Obama : sa leçon aux medias US passe mal (Politico)
Politico, 29/03/2016
"La dernière personne qui devrait faire la leçon aux journalistes sur la façon de faire leur métier est le Président Barack Obama" : Jack Shafer, journaliste chez Politico, n'a pas aimé les critiques du président américain. Deux jours plus tôt, lors de la remise du Toner Prize à l’Université de Syracuse - qui récompense chaque année le travail d’un journaliste politique - Obama s’est fait remarquer par son tacle adressé à certains journalistes politiques, qui n'auraient pas suffisamment bien fait leur boulot dans leur couverture du candidat Donald Trump.
L'administration la plus transparente de l'histoire ?
Qu'est-ce qui énerve donc à ce point Shafer ? Tout d’abord la rétention d’information dont se rendent coupable les administrations américaines, vis-à-vis des demandes d'information émanant de citoyens ou de journalistes. Depuis le vote du Freedom of Information Act (FOIA) par le président Johnson en 1966, les agences fédérales américaines sont, en effet, contraintes de fournir leurs documents à quiconque en fait la demande. Or citant une récente étude de l’agence Associated Press, datant de mars 2016, il s’avère que "l’administration Obama a établi un nouveau record dans la rétention d’informations garanties par la FOIA." Selon lui sans ces documents "des questions ne trouvent pas de réponses, et des histoires ne peuvent pas être écrites."
Second tacle de Shafer : Obama n'aurait affiché qu'un soutien "de façade" aux lanceurs d’alerte, avant de se lancer dans une vraie traque contre eux. Un article du Guardian, datant de mars 2015, mettait déjà en évidence que, depuis six ans, ce sont huit personnes qui ont été accusées d’avoir enfreint l’Espionnage Act de 1917 (plus du double que sous ses prédécesseurs). Surtout le journaliste de Politico accuse le président d’avoir créé un climat "d’intimidation des sources", via son "programme de menace interne" qui en plus de traquer les employés responsables de fuites, sanctionne leurs collègues qui ne les auraient pas dénoncés. Le journaliste va même plus loin en déclarant que "vous pourriez casser Google en lui demandant la liste de journalistes qui considèrent l’administration Obama comme l’ennemi n°1 de la presse". Ambiance.
Pour Shafer, plutôt que de critiquer Trump, Obama devrait le... remercier de le faire passer pour un ardent défenseur de la liberté d'expression.
(Pierre Meloni)
L'occasion de relire notre article : "Les journalistes américains ont-ils merdé à propos de Trump ?"
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