau sera le plus élevé près de deux fois celui de toute la fonction publique!

Il y a donc bien, en dehors des crispations ici ou là (moi aussi, je ne suis pas convaincu que la réforme du rail soit l'alpha et l'oméga) deux problèmes avec la SNCF, qui ne sont pas des problèmes avec vous, madame, ni votre mode de vie à la coquillette, mais avec la société et notre vivre ensemble dans la justice morale.
Ce témoignage est salutaire ( le "privilège"est une notion parfois très relative ) mais je pense que la réaction de Kithy est aussi très juste... De plus exerçant moi même une profession ou je travaille en horaires longs, des weekend, des jours fériés et environ 3 nuits par mois je suis très surpris quand cette dame dit que son mari ne gagne pas plus en travaillant la nuit ou les jours fériés... L'argument des "coquillettes discount" me reste aussi un peu travers de la gorge mais j ergote sûrement un peu, je m'excuse par avance.
Bouleversant. Il y a décidément des gens bien, merveilleusement bien. Je dis cela sans ignorer que la laideur de tant d'autre ne peut qu'élever la beauté des autres, jusqu'à les idéaliser penseront certains. Vous savez bien que je ne le fais pas, je les remercie simplement d'être là. Je note tout particulièrement cette remarque :"Alors en échange, n'ayez pas la bassesse de me répondre que d'autres professions sont encore plus dures et qu'eux n'ont pas de moyen de faire pression." Il n'y a rien de pire que le mépris des pauvres pour les pauvres, si ce n'est celui des dominants.
Des coquillettes carrefour? On est sensé pleurer?
Merci pour ce relais à l'équipe.
Voté d'utilité publique.
« Je savais que deux à trois nuits par semaine, on ne dormirait pas ensemble. Je savais qu'il y aurait parfois dix ou quinze jours de suite où on se croiserait à peine. En ayant un enfant avec lui, j'ai accepté que la base de notre quotidien repose entièrement sur moi. Je suis là, tout le temps. Lui est là quand il peut et quand il n'est pas trop fatigué. »

Il a peut-être une maîtresse ? Y a-t-elle pensé ?
J’ai entendu dire qu’à la SNCF, ils en profitaient pour avoir des maîtresses un peu partout.
Tiens, on trouve encore de bonnes chroniques sur Libé ?

Peut-être que c'est parce que DS n'a pas trop peur de perdre son poste !

(bon, il lui arrive aussi de faire des chroniques dégueulasses, hein !)
Mais personne n'a les moyens de faire grève !!! et on la fait quand même. Et on obtient des choses dont les non-grévistes profiteront...

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur

"Non, un micro trottoir n'est pas du journalisme et laisser les gens dire n'importe quoi n'en est pas non plus."

Tout est dit!

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur

Une petite précision sur l'article, si, nous sommes payés plus de Dimanche et les jours fériés. Nous touchons en effet une prime qui correspond en gros à 50% du salaire horaire. On est donc loin des 100% prévus au code du travail.

Oui, on l'oublie toujours, le statut, c'est être en dehors du code du travail, dans le bon sens mais aussi dans le mauvais.
En lisant le témoignage de cette dame, cela m'a fait bizarrement penser au quasi-même quotidien des (jeunes) entrepreneurs.
Pour être cheminot, il faut passer un concours. Que d'aigreur chez ceux qui échouent, obligés qu'ils sont de se rabattre sur le journalisme !
Un très grand merci pour ce témoignage !
Cette lettre est très émouvante. Si vous pouviez la laisser en libre accès plus que 24 heures, ce serait une bonne chose !
Cette lettre est terrible, dans les deux sens du terme.

Terrible, enthousiasmante car elle démonte tranquillement, presque d'un ton las, les faux arguments et les micro-trottoirs.
Terrible, cruelle, car elle décrit un sentiment de fatalité acceptée, de travail et de sacrifices non reconnus à leur juste valeur

Elle me conforte dans l'idée que l'immense majorité des journalistes arrivent avec un angle bien précis pour faire un reportage, que tout ce qui se rapportera à leurs idées préconcues sera mis en avant, et tout ce qui s'y opposera sera mis de côté
C'est quand même joli de publier tel quel ce courrier qui dit textuellement ça
"Ce que je gère de moins en moins ce sont les absurdités que sortent les journalistes et leur manque de professionnalisme (non, un micro trottoir n'est pas du journalisme et laisser les gens dire n'importe quoi n'en est pas non plus)."

