Rêver d'être une bouteille de Coca...
Trois monstres sacrés placardés dans cent quarante pays auxquels viennent s'ajouter, selon les lieux d'affichage, des vedettes contemporaines. On pourrait penser que ces trois images sont des montages, sauf que non. Voici Marilyn Monroe en 1953 pendant une pause sur le tournage de Les Hommes préfèrent les blondes (Gentlemen Prefer Blondes), de Howard Hawks. Avec Jane Russell, en train de revoir son maquillage :
Photo © Edward Clark
Voici maintenant Elvis Presley faisant une pause - lui aussi - pendant l'enregistrement de Don't Be Cruel à New York en 1956 :
Photo © Alfred Wertheimer
La photo de Ray Charles, enfin, vient d'un spot publicitaire tourné en 1969 pour Coca intitulé Things Go Better with Coke (Les choses vont mieux avec un Coca) :
La petite bouteille ventrue a en effet cent ans. De 1899 à 1915, le Coca était vendu dans des bouteilles à la forme ordinaire voire banale. C'est la concurrence des faux Coca qui décida les patrons de la marque à demander que soit conçue une bouteille répondant aux recommandations suivantes : « [Elle] doit être très caractéristique,reconnaissable au simple toucher et identifiable même dans le noir, même cassée. » C'est ainsi que fut créée en 1915 une bouteille inspirée par les courbes et les nervures d'une cabosse de cacao. L'année suivante elle se dégonflait un tantinet pour ressembler à la celle qui est aujourd'hui connue de tous…
… celle qui fut maintes fois célébrée par Andy Warhol. Ce tirage d'une sérigraphie réalisée en 1962, par exemple, s'est vendu en 2010 pour la coquette somme de trente-cinq millions de dollars :
Andy Warhol qui avait dit, à propos du Coca : «Ce qu'il y a de bien avec ce pays, c'est que l'Amérique a inventé une tradition consistant dans le fait que les consommateurs les plus riches achètent à peu près les mêmes choses que les plus pauvres. Vous pouvez être là à regarder la télé et voir Coca-Cola, et y apprendre que le Président boit du Coca, que Liz Taylor boit du Coca, et vous dire que vous pouvez boire du Coca vous aussi. Un Coca est un Coca et aucune somme d'argent ne peut vous fournir un meilleur Coca que celui que le pauvre mec du coin de la rue est en train de boire. Tous les Coca sont pareils et tous les Coca sont bons. »
Et l'on voit par là que George Orwell aurait peut-être dû se faire sponsoriser par Coca pour écrire 1984…
L'occasion de lire mes chroniques intitulées Le breizh cola: résistance ethnique, ou pâle copie? et La mini-ruse de Coca pour viser les enfants, sans oublier le Vite dit intitulé Copies-cola.
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