Montebourg rentre dans le rang
A quoi ressemble un bad boy qui rentre dans le rang ? Au personnage étrangement lobotomisé, qui discourait hier soir le plateau de France 2. Tout va bien. L'ancien candidat à la primaire a été bluffé par Hollande, le porteur de croissants aux ouvriers de Florange travaille main dans la main avec Ayrault, l'avocat qui voulait expédier Chirac au tribunal a été convaincu par la défense de Cahuzac. Tout va bien. Les 7500 suppressions d'emploi chez Renault, que lui balance François Lenglet ? Ce ne sont pas des suppressions d'emploi, répond-il avec un culot d'acier. Lenglet tient bon: ce sont des postes qui ne seront pas remplacés. Mais pas des licenciements, ergote Montebourg. Tout va bien chez Renault. Pas question d'insulter Renault, comme il avait insulté les actionnaires et les dirigeants de PSA. Tout juste suggère-t-il que le PDG, Carlos Ghosn, pourrait faire un effort sur son salaire. Ghosn en sera sûrement impressionné. Et d'ailleurs, ajoute-t-il à la fin de l'émission, même l'ex-menteur Varin, PDG de PSA, est "un homme droit".
Tout va bien. Toutes les promesses de campagne, tous les projets de réforme, la nationalisation, la séparation des activités bancaires, la tranche d'impôts à 75%: tous ces spectres de l'an dernier s'évanouissent gentiment (lire ici le dernier retournement de veste en date, celui du ministre vert Pascal Canfin sur la réforme bancaire). A vrai dire, on le savait déjà, on le constatait au jour le jour. Mais les gesticulations du redresseur productif brouillaient le paysage. Pourquoi consacrer une soirée entière à regarder Montebourg ? Par simple souci de confirmation, comme on s'assure, avant de refermer définitivement la porte, qu'on n'a rien oublié à l'intérieur.
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