Sans faire un commentaire ou un fact-checking de ce qui est dit, genre ça
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2014/06/18/prime-charbon-prime-pour-absence-de-prime-les-legendes-urbaines-de-la-sncf_4439497_4355770.html

Ne serait-ce que pour dire qu'effectivement elle a raison sur certains points, mais en minore (le nombre de billets de trains 16 au lieu de 8 pour elle, plus 16 pour le(s) enfant(s) du couple, et ceux pour les ascendants et descendants) ou en oublie certains.

Bref, laisser se plaindre de l'absence de travail journalistique en ne faisant pas de travail journalistique, c'est savoureux (et la lettre en tant que telle est informative sur certains points).

PF
Je m'en doutais...
Vraiment, il serait en effet bon que cette lettre soit publiée et diffusée partout dans les media... surtout ceux qui véhiculent toutes les saloperies proférées par les abrutis d"'usagers pris en otages" sur les "grévistes-branleurs et privilégiés".
Vous devriez peut-être laisser le billet accessible sans limite de temps ou le publier dans un autre média qu'il puisse avoir l'écho qu'il mérite.
+1pour cet article et celui de daniel s dans libé.
Le quotidien des conducteurs est assez bien décrit avec les contraintes liées aux horaires décalées. Mais pour lesquelles ils ont des primes et une retraite anticipée. Ce qui est très bien pour eux.

Les conducteurs SNCF sont quand même considérés comme les barons du rail...dixit les cheminots eux mêmes.

Alors entendre Madame dire qu'elle donne ses nuits, la gestion du quotidien , ses billets me fait doucement sourire.

Ils sont bien mieux lotis que les opérateurs de maintenance, par ex, qui eux ont véritablement des conditions de travail très dures sans les mêmes compensations.

Mais apparemment la plainte des conducteurs est continuelle jusqu'au plateau d'ASI.

Et si on donnait la parole aux autres métiers de la SNCF? On entend suffisamment les conducteurs pour ne pas avoir envie d'entendre les jérémiades du reste de la famille.
Je suis désolée si mes mots ont pu blesser cette dame.
Mais les conducteurs pensent ils un seul instant à leurs collègues de la maintenance, de l'infra ?
Des métiers à forte pénibilité ...qui ont payé en maladies professionnelles ...qui ont eu leurs lots de pathologies liées à l'amiante et qui le paient encore .

Dans le métier de la maintenance, les technicentres en IDF n'arrivent même pas à recruter car les métiers sont trop durs et mal payés .
Et on fait aussi pleurer dans les chaumières sur le chômage des jeunes ....(autre sujet).
Mais ce que dit cette femme concerne tout le monde, j'entends tous ceux qui souffrent, de plus en plus nombreux ici bas. Je ne comprends pas les précautions qu'il faudrait prendre, qui relèveraient singulièrement de ce politiquement correct qu'il est obligatoire de fustiger quand on a des idées, quand on est victime d'une situation difficilement supportable. Quoi qu'il en soit, cette femme mène un combat qui va infiniment plus loin que sa simple condition. Il est indispensable, à mon sens, d'élever sa réflexion au niveau global dont il est question dans chaque témoignage individuel. Sans quoi, on fait le jeu le plus pervers qui soit de la dictamolle, qui dresse tous contre tous : diviser pour régner est le fondement même des dictatures. Molle parce que nous vivons dans l'illusion que la démocratie nous vaudrait un sort mille fois plus enviable aujourd'hui que n'importe où ailleurs dans le monde et dans le temps. Cet aveuglement permet d'infliger aux peuples une dégradation lente et insidieuse dans laquelle les médiocrement nantis insultent les déchus. Oui, il y a incontestablement des professions encore pires que celle de conducteur de train. Pouvez-vous me dire ce qu'il advient d'utile avec cette constatation ?

