Un proche de Sarkozy défend Hadopi... en glorifiant Twitter
Etrange
tribune de Franck Louvrier, le conseiller média de Nicolas Sarkozy, dans le
Monde publié aujourd'hui. Il commence par y chanter les louanges des réseaux
sociaux sur internet, puis, par un audacieux tête-à-queue, explique que la
loi Hadopi défend justement tout ce qui donne du prix aux témoignages personnels
sur le net. Un raisonnement pour le moins alambiqué...
Louvrier encense d'abord Twitter. Après l'élection contestée
d'Ahmadinejad en Iran, il rappelle que "depuis les rues de Téhéran, les
témoignages en temps réel ont afflué sur Twitter pour étancher la soif
d'expression des jeunes Iraniens, et combler l'appétit d'information de médias
classiques empêchés de faire leur travail sur place".
Une fois posé
que les témoignages directs sont tout ce qui fait le sel de cet outil, il assure ensuite que ce qui menace Twitter, "c'est moins la censure que la contrefaçon,
la copie, en somme, le faux", en appelant à pourchasser le "faux
témoignage (écrit, photo ou vidéo) qui viendrait d'une source déguisée, d'une
source officielle et politique qui ne dirait pas son nom pour mieux
instrumentaliser l'émotion de ses effets".
Du coup, il peut tranquillement affirmer que "l'enjeu
central pour nos démocraties est de savoir protéger l'authenticité de ce lien
numérique entre les citoyens du monde (...),la vérification des sources, dont la responsabilité
repose sur la vigilance des professionnels de l'information."
Dans ce débat, la France serait "à l'avant-garde" grâce... à la loi Hadopi.
Dans un glissement aventureux, le conseiller de l'Elysée
passe des manifestants iraniens aux chanteurs français, dépositaires eux aussi "d'un
témoignage personnel mis à la disposition de tous", au "le
caractère singulier et inaliénable". Le rôle de la Hadopi, selon Louvrier,
serait alors de garantir que l'auteur de ce témoignage soit reconnu comme tel.
Et donc, si l'on suit bien le raisonnement, rémunéré en fonction du nombre de
fois que sa chanson est téléchargée...
En conclusion, l'auteur s'offre une échappée un brin lyrique
: "Notre société doit reconnaître la dette que nous avons tous envers
celui qui a la générosité de partager avec nous son témoignage le plus précieux (...) Faire comme si celui-ci n'existait pas reviendrait
à briser le sens du partage, qui est au coeur de l'expérience artistique comme
de la vie démocratique."
Intrigant témoignage... tout aussi intrigant que celui qu'il avait livré
à Libération en juin 2008. Il s'en prenait au développement de l'info
sur le net. Et nous avait poussé à nous demander si
la Sarkozie partait à l'assaut du net. Et pour un rappel sur l'utilisation de Twitter et du net en Iran, ne manquez pas notre dossier.
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