Pas une seule chaîne d'info qui n'ait consacré des heures d’antenne à l'investiture de Donald Trump, devenu lundi 20 janvier 2025, le 47ème président des États-Unis d'Amérique. Pourtant, il n'y avait aucune surprise, puisque son élection date de novembre 2024. Ce qui n’a pas empêché ces antennes de tenter de tenir le spectateur en haleine comme au spectacle.
Sur les plateaux, des heures de débats sur le "show Trump", des experts à foison avec plus ou moins d'expertises, des parallèles faits avec la situation politique française et surtout une fascination à l'égard de Donald Trump, et de son bras droit milliardaire Elon Musk. Pourquoi ? Quelles réalités politiques cette fascination empêche-t-elle de voir ? Comment analyser les parallèles faits avec la situation politique française ? Au-delà des mises en scène de l’investiture, quelle Amérique aujourd’hui et demain ? Pour répondre à ces questions, deux universitaires américanistes : Hélène Quanquin, professeure de civilisation des Etats-Unis à l’université de Lille, membre de l’Institut universitaire de France et spécialiste des féminismes aux Etats-Unis et Marie Ménard, doctorante en études américaines et en sociologie du travail à l’université Paris-Est Créteil dont le travail de thèse porte sur le renouveau du syndicalisme enseignant aux États-Unis.
"Il n'y a rien de fascinant dans ce qu'il se passe" aux Etats-Unis
Un mot revient souvent sur les plateaux télévisés depuis lundi 20 janvier et l'investiture de Donald Trump, c'est celui d'une "fascination" à son égard. Ce qui surprend puisqu'il est un personnage politique connu depuis près d'une dizaine d'années désormais. "Moi, je trouve qu'il n' y a rien de fascinant dans ce qu'il se passe, précise Hélène Quanquin et je ne vois pas très bien ce qu'on dit et ce qu'on apporte au final quand on parle de fascination". "Une fascination morbide, selon Marie Ménard. "C'est un président dont l'élection signifie un danger".
Liberté de retour aux Etats-Unis ? : "Est-ce que c'est la liberté de pouvoir faire des saluts nazis dont on parle ?"
Sarah Knafo, députée européenne d'extrême droite du parti zemmouriste "Reconquête", présente aux Etats-Unis pour l'investiture, a été interviewée de nombreuses fois cette semaine. Son élément de langage : avec l'entrée au pouvoir de Donald Trump et de son administration, c'est la liberté qui est de retour, notamment la liberté d'expression. "La liberté n'est pas de retour aux États-Unis, au contraire, s'inscrit en faux Marie Ménard. Il y a énormément de dispositions dans les décrets signés par Donald Trump qui sont liberticides. Ils visent à restreindre les libertés de toute une partie assez importante de la population aux États-Unis". Quant à la liberté d'expression, "de quelle liberté parle-t-on ?, demande l'universitaire. Est-ce que c'est la liberté d'expression de pouvoir faire des saluts nazis ? C'est de ça dont il s'agit ? Même sur la liberté d'expression, il y a un certain nombre de lois prises pendant le premier mandat de Trump qui ont réduit la liberté d'expression et qui se sont retrouvées invalidées".
"la répression possible du camp progressiste est énorme"
La question est de savoir quelle sera l'opposition à Donald Trump et son administration. Toute cette semaine médiatique américaine sur les chaînes d'info a consisté à dire qu'elle était moribonde, l'opposition étant réduite au parti démocrate défait à l'élection présidentielle de novembre 2024. En réalité, "la résistance est plutôt localisée, décrit Marie Ménard. On comprend que les opposants ne sont pas extrêmement vocaux sur la manière dont ils s'organisent actuellement contre Donald Trump car la répression possible du camp progressiste est énorme. C'est quelque chose que j'ai vu chez les syndicats que j'ai étudiés. En fait, ils sont harcelés tout le temps".
ALLER PLUS LOIN
"Elon Musk accusé d'avoir fait un salut nazi ou comment la culture 4chan entre à la maison blanche", Le Monde, 22 janvier 2025
"Bernard Arnault et Donald Trump, une si longue amitié", 21 janvier 2025, Mediapart.
"Donald Trump rétablit la discrimination à l'embauche", Libération, 24 janvier 2025
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