Tout le monde peut se plaindre, vous y compris je crois bien l'entendre. J'aimerais que vous puissiez reconnaître en quoi le combat de notre épouse de cheminot vous concerne en définitive, nous concerne tous ou presque à divers degrés. Notez une chose très marquante dans son texte : elle dit combien les guerres politico-financières RFF-SNCF les dépassent, elle et son mari, et pourquoi la grève n'est tout simplement pas possible pour leur famille. Honorons son combat : elle a pris la parole, pour dénoncer l'injustice et la cruauté sur un plan universel. C'est d'aileurs la raison même pour laquelle vous trouvez à votre tour l'occasion de vous exprimer : le moment est donc opportun pour joindre vos forces aux siennes et à celle de tous les opprimés du monde du travail, afin d'être une fois entendus ! On se demande souvent comment il se fait que les peuples européens les plus martyrisés, grecs, portugais, français à plus d'un niveaux, ne se soulèvent pas. Je vous pose la question, qui nous renvoie à votre réaction. Oh, ne croyez pas que vous détonnez dans votre approche de la plainte des autres et votre incapacité à l'action (la mienne est du même ordre, je (ne) vous rassure (pas)) ; de nombreuses thèses sociologiques nous éclairent sur ces questions, qui me dépassent, je dois le dire. Que nous reste-t-il ? Plier ? Déverser notre bile par clavier interposé ? Ou nous interroger, nous et nos compagnons citoyens, en espérant partager nos préoccupation avec humanité ?

Ce que je lis, c'est toute la souffrance des femmes et des hommes de notre temps. La vôtre, celle de vos connaissances, celle des inconnus que nous croisons tous les jours, et qui nous aident à vivre parce qu'ils travaillent, que nous soutenons lorsqu'ils ont tout perdu. Ils sont là pour assurer les tâches souvent subalternes, dures, peu gratifiantes, et beaucoup d'entre eux y trouvent néanmoins la noblesse de l'engagement pour le travail bien fait. Je souhaite au plus grand nombre de trouver une légitimité à son existence. Que les cheminots constituent une élite professionnelle ne devrait pas déranger, mais remplir d'espoir chacun : une telle condition est possible, il faut la réclamer, il faut exiger la reconnaissance, le respect et la dignité pour toute femme et tout homme de bonne volonté. Ne croyez pas qu'il soit pertinent de tenter d'établir é la place d'autrui une hiérarchie des peines, et de juger de leur droit à s'exprimer. C'est vrai, nous ne sommes pas prêt à échanger notre condition pour celle des Syriens, je parle de ceux qui meurent sous les balles ou les bombes (il doit y en avoir qui s’accommodent très bien de la situation, faut-il les citer pour démontrer les bienfaits de la guerre ?). Devons-nous nous taire tant que notre sort ne sera pas pire que le leur ou le vôtre ?
"il y a incontestablement des professions encore pires que celle de conducteur de train. Pouvez-vous me dire ce qu'il advient d'utile avec cette constatation ?"

Je ne me suis doute mal exprimée mais ce n'est pas cette constatation que je fais. Je dis juste que dans le travail, il n' y pas que la charge ou la pénibilité qu'il faut considérer mais ce qui compense cette pénibilité .

Certes le métier de conducteur est difficile avec une pénibilité liée aux horaires mais celle ci est compensée. Ce qui fait une grande différence ! tout métier est labeur mais quand il existe une compensation à la mesure, est il décent de se plaindre?
Je dis même que ses acquis sont très bien.

Je ne suis pas pour opposer les uns contre les autres mais l'honnêteté intellectuelle et le sens de la justice sont importants, les conducteurs sont les "barons" du rail , très bien pour eux .

Mais il faut aussi entendre ceux , qui sont aussi à la SNCF, qui n'ont jamais la parole, ni aucune visibilité . lorsqu'ils font grèves, ce n'est jamais relayé et pourtant c'est pour véritablement défendre la qualité de service (métiers de la maintenance).

