L'extrait du documentaire en question
Le documentaire a commencé depuis trois minutes. La voix off : "Au printemps 2015, de sanglants combats font rage à deux pas des ruines, opposant l’État islamique aux troupes loyalistes". A l'écran, on voit des images de djihadistes tirant dans le désert. Puis des images des ruines de Palmyre. Impossible pour le téléspectateur de ne pas faire le lien entre les deux. Et pourtant, à l'image, ce 21 octobre sur Arte, un bandeau apparaît en français, puis en allemand : "Le comité Syrie Europe après Alep précise que ces images ont été tournées en 2013 pour témoigner des destructions opérées par l'armée du Régime Assad".
Lors de la première diffusion de ce documentaire sur les ruines de Palmyre, le 16 septembre sur Arte, le bandeau n'apparaissait pas. Mais Mohamad Taha et Cheikmous Ali, qui président l'Association pour la protection de l'archéologie syrienne, étaient devant leur écran. Ils reconnaissent les images tournées en 2013 par Ibrahim Moutlak, jeune activiste de la ville de Palmyre, arrêté et assassiné selon eux par les services de renseignement du régime Assad en 2013. Ils alertent aussitôt le comité Syrie Europe après Alep, dont ils sont proches. Un courrier est envoyé au directeur des programmes d'Arte. "Après avoir filmé ces images, Ibrahim Moutlak est mort sous la torture", écrit le comité, qui s'alarme que ces images, tournées en 2013, puissent être utilisées pour illustrer l'arrivée en 2015 de Daech dans la cité antique.
En plus du bandeau, la communication d'Arte a depuis réagi, indiquant que les images dont disposait le réalisateur allemand Martin Papirowski "ne comportaient aucune datation"."Comment pouvait-il deviner ce problème ?", se défend la chaîne. Admettant ainsi que le réalisateur a pu utiliser, dans son documentaire, des images dont il ignorait la provenance.
L'occasion de relire notre enquête : "Non, Assad n'est pas le protecteur du patrimoine culturel syrien"
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