Equateur/Correa : loi controversée sur les médias
La Cour constitutionnelle du pays a rejeté les derniers recours déposés contre ce texte controversé promulgué en 2013, rapporte LeMonde.fr.
Cette loi a élargi la possibilité pour les autorités de sanctionner des titres de presse pour des contenus jugés "discriminatoires ou offensants". Elle contient également un volet qui interdit aux groupes financiers de posséder des groupes de presse, approuvé par référendum, et un autre prévoyant la "déconcentration des médias" au profit des secteurs publics et communautaire, et au détriment du privé.
Depuis son élection en 2007, Correa mène un combat contre les "grands groupes financiers" qui contrôlaient selon lui "60 à 70 % des chaînes de télévision" et constituaient le "principal bloc d'opposition". Et c'est le journal conservateur, El Universo, l'un des plus tirés du pays, qui se retrouve le plus souvent dans le viseur de Correa. En 2011, le journal avait été condamné à 40 millions de dollars d'amende et un de ses journalistes, Emilio Palacio (qui vit depuis en exil aux États-Unis), à trois ans de prison pour avoir présenté le président comme un dictateur.
Une fois la loi sur la communication promulguée, Correa a de nouveau attaqué El Universo fin 2013, pour un dessin cette fois. Selon le président, la caricature, où l'on voit des officiers de police embarquer télévisions et ordinateurs d'un opposant à Correa accusé de corruption, et sa légende, discréditaient "la fonction de la justice et de la police". La Surintendance de la communication et de l'information (équivalent d'un CSA aux pouvoirs élargis), avait alors pris une mesure administrative inédite en condamnant le journal à "rectifier le dessin", et à payer une amende équivalant à 2% des recettes du journal pour le dernier trimestre. Rectification dont le dessinateur s'est acquitté avec ironie.
Le dessin qui a valu à Bonil et son journal la condamnation. "La police et le fisc perquisitionne Fernando Villavicencio et emporte les documents dénonçant la corruption"
Le "rectificatif" du dessinateur Bonil présente (ironiquement) la police sous un meilleur jour. Elle perquisitionne toujours un assistant parlementaire d'opposition, Fernando Villavicencio, mais cette fois de façon particulièrement polie... "La police et le fisc perquisitionne Fernando Villavicencio et emporte ses tablettes, ordinateurs, téléphones..."
"Une volonté de censure déguisée"
Face aux poursuites judiciaires, l'opposition et des ONG locales ou internationales expriment régulièrement leurs craintes d'une "volonté de censure déguisée". L'ex-vice président de centre-gauche du pays, Leon Roldos, parle même "d'autoritarisme" et compare certaines méthodes du gouvernement en place à celles d'un "gouvernement totalitaire, quasi-fasciste".
Hier, mercredi 17 septembre, deux manifestations se sont tenues à Quito, capitale du pays, l'une en soutien au président et l'autre en opposition, dans un climat tendu (huit policier ont été blessés). Ses partisans mettent notamment en avant le renforcement du droit du travail, les positions fermes de Correa face aux compagnies pétrolières ou la gratuité partielle des soins qu'il a mis en place. En face, selon Le Monde, "centrales ouvrières, groupes autochtones, médecins ou encore étudiants se mobilisaient contre les politiques gouvernementales, et notamment un amendement constitutionnel qui permet à Rafael Correa de se représenter indéfiniment à la présidence [la constitution ne lui permettant pas, en l'état, de se présenter une quatrième fois en 2017]".
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