"Oh, ne croyez pas que vous détonnez dans votre approche de la plainte des autres et votre incapacité à l'action (la mienne est du même ordre, je (ne) vous rassure (pas)) ; de nombreuses thèses sociologiques nous éclairent sur ces questions, qui me dépassent, je dois le dire. Que nous reste-t-il ? Plier ? Déverser notre bile par clavier interposé ? Ou nous interroger, nous et nos compagnons citoyens, en espérant partager nos préoccupation avec humanité ?"

C'est parce que je défends aussi ces "petits métiers" (et non... je ne suis pas dans l'inaction) que je suis autant révoltée de lire ces jérémiades . Pas un mot pour ceux qui réparent les trains et qui travaillent dans l'infrastructure.

Je ne fait pas que m'interroger sur le monde du travail et sa violence. Je m'implique .....

"Que les cheminots constituent une élite professionnelle ne devrait pas déranger"
cela ne me dérange nullement .... et je ne considère pas que ce n'est une élite professionnelle ...
Merci pour votre réponse. J'aimerais que vous ne soyez pas révoltée de "lire ces jérémiades", car alors il n'existerait pas plus de raisons de défendre les métiers dont vous parlez, les invisibles de la SNCF, ni vos propres indignations. Je suis pleinement d'accord avec vous qui dites lutter pour la reconnaissance de la pénibilité de ceux-là, et je suppose que vous devez être entendue au même titre que l'auteure de la lettre qui nous intéresse ici, dont le texte me semble d'une grande dignité. Car, comment mettrais-je en doute votre témoignage sans "savoir", si ce n'est par l'exercice du préjugé ? Et donc, comment mettre le sien en cause ? Votre raisonnement a pour effet d'opposer stérilement des travailleurs injustement traités, dans un affrontement qui se résout dans la défaite de tous.

Lorsque vous évoquez la "pénibilité", j'entends là un néologisme typique de la "novlangue", à la consonance pour moi suspecte. Les cheminots du temps de la vapeur savaient bien de quoi il était question, et ils surent faire reconnaître la dureté particulière de leur travail. On oublie commodément, aujourd'hui, qu'il n'y a de loin pas que les petits matins d'hiver à chauffer une locomotive au charbon pour rendre pénible la condition du travailleur moderne. Je citerai tout particulièrement la violence psychologique, qui peut même relever de la torture, et qui touche tant de gens aujourd'hui. Les responsabilités écrasantes qui peuvent peser sur certaines professions. Le mépris de l'humain, qui se concrétise par des salaires de misère, des horaires d'esclave, l'exigence constante d'une "productivité" jamais suffisante, la concurrence des uns contre les autres, contre le monde entier, la dévalorisation des individus, voués à des tâches parfois abrutissantes, la menace permanente en point de mire du licenciement.

Alors on a inventé la pénibilité. Et je ne sais pas qui s'est attribué la construction, la maîtrise et l'application de cette grande idéologie normative, si ce n'est des universitaires, des énarques, des DRH, mais on devrait croire que lorsque le mot "pénibilité" est prononcé, on marche vers le progrès et la respect des femmes et des hommes. Et l'on passe en fait de la reconnaissance mutuelle de la valeur du travail, obtenue le plus souvent dans un rapport de force il faut bien le dire, à une application doctrinale, à un concept, dont l'application s'exerce par le biais de "comptes", d'annuités, de droits mais de réductions de ceux-ci. Cette théologie de la pénibilité s'applique du haut, de l'administration toute puissante, vers le bas. Il y en a pour croire que la magie du calcul arithmétique libère de la nécessité de la considération pour les individus et, bien entendu, de la réflexion.

