Déficit budgétaire : "Tout ça pourrait finir par un grand mensonge d'État"
L'émission
  • Avec
    Luc Peillon et Anne-Laure Delatte et Jean-François Husson
  • Presentation
    Nassira El Moaddem
  • Préparation
    Adèle Bellot
Réservé à nos abonné.e.s

"Notre pays est dans une situation très grave". C'est par ces mots que le premier ministre Michel Barnier s'est présenté au 20h de TF1 le 22 septembre 2024, allant jusqu'à parler d'un "risque de crise financière". Depuis, ses ministres ne cessent de prévenir qu’il faut tout faire pour réduire le déficit de la France comparant même la situation du pays à celle de la Grèce de 2008.  Une manière de prévenir que les efforts qui seront exigés seront très douloureux : 60 milliards d'économies à réaliser pour le budget 2025 et des coupes drastiques à prévoir comme la suppression voulue par le gouvernement de 4000 postes dans l'éducation nationale. 

Pourquoi ce choix de mots par le gouvernement ? Pourquoi une communication si alarmiste ? Comment expliquer la sérénité médiatique du ministre de l'économie sortant Bruno Le Maire il y a encore quelques semaines à ce sujet et la situation "gravissime" actuelle des finances publiques, à en croire le gouvernement actuel ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Trois invités répondent à ces questions : l'économiste Anne-Laure Delatte, le journaliste de Libération Luc Peillon et le sénateur (LR) Jean-François Husson, rapporteur du budget au Sénat.

"Ce n'est pas un dérapage budGEtaire mais le résultat d'une politique économique"

"Dérapage budgétaire" : la presse est friande de cette expression pour expliquer les déficits actuels. L'économiste Anne-Laure Delatte la réfute totalement. "Derrière le mot dérapage, il y a l'idée qu'on est tombé par hasard, sans faire exprès avec un côté brutal et accidentel. Or, ce n'est pas un dérapage. C'est le résultat d'une politique économique qui a consisté a réduire les prélèvements obligatoires sur les entreprises et les plus riches". Et de préciser : "Entre un tiers et la moitié de l'augmentation de la dette publique est lié aux baisses d'impôts et de cotisations sociales depuis 2017". 


"Moi, les baisses de dépenses publiques, je vais vous les trouver dans les dépenses d'aides publiques aux entreprises"

Pour le gouvernement, les économies sont à trouver dans la baisse des dépenses publiques comme la suppression de postes à l'éducation nationale ou une baisse du remboursement du médecin généraliste. "Si les dépenses publiques sont élevées c'est parce qu'il y a des prestations en face, souligne Anne-Laure Delatte. Moi, ces baisses, je vais plutôt vous les trouver dans les dépenses d'aides publiques aux entreprises, comme le Crédit d'Impôt Recherche qui ne sert a rien et qui coûte 7 milliards d'euros par an. Plusieurs rapports publics disent qu'il ne génère ni emplois ni investissements, ou bien encore les exonérations de cotisations sociales aux entreprises qui coûtent 27 milliards d'euros par an et qui ont très peu d'effets".

"Antoine Armand vit dans un monde parallèle"

Malgré tous les chiffres catastrophiques sur la dégradation des déficits budgétaires, Antoine Armand, le nouveau ministre de l'Économie, s'est présenté devant les députés ce vendredi 11 octobre 2024 en louant la politique économique menée par le gouvernement. "Lunaire", commente Jean-François Husson. "Sur le chômage, analyse Luc Peillon, on nous dit qu'on est à un des meilleurs taux depuis 40 ans, on est effectivement à 7,5 % mais la moyenne de l'Union européenne c'est 6%. Donc quand vous avez ce taux de chômage, dans une économie essentiellement de services, avec des rémunérations peu élevées, et des gains de productivité très faibles, cela ne suffit pas pour financer votre protection sociale et les services publics". Et de conclure : "Tout ça avec une politique qui est celle de l'offre depuis 2013 et dont on ne voit pas les résultats". Pourtant, Antoine Armand affirme que c'est cette politique-là qui amène des résultats économiques positifs. "Il vit dans un monde parallèle", conclue Luc Peillon.

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