Des corps nus entremêlés dans l'ombre…
… qui se caressent, s'étreignent…
… se chahutent…
… se mordent…
… pour finir par former le mot SADE :
Voici maintenant les mêmes images plus d'autres, qui bougent :
Un clip bien sage parfumé à l'eau de rose pour annoncer une exposition consacrée au Divin Marquis alors que son oeuvre « remet en cause de manière radicale les questions de limite, proportion, débordement, les notions de beauté, de laideur, de sublime et l'image du corps », nous dit le musée d'Orsay.
Un clip qui aurait presque pu servir à une réclame pour des vêtements ou du parfum utilisant ce thème déjà rebattu de l'enchevêtrement des corps à la manière de Spencer Tunick, qui fait poser des gens nus dans les lieux les plus divers :
Mer Morte 15 par Spencer Tunick, 2011
Düsseldorf 4 (Museum Kunst Palast)
par Spencer Tunick, 2006
Ce n'est pas la première fois que Spencer Tunick est copié, loin s'en faut. En 2007, l'affiche du film Le bal des actrices, de Maïwenn, se souvenait de ces mises en scène (on en avait parlé par là) :
La tradition des alphabets antropomorphes est l'autre thème rebattu du clip d'Orsay :
Ces alphabets remontent à la plus haute Antiquité ou presque, on en trouve à toutes les époques car quoi de plus rigolo que de s'entremêler au prétexte d'apprendre l'alphabet ?
Heures à l'usage de Paris
par Charles d'Angoulême, XVe siècle
Alphabet de Peter Flötner, 1534
Lisa Fonssagrives photographiée par Horst P. Horst,
couverture de Vogue, 1940
C'est bien joli, de faire l'alphabet avec son copain ou sa copine, mais le musée d'Orsay nous précise que dans cette exposition sadienne « seront abordés les thèmes de la férocité et de la singularité du désir, de l'écart, de l'extrême, du bizarre et du monstrueux, du désir comme principe d'excès et de recomposition imaginaire du monde, à travers des oeuvres de Goya, Géricault, Ingres, Rops, Rodin, Picasso… »
Dans le genre bobine promotionnelle, un extrait de Salo ou les 120 journées de Sodome de Pasolini (d'après Sade) eût été probablement plus approprié, plus proche de la morbide vérité que le gentil sadisme sucré du musée d'Orsay. La bande annonce est visible par là.
L'occasion de lire ma chronique intitulée Une vie de chien où il est notamment question des photographies d'Oleg Kulik, artiste cynophile.
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