La notion de pénibilité, sa reconnaissance, est évidemment une chose positive, je ne dis pas le contraire ; soyons très vigilants sur le sens que le monde politique et économique lui accorde (ou lui dénie). Il existe fort heureusement des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs qui se réalisent dans leur activité professionnelle, y trouvent de bonnes condition de vie, du sens et de la satisfaction, c'est certain. Mais qu'on ne réduise pas l'homme à des chiffres, aussi tentant que cela soit pour certains, et pour cette raison même : la dureté du travail est perçue très différemment d'une personne à l'autre, dans des conditions similaires. Nous sommes très inégaux devant la vie, de par notre culture et notre condition personnelle, notre patrimoine, notre force morale et mentale, notre appréhension du monde qui nous entoure. Aussi, ce qui pour l'un passe pour jérémiade peut être entendu par l'autre comme une plainte légitime, avec compassion. N'endurcissons pas nos sens : je suis convaincu que c'est ouvrir une voie royale aux détenteurs des pouvoirs, pour qui la tentation d'asservir les autres domine depuis la nuit des temps.
Juste merci.


C'est l'histoire toujours répétée de quelques-uns qui se partagent le gâteau, distribuent quelques miettes au peuple qui les enrichit, "petit petit petit !!!",
Puis montrent du doigt le bouffeur de miettes qu'a trois miettes de plus "regarde regarde, celui-là il bouffe des miettes à toi que t'as droit !!!"
C'est l'histoire toujours répétée du peuple qui s'entredéchire, jusqu'au jour rêvé où il comprend qu'au lieu de se taper sur la gueule entre bouffeurs de miettes, il lui suffirait de s'unir enfin pour casser la gueule aux bouffeurs du gâteau.

Il est un peu con, le peuple :-)
C'est pas beau d'être jaloux, encore moins entre collègues. D'ailleurs, les gars des ateliers n'ont qu'à postuler à la conduite puisque c'est le paradis. J'en connais qui sont conducteurs après avoir débuté en alternance dans les ateliers.

Aller, aller, on arrête de rager bêtement et on contacte les services RH.

C'est pas beau d'être jaloux, encore moins entre collègues. D'ailleurs, les gars des ateliers n'ont qu'à postuler à la conduite puisque c'est le paradis. J'en connais qui sont conducteurs après avoir débuté en alternance dans les ateliers.

Aller, aller, on arrête de rager bêtement et on contacte les services RH.

J'ajouterais surtout que dans l'hypothèse que la pénibilité est plus importante dans les ateliers que sur les voies, cela n'empêche que la pénibilité sur les voies est tout aussi réelle: A ce compte la, on ne se plaint d'être exploité que si l'on est un esclave qui meurt sous le fouet. Car on trouvera toujours quelqu'un qui a des conditions pires.
+1

On aura toujours tendance à se plaindre de ce que l'on connaît. Plus difficile de plaindre l'autre alors que l'on ne connait pas ses difficultés (qui du coup paraissent moindres)
On aura toujours tendance à se plaindre de ce que l'on connaît. Plus difficile de plaindre l'autre alors que l'on ne connait pas ses difficultés (qui du coup paraissent moindres)"

Pour éviter d'être dans la subjectivité des plaintes .
Il y a des indicateurs sur la pénibilité , l'accidentologie, les maladies professionnelles, espérance de vie etc

Ces indicateurs sont imparfaits pour évaluer certains domaines mais ils donnent une certaine idée de la pénibilité des métiers.
Tout à fait. Ce mode de pensée qui consiste à devoir tout laisser passer au prétexte qu'il y a pire ailleurs, c'est le summum du ridicule et ça arrange bien du monde.
Je ne fais même pas partie des métiers de la maintenance ....

C'est pour ça que je suis aussi tranquille pour parler de leurs métiers que je trouve formidable !

De ceux que je connais, ils ne sont pas jaloux des conducteurs ... super mentalité ces gars de la maintenance ...

Donc vraiment pas de jalousie.... c'est vous qui regardez au travers de vos petites lorgnettes.
Quelles petites lorgnettes ? Je ne suis même pas roulant et, d'ailleurs, leur job, je n'en voudrais pas.

Les contraintes sur la vie personnelle sont énormes. Les contraintes sur les rythmes de sommeil sont bien pires que celles que je vis déjà en 3x8 et ils n'ont presque rien de plus que les autres. D'ailleurs, tu dis qu'ils ont des compensations, je voudrais bien savoir lesquelles...
Merci, et bravo pour ce billet.
Sera-t-il seulement lu au Point, au Figaro, au Nouvel Obs, à France 2, Europe 1, France inter... ?

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